5- Sean.
PDV SEAN.
De la merde. Être professeur c'est clairement de la merde. Je ne m'attendais pas forcément à quelque chose d'extraordinaire, c'est vrai. Rien qu'à la dénomination « prof », ça ne sonne pas fou. Mais je m'attendais à mieux quand même. C'est vrai, j'ai aimé partager mes connaissances avec les autres, enfin mes élèves, ce qui paraît assez étrange à dire. Mais le reste était décevant.
Tout d'abord, on aurait pu me prévenir que je me rendrais dans l'unique université où se trouve mon ex. J'avoue que ça m'a surpris. Je veux dire, il n'y a pas plus fou comme coïncidence puisqu'en plus de cela, elle est mon élève.
Je ne sais même pas quoi penser de notre interaction. J'ai juste l'impression que je n'ai plus à faire à la même personne, à moins que ça ne soit qu'une impression. Mais elle me semblait un peu plus arrogante, plus bête aussi. Et plus sexy. Je l'avoue. Je ne pensais pas pouvoir trouver une élève sexy du fait de la différence de position, mais en fait, j'arrive à trouver les filles sexy, et elle n'est pas la seule en fait. Je regarde, mais je me fais discret évitemment. Bref, je ne sais pas ce qui a changé chez elle réellement. D'ailleurs, me trompais-je ou elle était défoncée en cours? Ses yeux étaient rouges, et j'ai cru sentir une odeur de fumerie illégale.
Bref, j'aurais préféré ne pas avoir à lui faire affaire, même si son décolleté m'a amusé.
Ensuite, dois-je compter le nombre de filles qui m'observaient avec des yeux désireux? Je ne sais pas trop ce qui a crée cette excitation. A Yale, les filles ne me regardaient pas trop. Il est vrai aussi que je faisais peu attention à moi, et là je suis obligé. Au moins pour les premiers jours il faut que je donne une bonne impression de professeur, pour rester crédible.
Est-ce le goût de l'interdit qui les excite?
Je dois avouer que cette position de professeur me met un peu mal à l'aise. J'ai toujours été élève, et même si j'aime étaler mes connaissances, être prof c'est différent, on a pas les même droits, ni les même devoirs. Je trouvais ça amusant de critiquer un prof tantôt, et aujourd'hui je ne trouve pas ça drôle de critiquer un élève.
Bref, être prof, ce n'est pas si super. La seule chose intéressante est que l'on a un regard supérieur à tout ça, plus objectif et que l'on se rend compte finalement à quel point, nous, adolescents, nous sommes stupides. C'est vrai, en position d'élève, je comprends pourquoi tout le monde ne se mélange pas, pourquoi les populaires se démarquent de la Otaku Team. Mais en tant que prof, aujourd'hui ça m'a un peu brusqué.
Mais je me convaincs en me disant, que ce n'est que deux mois. Deux mois, et ensuite j'intègre Harvard et j'en aurais fini avec cet état de prof.
—Bon sang Sean! S'écrie une voix féminine. T'es pas tout seul ici, si tu finis le papier toilettes, tu vas en acheter !
Lilia, ma soeur m'engueule, je roule des yeux. Elle ne fait que ça. Je ne l'écoute pas, je zappe juste quelque chose à la télévision. Déjà agacée, elle vient me rejoindre, m'ôte la télécommande des mains et éteint l'objet de mon attention.
—Tu vas arrêter d'être si chiant? Bon dieu!
—Je ne suis pas chiant. Tu l'es.
Elle soupire durement, avant de se laisser tomber sur le canapé à mes côtés. Avec Lilia, la cohabitation est plutôt tendue. En fait, seule la première minute a été agréable entre nous. C'est ce moment où elle m'a sauté dans les bras en me voyant. Je ne savais pas comment je réagirais mais j'étais touché, je ne sais pas si cela est dû à notre lien fort en tant que jumeaux, mais c'était puissant. Et puis, je me suis souvenu qu'elle et sa mère étaient des bâtardes et mes manières chiantes ont repris le dessus. Je sais qu'elle n'est pas responsable en elle même, mais au fond de moi, je lui en veux d'avoir eu une vie que je n'ai pas pu avoir. Une vie sans problèmes d'argent, une vie où j'aurais été épanoui et simplement aimé par ma mère. Alors je lui en veux sans lui en vouloir, et mon naturel agaçant prend le dessus.
