40-Love you too.

Previously On good as Gold...

- Lana a passé une bonne soirée avec ses amis : Kyle, Avalonne, Keryan, et Sean.

- Elle est rentrée avec Sean. Et elle a décidé qu'elle était prête à porter plainte d'Alan.

- En revanche, elle a reçu des photos très tardivement qui montraient Sean et elle ensemble


BON CHAPITRE ( PDV DE SEAN EN SECONDE PARTIE :P)

******

Ce matin, j'ai la tête dans le sac. Je touille mon café depuis bien vingt minutes et pourtant je n'en ai pas bu une seule gorgée. Mon bol de fromage blanc m'attend aussi mais je n'ai pas faim. Cette histoire m'a ôté tout appétit.

Merde, merde, et juste, merde.

Je n'arrive pas à oublier ces messages que j'ai reçu ce matin. Je les ai tous effacés, dans la précipitation, mais ils se sont encrés dans mon esprit. Merde.

Sean dort encore, je le vois depuis ma table-bar, dans ma chambre, dormir les yeux à point fermé. Je me demande si je devrais lui en parler ou non. J'hésite encore. Je sais que ce problème nous concerne tout les deux, mais j'ai un peu peur de sa réaction.

Ce qui est sûr, c'est que je suis beaucoup moins convaincue à porter plainte. C'est vrai, si c'est pour foutre en l'air la carrière de Sean je ne vois pas ce que j'y gagnerais. 

Le problème est là, si nous avons rompu une première fois c'est en quelque sorte parce que je lui ai empêché d'accomplir son rêve: intégrer Harvard.

Certes, ce n'est pas complètement ma responsabilité. Il a sa part. Le mois juste avant l'examen il a ralenti son rythme de travail, parce qu'il luttait un peu contre ses démons. Même si ceux ci sont revenus par ma faute, ce n'est pas totalement de la mienne. Là où je suis en quelque sorte responsable c'est le fait d'avoir réussi à décrocher Harvard sans jamais avoir travaillé mais grâce à mon père. J'ai en quelque sorte pris sa place...

Et là, ça recommence, c'est parce qu'il m'aime que toutes ces photos existent. Et si elles fuitent je sais combien cela pourrait poser problème à son intégration de Harvard. Enfin je n'en suis pas sûre mais je suppose. Ce n'est pas très professionnel. On a beau avoir le même âge, si ces photos buzzent ça portera forcément préjudice à son image.

Peut-être me fais-je des films. Peut-être qu'en réalité Harvard s'en ficherait, vu son talent, mais je n'en sais rien. Tout est drama dans ma vie. Je vois bien ces photos faire scandale.

Je soupire doucement, des emmerdes, je n'ai que ça, des emmerdes. Si Sean voit ses photos, ça ne lui plaira pas. Je n'ai pas envie que tout recommence... 

D'ailleurs, je frémis quand je ressens sa chaleur dans mon dos. Il m'embrasse doucement dans la nuque et mon corps vibre. Il tombe un peu au mauvais moment.

Ses bras m'entourent la nuque pour m'embrasser doucement la joue, mais je suis un peu mal à l'aise. Je le repousse un peu et il me dévisage avec une vraie condescendance.

— Quoi? C'est pas toi qui te plains à chaque fois que je ne suis pas doux le matin? Tant pis, t'auras plus jamais de câlin.

Il semble qu'il boude, puisqu'il s'assied sur la chaise en face sans m'observer. Je me mords la lèvre tant il est mignon.

Je me dis que devrais peut être lui en parler. Mais je sais aussi combien il n'est pas du genre à aimer discuter de choses sérieuses le matin. Peut être que je devrais lui en parler tout à l'heure.

Quoi que, les matins après que l'on ait fait l'amour, il est toujours un peu plus domptable. Son petit souvenir au coin de la bouche en dit long. Il ne dit rien, mais je sais qu'il est content. Je sais qu'il se sent bien. Mais je n'ai pas envie de lui briser sa bonne humeur maintenant.

— Rien, tu sens pas bon, rétorqué-je comme unique excuse.

