12-(Un)known.

—T'as pas des trucs à bouffer ici ? J'ai un petite peu faim, il demande simplement.

Je le regarde, un peu surprise par une telle remarque. En général c'est l'hôte qui propose à manger, cela est assez mal poli que ça soit l'inverse.

Mais bon, il s'agit de Sean...

—Euh... Je n'ai pas demandé à la cuisinière de préparer quelque chose, mais on devrait trouver.

Je me dirige vers la cuisine, à la fois spacieuse mais froide, et ouvre le réfrigérateur. Je n'ai pas vraiment d'apéritif à lui proposer, mise à part un cake au thon, des bouchées de fromages et des croquettes de légumes au poulet. Lorsque je sors tout cela du frigo, il m'observe comme si j'avais fait quelque chose de mal.

—Quoi enfin?

—Bah... T'as rien d'autre? Genre des chips ?

—Bah ... Non ? Pourquoi aurais-je des chips chez moi ?

Je lève un sourcil, étonnée. J'ai beau être une adolescente, je déteste cela, je m'imagine comment elles sont produites et ça me donne déjà envie de vomir.

—Oublie, répond t-il en soupirant.

Dès lors je découpe le cake et lui sert un verre d'eau pétillante, il m'a semblé déçu, il voulait du soda, mais qu'importe.

Alors qu'il croque dans son cake, je déguste un biscuit sec bio, il reprend la parole.

—En fait, ta vie est trop chiante. Tu bouffes ni de trucs gras ni sucrés, c'est lourd.

—Bah non, au contraire, c'est ça qui rend lourd. Ce n'est pas pour rien que j'ai un corps en pleine forme et sexy.

Ses yeux descendent vers mes hanches furtivement avant d'à nouveau me fixer.

—Je bouffe mal, je bouffe pas de bio, pas de tofu et pourtant je suis autant en pleine forme et sexy, rétorque t-il.

—Ouais, c'est pour ça que tu es tous les jours en Sweat ? Tu n'oses pas montrer ton gros bide? Je peux comprendre, je réponds sournoisement.

Il lâche sa part de cake et étonné, regarde son ventre, caché par son sweat.

—Raconte pas des conneries.

Je lui souris et tapotte son ventre pour le taquiner.

—Je dirais qu'il manque un peu d'abdos.

Il attrape ma main afin que j'arrête de le tapoter. Il semble plutôt vexé.

—Tu n'en sais rien, tu ne l'as jamais vu.

—Quand on a des abdos, on les montre en général, on s'en cache pas.

—Sauf si on est un tantinet mature, et que l'on en a rien à faire du jugement des autres, rétorque t-il.

Je le dévisage de haut en bas. Veut-il me faire comprendre par cela qu'il est mature et qu'il n'en a rien à faire des autres? Peut être bien.

—Tu vas me faire croire que tu n'en as vraiment rien à faire ?

Il boit une gorgée d'eau avant de me tendre à nouveau son verre.

—Strictement rien à foutre. T'as pas du coca ?

Je souris tout en arrangeant une même sur le côté. Ce gars m'intrigue énormément, plus je lui parle, et plus j'ai l'impression qu'il a une personnalité marginale, mais c'est intéressant.

Je lui fait comprendre que non, je n'ai pas de coca, et il paraît encore déçu. Une question me trotte dans la tête cependant, et je ne peux m'empêcher de la poser.

—Et pourquoi tu ne réagis jamais lorsqu'on te bat au lycée?

Il hausse un sourcil.

—Quand tu demandes à tes amis de me battre parce que tu ne veux pas te salir les main ?

Je soupire un peu agacée.

—De un, que ça soit clair, je ne leurs aient jamais demandé de faire ça, de deux, croit moi, si je voulais te frapper, je l'aurais fait de mes propres mains, ou alors ça serait Emily. Je ne suis pas aussi ingrate que tu peux le penser.

—Ma foi, me répond t-il.

Il détourne un peu les yeux, pour observer sa montre.

—Donc? Pourquoi tu ne réagis jamais ? le rappelé-je à l'ordre.

Il se retourne.

