⇁¹ ❝ in your house of memories ❞
JOUR UN
⌜ kiss and make up ; start again ⌟
hey ! je suis en retard, mais pas trop c'est déjà un bon progrès mdrr–
ce texte est très basique dans son scénario, vous verrez bien, et surtout je crois que c'est un des moins angst que j'ai écrit :o (ça va changer dès demain ahah ,,)
il reste très certainement des fautes et j'en suis désolée pour vos yeux :") n'hésitez pas à me les faire remarquer~
bref, profitez de cette fin heureuse même si je n'en suis pas très fière ^^""
(comme le titre du recueil, celui là est inspiré d'une chanson de P!ATD, House of Memories pour être précise uwu)
~
Cela avait commencé d'une façon très simple, et sûrement très idiote aux yeux de toutes personnes extérieures.
Mais Chuuya ne pouvait pas en dire autant : Dazai avait une fois de plus oublié de vider le lave-vaisselle et de mettre en marche la machine à laver comme à son habitude.
Et toute sa colère et sa furie partaient de ce point là : le fait que Dazai ne fasse absolument aucune tâche ménagère pour entretenir leur appartement était devenu habituel.
Le jeune homme n'avait aucune idée de comment il avait laissé les choses arriver jusque là. Sûrement en pensant naïvement que le brun finirait par changer au fil des mois.
Evidemment, Dazai n'avait pas changé d'un poil. Alors c'était toujours à lui que revenait toutes les tâches ingrates de l'appartement, peu importait combien il insistait pour que son petit-ami les effectue à sa place.
Quand il était rentré de sa journée de cours chargée et que Dazai – qui avait l'après midi de libre en ce jour de la semaine – était tranquillement assis sur le canapé sans avoir rien fait, il avait explosé.
Chuuya avait fini par sortir de l'appartement en claquant la porte, fou de rage et ayant un grand besoin de passer du temps loin de Dazai pour calmer ses nerfs.
Il avait pensé que ce genre de dispute n'était pas bien grave pour leur couple, que c'était courant, commun et surtout normal de ne pas toujours s'entendre.
Mais visiblement il avait eu tort car le lendemain une boîte où étaient soigneusement empilées toutes ses affaires avait été déposée dans son casier.
Chuuya comprit ce jour-là que Dazai venait de rompre avec lui avec une délicatesse qui mettait à mal son cœur, le déchirant intérieurement.
~
Vivre sans Dazai avait paru étrangement facile dans les premiers jours avant que l'univers prenne un malin plaisir à contredire les propos de Chuuya.
Malgré tout ce qu'il pouvait prétendre, le jeune homme avait réellement aimé le brun et il regrettait les dernières paroles qu'il lui avait adressées sous le coup de la colère.
Au fond, Chuuya ne le pensait pas le moins du monde et il aurait aimé s'excuser auprès du brun. Leur relation n'avait pas besoin de se terminer sur une phrase assassine.
Son téléphone sonna le tirant par la même occasion de sa rêverie. Quand il vit le nom de sa grande sœur affiché sur l'écran, il décrocha bien qu'à contrecœur.
— Quoi ? lâcha-t-il un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Mais étrangement Kôyô ne parut pas s'en formaliser.
— Est-ce que tout va bien ? demanda-t-elle à la place, et il ne fallut pas plus de quelques secondes à Chuuya pour comprendre qu'elle évoquait implicitement Dazai.
Chuuya soupira : il appréciait réellement sa tentative de discrétion mais il n'était plus un lycéen pleurant la perte de son premier amour. Il n'avait pas besoin que l'on prenne des pincette avec lui ou que le nom de Dazai Osamu soit banni des conversations pendant les dix prochaines années à venir.
— Je vais bien, finit-il par déclarer. Ce n'était pas l'entière vérité mais il n'avait pas envie d'inquiéter inutilement sa sœur qui se trouvait à l'autre bout du pays.
— Je t'assure, ajouta Chuuya devant son silence peu crédule. Faut croire que je n'étais pas si attaché que ça finalement.
— Oh s'il te plaît, répliqua immédiatement Kôyô. J'ai vu la façon dont tu le regardais.
— Exactement.
