GARCE AS GOLD- Episode 4
( Episode 3 sorti chez laurene_rsd pour ceux qui ne l'aurait pas vu ! )
Hey ! En vrai, je pleure mdr, ça me fait tellement mal de poster cette dernière partie entre Mia et Lana...
Ps: Je ne comprends pas les commentaires qui me demandent si j'ai fini Good as Gold puisque je poste Garce as Gold. Bien sûr que non !
Ps x2: A la fin il y a un petit mot de Laurène pour les fans de Mivan! Donc lisez la note! ( et les lecteurs de GAG aussi hein, bon,)
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EPISODE 4
LANA
Havana, ooh na-na
Half of my heart is in Havana
He took me back to East Atlanta, na-na-na
Tout en brossant ma longue chevelure blonde, avec soin, je me dandine sur cette musique, à l'air latin, de Camilla Cabello. Sans vouloir sonner clichée, j'adore absolument cette artiste, j'aime ce qu'elle dégage à travers sa voix, mais aussi sa personnalité.
Et si jusque là je passais plutôt un agréable moment, on sonne à ma porte, une fois, puis comme je tarde, une seconde fois, une troisième fois, jusqu'à ce que la sonnerie se fasse constante.
Bordel! Je suis prête à parier qu'il s'agit de Mia, ou alors de Sean.
Je descends les escaliers précipitamment, par habitude, et je me débrouille comme je peux pour ouvrir cette porte le plus vite que possible. La sonnerie me casse les oreilles putain.
A bout de souffle, je l'ouvre enfin, et je découvre Mia et Evan sur le seuil de la porte. Cette peste ne cesse pas pour autant d'appuyer sur la sonnerie, un sourire est fixé sur ses lèvres. La chieuse.
—C'est bon ! Je suis là, merde.
—Ah, tient, tu en a mis du temps, elle réplique avec un faux sourire. Il faudrait peut être se remettre au sport Givenchy.
Je roule des yeux et l'invite à entrer, à contre coeur, cette fille est une véritable chieuse, et j'appréhende déjà notre partenariat. Je n'ai pas spécialement envie d'entendre ses plaintes et piques incessants.
—Vous êtes les premiers, je leurs annonce. Installez vous.
— Pourtant il est 15h30. Vous ne savez pas lire l'heure, en Amérique ?
Je lui souris doucement, tout en arrangeant d'un geste précis l'une de mes mèches à cheveux, derrière mon oreille.
—Les américains ont tendance à se foutre de l'heure.
Elle soupire et regarde Evan avant de finalement rabattre son regard vers la pièce de vie. Elle observe tout ce qui l'entoure, tout comme son petit-ami. Sa contemplation dure, alors, je m'assieds sur mon canapé, je n'ai pas spécialement l'envie de faire la conversation si c'est pour me prendre des rafales de Mia à chaque instant. Elle serait trop heureuse que je lui donne une nouvelle occasion de me descendre.
—Donc c'est ici que tu vis? Elle me questionne, étonnée.
—Ouais, c'est sympa non? Toi aussi tu vis dans un « presque palace »? Je demande intéressée.
Mia dépose enfin son sac à main sur la table et croise ses bras.
—Non, ta maison est complètement démesurée.
—Je vais le prendre comme un compliment, je réponds en riant doucement.
J'ai l'habitude d'entendre ce genre de remarque. La grandeur de la maison, le jardin parfaitement taillé s'étendant presque sur un hectare, et tous les objets de luxe, l'or, le marbre, en général, eh bien...ne laissent pas de marbre.
Après un moment, mes amis se décident enfin à arriver, leur retard a bien évidemment agacé Mia, son semblant d'air hautain témoigne de sa mauvaise humeur. Bordel, elle ne se détend jamais?
Ainsi elle sourit faussement à mes amis quand ils arrivent , mais j'ai peu le temps de m'attarder sur son état d'esprit puisque je remarque bien vite que Sean est arrivé avec Sally, son ex, et ça, ça ne me plaît guère. C'est pourquoi, je l'attrape par le bras quand je peux et je nous isole.
—Qu'est-ce qu'elle fait là? Je demande sur un ton dur.
Il me regarde sérieusement et me répond tout naturellement.
