Bonus 1: Surprise !

— Ouais, tu peux envoyer le SWOT à BUNQUER.

Je finalise un dossier important au téléphone. En même temps, je tente de découper mes concombres sans me couper les doigts.

Faire deux choses en même temps? Exactement ce que des hommes ne peuvent pas faire!

J'entends des clés jouer dans la serrure de la porte d'entrée. J'en conclu que Sean a fini sa journée de travail.

— Je te rappelle, fais-je au téléphone.

— Hey.

Il lance ça de loin. Il prend le temps de déposer ses sacs de travail avant de se rapprocher. Alors que je continue de couper mes concombres, il se colle à moi,  à mon dos.

Il pose doucement ses mains sur mon ventre.

— Alors, belle journée Professeur Stewart? lancé-je avec une douce voix.

— J'ai réussi à assomer un élève avec ma gomme. Donc c'est une bonne journée. J'ai encore prouvé que les élèves n'ont pas de cerveau.

— Ca t'amuse vraiment ça ? rigolé-je.

— Franchement ? Ouais.

Je roule des yeux. 

Il me force à abandonner mon activité et à me retourner vers lui. Franchement, il est beau gosse. Costard noir, cravate. Cheveux propres et coiffés, ses yeux clairs ressortent comme des pierres précieuses. Je l'embrasse légèrement sur les lèvres.

— Je devrais pas t'autoriser à être aussi sexy devant tes élèves.

Il rigole avant de glisser sa main sur ma fesse et de la serrer  dans sa main, comme pour montrer que je lui appartiens.

Il se recule soudain avant de s'assoir sur la chaise en face. Il me fixe tout en mettant ses mains derrière sa nuque.

— Bon alors? T'annonce la bonne nouvelle?

Je lui souris, voyant très bien de quoi il parle.

— C'est quoi pour toi une bonne nouvelle?

— Bah m'annoncer qu'on a un fils.

— Bah c'est une fille, je rétorque directement tout en me moquant de lui.

Il me fixe en croisant les bras.

— Tu mens!

Je roule des yeux.

J'ai eu aujourd'hui mon rendez-vous avec le gynécologue pour connaître le sexe du bébé. Malheureusement Sean ne pouvait pas y assiter. On n'arrivait pas à trouver de date qui colle avec notre emploi du temps. On était trop pressé pour attendre, alors j'y suis allée seule. Du moins, j'étais trop pressée. Et comme je pars deux semaines à Boston demain ...

— C'est vraiment pas possible, je le sens en touchant ton ventre, on peut toucher ses pieds de futur footballer !

— Ou footballeuse ? Le taquiné-je.

Il soupire.

— T'es pas content? demandé-je en faisant la mou et en m'approchant de lui.

— Si! Mais je pensais vraiment que ça serait un garçon.

Je lui embrasse la joue doucement.

— Tiens, j'ai les photos de l'échographie. 

Je souris doucement tout en tendant une enveloppe à Sean. Il semble pressé de découvrir ce qui s'y cache. Il déchire tout ça sans  attendre.

Je le vois plisser des yeux quand il découvre les photos. Il les retourne dans tous les sens pendant un moment.

—  C'est quoi ça? finit-il par lâcher en claquant les photos sur la table.

—  Bah c'est ta fille.

—  Non, ça c'est pas ma fille. Soit elle vient de quelqu'un d'autre ou je ne sais pas mais une si moche créature, ça ne vient pas de moi.

Je le frappe violement à l'épaule. Ne s'y attendant il sursaute.

—  Hey ça va pas? me lance t-il.

—  Mais c'est toi, t'as aucun respect!

Je récupère les photos.

—  C'est super mignon. Ca ressemble pas à grand chose pour le moment, mais c'est notre fille. D'après le medecin elle a mes traits, regarde. Tu vois son nez là? m'entousiasmé-je.

Il fixe la photo puis me la retend.

—  Avec énormement d'imagination peut-être.

Je soupire durement, je roule les yeux une énième fois puis je range les photos. Je m'attendais à plus d'enthousiasme mais on parle quand même de Sean là. L'imprévisiblité absolue.

Il a un peu l'air tracassé.

