50 - We don't need to worry

La nuit étant déjà bien entamée, chacun était parti se coucher.

Mijeong avait bien tenté de négocier un autre lit que celui de la chambre de bonne, mais elle avait fini par s'y résigner avant que Jimin ne pète un câble. Il ne fallait pas trop qu'elle tire sur la corde, sans quoi son fils lui enroulerait autour du cou. 

Jimin avait lui-même opté pour la chambre d'ami pour éviter tout malentendu avec sa mère. Il ne pouvait pas risquer que Mijeong découvre qu'il partageait le même lit que Jungkook. Si cette information tombait entre les mains de sa mère, c'était la catastrophe assurée. 

Il se répétait ça sans cesse pour se convaincre de rester sagement couché, même si les draps étaient beaucoup trop vides et froids pour son goût. Il y tournait en rond, comme un hamster dans sa roue. 

Mais, tout de même, il ressentait une forme d'injuste vis à vis de cette situation. Pour une fois que Jungkook et lui dormaient au penthouse, il ne pouvait même pas en profiter ! Ce fut pourquoi, au bout d'une heure à tourner en rond dans ce lit qu'il avait autrefois volontiers occupé, il décida de rejoindre celui de l'idole.

Vêtu uniquement de son short en coton, il traversa le couloir dans le noir et sur la pointe des pieds, puis poussa la porte de Jungkook.

- Tu dors ? murmura-t-il en pénétrant dans la pièce.

Pas de réponse. Mais il décida tout de même de se glisser sous la couette de Jungkook. Le corps chaud de l'idole l'accueillit et il se blottit contre son dos nu.

- Jimin ? demanda Jungkook, une panique contrôlée dans la voix.

- Qui veux-tu que ce soit d'autre ? se moqua Jimin dans un murmure. Répond pas à ça, s'empressa-t-il d'ajouter en percutant.

Jimin était conscient que sa mère était capable de se faufiler dans le lit de n'importe qui en pleine nuit, mais il ne pensait pas que Jungkook l'avait si vite percé à jour.

Le chanteur soupira un rire soulagé à sa réponse puis se tourna afin de le prendre dans ses bras. Jimin s'y blottit un peu. La chaleur le berçait, mais pas suffisamment pour faire taire toutes ses pensées. Seul un joint y serait parvenu, mais il en était privé ; alors, bien que Jungkook semblait encore engourdi par le sommeil qu'il venait à peine de quitter, Jimin ressentit le besoin d'extérioriser ce qui troublait son esprit désintoxiqué.

- J'arrive pas à croire qu'elle soit là...

Jungkook bougea légèrement, comme s'il essayait de lutter contre le sommeil.

- Est-ce que... ça te fait plaisir ? hasarda-t-il, la voix enrouée.

La tête dans le creux de son épaule, Jimin prit une grande respiration, comme s'il allait faire un saut en parachute sans parachute.

- Non, peut-être. J'en sais rien, répondit-il finalement. Je crois que ça m'aurait fait plaisir si elle était venue sans y être obligée.

- Je vois.

Le silence revint. Même si la léthargie dont ils faisaient preuve laissait penser que Morphée les avaient attrapé, Jimin savait que ce n'était pas le cas grâce à la main qui passait doucement sur son dos. Ils somnolaient sans dormir, cogitaient sans parler.

- Merci, chuchota soudainement Jimin.

Jungkook parut comprendre que ses remerciements concernaient bien plus que le simple fait de lui faire une place dans son lit ou encore d'autoriser sa mère à rester ici. Il serra Jimin un peu plus fort dans ses bras, posa ses lèvres sur son front puis s'adressa à lui d'une voix ensommeillée.

- Je crois que maintenant que j'ai vu ta mère, je te comprends un peu mieux.

Ses mots touchèrent Jimin d'une façon indescriptible. Il chercha longuement quoi répondre, et s'endormit finalement sans avoir trouvé quoi.