—Est-ce qu'on peut arrêter de se créper le chignon deux minutes? C'est pas la vision que j'avais de cette situation où mon frère jumeau débarquerait chez moi.
—Bah t'es naïve alors. Et c'est toi qui commence à chaque fois.
Elle roule des yeux puis prend une longue inspiration.
—Bon, sinon, tu l'as vu ou pas la blondasse que je déteste? Persiste t-elle.
J'ose un sourire.
—Quelle blondasse?
—Mais Sean! Je t'en ai parlé ! Tu sais bien, la blonde qui m'a fichu la honte devant tout le monde, elle est dans ta classe?
—Lilia, il y a des centaines de blondasses dans cette université, comment veux-tu que je sache de qui il s'agit?
Et pourtant, j'en ai déjà bien ma petite idée.
—Y'en a des centaines oui, mais celle là, tu ne peux pas la rater.
—Décrit la moi à nouveau? Je demande bien que certain de la réponse.
—Alors, elle est blonde, avec des cheveux splendides, un visage assez rond, des yeux vairons, de longues jambes... une poitrine absolument parfaite...
Je souris inconsciemment. De longues jambes, oh oui. Je sais qu'elle me parle de Lana. Ca m'étonne tout autant que cela ne m'étonne pas. Ca m'étonne qu'elle ait bousculé Lilia, dans mes souvenirs elle détestait le bullying, mais ça ne m'étonne pas parce qu'après ce qu'elle m'a répondu en cours je ne suis plus surpris de rien.
—Bref, la meuf canon par excellence ! Elle me complexe. Même si elle semble débile, elle est parfaite physiquement.
Parfaite physiquement. Je réfléchis un instant à ça et je ne vois rien à en redire. Elle l'est, et elle l'est encore plus aujourd'hui.
—Et un cul d'enfer? Je demande.
—Ouais ! Tu vois de qui je te parle?
—Pas du tout, je réponds en rigolant.
Lilia lâche un petit soupir de déception puis roule des yeux.
—Ok, alors si jamais il s'agit d'une élève tu pourrais lui coller un zéro de ma part?
Je rigole doucement. Pourtant elle semble sérieuse, elle semble convaincue par ce qu'elle dit puisqu'elle ouvre grands ses yeux. Je ne la connais pas beaucoup, mais je sais que cela manifeste de son sérieux. Visiblement elle doit bien me connaître parce que je lui ai bien collé un zéro.
—Ca va, je ne suis pas un gamin Lilia. Ce n'est pas parce qu'elle t'a blessée que je ferai ça. Je n'ai pas de préférences à faire.
En fait si.
—S'il te plaît, pour moi !
—Non. Au lieu de geindre sur ton sort, va faire de la musculation pour pouvoir la défoncer physiquement, point.
Lilia fronce les sourcils.
—T'es vraiment horrible comme mec. Quelle garçon ose dire ça à une fille !
Et je ne réponds pas. Je ne suis pas du genre à relancer la conversation ; et je n'en attends pas plus d'elle. Sauf que Lilia, même si elle est ma jumelle, ce n'est pas moi. Lilia n'est pas du genre à abandonner, elle n'est pas du genre à céder face à la difficulté.
—Bon, soupire t-elle. On le fait?
Je relève les yeux au ciel, puis je secoue la tête.
—Je ne te laisserais pas choisir la facilité, me dit-elle.
Vivre avec une meuf c'est chiant, vivre avec Lilia encore plus. Après avoir récupéré quelque chose sur la table, elle revient et s'assied en tailleurs face à moi. Elle fait glisser sa main dans la petite corbeille, où s'y trouve plein de papier avant d'en ressortir un. Elle m'observe avec les yeux brillants.
Après l'avoir déplié elle me dit:
—Au niveau des amours?
Je ne peux m'empêcher de lâcher un rire nerveux.
—On ne va pas parler de ça, alors qu'on se connaît à peine depuis une semaine.