—  Et sinon si ça t'interesse complété-je, elle est pour l'instant en bonne santé, pas de problème à déclarer, fais-je le sourire aux lèvres.

C'était une vraie crainte chez moi. Que mon bébé puisse être en mauvaise santé, avoir une malformation...surtout après cette difficulté de tomber enceinte.

Il hoche la tête.

—  Oh et tiens, je t'ai ramené des noix, ajoute t-il.

Bon, visibilement il n'a pas l'air très excité à l'idée de voir ce futur bébé, mais je pense que c'est parce qu'il a du mal encore à réaliser. S'il avait assisté à la séance il aurait compris ce que je ressentais à ce moment.

Cependant, je trouve ça mignon qu'il m'achète des noix. C'est mon péché mignon depuis ma grossesse, j'ai besoin d'en manger et tout le temps.

—  Première qualité en plus, qu'est-ce que ça coûte cher quand même.

Je lui souris en attrapant les noix. Sean et l'argent, ça restera toujours une histoire de rancoeur. Clairement, nous ne manquons de rien. Mon patrimoine s'agrandit de jour et jour et il est professeur à l'université il gagne bien sa vie. Mais il faut croire que le stress de l'argent c'est inné chez lui.

Je finis de préparer mon petit bol de concombre, avec une léger filet d'huile d'olive de sel et de citron. Je rajoute quelques noix, ça tombe à pic.

—   T'en veux ? Lui demandé-je tout en m'essayant face à lui.

Il me dévisage directement.

—  Ca va pas? Bien sûr que non.

Je roule des yeux.

—   Quoi? Tu n'as pas faim par ce que tu as peur de rencontrer beau papa?

C'est à lui de rouler des yeux. Mais il ne dit rien pour autant. Je ne peux m'empêcher de sourire. Oh tiens, il a peur de rencontrer beau papa! Autrement dit, mon père !

Oui, je ne suis pas en bon terme avec lui. Mais je reste malgré tout une Givenchy dans le sang. Nous avons déjà la grâce de ma mère pour le bébé, mais pas celle de mon père.

Et c'est important pour moi de ne pas lui cacher sa petite fille. Oui il sera furax. Mais je veux qu'il l'entende quand même.

—  Il faut que je mette ce costume? Me demande Sean soudainement en soufflant.

—  Tu n'y es pas obligé, mais disons que ça serait mieux si l'on ne veut pas compliquer les choses.

Je l'ai amené hier chez dans une boutique privée de Dolce & Gabbana pour smoking pour homme. C'était une grande première et il a beaucoup ralé parce que la note finale était hors de prix. Mais j'aimerais que mon père ne passe pas sur des détails inutile du genre «  Pourquoi est-il en sweat-shirt devant moi? ». Je préfère le savoir dans ce beau costume, c'est la première impression qui compte après tout.

Et puis il est tout beau dans ce costume noir.

Sean souffle avant de se relever. Il n'est pas très enchanté à l'idée de s'habiller ainsi mais ça ne peut pas le tuer.

***

—  T'es sûre que ça ne fait pas un peu too much?

Sean me demande ça en s'observant dans le rétroviseur alors qu'il conduit.

—  Non, tu me donnes presque envie de refaire un gosse avec toi, je lui souris franchement.

Il grimace en s'observant dans la glace. Ce n'est pas tant le costume qui l'embête. C'est plutôt la marque.

Il passe sa main dans ses cheveux pour se recoiffer et soupire.

—   Bon, t'en dis quoi de Titi?

—  Titi? Fais-je confuse tout en observant si mon eye-liner ne bave pas dans la glace.

—  Bah comme ce n'est pas un garçon et que je voulais l'appeler grominet, on peut faire un compromis et l'appelle Titi?

Je l'observe un long moment, je cherche à voir s'il plaisante ou pas.

—   Donc tu veux appeler notre fille Titi?

—  Bah ouais! Comme ça la blague pourrait être énorme ! Pourquoi tes parents t'ont appelé Titi? Parce que papa adore Titi! Bon ça aurait été plus drôle, parce que maman adore grominet mais écoute on peut pas tout...

—  J'espère que tu blagues? Fais-je brusquée en l'interrompant.

