6 - Don't let me down
Dédié à kpoperforever07 , qui connaît les galères de l'informatique.
6 - Don't let me down
| HINATA |
Chez les Suzuki, les premiers mercredis du mois de mars avaient toujours eu pour habitude de se ressembler. De vrais jumeaux. Vers huit heures du matin il n'était pas du tout surprenant de constater que tout le monde était déjà levé. Alors que Kaito et Hinata aimaient bien se poser et regarder de vieux animés, le père était déjà à la supérette et la sœur aînée s'occupait de traquer toutes les traces de poussière en compagnie de la mère de famille. L'ambiance était paisible, détendue. Si la bonne fée de Cendrillon était venue voir la cadette pour lui proposer ses services, elle l'aurait gentiment renvoyée non sans lui faire remarquer qu'elle avait déjà tout pour être heureuse. Ses proches étaient à ses côtés, elle avait son bol de céréales à la main et elle était sur le point de regarder deux-trois épisodes de Détective Conan. Que demander de plus ?
Ce matin-là, lorsqu'elle se leva, Hinata remarqua d'emblée que les choses n'étaient pas comme d'habitude. Il était neuf heures, Hana rangeait ses classeurs, Kaito dormait encore et elle n'avait aucune idée de ce qu'était en train de faire sa mère. L'appartement était beaucoup trop calme. La cadette des Suzuki lança un coup d'œil vers sa sœur, ne sachant pas trop comment il était préférable de l'aborder. Alors, elle se contenta d'enfiler un vieux sweat à l'effigie du club de baseball qu'elle fréquentait encore il y a deux ans, puis, lorsque les iris sombres de son aînée croisèrent les siens, elle releva ses lèvres en un sourire.
— Tu vas mieux ? demanda-t-elle en ayant conscience de l'absurdité d'une telle question.
— Que veux-tu ? répondit-elle en haussant les épaules.
Puis, elle soupira. Hinata s'adossa contre la porte, prête à écouter ce que sa sœur était sur le point de dire.
— Quand je l'ai revu, ça m'a fait bizarre, commença-t-elle. Il a peut-être changé, mais il est toujours détestable. Comment un mec qui a échappé à la mort peut-il être aussi... Mauvais ? Franchement je...
Elle ferma les yeux et se massa les tempes.
— Tu sais Hana, je crois qu'il y a des choses dont il est vraiment très difficile de guérir. Donc je comprends tout à fait ta réaction d'hier soir. Je sais que la souffrance que Shin t'a causée...
— Ne t'en fais pas, la coupa-t-elle. Je n'ai plus mal. J'ai arrêté d'avoir mal quand les bleus ont disparu, je n'ai plus seize ans maintenant tu sais ? Je suis guérie de cette souffrance, c'est juste que quand je le vois, j'ai la haine.
Hinata baissa les yeux, convaincue du fait que sa sœur ne faisait que se mentir à elle-même. Mais il aurait été très difficile de lui en vouloir pour ça. Elle jugeait qu'Hana était déjà assez forte pour parvenir à demeurer debout et à ne pas se décourager, parce qu'il était assez connu que Shin Wang parvenait à briser tout ce qu'il désirait réduire en éclats. Cette dernière pensée eut à peine pris forme dans son esprit que Hinata sentit un frisson d'horreur glisser le long de son échine. Une douleur fugace parcourut son estomac. Luna.
— Je me demande comment il a connu Luna, dit-elle enfin. Elle ne m'a jamais parlée de lui !
— Dans le fond y a vraiment rien d'étonnant, c'est une gosse de riches elle aussi.
— Mais attend d'entendre ce que je vais te dire : comme par hasard, hier soir, elle m'a envoyée un message. Et, ça t'arrive de percevoir direct quand une personne se sent mal ?
La blonde qui lui faisait face fit une étrange grimace avant d'hocher la tête.
— Ouais ça m'arrivait avec Minho, mais le pire c'est Kane. Quand il a le moral à zéro, ses messages sont en pénurie de syntaxe. Ne me dis pas que t'as jamais remarqué ?