****

Jimin s'était levé avant tout le monde, quittant ce lit où il ne devait être vu avant que sa mère ne se glisse hors du sien. La règle numéro trois consistait à restreindre l'accès au penthouse à certaines heures, mais, n'ayant pu l'énumérer, Jimin n'avait d'autres choix que de couvrir ses arrières, et surtout celle de Jungkook. Et il eut bien raison de prévoir le coup, car sa mère ne tarda pas à quitter la chambre de bonne, un peu avant que Jungkook en fasse de même avec son lit.

Les corvées matinales obligatoires faites pour tout le monde (à savoir s'habiller et se doucher), ils s'installèrent tous autour de l'îlot central, les yeux rivés sur le petit-déjeuner que Mijeong Park avait préparé en investissant la cuisine comme si c'était la sienne depuis toujours.

Elle avait préparé des sandwichs aux œufs frits, mais Jimin fut désillusionné de découvrir qu'ils étaient bordés de croûtes. Il les enleva en tirant dessus avec ses doigts. Jungkook faillit l'imiter, mais il faillit seulement. Par politesse et, peut-être, obligation. Sûrement.

- Bon appétit ! lança joyeusement Mijeong.

Jimin ne disait pas grand-chose. Assis en face de sa mère, il se contentait de sourire machinalement, faussement, en l'écoutant parler de tout, et surtout d'elle. Il en avait mal aux zygomatiques de faire semblant. Jungkook, à sa droite, était loin d'avoir l'air fasciné par ce qu'elle racontait, mais il l'écoutait, par politesse et, peut-être, obligation. Sûrement.

Mijeong parlait, piaillait, jasait, radotait, faisait l'intéressante. Jimin la trouvait immature malgré son âge. Mais, après tout, il n'y avait que quinze ans d'écart entre eux.

Les maris de Mijeong - tous ses maris - passèrent au détour de cette conversation qu'elle menait seule. Jimin en avait perdu le compte, mais il était sûr qu'elle avait déjà battu un record Guiness quelque part. En tous cas, à l'écouter, il avait l'impression qu'il n'y avait jamais eu personne d'autre qu'eux dans sa vie. Pas d'autre homme. Pas de fils. Pas de fille non plus.

Jungkook donnait de nombreux coup d'œil à Jimin lors de ce petit-déjeuner incongru, et ce dernier savait pourquoi. Être si silencieux ne lui ressemblait pas ; lui qui avait toujours quelque chose à dire ou une pique à balancer préférait se taire en jouant au mikado avec ses croûtes. Son château de peau de pain de mie finit par s'écrouler. Il en lâcha un soupir maussade et, plus les minutes passaient, plus il avait la désagréable impression de rendre Jungkook mal à l'aise sous son propre toit.

Pour Jimin, ce petit-déjeuner était aussi palpitant qu'un cours de mathématiques. Il croqua à peine une fois dans son sandwich. Concernant les autres, le petit déjeuner fut vite avalé, mais Mijeong ne semblait pour autant pas pressée de quitter la table. Après avoir raconté quelques exploits de sa jeunesse - qu'elle clamait de vivre encore - elle se mit à vanter ses talents de gestion comme si elle passait un entretien d'embauche.

- Maman... essaya de l'arrêter Jimin en sachant pertinemment quelle idée démente elle s'était mise en tête.

Mais elle poursuivit sans lui prêter attention, sa voix prenant des intonations aigües lorsqu'elle s'adressait à Jungkook. Jimin souriait tristement en regardant son assiette qui ne désemplissait pas. Ce serait beaucoup trop simple qu'il se sente invisible aux yeux de sa mère. La vérité était qu'il se sentait terriblement visible, et complètement ignoré. Inutile. 

De trop.

Il ne fut jamais aussi heureux de partir travailler.

****

Jungkook et Jimin venaient de finir leur journée de travail chez Hybe. L'immeuble de l'agence se trouvant tout près de celui où le chanteur habitait, ils y rentrèrent à pied. Sur le chemin, Jimin en profita pour faire part à Jungkook de l'invitation de Taehyung. Tous les sujets étaient bons pour qu'ils n'abordent pas celui de sa mère.

- Ahh, soupira l'idole. Ça aurait été un plaisir de t'accompagner à son mariage, mais... je risque de ne pas passer inaperçu et... j'ai pas envie d'être le centre d'intérêt d'un moment comme celui là. Ton meilleur ami et son futur mari m'en voudront sûrement si ça arrive.