Je suis outrée qu'il puisse penser à une telle blague en fait. Ça ne choque que moi ?

—  J'ai vraiment l'air de blaguer? Me demande t-il en m'observant.

En effet, il n'a pas du tout l'air de blaguer et ça me fait presque peur ça.

—  Tu pourras expliquer ça à mon père, il va kiffer, fais-je sur un ton vraiment très ironique.

Il m'observe deux secondes pour voir si je suis sérieuse ou non.

—   T'es ironique ? T'aime pas le prénom Titi?

—   Sean, je sais même pas pourquoi on aborde ce sujet en fait. Jamais je n'appelle mon enfant Titi! Ca va pas?

—  T'es vraiment dure, soupire t-il.

Je ne sais pas vraiment si c'est le stress qui lui fait dire de telles conneries mais je préfère penser ça.

Je ne sais pas trop pourquoi je me rends chez mon père aka Le château Givenchy, ou la prison dorée comme je le disais plus jeune.

En soi, je m'en contre fiche de l'approbation de mon père. Mais c'est mon instinct maternel qui arrive au galop. J'ai envie de réduire ces tension familiales. Je veux élever ma fille dans un milieu sain.

Et puis, malgré tout mon père ne m'a jamais complètement déshéritée. Il m'a juste coupé les vives il y a longtemps c'est tout. Mon nom Givenchy reste sur la plaquette.

J'observe cette grande porte d'entrée en bois costaud et je me rappelle que ce fut chez moi pendant longtemps. J'observe la grandeur de ce château et je me demande comment j'ai pu vivre dans un endroit si grand avec si peu d'âme.

Alors que je m'apprête à sonner, Sean me tire vers lui.

—   Attends, me chuchote t-il.

Je remonte mon regard vers lui. Je vois dans ses yeux une profonde détresse, il a l'air tellement stressé.

—  Ca va aller, je lui chuchote.

Il grimace.

—  Sois toi même, lui dis-je doucement.

Je l'embrasse rapidement sur les lèvres pour lui redonner un peu confiance. Quand je me détache. Il rapproche à nouveau ses lèvres des miennes pour m'embrasser.

—   Je t'aime, chuchote t-il.

Je souris doucement tout en me retournant et en sonnant.

On est vraiment devenu trop niais. On passe toujours notre temps à nous chamailler mais surtout à s'aimer.

Les femmes de maison débarquent et m'accueillent avec un sourire des plus grand.

—   Oh mademoiselle Givenchy ! Quel plaisir de vous revoir ! Cela fait longtemps! Que vous êtes belle!

Elles récupèrent ma veste ainsi que celle de Sean. Elles paraissent étonnée car elles savent qu'elles ont déjà vu cet homme sans trop savoir où. C'est vrai qu'il n'est pas venu chez moi depuis nos années lycées. Ca va faire plus d'un an qu'on s'est installé tous les deux à Los Angeles, mais la maison Givenchy n'a jamais été notre priorité. Du fait de ma relation avec mon père déjà...

—    Je vous présente Sean, le papa.

J'ose un léger sourire alors que mes bonnes ne semblent pas comprendre tout de suite. Je peux comprendre la confusion. Mon ventre à trois mois n'est pas encore très visible. Je porte un vêtement qui ne laisse rien présager aussi. Ma robe blanche satin n'est pas trop moulante.

Elles me sautent dans les bras. Elles sont remplies de joie par la nouvelle. C'est vrai, elles m'ont vu toute petite. J'ai toujours été une peste à l'école, mais pas avec elles. Elles étaient mon petit refuge car mes parents m'accordaient peu d'importance. Je suis un peu comme leur petite fille. Alors me voir à mon tour enceinte?

En entendant des pas, je leurs demande d'agir normalement et de se taire. Je veux annoncer la nouvelle à la famille quand on sera à table !

— Ah bah voilà ma soeur chérie ! lance mon frère Keryan. Et Sean ? C'est quoi cette tenue mec?

— Parles-en à ta soeur.

J'enlace mon frère sans écouter les ronchonnements de Sean. Nous n'en sommes plus au premier...

