28-Shit.

Plus j'approche de chez moi et plus mon cœur palpite, si la journée j'avais bien vécu cette fugue, en aucun cas je ne me sens rassurée maintenant. L'adrénaline est redescendue.

Lorsque j'arrive au portail je demande à Paul le gardien si mes parents sont présents, il m'indique qu'en effet, ils le sont, tous les deux. Si mon père rentre avant 21h du travail c'est qu'il s'apprête à me botter le cul.

Je cherche un moyen de ne pas rentrer par la porte principale mais voila l'inconvénient d'avoir une maison si haute et impressionnante, je ne peux pas atteindre la fenêtre de ma chambre du jardin, ni d'une quelconque autre pièce. J'ouvre nonchalante, la porte d'entrée et je tente de me faire la plus discrète que possible. La porte a beau être très lourde j'arrive à faire en sorte qu'elle ne claque pas. Ensuite je me déchausse.

Mais alors que je m'apprête à rejoindre ma chambre, je me fais surprendre par mes parents qui sont tous deux dans la pièce principale.

Eh merde.

—On t'attendait, me dit mon père.

J'aurais pu m'en passer, pour une fois. Je me plains qu'ils ne font pas assez attention à moi, mais pour une j'aurais aimé qu'ils agissent comme d'habitude.

—Assieds-toi me conseille ma mère.

J'arrive à peine à les regarder dans les yeux, j'ai mon coeur qui bat à mille à l'heure et je vois la déception dans le regard de mes parents que je ne peux affronter. Je m'exécute les jambes tremblantes peu rassurée, j'ai toujours eu peur de mes parents, ils ne sont pas comme ceux d'Emily que l'on peut amadouer parce qu'ils ont un grand cœur, non.

—Tu étais où? Commence mon père.

Quoi leur répondre ? Je n'en sais strictement rien. Je ne peux pas leurs dire que j'étais chez un garçon, ils ne comprendrait pas, encore moins si je parlais de Sean, ni chez Aslan...

—J'ai pris une chambre d'hôtel avec le peu d'économie que j'avais.

—Et évidemment c'est un mensonge, remarque mon père, nous avons contacté tous les hôtels et aucun ne t'a vue.

Putain. Ils ont employé les gros moyens.

—Je dois avouer être très déçu ton comportement, m'annonce mon paternel. Je ne m'énerverais pas aujourd'hui, j'ai deja perdu trop de temps à ça, mais sache que si ton comportement ne s'améliore pas de suite on sera contraint de t'envoyer en maison de redressement cet été.

Maison de redressement ? Ils ne vont pas un peu loin là? J'ai juste fugué une seule nuit pour faire part de mon mécontentement ! Je n'ai tué personne bon sang! Je me résigne cependant à prendre sur moi.

—Tu sens la cigarette ? Me demande ma mere intriguée.

Oh merde. C'est bon je suis finie. J'avais oublié que l'odeur de Sean avait déteint sur moi, et je sais à quel point mes parents sont durs avec la consommation de ces cochonneries.

Je décide tout de même de leurs dire ce qu'ils désirent entendre.

—J'en ai juste fumée une je le promets, une seule, parce que j'étais stressée.

Ca craint d'avoir peur de ses parents. Vraiment.

—Stressée, plaisante mon père. Tu n'es juste pas responsable. Je croyais qu'on pouvait te faire confiance. Mais visiblement je me suis trompé. Mes menaces d'hier tiennent toujours et encore plus maintenant. Plus de sortie, le matin Esteban te conduit à l'école, et il vient te chercher dès que tu as fini. Chaque soir tu auras des cours supplémentaires en littérature, histoire géographie et philo pour remonter ces notes catastrophiques. Le weekend en plus tu auras des cours d'éducation, puis ce qu'il semble que tu n'en aies plus. Je te rendrais uniquement ton ordinateur puis ce que c'est un atout évident pour les études, mais n'essaye même pas de te connecter sur des sites qui n'ont aucun rapport avec les cours.

J'ouvre grand les yeux, bouche bée. Ils sont en train de me forcer à une vie de prisonnière clairement ! J'ai 18 ans, j'ai commis une petite erreur, et ils veulent m'enfermer. J'ai envie de déballer tout ce que j'ai sur le coeur mais je sais qu'encore une fois, je ne ferais qu'empirer les choses. Si je rétorque ma peine s'alourdira.

—Et admettons que je réussisse haut la main les prochains examens, est ce que je pourrais enfin choisir ce qui me plait ? Je demande tout de même.

—Réussir tes examens haut la main c'est le minimum Lana pour que tu aies une école étant donné tes résultats catastrophiques. Donc non, on choisira pour toi, que ça te plaise ou non.