Le jeune homme poursuivit sans lui laisser le temps de répliquer.
— Tu l’as accordé au passé, et c'est exactement ce détail qui change tout. Dazai ne signifie plus rien pour moi.
Kôyô ne répondit rien, et le silence se fit au bout de la ligne. Pendant un court instant, Chuuya crut même qu'elle lui avait raccroché au nez mais il se raisonna rapidement : sa sœur n'abandonnerait pas aussi facilement.
— En es tu vraiment sûr ? finit-elle par demander d'une voix prudente. Je ne veux pas que tu souffres inutilement. Si tu as encore des choses à mettre au clair avec Dazai, fais-le et crève l'abcès. Tu te sentiras mieux après.
— Mais tout va bien, protesta faiblement le jeune homme.
Kôyô soupira, et son souffle se répercuta dans le combiné. Chuuya n'avait aucun doute quant au fait que c'était un mouvement soigneusement calculé de sa part.
— Si tu le dis, grommela sa sœur. Mais je ne veux pas à avoir ramasser les pièces quand Dazai commencera à se comporter comme si rien ne s'était passé entre vous.
Le rouquin s'empressa de nier malgré le fait qu'il pressentait que la jeune femme n'avait pas totalement tort.
Il finit par raccrocher, sa sœur lui souhaitant bon courage pour la poursuite de ses études, et lui hochant doucement la tête malgré le fait qu'elle ne pouvait pas le voir.
~
L'appartement lui semblait étrangement vide. Chuuya se tenait debout dans le salon qui avait été autrefois chaleureux et rempli de vie.
Aujourd'hui, toute décoration présente était très impersonnelle : la pièce aurait pu figurer sur les magazines de vente de meubles, aucune différence ne pouvait être faite.
Le jeune homme soupira une dernière fois tout en serrant le carton d'affaires à lui un peu plus fort contre sa poitrine.
Les mèches brunes qui dépassaient du haut du canapé semblaient presque le narguer, mais le rouquin refusait de s'abaisser à obéir à l'un de ses instincts.
— Je vais y aller.
Il fit en sorte de garder une voix la plus neutre possible malgré la colère qui menaçait de reprendre possession de son esprit.
Mais Dazai ne sembla même pas vouloir lui faire l'honneur d'une réponse ou de maintenir une apparence de bonne entente entre eux car il ne prit pas la peine de lui répondre.
Chuuya roula des yeux, choisissant de ne pas relancer une énième dispute qui aurait été totalement futile.
— Merci de m'avoir permis de récupérer les dernières affaires que tu avais oubliées.
Le jeune homme contrôlait la situation moins bien qu'il le pensait car les mots étaient petit à petit en train de s'échapper et de fuir par sa bouche sans qu’il puisse les filtrer.
Avec un pincement au cœur qui menaça de le déchirer, Chuuya prononça un ultime adieu qui ne manqua pas de l’écarteler intérieurement.
— Je me demande si tu me regretteras Osamu. Sûrement non. Mais je peux t'affirmer que moi oui.
~
Depuis la fois où Chuuya était venu récupérer ses affaires qu'il avait oubliées, ce dont Dazai s'était empressé de lui si gentiment rappeler – le brun s'était contenté d'un message glacial – le rouquin ne l'avait plus recroisé.
Il aurait aimé croire que c'était simplement dû au hasard, mais il connaissait l’étudiant et savait pertinemment que le brun l'évitait comme la peste.
Chuuya ne pouvait pas s'empêcher de le trouver injuste étant donné que c'était lui qui l’avait abandonné sans aucune explication.
Le jeune homme aurait presque aimé confronter son ancien petit-ami à ses actes, mais il n'avait ni le temps ni l'envie de se lancer dans une énième dispute.
Tirer définitivement un trait sur le passé semblait être la meilleure des choses à faire pour qu'il puisse préserver un minimum sa santé mentale.
Mais évidemment l'univers semblait haïr Chuuya de tout son cœur car au moment où le jeune homme émettait cette pensée, des mèches de cheveux brunes si reconnaissables pour lui, entrèrent dans son champ de vision.