J'ai demandé à Keryan de venir également, comme ça je pourrai enfin lui annoncer la nouvelle. Je ne lui ai rien dit sur ma grossesse. Je l'ai dit à Avalonne mais je lui ai demandé de tenir sa langue. Je sais qu'elle a tenu sa promesse même si ça la torture de ne rien dire à son homme.

— Papa est déjà à table. On y va?

J'hoche la tête. J'observe mon frère qui nous guide dans sa tenue de golf et son éternelle Rolex à la main. Parfois il me rappelle vraiment trop mon père.

Je tiens Sean par la main, alors que je le sens stressé. C'est rencontrer mon père qui le stresse tant?

Je constate que nous allons dîner sur le toît de la maison. J'adore la vue. Il est dix neuf heures et le soleil ne va pas tarder à se coucher. La vue est dégagée. Un panorama sur la ville de Los Angeles nous est offert et c'est sublime. Je sais déjà qu'à chaque fois que mon père va m'énerver, c'est cette vue qui va me calmer.

Je constate déjà en arrivant qu'il est au téléphone portable. Il grogne comme pas possible. Il y a sûrement l'un de ses clients à l'autre bout du fil.

Je découvre que Savannah est là aussi, avec une jolie robe. Elle fait la gueule et surfe sur son smartphone, pour changer.

— Salut, Sav.

Je tente un petit sourire, me disant que peut-être un jour on échangera deux mots sans s'engueuler elle et moi.

Elle roule des yeux.

— Il va durer combien de temps ce diner? J'organise une soirée ici à partir de 22H donc vous aurez intérêt à avoir dégagé avant.

La classe.

Sean veut lui serrer la main, mais elle le dévisage.

— T'es toujours avec ce gars du lycée? me demande t-elle soudain.

Autant il est normal que mon père ne soit pas au courant de mon idylle car il ne s'interesse pas à ma vie. Autant cela me choque venant la bouche de ma soeur qui me suit sur instagram. J'ai plein de photos avec Sean....

Enfin bon.

Voyant qu'on s'installe mon père raccroche enfin, bien qu'en hurlant à la fin. Je détesterais collaborer avec lui sur un projet.

Ce serait un vrai cauchemar pour ma santé mentale.

— Bonsoir Lana, fait-il et bonsoir...?

Son regard se tourne vers Sean.

J'appréhende légèrement ce dîner. J'ai demandé à ce que l'on se retrouve tous ensemble pour annoncer une nouvelle importante. Mais c'est bizarre pour moi de débarquer ici après des années de non contact. Je me sens comme un intrus, mais je suis obligée de le faire.

— Papa, Sean, Sean papa.

Je fais rapidement les présentations.

— Content que tu te rappelles que tu as une famille, rétorque mon père sur un ton piquant.

— T'es sûr de savoir ce que veux dire le mot "Famille" en premier lieu? réponds-je du tac au tac.

Il me lance un regard légèrement mauvais. Je prends une longue respiration. Ce n'est pas le moment de créer des embrouilles.

On prend le temps de discuter avant tout, du moins mon père parle travail avec Keryan. C'est censé être une conversation appropriée ici. Moi je discute avec Sean.  Il semble mal à l'aise et pas du tout assuré.

Quand on passe au plat de résistance je me dis qu'il est temps que je me lance. 

— Bon alors déjà, si je vous ai réuni ici c'est pour vous annoncer une bonne nouvelle.

Je remercie l'une de mes bonnes qui me sert du champagne. Je tends mon verre cependant à Sean car je préfère ne pas boire avec ma grossesse.

— Bon. Déjà, papa, j'aimerais te présenter correctement Sean. Sean Stewart. C'est avec lui que je partage ma vie depuis plus de sept ans. Bon, avec quelques coupures. Je dirais depuis deux ans sérieusement, nous vivons ensemble. En plus d'être canon, il s'agit de l'un des meilleurs professeurs à Yale, réponds-je fièrement.

Je pose ma main sur l'épaule de mon petit-ami. Il tremble.

Mon père finit sa coupe de champagne avant de me répondre.

— Je sais qui il est. Tu ne crois pas que je te laisserais passer ta vie avec quelqu'un sans savoir de qui il s'agit quand même. Je l'ai fait suivre par un détective privé.