—Sally est bonne en couture et en dessin, je me suis dit qu'elle pourrait t'aider.
—Je n'ai pas besoin d'elle, je réplique durement.
Il me dévisage lentement, comme s'il cherchait à comprendre pourquoi la présence de Sally me dérangerait. Je sais qu'elle n'est pas un pion entre nous, il m'a bien fait comprendre qu'ils sont amis, mais malgré tout, je n'arrive toujours pas à l'accepter, à passer au dessus du fait. qu'ils ont couché ensemble avant que l'on ne couche ensemble quand même!
—T'es bonne en couture? Sean demande lassé.
—Non mais... je tente.
—T'es bonne en dessin?
—Non mais c'est...
—Alors voilà, chut.
Il me dit ça sur un ton très calme, et me sourit. Brusquée par ce qu'il vient de me dire, je ne répond pas, et il enchaine. Que voulez-vous répondre quand votre petit ami vous dit « chut »?
—Tu crois qu'Evan aime les jeux vidéos?
—J'en sais rien, t'as qu'à demander à Sally, puisqu'elle sait tout faire, elle peut peut être même deviner ses pensées, je réponds véritablement vexée.
Je veux lui tourner le dos, mais il attrape ma main rapidement, comme s'il s'était préparé à ce que je réagisse ainsi.
—Mais te vexe pas, je fais ça pour t'aider. Alors, il aime les jeux ou pas tu crois?
Je croise les bras, et je le dévisage d'un air dur. Il est impatient et il se tortille de droite à gauche, tout en faisant une grimace avec sa bouche, manifestant de son appréhension. Mais qu'est-ce qu'il appréhende?
—J'en sais rien, je lâche, pourquoi?
—Parce que je ne compte pas participer à votre délire de gonzesse. Et parce que s'il n'aime pas les jeux, je préfère ne pas lui proposer. En plus il est super cool, je ne veux pas qu'il me prenne pour quelqu'un de bizarre... je veux vraiment pas.
Oui, vous avez bien entendu, c'est Sean qui vient tout juste de s'exprimer. Alors là, je suis sur le cul, depuis quand se préoccupe t-il de faire bonne figure devant quelqu'un? Même devant moi il s'en fiche! Je plisse les yeux quelque peu troublée. Devrais-je me méfier de leurs relations?
On se fait rapidement interrompre par Emily, j'ai remarqué que la discussion était vive dans la pièce de vie, mais là elle crie mon nom et me rejoint.
—Lana! Avoue!
Je me retourne vers ma meilleure amie et j'attends qu'elle développe sa pensée.
—Avoue qu'une robe en forme de vagin ça serait excellent!
Je regarde Emily, puis Sean, puis Emily et ainsi de suite, brusquée par son manque de tact et de pudeur. Mais elle est tombée sur la tête ou quoi? Une robe en forme de vagin ? Elle a visiblement une obsession avec les parties génitales!
—Non ! T'es folle! D'où tu sors cette idée?
—Si! Elle proteste en faisant une moue avec sa bouche, c'est super original.
—Je crois que c'est la première fois que je le répète autant, mais t'es super bizarre, proteste Mia.
Je rigole immédiatement suite à la réplique de Mia, elles me font toutes les deux rire. J'ai l'impression que Mia juge beaucoup Emily et qu'Emily la trouve trop coincée et classe, mais moi ça me fait rire quand même.
Je me défais de Sean qui rapidement intercepte Evan, ils se saluent, en réalité je trouve ça vraiment adorable qu'il se trouve un pote, autre que sa foutue ex...
Quant à nous les filles, on se regroupe près de la table à manger et j'apporte le matériel nécessaire, dont les robes qui me serviront de tissus.
—Bien, j'annonce. Je n'avais pas vraiment le temps d'acheter de tissus brut, donc on va découper ces robes !
Mia me dévisage clairement, l'air de dire « t'es complètement folle? ». Elle tire une des robes vers elle puis observe l'étiquette, outrée, elle fait de même avec une autre avant de relever son regard vers moi.
—T'es dingue? C'est des robes d'Yves Saint Laurent et Prada!
J'hausse les épaules comme-ci ça m'était indifférent.
—Je ne les porte plus, c'est pas grave.
