1 - all of the rumours, all of the fights
Dédié à taehnoir, sans qui la Team Minho n'aurait pas vu le jour aussitôt.
1 - all of the rumours, all of the fights
| MINHO |
— Baisse le son ou ferme ta fenêtre ! Et vraiment, dans le meilleur des mondes, coupe ta musique !
What ?
Un chiffon à la main, Lee Minho sursauta. Il fut tellement choqué qu'il arrêta de danser. Une grimace étrange prit forme au beau milieu de son visage et mit aussitôt en évidence l'étendue de son incrédulité. Il avança la tête et en dépit du fait qu'il était dix-neuf heures et que le soleil commençait déjà à se coucher, il fut en mesure de distinguer à quelques mètres le visage de cette maudite Hana. Après le choc, ce fut la colère et le dédain qui s'emparèrent de lui. Il pouffa de rire avant de faire un pas gracieux et de se positionner juste en face de son nouvel ordinateur portable. Clic. Il augmenta le volume.
— Non ! hurla-t-il pour être sûr de se faire entendre en dépit du son assourdissant qui résonnait dans sa chambre.
Sa voisine fut outrée. Elle fit de gros yeux avant d'effectuer un geste de recul.
— J'ai bien entendu ?
— Oui. En plus, tu me déranges pendant ma pause !
Penchée à sa fenêtre la fausse blonde agrippa ses cheveux - comme si elle était sur le point de se les arracher d'un geste - avant de laisser échapper un soupir bruyant, empli d'agacement et de rage.
— Ta "pause" ? Tu te fous de moi ? T'es en train de faire le ménage et depuis une heure mes oreilles saignent ! Tes goûts musicaux sont pou-rris !
Ah bon ? Ni une ni deux, Minho ne se fit pas prier pour avancer et se positionner en face de sa fenêtre.
— Pas la peine de t'énerver comme ça la petite émo dépressive, ok ?
— Alors, laisse-moi travailler tranquille s'il te plaît ! s'empressa-t-elle de répliquer en levant les yeux au ciel.
— On est samedi t'avais toute la journée pour le faire.
— J'avais d'autres chats à fouetter, donc écoute bien ce que je vais te dire : ta gueule.
Mais pour qui se prenait-elle ? Il était tranquillement chez lui et cette petite japonaise s'offrait le luxe de le critiquer et de lui parler comme s'il ne valait pas mieux qu'une vulgaire petite crotte. Minho la toisa avec un regard condescendant dénué de toute trace de sympathie. Il était loin d'être un garçon méchant, mais malheureusement Hana possédait une férocité qui n'avait rien à envier à celle d'un loup. Alors s'il lui montrait la face tendre de sa personne, il allait finir dévoré en un temps record.
De ce fait il décréta qu'il était temps de jouer les connards. Il lui fallait une réplique forte, dure, qui allait lui suffire pour fermer le clapet de Madame Parfaite, qui se croyait tout permis sous prétexte qu'elle était la cousine et la meilleure amie d'un certain Kane Suzuki.
Il haussa l'un de ses sourcils sombres. Voyons voir... Comment allait-il s'y prendre pour la tacler ? Des cernes violacés berçaient les prunelles obscures d'Hana, son teint légèrement hâlé n'allait pas du tout avec le blond de sa coupe carré. Pour couronner le tout, son gros sweat rouge au motifs blancs presque effacés - en raison de multiples lavages - était d'une laideur atroce. Mais bon, sur ce point, peut-être qu'il devait s'abstenir d'émettre le moindre commentaire. Après tout, il ne pouvait pas la blâmer d'être en pyjama chez elle.
Plongé dans sa petite réflexion, Minho passa sa main dans sa chevelure brune, bien lisse et sombre. Hana, Hana...
Ce n'était pas la première fois qu'elle se permettait de lui vociférer des paroles haineuses à une telle heure de la journée. Depuis qu'elle était revenue du Japon, il avait eu droit à une ribambelle de remarques désagréables. Mais cette fois-ci, il était hors de question qu'il se fasse victimiser sans broncher.
Il soupira. Elle avait quand même critiqué ses goûts musicaux. Non, c'était clair : sa voisine le cherchait. Donc, elle allait finir par le trouver.
Au bout d'une minute, alors que la jeune femme le fixait avec ardeur et détermination, une lumière fusa dans l'esprit de Minho. Mais bien-sûr ! Comment avait-il fait pour ne pas y penser plus tôt ? Cette pique marchait toujours avec elle.
Un rictus se dessina sur les lèvres du jeune coréen.
— Ne viens pas me faire chier, d'accord ? Mêle-toi de tes affaires Grincheux.