Pardon quoi?

— Vous m'avez fait suivre? fait-Sean surpris.

Mon père le toise presque. Il croise les bras.

— Oui. Passé judiciaire niquel. Personnalité à très fort potentiel. Meilleur professeur de Yale en deux ans, nouveau professeur à UCLA avec des résultats excellent. Brillant.

Sean travaille désormais à UCLA. Il était compliqué pour lui de faire des vols aller retour les semaines entre Boston et Los Angeles pour gérer Yale. Même s'il pouvait travailler à distance il était préférable qu'il travaille à UCLA, une excellente université aussi.

J'observe mon père sérieusement.

Ca me semble trop simple. Je plisse les yeux. Donc pour une fois dans ma vie il n'est pas contre l'un de mes choix?

— Tu savais? Depuis quand? Pourquoi tu n'as rien dit?

J'ai toujours pensé qu'il m'engueulerait. Je suis en couple avec quelqu'un très loin du monde bourgeois. Sa famille est loin d'être friquée. Et je pensais que c'était l'unique chose qui l'interessait dans ce monde.

— Ecoute Lana. Dans tous les cas, tu as voulu faire tes propres choix. Depuis que tu as refusé Harvard pour cette école de Toxico...

— UMass n'était une université de Toxico, rétorqué-je.

— Soit. Depuis ça je te laisse faire tes propres choix. Et de quoi ai-je à me plaindre? A part qu'il vienne clairement d'une famille de prolétaire ? J'ai tiré le gros lot dans l'histoire. Entre ton frère qui sort avec une fille ayant arrêté ses études à 17 ans...

— P'pa, s'énerve Keryan.

Oui, le sujet Avalonne est toujours taboo entre mon père et Keryan. Mon frère vit avec Avalonne et assume pleinement son statut de papa. D'ailleurs, ils ont eu une autre petite fille l'année dernière ! Mais dans un autre sens, il bosse toujours avec mon père. Ils sont partenaires. Il n'assume toujours pas sa relation devant mon père. Du moins, il préfère qu'ils n'en parlent pas.

Il n'a jamais osé présenter sa famille à mon père. Et ce dernier de le veut pas non plus.

Avalonne a été déshéritée par sa famille quand elle est tombée enceinte, pour les parents de ce monde il n'y a pas pire honte qu'un de leur enfant qui se marierait avec ce genre de personne.

— Et une autre fille qui... écoute je ne vois même pas de quoi elle est capable dans la vie , répond t-il en observant Savannah.

En entendant son prénom, son intérêt ressort de son téléphone portable.

— Quoi? Au moins moi je ne suis pas conne comme Lana j'irai à Harvard pour continuer à travailler dans l'industrie familiale.

Bien sûr. Sale conne.

Ma soeur a toujours adoré qu'on lui apporte tout sur un plateau doré.

Faire des efforts n'est pas dans ses gènes.

— Je crois que je peux me satisfaire d'un génie venant juste d'une famille prolétaire non?

Il a un sourire, assez faux. Mais je suppose qu'il pense réellement ce qu'il dit. Sean et moi même sommes assez perplexe face à cette audace qu'il a de représenter Sean.

— C'était un compliment, conclue t-il.

Très bien.

J'ai du mal à cerner ce qu'il en pense. Mais Sean est quelqu'un de rare et il le sait.

C'est exactement le genre de personne qu'il aimerait engager dans son entreprise. Il faudra que je me méfie d'ailleurs, je sais qu'il est prêt à tout pour recruter les meilleurs.

— Bon, si finalement te présenter Sean ne te pose aucun problème, je t'annonce donc que je suis enceinte. Et le papa c'est Sean évidement.

Keryan feint de s'étouffer. Mon père fait des gros yeux.

J'avoue j'ai manqué de délicatesse.

— Quoi? Fait mon frère étonné. Depuis quand?

— Trois mois à peu près.

— Et vous ne m'avez rien dit avant ? s'écrie t-il.

— C'est ta soeur qui ne voulait pas, rétorque Sean.

Merci mon amour pour ton soutient.

La nouvelle m'a l'air d'être bien passée. Il y a juste Savannah qui ne dit rien. Mon père me fixe toujours. Je crois qu'il est choqué. En fait, c'est sûr il l'est.

