Mail n°1

De : kanesuzuki@...
À : hanasuzuki@...
Objet : Nouveau départ et lueurs d'espoir


                 Ça y est. Ça y est Hana, aujourd'hui je m'en vais.  Et je ne saurais pas te dire si je suis triste, gonflé de joie ou encore, dévoré par de l'appréhension. C'est étrange. Je suis tellement assailli par une vague de ressentis contradictoires que ma main tremble à l'instant même où je tape ces mots. 


La liberté et l'inconnu me font peur et m'attirent. Je les observe, songeur, désireux de savoir si comme promis ils me mèneront au bonheur, ou s'ils ne sont ni plus ni moins que deux imposteurs dont je ferais mieux de m'éloigner.


Je me demande si je reviendrais de ce long voyage. Oui, me répondras-tu, si Dieu le veut. Tu poursuivras en me disant que j'ai intérêt à reposer mon pied sur le sol de Séoul. Et ce, parce que je n'ai pas tellement le choix. Séoul, c'est l'endroit où vit notre famille. Séoul, c'est l'endroit où l'on m'a dit de travailler et de récolter les premières pierres qui participeront à l'élaboration de cet édifice qu'est mon avenir. Mais du jour au lendemain j'ai décidé de tout stopper. J'ai décidé m'octroyer un an. Un an où je vais pouvoir explorer la véritable liberté et me délester de tous ces poids invisibles que je porte sur moi au quotidien. 

En rédigeant ma dernière phrase j'ai réalisé que le temps passe tellement vite. Je me souviens encore de la tête que t'avais faite lorsque je t'avais annoncée que je désirais me diriger vers une année de césure après l'obtention de mon diplôme. 

On était en train de réviser l'anglais, et tu venais tout juste de bouffer le dernier morceau de ma tablette de chocolat. 

Ensuite, tu avais fait de gros yeux et tu t'étais empressée de me traiter de suicidaire. Puis tu m'avais conseillé de rester auprès de mes chers parents et de me plonger dans la vie professionnelle, tout en me préparant psychologiquement à quitter le monde des jeunes gens pour devenir un homme. Tu vois Hana, une des choses que j'ai toujours admirées chez toi, c'est ta prudence et ta grande volonté à ne jamais prendre de risques. Tu es une bouée de sauvetage, ou mieux encore, un gilet pare balle. Quand j'allais quelque part, il me suffisait de dire que tu m'accompagnais pour rassurer mes parents.

Avec toi, j'avais souvent l'impression qu'aucune chose horrible ne pouvait m'arriver, et ça me plaisait beaucoup comme sensation. C'était agréable et doux. 


Il faut que je t'avoue quelque chose. Je sais, c'est un peu lâche de te dire ça par mail, mais au moins ce sera dit. J'aurais bien voulu que tu m'accompagnes. J'aurais tellement voulu t'avoir à mes côtés. Mais le jour où j'ai failli te dire cela je me suis aussitôt ravisé. Je ne voulais pas t'effrayer, je sais que tu détestes les voyages. 


Enfin bref, ne t'en fais pas Hana je t'enverrai des photos, je t'appellerai régulièrement sur WhatsApp et je boirai un litre d'eau par jour. Je t'assure que je ne suis pas seul, crois-moi sur parole, Carter est une personne de confiance et non, ce n'est pas un américain fêtard qui me traînera dans les rues de Los Angeles après vingt et une heure. 

D'ailleurs, il m'attend dans la voiture et je pense bien que c'est le moment pour moi de dire au revoir à mes parents. 


Maintenant, je me sens stressé. Je suis stressé à l'idée de commencer ce qui semble s'apparenter à une nouvelle vie. C'est le moment pour moi de clore un chapitre, celui du simple étudiant de Séoul, et d'en commencer un autre. Je vais partir à la découverte du monde et j'espère vivre une expérience inoubliable qui me fera grandir.
Mais avant de m'en aller, j'ai un dernier service à te demander Hana. Je te prie d'avance de me pardonner.
Il y a quelques jours en préparant mes valises je suis tombé sur un vieux sac à dos dont le contenu n'était pas des plus anodins. En effet, il contient plusieurs affaires appartenant à mes anciens amis, que tu connais mieux sous le nom de "la bande des huit idiots". Ce n'est pas un secret pour toi, tu sais très bien que parmi eux il y a le fameux Minho. Oui, ce voisin que tu détestes pour mille et une raisons et que tu croises tous les jours à la fac. Enfin bref, je sais que c'est assez osé de ma part, mais est-ce que tu pourrais passer chez moi pour récupérer ce sac et rendre ces affaires à leurs propriétaires ? Préviens-moi dès que t'as le butin, je t'appellerai pour te dire à qui appartient chaque objet.

Je te dis merci d'avance et je t'offre mon plus beau sourire.


De la part d'un cousin et d'un ami dévoué, 

Kane.

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