Il me toise avant de sortir son téléphone portable . Je l'observe doucement émerger de son sommeil. J'adore sa tête du matin. Elle est bouffie mais il est vraiment adorable. Avec ses cheveux ébouriffés...

Il baille sans aucune gène du tout, et ça m'apaise un peu.

Tout à coup, je le vois fixer son téléphone. Il fronce les sourcils comme s'il ne comprenait pas vraiment ce qui s'affichait. Sur le coup, mon coeur manque un sursaut. C'est maintenant que j'y pense.

Et s'il avait reçu les photos lui aussi? Ma main serre un peu plus fort ma tasse de café. Je sens mon corps se refroidir.

Sean jure dans sa barbe. Puis il claque son téléphone contre ma table. Il se relève immédiatement.

J'attends qu'il me dise quelque chose, mais il ne dit rien. Il se précipite dans ma chambre pour récupérer ses affaires. Alors je le suis.

—Quoi? je fais.

—Rien, répond t-il.

—Si j'en crois mes yeux, tu t'es énervé d'un coup. Donc oui, il y a quelque chose.

— Rien laisse. Rien d'important.

"Rien d'important."

Et puis il s'enferme dans ma salle de bain, me claquant la porte au visage.

Pardon? Pardon???

J'hallucine de son manque de respect. J'hallucine. En quoi je mérite qu'il m'adresse la parole de cette façon?

Je mets quelque secondes à m'en remettre avant que mon cerveau ne cherche à comprendre le pourquoi du comment.

S'il avait reçu les photos, il n'aurait pas répondu ainsi, si? "Rien d'important." Ce n'est pas parce que je lui ai dit qu'il sentait mauvais tout de même?

Son portable me fait de l'oeil au loin. J'ai l'unique envie de découvrir ce qui s'y cache. De plus je connais son code. Je l'ai vu le faire hier.

Mais j'ai à peine le temps de réfléchir qu'il sort de ma salle de bain telle une furie.

— Sean, parle moi, je soupire.

— Mais je t'ai dit que c'est rien. Essaye pas de me joindre. Je vais à Harvard ces trois prochains jours, je serai en internat, j'aurai pas trop le temps. Voir même de la semaine. Ca sera compliqué

Brutal.

Brutal alors qu'il était si apaisé il y a encore quelques minutes, qu'il m'embrassait avec tendresse dans la nuque.

— Pourquoi tu vas à Harvard? lui demandé-je intriguée.

— Je suis en plein transfert, entre UMass, Yale, et Harvard, bref j'ai pas le temps d'expliquer.

Bah, j'aurais aimé qu'il ait le temps de m'expliquer. On est censé être "un couple". Même si tout complique notre relation, c'est mon copain. Avant de baiser, il pourrait au moins me tenir des informations importantes. Ce n'est pas juste un plan cul merde.

Et tout d'un coup mon cerveau tilte. Il ne sera donc plus prof à UMass bientôt?

—Alors t'es plus prof à UMass? je demande presque soulagée.

Il attrape son mentaux avant de me dévisager.

— J'en ai encore pour une semaine et demie. A mi-temps.

—Une semaine et demie? demandé-je.

Une semaine et demie. Une putain de semaine et demie. C'est rien. Autrement dit, dans une semaine, ces photos ne vaudront plus rien? Ou alors dans deux semaines au moins. Enfin, elles vaudront moins cher, et il sera déjà à Harvard de toutes les façons.

Je me pince la lèvre doucement. C'est presque une bonne nouvelle.

Il ajuste sa montre, et j'ai l'impression que le temps presse.

— Il y a un problème? j'insiste.

— Rien, j'ai pas le droit d'être stressé pour mon premier jour à Harvard?

Il me fixe comme si j'étais idiote. Je n'apprécie pas cet air, alors je tourne les yeux.

— Si mais je ne cautionne pas comment tu me causes! Tu rejettes toute ta pression sur moi, à croire que c'est moi que tu en veux, je rétorque sur un ton sec, en croisant les bras.

Il soupire. 

—Non. Désolé. Je suis juste stressé.  Ah et oui, reprend t-il. Comme je ne serai pas trop disponible, essaye de porter plainte avec Avalonne, je préfère que tu ne sois pas seule.

