Je me suis réveillé, adossé à la vitre de l'office. Du moins, de ce qu'il en restait. Du peu que je voyais, j'étais déjà conscient d'être plus proche de l'endoskeleton que de l'animatronic. J'ai regardé autour de moi. Il faisait jour. Le soleil m'éblouissait. Il n'y avait plus de toit. Il n'y avait même plus de bâtiment. Il ne restait que des gravats, des cendres, des babioles et une partie de l'office, la seule pièce qui n'avait pas été remplie d'essence. Comme ma vision était floue, il m'a fallu quelques minutes pour réaliser que, juste devant moi, Madness était accroupi et m'observait avec un regard... Compatissant, sympathique, amical... Tout le contraire du Madness que je connaissais. En voyant que je l'avais enfin remarqué, il a poussé un soupire de soulagement et s'est relevé.
Moi : Madness, comment... Pourquoi... Comment ?
Madness : pourquoi ? Et bien... Je te l'ai dit, j'ai tout essayé. J'ai échoué. C'est terminé. Nous allons mourir. Mais s'y je dois trépasser, je veux que tu survives Elliot. Je te promets que tu te réintégrera dans la société. Je peux te jurer que les gens t'accepteront. Tu ne seras pas seul Elliot. Et, qui sait, peut-être qu'un jour nous nous reverrons. Non, pas peut-être. Nous nous reverrons. Ah, et pour le comment... Disons simplement que, comme tu l'as deviné, je suis un fantôme, pas une hallucination.
Il s'est agenouillé, je peux jurer qu'il pleurait silencieusement. Il a mis sa main sur mon épaule, une main que j'ai senti. Elle était réelle. Il a serré tellement fort que j'en ai encore une petite cicatrice en forme de main sur l'épaule droite, sur l'endoskeleton. Ça ne se voit pas si on ne regarde pas attentivement mon épaule sans le costume, mais elle est là. Malgré tout ce qu'il a fait et tout ce qu'il avait dit par le passé, Madness tenait beaucoup à moi, peut-être même trop. D'où la cicatrice. Peut-être même qu'il m'appréciait autant que les Nightmares.
Moi : Madness...
Madness : Elliot... Adieu.
Il s'est relevé et s'est éloigné de moi. Il s'est retourné vers moi une dernière fois, et cette fois, il était clair qu'il pleurait.
Moi : adieu...
Il s'est mis à sourire puis... Il s'est dissipé. Il a disparu. Lorsque j'ai baissé la tête...
Vous avez baissé la tête ? Pourquoi ?
Le respect, vous connaissez ? À un enterrement, on baisse la tête. Ça ne me dérange pas les costumes de couleur ou le fait de sourire, ça, ça peut aider à faire le deuil. Mais, au minimum, on baisse la tête...
Donc, comme je le disais, lorsque j'ai baissé la tête, je me suis rendu compte que je pleurais. Madness étant une âme, il pleurait des larmes "fantômes". Moi, étant un animatronic, je pleure de l'huile. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. J'étais heureux que, dans un sens, Madness avait réussi à trouver la paix. Personne ne mérite de souffrir. Même pas le pire des bourreaux ou le plus impitoyable des tueurs.
J'ai attendu. Les pompiers sont venus s'assurer que toutes les flammes étaient éteintes.
J'ai attendu. La police est venue pour tenter de trouver l'origine de l'incendie.
J'ai attendu. Les employés sont venus réunir tous les objets en assez bon état.
J'ai attendu. Kevin, de trente ans plus vieux, est venu s'excuser, et, à cause de la présence des employés, je n'ai pas pu lui répondre. Il a fondu en larmes.
J'ai attendu. Les journalistes sont venus à la tombée de la nuit, enchaînant les photographies et les prises de notes.
Ensuite, j'ai été transporté dans un entrepôt avec tous les éléments de Fazbear Fright's qui étaient encore en assez bon état, du moins, fonctionnels, comme moi. La plupart étaient dans des caisses ou disposés sur ces dernières.
Le lendemain matin, je fus surpris de voir Alexia. Elle avait désormais atteint la cinquantaine. Elle a eu un entretien avec Kevin. Quand elle est partie, elle trainait un énorme boîte sur un chariot. Elle a ramené le chariot et elle est partie. Avant de partir, elle m'a regardé avec une certaine... Rancœur ? Colère ? Impossible à dire.
Après ça, c'est moi qui ait été mis dans une caisse.
J'ai attendu.
Attendu.
Attendu...