- Ils ne sont pas comme ça.

Jungkook sourit à son objection.

- Dans ce cas, c'est moi qui m'en voudrais.

Jimin se mordit la lèvre, mais hocha la tête. Bien que Jungkook semblait vraiment déçu et désolé - au moins autant que lui l'était même s'il n'en laissait rien paraître - il comprit aussi qu'il ne changerait pas d'avis.

- Ça fait rien, j'ai déjà dit à Tae que tu pourrais sûrement pas venir à cause de ton planning d'idole. Donc... t'en fais pas.

Alors qu'ils pénétraient dans l'immeuble du penthouse après avoir aperçu deux ou trois flashes crépiter dans les buissons non loin, Jimin ne put s'empêcher de penser à toutes les choses qui leur étaient impossibles de faire, juste parce que Jungkook était... Jeon Jungkook. Il trouvait ça un peu triste. Pas pour lui, mais bel et bien pour la star de k-pop.

- C'est ce week-end le mariage, c'est ça ? s'intéressa Jungkook.

Il agissait comme s'il n'avait pas vu ces paparazzis dehors, alors Jimin en fit autant. Après tout, lui faisait bien comme si sa mère ne les attendait pas quelques étages au-dessus de leurs têtes.

- Ouaip, confirma-t-il.

L'idole prit note de l'information d'un mouvement de tête, tandis qu'ils approchaient du comptoir du hall.

- J'ai juste un shooting samedi, ça devrait pas prendre trop de temps. Ce qui signifie que... je vais me retrouver seul avec ta mère, plaisanta-t-il.

Jimin se mit immédiatement à réfléchir à une solution pour que ça n'arrive pas. Jungkook était beaucoup trop gentil pour passer du temps seul avec une femme telle que Mijeong Park. Il allait se faire bouffer tout cru et, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle deviendrait une employée de Hybe ou copropriétaire du penthouse.

Ça ne devait pas arriver.

Dans l'ascenseur, Jimin stressait déjà pour pas grand chose. Il avait une douche à prendre et craignait que le pire n'arrive durant ces quinze minutes où sa mère et l'idole allaient se retrouver en tête-à-tête. Le besoin de donner quelques conseils à Jungkook sur le sujet se fit pressant. Il se tourna brusquement vers lui de manière à lui faire face.

- Quoi qu'elle te dise ou te promette, ne lui fais pas confiance. Elle est instable et égoïste. Alors ne crois pas une seule seconde que tu parviendras à la transformer en gentille petite employée et encore moins en mère attentive et attentionnée.

Jungkook haussa un sourcil, surpris par ces conseils donnés sur le ton du reproche.

- Pourquoi tu me dis ça ?

- Parce que j'ai passé vingt-cinq ans de ma vie à essayer et à croire que j'allais y arriver. Ne fais pas comme moi, ne perds pas ton temps.

Et c'était aussi bien un avertissement pour l'idole qu'un ultime rappel pour lui-même. 

Jungkook observait Jimin, semblant inquiet pour lui. C'était comme s'il pouvait lire toute la tristesse et la déception - accumulés depuis des années - dans ses yeux.

- T'as pas à t'inquiéter, assura-t-il à Jimin d'un ton sans faille.

Il posa une main réconfortante sur l'épaule de Jimin pour accompagner ses paroles.

- Vraiment, insista-t-il. Je suis là pour toi, hyung. Tout ce que tu as à faire, c'est de me faire confiance.

Les mots de l'idole réchauffèrent le cœur de Jimin. Il se sentait chanceux d'avoir un homme tel que lui dans sa vie. Il masqua son trouble en faisant un trait d'humour.

- Hyung... ?

Jungkook peina à retenir son sourire en coin.

- Tu n'aimes pas ?

- Tu rigoles ? Je crois que je vais très vite m'y faire !

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur leur étage et Jimin était déjà plus détendu. Avec Jungkook à ses côtés, il sut qu'il pourrait tout affronter. 

La télévision était allumée, remplissant le penthouse de bruit. Mijeong avait pris ses quartiers.