Le fameux sujet. Je me pince les lèvres encore une fois et je soupire.

— Tu sais, je crois que je me suis un peu précipitée hier...

Il fronce les sourcils, ne comprenant pas très bien.

— Je ne suis pas sûre d'être prête à porter plainte au final.

—Hein? Fait-il interloqué. Pourquoi?

Je grimace un peu, ne sachant pas trop comment lui annoncer les choses. La vérité? Ou non? Maintenant là? Alors qu'il a sûrement la tête à autre chose?

— Bah, commencé-je un peu hésitante.

J'ai à peine le temps de trouver mes mots qu'il m'interrompt d'une main.

— Tu sais quoi, c'est bon, t'as pas besoin de te justifier. Bref laisse tomber, tu fais ce que tu veux.

"C'est bon". En vue de son air agacé, c'est pas bon du tout. Il dit ça avant de claquer la porte derrière son dos.

Violent. Brutal. Je balance mon téléphone contre ma canapé et je rugis soudainement. Fait chier. Ce genre de matin où la communication n'est pas au rendez-vous avez Sean ça m'agace. J'ai l'habitude de nos engueulades, je sais très bien qu'il n'en s'agit pas d'une sérieuse, dans une semaine tout redeviendra comme avant. Mais ça m'agace qu'il parte comme ça, sans rien dire, en claquant la porte.

D'un autre côté, je suis aussi tracassée par son comportement nerveux. Oui il n'est pas du matin, mais là, sa mauvaise humeur était un peu plus poussée. Je n'ai pas réussi à déchiffrer ce qui n'allait pas. Il ne m'en a pas laissé le temps non plus à vrai dire. Mais je suis sûre qu'il y a un truc qui cloche. Il est un peu plus doux avec moi en général, même s'il est stressé... 

Ca fait mal de ne pas réussir à déchiffrer la personne en face de nous, surtout si on l'aime. Je soupire durement. Il n'a pas reçu les photos, si? Il n'agirait pas ainsi, non?

Je relève la tête doucement et je constate tout à coup ma solitude. Mon téléphone portable sonne soudain. Et je ne sais pourquoi, je ne prends pas le temps de vérifier le numéro. Parce que je pense qu'il s'agit de Sean, et qu'il veut s'excuser. C'est ma première pensée. Comme si je vivais dans un monde de bisounours. Sean s'excuser aussi rapidement ?

— T'as reçu mes messages?

Alan.

Eh merde.

Mon sang se glace, comme à chaque fois qu'il me parle depuis quelque temps.

— Alan, laisse moi tranquille, soufflé-je.

Sa voix, elle me terrorise.

— Alors comme ça, ça t'amuse de raconter que j'abuse de toi?

Hein?

— Quoi? Je n'ai rien dit du tout. Je le jure, c'est bon j'ai vu tes messages, j'ai pas besoin d'un tel scandale dans ma vie je ne dirai rien.

— Ces photos sont pour m'assurer que tu ne parles plus. En revanche, j'ai croisé Kyle hier, qui m'a éclaté la tronche, et prévenu que je cite, finirai en taule pour mes actes.

— Kyle ? je demande stupéfaite.

Hier? A quel moment? Lorsqu'il est allé acheter le diner?  C'est pourquoi il a pris tant de temps? Pourquoi ne m'en a t-il pas parlé??

— Alors, à moins que tu ne veuilles que je fiche le bordel dans ta vie, t'as intérêt à te taire. En plus, j'étais défoncé, ça ne compte pas. Fou pas le bordel, tu sais que j'ai déjà des problèmes avec les flics. J'étais pas moi même.

"Ca ne compte pas". « Je n'étais pas moi même ». Mais laissez moi rire. Et j'aimerais rebondir, pourtant, j'ai juste peur de lui, c'est tout, je suis effrayée et incapable de dire quelque chose.

— C'est bon, je ne dirai rien. Lâche moi, fiche moi la paix.

Et je raccroche.