Sally, qui n'est clairement pas de ce monde me semble absolument choquée, elle feint de s'étouffer suite à ma réplique. Mia aussi, même si elle le montre moins. Quoi? J'ai dit quelque chose de mal?
Finalement, cette après-midi se passe bien, sans débordement, Mia et moi ne nous sommes même pas engueulées, c'est incroyable tout de même. C'est vrai qu'elle ne cessait de vouloir mettre en avant ses idées, elle s'imposait beaucoup mais en soit, elle avait de bonnes idées donc je ne protestais pas, je ne suis pas tant de mauvaise foi que ça.
Sally nous a été d'une grande aide, je ne savais pas que c'était aussi dur de créer un vêtement, puisqu'en général, j'employais des gens pour créer ma robe pour le concours. Je leurs donnais les idées, ils mettaient la main à la patte. Mais finalement, réaliser un patron... puis coudre, et tout le tralala c'est vachement compliqué quand même. Ca prend du temps! Nous n'avons même pas fini la robe, mais Sally nous a gentiment proposé de finir ça chez elle. Mia et moi avons accepté sans réfléchir, tant qu'on pouvait s'ôter du travail pénible, pourquoi refuser?
Il doit être vingt et une heure quand on s'accorde enfin une pause, on se décide à rejoindre les garçons qui ont passé leur temps devant la console de jeu. Quand on arrive ils discutent vivement tout en jouant. Ils me semblent passionnés par leur partie. Je ne suis pas une professionnelle en jeux vidéos, mais je crois qu'il s'agit d'un jeu comme assassin's screed ou je ne sais quoi.
—Evan, on y va annonce Mia.
Ce dernier ne la capte même, il est trop concentré pour. Je lance un regard joueur à Mia, et je me moque, elle n'a aucune autorité sur lui.
—Pouah, la raclé que tu lui as foutu, mec! S'exclame Sean.
Dès lors, je montre à Mia ce qu'est réellement l'autorité.
—Sean, fait pause.
Il me regarde vite fait avant de me toiser, avec beaucoup de dédain, et de me montrer qu'il a plus important à faire. Alors là, le con!
—Fait gaffe, lance Evan, l'épée.
Mia se fout clairement de ma gueule maintenant. Merci Sean ! Je le regarde d'un air mauvais et je persiste, je m'approche de lui, je m'assieds à ses côtés, puis je pose ma tête sur son épaule. Mia fait de même avec Evan, mais les garçons grognent, et nous repoussent un peu, comme si on les gênait. Cette partie est si importante que ça?
—Putain, les filles, patientez une fois dans votre vie de princesse ! s'agace Evan.
—Evan, je te préviens, si t'arrête pas je fais la...
—Ta gueule, grogne Sean à l'intention de Mia. C'est presque fini.
Alors là, c'est moi qui me fout de la gueule de Mia désormais. Sean peut être très violent et sec dans ses propos, et quand c'est pas avec moi, oui je trouve ça hilarant. Surtout que pour faire Mia se taire cela relève d'un vrai défi, mais lui, tout naturellement, il a réussit.
— Non mais je rêve ! Evan, ton pote Reblosean m'insulte, et toi tu dis rien ?
Reblosean, j'y crois pas, elle l'a appelé Reblosean, pour Reblochon. Elle a un véritable problème avec les prénoms! Et malgré ça, Sean ne conteste pas, il semble qu'il l'a à peine entendu.
— Hum ?
—Très bien, s'impatiente Mia, vous l'aurez voulu.
Elle s'impose devant l'écran et arrange sa chevelure avec ses mains, comme si elle cherchait à être sexy, je l'observe sérieusement, je me pince les lèvres, intéressée par son jeu.
—Mia, arrête ! Proteste Evan.
La petite princesse me jette un mauvais regard, comme pour me signaler de lui venir en aide, d'appuyer sur son jeu. Dès lors je me relève, enthousiaste et je m'impose moi aussi devant l'écran plat, tout sourire. Sean et Evan se tortillent pour pouvoir observer leur écran personnel. Mia bat des cils et je fais pareil, je lisse doucement les courbes de mon corps, de mes mains tout en envoyant un regard sensuel aux garçons. Je vois qu'ils se déconcentrent enfin de leurs jeu, mais pas en entier.