- Oh, vous voilà enfin ! s'exclama-t-elle en se précipitant vers eux.

Ils se rejoignirent tous les trois à la jonction de l'entrée et du salon. Bam les avait suivis et se faisait dorloter par Jungkook et Jimin.

- Vous ne vous êtes pas trop ennuyée toute seule ? demanda poliment l'idole à Mijeong.

Jimin lança un coup de coude discret dans les côtes du onze pour le faire taire. 

- Ne vous inquiétez pas pour moi ! répondit joyeusement Mijeong, limite flattée, avant de se tourner vers son fils. Alors... qu'est-ce que ça fait de rentrer d'une journée de travail et de retrouver sa mère, hm ?

Alors qu'il se faisait pincer la joue, Jimin cherchait le mot juste qui ne soit ni un mensonge ni trop insultant.

- C'est... inédit, dit-il finalement, et sa mère le lâcha aussitôt. Je vais prendre une douche.

Sans attendre, il se rendit à la salle de bain. Il venait juste d'ôter son t-shirt quand il entendit gratter à la porte. Il leva un sourcil en entendant cette initiative téméraire de Jungkook. Son sourire coquin s'envola néanmoins en découvrant que la personne venue le voir n'était autre que sa mère.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il, renfrogné.

- Tu as des muscles maintenant, remarqua-t-elle avant de poursuivre. Cet après-midi, j'ai...

Comme elle s'était mise à chuchoter en regardant autour d'elle, Jimin comprit qu'elle ne voulait pas que Jungkook entende leur conversation.

- Un garçon est venu promener le chien... recommença-t-elle prudemment. Et...

Jimin fronça les sourcils à l'évocation d'Hoseok.

- Oui, eh bah, quoi ?

- Il m'a dit que vous étiez amis et...- tu es au courant de son petit business, pas vrai ?

Jimin fit mouliner sa main pour lui faire comprendre que oui et qu'elle abrège. Il se les caillait, à moitié à poil.

- Je lui ai pris... un petit quelque chose, mais j'ai pas d'argent. Tu pourras... t'occuper de ça, s'il te plaît ? demanda-t-elle en mimant une grimace d'embarras.

Jimin roula des yeux, acquiesça et ferma la porte avant de sauter dans la douche. Alors qu'il se lavait sous une mousse parfumée à l'avoine, il se mit à penser à tous les défauts qu'il avait hérités de sa mère. Il se vit néanmoins forcé d'arrêter son petit calcul, l'eau était devenue froide.

***

Le soir venu, ils se retrouvèrent tous ensemble pour dîner et regarder un film. Mijeon ne cessait de parler, rendant presque impossible de suivre à la fois ses propos et le film. Elle se plaignait de sa situation, de son manque de chance en amour, de tout ce qu'elle aurait changé si seulement elle avait eu une machine à remonter le temps, comme le héros à l'écran.

Elle était ainsi. À se plaindre et à rêver de tout ce qu'elle n'avait pas, ou plus. Jimin trouvait ça triste de ne pas savoir profiter du potentiel bonheur qui s'offrait à elle, d'être aveuglé au point de ne pas voir que lui était là. Juste là.

Quand Jungkook se leva pour aller chercher des boissons, Jimin sentit un frisson le parcourir en remarquant qu'il était uniquement avec sa mère. Il rabattit le plaid sur lui alors qu'elle ne lui adressait pas un mot. C'était assez incroyable de se sentir aussi seul en présence de quelqu'un, qui plus est quand il s'agit d'un parent. Mais Jimin s'en souvenait maintenant. Ça avait toujours été ainsi. Ça avait toujours été aussi douloureux aussi.

Il espérait vraiment ne pas être comme elle ; aussi égoïste, ingrate et profiteuse.

À la fin du film, chacun rejoignit sa chambre attitrée. Jimin s'endormit avant d'avoir eu le courage de se glisser sous les draps du chanteur, mais il se réveilla dans la nuit en sentant deux bras chauds lui encercler la taille. 