Je tremble, mes mains tremblent seule, et je suis sûre d'avoir le regard en détresse. C'est parce que je ne me souviens de rien que c'est plus facile pour moi d'agir comme si rien ne s'était passé, c'est aussi parce qu'en soi, et même si cela est triste à avouer, j'ai l'habitude de me faire abusée par Alan et ses amis. Parce que mes « non » ne sont jamais respectés. Alors j'arrive à feindre que cela ne m'atteint pas. Surtout quand il y a du monde. C'est plus facile de convaincre les autres que tout va bien.

Mais quand la solitude revient, je ne suis qu'avec moi même. Et la seule personne à qui je ne peux pas mentir c'est moi.

Je commence un peu à suffoquer, parce que je panique. Me rabâcher que je me suis fait abusée, les photos de Sean et moi... Ca me bouleverse. Ca me déprime.

Il faut que je pense à autre chose. Penser à autre chose. Je prends de lourdes bouffées d'air. Penser à autre chose. Il faut que je m'active.

Je n'ai pas envie de m'acharner sur mon sort. Pas envie de pleurer non plus. J'ai commis assez d'erreur en deux ans, assez pleuré, parce que je ne me suis jamais sentie bien dans ma peau.

Mais là, je n'ai pas envie de montrer à Alan qu'il me rend triste. Je lui montre déjà qu'il me fait peur, c'est suffisant. Alors je n'ai pas envie de pleurer, de considérer que je dois être une grande traumatisée. Oui ce qu'Alan me fait vivre, c'est grave.

Oui.

Mais si je recommence à paraître déprimée de tout cela, je n'arriverai jamais à rien dans ma vie. Alors oui, ça me ferait du bien de le savoir derrière les barreaux, de me savoir enfin tranquille, mais je préfère subir des gardes du corps qui assistent ma sécurité que foutre en l'air la carrière de Sean.

Alors oui pour une fois j'ai envie d'avancer la tête haute, même si la peur est à chaque coin de rue. J'ai envie de me bouger.

Et c'est pourquoi je compose le numéro de mon université. Je désire me désinscrire de cette putain d'école.

Et puis ensuite, j'irai négocier auprès des fournisseurs les meilleurs prix pour les maillots de bain Cosmic'girlz. Il faut que j'avance sur ce projet.

Peut-être que je ne peux pas parler de ce que me fait vivre Alan. Mais à travers ce projet, je pourrais enfin parler de l'acceptation de soi, de l'acceptation de son corps auprès de toutes les jeunes filles qui n'ont pas confiance en elles.

C'est vrai, si j'en suis venue là, c'est à cause de la pression de la société, la pression au lycée, à l'université qui me donnait  toujours l'envie d'être parfaite. Qui dit parfaite, dit être populaire dans ce genre d'établissement..

Et j'aimerais porter ce messages auprès des autres filles: On a pas à être toujours parfaites. Les avis des autres ne sont là que pour nous faire reculer. Alors osez porter un maillot, osez comic'girlz pour montrez à quel point ce n'est pas la société qui jugera de votre perfection, mais vous, une fois que vous aurez appris à vous aimer parfaitement, à accepter parfaitement qui vous êtes.

Et moi j'ai encore du mal à m'aimer parfaitement. J'aurais aimé qu'on me dise plus jeune que je n'avais pas à être parfaite dans tout. Que personne n'est fait pour être sur son trente-et-un chaque jour. Parce qu'à trop vouloir être parfaite, —et populaire— tous nos défauts en ressortent jusqu'à nous couler vers le plus bas possible.

Mais je vais apprendre, je vais apprendre à m'aimer le plus parfaitement que possible, et faire fi de tout ces démons qui me piétinent chaque jour.

***

PDV Sean.

— En retard pour ta première journée à Harvard, faut le faire ça.

— C'est pas ma faute. Ils m'ont envoyé un mail hier soir pour m'annoncer que l'heure était avancée. Mais je ne l'ai pas vu avant ce matin.

— Pourquoi? T'étais occupé hier? D'ailleurs pourquoi t'étais pas à la maison?

Alors que ma soeur conduit, je la toise du regard. C'est bien parce que nous n'avons qu'une voiture, et qu'elle en besoin la journée, que je dois supporter le fait qu'elle me conduise aujourd'hui. Supporter sa voix, c'est un vrai challenge.

— Ca ne te regarde pas, je réponds en l'ignorant.