—C'est ce que j'ai tiré au sort, alors si, papa l'a dit.
Je roule à nouveau des yeux, s'il y a bien quelque chose de vrai, c'est que ma soeur est bornée.
Mon père nous impose de tirer chaque jour une petite question dans ce panier, puisqu'il sait qu'avec ma mauvaise foi, je ne ferais pas d'efforts pour connaître Lilia, et il a raison. Alors depuis une semaine nous le faisons. Ce n'est jamais très intéressant, Lilia parle beaucoup et moi peu, puisque je n'ai pas grand chose à raconter.
J'ai appris quelques petites choses chez elle, mais j'ai un peu la flemme de me les remémorer.
—Ok, alors puisque t'es pas décidé à parler, je commence, fait-elle.
Malgré mon état blasé, elle persévère, comme d'habitude, elle veut me tirer les vers du nez.
—Alors, j'ai un copain... Brandon. Il est à l'université de Boston.
—Cool, je lâche pas intéressé du tout.
—On s'est rencontré lors d'une expo d'art il y a quatre mois.
—Ta vie est trop chiante.
Elle soupire durement, tout en me fixant.
—Il est vraiment cool, c'est un super artiste, il a beaucoup de talent, et maman l'adore.
Maman blabla. Elle pourrait au moins me donner des petits détails croustillants qui pourraient attiser mon intérêt, mais rien, elle ne me donne que des banalités.
—Et t'es toujours vierge? Je demande d'un air taquin.
Elle me frappe le bras, comme si la question n'avait pas lieu d'être, alors j'adopte une position de victime, pour l'empêcher de faire mal. Elle tape vraiment trop fort parfois.
—Donc dans tout ce que je dis c'est ce qui t'interesse?
—Bah pour une fois que je pose une question, tu pourrais y répondre. Ne dit pas que je fais d'efforts.
Elle gémit, roule des yeux et croise ses bras. Elle ne semble pas décidée à me répondre. Pourquoi? Ce n'est pas si indiscret, si? Il suffit juste de répondre oui ou non? Mais il semble qu'elle soit assez pudique alors elle n'a pas envie d'en parler. Je n'insiste pas, ça me permet de mettre fin à la conversation.
Je réfléchis déjà à aller dans ma chambre et me mettre un petit film porno ce soir, et je me lèche les babines. Ma vie pue, et ma libido elle, ne peut pas se cantonner à ça. Mais quand je me relève, Lilia reprend :
—Et toi?
Jusqu'au bout, elle me creuse jusqu'au bout. Elle a une patience sans faille.
—Bah moi, rien.
Elle me dévisage quelques secondes de ses yeux clairs avant de croiser les bras.
—Ok, t'es super désagréable. Je comprends qu'aucune fille veuille de toi, mais t'es pas dégueulasse physiquement. Tu n'as vraiment personne?
—Non.
Elle réfléchit un instant, comme si elle tentait de me comprendre.
—Et t'as déjà eu une copine?
—Nop.
—Tu mens, elle lâche brutalement.
J'ose un sourire un peu nerveux tout en lui accordant un peu d'intérêt.
—Quel intérêt aurais-je à mentir?
—Quand je discutais avec papa au téléphone, il me disait que tu avais une petite amie géniale, et que tu étais super heureux.
Je me redresse quelque peu sur le canapé, et je me gratte l'arrière de la tête. Je ne suis pas doué pour ce genre de conversation. Ca me gène assez.
—Ah ouais, peut être, je sais plus.
Lilia a beaucoup de patience, elle me fixe et me questionne encore.
—Il m'a dit que vous êtes resté ensemble six mois, alors ne me fait pas croire que t'as jamais été amoureux crétin.
Il a dit ça? Pourquoi lui raconte t-il toute ma vie? Je ne savais pas que mon père était une commère comme toutes ces filles. Visiblement je me trompais, alors je l'imagine déjà avec une perruque blonde, une fausse paire de seins, des talons à commèrer avec Lilia. C'est étrange comme image.
—Vite fait, ouais.
—Comment faisait-elle pour te supporter ? Demande t-elle incrédule.
Là, je rigole un peu. Puisque c'est une de mes interrogations.
—Bonne question.