—C'est immature. J'ai autre chose à foutre. Je préfère blesser avec les mots, c'est plus subtile et amusant, et entre nous, vaut mieux pas que tu me vois frapper car, ça fait mal, très mal.

J'hausse un sourcil, un peu surprise.

—Une expérience qui a tournée au drame ?

Il sourit un peu.

—Un drame? Tu es gentille là.

—Qu'est-ce que ça veut dire ?

Il hausse les épaules.

—Ton quota de questions est écroulé.

Je suis déçue, je désirais vraiment en savoir plus sur lui. Il est comme un livre à écriture invisible, une fois qu'un indice est donné pour le déchiffrer, il est frustrant de ne pas le réussir par manque de compétence.

Une fois qu'il a finit son petit plat, je demande à ma cuisinière de le débarrasser puis me retourne vers lui.

—Donc on arrête de se pourrir la vie l'un et l'autre ?

—Ca dépend, tu décides d'être moins chiante ?

—Dit le maître en chiantise.

—Tu vois, répond t-il. Ca va pas être possible.

Je rigole puis il fait de même.

—Amis ? Je demande cette fois sérieusement.

—Non, on va plutôt dire connaissance 1/2.

—T'es sérieux? Connaissance 1/2 ? Ca ne veut rien dire.

—Si! Imagine toi la barre des sims de l'amitié, dit toi que tu es à la moitié de la barre connaissance.

Je ne peux m'empêcher de rigoler.

—Toi ? Une grosse tête comme toi connaîs les sims?

Il hausse les épaules.

—Je connais tout, je te l'ai dit, même les choses strictement inutiles et dépourvues de sens.

Je soupire.

—Qu'est-ce que tu es arrogant...

—Réaliste plutôt.

Je gémis un moment, il est aussi chiant qu'il est mystérieux.

—Si tu veux, connaissance 1/2.

On se frappe la main comme deux bons potes.

Soudain, j'entends la voiture de ma mère dans le parking. Je me fige instantanément. Ce n'est pas possible, elle m'avait dit qu'elle rentrait avant 21h, il n'est que 19h. Elle est rentrée beaucoup trop tôt. J'attrape Sean par le bras et l'entraîne immédiatement à travers le salon, je l'enferme dans une pièce non loin. Alors que je m'apprête à le laisser seul, il m'attrape par le bras et me demande des explications.

—Qu'est-ce que tu fais?

—Ma mère est là! Je veux pas qu'elle te voit !

—Pourquoi ?

J'évite de répondre à cette question car je sais que la simple réponse me ferait passer à connaissance -1/4. C'est simple, j'évite de ramener des mecs à la maison, de plus, elle va se faire des idées, étant donné que nous sommes seuls. Et puis je sais qu'elle me prendra la tête une fois qu'elle aura compris que Sean n'est pas de notre monde. Il suffit de voir sa tenue pour le savoir, Harvey, n'aura jamais aussi peu de classe, même si en soit je trouve que c'est plutôt sexy sur Sean, je ne pense pas que ma mère sera du même avis.

—Si ma mère me voit avec un gars, je suis morte, je réplique simplement, bouge pas, bouge surtout pas d'ici tant que je ne te le signale pas.

Il semble plutôt vexé, mais ne proteste pas. Je referme la porte derrière moi et au même moment ma mère arrive. Je me dirige vers l'entrée et lorsqu'elle me voit, je feins d'être surprise.

—Oh maman ! Je ne t'ai pas entendu arriver, tu rentres bien tard.

—Oui, c'était une journée calme. Tu as passé une bonne journée?

Elle se déchausse soigneusement, puis un membre du personnel récupère les chaussures ainsi que son menteau. Elle avance vers le salon et je la suis.

Il faut que je trouve un moyen pour qu'elle monte dans sa chambre, afin qu'elle ne me voit pas faire sortir Sean.

Oui je sais, je me prends beaucoup la tête, mais je n'ai guère envie de me disputer avec ma mère, lorsqu'elle est en colère elle est vraiment dure, souvent je ne le supporte pas et m'énerve, tout en prenant le risque de restreindre ma liberté.