— Avec Lana? souffle t-elle tout en se concentrant sur sa conduite.

J'hausse les épaules.

— T'es complètement inconscient ou quoi? T'as une journée super importante aujourd'hui, et ce que tu trouves de mieux à faire, c'est passer ta nuit à baiser?

— On a pas baisé, je l'interromps.

Elle me dévisage deux secondes.

— On a fait l'amour, je rétorque avec un grand sourire.

— Elle te rend idiot. C'est incroyable. Elle te déconcentre, ça se voit. Tu sais à quel point c'est un sacrifice pour papa que tu puisses intégrer Harvard? Alors merde pas.

— Je gère, me fait pas chier avec ça. Je n'ai aucun conseil à recevoir d'une gamine qui a une relation des plus platoniques avec son mec, et qui n'a jamais mis les pieds à Yale ou Harvard, mais juste à cette université UMass de merde.

— Pardon? fait-elle interloquée. Je te demande pardon?

En soi, je dis cela pour rigoler. Mais en vue de son visage, elle ne l'a pas pris comme une plaisanterie.

Elle s'arrête sur la route et elle me fixe.

— Casse toi de ma voiture.

— Quoi? T'es dingue? je proteste. Je suis déjà en retard! J'en ai encore pour vingt minutes de marche si tu me déposes là !

— Fallait réfléchir avant, casse toi.

— Mais je blaguais merde. Tu prends vraiment tout personnellement à ce point? Putain ils vont me tuer si j'ai encore vingt minutes de retard.

— C'est pas mon problème. Harvard c'est ta vie, pas la mienne. Parce que comme tu dis, je n'y ai jamais mis les pieds, rétorque t-elle avec un certain mépris.

Je l'observe, abasourdi, mais je comprends qu'elle n'avancera pas si je ne bouge pas. Je soupire durement et j'exhausse son souhait: je me casse.

Mais quelle chieuse bon sang ! C'est toujours ainsi tous les matins entre nous, rien n'a évolué depuis le début. J'ajuste mon costume et je n'ai plus qu'une solution: courir.

Je vais clairement assassiner ma soeur ce soir, vous pouvez en être sûrs. 

J'arrive dans le hall d'entrée en sueur, essoufflé, à côté de ces élèves calmes, et tous bien présentés. Je ne sais pas de quoi j'ai l'air, et je n'ai pas envie de le savoir.

Je mets un temps à comprendre où se trouve l'administration, peut-être bien dix minutes. Ca me rajoute une bonne dose de stress alors que ma pression est déjà haute.

Je souffle un bon coup, et je ravale ma salive lorsque je reconnais mon tuteur : Mr Lane. Il est accompagné d'une femme un peu vieille, aux cheveux blancs, mais d'une classe incroyable.

— Ah ! Monsieur Stewart ! Vous voilà enfin, fait mon tuteur sur un ton sec.

— Oui, je suis désolé, j'ai eu un problème de transport et...

La femme me coupe d'une main. Je sais très bien que ce genre d'excuse n'est pas valable à cette école, la plus prestigieuse des Etats-Unis. Mais j'ai tout de même tenté.

J'ai toujours eu un incroyable culot.

— 1800 Elèves. 1800 Elèves, pour 25 000 demandes. Vous avez exactement 35 minutes et 45 secondes de retard pour votre premier jour. Je devrais vous renvoyer immédiatement. C'est bien parce que Mr Lane est un ancien ami que je ne le fais pas, et qu'il m'a parlé de vos compétences.

Génial pour une première impression. Je retiens mon souffle depuis bien deux minutes tant la pression ne me lâche pas;

— Sachez que je suis profondément désolé, ça n'arrivera plus. Vous ne regretterez pas votre décision.

Je réponds ça de façon très professionnelle.

Elle me dévisage avant de se retourner.

— Bien, suivez moi. Je vais vous montrer les lieux dans un premier temps.

Cependant, un appel l'interrompt dans sa course. Alors mon tuteur en profite pour me prendre à l'écart.

— C'est quoi ce costume ? Peste t-il.

— Eh bien, mon costume? Je réponds confus.

— Ce n'est pas un costume, mais un habit de clown. Que vous ai-je dit? La cravate, où est-elle? Votre veste? Est-ce de la laine même?