Comme par magie, le visage d'Hana vira au rouge. En réalité, le surnom qu'il venait de prononcer n'avait rien de bien méchant. Mais elle le détestait parce que c'était celui dont l'avait affublée Han Jisung, un garçon qui étudiait dans la même fac qu'eux.
Minho remarqua que ses poings s'étaient serrés.
— Tu me fais chier Narcisse, cracha-t-elle.
Puis, d'un geste violent elle referma sa fenêtre et il esquissa un joli sourire victorieux.
Minho un, Hana zéro.
Sans plus attendre il fit volte-face et poursuivit son petit nettoyage de pré-printemps. Au bout d'une vingtaine de minutes, la chambre du jeune homme était d'une propreté remarquable. Tous ses livres de cours étaient placés dans l'ordre alphabétique sur une étagère qui leur était entièrement réservée. Ses autres bouquins, qui n'étaient autres que ses lectures personnelles, avaient eu droit à une disposition similaire. Comme à son habitude il avait veillé à bien mettre en évidence les œuvres de son auteur préféré, un dénommé Keigo Higashino. Muni d'une grande précaution, il avait également pris le temps de trier et plier ses vêtements avant de les disposer dans son placard ou les entasser dans des baluchons qu'il laissait reposer en dessous de son lit.
Bien-sûr, il avait nettoyé son miroir avec un soin et une expertise remarquables, car pour Minho il était primordial de contempler son reflet – qu'il ne pouvait s'empêcher de trouver magnifique – sur une surface lisse et brillante.
– Bon bah Soonie, je pense que là je suis totalement prêt pour la rentrée ! s'exclama-t-il avant de se laisser tomber sur son lit.
Un miaulement retentit aussitôt dans la pièce.
— Comment ça je n'ai pas révisé ? Il me reste encore deux semaines je te signale, ne me fous pas la pression s'il te plaît.
Prêtant peu d'attention aux paroles de son maître qui essayait vainement d'apaiser sa conscience, le chat s'offrit le loisir de le rejoindre sur son matelas moelleux en se déplaçant avec une agilité remarquable. En quelques secondes, l'animal muni de gros yeux verts et d'un pelage roux et blanc s'était blotti contre le jeune brun. Ce dernier laissa un doux sourire se dessiner sur ses fines lèvres. Il bailla et mit un terme à sa musique en espérant que cette maudite Hana ne l'avait pas trop injurié derrière son dos.
_____
GONE DAYS
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Lundi, dix heures. Après une bonne douche et un petit-déjeuner, Minho quitta l'appartement familial non sans avoir rappelé à sa mère de bien nourrir les chats. Et sans surprise, la quadragénaire lui avait hurlé de bien travailler. Il avait plutôt intérêt.
Malheureusement, Minho fut à peine arrivé à la bibliothèque qu'il songeait déjà à en sortir. Tous les étages de l'immense bâtiment étaient colonisés par des groupes d'étudiants qui avaient le nez plongé dans leurs leçons. Cela faisait plus de dix minutes que le jeune homme déambulait entre les tables et guettait s'il n'y avait pas une place de libre. Il soupira en sentant une chaleur asphyxiante lui brûler les joues. L'air était saturé par les effluves du stress et des réflexions poussées. Cette ambiance beaucoup trop studieuse avait le don de rappeler à Minho sa sombre année de Terminale. En effet, pour avoir le luxe d'intégrer l'Université nationale de Séoul, il avait dû passer des heures incalculables en tête à tête avec ses cahiers et ses manuels. Alors naturellement, à peine entré à l'université, il s'était laissé prendre par les sombres filets de la procrastination.
En déambulant entre les rangées et les étagères pleines d'ouvrages, le jeune homme de vingt et un ans faisait du mieux qu'il pouvait pour éviter de croiser le regard de certains camarades qu'ils connaissaient. Dans moins de deux semaines, le gong tonitruant annonçant le début de sa troisième année de fac allait retentir, donc ce n'était surtout pas le moment de se plonger dans une quelconque conversation qui le ferait dévier de ses révisions.
Il ne cessait de soupirer tout en triturant l'index de sa main droite. Il espérait y sentir le contact familier d'une bague en argent. Mais excepté la légère cicatrice récoltée à la suite d'une blessure qui commençait à se faire vieille, il ne sentit rien. Il avait beau l'avoir perdu il y a environ six mois, il peinait encore à faire le deuil de ce bijoux auquel il avait accordé une grande importance.
