3 - People come and people go
Dédié à shwbcfj, qui laisse toujours deux-trois petits mots qui me font comprendre qu'elle s'est plongée dans mon histoire pendant quelques instants.
3 - People come and people go
| HINATA |
Hinata avait toujours trouvé que sa grande-sœur Hana avait de très beaux cheveux. Cependant, cette dernière était souvent préoccupée par plusieurs affaires, de ce fait, l'entretien assidu de sa chevelure n'était clairement pas l'une de ses priorités. Mais cette fois-ci, elle avait décidé de fournir un minimum d'efforts en faisant appel aux talents de sa cadette. Ainsi, munie d'un regard sérieux et d'une grande dextérité, Hinata coiffait sa sœur en espérant qu'elle parviendrait à bien mettre en valeur sa coupe carré.
— Je peux te couper quelques pointes ? demanda-t-elle.
Occupée à pianoter des messages qu'elle envoyait à Kane, Hana conserva le silence et se contenta d'hausser les épaules. Sa sœur ne tarda pas à interpréter ce geste comme une réponse positive, et très vite, elle attrapa sa paire de ciseaux. Fourches et pointes abîmées n'échappèrent pas à son regard d'expert. Elle regardait avec une certaine fascination les mèches blondes qui tombaient sur le tissu noir qu'elle avait jeté sur les épaules de son aînée avant de la coiffer. Elle n'avait aucun mal à d'ores et déjà visualiser l'effet wavy qu'elle pourrait créer avec la chevelure d'Hana.
— Purée ça m'énerve ! s'exclama soudainement la plus âgée.
— Qu'est-ce qui t'arrives ? s'enquit sa petite-sœur. Le dîner ? Ne t'en fais pas...
— Ne me dis surtout pas que tout va bien se passer parce que tu sais aussi bien que moi que c'est faux. Complètement faux. F.A.U.X.
La brune fit de gros yeux en entendant sa sœur épeler chaque lettre du dernier mot qu'elle venait de prononcer. Pour Hinata, il n'y avait plus de doutes possibles : Hana n'était pas d'humeur à sympathiser avec les Wang. Mais peut-être que ceci n'avait rien de surprenant lorsqu'on savait quel comportement exécrable avait eu Shin envers eux quand ils étaient un peu plus jeunes.
— Je les déteste, reprit Hana.
— Je sais.
— Toi aussi, non ?
Elle conserva le silence. En réalité, elle ne savait pas. Hinata se demandait si elle avait le droit de les détester. Ils avaient quand même subi une chose horrible.
— Ne me dis pas que t'as pitié d'eux..., soupira sa sœur.
— Tiens ! Kane est redevenu brun ! s'exclama-t-elle en lançant un coup d'œil à la photo affichée sur l'écran du smartphone d'Hana. Ça lui va super bien ! Je suis sûre que Tata est contente de savoir qu'il a plus les cheveux roses ! D'ailleurs, en parlant de cheveux, je me demandais si...
— Meuf, t'es vraiment pas douée pour changer de sujet.
— Bon ok..., bredouilla-t-elle.
Hinata ne savait pas par où commencer. En réalité, cela n'avait rien d'exceptionnel : Hinata ne savait jamais par où commencer. L'élève qui devait gribouiller sur une centaine de brouillons avant d'enfin dénicher la bonne amorce pour l'introduction de sa dissertation, c'était elle.
Alors sans surprise, elle ne savait pas comment dire à sa sœur que ce n'était pas le moment d'être colérique et aussi dangereuse qu'un volcan sur le point d'entrer en éruption. De même, elle était incapable de lui dire qu'une ribambelle de sentiments étranges lui serraient le cœur lorsqu'elle pensait à Shin. La simple évocation du prénom de ce dernier parvenait à la faire trembler de peur. L'accident dont avaient été victimes les Wang lui faisait prendre conscience de la vulnérabilité humaine. Cette famille était sans aucun doute l'une des plus riches du pays, mais leur fortune n'avait pas été en mesure de leur ériger une défense face aux aléas de la vie.
— En fait, reprit-elle, je pense que...
— Que quoi ?
— Oui, je les déteste aussi, mentit-elle. Mais ce n'est plus la peine de râler Hana. C'est trop tard maintenant, dans deux heures on y est normalement.
Les choses étaient faites, ce terrible dîner semblait inévitable, et désormais elles devaient juste se contenter d'affronter cette épreuve avec patience.
— D'ailleurs, reprit Hinata en passant plusieurs coups de peigne sur la chevelure qu'elle maniait, maman m'a chargée de te dire qu'elle comptait sur toi pour ne pas plomber l'ambiance du dîner.