Il se gratte la gorge et demande à ce qu'on lui resserve une autre coupe de champagne.

— Bien. C'est l'âge.

Il n'a pas du tout contact avec les enfants de Keryan, alors peut-être qu'il est choqué parce qu'il comprend qu'il sera enfin grand père? Même si je ne compte pas amener mes enfants plus d'une fois par an chez leur grand père.

Une fois à Noël, comme ça ils auront plein de cadeaux.

— Sean, je suppose que vous n'avez pas forcément faim. Venez, on va discuter un peu.

Sean observe son assiette bien remplie. Il s'agit du plat de résistance. Il y a un bon morceau de poulet avec des patates douces.

— Euh, si, j'ai un peu...

Je frappe légèrement le genoux de Sean sous la table.

Mauvaise réponse.

— J'ai un peu trop mangé avec l'entrée, répond t-il à contre coeur. Bien sûr.

Je lui lance un petit sourire.

— Pourquoi tu l'isoles?demandé-je à mon père. Sûrement pas pour lui donner des conseils parentaux vu que t'as pas trop d'expérience dans le domaine?

Je réponds ça sur un ton assez piquant mais il me toise. Il s'en va avec Sean.

Ce dernier me regarde d'ailleurs en me suppliant. Il semble qu'il ait besoin d'aide.

Je lui chuchote simplement un "courage mon amour". Quand mon père veut parler d'homme à homme, il ne veut pas parler d'homme à un homme et une femme.

— C'est une fille ou un garçon? me demande brutalement Keryan, sur un ton très excité.

— Une petite fille !

— Vous avez des idées de prénom? Parce que j'en ai plein !

Je souris doucement.

— Je me passerais de parents qui nomment leurs filles Joy et Love, rigolé-je. Non, je n'ai pas encore vraiment d'idées. Sean en a. Mais disons qu'elles sont un peu trop originales. J'attend encore l'inspiration.

— J'ai si hâte d'être tonton !

Keryan, est devenu le garçon le plus droit que je n'ai jamais connu. Bosseur comme un dingue aux côtés de mon père, dévoué à sa petite famille à la maison. Il est raide dingue de ses deux bouts de choux tout comme d'Avalonne.

On discute un peu, il me raconte quelques anecdotes de sa petite famille et ça me met les étoiles dans les yeux. Il a été papa deux fois, moi je serai maman pour la première fois. Et j'ai hâte. Je ne suis pas encore prête, mais j'ai tellement à apprendre pour être une bonne maman! Je veux être la meilleure version d'une maman.

Il me donne quelques petits conseils.

Après un moment, Sean et mon père reviennent. Sean a légèrement l'air terrorisé mais pas traumatisé. Quand il s'assied, je lui serre la main.

— Tu lui as dit quoi? reproché-je à mon père.

— Oh tu sais, des choses d'homme.

Soit être un homme fait peur à Sean, soit il est vraiment allé fort.

Mais je ne proteste pas. Mon père pour une fois n'explose pas de rage après l'un de mes choix. Alors on va dire que c'est acceptable.

Il nous pose quelques questions rapides, avant de finalement en revenir à parler bureau avec son fils.

— Bon bah tu vois, ça s'est pas trop mal passé, glissé-je à Sean doucement. Ca m'étonne d'ailleurs.

Il hausse les épaules. Il est un peu pensif.

Je n'y fais pas trop attention.

Cependant, en me demandant de lui tendre le plat de poulet, il fait tomber la bouteille de champagne qu'il y avait à côté de moi. Elle se renverse sur ma tenue. Oh bordel ! Je n'étais pas préparée à ça. Ma robe a vraiment couté les yeux de la tête. Et le champagne ne fait pas bon ménage avec ce genre de tissus !

— Putain Sean ! C'est pas vrai !

Je me relève précipitamment. Il sait combien je déteste que l'on salisse mes vêtements, surtout mes robes. Ca me met sur les nerfs. Même si ce n'est rien de grave, ça m'agace.

Il se met à ma poursuite, comme pour s'excuser. Cependant, quand je veux regagner les escaliers pour descendre me débarbouiller, il me bloque le passage.