Après de longues recherches ponctuées par des moments d'arrêts pour déclarer de jolies excuses aux étudiants dont il écrasait le sac par inadvertance, il repéra enfin une place de libre. Un léger souffle de surprise s'échappa de ses lèvres. Mais très vite, ses pupilles basculèrent sur la personne installée à quelques centimètres de cette fameuse place qui avait été tellement dure à débusquer. À la vue d'un chignon blond plus que négligé, la première pensée qui fusa dans son esprit fut la suivante : il était maudit.
Il soupira, gonfla la poitrine, et resserra l'emprise qu'il exerçait sur la bretelle de son sac.
– Bon bah, t'as pas trop le choix Minho, murmura-t-il pour lui-même.
Il avança avec assurance.
Au début, elle ne semblait pas l'avoir remarqué. Ses yeux sombres encerclés de khôl étaient rivés sur les mots qu'elle rédigeait par le biais de son stylo. Son écriture était toujours aussi minuscule et illisible. Ses lèvres rosées étaient figées en une ligne sévère qui exprimait l'étendue de son sérieux. Un sourire sardonique prit place sur le visage de Minho. Voyant que sa voisine n'avait toujours pas bougé d'un centimètre, le brun approcha son visage du sien, retira l'un de ses écouteurs et puis...
– Bouh.
Sa réaction fut immédiate. Elle sursauta, fit tomber son stylo, formula mille excuses à voix basse et enfin, elle prit conscience qu'elle avait été la victime d'une énième blague pourrie de Lee Minho.
– Narcisse..., grogna-t-elle. Qu'est-ce que tu fous ici ?
– Chut !
Les deux jeunes gens tournèrent la tête avec une parfaite synchronisation. Sans surprise, les lieux étaient tellement bondés qu'ils ne purent même pas apercevoir le visage de la désagréable bibliothécaire qui leur imposait le silence.
– Désolé, mais comme tu peux le voir quand je fais une chose tout le monde me suit. La bibliothèque va exploser, la seule place de libre est ici, chuchota-t-il.
La blonde roula des yeux avant d'émettre un soupir.
– T'as cru que t'étais le seul étudiant de Séoul ? T'avais qu'à te pointer un peu plus tôt !
– Chut !
Minho n'aurait su dire qui des « chut » ou de Hana l'irritait le plus. Cependant, la réponse à cette question n'étant pas sa priorité il sortit son ordinateur de sa pochette et l'ouvrit après avoir adressé un joli sourire à une jeune fille qui le scrutait avec intensité. Cette dernière ne tarda pas à baisser la tête, fuyant ainsi le regard du jeune homme qui semblait tant l'intimider.
— Tu n'imagines pas toute la chance que tu as Hana. Voir une personne aussi sublime que moi au quotidien...
— Ta gueule, le coupa-t-elle.
— T'es vraiment mauvaise, arrête ça.
Voyant que la jeune femme était désormais décidée à l'ignorer, Minho commença à travailler avec sérieux. La première matière qu'il avait dans le viseur était l'informatique. Étudiant en fac d'ingénierie, pour le brun, cette discipline était sans contester l'une des plus essentielles. Alors en quelques clics, il fit apparaître sur son écran une série de chiffres et de lettres qui avaient le don de le faire passer pour un très grand intellectuel auprès de tous ceux pour qui le langage informatique demeurait un mystère. Trouver les bonnes boucles, établir les bonnes listes, définir les variables avec pertinence... Tout ce travail nécessitait une minutie que Minho pouvait se targuer d'avoir en sa possession.
– Tu cherches des solutions d'équa' diff ?
Hana était donc en mesure de s'adresser à lui avec calme ?
– Oui. Je sais que c'est super simple mais j'essaie de démarrer mon cerveau en douceur.
– On dirait que toi et moi n'avons pas la même définition de "super simple", fit-elle aussitôt remarquer.
— Pas tout le monde n'a la chance d'être un génie Hana.
Cette dernière secoua la tête tout en commençant à ranger ses affaires sous le regard amusé de son voisin. Les multiples bracelets qu'elle portait aux poignets se mettaient à tinter à chaque fois qu'elle agitait ses mains. Elle retira ses écouteurs et se leva en silence avant de tâtonner son cou pour sentir sous ses doigts le contact familier de son médaillon en forme de coeur. Tout en l'observant avec discrétion, Minho pensait déjà à poser son sac sur la chaise qu'elle venait de libérer.
— Moi je m'en vais, dit-elle. Je commence à saturer ici, un petit café dans le bar d'à côté ne me fera pas de mal.
— Tu pourras lancer un regard mauvais à la bibliothécaire en sortant ? Dis-lui que c'est de ma part.
— T'es vraiment con, s'empressa-t-elle de murmurer à voix basse tout en enfilant sa veste en jean oversize. Mais vu que je l'aime pas, pour une fois, te rendre service ne va pas me déranger.