—Au fait, elle m'annonce, c'était étrange, il y avait un scooter abandonné devant notre propriété, j'ai demandé à une voiture de dépanage de la faire dégager.

Oh.

Merde.

—Vraiment ? Je réplique peu confiante. C'est étrange, tu as bien fait.

Voyant que je tourne en rond, ma mère m'interpelle.

—Un soucis ma chérie ?

—Non ! Enfin... Voilà, j'attendais ton retour, il faut que je te le dise.

Elle m'observe avec ses yeux ronds et pose sa main sur son coeur, comme si elle se préparait déjà à une annonce dure.

—Un soucis? Ne me dit pas que tu as encore perdu ta carte bleue ?

—Non ! Non! Du tout. J'ai une petite surprise pour toi en fait. Mais pour cela il faut que tu montes dans ta chambre. Je vais la chercher à l'extérieur et j'arrive.

—Une surprise ? Oh j'ai hâte! Je monte, j'ai le temps de prendre un bain avant ?

J'hoche la tête. La salle de bain est en haut, donc c'est parfait.

Elle courre précipitamment vers l'escalier, avec le sourire, et je peux enfin souffler.

Une fois que j'entends la porte de la salle de bain se fermer, j'ouvre la pièce dans laquelle j'ai enfermé Sean puis l'attrape par le bras.

—Elle a fait quoi ? Grogne t-il.

—Moins fort!

Je tire sur son bras pour qu'il ne s'arrête pas de courir. J'ouvre la porte d'entrée et m'élance avec lui à travers le jardin.

—Elle a fait dégagé mon scoot ? Lana, si c'est la réalité ! Je vais te tuer.

—Arrête! Je suis désolée, je ne pensais pas qu'elle rentrerait si tôt.

Il tire sur mon bras et m'arrête dans ma course.

—T'es désolée ? Putain, je suis trop con de t'avoir fait confiance.

Cette fois, c'est lui qui marche vite, et je suis à ses trousses, j'ouvre le portail et il continue. Il ne m'attend pas, ayant remarqué que son scoot n'est plus là. Je suis épuisée de lui courir après.

—Mais ralentis! Putain! Tu ne sais même pas où tu vas!

—Je rentre chez moi, répond t-il froidement.

—Ca n'a aucun sens! La route est éloignée !

En effet, notre maison est assez isolée de la ville, nous vivons dans un coin très tranquille, à l'abri des regards, il en a encore pour vingt minutes de marche à pied avant d'arriver à l'auto-route.

—T'es qu'une idiote ! crie t-il. C'était toute ma vie ce scoot!

—Je te promets, on le retrouvera. Mais là, ça ne sert à rien d'avancer vers l'inconnu, je vais t'appeller un uber afin que tu rentres sans soucis.

—J'ai pas les moyens pour ça, réplique t'il tout en se retournant, véritablement énervé.

—JE te le paye. Alors arrête.

Il m'observe et je vois ses muscles se contracter, sa cage thoracique s'élève et s'affaisse dans un temps cour et répétitif, je ne peux distinguer ses yeux dans l'obscurité mais je sais qu'ils sont noirs, très noirs.

Je contacte un uber, bien que j'utilise rarement cette application, car j'ai un chauffeur privé, ce dernier me répond qu'il arrive dans cinq minutes.

—Il arrive dans cinq minutes.

Il détourne le regard puis va de l'autre côté de la rue, il s'assied, péniblement énervé.

Je suis vraiment désolée pour lui, je peux supposer qu'il tenait à ce scooter mais je n'y peux rien, je suis impuissante face à une telle situation.

Soudain, lorsqu'il s'assied j'entends un petit claquement de verre.

—Qu'est-ce que tu as dans ta poche ?

—Rien.

Je m'avance, sévèrement, et m'accroupit, de sorte à ne pas toucher le sol avec ma robe. Je veux poser ma main sur sa poche mais il m'en empêche. Alors j'insiste mais il fait de même.