—Et tu l'aimais très fort? Me demande t-elle très enthousiaste.
Quelle femmelette. Il n'y a que les filles pour poser ce genre de question. Quel intérêt j'aurais à sortir avec une fille si je ne l'aime pas?
—Ouais.
Je remonte mon regard vers elle, et elle entrouvre les lèvres. Peut-être troublée par ma sincérité?
—Comment était-elle?
Sublime? Sur tous les points?
—Canon. Au dessus de n'importe quelle fille que tu peux rencontrer.
—Et comment cela s'est-il fini?
Je prends une lourde respiration, et je commence à me sentir peu à l'aise. Je déteste réellement parler de moi, de cette période, puisque ça me rappelle beaucoup de souvenirs, assez douloureux.
—Pas très bien. Je n'ai jamais répondu à un pavé par message où elle me donnait des explications, et je l'ai plantée au bal de fin d'année.
—Ah.
C'est exactement ce que m'avait répondu mon père quand je lui ai expliqué pourquoi ma relation avec Lana était finie. En général on ne sait pas quoi répondre après ça, puisqu'il n'y a rien à répondre. Parce que c'est con.
—Et tu le regrettes? Demande t-elle tout en inclinant la tête.
—Ok, vraiment, cesse tes questions. Non j'en ai rien à foutre, lâche moi avec ça.
—Mais...
—Non, tu casses les couilles.
Elle me regarde attristée alors que je m'en vais vers ma chambre. Mes sentiments envers Lilia sont assez étranges. D'un côté je sais qu'elle est quelqu'un de formidable et sensible, mais ça me gêne qu'après tant de temps, elle veut faire comme si de rien n'était, comme si je n'avais pas souffert de cet éloignement, alors je peux être un peu impulsif et blessant. Mais je n'ai toujours pas trouvé le juste milieu, et ça me fait quand même de la peine quand elle me regarde toute triste, même si je ne le dis pas.
—Tu sais quoi, j'ai hâte que tu te casses pour Harvard, dit-elle sans le penser vraiment.
—T'inquiète moi aussi.
Harvard, c'est bien ma seule motivation à continuer.
En fait, j'ai eu une incroyable chance cette année. J'étais classé parmi les meilleurs élèves de Yale, et les excellents élèves ont tous un coach, ou quelqu'un qui les assiste. Ils sont de tout âge, et viennent de différents horizons, mais en général ils ont un long parcours derrière eux et un certain bagage professionnel. Moi j'ai hérité de Bill LANE. Il s'agit d'un homme de la quarantaine, avec une certaine expérience.
Il a étudié dans une Ivy League plus jeune, s'est lancé dans la recherche philosophique, a écrit plus de cinq thèses, il a même dirigé une partie de l'entreprise " Amazon " un moment, même si cela n'avait rien avoir avec son domaine, avant de quitter ce job car il s'en « lassait ». Se lasser après un mois dans l'une des plus grandes entreprises américaines c'est fort. C'est quelqu'un avec des couilles en or et pas vraiment à plaindre.
Bref, il m'a accompagné pendant les premiers mois, et je me suis rapidement senti d'égal à égal. Ce n'est pas parce qu'il a beaucoup de diplômes que je me sentais impressionné. Je suis habitué à impressionner, et je sais comment ça marche, une fois que l'on connaît tous les codes, on est peu impressionnable.
Dès le départ, je lui ai fait part de mon envie d'intégrer Harvard puisque si Yale reste une bonne école, je savais très bien que ce n'était pas l'école qui m'était destinée. Alors il m'a proposé ce pari fou il y a un mois. Il m'a demandé de prendre sa place de prof de philosophie à UMass Boston pour deux mois, comme stagiaire. C'est quelque chose qui se fait souvent aux États-Unis, du moins pour les gens qui ont le niveau.
Je suis noté pendant toute la durée de mon passage, et je suis censé faire des rapports hebdomadaires. Et normalement je pourrais intégrer Harvard ainsi, ils sont à la recherche des meilleurs des meilleurs, alors si je m'en sors avec une très bonne note et mention, il est clair qu'Harvard est dans la poche. D'après monsieur LANE il y a peu de soucis à se faire, il me trouve excellent. Et je sais que j'ai le niveau. Je l'ai déjà raté une fois, je ne raterai pas cette école une seconde fois.