La brune ne put s'empêcher de ricaner.
Il était vrai que d'ordinaire Kane était du genre à ne connaître aucune limite quand il s'exprimait par message. Ses pavés avaient la particularité de ressembler à de véritables dissertations, alors naturellement, lorsqu'ils ne laissaient voir aucun point et encore moins une virgule, quiconque le connaissant assez pouvait deviner qu'il avait rédigé ses mots en ayant le moral dans les chaussettes. Après avoir rit quelques secondes, Hinata retrouva tout son sérieux et elle s'empressa de faire remarquer à sa sœur la chose suivante :
— Tu sais, maintenant que j'y pense, c'est vrai que Luna était devenue un peu bizarre vers le mois de septembre, quelques jours après l'accident. Mais je me disais qu'il n'y avait rien de plus normal. Le monde entier était choqué de la mort du père de Shin. Un incendie dans le quartier bourge de Gangnam ça n'arrive pas tous les jours.
— Si tu veux mon avis, ne te prend pas trop la tête avec ça, conclut Hana en reprenant son rangement. Tu sais, je pense pas que ce soit possible que tu connaisses toutes les personnes que fréquente ton amie. Puis... ce n'est pas comme si vous passiez tout votre temps ensemble.
— Je sais que t'as raison, mais au fond de moi j'ai l'impression qu'hier soir Luna était triste à cause de Shin. Je m'inquiète pour elle, formula-t-elle enfin à haute voix. Il y a quelques mois elle n'était déjà pas très heureuse, et je suis pratiquement sûre que c'est à cause de ça qu'elle a raté ses examens. Et si elle commettait l'irréparable ? Ce ne serait pas impossible... Y a pas très longtemps une jeune fille s'est suicidée dans mon lycée.
Hana haussa l'un de ses sourcils sombres avant de se laisser tomber sur son lit. Elle enroula l'une de ses mèches blondes autour de son doigt et un soupir se fit entendre dans la chambre des deux jeunes filles.
— Ouais, je me souviens de Chang Haneul... Sinon, si tu sens vraiment que Luna est mal, rappelle-lui que chaque personne sur Terre est très précieuse. On nous enferme dans un labyrinthe et on nous bourre dans le crâne que nos préoccupations doivent se résumer à des choses qui en fin de compte sont futiles. Quand on ne satisfait pas la société, on nous fait croire que notre vie n'a aucune valeur.
— Ça me rend triste de constater que tu as raison. L'avis des regards extérieurs nous préoccupe, qu'on le veuille ou non. Je me demande souvent comment tu fais pour t'en éloigner avec tant d'aisance.
— C'est peut-être parce que comme toi je crois à une vie après la mort. Mais tu sais, je ne pense pas qu'il faille obligatoirement avoir des croyances particulières pour avoir conscience de la valeur d'une vie.
Lorsque Hinata ouvrit la bouche pour lui répondre elle sentit son téléphone vibrer dans l'immense poche de son sweat. Elle jeta un coup d'œil sur son smartphone et ses yeux s'écarquillèrent.
— C'est qui ? s'enquit Hana.
— À ton avis ?
— Luna ?
— Ouais, elle veut absolument me voir cette après-midi.
— Bon bah, préviens maman. Moi, j'ai de l'infos qui m'attend. Je déteste l'infos. C'est vraiment de la merde.
La blonde se redressa et lorsqu'elle passa près de sa petite-sœur elle en profita pour l'observer avec une lueur de tendresse décelable dans ses pupilles.
— Au fait, t'as pas intérêt à changer ton alimentation à cause des paroles qu'un débile a pu dire hier soir.
La brune esquissa un large sourire.
— T'inquiètes pas ça ne risque pas d'arriver. J'aime beaucoup trop mes céréales du mercredi matin !
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GONE DAYS
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— Bon j'y vais, à toute à l'heure ! s'exclama Hinata en passant la bandoulière noire de sa pochette sur son épaule.
— À pluch, lui répondit sa sœur avec la bouche encore pleine de pain.