J'ai un mauvais préssentiment alors je m'assied sur ses cuisses, qu'importe si ma culotte est légèrement apparente et je bloque ses mains. Il tente de se débattre mais j'arrive enfin à faufiler ma main dans sa poche. J'attrape l'objet d'une main ferme, je glisse mon autre main et en sort un autre.

Ce que je vois me choc. Il nous a volé un bocal en porcelaine, absolument splendide, qui vaut un peu plus de deux cents euros, mais surtout une monde Claude bernard, une des montre préférées de mon père qui vaut plus de dix mille dollars.

Il tourne son visage vers la droite, toujours aussi énervé et n'ose pas me faire face. D'un geste de main je rabats sa tête.

—Tu comptais te casser avec ça ?

—Ca m'a foutu les boules quand j'ai entendu que ta crétine de mère avait fait dégagé mon scoot, alors ouais, j'ai pris ce que j'avais sous la main.

—Ce que tu avais sur la main ? Je crache. Tu sais Sean, je veux bien tout accepter, sauf le fait qu'on vole. S'il y a quelque chose que je déteste par dessus tout c'est les voleurs.

—Parce que vous vous passez pas votre temps à voler avec les impots, à voler avec les paradis fiscauts?

Cette fois, je le gifle sans réfléchir car je trouve cela absolument bas de sa part. Si c'est ce à quoi il résume ma famille, je trouve ça blessant. Tout le monde nous accuse de cela, et pourtant, ce n'est que de la jalousie, ma famille est clean et je n'ai aucun doute sur ça.

—Ca te fou les boules hein  ? me demande t-il. Ca te fou les boules parce que tu sais que j'ai raison.

—T'es qu'un connard, tu sais quoi, j'ai même envie de te dénoncer à ma famille, tu sais combien tu pourrais prendre?

Il me ôte l'objet en porcelaine des mains avec finesse et la lance un peu plus loin, elle s'écrase au sol et se brise en mille morceau.

Je prends du temps à comprendre avant de le frapper sur le torse. Il cherche à récupérer la montre mais je l'en empêche, il ne manque plus qu'il l'abîme, là, il aura de sérieux problèmes.

—Qu'une salle gosse de riche, c'est ce que tu es.

—Change de disquette. C'était juste un scoot ! Il ne valait que dalle en plus!

Il accroche durement ma taille avec mes mains et frôle ma cuisse en me repoussant.

—C'était pas qu'un scoot, répond t-il tout en serrant ses dents. C'est pas parce que vous, vous n'avez pas la notion de la valeur de certaines chose, que moi, je ne l'ai pas.

Il se relève instantanément et me fixe, j'ai tout juste l'impression que s'il pouvait me rouer le cou, il le ferait, et sincèrement, l'éclat de ses yeux verts à travers la pénombre fait froid dans le dos. Il avance d'un pas, avant de finalement tourner la tête, pus jeter un caillou au loin, tout en jurant.

J'aurais préféré fuir et l'abandonner mais malheureusement je dois attendre sa voiture

Cette dernière ne tarde pas à arriver, avant qu'il ne referme la porte, je l'arrête d'un pied.

—Tu n'as pas intérêt à remettre un seul pied chez moi, je lui dis durement.

—C'était pas prévu, répond t-il en la claquant.

Oh qu'il m'agace.

—Connard.

Bientôt, la voiture s'éloigne et je peux enfin respirer. Nous étions presque au stade de l'amitié, nous étions à deux doigts, et pourtant, tout s'est écroulé très vite.

Je crois que finalement, nous ne sommes plus au stade de connaissance 1/2 ni même à connaissance -1/4.

****

YO BITCHES

Désolée pour la violence.

❤️Vos avis sur le chapitre ?

❤️Sur Sean ?

Je vous annonce que je pars ce soir en direction d'Edinburgh pendant trois semaines. Ca va être trois semaines CHARGÉES ( j'aurais des cours en anglais, pleins de sortie, et je devrais gérer entre l'écriture et les vidéos ) Mais je suis prévoyante ! Donc j'ai six chapitres d'avances, ca nous fait 2 chapitres par semaine ! Je suis un génie hein ? :)

Souhaitez moi bon voyage ! On se retrouve bientôt ❤️❤️❤️

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