19 - Stray cat - part.2
19 - Stray cat - part.2
| JISUNG |
D'où il était Jisung n'eut aucun mal à voir le tremblement auquel étaient sujettes les mains de Minho. Ce fut avec crainte que ses doigts fins s'emparèrent d'un sac troué, entièrement fait de toile. Le jeune Han sentit que son souffle s'était coupé. Il n'osait pas s'approcher. Il était effrayé à l'idée de découvrir une image horrible, qui allait sans aucun doute anéantir et réduire en lambeaux le cœur de son ami.
— Y a Soonie là-dedans ? osa demander Hana.
— Seigneur..., souffla Chan avant de plaquer une main contre ses lèvres.
Puis, Minho ouvrit le sac.
— Non, ce n'est pas Soonie.
En effet, était contenu dans ce sac un chaton au pelage tigré, recroquevillé sur lui-même. Si les souvenirs de Jisung étaient bons, Soonie était un peu plus grande, il lui semblait qu'elle avait presque dix ans.
— Mais alors il est à qui ce chaton ? s'offusqua Jisung. Il est mort ?
Si jusqu'à présent Minho n'avait donné aucun aperçu de ses émotions, cette fois-ci il semblait dans l'incapacité de dissimuler sa tristesse. Ce fut avec douceur et dextérité que le voisin d'Hana se mit à tâter le petit animal.
— Non, il n'est pas mort, répondit-il en le prenant dans ses bras. Mais il est sans aucun doute blessé, j'ai l'impression qu'il y a un problème avec sa patte.
— Faut vite l'emmener chez le vétérinaire ! lança-t-il.
— Peut-être qu'il serait plus judicieux de l'emmener dans un centre spécialisé pour les animaux maltraités, suggéra Chan. J'en connais un pas très loin.
— Ok, on y va, conclut Hana.
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GONE DAYS
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Minho avait offert des caresses au petit chaton pendant tout le trajet. D'où il était, Jisung voyait bien qu'Hinata ne pouvait s'empêcher de se retourner pour lancer des coups d'œil discrets en direction de l'animal. Son regard en disait long et laissait à comprendre qu'elle avait complètement craqué pour la petite boule de poils. Les cinq jeunes gens avaient deviné qu'Ariane désirait leur faire comprendre qu'elle était capable de ne faire preuve d'aucune pitié envers Soonie.
— Cette histoire de Catnapping commence à aller loin, fit remarquer Jisung. Je ne pense vraiment pas que ce soit l'un des garçons. Hyunjin est allergique aux poils de chat, Jeongin et Seungmin seraient incapables de faire du mal à une mouche. Puis, je vois vraiment mal Changbin et Félix faire un truc du genre.
— Mais c'est sans aucun doute une personne de votre environnement, ajouta Hana.
Ça, Jisung n'en doutait pas. Ses mains étaient moites, il était légèrement angoissé. Au même moment, il sentit les doigts de Chan effleurer discrètement les siens. Puis, un bout de papier se trouva dans sa paume. Il avait compris. Alors, il déplia la petite feuille blanche en faisant de son mieux pour que ni Hana ou Hinata ne remarquent quoi que ce soit. Pour couvrir le bruit du papier, l'aîné de la bande se mit à regarder une vidéo sur son smartphone en faisant mine d'avoir oublié de brancher ses écouteurs.
— Oups ! s'exclama-t-il. Désolé !
— Tu joues avec le feu toi, plaisanta Minho. Notre conductrice ne veut pas qu'il y ait du bruit dans sa voiture.
Pendant ce petit échange, Jisung baissa les yeux et lit le mot avec une boule d'appréhension coincée dans la gorge.
« Lorsque je vous vois j'ai du mal à faire la distinction entre vengeance et justice. Estime-toi chanceux Minho, ce chaton aurait pu être Soonie.
Ariane. »
Comment ne pas écarquiller les yeux à la lecture de ces mots terrifiants ? Jisung avait toujours été un maître dans l'art et la manière de dissimuler la douleur ou la peine. Mais cette fois-ci il était forcé de s'avouer vaincu. Il était dans l'incapacité de mettre un voile sur la peur qui le consumait. Il déglutit. La personne qui avait pris un malin plaisir à se nommer Ariane était au courant de tout.
— Il n'y avait que le chaton dans le sac ? demanda Hinata dont les yeux étaient rivés sur le paysage nocturne.
Calamité. S'il avait pu, Jisung aurait hurlé. Incapable de mentir à celle qu'il considérait comme sa bien-aimée, il conserva le silence tout en jetant un regard paniqué en direction des deux garçons assis à côté de lui.
— Non, il n'y avait rien, mentit Minho avec brio.
— Vous ne pensez pas qu'on devrait appeler la police ? suggéra la cadette des Suzuki.
Surtout pas.
— À mon avis ils ont mieux à faire que de chercher un Catnappeur, répondit Chan.
Jisung sentit son cœur souffler de soulagement. Leur leader venait de leur sauver la mise.