—Putain, grogne Sean, Lana deux secondes. Deux putains de secondes.
Par contre là, il m'agace. Ce n'est qu'un jeu, ils ont joué toute l'après-midi et le fait que leur partie soit bien plus importante que nous exacerbe ma colère. Je me retourne vers l'écran, je trouve la console de jeu et j'appuis sur le bouton power off, sans pitié.
—Voilà, un deux. Fini!
L'écran devient noir automatiquement et les garçons hurlent de douleur. Ils sont complètement sous le choc, c'est comme s'il l'on venait de leurs transpercer le coeur. Ils n'y croient pas au départ, mais quand ils comprennent que tout est vraiment finis, ils commencent à gueuler.
—Bordel, mais t'as aucun respect ! s'offusque Evan.
Je souris, Mia me demande de lui frapper dans la main, et je lui réponds, enjouée.
—J'y crois pas! Lana je vais te tuer, dit Sean tout en passant ses mains durement dans sa chevelure. On y était presque. On y était presque !
—Il n'y a pas mort d'homme, rétorque Mia sur le ton de l'humour. C'est bon, on peut y aller maintenant?
—Non, tu m'as gavée, je reste avec Sean, fait Evan en se relevant agacé.
—De toute façon, j'ai les clés de notre chambre d'hôtel. Donc à moins que tu veuilles dormir sur le paillasson plutôt que contre mon fabuleux corps, t'as intérêt à te calmer, rétorque Mia.
Ce dernier la regarde, d'un air mauvais et il semble que ça le calme un peu. Elle le tient par les couilles. Evan la devance alors qu'elle le suit précipitamment, elle me fait un geste de main et je lui souhaite bonne chance.
Sean lui, se relève sans m'adresser un regard. Il est vexé, révolté même.
—Sally, on y va, il dit durement en voyant cette dernière sage comme une image, assise autour de la table principale.
Je préfère le laisser partir pour se calmer seul à l'extérieur. Malheureusement je ne suis pas Mia, il n'est pas Evan, et la dernière des choses à faire quand Sean est énervé c'est de se montrer autoritaire. De toutes les façons, demain sera un autre jour, et je le sais, il se sera calmé. Ou sinon, peut être devrais-je tenter cette fameuse idée de grève de sexe de Mia, il craquera forcément même s'il m'en veut jusqu'à la gorge.
En fait cette Mia, elle a vraiment de bonnes idées.
* * *
MIA
Aujourd'hui est le grand jour.
Les spectateurs du défilé s'installent petit à petit dans la salle, et j'observe encore une fois la décoration qui m'entoure, impressionnée. Pour un simple événement qui ne durera qu'une heure ou deux, la somme d'argent dépensée pour construire le podium, créer tous les jeux de lumières, et l'installation de l'écran géant ainsi que le matériel musical est hallucinante. J'ai l'impression qu'ils n'ont la notion de rien, ici, tout est disproportionné. J'entends cette petite voix, au fond de moi, me rappeler que je ne suis pas à ma place ici. J'essaie de la faire taire depuis mon arrivée, mais je suis forcée d'admettre que c'est sûrement vrai.
Alors que je continue de guetter la salle à travers un espace entre deux rideaux dans les coulisses, Shana débarque à côté de moi. Elle porte la création que je lui ai conseillée de confectionner, après les indications de Lana. Son sourire est éblouissant à mon abord, et elle paraît très enthousiaste.
— Merci pour tes conseils, cette robe correspond parfaitement aux caractéristiques que recherche le jury ! Avec ça, si on ne gagne pas, c'est qu'ils ont carrément de la merde dans les yeux. J'ai tellement hâte de voir la réaction de Lana !
Je me force à sourire, comme si je faisais partie de son équipe, alors que je planifie contre elle depuis le début. Je sais que Shana n'est qu'une jalousie maladive un peu psychopathe sur les bords, et que notre blague à Lana et moi n'est pas bien méchante, mais je ne peux empêcher ce pincement au cœur dans ma poitrine. Cette foutue culpabilité se manifeste, et ce n'est vraiment pas le bon moment.
Mais j'ai un mauvais pressentiment. Et si tout ça dérapait ?