Par réflexe, il se lova en petite cuillère contre Jungkook venu le rejoindre, cambrant les reins pour le sentir au plus près. L'idole se mit à remuer aussi, d'abord de gène puis d'autre chose. Jimin pouvait le sentir, ce truc devenu tout dur contre son postérieur. 

Les mains se mirent alors à glisser sous les vêtements ; les souffles, à s'accélérer. Jimin tendit la nuque quand l'idole commença à y déposer une multitude baisers mouillés. L'excitation s'invita dans ce lit qu'ils partageaient. Ils étaient enveloppés par l'obscurité, entrelacés d'une manière qui invite à l'intimité et à la tendresse.

Jimin voulut se tourner, mais Jungkook l'en empêcha en le plaquant un peu contre le matelas alors qu'il s'allongeait sur son dos. A plat ventre, Jimin sentit son short glisser le long de ses fesses, et elles se firent malaxer. Il commença à gémir. Une paume se plaqua alors sur sa bouche pour l'en empêcher.

Se rappelant que les murs avaient des oreilles, Jimin resta sagement allongé sur le ventre, silencieux, tandis que l'idole prenait ce dont il avait besoin dans le tiroir de la table de chevet.

- Comment tu sais que j'ai du lubrifiant ici ? voulut savoir Jimin, espiègle.

Jungkook murmura sa réponse.

- Tu es gay et tu aimes le sexe. Simple déduction.

Jimin gloussa dans l'oreiller bien qu'il doutait de cette réponse.

- Tu as fouillé, avoue ? demanda-t-il au chanteur.

- Je cherchais quelque chose, nuance.

Jimin ricana de façon étouffée puis retint un gémissement en sentant les doigts de Jungkook se faufiler entre ses fesses. Quand ce fut le tour de son sexe, il mordit l'oreiller. L'idole, lui, lui mordillait la peau au niveau de la clavicule pour retenir sa voix, laissant son souffle chaud s'échouer contre son épaule et sa nuque.

Tout ce fit en lascivité, avec délicatesse. L'affection qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre était palpable dans l'air et cette douce énergie se propageait à travers leurs corps. Ils ne parlaient plus, et n'en avaient pas besoin. Le simple fait d'être ensemble, réuni dans cette étreinte, était suffisant. Quand la jouissance arriva, Jungkook serra Jimin un peu plus fort, et ce dernier se perdit dans le plaisir qui lui était offert, mordant ses lèvres de toutes ses forces pour se faire silencieux.

Le chanteur le laissa se retourner seulement après qu'ils aient tous deux jouis. Leurs souffles chauds se mêlèrent alors à leurs baisers, leurs cœurs battant en parfaite synchronisation. 

Jimin se rendormit paisiblement, comblé, et se réveilla à cause du soleil qui illuminait la chambre. Il sourit en sentant Jungkook cramponné à son dos.

Le bonheur d'être en couple, finalement, c'était peut-être ça. Non pas le moment où la personne que vous aimez est en vous - ou l'inverse - mais le lendemain, quand elle est encore à vos côtés.

****

Après un petit déjeuner aussi gênant que la veille, et une journée de travail tout aussi fatigante, Jimin, à son grand dam, était seul avec sa mère.

Jungkook n'avait rien trouvé de mieux pour fuir que d'aller à la salle de sport avec Minho. Jimin aurait été prêt à le suivre pour s'enfuir lui aussi, quitte à se choper les pires courbatures de l'univers, mais sa mère l'avait retenue. Elle avait - selon ses mots - quelque chose d'important à lui dire, seul à seul.

Jimin s'était encore une fois attendu à tout : elle allait lui annoncer son départ, lui faire de grande confession maternelle ou bien encore lui apprendre qu'elle avait décidé de rendre visite à Sujin. Il ne fut pourtant rien de tout ça.

- Tu as oublié l'argent pour ton ami en partant ce matin, lui confia-t-elle une fois le chanteur parti.

- Ah, fit Jimin.

Sa déception était à l'image d'un gâteau qu'il aurait voulu préparer, mais qu'il aurait laissé brûlé. Il avait mis beaucoup d'espoir de réussite, mais ça n'avait clairement pas répondu à ses attentes.

