⇁³ ❝ your beauty must be rubbing off on me ❞
JOUR TROIS
⌜ would you destroy some perfect in order to make beautiful? ⌟
dire que j'étais fière de ce texte de base aaah–
bref j'ai essayé de faire un truc un peu original? j'espère avoir réussi TT
légers spoilers sur Beast! (mais c'est plus du "blink and you miss it") mais je préfère prévenir :3
(la chanson n'a quasiment aucun rapport avec le texte, il y a juste le "beauty" en commun, je manquais d'inspi pardon–)
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Quand il était jeune, son enseignante lui avait demandé de définir ce qui était "une vie parfaite" pour lui. Dazai s'en souvenait particulièrement bien.
Il ne se remémorait pas avec suffisamment de précision sa réponse pour la citer, mais il savait qu'elle était du même niveau que celles des autres enfants.
"Avoir plein de jouets." "Que mes parents soient heureux pour toute la vie." "Que mes amis le restent pour toujours."
Cela paraissait presque niais et adorable, digne d'enfants de maternelle.
Mais Dazai se demandait surtout si l'enfant qu'il avait été aurait rit s'il avait entendu la définition de "une vie parfaite" de l'adulte qu'il était aujourd'hui.
Aujourd'hui, ces trois petits mots rimaient obligatoirement avec le nom de Chuuya Nakahara.
Est-ce que Dazai enfant s'en serait moqué ? Jeune, le brun avait en horreur tout ce qui touchait de près ou de loin à l'amour, criant sur tous les toits que c'était pour les faibles.
Il avait bien peur que la réponse soit oui.
Un souvenir étant lié à un autre, Dazai ne pouvait s'empêcher de se rappeler le jour où la même enseignante leur avait demandé de définir "la beauté".
Dans sa jeunesse, il n'était pas sûr d'avoir vraiment compris la nuance entre les deux mots.
Dazai enfant avait sûrement dû répondre quelque chose comme "un paysage" ou encore "un acteur".
Aujourd'hui, le jeune homme était quasiment sûr que cette définition n'était en aucun cas juste.
Si un monde parfait était un monde dans lequel Chuuya l'aimait et voyait autre chose en lui que le monstre qu'il était, alors à quoi correspondait un monde magnifique ?
La réponse était vraisemblablement un monde dans lequel son meilleur ami, Oda Sakunosuke, était encore vivant.
(La connaissance d'avoir le pouvoir de changer le cours du destin était quelque chose d'effrayant.)
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Dazai n'avait jamais vraiment imaginé que sa relation avec Chuuya irait si loin.
Au premier abord, la haine était facilement notable dans leur relation, si bien que les gens s'arrêtaient à cette première observation.
Ils ne voyaient pas les regards inquiets que jetait Dazai à son partenaire après une mission complétée ensemble, ni les longues œillades de Chuuya quand le retour dans leurs agences respectives survenait enfin.
Ils ne remarquaient pas les légères touches dans le dos, sur le bras, sur la nuque qui étaient régulièrement échangées.
Ils n'entendaient pas non plus l'inquiétude qui dévorait la voix de Chuuya quand il rendait une visite à l'hôpital dans lequel était admis le brun ou alors le fait que les brillants plans de Dazai évitaient à tous les coups de faire courir un danger mortel à son partenaire provisoire.
Ne pas ressentir chacun de ces petits détails revenait à ignorer l'entièreté de sa relation avec Chuuya.
Dazai n'avait jamais pu imaginer que quelqu'un comme le rouquin puisse lui rendre les sentiments qu'il avait passé tant de temps à enfouir sous l'ironie et le sarcasme.
Chuuya semblait bien déterminé à déranger sa vie, à la renverser complètement si bien que Dazai lui-même ne pouvait s'y retrouver.
Même si sa relation de confiance inébranlable avec son ancien partenaire semblait être parfaite, Dazai n'avait nullement la prétention d'affirmer que cet adjectif s'appliquait à Chuuya et lui.
Leur relation avait des défauts parce qu'ils étaient humains avant tout, et c'était peut-être cet unique fait qui pouvait la rendre parfaite.
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Contrairement à ce que Dazai aurait aimé prétendre, il ne connaissait pas Chuuya depuis sa plus tendre enfance. Il l'avait simplement rencontré lorsqu'il allait vers ses quinze ans, et le jeune homme aimait dire que le niveau de confiance entre lui et le rouquin atteignait celui d'amis de longue date.
Ce n'était pas tout à fait vrai mais le fait qu'ils se faisaient confiance au point de remettre sa propre vie aux mains de l'autre était indéniable.