Avec son chignon blond qui n'avait même pas une once de discipline et ses immenses lunettes rondes sur lesquelles se reflétaient le halo bleuté de l'écran de son ordinateur portable, Hana n'avait rien à envier au bon vieux cliché du geek.
— Tarde pas trop et passe le bonjour à Luna, prit soin de préciser sa mère.
— Ça marche ! Kaito tu veux que je te prenne quelque chose ? Je vais au Starbucks ! hurla-t-elle en espérant que son frère pourrait l'entendre depuis sa chambre.
— Muffin avec des pépites de chocolat !
— Quand ça parle de bouffe il est déter' lui, fit remarquer Hana en haussant les sourcils.
— Tu m'étonnes ! Depuis hier soir il arrête pas de dire qu'il a besoin de manger des trucs bons pour oublier le goût écoeurant de ce qu'on a mangé chez les Wang.
Les deux sœurs se regardèrent et sans surprise elles se mirent à rire en pensant aux propos du benjamin de la famille.
Il était bientôt treize heures et Hinata décréta qu'elle ne devait pas attendre une seconde de plus pour quitter l'appartement et s'aventurer dans les rues de Séoul. Elle enfila son casque avant de faire défiler sa playlist dont l'unique spécificité était de ne contenir que des mélodies qu'elle avait entendu dans ses animés favoris. Sans surprise, le trajet en bus fut un peu trop court à son goût. Elle aurait aimé s'attarder sur l'observation du ciel azuré, parsemé de plusieurs amas de nuages dont les formes semblaient tenter d'imiter les contours de plusieurs choses connues. Coexistant avec eux, le soleil offrait un magnifique privilège à Séoul : celui d'être illuminé par ses multitudes de rayons. Hinata aimait bien rester seule et s'occuper en observant la vie et la beauté de la nature, tout en se laissant aller à de douces symphonies.
Mais dès qu'elle vit le bus se rapprocher de son lieu de rendez-vous, sa bulle éclata.
Le Starbucks Coffee soigneusement sélectionné par Luna avait la particularité de ne pas être fréquenté par une grande quantité de la population. La brune ne tarda pas à repérer son amie qui l'attendait à quelques pas de l'entrée. Cette dernière vêtue d'un manteau gris, d'une jupe à carreaux évasée et d'une jolie paire de bottes noires, s'empressa de lui faire signe de la main.
— On prend sur place ou à emporter ? demanda Hinata dès qu'elle l'eut rejoint.
— Sur place, répondit Luna. J'ai une tonne de choses à te raconter.
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GONE DAYS
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Hinata n'aurait jamais su dire pour quelle raison précise sa sœur et elle raffolaient des Machiattos. Dès qu'elle eut posé son verre sur la table en bois située près de la fenêtre qui leur donnait une vue sur l'extérieur, la jeune Suzuki lança un regard discret en direction de son amie. Sans surprise, les prunelles ébènes de Luna - qu'elle avait pris soin de bien mettre en valeur avec un maquillage sophistiqué - ne laissaient planer aucun doute sur son état moral.
— Comment va ta tante ? demanda son amie tout en remuant la paille immergée dans sa boisson à la fraise.
Pendant quelques secondes Hinata fut tentée de lui demander depuis quand est-ce qu'elle était devenue soucieuse du bien-être de sa tante. Puis, elle ne tarda pas à se rappeler du mensonge qu'elle avait impitoyablement balancé à Luna, juste la veille, quand celle-ci lui avait demandé si elles pouvaient s'appeler.
— Ça va, elle va beaucoup mieux ! Et toi ? Tu m'as pas trop l'air dans ton assiette...
— Ça se voit tant que ça ? Ne me dis pas que j'ai des cernes horribles, pitié..., balbutia-t-elle en effectuant une moue boudeuse.
Il aurait été difficile de dire qu'elle ne ressemblait à rien avec ce sublime pull jaune et son béret de la même couleur.
— Non, non t'inquiètes pas. C'est juste que t'as pas l'air super happy, c'est tout.