- C'est pas grave, il m'a dit que ça pouvait attendre demain. D'ailleurs, ce Hoseok est très charmant, et poli ! Son ami aussi.

- Son ami, quel ami ? s'affola Jimin.

- Celui qui est venu avec lui, Gong Yo. 

Dans sa tête, Jimin massacrait Hoseok. Sa tuerie prit néanmoins fin quand sa mère parla à nouveau :

- Je crois que je lui plais.

- Pitié... grimaça-t-il en s'éloignant.

Il en avait assez entendu.

- Quoi ? C'est peut-être inconcevable pour toi, mais j'ai du succès ! revendiqua-t-elle.

Définitivement, il en avait assez entendu.

- Je vais l'appeler pour qu'il ne te cause pas de souci, décida-t-il.

Ca lui donnait une bonne excuse pour changer de pièce. Il s'enferma dans la chambre d'ami, le lit était encore défait. Il sourit en se remémorant sa nuit avec Jungkook puis appela Hoseok.

- Yo, Jimin ! Ça va mon pote ?

- Ouais, ouais... j't'appelle pour...-

- Ta mère, ouais, je me doute. Au fait, tu m'avais pas dit que c'était une vraie chaudière ! J'ai bien cru qu'elle allait se faire mon pote dans le Jacuzzi.

- Dans le Jac...-

Jimin laissa sa colère s'envoler dans un immense soupir dépité. Il commençait à regretter d'être entré dans la vie de Jungkook, tout simplement parce qu'il y avait traîner avec lui tout un tas d'ennuis.

- Je laisse ton fric sur le meuble de l'entrée, Hobi. T'auras qu'à le récupérer en passant prendre Bam. Et tu prends Bam, et rien d'autre, compris ? Ni de bain dans le Jacuzzi, ni ma mère.

De retour dans le salon, Bam sautillait joyeusement autour de Jimin pour attirer son attention. Le doberman aboya, demandant à jouer.

- D'accord, d'accord, je vais jouer avec toi, accepta aussitôt Jimin.

Il fit un tour sur lui-même, à la recherche de la balle bleue. En apercevant sa mère assise sur le canapé, les yeux rivés sur son téléphone, il l'interpella.

- Est-ce que tu es assise sur la balle de Bam, par hasard ? lui demanda-t-il.

- Non, répondit-elle sans lever une fesse, ni les yeux vers lui.

Mijeon ne montrait aucun intérêt ni pour Jimin ni pour le chien. Jimin se souvenait que sa mère n'aimait pas les animaux - ils n'en avaient d'ailleurs jamais eu - mais il regrettait tout de même son manque d'efforts. Il avait cru ne pas aimer les animaux non plus, avant de rencontrer Bam et de se faire son propre avis sur la question. Depuis lors, il avait cessé de suivre l'exemple que sa mère lui avait fourni.

- La voilà ! s'enthousiasma Jimin, tenant la balle de Bam dans sa main.

Il s'empressa de la lancer dans l'entrée. Bam y courut avant de revenir fièrement vers lui, le jouet dans la gueule.

- C'est bien, Bamie, tu es beau, le complimenta-t-il.

Jimin ne jouait pas avec le doberman pour se rendre intéressant. Ce chien avait vraiment réussi à se faufiler dans son cœur. Pour autant, il aurait apprécié que sa mère prête un peu d'attention à eux. Mais elle ne daignait pas lever le nez de son téléphone.

- Tu veux jouer avec nous ? Bam est doué au cache-cache, lui proposa-t-il quand même.

- Non, merci. L'autre jour, je l'ai caressé et il m'a sauté dessus, répondit-elle.

Jimin attendit la suite de cette histoire, mais c'était apparemment tout.

- C'est... un chien, c'est normal, expliqua-t-il alors à sa mère.

Cette dernière ne lui répondit pas. Un peu dépité par sa réaction, Jimin retrouva le sourire en s'apprêtant à retirer la balle de la gueule de Bam, mais ce dernier se dirigea vers Mijeon, la queue frétillante.