Il pensait s'être suffisamment endurci mentalement pour affronter son ex petit-ami, mais visiblement il s'était également trompé.
Rien ne l'avait préparé face au déchirement intérieur qui le parcourut quand ses yeux tombèrent sur la silhouette du brun.
— Dazai, balbutia-t-il d'une voix pâteuse.
Le jeune homme l'ignora avec le plus grand des soins, et Chuuya ne pouvait même pas dire qu'il était surpris : c'était typiquement le comportement qu'il avait imaginé que le brun prendrait. Briser leur relation en miette sans explications et puis fuir de la façon la plus lâche qu'il soit.
Le rouquin n'avait pas l'intention d'interpeller Dazai et de faire une scène dans les couloirs, mais la colère prit le dessus sur ses autres émotions et il agit avant de réellement prendre conscience de ce qu'il faisait.
— Hey ! Dazai !
Voyant que l'autre étudiant ne réagissait pas, il ajouta d'un air narquois :
— A moins que tu aies changé de nom pendant la nuit, je crois que tu t'appelles toujours Dazai. Sauf si tu as décidé de fuir encore une fois et de quitter le pays.
Sa remarque eut le seul point bénéfique de faire stopper le brun en pleine marche. Ce dernier sembla hésiter entre choisir de se retourner pour venir se confronter au rouquin ou alors de continuer à avancer et de fuir, confirmant les paroles de Chuuya.
Visiblement le dilemme ne fut pas très long car Dazai redressa légèrement ses épaules – seul signe qu'il avait entendu l'apostrophe du rouquin – avant de continuer à avancer d'une démarche raide.
Chuuya roula des yeux et lança une insulte suffisamment fort pour que le principal concerné l'entende sans que toutefois tout le hall soit mis au courant.
Le jeune homme lâcha un soupir : s'il pensait pouvoir rester ami avec Dazai malgré leur séparation et éviter à leurs amis communs de choisir un "côté", il s'était lourdement trompé.
Le brun semblait garder rancune contre lui malgré tout, et Chuuya ne s'abaisserait pas à venir ramper à ses pieds pour lui demander pardon.
Kôyô lui lancerait sûrement un regard désapprobateur si elle avait accès à ses pensées, lui disant sûrement qu'il devait s'expliquer à cœur ouvert avec Dazai.
Mais jusqu'à preuve du contraire, c'était son ancien petit-ami qui le fuyait et non l'inverse.
Chuuya tenait au moins à conserver sa dignité.
~
— Tu ne lui as toujours pas reparlé ?
Le rouquin faillit s’étouffer en entendant la question qui paraissait si innocente de sa sœur.
— Pourquoi est-ce que tu persistes à me demander ça ? lâcha-t-il d'un ton exaspéré.
Il ne cherchait même pas à le cacher.
— On s'est séparé point à la ligne. C'est même lui qui a initié la rupture. Je ne vois pas pourquoi tu continues à insister malgré tout.
Kôyô poussa un lourd soupir à l'autre bout du fil.
— J'ai croisé Mori Ôgai ce matin.
Chuuya se figea en entendant le nom du père adoptif de son ex petit-ami.
— Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?
— Rien de spécial. Le temps, la météo, le travail, le fait que Dazai n'allait pas très bien, la routine–
— C'est quoi le but là ? siffla-t-il entre ses dents. C'est Dazai qui m'a quitté sans explication alors essayer de me faire sentir coupable n'est pas la bonne méthode à utiliser pour obtenir des résultats positifs, grande sœur.
Il y eut un blanc à l'autre bout de la ligne, et Chuuya sut que Kôyô cherchait avec soin ses mots.
— Je ne tenais pas à te pousser à la culpabilité, finit-elle par déclarer. Je me disais que si vous pouviez avoir une vraie conversation une bonne fois pour toute dans votre vie, alors peut-être que ça irait mieux.
Kôyô reprit sa respiration avant de poursuivre.
— Je n'ai pas menti. J'ai réellement rencontré Mori par hasard et il s'est mis à me parler de son fils.
Chuuya croisa les bras sur sa poitrine, toujours méfiant face aux propos qu'avançait sa sœur. Il doutait fortement qu'elle lui mente sur un sujet aussi banal et peu important qu'était sa vie amoureuse, mais il préférait toujours en avoir le cœur net.