Depuis leur quinze ans, Chuuya était une constante dans la vie de Dazai et inversement.
Même quand le brun avait quitté la Mafia de la manière la plus extravagante qu'il soit, cela ne les avait pas empêchés de continuer à graviter autour de l'autre.
Si on lui demandait de décrire sa première impression de Chuuya, le jeune homme déclarait sans hésiter que le rouquin lui avait fait l'effet d'une magnifique flamme qui l'attirait inévitablement même s'il devait s’y brûler les ailes.
Chuuya Nakahara était d'une beauté à couper le souffle, et il n'y avait personne qui oserait prétendre le contraire.
Dazai était inéluctablement attiré par Chuuya et la réciproque était toute aussi vraie.
Les gens ne voyaient que le dessus de sa relation avec le rouquin et ils ne pouvaient pas comprendre la complexité des liens qui s'entremêlaient autour d'eux.
Affirmer que sa relation avec Chuuya était parfaitement commune à celles des couples normaux ou juste à celles d'amis, serait se tromper lourdement et Dazai en avait pleinement conscience.
Chuuya et lui, ainsi que leur relation, avaient leurs défauts et ils en avaient tous les deux conscience.
Mais le fait qu'ils étaient légèrement dysfonctionnels quand il s'agissait de nouer des liens avec d'autres êtres humains ne signifiait en aucun cas qu'ils étaient incapables d'aimer.
Dazai avait un peu trop bien conscience de ne pas être comme le commun des mortels.
Pour lui, Chuuya était parfait et en le qualifiant de tel, il n'essayait pas de l'enfermer dans un rôle que le rouquin devrait tenter de remplir à la perfection pour son seul plaisir. Le mafieux avait ses qualités et ses défauts et c'était précisément ce fait qui le rendait humain malgré le pouvoir qui l'habitait.
Si pour les gens Chuuya était humain, pour Dazai il représentait un symbole qu’aucune phrase n’aurait réussi à décrire avec justesse. Parce qu'il complétait la vie du brun d'une façon que personne d'autre avant lui avait réussi. Parce qu'avec son amant il se sentait enfin lui-même, pas le démon prodige de la mafia, pas le traître qui avait déserté quatre ans auparavant, pas le mentor que l'on regardait avec des yeux admiratifs, pas le collègue de travail aux étranges manières.
Juste lui, Dazai Osamu, tel qu'il était avec ses sourires remplis de fausseté et les démons qui vivaient dans sa tête, prenant de plus en plus de place chaque jour.
Alors pourquoi recherchait-il encore et toujours de la beauté dans un monde qui était déjà parfait ?
Pourquoi ne pouvait-il pas simplement abandonner cette quête utopique ?
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Si Dazai pouvait apparenter sa relation avec Chuuya à ce qui s'approchait de la perfection, alors il utiliserait sans hésiter l'adjectif "belle" pour décrire celle qu'il entretenait avec Oda Sakunosuke.
L'emploi du passé n'avait jamais cessé de lui briser un peu plus le cœur à chaque utilisation.
À la mort de son meilleur ami, Dazai s'était juré qu'il ne laisserait jamais l'auburn tomber dans l’oubli : quoiqu’il lui en coûte, il continuerait à transmettre le souvenir de la personne qu’avait été Oda.
Pour la plupart des gens, son ami était un simple dommage collatéral, un nom cité dans les journaux quand on parlait des fameux événements qui avaient conduit à sa perte.
Pour Dazai, c'était bien plus que tout cela. Chaque mention du nom d’Oda était une pique que l'on enfonçait sans aucune considération dans ses côtes.
Les personnes autour de lui avaient déclaré que cette douleur disparaîtrait au fil des années. Dazai ne pouvait pas être plus en désaccord avec cette idée : ce sentiment ne l'avait jamais laissé seul, il avait simplement appris à vivre avec.
Le jeune homme ne savait pas si ce dernier fait était particulièrement triste ou juste une preuve de sa résilience.
Chuuya aurait très certainement dit que cela montrait sa capacité à surmonter les événements les plus désagréables et il ne savait pas s'il devait être d'accord ou non avec son petit-ami.
Si sa relation avec Chuuya était bâtie sur leur capacité à remettre leur vie dans les mains de l'autre sans hésiter une seule petite seconde, Dazai ne pouvait pas dire que son amitié avec Odasaku fonctionnait de la même façon.
L'auburn avait réussi à gagner sa confiance et son respect au fil des années, et il avait l'étrange pouvoir de comprendre ce que Dazai n'arrivait pas à formuler à voix haute, ces mots qui s'étouffaient dans sa gorge avant d'avoir pu franchir ses lèvres.