Surprise, elle leva les yeux. Elle hésita un instant avant de tendre sa paume. Bam y laissa tomber sa balle baveuse, la suppliant du regard de lui lancer. Elle prit alors le jouet et le jeta dans la même direction que Jimin l'avait fait plus tôt. Bam courut et revint encore une fois vers elle.

Mijeon posa son téléphone en souriant et se prêta enfin au jeu, sous le regard attendri de Jimin. Ce doberman avait vraiment quelque chose de spécial et réussissait à conquérir tout le monde. Sauf madame Sorin peut-être.

Jimin avait espéré que la scène de jeu avec Bam durerait et qu'ils pourraient jouer tous les trois. Cependant, au deuxième aller-retour de Bam, Mijeong avait replongé la tête dans son téléphone, ignorant le chien qui couinait à ses pieds.

Bam revint vers Jimin et ce dernier lui tapota le sommet du crâne, comprenant parfaitement ce qu'il ressentait. Il lança la balle mais le doberman ne la ramena pas cette fois-ci. Au lieu de cela, il grimpa sur Jimin et lui lécha la figure.

Jimin se mit à rire en se laissant faire. Il admirait la capacité de Bam à passer à autre chose et la facilité avec laquelle il avait été vers Mijeong malgré le peu d'intérêt qu'elle lui portait. Pour être honnête, il enviait cette capacité à donner de l'amour de manière égale, peu importe ce qu'il recevait en retour.

Si Mijeong n'était pas capable d'un si grand acte de bonté et si lui-même ne l'était pas non plus, il ne pouvait pas le lui reprocher. C'est pourquoi il se lança :

- Au fait, est-ce que tu aimerais venir au mariage de Tae ?

- Vraiment ? s'étonna Mijeong enfin de retour à la réalité.

- Oui, j'aimerais... beaucoup que tu viennes avec moi.

Il garda pour lui le fait qu'elle devait cette invitation parce qu'il ne voulait pas qu'elle reste seul ici avec le chanteur. Pour être honnête, il avait aussi envie qu'elle l'accompagne là-bas. Jimin ne sut pas si c'était l'effet Bam, mais il se sentait capable d'affronter cette soirée entière de mariage avec sa mère.

- Je sais pas, hésita-t-elle. Taehyung est d'accord ?

- Il t'avait invité, lui rappela-t-il. Et il a un trou dans son plan de table, y paraît.

- Et... Sujin ?

Jimin retint sa grimace d'inquiétude.

- Je suis sûr que ça lui fera plaisir de te voir, pas toi ?

- Sans doute... D'accord, finit-elle par acquiescer. Je vais pas rester toute seule avec ton petit ami de toute façon, ce serait bizarre.

Jimin sourit, satisfait, avant de lancer la balle une fois de plus. Mijeong se tut un moment, puis elle dit :

- Tu sais, quand tu étais petit, je t'ai vu jouer avec un chien dans le parc. Tu étais tellement heureux. Tu as passé des heures à courir avec lui et à le caresser. C'était mignon à voir.

Jimin ne put s'empêcher de sourire en entendant cette anecdote. Il se souvenait de ce chien appartenant à un inconnu qui traînait dans le parc, devant leur appartement de Busan. Ce jour là, il était rentré couvert de poils.

- Tu m'as demandé si on pouvait adopter un chien après ça, se rappella-t-elle en ricanant. 

- Oui, je me souviens... avoua Jimin d'un ton doux.

Il récupéra ensuite la balle et la lança pour Bam, des espoirs pleins la poitrine. Ce n'était pas grand-chose, ce qu'il venait de se passer, mais, pour lui, c'était énorme. Un pas en avant. Peut-être que, avec un peu de temps et d'efforts, il arriverait à resserrer les liens avec sa mère. Jimin se surprenait lui-même d'y croire à nouveau.

- T-tu as dit "petit ami" ? réalisa-t-il enfin.

Il sentit comme une sueur froide lui couler le long du dos alors que sa mère lui répondait d'un simple clin d'œil qui se voulait complice. Elle rejoignit sa chambre de bonne, en quête d'une tenue pour le mariage de Taehyung, et laissa Jimin là, prostré.

Jungkook et lui avaient été prudent, mais, apparemment, pas assez.

<3

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