— Tout ce que Dazai sait faire se résume en un seul mot : fuir. Alors je ne vois aucune raison valable pour laquelle il accepterait d’avoir une dernière conversation avec moi.
Kôyô resta silencieuse pendant de longues minutes, et Chuuya savait pertinemment qu'elle était plongée dans ses pensées.
Respectant son silence le rouquin ne rajouta rien, attendant que sa sœur décide de reprendre la parole.
— Essaie toujours, murmura-t-elle. Les gens pourraient te surprendre parfois.
~
Aussi étonnant que cela puisse l'être, Chuuya était déterminé à suivre le conseil de sa sœur : il valait mieux qu'il crève l'abcès avec Dazai plutôt que de sentir son coeur se serrer chaque fois que ses yeux se posaient sur la silhouette du brun.
Il refusait de terminer sa scolarité avec ce genre d'inquiétudes futiles alors il était plus que déterminé à avoir une vraie conversation.
C'était un total hasard qu'il se retrouve à la soirée organisée par Dostoïevski : Tachihara voulait y aller et le jeune homme n'avait pas eu le cœur à laisser son ami seul.
La musique lui agressait les oreilles si bien qu'il commençait à avoir peur pour le futur de son audition. Tachihara avait disparu il ne savait trop où mais Chuuya n'était pas inquiet : son ami savait se gérer lui-même, et il n'hésiterait pas à l'appeler s'il avait besoin d'aide.
Ce fut pourquoi le rouquin se retrouva en train de déambuler dans les couloirs bondés de monde de la maison de Dostoïevski. Il murmura plusieurs excuses qui se perdirent dans le brouhaha pour finalement atteindre le premier étage plus ou moins sain et sauf.
A peine Chuuya avait posé un pied sur la dernière marche des escaliers qu'il comprit son erreur : les gémissements ne laissaient aucun doute quant aux activités du couple qui était dissimulé dans le coin.
L'étudiant roula des yeux et il s'apprêtait à tourner les talons et partir aussi vite qu'il pouvait quand les nuages furent chassés par le vent laissant ainsi passer la lumière de la lune.
Si Chuuya n'avait pas reconnu les personnes dans le pénombre, la faible luminosité qui émanait de la fenêtre ne laissait aucune place au doute : ces mèches brunes qui semblaient être si douces baignées de lumière ne pouvait appartenir qu'à une seule personne.
Dazai Osamu se trouvait devant lui.
Et il était très occupé à embrasser quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre qui n'était pas lui. Cette pensée n’aurait pas dû le contrarier autant mais ce fut le cas.
Sous l'effet du choc, Chuuya faillit reculer d'un pas et chuter dans les escaliers, à l'image de ce qu'il ressentait à l'instant précis.
Ses émotions dégringolaient en même temps qu'il tombait des nues, et il ne savait quel sentiment ressentir. Colère ou tristesse, confrontation ou fuite ?
Quand il y pensait, Dazai ne lui devait absolument rien : ils avaient rompu alors le jeune homme était libre de faire ce qu'il souhaitait. Cela ne voulait pas dire que cela ne faisait pas mal de le voir avec une autre personne.
Chuuya serra ses poings jusqu'à s'ouvrir la peau de ses paumes et il choisit l'option favorite de Dazai : il fuya.
Égoïstement, il sortit à toute vitesse de la maison, bousculant les invités sur son passage avec peu de considération et oubliant par la même occasion de prévenir Tachihara.
Fébrilement, il s'empara de ses clés et mit le contact, n'attendant pas une seconde supplémentaire pour démarrer.
Misérablement, Chuuya serra une main contre sa poitrine comme pour y sentir son coeur qui venait de se briser une fois de plus. Il s’en voulait de se mettre dans tous ses états pour une chose aussi simple que ça, mais les faits étaients là.
Le rouquin imaginait qu'il n'avait plus qu'à investir dans des stocks de colle forte à partir de ce jour.
~
Chuuya n'avait aucune envie d'être catégorisé comme "ex qui ne pouvait pas passer à autre chose" par tout le reste du campus, alors il décida d'agir.