Mon costume a toujours été bien accueilli à Yale. Certes, il n'a pas la prétention d'être l'un de ces costumes de fils à papa, mais je fais avec mes moyens. Je veux bien qu'Harvard soit un cran au dessus, mais Yale reste une bonne école. Je prends plutôt mal cette remarque sur mon costume.

— Je fais avec mes moyens, je réponds honnêtement tout en essayant de ne pas paraître insolent.

— D'ailleurs, reprends t-il. Je n'ai pas reçu vos deux derniers rapports d'enseignement à UMass, et il me manque deux contrôles continues d'études de cas sur la responsabilité civile.

Je soupire doucement. Il faut que je respire. Parce que le simple fait de me rappeler mes devoirs en retard, ça me met la pression.

— Je sais. J'ai du retard. Mais je vous envoie tout cela ce soir dernier délai.

Mon tuteur me dévisage cette fois avec une certaine condescendance.

— Je mise beaucoup sur vous, alors ne me faites pas honte. Je vous donne une chance, et pour l'instant, l'impression que j'ai est que vous vous en foutez royalement.

Il peste cela en me dépassant puisque la femme raccroche juste à ce moment.

Fait chier.

A quel point j'ai été mauvais sur le coup?

Je ne me suis jamais plaint, mais je dois avouer que j'ai du mal à tout gérer ces temps-ci. Ce qui ne m'arrive jamais. Entre les cours à préparer à UMass, les rapports de chaque cours à rendre, mais aussi les travaux à rendre à Yale, parce que oui, malgré tout je suis toujours rattaché à cette école.

Alors je suis les cours à distance. C'est un peu compliqué à suivre puisque j'y étudie toutes les sous-matières du droit alors que j'enseigne la philosophie à UMass.

En gros, je jongle entre deux cursus complètement différents.

Mes connaissances sont limitées en droit, contrairement à la philosophie. Les matières comprises ne sont pas très simples, même si j'assimile très vite. C'est beaucoup de bachotage.

Sans compter que je dois également préparer tout seul les cours où j'ai du retard à Harvard en droit, puisque malgré ma formation à Yale, les programmes ne sont pas tout à fait les même.

Pour résumer, j'étudie dans deux écoles différentes à temps plein à distance, j'enseigne à temps plein. Autrement dit, je fais trois temps pleins alors que je n'ai qu'un seul corps...

... C'est un peu infernal.

Se rajoute à cela les problèmes de Lana. Depuis que je suis rentré à Boston, ma vie est un enfer.

Je n'en parle pas. J'ai toujours montré que j'ai toujours su tout gérer. Mais je fais comme je peux. Même si cela me met dans une situation de stress énorme. C'est pourquoi hier j'étais si tendu face à la situation, et que j'ai été si direct avec Lana. Ce matin aussi d'ailleurs. Je suis étonné qu'elle ne m'ait pas foutu une baffe. Parce que je le méritais.

Quand j'ai la pression, je dis les choses avec peu de tact c'est bien connu.

Mais il est hors de question que je foire tout encore une fois, tout près du but.

C'est pourquoi j'ai annoncé à Lana un peu brutalement qu'on ne se verrait pas cette semaine. Je sais, j'aurais pu être plus doux. Mais je suis encore humain et nullement parfait. J'ai beaucoup travaillé sur moi, pour être moins agressif. Mais en situation de stress, il m'est toujours impossible d'être très aimable.

J'ai besoin de me concentrer et il est indéniable que cette fille me perturbe. Elle me rend dingue, et elle me fait oublier un peu mes problèmes: ce qui est un problème. Harvard, les cours, mes devoirs sont un problème, et si je me mets à les oublier, ce n'est plus possible.

Même si j'aimerais bien pouvoir dormir avec elle ce soir. C'est toujours très agréable. Son parfum, ses cheveux, et sa main dans le creux de mon dos..

— Mr Stewart?

Je sors de ma rêverie brutalement. Que disais-je?  Cette fille me perturbe merde. H24.

***

Pfiou.

Première journée de merde.