— Attends.

— Sean, pousse toi, m'agacé-je. Il faut que j'enlève la tâche.

Malgré tout, il tient ma main et me force à ne pas descendre. A quoi il joue? En plus il sourit.

— Ca te fait rire? Pas moi. Tu peux me laisser descendre s'il te plaît.

Il m'ignore. Il continue de me tirer par le bras. Il ne me raccompagne pas à table, mais dans un coin sur le toit loin où ma famille n'est pas visible. Je me débats quand même. A moins qu'il ait sur lui un produit mitacle !

— Je suis à peu près sûre de bien connaître ma maison. Il n'y a pas de Lavabo ici, arrête tes conneries. Tu sais combien je tiens à cette robe.

— Ok Lana.

Je le dévisage.

Quoi OK?

— Je rêve? C'est pas du tout OK !

Je suis dos à la lumière, je ne vois pas trop l'impact du champagne sur la tâche, alors je me retourne. Je découvre que c'est pire que ce que je pensais. Ca fait une tâche jaunâtre.

Je me retourne à nouveau avec le but d'engueuler Sean, parce que je ne comprends pas à quoi il joue.

Pourtant quand je me retourne, je le découvre la tout stressé, droit comme un piquet.

Ses mains sont croisées.

Je découvre qu'il cache un petit coffret dans ses mains.

Attendez. Quoi?

Je me fige. Voyant que je me suis calmée d'un coup. Il prend une longue respiration.

— OK Lana. Bon, écoute je ne sais pas trop comment te le dire. Ca fait un moment que j'y réfléchi.

??????

— Tu sais combien je t'aime. Même si je ne te le montre pas chaque jour, parce que tu me connais, c'est moi, rit-il. Désolé d'avoir paru un peu light ce matin quand tu m'as annoncé qu'on aurait une petite fille, j'étais un peu trop stressé à savoir ce que je devrais dire maintenant. Et j'avoue que je ne sais toujours pas trop quoi dire.

Il dit ça avec un léger sourire, je ne suis pas encore sûre de comprendre en quoi ça a un lien avec ma tache . Mais je sens que mon cœur ne répond plus.

Au secours.

— J'avoue que j'en ai un peu marre de devoir te surnommer "ma petite amie" à chaque fois. On est plus des ados. Alors...

Et là, je le vois se mettre à genoux.

What the fuckkkk.

Mon cœur s'arrête. Il sort le petit coffret et l'ouvre. J'ai l'impression de recevoir un coup de vent dans la gueule, un coup de vent très violent.

WTF?

Même si mon regard est figé sur Sean, j'apperçois aussi la beauté du paysage. Un magnifique coucher de soleil, avec une vue qui plonge sur Los Angeles. C'est absolument à tomber.

Je mets ma main sur mon cœur.

C'est impossible.

— Ecoute, je ne suis pas bon pour m'exprimer. Enfin, si tu veux parler philo oui mais... Bon tu me connais . Veux-tu m'épouser?

Oh my Fucking god.

Alors ça. Je ne m'y attendais pas.

Avec Sean, on a jamais parlé mariage. JAMAIS.

Je ne sais pas pourquoi.

— Oh mon dieu.

C'est la seule chose que j'arrive à lâcher.

J'analyse à nouveau toute la scène. Je reviens sur ses paroles dans mon esprit qui sonnent comme vraiment pathétiques. Sa déclaration d'amour est peut-être la pire des temps.

Mais je ne sais pas pourquoi, ça m'émeut. Parce que c'est mon petit Sean. Et c'est ainsi que je l'aime. Avec ses déclarations d'amour foireuses.

Je lâche des larmes.

Je vois dans son regard qu'il est perdu. Il ne comprend pas pourquoi je mets tant de temps à répondre. Ses yeux me touchent au plus profond.

Je n'arrive pas trop à réaliser encore. J'ai toujours tendance à vouloir prendre des décisions entre Sean et moi. J'ai décidé qu'on habiterait à Los Angeles, je voulais avoir un enfant jeune... Je décide souvent quand on sort, quand on va faire une activité. Et il m'a toujours suivie. 