Après ça, aucune d'elles ne prit de nouveau la parole et Hinata en profita pour savourer une gorgée de son Macchiato. Les lieux étaient animés par plusieurs bruits de fond tels que des sons de conversations ou le tintement de certains ustensiles.
Luna lâcha un soupir tout en baissant la tête.
— Je ne sais même pas par où commencer, dit-elle.
« Et pourquoi pas Shin ? »
L'adolescente ne tarda pas à se gifler mentalement. Le jeune homme n'était peut-être nullement impliqué dans toutes ces choses qui semblaient torturer son amie.
— C'est les examens ?
— J'aurais tellement aimé que ça ne soit que ça.
À cet instant, Hinata n'avait vraiment plus de doutes : Luna n'allait pas bien. Quand elle entendit son amie commencer à sangloter, ce fut la panique. Elle ne savait jamais ce qu'il fallait faire devant une personne qui fondait en larmes. Elle ignorait complètement ce qui était attendu d'elle. Pourtant, les larmes n'étaient pas des choses si inconnues pour la Suzuki. Depuis sa plus tendre enfance, elle avait développé l'étrange habitude de pleurer au moins trois fois par mois.
Désespérée et attristée, la jeune fille se contenta de glisser un paquet de mouchoirs en direction de celle qui lui faisait face. Cette dernière, qui demeurait tête baissée pour que nul ne puisse avoir une vue sur les larmes qui souillaient son visage, murmura un faible "merci" avant de se moucher avec une discrétion exemplaire.
Hinata sentait que les mots qui se bousculaient dans son esprit avaient de plus en plus de mal à rester à la frontière de ses lèvres. Elle hésitait, ignorant comment elle pouvait demander à Luna - de la meilleure façon qu'il soit - si Shin était lié à sa peine.
— Je ne t'oblige pas à me dire ce qui ne va pas commença-t-elle. Mais, sache que si tu as besoin d'aide je suis là.
Après avoir reniflé une énième fois, la jeune femme installée en face d'elle redressa son petit visage.
— Merci beaucoup Hinata. Je savais que je pouvais compter sur toi. T'es vraiment une personne géniale. En fait... Ça fait presque sept mois que je garde pour moi une chose qui ne cesse de me hanter. Chaque jour, chaque heure, chaque seconde. J'ai l'impression de devenir complètement folle.
Elle fit une pause pour prendre le temps de siroter sa boisson. Son geste relevait sans aucun doute d'un pur et simple mécanisme, il suffisait de la regarder pour deviner qu'elle ne semblait pas du tout attirée par ce breuvage écarlate surplombé de glaçons.
— Avant que je te dise quoique ce soit, il faut que tu me promettes de garder ça pour toi. J'ai vraiment besoin de ton aide Hinata, je pense qu'il n'y a que toi qui puisse m'aider.
— Fais-moi confiance. Je ferais tout pour t'aider à aller mieux.
— Merci.
Luna reprit sa posture droite, mais ses yeux demeuraient toujours baissés.
— Tout a commencé la nuit du vingt septembre...
Donc, la nuit où avait eu lieu à Gangnam l'incendie qui avait coûté la vie à Meng Wang.
Bien que je ne sois pas très fan de ce chapitre, je suis dans l'obligation de vous confier qu'il est sans aucun doute l'un des plus importants de l'histoire. Dès celui-ci, vous pouvez normalement être en mesure d'émettre des premières théories...
Mais qu'est-ce que Luna a bien pu dire à Hinata ? D'ailleurs, pourquoi avoir choisi cette dernière pour confidente ?
Je profite de cette petite note d'auteur pour remercier ceux qui prennent la peine de voter et de commenter. Vous n'êtes pas aussi nombreux que dans LMDH, mais même si vous formez seulement un petit groupe de 4-5 personnes, sachez que je suis heureuse de rédiger cette histoire pour vous ! Promis, si j'ai la chance de finir la rédaction de cette fiction, je ne vous oublierai pas dans les remerciements !
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