Oda arrivait à déchiffrer chacune de ses émotions comme personne d'autre et la réciproque était vraie : Dazai comprenait Oda mieux que quiconque.
Néanmoins ses sentiments concernant Chuuya n'en restaient pas moins sincères, c'était une chose qu'il avait fini par admettre avec le temps : le fait que Oda soit– ait été– son meilleur ami ne changeait en rien sa relation avec le rouquin.
Même si Dazai n'avait pu s'empêcher de remarquer la jalousie évidente de Chuuya à l'égard de l'auburn.
Toujours était-il que lorsque son ami était mort entre ses bras, il avait vu la beauté quitter ce monde en même temps que le dernier soupir traversait les lèvres du jeune homme.
Un monde sans Odasaku était un monde dénué de beauté.
La terre entière était devenue terne, et même Chuuya, brillant Chuuya qui le baignait dans son éclat, ne pouvait rétablir totalement le manque de lumière qu'il ressentait.
Un univers dans lequel Chuuya existait et l'aimait inconditionnellement ne pouvait qu’être rempli de perfection.
Est-ce qu'il était possible de créer un monde parfait et beau ?
Dazai avait peur que la réponse soit non.
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Du temps de la mafia, ses connaissances lui demandaient parfois s'il aurait pu choisir entre vivre avec Oda sans Chuuya ou inversement.
Dazai avait répondu à chaque fois que l'un n'allait pas sans l'autre dans sa vie, et un jour quelqu'un lui avait rétorqué que cela ne serait pas tout le temps le cas.
Cela le tuait de l'admettre, mais cette personne – peu importait son identité – avait raison.
Dazai avait toujours cru qu'il pourrait garder ces deux personnes dans sa vie éternellement, et une fois n'était pas coutume, il s'était fourvoyé.
Souvent Dazai se demandait s'il changerait le monde s'il en avait la possibilité : est-ce qu'il ramènerait à la vie son meilleur ami même si cela voulait dire abandonner la seule personne qui lui avait permis de voir plus clair au cœur de la tornade ?
Dazai n'était pas sûr de la réponse alors qu'elle paraissait plutôt évidente : pourquoi privilégier les morts alors que les êtres vivants restants poursuivaient insouciamment leur vie ?
Pourquoi persistait-il à caresser le rêve de sauver son meilleur ami décédé alors que Chuuya, une personne en chair et en os l’attendait ?
Peut-être parce que sans Odasaku tout semblait un peu plus terne, comme si la vie avait déserté le monde en même temps qu'elle avait fui le corps de l'auburn.
Dazai ne voyait pas en quoi c'était si mal de désirer se sentir entier encore une toute dernière fois.
Chuuya était sa lumière, phare le guidant quoiqu'il arrive à bonne destination même lorsque tout semblait si noir. Oda quant à lui, était la seule chose qui lui permettait de garder la tête froide, de rester accroché à la réalité.
C'était un choix qui revenait beaucoup trop fréquemment dans son esprit pour quelqu'un qui se disait si ouvertement sain d'esprit.
Mais jusqu'à présent, il n'avait jamais détenu le pouvoir de modifier les choses. Et soudainement la donne avait changé aussi brutalement que possible, et il se retrouvait confronté à l'un des plus grands dilemmes de son existence.
Aussi étonnant que cela paraisse, le grand Dazai Osamu, démon prodige de la mafia et enquêteur de génie, était tout simplement pétrifié face au choix qu'il devait faire.
Quand il y réfléchissait, Oda et Chuuya lui diraient très certainement de suivre ce que son cœur lui dictait.
Mais si ce même organe était fragmenté en plusieurs milliers de parcelles qui désiraient chacune une chose différente, laquelle devait-il écouter ?
Dazai refusait de laisser aux mains du hasard une décision si importante pour lui.
Est-ce qu'il serait décidé à abandonner la chaleur d'avoir enfin une maison qu'il pouvait appeler "chez-lui" sans crainte, la chaleur des bras de la personne qu'il aimait pour la froideur d'un mort qui ne le reconnaîtrait sûrement pas ?
Mais à chaque fois qu'il réfléchissait à la question, la réponse qui revenait était la même : il serait prêt à tout pour revoir Oda Sakunosuke vivant.
Détruirait-il quelque chose de parfait dans l'unique but de le rendre beau ?
Dazai avait bien peur que la réponse soit oui, envers et contre tout.
Sa prise sur le Livre se raffermit imperceptiblement.
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