Elle semblait sur le point de s'en aller, mais contre toutes attentes elle se pencha vers lui de telle sorte que Minho fut en mesure de sentir son souffle chaud caresser son oreille. Il frissonna légèrement et ne put contenir un geste de recul.
— Shin Wang, ça te dit un truc non ? J'espère que ça te dit un truc, parce que si mes souvenirs sont bons fut un temps où on le connaissait très bien.
Son cœur loupa un battement. Toute son assurance explosa en mille morceaux.
— Euh..., bredouilla-t-il. Il est de la promo de Bang Chan, c'est ça ?
Elle fronça les sourcils à l'entente de ce nom. Ou alors elle avait froncé des sourcils pour faire comprendre à Minho qu'il ne pouvait pas la prendre pour une idiote, et qu'il était dans l'incapacité de jouer les acteurs en face d'elle. Minho déglutit avec discrétion. Il était persuadé qu'elle pouvait entendre l'allure olympique qu'avait adopté ses pulsations cardiaques. Elle était peut-être même en mesure de sentir la vitesse anormale qu'avait adopté son flux sanguin.
— Le mec qui change de couleur de cheveux toutes les semaines, précisa-t-il en espérant l'éclairer.
— Ah mais oui je vois ! Un ancien pote de Kane... Je l'aime pas ce type. Enfin bref, je te parlais de Shin Wang. Apparemment il est de retour en Corée. Je t'apprends rien en te disant qu'il était parti à Hong-Kong un petit moment. Tu sais, l'accident et tout ça...
Minho déglutit encore une fois en hochant la tête. Il faisait vraiment chaud dans cette bibliothèque.
— Hana accouche, j'ai envie de bosser.
— Très bien, alors tiens.
Elle balança au beau milieu de son clavier un trousseau de clés qu'il aurait pu reconnaître entre mille.
— Je ne sais pas ce que tu comptais faire demain, reprit-elle, mais sache que tu vas devoir te débrouiller pour t'occuper de Sonic, Dora et Donald. Ma mère ne gardera pas tes chats, et y aura personne chez moi.
— Euh... Attend ? Ça veut dire quoi ça ?
— Ça veut dire que tu vas devoir trouver une autre personne pour t'occuper de tes chats, chuchota-t-elle avec un air presque agacé.
Minho fut offusqué. Stupéfait.
— On parle de mes bébés là.
— Bah alors démerde-toi pour rester avec tes bébés d'amour.
Elle soupira, puis reprit :
— Je t'ai dit que Shin Wang était de retour en Corée, et tu sais très bien que ma mère a taffé pour sa famille, non ?
— Euh... Ouais ? Ouais.
— Alors pour leur retour, la mère de Shin nous a invité à dîner chez eux. J'espère encore que ce n'est qu'un cauchemar et que je vais me réveiller.
Et elle s'en alla, sans avoir conscience du choc qu'elle venait de provoquer chez son interlocuteur. Pris de panique, Minho referma son ordinateur et rangea ses affaires en vitesse sous les regards interloqués des personnes autour de lui. Tant pis pour ses révisions. Hana était déjà loin devant, avec ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Il n'avait plus le temps de réfléchir, il devait juste en savoir plus. Il dut courir quelques mètres pour réduire la distance qui les séparait. En le voyant du coin de l'œil, la jeune femme mit un terme à sa musique et s'arrêta au beau milieu du long couloir qu'elle devait traverser pour atteindre la sortie.
— Qu'est-ce que tu veux encore ?
Elle croisa les bras. Hana faisait souvent ça.
— Mes chats s'appellent Soonie, Dongie et Dori, et je sais que tu le sais. Ensuite, tu m'excuseras, mais j'ai du mal à réaliser que toi, tu vas dîner chez les Wang. On parle bien de cette famille pétée de thunes chez qui ta maman faisait le ménage ?
— Oui. On parle aussi du mec qui a subi une grosse opération après avoir été victime des brûlures d'un incendie. Un incendie dans lequel il a perdu son père. Sa famille a déménagé. Du coup je pense que ce dîner est aussi l'occasion pour eux de montrer à ma mère le nouvel endroit qu'elle va devoir astiquer à leur place.
Un silence de quelques secondes se mit à tournoyer autour des deux jeunes gens. Minho paraissait toujours aussi surpris mais il parvenait à dissimuler avec brio le tumulte d'émotions qui déferlaient en lui.
— Wow. Et il revient à la fac dès la rentrée ?
— À en croire les rumeurs, oui.
— Cool.
Quel mensonge. Ce n'était pas cool du tout.
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