5-Too good.
J'avais toujours cru qu'Harvey était la plus grande des plaies jusqu'à ce jour. Je ne connaissais juste pas Sean. Même mon frère me semble plus supportable.
Être populaire peut avoir des avantages comme des inconvénients.
L'incident de la veille a parcouru les oreilles, les conversations en flèche. Tout le monde en parle, dont le journal hebdomadaire de l'école. On y raconte ma mésentente avec Sean, on peut clairement voir une imagine de moi, lui balançant un doigt d'honneur en première page. Oh si ma mère voyait ça, elle me tuerait.
On épie ma vie à chaque instant, comme si j'étais une artiste reconnu dans le milieu de la musique. Par contre, s'il y a quelque chose dont je suis fière, c'est que tout le monde s'est retourné contre Sean. Oui, ils prennent tous ma défense et j'ai droit à beaucoup de soutien de leur part, c'est très touchant.
À la cafétéria, je déjeune avec mon groupe d'ami : Mes deux meilleures amies, trois mecs dont Harvey qui est leur ami. Ils sont tous populaires, tous dans l'équipe de football, c'est cliché mais c'est le cas. A nous sept, même s'il en manque d'autres, nous formons la bande de populaire. La stratification de l'école se voit d'autant plus à la cantine, il y a des dizaines de groupes très séparés: les geeks, les fans de dessins japonais ( les plus étranges) , les passionnés de sciences, les musiciens, et j'en passe. Ça prendrait une éternité à énuméré cela.
Cependant, je ne peux pas vraiment profiter de la conversation, on ne cesse de m'interrompre pour me donner du soutiens. Je trouve cela légèrement exagéré. Il ne m'a pas touché non plus... On a juste eu une engueulade, c'est tout.
—Ce gars méritait une vraie raclée ! Il n'a aucune manière !
Je souris à une jeune fille qui s'est approchée de notre table avant qu'elle ne s'éloigne.
—On ne te lâche vraiment pas avec ça, soupire Avalonne.
—Ouais, je rigole nerveusement.
—Il t'a véritablement dit que tu étais nulle en littérature sèchement ? Me demande l'un des gars.
—Ouais, ouais.. s'il vous plaît on peut arrêter d'en parler ? Je veux dire, y'a pire comme sujet.
—Et tu te laisses faire ? Insiste Kyle.
Je l'observe un peu surprise, oui, je n'ai pas envie de lui créer de vrais problèmes non plus. Je veux dire, il s'en est prit à moi, mais je n'ai pas réellement l'intention de lui faire du mal non plus. Il faut jusque que nous apprenions à coopérer, dompter la bête ne doit pas être si dure.
C'est à cet instant que Sean pénétre dans la cafétéria, toujours vêtu d'un sweat noir et de ses écouteurs. Il semble totalement faire abstraction de la situation. Il se sert normalement et ne mesure pas la masse de regards posés sur lui. Il voit, mais il ignore, ça lui passe clairement au dessus.
Je trouve cela assez gênant, tout le monde l'observe, du coin de l'oeil. Oh bordel, ils en font beaucoup trop.
—Vous v'nez les gars ? On va s'amuser un peu.
J'observe Kyle un peu surprise.
—Qu'est ce que tu veux dire ?
Il se lève et incite ses potes à faire de même.
—On va juste remettre ce petit con à sa place.
—Kyle arrête ! Laisse le ! C'est bon, je ne veux pas de problèmes ! C'était pas la mort!
—T'inquiète Lana. On ne va pas le tuer, enfin...
Ses amis se lèvent et je commence à paniquer. Je ne voulais pas que cela se passe comme ça. Je tente de me relever mais Harvey me retient, il me fait comprendre qu'ils ne vont rien lui faire de mal. Je regarde mes deux amies, déroutée, elles haussent les épaules, comme pour me dire de ne pas m'inquiéter.
J'observe alors Kyle et deux de ses amis se diriger vers le bâtard. Mon cœur bat vite, je ne cautionne en aucun cas le bullying. De plus si j'en suis la source.
Mes amis se cognent contre Sean qui sursaute.
—Fait attention où tu vas, le menace l'un de mes amis.
Sean ne s'excuse pas pour autant.
—Laissez moi passer.
—Excuse toi, le menace Kyle.
—Pas tant que je n'aurais pas rejoint une table et dégusté ce repas qui pour une fois me semble délicieux.
S'il continue à être si insolent, il va s'en prendre une... je ne le sens pas.
Kyle attrape son plateau, le projette sur lui avant de le laisser tomber par terre. Je tente de me relever mais encore une fois Harvey me recommande de m'assoir, par peur d'aggraver la situation.