Fixer le même mur pendant de longues heures avec un regard meurtrier n'allait sûrement pas l'aider.
Quand le rouquin revint sur le campus de son université le lundi suivant, il fut grandement étonné de voir que Dazai était assis sur les marches de l'escalier et semblait attendre quelqu'un.
Le jeune homme refusa de laisser s'installer cette lueur d'espoir dans sa poitrine qui lui disait que le brun poireautait ainsi pour lui.
Mais Chuuya avait appris à ne pas s'accrocher à ses illusions et à ne pas voir uniquement ce que ses envies lui dictaient.
Alors, avec une démarche qui lui semblait beaucoup trop raide pour être naturelle, le rouquin dépassa Dazai sans lui adresser un regard voulant totalement l'ignorer.
Mais c'était sans compter la main du brun qui vint attraper son poignet, le stoppant sur place.
— Quoi ? cracha Chuuya avec plus de véhémence qu'il ne l'aurait voulu.
— Est-ce qu'on peut se parler ? Pas longtemps, ajouta précipitamment le brun.
L'étudiant roux commença à froncer les sourcils du fait de l'étrangeté de la situation dans lequel il se trouvait : Dazai ne rendait de comptes et d'explications à personne, c'était ainsi depuis toujours.
— Parler de quoi ?
Chuuya tenta de se souvenir vainement que son but premier était de discuter calmement avec le brun, mais visiblement son unique présence faisait fuir tout bon sens en lui.
— Tu sais très bien de quoi, répondit ce dernier, et Chuuya fut surpris de trouver sa voix lasse et fatiguée.
Le jeune homme croisa les bras sur sa poitrine afin de faire signe à Dazai de commencer ses explications.
— Je suis désolé pour l'autre fois, à la soirée–
— Tu savais que j'étais à la fête ? coupa brutalement le rouquin.
Son ancien petit-ami haussa les épaules dans un geste qui se voulait nonchalant mais cela n'empêcha pas Chuuya de voir clair dans son jeu.
— Est-ce qu'il y a vraiment quelque chose que je ne sais pas dans cette université, mon cher Chuuya ?
— Tu savais que je viendrais, murmura le jeune homme pour lui-même, trop occupé à tirer les bonnes conclusions pour répondre à Dazai.
— Tu savais que je te verrais ! finit-il par lâcher.
Avec n'importe qui d'autre, cela aurait très bien pu passer pour une simple coïncidence. Mais pas avec Dazai, Chuuya ne pouvait pas croire une seule petite seconde que tout ça était uniquement l'oeuvre du destin.
Le brun ne répondit rien et son regard coupable parla pour lui.
— Connard, souffla le jeune homme entre ses dents mais il savait que Dazai l'avait entendu. Dire que je pensais que tu étais sincère pour une fois. Mais apparement c'est un concept que tu ne comprends pas. Comme celui d'avoir une conversation quand quelque chose ne va pas, comme tout être humain.
Chuuya n'avait même pas la force d'élever la voix et de paraître énervé : toute son énergie avait été drainée.
— Je me demande comment j'ai pu croire en toi un jour.
À ce stade là, ses mots n'avaient plus qu'un seul but : faire souffrir leur destinataire et provoquer une émotion sur son visage absolument et terriblement neutre.
— Tu sais quoi ? J'imagine que tout le monde fait des erreurs.
Chuuya haussa les épaules.
— Et je crois que tu es ma plus grande erreur.
~
Si sur le moment se défouler sur Dazai lui avait fait du bien, ce n'était plus le cas quelques heures après, quand Chuuya avait suffisamment la tête froide pour prendre conscience du poids de ses actes.
Son premier réflexe avait été d'appeler Kôyô, mais il n'avait pas envie de continuellement déranger sa sœur pour les histoires futiles qu'étaient les siennes.
Chuuya soupira bruyamment : il supposait que c'était désormais à lui de faire le premier pas vers le brun. Et refusant de faire cela par téléphone, le jeune homme était condamné d'attendre de croiser Dazai sur le campus.
Autrement dit, cela n'allait pas être une tâche aisée surtout si le jeune homme se cachait volontairement.