Je ferme les yeux alors que mon cœur se serre. Je déteste ma famille par dessus tout. Je la déteste. Je ne cracherais jamais sur ces atouts matériels familiaux, mais j'aimerais tellement ressentir parfois juste de la tendresse venant d'eux, juste un peu.

—Si tu n'as pas d'autres questions, tu peux disposer.

J'observe ma mère dans l'espoir qu'elle me dise enfin quelque chose. Qu'elle proteste car je sais très bien qu'au fond d'elle elle n'est pas heureuse de vivre sous la diction d'un homme. Moi, je ne me vois pas vivre sous les ordres de mon mari, vivre à sa mesure, même si la contrepartie est qu'il me traite comme une vraie princesse, qu'il me gatte sans cesse. Je n'en ai que faire de ce genre de vie, je veux être égale à mon mari plus tard, et je ne veux pas que notre relation se base sur du matériel.

Mais ces crétins de parents ne le comprennent pas. Je me lève alors de la table.

—Ah oui commence pour père, tes premiers cours commencent ce soir. Et ne le prends pas mal, c'est pour ton bien.

Évidemment.

Ca m'énerve qu'il essaye de jouer au père inquiet alors qu'il n'est jamais là les trois quarts de l'année ! Ca me fout en rogne. Mais je rejoins ma chambre sans rien dire. Sont-ils conscient que je pourrais avoir envie de me suicider ? Mais c'est parce que je vois Aslan et sa mère vivre encore plus difficile que moi que je ne peux me permettre de cracher sur ma vie.

***

J'ai eu mon premier cours de littérature hier soir, c'était un vielle homme, très cultivé mais malheureusement trop théorique pour moi, il n'a pas su retenir mon intérêt. Parce que c'était un cours particulier j'étais obligée de suivre mais c'était barbant. Tous les soirs jusqu'aux examens, ça ne va pas être possible.

Mais je n'ai rien dit, j'ai accepté. Je suis trop bonne.

Ce matin, j'ai du me rendre en voiture à l'école, j'ai vu Sean sur le côté de la route et ça m'a fait de la peine de ne pas avoir pu le prévenir, il n'aime pas être pris pour un con, mais aussi de ne pas avoir pu passer du temps avec lui,

. J'arrive donc à l'école d'une humeur maussade. Emily voit tout de suite que ça ne va pas, alors qu'Avalonne m'évite depuis hier.

Emily trouve la réaction de mes parents surdimensionnée, elle est révoltée, elle a même contacté sa mère pour le lui dire et Alexis à crié que c'était inadmissible. Mais elles ne peuvent rien y faire, c'est de ma faute tout ça.

Je n'ai pas réussis à parler à Sean du tout, comme on ne s'affiche pas ensemble, et qu'à midi je ne l'ai pas croisé.

Le reste de la semaine s'est déroulé ainsi, lever cours, maison, cours, cours, dépression, dodo.

Malgré tout en une semaine je suis déjà bien rodée en lettre. J'ai déjà fait d'énormes progrès car même si je déteste je suis obligée de suivre et d'être active.

Pourtant même si mes progrès se font ressentir, je ne vais pas bien. Je me retrouve à pleurer parfois dans les toilettes parce que Val me fait la gueule et que, putain ,je n'ai eu aucune discussion avec Sean depuis une semaine. Tout est fait pour que je ne le vois pas! Le pire dans tout cela est que je ne peux pas me libérer de ce poids parce que je ne peux pas en parler à Emily. Il faut que je lui raconte tout depuis le début, et je n'y arrive toujours pas. Je me blesse seule en fait.

Pourtant aujourd'hui quand je vois Val discuter avec Shana je ne peux m'empêcher d'être affreusement jalouse et en colère. J'ai remarqué qu'elles parlaient assez cette semaine et je ne comprends pas pourquoi.

Elles se taisent quand j'arrive.

—Je dérange?

Shana me dévisage de haut en bas.

—Un peu.

—Et visiblement je m'en fous de ton avis, je réponds sèchement.

J'attrape Val par le bras et l'attire dans un coin plus loin.

—A quoi tu joues ? Je lui lance.

—C'est plutôt moi qui devrais te le demander.

—Pourquoi tu discutes avec Shana ? J'insiste.

—On parlait de Justin, c'est son cousin.

—Ouais ou alors c'est juste un alibi pour piquer mes copines.

—Qu'est ce que tu racontes ? Me demande t-elle tout en fronçant les sourcils.

Elle m'observe droit dans les yeux alors que je cligne les miens avant de les descendre. J'en sais rien, je suis juste parano parce que je vais mal ces temps-ci.

—J'en sais rien, je finis par soupirer, mais tu me manques et je ne sais pas comment prendre votre rapprochement. Je sais que t'es fâchée contre moi mais... j'en sais rien.