Pourtant, alors que je retourne dans ma chambre, j'entends la porte d'entrée se débloquer. Curieux, je m'arrête dans ma marche, et bientôt j'y découvre une jeune fille, aux bouclettes blondes interminables, pleine de vie. Elle a une valise en main, et la première chose qu'elle fait, c'est crier.
—Lilia ! I'm finally back !
Ma soeur se cambre, de sorte à se retourner, et quand elle voit de qui s'agit-il elle court et lui saute dans les bras. Wow? Je reste là, à les observer, dans l'incompréhension totale.
—L'Italie c'était tellement génial ! Faudra que je te raconte!
Elles discutent un instant et je comprends qu'il s'agit de la colocataire de Lilia alias sa meilleure amie. Elle m'en avait parlé lors d'une des questions que l'on avait pioché. En revanche, je n'ai pas retenu son nom, pas intéressé.
—Oh tiens, je te présente mon frère, super chiant, mais mon frère quand même. Dit-elle en se retournant vers moi.
Et là, je me sens violé du regard, presque littéralement. Je me sens comme de la viande fraiche, un peu comme quand j'ai posé un pied dans l'amphi ce matin, et que toutes les minettes m'observaient. Et j'en pense toujours la même chose: c'est lourd et gênant. Je suis peut être le seul qui ne me sent pas mieux après me faire dévisager ainsi.
Pourtant j'ai un vulgaire bermuda et un sweat noir. J'aborde un sourire maladroit, ne sachant pas trop quoi faire.
—MERDE ! Ton frère ! Lilia ! C'est pas un frère ça ! C'est une bombe sexuelle sur patte ! Hurle t-elle.
Ah. J'ai un léger geste de recul, et j'ouvre grands les yeux. Qui se permet de dire ça d'une telle façon?
—Bordel ! Reprend t-elle. Comment c'est possible que t'aies un frère aussi canon ?
Lilia rit en haussant les épaules. Sa meilleure amie, lâche sa valise précipitamment, elle s'approche de moi à grands pas. Alors par réflexe je lui tends la main. Elle dévisage cette main, et me prend littéralement dans ses bras, sans prévenir. Je suis brusqué.
—Pas de formalité entre nous voyons. T'es le frère de Lilia. Et Lilia c'est toute ma vie. Moi c'est Camila, enchanté, Camila Mckein, oui comme les produits surgelés.
Elle déballe cela à une vitesse folle, et je suis juste outré de son manque de tact. Et moi je suis Sean Stewart, alias quelqu'un qui a besoin d'une certaine distance de sécurité lors de la première rencontre. Autrement dit, ça ne match pas avec moi ce genre de première rencontre.
—Et... je suis cent pour cent célibataire, rajoute t-elle, très sincère.
Je la dévisage deux seconde, elle, puis Lilia, et ainsi de suite. Lilia m'a tout de suite semblé très calme et posée, comment peut-elle être meilleure amie avec une telle boule d'énergie ? Je ne cerne définitivement pas ma « soeur. ». Peut être que je devrais l'écouter un peu plus, mais il faudrait déjà que sa voix soit moins chiante.
Pas très à l'aise, je me gratte la gorge et j'instaure un peu de distance en me reculant.
—Sean Stewart.
—Oh mon dieu ! En plus il a un prénom canon ! Hurle t-elle à l'attention de Lilia.
—C'est assez gênant, je fais.
—Carrément, renchérit Lilia.
—Oh mais non voyons ! Bordel, détendez vous l'anus, vous êtes pas frères et soeurs pour rien je crois.
J'observe ma soeur, elle m'observe, avant de m'indiquer de ne pas faire attention. Je lui lance un sourire maladroit et je m'en vais dans ma chambre, le seul endroit où je me trouve un peu chez moi ici.
***
—Porno ou corriger des copies?
J'avoue j'innove. D'habitude le soir j'ai le choix entre porno ou faire mes devoirs, donc là c'est différent. Mais je crois que je vais éviter de le crier sur tous les toits car je pourrais passer pour un pervers sexuel, alors que je n'en suis pas un.