Il s'avéra que le rouquin ne s'était pas trompé : Dazai l'évitant volontairement, un bon mois s'écoula avant qu'il ait eu l'occasion de reparler au brun.
Chuuya supposait que ce n'était pas plus mal : sa colère avait largement eu le temps de retomber et les plaies ouvertes par la rupture n'étaient pas aussi fraîches qu'avant.
Le jeune homme croisa son ancien petit ami par pur hasard au détour d'un couloir, au moment même où il s'y attendait le moins.
Chuuya saisit l'occasion, et il attrapa le poignet de Dazai lui interdisant toutes tentatives de fuite par la même occasion.
— Est– Est-ce qu'on peut parler ? S'il te plaît je suis sérieux cette fois-ci, et je ne vais pas m'énerver, ajouta-t-il rapidement en croisant le regard consterné de Dazai.
— Ça dépend… Est-ce que je vais encore de servir de défouloir ? Dans ce cas, je passe mon tour.
Chuuya resserra sa prise sur le poignet de son interlocuteur.
— Je– non. Je t'assure. C'est sérieux, et j'imagine qu'on se doit des explications mutuelles depuis quelques mois déjà.
Au bout de longues minutes que le rouquin qualifierait volontiers d'angoissantes, Dazai finit par hocher lentement la tête.
— Suis moi, déclara-t-il et sur le moment Chuuya ne songea même pas à protester.
~
Le brun le guida jusqu'à la cage d'escaliers de l'université qui était généralement peu fréquentée.
Le jeune homme n’avait pas eu le temps de commencer que Chuuya prit la parole avant que le courage ne l'abandonne totalement.
Son cœur martelait ses côtes et il pouvait entendre chaque battement résonner dans son esprit.
Le rouquin prit une longue inspiration.
— Je m'excuse de m'être énervé la dernière fois que tu voulais me parler. J'étais encore sur les nerfs et même si ça ne justifie en rien mes actes, j'imagine que ça les explique.
Dazai hocha la tête sans rien ajouter, le laissant poursuivre.
— Mais je ne m'excuserais pas de m'être énervé ce soir là. J'ai dit des choses qui dépassaient largement ma pensée et qui étaient juste destinées à blesser, mais j'avais toutes les raisons d'être excédé. Tu ne faisais jamais rien pour l'appartement.
Chuuya se tut, laissant le silence planer entre eux pendant quelques secondes avant que Dazai se décide à reprendre la parole.
— Il semblerait que je te dois également des excuses, soupira le brun.
Le rouquin croisa les bras sur sa poitrine et haussa un sourcil afin de lui montrer qu'il l'écoutait attentivement.
— Pourquoi je n'ai pas essayé d'arranger les choses le lendemain ? Pour être honnête, je t'ai vu partir à toute vitesse en claquant la porte derrière toi après m'avoir lancé un tas insurmontable de piques. J'en ai déduit les conclusions évidentes.
Dazai haussa les épaules pour conserver une image de nonchalance qui était trahie par ses mains crispées.
— Alors j'ai décidé de partir avant que tu ne reviennes. Comme ça je n'aurais pas eu à te voir me laisser derrière. Tu aurais fini par le faire un jour ou l'autre et peut-être que d'une certaine façon je voulais précipiter cette fin qui était obligatoire pour moi.
Chose qui n'était pas coutume, le brun évitait soigneusement son regard et les remarques sarcastiques à son sujet.
— C'était plus simple de briser notre relation par moi-même que de te voir la détruire inintentionnellement.
Pendant de longues secondes Chuuya resta debout sans rien faire, trop sonné par les aveux de son ancien petit-ami. C'était sûrement la confidence la plus complète et sincère que le brun ne lui avait jamais faite et il ne savait quoi répondre à ça.
— Et à la soirée ? demanda soudainement le rouquin. Pourquoi avoir fait ça si tu tiens un tant soit peu à moi ?
Cette question le taraudait depuis que Dazai avait fini ses explications et il n'allait pas se gêner pour la lui poser.
— Je suppose qu'on peut dire que j'avais envie de te blesser. Parce que tu semblais si peu affecté que j'en venais à me demander si j'avais compté un jour pour toi. Si chacune des paroles que tu avais l'habitude de me murmurer à l'oreille contenaient une once de vérité.