Je n'ai pas le temps de méditer davantage, celle qui s'occupe de faire défiler tout le monde vient chercher Shana pour qu'elle se mette en place. Elle me sourit une dernière fois, confiante.
— Souhaite-moi bonne chance !
Puis elle disparaît en montant les marches menant au podium. Lana vient aussitôt me chercher, et me tire derrière elle sans mon consentement.
— Viens, il faut vite que tu te changes pour que tu aies le temps de voir Shana défiler !
Dans une pièce, seule, j'enfile notre création. Elle me va comme un gant, ce qui n'est pas étonnant, puisqu'elle a été faite sur mesure.
Lana met un terme à ma contemplation en entrant lourdement dans la loge.
— Qu'est-ce que tu fous ? Dépêche-toi, Shana est sur le point de commencer à défiler, on doit être aux premières loges !
J'acquiesce, la boule au ventre, et la suit jusqu'à la grande salle.
Nous rejoignons donc le premier rang, où des places sont réservées, au pied du podium. Je m'assois et tente de masquer mes tremblements. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive.
— Tout va bien ? T'es pas stressée pour ton passage, quand même ? me glisse Lana à l'oreille.
— Je ne suis jamais stressée.
Je mets de la poigne dans mes paroles, et tout le monde se tait quand la musique démarre et que Shana apparaît. Elle défile très sérieusement, et dans un premier temps, le public la trouve renversante. Au bout de quelques allers-retours, elle a conquis toute l'assemblée, sauf les jurys. En effet, l'un d'eux hurle soudain :
— Qu'on arrête la musique, immédiatement !
Surprise, mes yeux s'écarquillent. Il a le droit de faire ça ? D'interrompre une présentation ?
Shana ne sait plus où se mettre et reste figée au milieu du podium, attendant des explications pour cette interruption.
— Vous n'avez pas honte, mademoiselle ? s'énerve le jury en question. Piquer une création à quelqu'un d'autre, vous n'avez donc aucun principe ? Le plagiat n'est pas toléré lors de ce concours !
— Quoi ? Mais de quoi vous parlez ? lâche Shana d'une voix faible.
Un autre juge prend la parole pour expliquer au public que la « création » de Shana n'est en fait pas inventée par elle, qu'elle a juste reproduit l'une des robes présentées à la dernière Fashion Week. Je ne pensais que les choses se dérouleraient ainsi ! Que les jurys, qui sont des professeurs, de surcroît, prendraient un malin plaisir à humilier Shana en public. Je n'ai jamais envisagé cette possibilité. Quand nous avons réfléchi au plan, avec Lana, nous pensions simplement que Shana serait disqualifiée et qu'elle se serait sentie honteuse devant les adultes, mais pas devant la moitié du lycée. Je ne m'attendais pas à ce type de comportement complètement gamin et démesuré.
Je jette un œil à Lana et Emily, toutes deux assises à côté de moi. Elles ne paraissent pas particulièrement choquées par cet éclat, elles doivent avoir l'habitude de ce genre de mentalité. Mais pas moi.
Des insultes commencent à fuser dans la grande salle, la plongeant bientôt dans un brouhaha total. Les élèves se moquent de Shana, et celle-ci hurle de toutes ses forces :
— Je n'y suis pour rien ! C'est Mia qui m'a piégée ! C'est elle qui m'a donné l'idée de cette robe, elle est dans mon équipe !
— Mia Castez ? l'interroge l'un des professeurs.
— Oui ! Oui, c'est elle !
— Il est écrit ici qu'elle est dans l'équipe de Lana Givenchy.
— C'est vrai, elle porte la création de Lana ! confirme un gars à côté de moi, qui prend plaisir au spectacle.
Effectivement, le vêtement que je porte constitue une preuve évidente de mon innocence.
— Ce sont elles deux alors ! Lana et Mia ! Elles ont manigancé contre moi !
— Veuillez quitter ce podium tout de suite, mademoiselle, vous nous ralentissez ! Vous feriez mieux de vous faire toute petite ! Nous n'éduquons pas des petites tricheuses ici.
Shana s'en va en courant et mon cœur se serre. Je regarde Lana, qui a toujours ce fameux sourire au coin de la bouche, visiblement très fière de la tournure des événements.