Elle me regarde un peu plus attendrie.

—Je ne suis pas fâchée contre toi, soupire t-elle. Lana on est plus des gamines, ce n'est pas parce que je parle avec quelqu'un d'autre que toi que je suis « fachée ». C'est juste que tu mens à Emily alors qu'elle croit à tout ce que tu dis qui me fait mal, et je sais que si je reste avec vous je ne pourrais pas m'empêcher de tout lui dire. Tu sais très bien que je ne sais pas mentir.

—Mais Val, je ne sais juste pas quoi faire putain !

—Ok, alors ne compte pas sur moi pour faire partie de ton mensonge infernal.

Elle dit ça tout en me tournant le dos.

Elle a beau me dire qu'elle n'est pas « fâchée », mais elle est assez étrange. Je sais qu'elle déteste mentir, mais de là à prendre des distances parce que je n'ai pas encore le courage de parler à Emily? Je trouve ça un peu stupide. Je sais qu'elle est très sur les principes, mais je trouve pour autant son comportement bizarre. Je l'observe se diriger vers Shana et tendre un sourire. Elle ne traîne jamais avec des gens superficielles, mise à part moi et Emily, sauf que Shana l'est quatre fois plus. Qu'est-ce qui lui prend bon sang? Aurait-elle ses règles?

***

Le lendemain je m'étais décidée à parler à Emily quand tout ce courage s'en est allé devant elle, je suis juste une trouillarde. Et dans un autre sens ma relation avec Sean est tant sur un point mort que je me dis que ça ne sert à rien d'en parler, tout est déjà sûrement fini pour lui. C'est vrai, il passe son temps avec sa pouffiasse de Sally et ne semble pas dérangé par cette distance entre nous.

Mais alors que je sors des toilettes, une main me tient le bras fermement. Je frissonne suite à ce contact. Sean.

On est seuls dans le couloir, son regard vert pétillant a à peine le temps de traverser le mien qu'il m'entraîne vers la sortie.

—Suis-moi.

Il dit ça tout en relâchant ma main, on sort du lycée, je le suis sans le suivre vraiment, avec discrétion. On marche un moment vers un coin du lycée totalement désert et protégé des regards.

À peine sommes nous seuls qu'il m'attire vers lui et empoigne mes lèvres . Oh putain ça m'a manquée. Tout n'est pas fini, tout n'est pas fini!

Je m'accroche à lui alors que le sourire me revient enfin. Ses mains, son contact ... ses lèvres. C'est bien lui.

Je l'entoure de mes bras et pose ma tête contre son torse.

—J'aurais jamais cru qu'un chieur comme toi me manque autant.

—Je te manque, c'est adorable.

—Je ne t'ai pas manqué ? Je réponds les sourcils froncés.

—Bah Non, replique t-il.

—Ah bon? Alors pourquoi tu m'as entraînée ici ?

—J'avais besoin d'un petit cours de langue, me taquine t-il.

—Évidemment, abrutit.

Il ne rétorque pas au  « abrutit » il m'embrasse sur le joue.

—Je sais que je t'ai manqué gros bêta. Ou alors j'ai au moins manqué à grominet.

Un doux rire se déclenche de sa gorge.

—Un peu plus à moi quand même.

J'hausse un sourcil très surprise et ravie d'une telle annonce. Il a l'art de surprendre.

—Je pouvais faire chier à personne d'autre sinon, rajoute t-il.

—Évidemment c'est logique.

Je reste un moment contre son torse chaud à apprécier son contact.

—C'est moi où tu n'es pas très bien ces temps-ci ?

—Moyen, mes parents sont des connards.

Je lui raconte les grandes lignes de mon histoire et je vois révolté lui aussi. Il ne comprend pas pourquoi mes parents sont si durs.

—De vrais connards wow. C'est complètement idiots. Je me serais déjà cassé, et leurs auraient fait comprendre d'aller se faire enculer.

Le connaissant il serait même encore plus dur...

—Qui sont tes profs du soir ?me demande t-il dès lors.

Je lui donne les noms et il m'observe interloqué.

—T'es sérieuse ?

—Bah oui quoi ?

Il reste un moment dans l'incompréhension.

—J'écoute quelque fois leurs conférences, ces mecs sont des génies purs sur-cotés. Ils ont des réflexions très poussées et intéressantes mais c'est juste que... je ne suis pas sure qu'ils soient les meilleurs profs du monde. Ils n'ont à mon sens pas ce talent là. Ils s'adressent à un public très poussé. Donc je ne comprends pas ce choix de tes parents.

—Bah je l'approuve. En tant que prof ils sont complètements nuls. Hier en philo on a parlé de l'allégorie caverne de Platon. Et il m'a sorti des trucs que je n'ai absolument pas compris.