Le brun déglutit.
— Alors oui, j'avais envie que tu souffres cette nuit là comme moi je souffrais. Ce n'est en aucun cas justifiable et je comprendrais sans problème ton dégoût ou ta colère.
Le cerveau du jeune homme aux yeux bleus tournait à toute vitesse, enregistrant et traitant correctement chaque mot que Dazai venait de prononcer.
Agissant sous l'impulsion d'une émotion qui dépassait sa raison, Chuuya leva lentement sa main jusqu'à venir poser sa paume contre la joue du brun.
C'était la première fois que l’étudiant brun prenait le risque de se découvrir autant devant lui, et malgré leur dispute récente, il ne voulait en aucun cas trahir cette confiance.
— Je ne vais pas prétendre que de simples excuses vont tout changer et notre relation sera exactement comme avant parce que ça serait mentir, déclara enfin le rouquin.
Dazai n'eut aucune réaction physique de notable comme s'il s'attendait à recevoir cette exacte réponse.
Son regard whisky était vide comme s'il commençait déjà à perdre pied avec la réalité.
— Mais, poursuivit Chuuya afin de conserver l'attention du brun, ça ne veut pas dire pour autant que je ne suis pas prêt à… nous donner une deuxième chance.
Le jeune homme déglutit péniblement avant de croiser les bras sur sa poitrine : faire ce genre d'aveux était plus difficile qu'il l'avait imaginé et il se retint avec grande difficulté de rajouter une remarque désobligeante.
— C'est à toi de voir, rajouta-t-il voyant que Dazai ne montrait toujours aucun signe d'intelligence. Je ne compte pas te tuer si tu réponds non.
Le brun sembla sortir brutalement de sa léthargie quand le son de sa voix retentit une seconde fois.
Les prunelles de Dazai examinèrent avec attention le visage de Chuuya, recherchant avec minutie la moindre émotion qui pourrait l'informer de sa sincérité.
Quand il parut satisfait de sa fouille, il finit par remonter ses yeux et les plonger dans ceux du plus petit.
Chuuya ne put s'empêcher de déglutir : jusqu'à présent il avait pensé que Dazai aurait été d'accord pour recommencer leur relation sur de meilleures bases, mais face à ce silence il n'en était plus si sûr.
— Dazai… murmura-t-il doucement dans l'espoir d'en tirer une réaction. Je– ce n'est pas grave d'accord ? Si tu ne veux plus avoir affaire avec moi je peux le comprendre et je–
— Chuuya, le coupa doucement le brun en attrapant fermement ses épaules pour le maintenir en place.
Les minutes semblèrent s'étirer sur des heures pendant que l'avenir de son monde se résumait soudainement aux prochaines phrases qui allaient sortir de la bouche de Dazai. Et le jeune homme haïssait ce sentiment, celui d'être à la merci du plus grand, de devenir cette version de lui-même qu'il méprisait.
— Tu ne croyais quand même pas que j'allais me débarrasser de mon chibi préféré ?
Le soupir de soulagement que laissa échapper Chuuya fut trop bruyant pour qu'il passe inaperçu à l'ouïe fine du brun.
— Tu me manquerais trop, toi et tes chapeaux à l'allure douteuse !
Un bras vint s'enrouler autour de ses épaules et le rouquin fléchit sous l'effet de la pression qui s'exerçait désormais sur lui.
— Je ne suis pas un accoudoir ! siffla-t-il entre ses dents et la seule réaction qu'il obtint fut un rire moqueur.
— Ravi de voir que certaines choses n'ont pas changé~
— Oh ferme là, rétorqua sans hésiter Chuuya.
L'instant suivant une légère pression se fit sentir sur ses lèvres et le sourire moqueur de Dazai apparut dans son champ de vision.
Peut-être qu'avant Chuuya se serait énervé face à ce baiser surprise, mais aujourd'hui ce geste était symbole d'un nouveau départ et d'espoir pour une vie future.
Il s'autorisa un sourire tout en inscrivant chacune de ces secondes dans sa mémoire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top