Et voilà, c'était dit. Expédié. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à endurer la réaction de sa grande-sœur. Et au vu du haussement de ses sourcils sombres - qu'elle avait remarqué grâce au miroir positionné juste en face d'elles - et la façon dont elle avait incliné la tête avant d'entrouvrir légèrement ses lèvres, il n'était pas nécessaire d'avoir les capacités d'analyse d'un mathématicien pour deviner que sa réaction ne serait pas très belle.
— Quoi ? lança Hana.
— S'il te plaît...
— Mais c'est vraiment une blague ! S'il se tient à carreaux, et je dis bien s'il se tient à carreaux, le dîner aura peut-être des chances de bien se passer. Mais ne va pas croire que je suis cruelle Hinata, poursuivit-elle. Je veux juste faire comprendre à maman qu'elle n'a plus intérêt à accepter ce genre de propositions. C'est complètement insolite ! Même Minho a peiné à me croire, tu réalises ?
— Enfin bref, regarde ! s'enthousiasma Hinata en espérant encore une fois changer de sujet. J'ai fini ! Alors, t'en dis quoi ?
Sa grande-sœur se pencha en avant et contempla son nouveau reflet avec une certaine admiration. Sa chevelure qui avait pour habitude de s'arrêter au niveau de ses épaules, était devenue légèrement plus courte en raison des ondulations qu'elle formait. Elle passa quelques mèches derrière son oreille, mettant ainsi en évidence les trois anneaux qu'elle portait au niveau du cartilage.
— J'en dis que t'es vraiment talentueuse petite.
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GONE DAYS
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La brune déposa son béret gris au dessus de son crâne. Puis d'un geste, elle lissa les plis imaginaires de sa longue robe bustier - qui était d'ailleurs de la même couleur que son couvre-chef - qu'elle avait pris la peine d'embellir par le biais d'une ceinture au niveau de la taille. Elle vérifia qu'aucune tâche ne maculait les manches de cette chemise blanche portée juste en dessous de ladite robe et elle poursuivit en réajustant son col. Des bottines sombres habillaient ses chevilles fines et avaient le mérite d'être assez confortables.
— Hina t'es prête ? On y va !
La fille aux longs cheveux noirs s'empressa d'attraper son manteau en entendant retentir la voix de sa sœur. Cette dernière, déjà prête et munie des clés de la voiture, l'attendait dans la salle de séjour. Lorsque Hinata la rejoignit, elle ne put s'empêcher d'admirer cette espèce de nonchalance élégante qui était si propre à son aînée.
— T'en as pris du temps ! fit remarquer Hana en se dirigeant aussitôt vers la sortie de l'appartement.
— Désolé, je savais vraiment pas quoi mettre. Les autres sont déjà dehors ?
— Ouais ils nous attendent devant la voiture, répondit Hana tout en luttant avec la porte grinçante pour bien la fermer. T'as pas laissé la fenêtre de la chambre ouverte j'espère ? ajouta-t-elle en enfonçant la clé dans la serrure.
— Non, t'en fais pas !
— Génial. Vas-y, commence à avancer.
Hinata se mit donc à descendre les escaliers en essayant tant bien que mal de faire abstraction des pulsations assourdissantes de son cœur. Ce qu'elle ressentait n'avait rien à envier à cette sensation désagréable qui venait l'étreindre lorsqu'elle était sur le point d'accomplir quelque chose qui avait le don de la terroriser. Quelque chose comme parler en public par exemple.
Elle eut à peine quitté le bâtiment qu'elle sentit son téléphone vibrer dans sa main. À cet instant, tout ce qu'on aurait pu dire à la jeune fille lui aurait paru vide et sans intérêt. Cependant, dès qu'elle eut quitté l'immeuble elle prit quand même la peine de vérifier qui venait de lui envoyer un message.
Elle sursauta avant de s'arrêter au beau milieu du trottoir.
💬 Luna ❤
Coucou Hina, t'es disponible ce soir ? J'aimerais bien t'appeler...
18h36
💬 Hinata
Nn dsl on va rendre visite à une tante qu'est récemment sortie de l'hôpital. Tout va bien ?
18h37
💬 Luna ❤
Ok pas de soucis. Passe une bonne soirée.
18h39
Alors qu'elle était déjà stressée et angoissée par le fameux dîner auquel elle se rendait, Hinata commençait à s'inquiéter pour son amie. Luna n'était pas du genre à s'exprimer si peu et encore moins de façon froide. De ce fait, l'adolescente de dix huit ans ne tarda pas à imaginer des scénarios terribles.