J'observe mon sac, puis je soupire. J'ai toujours détesté les professeurs qui corrigent lentement, alors je me décide à le faire de suite. Et puis, je suis impatient de découvrir qui sera la future tête de la classe. Au final, après deux heures de correction intense, sous l'album de Coldplay, je réussis à boucler ma tâche. Il y avait presque deux cents copies à corriger, c'est pourquoi ce test était une mauvaise idée, alors j'ai adopté une méthode simple.
Si l'élève avait une écriture dégueulasse, un mauvais vocabulaire, je ne lisais pas du tout et je mettais un 1 pour la participation. Ca représentait quand même 67 copies, 67 copies de moins ! Quel gain de temps incroyable tout de même.
Et j'ai passé maximum 4 minutes chrono sur chaque copie, mise à part sur six absolument excellentes que j'ai pris un vrai plaisir à lire. Il y avait des références classiques, contemporaines, dynamiques, tout ce que je recherche dans une copie, et je n'ai pas hésité à mettre la note maximale.
Au final, le niveau de la classe n'est pas terrible dans sa globalité, mais ce n'est pas insurmontable. Je sais que ma matière n'est pas la principale dans leur cursus, mais je compte bien les faire s'investir. Je n'enseigne pas une sous matière puisque je ne suis pas une sous-personne.
D'ailleurs, dans ce paquet de copies, deux m'ont faire rire. Celle de Lana, et de son ami, je crois. Mancuso. Kyle Mancuso. Sur celle de ce dernier il était juste dessiné un phallus et un doigt d'honneur, sur celle de Lana, il y avait écrit un simple « vous êtes un crétin », que j'ai pris le soin d'entourer et de commenter par un : Mauvaise réponse -2 points.
Juste pour le plaisir.
Je ne lui ai pas mis moins deux vu que j'avais promis un zéro, comme quoi, je suis bon parfois. Je lui ai donné deux points gratuits.
Finalement être prof c'est peut être amusant, il faut savoir user de ses outils de la bonne façon.
Je ris de mon imbécilité. Être prof ça nique peut être mes neurones.
En réalité, je suis un peu déçu de ne pas avoir eu un vrai devoir de sa part, c'est peut être étrange, mais c'est la seule copie que je voulais vraiment corriger. J'aurais aimé connaître sa façon de penser plus que n'importe qui. Ca m'apprendra à lui promettre un zéro.
Je soupire un long moment, puis je range toutes mes feuilles. Je m'allonge sur mon lit et je deviens pensif.
Parfois je regrette d'avoir autant merdé. J'avais mes raisons, mais sur le coup de la pression j'y suis peut être allé fort. Et jusqu'à aujourd'hui je me demande ce que j'ai foutu.
Lana était la femme parfaite, canon, drôle, et absolument gentille. Et pour des conneries, j'ai tout arrêté. Je sais que je n'aurais jamais d'autre copine de ce genre. Aucune fille ne serait prête à faire des efforts pour moi au long terme, vu mon côté agaçant, et elle, elle était prête, mais je l'ai rejetée comme une merde.
En fait, c'est en la revoyant que j'ai pensé ça. Je n'ai pas spécialement mal vécu notre rupture puisque je m'étais fait à l'idée, mais en la revoyant, j'ai réfléchi à nouveau. Et tout le monde sait que quand je me mets à réfléchir ça part toujours en couille.
Étrangement, je suis très enthousiaste à l'idée de la découvrir à nouveau, même si il faut que je sois très discret. Je veux savoir ce qu'elle est devenue, si je l'ai blessée ou non. Deux ans, c'est long, et je me demande bien ce qui s'est passé dans sa vie.
Je soupire et je m'étire. Ma vie est si fade aujourd'hui. Pas de copine, je suis prof, pas d'amis. C'est quand on a plus ce qui nous rendait vraiment heureux, que l'on se rend compte justement à quel point on était heureux. Fait chier.
***
YO
Comment allez vous?
Vos avis sur Sean? Sa relation avec Lilia?
Vos pensées sur la suite?
Et parcoursup les terminales???
Yona.
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