— C'était pas censé se passer comme ça ! Notre plan ne devait pas créer un tel scandale !
— Je ne m'attendais pas à ça non plus. Mais finalement, c'est encore mieux ! rit-elle.
Je ne peux m'empêcher de hausser les sourcils en lâchant un souffle agacé, excédée. Waouh. Moi qui pensais qu'elle était la plus gentille de nous deux.
Je m'enfonce dans mon siège en soufflant bruyamment. L'Amérique n'est pas comme je l'imaginais. Les habitants sont fous, complètement, particulièrement toutes ces personnes bourrées de fric dans ce lycée. Ils sont extravagants, n'ont aucune classe ni grâce, et me tapent sérieusement sur le système. En France aussi, on trouve ce type d'état d'esprit, mais ce n'est pas aussi disproportionné.
Je suis dégoûtée, et je crois que Lana le lit sur mon visage, mais ça ne semble pas lui importer à l'instant. Elle est occupée à jubiler.
Mon agacement a dû se ressentir quand je défilais, mais ça ne nous a pas empêché de gagner le concours. Il faut dire qu'il n'y avait aucune réelle concurrence, beaucoup de lycéens y ont participé, mais aucun n'avait de talent, pour dire les choses clairement. On nous acclame, mais je n'y prends aucun plaisir. C'est juste... trop.
Pourtant, Lana semble dans son élément complet. Elle accepte ces applaudissements avec plaisir, malgré le fait qu'elle ait vu Shana en pleurs, dans les vestiaires, il y a à peine quelques minutes. Je fais bonne figure mais à l'intérieur, je suis sur le point d'éclater. La seule chose qui me fait tenir bon est l'idée que je vais bientôt avoir une discussion avec Lana pour lui faire part du fond de ma pensée. Peut-être qu'à l'occasion, je comprendrai la sienne.
Quand je débarque dans les loges une fois cette mascarade finie, Lana et Emily y sont déjà. J'arrive à pic pour entendre une partie de leur conversation palpitante.
— La gueule qu'elle a fait ! glousse Emily, la tête basculée en arrière.
Je lève les yeux au ciel en m'approchant. Trop extravagant.
— Lana, je peux te parler ? demandé-je en m'imposant entre elles, une main sur le bras de mon acolyte.
Lana, surprise par mon air sérieux, met un temps à répondre, la bouche toujours entrouverte depuis son dernier fou rire.
— Et sans madame pénis, ajouté-je.
Emily me fusille du regard, vexée de ce surnom - pourtant, c'est elle qui s'est tatoué un pénis sur le doigt - mais obtempère tout de même. Elle fait un petit signe de la main à Lana avant de sortir. Celle-ci paraît trouver mon comportement étrange. Elle m'étudie longuement, les bras croisés et les yeux plissés.
— Ça t'amuse vraiment ce genre de truc ?
Je prie pour trouver un peu de compassion en elle. J'ai besoin que quelqu'un partage un minimum mon opinion pour me convaincre que je ne réagis pas anormalement.
Lana me dévisage plus intensément, manifestement étonnée par ma question.
— Bah oui, carrément. Pas toi ?
— Disons que j'ai d'autres sources d'amusement qu'une fille qui se fait humilier en public.
Toute forme de sourire quitte le visage de Lana, signe qu'elle perd patience. Elle n'apprécie sûrement pas que je joue les rabat-joies, mais quand il s'agit de ce genre de sujet qui me tient à cœur, je n'en ai que faire.
— Cette fille est une pourriture, Mia. Elle m'a déjà fait virer du lycée pour une raison complètement absurde, et humiliée un nombre de fois pas possibles. Alors oui, princesse Mia, ça m'amuse.
OK, je peux comprendre sa réaction à elle, bien que je ne l'approuve pas. J'estime que même la plus grande « pourriture » ne mérite pas une telle humiliation. C'est le genre d'expérience traumatisante qui peut marquer une vie de façon définitive, j'en sais quelque chose. Mais ce n'est pas le comportement de Lana qui me dépasse le plus.
— Mais pourquoi vos profs agissent comme ça ? Pourquoi descendre une élève pour un concours de merde qui devrait n'être qu'un divertissement ?