Cependant, la brune fut arrachée de ses pensées mornes lorsqu'elle entendit un petit bruit régulier qu'elle reconnut aussitôt comme étant le rebondissement d'un ballon de basket.
— Hinata ! s'exclama une voix qui était loin de lui être inconnue.
Hana lâcha un juron derrière elle, tandis que ses parents saluaient une personne dont elle avait déjà une idée de l'identité. Très vite, son père, sa mère et Kai les rejoignirent sur le trottoir.
Flanqué d'un t-shirt noir qu'il avait imbibé de sueur, Minho venait d'arrêter sa course pour se camper devant les membres de la famille Suzuki. Sa respiration était légèrement saccadée, de la chaleur s'échappait de tous les pores de sa peau, sa chevelure humide tombait sur son front et carressait la courbe de ses longs cils ébènes. Muscles tendus et regard brillant, Lee Minho était débordant d'énergie. Hinata le regarda avec gentillesse et parvint même à lui offrir un léger sourire. Le garçon ne se fit pas prier pour lui adresser un clin d'œil.
— Vous allez où comme ça ? demanda-t-il en secouant son t-shirt, sûrement dans le but de s'éventer un petit peu.
— T'as vraiment une mémoire de poisson rouge, grogna Hana.
Il haussa les sourcils lorsqu'il remarqua la présence de la blonde qui le toisait avec dédain.
Hinata n'aurait su dire si elle avait rêvé, mais il lui semblait que Minho avait cligné des yeux à plusieurs reprises en croisant les pupilles sombres d'Hana. Il peinait sans aucun doute à reconnaître sa voisine. Si la cadette des Suzuki avait pour habitude de faire attention à ses vêtements, on ne pouvait pas en dire autant de l'aînée qui n'hésitait pas à porter des sweats chaque jour de la semaine. De ce fait, il devait probablement être très étonnant de voir Hana Suzuki derrière un joli manteau marron et élégant. De plus, elle avait laissé tomber ses lentilles de contact pour remettre ses lunettes de vue ronde, qui lui avaient toujours procuré ce petit air d'intellectuelle qu'elle avait longtemps arboré au début de son adolescence.
— Comment tu vas Minho ? demanda Kaori Suzuki. Tu sors du sport ?
— Très bien merci ! Oui, j'ai réussi à négocier avec mon équipe pour qu'on fasse notre entraînement un peu plus tôt. Vu que vous n'êtes pas là fallait que je libère ma soirée pour les chats.
— Encore désolé de t'avoir prévenu un peu trop tard !
— Ce n'est pas un problème, comme vous pouvez le voir j'arrive toujours à trouver des solutions.
— Ouais, ouais, bon nous on s'en va, lâcha Hana.
Un éclair de malice fusa dans les prunelles sombres du jeune coréen.
— Mais c'est qu'elle est pressée de revoir son meilleur ami Shin.
Oh non.
— Peu importe..., reprit-il, Hinata, tu fais toujours des photos ?
— Ah ça oui ! répondit son père à sa place.
Un large sourire se dessina sur le visage du jeune brun.
— J'aurais un petit service à te demander, bien-sûr, tu n'es pas obligée d'accepter.
Elle dut se faire violence pour ne pas froncer des sourcils, ou du moins, pour ne pas laisser une expression des plus étranges se dessiner sur son faciès. Du coin de l'oeil, elle remarqua qu'Hana s'était arrêtée devant la portière de la voiture, et qu'elle rivait sur eux un regard qui était loin d'être doux.
— Tu veux qu'elle te prenne en photos c'est ça ? demanda Kaito. Hana a raison, tu passes vraiment tes journées à faire le beau.
Minho haussa les sourcils, visiblement surpris des propos du gamin de quinze ans.
— Euh, Kai, tu devrais te calmer parce que je te rappelle que j'ai le double de ton âge, auquel tu enlèves neuf.
— Ne fais pas attention à ce bonhomme, il devient aussi violent qu'Hana, plaisanta le père de l'adolescent avant de poser une main affectueuse sur l'épaule de son fils qui faisait la moue.
Hana commençait sans aucun doute à perdre patience, pensa Hinata.
— Alors, qu'est-ce que tu voulais me demander ? osa-t-elle prononcer.
— Avec l'équipe on a un match samedi soir, commença-t-il. Chan et le coach ont pensé que ça pourrait être cool de rénover les réseaux sociaux et le site du club. Du coup on s'est dit que ce serait sympa de prendre des photos durant certains matchs. Et tu devrais te sentir flattée, parce que j'ai pensé à toi !