Je m'écroule sur mon lit. Enfin si je peux appeler ça un lit. Je suis en internat pour ces trois jours et j'ai peut être eu droit à la pire des chambres. Elle est petite, le mobilier est peu confortable... il fait assez noir, ce n'est pas très ouf.

J'ai souffert aujourd'hui. J'ai été immergé directement en cours, et malgré le fait que j'ai toujours travaillé mes cours à distance, je manque d'automatismes, de connaissances, et le droit ça ne s'invente pas. C'est horrible de voir les autres élèves maitriser leur cours sur le bout des doigts, alors que je suis perdu. Ca ne m'est jamais arrivé. J'ai toujours été le meilleur.

Quoi qu'il est vrai qu'à Yale, je n'étais pas toujours le meilleur, mais là, à Harvard je ne me sens pas avoir les compétences de la moitié de la promotion...

C'est un peu dur à vivre pour moi. Surtout pour mon égo.

Sans compter qu'on m'adresse à peine la parole. Les autres élèves sont bien trop occupés à étudier ou à trainer avec leurs amis.

Je n'ai même pas pu m'amuser à remballer les autres, je suis si frustré.

Je soupire.

Je n'ai pas le temps de plus m'attarder. Je dois me mettre au travail. J'ai déjà des devoirs pour le lendemain en plus des devoirs que j'ai en retard. Sincèrement, je ne vais pas pouvoir tout faire ce soir. Je vais être obligé de bâcler.

Bâcler, ça, ça ne m'est jamais arrivé; Ou alors quand je bâcle, c'est parce que j'ai la prétention de pouvoir le faire. Mais là, je ne l'ai pas.

Alors je me mets immédiatement à bosser. De vingt heures à vingt trois heures, j'épluche mes livres, et je fais saigner l'encre.

Je viole les pages de la constitution des Etats-Unis sur le droit civil tant mes aller-retours sont fréquents et rapides. J'essaye de m'appliquer au maximum, mais ce n'est pas facile en vue du temps qu'il me reste.

Soudain, mon téléphone sonne, vers vingt trois heures. Je soupire mais je décroche quand je constate qu'il s'agit d'Avalonne.

— Abrège, je bosse, je rouspète.

— Alors c'est comment Harvard?

— Si tu m'appelles juste pour prendre de mes nouvelles, je raccroche, je réponds tout en mordillant le capuchon de mon surligneur.

— T'es vraiment antipathique comme mec, tu sais?

— Donc?

En même temps qu'elle me parle, j'essaye de continuer ma rédaction, je recherche toutes les règles de droit nécessaires à sa rédaction aussi.

— Lana m'a annoncé hier soir qu'elle décidait de porter plainte, et là, je viens de l'appeler elle me dit qu'elle ne le fera pas au final. Tu sais pourquoi?

— J'en sais rien, réponds-je nonchalant. Elle me l'a dit ce matin, j'ai pas cherché à comprendre. Je suis parti.

— Vous avez dormi ensemble? Me demande t-elle surprise.

— Et pas que, je réponds avec un petit sourire.

Je peux entendre qu'elle grimace de l'autre côté.

— Epargne moi les détails. Fait gaffe à toi cependant. Joue pas trop avec le feu. Tu restes prof quand même...

— Oui, t'inquiète ça je gère. Par contre ce que je ne gère pas, c'est la petite crise existentielle de ma copine qui empêche à cet enfoiré de finir derrière les barreaux. Donc je me retire cette semaine. Je vous laisse vous débrouiller.

— « Crise existentielle »? Reprend t-elle en hurlant soudainement. Tu veux que je te frappe ou quoi? Tu te rends compte de ce que tu dis? Tu te rends compte ou pas de ce qu'elle vit? « Tu te retires pour une semaine ». C'est un jeu pour toi en fait? Juste là quand t'as besoin de sexe? Le reste tu t'en fou? Quel genre de salaud tu es?

Par contre là, je dépose mon stylo immédiatement. Je garde mon calme par le biais d'un important contrôle de mes émotions. Parce que je pourrais tout simplement lui répondre d'aller se faire foutre.