Sean hausse un sourcil.

—J'ai déjà vu le raisonnement philosophique de ce gars et il est complètement taré. Il utilise des mots complexes pour dire des choses simples, alors que selon moi la beauté de la langue anglaise est de pouvoir dire des choses simples pour expliquer des choses compliquées.

Je l'observe sérieusement.

—Comment tu te la pètes trop quand même.

—Je sais, sourit-il.

Je relève les yeux au ciel.

—Mais tu as de la chance, je suis aussi un génie, donc je peux te l'expliquer.

Je ne fait pas attention à cette marque de prétention et lui demande d'expliciter. Dès lors, avec beaucoup de rigueur et d'attention il m'explique cette fameuse métaphore philosophique, il m'explique cette différence entre le réel le réel immédiat source d'erreur et d'illusion et le monde intelligible accessible à la seule raison. Etrangement à aucun moment je ne me perds dans son raisonnement, et je le trouve bien plus pédagogique comme professeur. Quand il a fini, je l'observe assez surprise, je n'ai jamais côtoyé je crois, quelqu'un de si intelligent, il est côté d'une vraie bénédiction en fait.

—Et t'as fini que deuxième dans le classement, je soupire.

Il hausse les épaules.

—Premier en théorie, mais Harvey a triché un maths comme en littérature, il connaissait les sujets à l'avance cet enfoiré.

— Comment t-en ai au courant? je réponds surprise

—Je crois qu'à force d'être invisible dans cette école, les gens oublient que je suis présent lorqu'ils parlent. J'entends tout.

—Et t'as rien dit ?

Sean me sourit et passe ses mains derrière mon bassin.

—Je sais très bien ce que je vaux. Pour préserver son amour propre, il est parfois nécessaire de mentir et de tricher. Mais devant l'échiquier personne ne peut tricher avec soit même.

Je remonte mes yeux vers lui.

—Sale beau parleur. T'es carrément un intello.

Je lui souris avant de monter sur le pointe des pieds et de l'embrasser à nouveau. Il se fait ensuite très entreprenant, il laisse un peu ses mains courir sur mon corps, comme s'il s'était retenu depuis le début de le faire.

Pourtant, je me dois d'observer ma montre, je me rends compte de l'heure tardive.

—Merde, je vais devoir y aller.

Il hoche la tête, sans forcément montrer sa déception.

—Avant de rejeter la faute sur moi, parce que j'aurais causé ton retard.

—Bah dans tous les cas, là tu as littérature, donc tu seras aussi en retard.

Il ouvre ses grands yeux avant de récupérer son sac.

—Merde! Je croyais qu'on était jeudi! Fait chier.

Il m'attrape par la main avant de se lancer dans une course. Soudain, il s'arrête, se rappelant très bien d'où nous sommes. Il s'approche de moi doucement, alors qu'on est encore isolés, et comme à chaque fois, m'embrasse très doucement, tout en souriant. C'est affreux parce que plus le temps passe et moins je ne me lasse de lui, jamais ceci ne m'était arrivé auparavant, et j'avoue en être terrorisée. J'ai toujours ces petites fourmis dans mon ventre et ce sourire collé aux lèvres.

—Pourquoi on se cache? Je chuchote.

Il me sourit avant de reposer ses lèvres sur les miennes, sans me répondre. Alors je le repousse un peu pour qu'il puisse m'observer et constater que je suis sérieuse.

—Sean, je suis sérieuse.

Il force cette distance entre nous à disparaitre en logeant ses lèvres dans ma nuque.

—Ca rend les choses deux fois plus excitantes non? Pourquoi gâcher ça?

Il dit cela tout en mordillant légèrement ma peau, un sentiment de bien être parcours désormais mon corps, et j'en oublie ce que je disais. Ses lèvres reviennent une dernière fois sur les miennes. Il se recule légèrement tout en attrapant ma mâchoire avec sa main afin de décrypter les émotions de mon visage.

—Bye, chuchote t-il, avec un sourire resplendissant.

—Bye, je réponds avec le sourire.

Je l'observe partir, puis me magne une fois qu'il est assez loin. Pourtant, je m'arrête un moment, afin d'analyser cette dernière scène. Je fronce les sourcils soudainement.

Ne vient-il tout juste pas de me manipuler par les sensations uniquement pour ne pas aborder le sujet qu'il voudrait éviter? 

****

YO

Bon c'est vraiment pas le chapitre que j'ai préféré écrire, mais bon il était necessaire !

Vos avis sur le chapite? 

Sur Sean?

Avalonne?

Et comment s'est passée votre rentrée?

Moi en tous les cas je croûle déjà sous les devoirs ! Ah! Vive les vacances haha. 

Yona. 

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