16-Eat!
Oh bordel. Je crois que je n'étais pas prête.
Tout d'abord, c'est le bazar le plus total, il y a des vêtements dépliés, des boissons non finies, des paquets de chips. Et puis... la décoration est affreuse, ce n'est pas épuré, il n'y a aucun sens esthétique, la moquette est d'un rouge foncé immonde, ça en devient presque répugnant.Je suis estomaquée devant si peu de jugeote du bon goût.
—Fait attention, tu baves, m'annonce t-il.
Je ne peux pas m'en remettre. C'est absolument moche.
—T'es dramatiques finit-il par soupirer, c'est pas une telle horreur.
—Ouais, non... c'est mignon ... je tente.
Il sourit sachant très bien que je ne suis pas sérieuse.
—Bon tu veux quoi ? me demande t-il lassé.
—Prendre une douche, s'il te plaît.
—La pluie suffit pas comme douche?
—Arrête de me casser les ovaires, montre moi juste la salle de bain et je te laisse tranquille.
Il m'invite à le suivre, nous montons à l'étage. Il ouvre une pièce qui, je suppose est sa chambre, et je me sens un peu rassurée, elle est de moins mauvais goût. D'ailleurs, je suis étonnée, j'aurais pensé sa chambre terriblement sombre et froide, mais au final ce n'est pas le cas. Elle est simple, sans vraie âme, il y a des murs blancs, de la moquette noir, un lit et un bureau. Il y a un poster d'un jeu vidéo qui me laisse croire qu'il en est fan et des tonnes de consoles qui personnalisent quelque peu sa pièce. Ce n'est pas moche, mais peu personnel.
—C'est ta chambre ? Je demande tout de même.
Il ouvre son placard et me montre sa collection de Sweat shirt noir, je comprends immédiatement que oui.
—Bon, la salle de bain est dans la porte à ta droite, tu as besoin de quoi ? Serviette ? Eye Liner ? Gel douche l'Oréal ?
—Euh ouais, ça serait sympa, je réplique plutôt enthousiaste, et d'un shampoing au karité Kérastase
—Lana... soupire t-il, je plaisantais.
Ah.Voilà ce qui explique tout.
En fait, c'est un peu normal que l'on me propose ce genre de chose, je n'ai pas pu me douter qu'il ne possédait pas cela, enfin... ça ne m'est pas venue à l'esprit, mais maintenant qu'il le dit, c'est vrai que ça n'avait aucune logique qu'il e le propose.
—J'ai vraiment une tête à acheter ce genre de produit ? demande t-il tout en me toisant.
—Quoi ? T'es du genre à jamais te laver et te foutre uniquement du déo le matin pour pas puer ?
—Ouais, c'est clairement plus pratique, t'en veux?
—Sean, je plaisantais. Bordel, non, tu peux pas être sérieux!
Il ne prend pas de douche et met du déo... J'ai déjà du mal avec les personnes qui ne prennent qu'une seule douche par jour, alors ceux qui n'en prennent pas et se mettent du déo c'est un autre niveau.
—Ah. Merde, répond t-il, tout en souriant.
Je ne peux m'empêcher de sourire, au final, il me laisse utiliser sa douche et j'en profite. Je prends mon temps pour rincer mes cheveux crasseux, j'utilise son gel douche homme et je dois avouer l'apprécier. Parfois, c'est bon de sentir l'homme, je trouve ça agréable. Je prends une demi-heure, largement avant de sortir et d'enfiler un de ses T-shirt et un short qu'il a piqué à sa belle mère je crois. Je me sens ridicule dans cet habit, mais je ne proteste pas.
Lorsque je sors de sa douche, je l'observe jouer sur sa playstation, quand il constate que je suis prête il appuie sur pause.
—Bon sang qu'est-ce que tu foutais dans la douche? Tu te masturbais ?
Je bloque un moment sur ce dernier mot, comment peut-il lâcher cela sans être gêné ? Je tilte après un long moment et feins de ne pas être étonnée.
—Faut croire, je ne résiste pas à ton charme.
Il m'observe sérieusement avant que je ne soupire.