— C'est comme ça que ça marche, ici, Mia. Les profs sont aussi immatures que les élèves, si ce n'est plus. C'est peut-être déplorable, mais c'est comme ça. Si tu savais le nombre de fois où ils m'ont prise de haut devant tout le monde, on apprend à vivre comme ça. Et puis cette Shana le méritait.
Elle me donne une petite tape sur le bras, comme pour me dire de ne pas prendre autant la chose à cœur. Seulement je ne peux pas faire autrement, cette boule dans mon ventre grossit tellement qu'elle me fait mal, maintenant. J'aimerais prendre tout ça à la légère, vraiment. Parce que cet état-là est insupportable.
— J'espère que tu as conscience qu'on peut facilement qualifier ton comportement de dégueulasse, soufflé-je, à court de mots.
Lana sourit. Oui, elle sourit, tout à fait amusée. Putain.
— Je ne suis pas dégueulasse, je suis une populaire. Je te l'ai dit, c'est comme ça que ça marche. T'auras beau vouloir m'apprendre ce qu'est la popularité, comment être une garce, mon comportement est le plus fidèle. Être populaire, c'est être jugé par tout le monde, c'est accepter cela et le prendre avec le sourire. Mais c'est surtout poignarder les autres dans le dos, et encore plus quand ils le méritent. Comme j'ai tendance à dire, la vengeance est un plat qui se mange épicé, sauce pimentée. Et là, je dirais même qu'on a été super gentilles.
Dégoûtée, je secoue la tête. Il me faut Evan. Il me faut Evan pour m'empêcher d'éclater.
Elle a peut-être raison. Peut-être qu'aux USA, la définition de populaire c'est ça. En France, être populaire ne signifie par forcément être une garce, ou comploter des crasses sans arrêt. Si j'adopte un comportement de peste, c'est juste parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour me protéger. C'est devenu un mode de vie, mais je n'y prends pas toujours du plaisir.
— C'est tellement puéril. Toi qui disais avoir un grand cœur...
— Non, Mia, j'ai tout autant un coeur que toi, that's just the American way of life. Désolée si notre futilité t'agresse. Tu n'es peut-être pas faite pour gouverner mon royaume, au final.
Elle hausse négligemment les épaules, et je n'ai jamais été autant d'accord avec elle.
— Vraiment pas. Je te laisse avec plaisir ce monde de cons, je préfère de loin ma cour pas toujours futée, certes, mais qui partage une partie de mes valeurs.
Lana sourit légèrement.
— Peut-être que si j'étais née chez toi, je comprendrais. Le fait est que je ne comprends pas, me dit-elle très honnêtement.
— Et je pense que je ne vous comprendrai jamais non plus.
***
Le lendemain, Evan et moi disons au revoir à ce cher lycée que nous ne sommes pas mécontents de quitter. Une grande foule s'est formée autour de nous, comme si tous les élèves avaient été avertis de notre départ. Lana et Sean sont en face de nous, Emily et son petit ami derrière eux. Le moment est étonnamment solennel.
— Bon, bah, on va y aller, dis-je, un peu mal à l'aise. Il est temps que je retrouve mon royaume et mes sujets, qu'ils ne soient pas trop démunis sans moi.
— Et moi je vais essayer de gérer les miens, répond Lana amusée.
Je hoche la tête alors que tous les regards sont rivés sur moi. J'ai l'impression d'être au centre d'un aquarium et qu'une tonne de poissons rouges me dévisagent avec admiration.
— Si jamais tu passes à Toulouse, un jour, je serai ravie de te défier encore, plaisanté-je. Tu verras comme mon peuple est obéissant.
— Pourquoi pas, comme ça je gagnerai encore.
Je secoue la tête avec un sourire, et me tourne vers Evan.
— On y va ?
Mon petit ami regarde Sean. Ils se scrutent quelques secondes, avant de s'enlacer violemment. Il semble que Lana et moi n'avons jamais été aussi gênées alors que nos copains perdent toute leur virilité en laissant échapper quelques larmes. Mon Dieu, si Evan chiale tout le voyage, je ne vais pas le supporter...
— J't'oublirai jamais, renifle Sean, toujours dans les bras d'Evan, jamais, j'te promets.
— Moi non plus, toi et Grominet vous resterez gravés dans mon cœur.