Je pensais qu'il me ferait ma demande après que je lui parle de mon envie de me marier.

Mais non. Il a pris les devant. J'aime tout contrôler dans notre relation, et ça me fait bizarre de devoir lâcher prise.

Dans un sens, ça me fait très plaisir qu'il en prenne la décision. Qu'il m'en fasse la surprise. 

Et là je souris, même si les larmes me voilent la vue.

Je m'abaisse vers lui pour lui attraper les mains. Je veux qu'il se relève. Il n'y a qu'une réponse possible pour moi aujourd'hui.

J'hoche la tête.

— Oui.

Il paraît soulagé quand il entend ça, car je le vois enfin souffler.

— Oui, je le veux je réponds, tout sourire.

Il m'enfile la bague à la main tout en tremblant. Je l'observe faire. Il essaye de s'appliquer mais il tremble trop. Moi aussi je tremble.

J'observe la bague. Sean est très mauvais en bijoux alors qu'il s'agit en général de mes achats préféré. Mais là, il a fait beaucoup d'efforts parce que ce petit diamant émeraude et raffiné me correspond bien. Ça se voit qu'il a pris du temps pour la choisir, qu'il a voulu faire les choses bien.

C'est un détail mais qui a beaucoup d'importance pour moi. Une bague simple aurait été appréciée de ma part, mais cet effort qu'il a fait me rend encore plus heureuse.

Tout comme j'accepte de vivre dans son monde parce que je l'aime, il accepte aussi de vivre dans le mien. 

— Heureusement que t'as dit oui, parce que ça serait la honte sur la vidéo sinon, rit-il.

La vidéo?

Je me retourne, et je vois Keryan qui nous filme avec son téléphone. Mon père n'est pas loin, Savannah, Ma mère, Emily , Avalonne et ses deux petites filles aussi.

Il avait organisé tout ça?

Quel fou décide de proposer sa petite amie en Mariage devant sa famille? Surtout devant la famille Givenchy?

Il a eu des couilles pour le coup.

— Vous le saviez? fais-je à ma famille en larme.

Sean me serre contre lui et m'embrasse le front, tandis que je crie sur ma famille.

Ma mère hoche la tête.

Je pensais qu'il avait fait sa demande sur un coup de tête, ça m'étonne de lui qu'il ait décidé de réunir toute ma famille pour faire sa demande. Mais ça me rend heureuse. Il a invité toutes les personnes que j'aime. Je suis en larme.

— Oui, je leurs ai demandé de venir, me chuchote Sean. Et pour ton père, il n'était pas censé en être au courant, mais je lui en ai parlé tout à l'heure quand il m'a pris à part. Il m'a donné son feu vert après m'avoir terrorisé de tout ce que ça impliquait d'épouser une Givenchy...

Je jette un regard à mon père qui ne montre pas spécialement ses émotions sur le moment. Je pense qu'il doit bien aimer Sean, et c'est ce qui m'importe.

Je suis encore bluffée de cette action de Sean. Jamais il n'aurait eu le courage de me demander en mariage devant ma famille les années précédentes.

— Et donc renverser du champagne c'était vraiment obligé pour ton plan d'action? ris-je. 

—  Oui, même si je savais que tu pêterais les plombs. 

Je suis quand même étonnée qu'il n'ait trouvé que ce genre d'action pour m'éloigner de ma famille. Il a trop d'audace. 

J'embrasse Sean parce que mon cœur est trop gros. Emily vient nous rejoindre pour nous serrer dans les bras. Puis s'en suit Joy et sa mère.

Je suppose que c'est ça le mariage. Vivre et grandir avec une personne. C'est découvrir chaque jour un peu plus notre partenaire, et apprécier chaque petite surprise qu'il pourra nous faire au quotidien. 

***

YO

Voici le premier bonus de GAG ! 

J'ai hésité à faire Sean & Lana se marier mais finalement c'était bien ce dont j'avais envie :) 

Votre avis sur ce bonus? 

Des idées de noms pour leur fille? 

Thème du prochain bonus? 

N'oubliez pas de jetter un coup d'oeil à ma nouvelle histoire SHUT UP LOVE ! ;) 

Et sur mon insta haha : yona_jmt 

Bisous ! 

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