— Super ! s'exclama Kaori en passant une de ses mèches brunes derrière son oreille. En plus ça fait tellement longtemps qu'on n'est pas venus te voir jouer !
La petite sœur d'Hana baissa les yeux. Un malaise étrange venait de s'immiscer en elle.
— Et tu seras payée, prit soin de préciser Minho. Tu peux toujours refuser hein, je comprendrais...
— Voyons, commença le père d'Hinata. Si nous sommes d'accord, elle n'a aucune raison de refuser.
— Tu sais que c'est un peu bizarre ce que tu viens de dire ? fit remarquer Kai en se tournant vers Kenzo Suzuki. On dirait qu'elle n'a pas le droit à la parole.
— Peu importe, c'est d'accord, répondit Hinata en prenant son courage à deux mains.
Ses parents voulaient qu'elle accepte, sans doute parce que ceux de Minho leur avaient déjà rendu plusieurs services, et aussi parce qu'on lui avait toujours appris à faire preuve d'une serviabilité exemplaire envers les personnes du voisinage. Elle imaginait d'ores et déjà les propos que ses parents auraient tenu envers elle si elle avait osé dire haut et fort qu'elle n'était pas d'humeur à se rendre dans un stade plein à craquer pour prendre en photos des basketteurs nageant dans leur sueur.
— Oh, Hana viendra avec toi bien-sûr, précisa la mère de l'adolescente.
— Pardon ? lâchèrent simultanément Minho et la concernée qui avait par ailleurs prêté une oreille attentive à toute la conversation.
— Oh, ne commencez pas avec vos chamailleries tous les deux, fit le père en levant les yeux au ciel. Sinon je me ferais un plaisir de vous rappeler les choses les plus ridicules que vous avez faites ensemble quand vous étiez tous petits et encore amis.
Hinata se mordit la lèvre inférieure. D'où elle était, elle semblait être en mesure de sentir la houle d'émotions qui devaient sans aucun doute assaillir Hana. Colère, incompréhension et révolte. Ses parents, mais aussi ceux de Minho, avaient tendance à prendre à la légère cette haine qui s'était immiscée entre les deux jeunes gens. Nul n'avait vraiment tenté de savoir pourquoi le regard d'Hana se voilait de colère lorsqu'elle croisait celui de Minho, de même que peu avaient cherché à comprendre pourquoi celui de ce dernier se munissait d'un vêtement de malice et de condescendance.
— Bon, on y va ? râla Kai en fourrant ses mains dans les poches de son bombers.
— C'est quand vous voulez ! s'exclama Hana qui faisait les cent pas devant la voiture.
— Ça nous a fait très plaisir de te voir Minho ! dit Kenzo Suzuki tandis que le brun esquissait un léger sourire.
— À samedi du coup ? balbutia Hinata.
— À samedi ! Et merci beaucoup !
En s'éloignant, la jeune brune ne put s'empêcher de laisser une ribambelle de questionnements se mettre en place dans son esprit. Outre le fait qu'il avait la mauvaise manie de mettre sa musique à un volume un peu trop élevé, et de se faire des compliments à longueur de journée, Lee Minho était loin d'être un garçon méchant. Hinata se souvenait avec clarté de cette période où elle le voyait tous les jours à la maison, et que Hana et lui s'amusaient à toquer à la porte des voisins avant de partir en courant. Elle les observait, en se demandant si un jour elle parviendrait à s'amuser autant qu'eux. À l'école primaire, lors de la récréation, Minho venait parfois la voir pour partager son goûter avec elle. C'était stylé d'avoir un ami qui était dans la classe des grands.
Puis, lorsque Hana et le jeune garçon étaient entrés au collège, les choses avaient commencé à changer. C'était à cause du temps, disaient leurs parents. Peut-être qu'ils n'étaient plus en mesure de se comprendre... Alors Hinata avait mis en place le raisonnement suivant : après avoir passé tant de temps accrochés l'un à l'autre, Minho et Hana étaient voués à se séparer pour mieux s'épanouir. Peut-être que les gens se rencontraient pour se séparer.
Peut-être qu'ils n'avaient plus rien à se donner.
Mais, elle avait très vite réalisé qu'elle s'était trompée. Des remarques, des insultes, des critiques... Telles étaient les choses qu'ils se donnaient aujourd'hui.
— Tu vas prendre son équipe en photos samedi ? grogna sa sœur en ouvrant la portière côté conducteur.
— Oui, répondit-elle tout simplement. Je suis désolée de t'infliger ça.
— Je commence à avoir l'habitude, soupira-t-elle.
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