Sean ne s'énerve pas, il ferme les yeux, et semble respirer un instant, vous savez, comme s'il s'apprêtait à se transformer en un monstre invincible. Mais il n'en fait rien. Il ouvre les yeux, il tremble car il est énervé, la purée a tâché son sweat et le jus de pomme dégouline sur son jean. Sa machoire est serrée et il semble bouillir.
Kyle s'attend à de la résistance mais bien au contraire. Sean s'accroupit, il ramasse son plateau avec toute la dignité qu'il peut toujours porter sur ses épaules, devant le rire de mes "amis". Il brandit un sourire empli de fierté et d'amertume et relève sa tête. Son regard croise le mien et il me fait froid dans le dos, comme s'il m'annonçait "tu es morte ". Mes amis le voient. Il attrape son menton et le force à les fixer.
—Tu manques une autre fois de respect à Lana et je te jure mec, on te fera disparaître d'ici.
Kyle lui assène un coup au ventre.
Bordel de merde.
Sean se crispe un instant puis se re-concentre à nouveau, afin de dompter la douleur. Il tourne la tête vers la droite et se détache du contact de mon ami, et s'en va vers une table vide. Je n'ai jamais vu quelqu'un faire preuve d'un si grand calme et bouillir de colère en même temps. Il s'assied alors que la cafétéria entière l'observe. Avec beaucoup de calme, il essuie son pull, difficilement, et ouvre sa compote, le seul aliment qui n'a pas été abîmé par la chute.
J'ai l'envie de m'enterrer six pieds sous terre. Je me sens mal de lui faire subir ça, même si je ne l'apprécie pas, je passe encore une fois pour cette pêche exécrable et la méchante de l'histoire.
Apres ça, je me suis isolée, de mes amis. Je suis restée avec Avalonne et Emily, c'est tout. Même si je n'avais pas trop le moral à discuter et jouir de l'incident du midi.
—Du coup, tu vas encore à la bibliothèque ce soir ? Me demande soudainement Avalonne alors que nous avançons dans le couloir.
—Ouais. J'en n'ai pas envie de voir Harvey, ni Sean mais j'ai besoin de finir avec ce stupide exposé.
Elles m'observent un peu tristement sachant que je ne suis pas d'humeur aujourd'hui.
—Bon ce soir, tu nous appelle, m'indique Emily, quand tu as finis, on va se faire un peu de shopping et on va bouffer pleins de trucs chimiques et sucrés apres.
J'observe Emily et je lui souris. Je suis toujours si fan de sa bonne humeur.
—Ca marche ! Je vous tiens au courant !
***
Quand j'arrive à la bibliothèque, Harvey est déjà là, et pour une fois il n'est pas en train de draguer une fille. Des qu'il me voit, il se redresse, un peu stressé.
—Ok, je suis désolée Lana. Je ne pensais pas que mes potes...
—On oublie ça. Au final, peut être qu'il le méritait. Si ça te va bien allons finir ce putain d'exposé.
—Ok ok. Bon cette fois, on choisit le thème.
—Je te fais confiance, si tu penses que la Grèce Antique est un sujet intéressant, on prend ça.
Harvey semble plutôt content que je ne sois pas énervée contre lui et que j'acquiesce son idée. En réalité je lui en veux toujours, mais je pense qu'il est mieux de passer au dessus durant cette heure de travail commune.
—Génial. J'avais d'ailleurs fait quelques recherches. Attends...
Il cherche dans son sac quand tout à coup. Un sac tombe contre la table. Je sursaute et à ma droite se tient Sean. C'est un blague ? Il est vraiment venu? Je suis si surprise que je me crispe.
—Bon les gars. Je viens d'avoir une idée de génie, se lance t-il. La notion de culpabilité dans le film le" Ruban Blanc".
Il a du culot. Beaucoup de culot. Même trop.
—A vrai dire, commence Harvey...
—Je m'en fout de vos thèmes si vous n'avez pas compris. Le ruban blanc vous connaissez ? La culpabilité ça vous dit quelque chose ?
Il m'observe un temps, mais pas trop longtemps non plus, pour ne pas être louche. Évidemment que je connais ca, évidemment. Ce n'est pas comme-ci depuis ce midi ce sentiment ne me guettait pas.
—Donc, voila notre thème, je l'ai trouvé. Parce que cette œuvre du septième art claque, parce que Hanneke est un réalisateur Hors pair et que ce thème aussi claque tout simplement.
Nous l'observons tous les deux et j'en viens à me demander si ce gars est véritablement normal. On l'humilie, mais il n'en semble pas vexé. Il impose son idéologie sans demander notre avis. Je suis bouchée bée. Sans compter que non je ne connais pas ce film et que je n'ai guère un avis objectif.
—Écoute Sean, commence Harvey sans le brusquer. On est un groupe, tu ne peux pas t'imposer comme ça.
