Appartement de Maëlle, Madrid, 14h30, Lundi 13 mai 2018

- Maëlle Runner ? C'est bien toi sur la photo ? Me questionne ma mère au téléphone.

Ma mère vit sur Paris 50% de son temps, 45 %, elle le passe en voyage et les 5 % restant elle est avec nous sur Madrid... Je la vois donc très rarement. Il ne vaut mieux pas parler de mon père dans ce cas... Je ne l'ai pas vu depuis 5 mois.

- Eu... Oui

- Tu es magnifique ! Mon dieu, ma chérie, comment as tu pû arrêter le mannequinat ?!

- maman, ce n'est qu'une photo

Une des photos que j'ai dû prendre "nu" a fait la couverture du magazine vogue le lendemain. Kiara me l'a annoncé en criant au téléphone.

Ma mère continue à parler quelques minutes sur combien j'avais réussi cette photo lorsque quelqu'un sonne à la porte.

- Excuses moi maman, je te rappelle plus tard, on sonne. Bisous

- Pas de soucis, ma puce. Passe une bonne journée.

Je raccroche avec ma mère et me précipite vers la porte pour ouvrir.

- qu'est-ce que tu fais là ? Je demande à la personne se tenant derrière la porte.

- Je viens pour te parler.

- Je n'ai pas envie de te parler. Je réponds en fermant la porte derrière moi.

Je m'éloigne en direction de la cuisine lorsque cette personne se remit à sonner.

Je soupire et re ouvre la porte.

- Je t'ai dit, je ne veux pas te parler.

- S'il te plaît ! Juste 5 minutes

- Mais bordel Nathan, casses toi !

Il soupire et tourne la tête vers le couloir en se passant la main dans les cheveux.

- Je suis désolé.

- Tout comme moi de t'avoir fait confiance

- Pourquoi tu te mets dans cet état ?

- Tu m'as parlé comme si j'étais qu'une pute de plus dans ta longue liste !

- Pas du tout ! J'étais juste vexé !

Vexer ?!

- Vexer ? Tu te fous de moi ?

- Non vraiment !

Je soupire et ouvre un peu plus la porte pour le laisser pénétrer dans mon habitacle.

- Rentre, pas envie de parler ici.

Nathan me rejoint dans la cuisine en fermant la porte derrière lui et s'assoit sur un tabouret.

- Tu veux boire un truc ? Je lui demande par politesse.

- Non, ça ira.

Je me fais alors couler un café. Le silence règne dans la pièce, personne n'ose parler.

Les yeux de Nathan se posent sur le magasine posé sur le comptoir que Camilla m'a envoyé hier.

- Tu es très belle dessus.

Pourquoi il fait ça ? Pourquoi d'un coup, il est gentil pour devenir "violent" quelques minutes plus tard...

Je ne réponds pas et porte mes lèvres à ma tasse de café.

- Tu veux me dire quoi ?

- À vrai dire, je souhaitais juste m'excuser pour mon comportement, j'ai senti que ça t'as blessé.

Je hoche la tête en fixant mon mur pour éviter de croiser son regard.

J'essaie de me rappeler le moment où il m'a "rejeté", mais j'ai l'esprit vide et je ne pense qu'à une chose, embrasser cette bouche pulpeuse.

- Tu m'écoutes ? Me demande-t-il

Je lève la tête vers lui et ne dis rien.

- Maëlle, ça va ?

- Oui

Je soutiens son regard un instant puis lui lance :

- Je croyais que nous n'avions plus rien à nous dire.

Il tourne la tête et regarde par la fenêtre d'un air décontracté que je trouve plus qu'agaçant. Il peut être tout gentil comme extrêmement arrogant.

- Tu as juste dit qu'on devait arrêter de s'embrasser, que ce qu'on faisait, c'était mal

- Oui, j'ai dit ça.

Nathan pousse un petit soupir et finit par passer sa main dans ses cheveux. J'ai l'impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine. Il détourne les yeux et regarde fixement devant lui.

- Je ne comprends pas pourquoi tu dis que c'est mal, on ne fait rien de mal. Je ne vois même pas en quoi ça peut déranger ta sœur. Maëlle, tu es une adulte, tu es en âge de prendre tes propres décisions. Arrête de toujours penser aux autres, penses à toi ! Fait ce que tu veux et pas ce que tu penses que les autres voudront.

- Tu ne comprends pas.

Je suis perdue, maintenant, trop perdue.

- Alors expliques moi !

Ma colère est en train de revenir et elle est encore plus violente qu'avant.

- Sacha a toujours été là pour moi !

- Et alors ? Explique-moi en quoi m'embrasser ou même coucher avec moi changerait la reconnaissance que tu as pour elle ?

- Ca changerait tout ! Elle m'en voudrait ! Tu es le parrain d'Adella ! Tu étais là pour elle quand je ne l'étais pas. Elle n'en voudra pas à toi, mais à moi !

Nathan pousse un long soupir de frustration.

- Elle t'en voudra pour quoi ?!

- D'avoir fricoté avec toi ! Tu es comme un frère pour elle !

- Et tu es sa sœur !

- Justement !

J'ai hurlé et il soupire.

- Il n'y a aucune consanguinité !

- Non-peut-être, mais pour elle s'est tout comme !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Sacha m'aime beaucoup certes, mais je ne vois pas en quoi ça la dérangerait ! Arrête de rester sur tes gardes ! Éclate toi à la fin !

- Ne me dis pas ce que je dois faire !

J'ai crié aussi fort que lui.

- Bordel, Maëlle, me dit-il d'une voix plus calme, tu es jeune profites de la vie même si ce n'est pas avec moi, mais ne t'arrête pas sur ce que tu penses que les gens pensent. Et au pire si tu as des doutes parles leur.

Je baisse la tête sur mes mains tripotant l'élastique à mon poignet.

- Ca ne va pas ? Me demande-t-il d'un coup ne me voyant pas réagir.

- Si, si, je vais très bien. Très bien.

Mais mes yeux me trahissent et laissent couler mes larmes. Nathan s'approche de moi et me lève le menton pour que mon regard croise le mien, avec son pouce, il vient essuyer la larme coulant sur ma joue.

Ses lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres des miennes.

- Je suis désolée d'avoir ...

Nathan me coupe en posant mes lèvres sur les siennes. J'ai l'impression qu'il y a un temps fou que je n'ai pas goûté sa bouche. Il me soulève et je croise les jambes autour de sa taille, emmêlant mes doigts dans ses cheveux.