Après qu'ils eurent confié le chaton à un refuge pour animaux, Jisung et Chan étaient enfin de retour dans l'appartement de ce dernier. À peine arrivés, les deux garçons se lancèrent un regard consterné avant que le plus âgé ne se frotte le visage et fasse comprendre qu'il avait besoin d'une bonne douche froide pour se remettre les idées en place. Dès que l'aîné s'enferma dans la salle de bains, Jisung en profita pour s'emparer de son smartphone et chercher un nom dans ses contacts. Un nom qu'il haïssait avec ardeur. Après avoir soufflé un bon coup, il appela Jaewon.
— Jisung ? s'étonna le trentenaire. Pourquoi tu m'appelles ? T'es bourré ou quoi ?
Il leva les yeux au ciel et se retint de soupirer. Le garçon avait conscience que pour son bien, il était préférable qu'il s'exprime avec calme et politesse. Mais, c'était plus fort que lui : la voix de cet homme l'irritait.
— Est-ce que maman est à côté de toi ?
— Non.
— Bien, alors arrête ça, lança-t-il. C'est toi qui a enlevé le chat de Minho ? Qu'est-ce que tu veux ? Dis-moi, mais je t'en supplie laisse mon pote tranquille.
— Quoi ? Attend petit... J'ai mal entendu. Mais qu'est-ce que tu me racontes en fait ?
Jisung se hâta de lui résumer l'histoire en quelques mots, puis non sans avoir rit, le fiancé de sa mère prononça les paroles suivantes :
— Tu penses vraiment que je n'ai que ça à faire ? Enlever une boule de poils ? Mais pour qui tu me prends au fait ? lança-t-il en un rire. Si j'ai envie de te faire chanter, pas la peine de faire la misère à tes potes. Je n'ai qu'à te rappeler que je pense savoir la vérité, et qu'il me suffit de la dire pour briser ta vie et celles de tes beaux petits camarades.
En proie à la colère, Jisung sentit son poings se serrer. Il se laissa tomber sur le lit de son ami, les yeux larmoyants.
— Tu n'as aucune preuve Jaewon..., dit-il. Tu n'as aucune preuve. Tu nous accuses de quelque chose que l'on n'a pas fait.
— Toi et moi savons très bien que tu mens, dit-il d'un ton décontracté. Dans le fond, t'as raison : je n'ai aucune preuve pertinente. Mais je suis flic et crois-moi, des preuves, je n'en n'ai pas besoin pour vous ramener en taules.
— T'es vraiment l'homme le plus injuste et le plus excécrable que je connaisse.
Et il raccrocha, conscient que ses derniers mots crachés avec véhémence allaient lui porter préjudice dès qu'il serait de retour chez lui. Mais à cet instant il s'en fichait éperdument. Ses larmes faisaient briller ses prunelles ébènes, mais à aucun moment elles ne s'offrirent le luxe de glisser le long de ses joues. Il renifla.
En entendant Chan quitter la salle de bains, il se sentit un peu plus rassuré. Il n'était pas seul. Il se mit à observer la chambre de son ami, et il prit conscience que c'était un endroit dans lequel il était en mesure de trouver bien-être et sécurité.
Il était toujours heureux lorsque avec l'aîné, il s'amusaient à se laisser tomber sur des poufs avant de regarder des films sur Netflix. La nuit, Jisung était du genre à s'endormir en quelques secondes, mais il savait que Chan était toujours bercé par de douces insomnies. Il était sans aucun doute l'un des rares insomniaques de ce monde à pouvoir se vanter d'avoir un teint frais et un regard toujours aussi vivant et pétillant.
Jisung commençait à s'enfoncer dans le tourbillon de ses pensées lorsqu'il remarqua une pile de livres dans un coin du bureau de son ami.
— J'y crois pas ! s'exclama-t-il dès que ce dernier fit son entrée dans la pièce. T'as gardé les bouquins avec lesquels t'avais aidé Felix à mieux parler coréen ?
— Euh... Ouais ! Non, enfin c'est pas à moi. Mais bref c'est une longue histoire. Sinon, je vais envoyer un message aux gars pour qu'on mange tous ensemble lundi, ou pour qu'on se retrouve dans les jours à venir, annonça-t-il avant de croquer une poire.
— T'as raison, il faut vraiment qu'on fasse une réunion de crise.
— Ça craint, fit remarquer Chan. On est fichus là. On est très très fichus. J'ai l'impression que cette personne sait ce qu'on a fait.
Un cri de frustration s'échappa des lèvres de Jisung et il s'effondra complètement sur le lit de son ami.
— J'en ai marre ! se plaignit-il. Avoir des secrets c'est vraiment nul.
— Woah, tu t'es laissé tomber d'une façon si théâtrale que pendant quelques secondes j'ai cru que c'était Hyunjin qui était devant moi.
Jisung n'attendit pas une seule seconde de plus pour toiser son ami par le biais d'un regard meurtrier.
— Christopher Bang Chan, même le fait que tu sois mon aîné ne te permet pas de m'insulter de la sorte, énonça-t-il en pointant un doigt accusateur en direction du grand brun.
Ce dernier laissa échapper un rire avant de secouer la tête.
— Je sais que t'aimes trop Hyunjin, t'as juste du mal à l'assumer ! hurla-t-il en se dirigeant vers la cuisine.
— Mais n'importe quoi ! C'est même pas vraie ! Oui c'est ça, fuis Chan ! Fuis !
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