—Dit que mon idée c'est de la merde alors ?
—Non, honnêtement ce n'est pas de la merde, c'est une très bonne idée. Mais tu ne peux juste pas...
—Alors voila, l'interrompt-il. Si je m'impose c'est que je sais que mon idée claque, ce n'est pas être prétentieux mais je suis convaincu, autant ne pas passer par dit milles moyens.
J'observe Harvey surprise, interdite.
—Et moi? J'ai pas droit à un avis ? J'insiste.
—Non. Toi, vaut mieux faire profil bas. Je pense que c'est mieux.
Il m'énerve, il m'agace ! Mon dieu! J'ai l'envie d'encore une fois le frapper mais je ne peux pas. Il faut que j'apprenne à garder mon calme.
—Bon, on a notre sujet, annonce Harvey. Il faut trouver la problématique. Le plan.
—Je les aient, dit Sean.
Il sort son Ipad et nous montre ce qu'il a déjà confectionné. Ah bah oui... cela ressemble peu à un travail de groupe, mais je préfère me taire.
Soudain, le téléphone d'Harvey vibre. Il s'excuse et se retire de la bibliothèque pour un moment. Je lui ai lancé plusieurs regards pour lui faire comprendre que c'était une terrible mauvaise idée de nous laisser tous les deux, tout seuls, mais il n'a pas semblé comprendre.
La tension entre Sean et moi s'est immédiatement fait ressentir, en tous les cas de mon côté. Je n'ai jamais eu si mal au ventre de ma vie, même mes règles ne m'embêtent pas autant— et pourtant je suis une des femmes à en souffrir terriblement chaque fois—. Je déplie lentement mes jambes et me tait. Je suis toujours bavarde d'habitude, ce genre de comportement m'est inconnu, c'est bien la première fois.
Sean, lui, ne semble pas plus perturbé que ça. Il analyse sa tablette et m'ignore juste comme il en a l'habitude. Je pince ma lèvre car je suis un peu stressée.
Soudain, il relève sa tête vers moi et je sursaute.
—Quoi ?demande t-il.
Je m'empresse de secouer la tête.
—Rien.
Il hausse les épaules et reprend sa lecture. Je l'observe d'un oeil discret parce que je m'ennuie terriblement.
—Je te propose de faire la présentation de l'oeuvre et tout ce qui est un peu superficiel dans l'exposé, annonce t-il.
—Pourquoi ça ?
—Parce que de un, je suis sûr que tu seras excellente pour nous donner une définition de la culpabilité et qu'en plus, tu n'es pas capable d'aller en profondeur dans les explications.
Je l'observe sérieusement.
—J'ai l'air d'être idiote?
—Oui, lâche t-il. Il n'y a que les idiots qui s'en prennent aux autres, au point de leurs foutre la honte devant tout le monde.
Il dit cela sans me lâcher du regard, il insiste, et ses yeux verts me transpercent. Je deviens immédiatement peu à l'aise, je détourne la tête. Sa froideur se fait sentir dans mon dos.
—Et il n'y a que les idiots qui jugent des gens sans même les connaître.
Il hoche la tête, il semble que je l'ai pris à son propre jeu, si bien semble qu'il est étonné de cette répartie.
—Tout comme toi tu le fais avec moi, c'est simple.
Je ne le juge pas, je constate qu'il est chiant, terriblement arrogant, qu'importe qu'il y ait une raison derrière ce fond si obscure.
—De toutes les façons, reprend t-il. Je ne suis pas sûr de rater grand chose en te jugeant à l'apparence. N'est-ce pas ?
—J'aurais clairement préféré que tu me craches à la figure tout ce que tu me reproches que de me lancer des pics comme ça, je commence à m'énerver.
Il rit inconsciemment presqu'en se foutant de ma gueule.
—Oh sinon ma vengeance ne serait pas drôle.
—Quelle vengence ? Il n'y a strictement rien de drôle.
—Ca dépend du point de vue.
Je relève la tête et cette fois l'observe. Il ne me regarde pas mais continue d'écrire sur son Ipad. Il semble que notre petite conversation soit déjà oubliée dans son esprit, il a trouvé un nouveau jouet à embêter. Je me décide à ne pas répondre. Il va encore vouloir retourner chacun de mes mots et ça va m'énerver, je déteste me taire dans une telle situation, mais je le laisse gagner s'il veut cette fois.
Je souffle alors que je vois Harvey approcher lentement de notre table. Pour une fois, je suis heureuse qu'il soit là, c'est vrai.
****
C'est sûrement la première semaine, où, je suis deux jours d'affilés, à la sortie des cours, énervée.