— Excuse moi? Bien sûr que je comprends ce qu'elle subie parce que je l'aime comme un dingue. Hier soir, je voyais comment elle frémissait au départ à mon contact au lit, malgré elle. Tu crois que ça me fait quoi de voir qu'elle n'est même pas rassurée quand moi je lui fais l'amour? Par contre oui, là, je considère qu'il s'agit d'une petite crise existentielle. Hier soir, elle était motivée comme jamais pour porter plainte, et plus maintenant. Je me suis beaucoup donné ces derniers temps pour elle, même si elle ne le sait pas forcément. J'ai géré des choses que moi je ne suis pas censé gérer. En revanche, là, je suis clairement dans la merde pour Harvard, j'ai la masse de travail. Je me dois de revoir mes priorités. Merde, c'est ma dernière chance d'y entrer. J'aime Lana plus que tout et tu le sais. Mais là, c'est l'accomplissement de vingt ans de travail, alors oui, je te demande de prendre la relève sur ça. De t'occuper de Lana, parce que cette semaine je ne pourrai pas être présent. Mais ne me reproche pas de ne pas être là pour elle parce que je l'ai toujours été.

Elle soupire.

— T'as pas besoin d'être à ce point dramatique tu sais?

— Dramatique c'est mon nom de famille.

— Mouais. Mais Ok, c'est bon, j'ai compris. Je serai là pour elle cette semaine, j'essaierai de voir ce qui ne va pas. Pourquoi a t-elle changé d'avis si soudainement. Je te tiens au courant. Hors de question que ce connard en liberté continue d'abuser d'autres filles. Après tout ce qu'il lui a fait subir il mérite de crever dans une piaule.

— A qui le dis-tu, je rigole doucement. Merci de t'en charger. Mais tu m'excuses, je retournes bosser.

— Et si ça marche pas? M'interrompt-elle. Si elle ne veut vraiment plus? Tu la connais, elle est têtue Lana.

— Bah, si c'est le cas, on fera comme on a dit.

— Elle ne va vraiment pas aimer... soupire mon interlocutrice.

Je grimace et mon esprit se détourne un peu de mes devoirs. Je souffle.

— Je sais. Mais elle ne mérite pas de vivre dans la crainte perpétuellement. C'est pas une vie pour elle. Ca ne lui fera que du bien.

— C'est vrai, répond t-elle en soupirant.

Après quoi, je raccroche. Mon esprit divague un peu, et je pense à Lana. Vous savez-quoi? Ma seule envie est de dormir avec elle. Qu'elle me prenne dans ses bras, pour apaiser la pression que je subis, et que je la prenne dans mes bras pour la rassurer.

Personne n'a jamais réussi à passer avant mes études. Sauf elle. Même après deux ans c'est la même chose. Et pourtant, ça ne m'a pas empêché d'agir comme un vrai connard ce matin.

Est-ce qu'elle m'en veux de lui avoir parlé ainsi?

Je récupère mon téléphone portable et je rédige brièvement un message.

« Je suis désolé pour ce matin. Je t'aime ».

En attendant sa réponse, je me remets au travail, mais il ne s'avère pas très productif. Je guette mon téléphone chaque minute pour vérifier qu'elle me répond.

Je stresse un peu, je m'en voudrais qu'elle me fasse la gueule pour ça. C'est vrai, je l'aime, mais je ne cesse d'agir comme un connard une fois sur deux. Et puis ma fierté en prendrait un coup si elle ne me répond pas. J'aurai l'air de quoi?

D'un sacré débile.

Après dix minutes, elle me répond, mon coeur manque un sursaut.

« C'est pas grave. Love you too. »

Et je souris. Elle me rend idiot putain.

Je me décide alors à mettre le mode avion. Et je me concentre à nouveau sur mes devoirs. J'observe ma montre. Génial, quarante cinq minutes de passées. Je n'aurai même pas le temps de faire une sieste au final.

***

Wow un chapitre après deux semaines, et plus un mois hihi

YO

😉Comment allez vous ??

😉Votre avis sur ce chapitre??

😉Que pensez-vous de Lana?

😉Mais de quoi Avalonne & Sean parlent-ils??

😎Vos idées pour la suite?

ET ON EN PARLE DE LA FIN DE DYNASTY???????

Yona.
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Lanavgichenchy

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