Lana et moi nous regardons avec de grands yeux. Est-ce qu'ils auraient pratiqué des activités assez spéciales sans notre accord, pour qu'Evan fasse ses adieux à Grominet ?
L'atmosphère devient pesante. Avec nos copains qui s'échangent des embrassades, et cette foule qui semble attendre quelque chose de nous, Lana et moi finissons par s'avancer l'une vers l'autre. Mes bras entourent sa nuque alors que ses mains se glissent dans mon dos, dans une étreinte formelle. Son cœur contre le mien, nous ressentons toutes les deux, grâce à notre lien de populaires, l'émotion qui nous serre la poitrine à cet au revoir.
Je pense que notre rencontre aura été enrichissante pour nous deux. Lana a appris qu'elle pouvait facilement se faire détrôner et qu'elle ne devait rien prendre pour acquis, aussi elle sait maintenant que sa repartie est à développer. Quant à moi, je retiens que finalement chaque garce a un royaume, et que s'il nous est décerné, c'est qu'il y a une raison. Je suis très bien à Toulouse et je n'ai rien à prouver au reste du monde. Seulement, tout ça, nous ne l'admettrons jamais ; on peut dire merci à cette bonne vieille fierté.
Nous nous éloignons, le visage impénétrable, en parfaites reines que nous sommes, bien que Lana semble avoir plus de mal à cacher ses émotions. Nous sommes obligées de séparer Evan et Sean qui ne paraissent pas décidés à se lâcher. Ils se débattent un peu, crient à l'injustice, avant d'abandonner. Je suis légèrement vexée de toute l'attention qu'Evan accorde à Sean, en fait.
Prête à partir, j'emmène Evan derrière moi jusqu'au taxi garé à quelques mètres. Juste avant de monter dedans, je lève mon majeur et le pointe fièrement dans les airs.
— Adieu, lycée de merde !
Certaines élèves sont outrés, mais d'autres, comme Lana et Emily, rient de ce geste. Lana me rend un joli fuck, et s'écrie :
— Bon voyage, chère reine des garces !
FIN
****
Wow, je crois avoir lu cette partie au moins 300 fois, mais ça me brise toujours autant le coeur. Mais toute bonne chose a une fin non?
☹️Votre avis sur ce chapitre? Sur la fin de cette collaboration?
☹️Sur Mia & Lana?
☹️Sur Evan & Sean?
C'était sincèrement une magnifique expérience, collaborer avec une autre auteure sur wattpad( en plus vraiment cool hihi), c'est une première pour moi ! Mais nos idées se complétaient si facilement, que c'était vraiment super stimulant, et puis elle m'a appris plein de choses aussi cette bonne vielle Laurène ! J'adore écrire Good as Gold, mais Garce as Gold était tout autant stimulant! Ca représentait un véritable challenge, je ne connaissais pas bien Mia au départ, donc c'était pas facile de s'imaginer ses réactions haha. En tout les cas, je suis finalement heureuse qu'il y ait eu ce fameux gros bug sur wattpad le mois dernier, sinon cette collaboration n'aurait jamais eu lieu xD Je vous reconseille vivement de lire ses histoires, voir même d'acheter Dans la tête d'une garce pour les plus fidèles, qui sors bientôt ( 28/02) en librairie, parce qu'elle est vraiment quelqu'un de formidable, et qu'elle a beaucoup de talent cette petite :') ( mais chut, le lui dites pas)
Quant à ceux qui ne me connaissaient pas et qui ont commencé Good as Gold, merci beaucoup à vous !
Un petit message de laurene_rsd :
J'espère que ces bonus vous auront plu, en tout cas je les retiens comme une super expérience ! Ecrire en collaboration avec un autre auteur est quelque chose que je n'avais jamais fait, et mêler nos histoires avec Yona c'était extrêmement cool en plus d'être enrichissant. Comme nous l'avions prémédité, confondre nos communautés c'était hyper drôle, et j'ai adoré pouvoir discuter en commentaires avec certains d'entre vous qui ne me connaissaient pas ! Et pour les mifans... vous êtes toujours au top, merci encore une fois de votre soutient !
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Quant à nous petits lecteurs de Good as Gold, on se retrouve vendredi pour la suite de Good as Gold!
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