Sincèrement, je n'ai jamais été si remontée, Sean joue à un jeu qui me plaît guerre. De plus, il me juge sans même me connaître et c'est blessant. Je suis bien plus qu'une pimbêche blonde pleine aux as.
Pour me le prouver, inconsciemment je me suis décidée à rentrer à pied aujourd'hui, sans passer par mon chauffeur privé, non, je marcherais de l'école jusqu'à chez moi. En soit, le chemin est plutôt long mais je me motive en me disant que cela me fera les fessiers et les mollets. Je suis obligée de marcher seule car Emily et Val car elles n'ont pas voulu me supporter dans cette épreuve, les garces.
Pourtant, je marche tranquillement depuis un moment et étrangement, je ne me sens pas mal. C'est même plutôt agréable, même si le regard que les hommes posent sur moi peut être un peu agaçant, j'ai plutôt l'habitude de cela il faut dire.
Marcher devient même un plaisir en fait, j'ai même découvert un petit magasin avec des perles rares sur le passage, je n'ai pas pu m'empêcher d'acheter un sac à main —enfin petit, mais pas son prix— qui serait parfait pour une prochaine soirée.
Alors que je range mon achat dans mon sac et que je m'apprête à empiéter sur la rue piétonne, je sens que je cogne quelque chose. Deux petites mains agrippent ma jambe droite. Étonnée, je baisse la tête.
Un enfant, il s'agit d'un enfant, typé indien, un peu crasseux sur les bords mais terriblement adorable.
Je m'accroupie immédiatement puis ébouriffe sa touffe de cheveux.
—Hey toi!
Il baisse sa tête, sans oser me faire face, je le trouve absolument adorable.
—C'est quoi ton prénom?
—Aslan, il répond d'une voix faible.
Mon dieu, il est adorable, j'adore absolument les enfants.
—Et où elle est ta maman ?
Il hausse les épaules tout en faisant la moue avec sa bouche. Adorable. Je fonds. Je l'aurais bien pris dans mes bras, mais je pense que cela serait bizarre car je suis une étrangère.
—Bah on va la retrouver non?
Il hoche la tête, et soudain il pointe mes chaussures Givenchy.
—Chaussures !
Je regarde ses pieds et constate qu'ils sont tout boueux, il est pied nu. Ca me fait terriblement mal au coeur, j'observe ses petits pieds rougis et abîmés par le sol alors qu'il a à peine quatre ans. Notre différence me choque.
Soudain, quelqu'un l'appelle, une femme plutôt enrobée, elle aussi typée indienne, elle semble affreusement pauvre, ses rides et ses habits tout déchirés en sont la preuve. Elle arrive et lorsqu'elle voit l'enfant à mes pieds, elle l'attrape par la main sauvagement. Elle me dévisage de haut en bas, et me méprise.
—Vous avez un enfant adorable ! Je lance tout de même.
Elle ne fait pas attention à ce que je dis, elle tire sur la main de son fils pour qu'il se dégage, il semble plutôt déçu mais ne proteste pas. Je tente de les rattraper.
—Madame ! Arrêtez vous s'il vous plaît !
Elle continue sa route et ce que je vois me choque. Elle s'arrête et s'assoit par terre, sur un matelas en mauvais état et pose son enfant à ses côtés. Devant elle, se trouve une écriture disant " Nous avons besoin d'aide" et un chapeau où se trouve quelques pièces. Et je comprends, ce sont des mendiants, bordel. Comment est-il seulement possible qu'un si jeune enfant vive dans de telles conditions? Mon cœur se fend.
La misère, c'est bien un mot que je ne connais pas. Je suis forcée de constater ce que les autres vivent quand elles n'ont pas les moyens, et ça fait mal.
Je fouille mon sac à main et en sort mon porte monnaie immédiatement, je n'ai qu'en ma possession une centaine de dollars, je les enlève puis les tends à la mère.
Elle est méfiante, mais finit par me l'arracher sans me remercier vraiment — très sympathique.
Je soupire et garde mon calme, ça doit sûrement être normal, elle doit détester les gens comme moi et je peux le comprendre, au moins j'ai fait une bonne action.
Je salue le petit d'une main alors qu'il me fait un grand sourire puis m'en vais, plutôt fière de moi. Une chose est sûre, je retournerais voir ce petit garçon qui me semble plus que prometteur.
****
YO
Eh bah je suis choquée de voir que certains détestent Sean haha, pourtant il nous réserve pleins de surprise, bien plus que cette image qu'il peut donner pour le moment x)
Et puis si vous l'aimiez tous dès le début ça serait pas drôle.
♥Vos avis sur Sean?
♥Une petite vengeance bien méritée?
♥Vos avis sur le chapitre?
Yona. ( Nouveau chapitre demain ou dimanche ^^ )
Et wow! Déjà 26k de vues, c'est dinguuue !
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