—Ca va je blague! Bordel ! T'es fout toi ! Je prenais juste une douche, tu devrais en faire de même, même de loin tu pue.
—Tant que je me sens bien, c'est l'important, rétorque t-il tout en haussant ses épaules.
Bon sang, il est crade. Je m'arrête un moment puis prend le temps de respirer, s'il continue il va m'agacer.
—Bon, merci beaucoup pour la douche, je vais m'en aller.
—Ok.
Je ne souligne pas ce Ok un peu sec et peu chaleureux comme dernier mot et décide de tourner les talons, de toutes les façons, Sean n'est pas connu pour être aimable, ça se saurait.
Lorsque j'ouvre la porte de sa chambre, au même moment, je vois une femme arriver, je m'arrête, ne comprenant pas réellement de qui il s'agit.
—Qui est-ce ? me demande t-elle.
—Euh...
Elle me semble jeune, je lui donne tout au plus vingt cinq ans. Sean se lève, et je l'entends chuchoter "pas encore elle". What ? Aurait-il une autre copine que... Sally ?
—Une amie, réplique t-il simplement à la femme tout en roulant des yeux.
Une amie ? Nous ne serions donc plus au stage de connaissance -3000 ?
—Une "amie" ? Demande t-elle surprise. Euh...
—Bref, elle s'apprêtait à partir.
Il m'attrape par le bras, pour que l'on descende et je me décide à le suivre. Une fois en bas, il passe devant un homme, que je soupçonne, être son père sans rien dire.
—Sean ? C'est qui?
—Oh arrêtez avec vos questions chiantes, personne.
—Ella a mangé au moins?
—Oui oui, s'impatiente t-il.
Il ne semble vraiment pas à l'aise à mes côtés.
—T'es sûr ? On a commandé des pizzas, peut être voudra t-elle partager notre repas.
—Commence pas toi, s'agace t-il. T'as faim ? Me demande t-il sauvagement.
—Euh... non, enfin...
—Voilà elle a pas faim.
Il continue de me traîner et je l'arrête parce qu'il me fait mal au poignet.
—Tu me fais mal ! Arrête.
Voyant qu'en effet, il commençait à rendre sa prise insistante il me lâche.
—Et j'ai un peu faim, en fait, je lâche un peu gênée.
—T'es sérieuse ? Qu'est-ce que tu me fais là ?
J'hausse les épaules et me tourne vers son père. Il semble sourire puisque j'ai en quelque sorte accepté sa proposition.
Je n'ai jamais vraiment mangé de pizza de ma vie, enfin, je n'en mange que faite par de grands cuisiniers et pas trop grasses, jamais je n'en ai goutter une faite par l'industrie du fast-food, même si Emily passe son temps à en bouffer, mais j'ai la grand envie d'en savoir un peu plus sur ce Sean, alors je peux bien avaler trois calories en trop pour l'occasion.
Sean soupire et lève sa tête vers le ciel.
—Ok, tu dînes et après tu te casses.
***
Une première chose m'a frappé dans cette famille. Ils ne mangent pas à table.
C'est une des choses primordiale chez nous, et eux, ils ne le font pas. Ca m'a presque surprise. Ils dînent devant la télé, devant un match de football, parlent la bouche pleine, ils mangent avec leurs mains...
Combien de ces activités ai-je l'habitude de pratiquer ? Aucune. Désolée si je dois passer pour quelqu'un de prétentieux.
Sean se fouttait de ma gueule parce que j'en étais choquée, même si je ne disais rien, il avait compris, il riait dans son coin. Ils étaient tous à leur troisième part de pizza et je n'avais pas commencé la première, ce tas de viande, d'huile, de fromage de basse qualité me dégouttaient.
Je fixais ma part presque avec dégout.
Au départ, Sean discutait vaguement avec ses parents et cette femme plus jeune qui je suppose est sa belle mère — bien que plus jeune que son père de quoi ? Trente ans?. Devant mon incapacité à engloutir mon plat il s'est installé à côté de moi.
—Tu sais ça va pas te tuer, peut être juste te donner la gastro mais c'est tout.
—Merci de me rassurer.
Il rigole.
—T'es vraiment une petite princesse, c'est incroyable.
—Arrête c'est faux, j'ai déjà fait l'effort de m'asseoir sur ton canapé qui donne affreusement mal au dos, ça une princesse ne le ferait pas.
—Et t'en es fière, soupire t-il.
Il attrape ma part de pizza puis me l'approche des lèvres.
—Ouvre ta bouche.
—Nan.
—Ok.
Et il bouffe le premier quart.
Je l'observe estomaquée, il manque de manières.
—Putain, mais Sean, je déconnais. Enfin... c'était une protestation mais je voulais pas dire que.. putain ... mais !
Je ne sais même pas quoi dire. Il est si mauvais en langage codé de filles?
—Ah, oups, bah tiens alors.
Il approche la part à nouveau de mes lèvres et me force à ouvrir la bouche, je ferme les yeux pour ne pas observer la graisse qui me dégoutte, je croque sans pour autant macher.
—Mache, m'ordonne t-il.
Je secoue la tête.
—Arrête de jouer, c'est bon.
Je respire un long moment puis me décide à mâcher. Au final ce n'est pas si horrible que cela, mais ce n'est pas excellent non plus, ça ne vaut pas les plats de ma cuisinière. La texture est un peu plastique.
—Alors ? Demande t-il.
—Bof, je préfère le caviar, dis-je pour le taquiner.
—Sale gosse de riche, dit-il simplement.
Je rigole doucement.
—Prend un autre morceau.
—J'ai plus faim, soupiré-je.
—T'as rien mangé.
—Bah si, je viens d'avaler plus de calories là en une bouchée qu'en trois ans.
—T'es vraiment une chieuse, se plaint-il.
Il croque dans ma part sans pitié puis l'engloutit rapidement. Je l'ai observé tout le temps manger car ça m'intriguait, même Emily mange mieux que lui. Et dieu sait comment elle mange mal.
Le match commence à enfin battre son plein, Sean et son père crient, afin de soutenir leur équipe favorite, je trouve l'ambiance plutôt chaleureuse, même si à chaque fois que sa belle mère ouvre sa bouche, il ne peut s'empêcher de la casser, comme il le fait très souvent avec moi.
A la fin du match, Sean et son père se tiennent debout, une bière à la main et chantent l'hymne américain, fiers de la victoire de leur équipe favorite.
Je trouve l'ambiance sympathique mais un peu étrange, je dirais différente de ce que j'ai l'habitude de voir, je ne suis pas si proche de mes parents alors ça m'étonne qu'il ait ce genre de délire avec son père. Je ne vois pas moi père et mon frère regarder un match de football ensemble.
Quand il se calment enfin, son père a commencé à s'intéresser à moi, et à me poser des questions.
—Comment vous vous connaissez ?
—Oh, on avait un projet à réaliser ensemble.
—Et t'arrive à supporter mon fils ?
—Euh, pas vraiment, ris-je. On s'engueule assez.
—Oh, t'inquiète, c'est comme ça avec à peu prêt tout le monde. Mais bon, il est tout de même adorable mon Sean non?
—Bon, le coupe son fils, on va arrêter les questions ici, Lana doit rentrer.
—Tu habites loin ? Me demande son père. Je peux te ramener.
—Euh... Non, je prendrais le taxi, ne vous inquiétez pas pour moi.
—A cette heure ? C'est plutôt risqué.
J'apprécie sa bienveilance, mais je n'ai pas vraiment envie qu'il sache qui je suis, ni que je suis d'une famille totalement différente, je vais simplement contacter mon chauffeur.
—Vous êtes bien aimable, mais ne vous en faites par pour moi, j'ai l'habitude.
On s'apprête à remonter pour que je récupère mon sac, quand il nous interpelle encore.
—Ah d'ailleurs, comment va la pétasse au lycée Sean?
Il ne peut s'empêcher de me lancer un sourire sournois.
—Oh... Toujours aussi conne, lance t-il.
****
YO
J'ai une bonne nouvelle, je publie le prochain chapitre dans une heure !
De base, ça faisait un seul chapitre, mais c'était trop long, donc je l'ai séparé en deux.
Indice: Quelque chose d'assez croustillant au prochain épisode !
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