Épilogue
NDA : désolé de l'attente, je sais que vous attendez l'épilogue depuis presque un mois mais je n'arrivais vraiment pas à l'écrire. je l'ai réécris sept fois (au moins) et je pense que cette version est la meilleure. mais bon, j'ai toujours l'impression que c'est un peu nul :(
je dédie la dernière partie de cette histoire à mes deux lectrices préférées maybecooler et Anna-read car elles ont suivi cette histoire tout le long et sans elles, j'aurai sûrement perdu espoir à un moment donné. MERCI POUR TOUT!!!
bref, j'espère que ça vous plaira! ENJOY!
« est-ce que ce n'est pas magnifique à en couper le souffle comment tu as appris à faire pousser des fleurs à partir des souvenirs qui sont morts il y a longtemps ? »
TOBIAS.
Deux mois plus tard.
Les mains de Tobias se refermèrent en poings sur les draps et il sentait ses cuisses trembler. Un gémissement était coincé dans l'arrière de sa gorge alors qu'il enfouissait son visage dans le coussin et il avait juste l'impression de brûler de l'intérieur.
-Putain, il souffla, le son étouffé dans le duvet.
-C'est ça, gémit pour moi.
Tobias pouvait entendre la satisfaction dans la voix de Gregg. Leurs peaux claquaient l'une contre l'autre dans un bruit brut et sale et Tobias se cambra en sentant Gregg toucher ce point si particulier de son anatomie.
Les muscles de ses cuisses se tendirent et il roula des hanches à la recherche de plus de contact. Gregg enfonça ses doigts dans ses hanches charnues avant de pétrir lentement la chaire de ses fesses, les écartant légèrement.
Tobias jeta un coup d'oeil au-dessus de son épaule alors qu'il sentait son corps entier bouger sur le matelas avec les coups de hanches de Gregg. Il avait sa langue coincée entre ses lèvres pincées en un sourire et il regardait son érection sortir et entrer du corps de Tobias.
Puis Gregg lui envoya un regard malicieux et tira sur ses épaules pour le redresser sur ses genoux. Tobias gémit faiblement aux changements de sensations et s'appuya contre le torse derrière lui, sentant bientôt un bras entourer ses épaules. Il gémit faiblement, ses paupières tombant avec le plaisir qui parcourait ses veines.
-T'es un bon garçon pour moi. T'aime ça, hein ? T'aimes te faire baiser comme ça ? Chuchota Gregg d'une voix suave et dominatrice.
Tobias ne répondit pas parce que ses mots étaient tout sauf exitants.
Gregg pressa un baiser dans sa nuque et ses coups de bassin commencèrent à adopter un rythme saccadé et presque violent. Tobias ouvrit la bouche et laissa tout son poids reposer contre le corps de Gregg, ses muscles tremblants trop pour le maintenir.
Il se perdit dans un plaisir novateur, trouvant une échappatoire dans la façon dont la peau de l'homme derrière lui glissait contre la sienne et comment les gémissements dans son oreille allumaient un feu dans son ventre. C'était bien, c'était bon, mais ce n'était pas ça.
Ce n'était pas la même chose. Ce n'étaient pas des baisers doux contre sa nuque, ce n'étaient pas des louanges chuchotées dans la pénombre de la chambre, ce n'étaient pas la combinaison de la passion et de la délicatesse mêlées dans une étreinte charnelle.
Gregg n'était que muscles, brutalité et gros mots.
Gregg n'était pas Brody.
Tobias sentit le gland de Gregg taper pile dans sa prostate et il noya ses dents dans sa lèvre inférieure alors qu'il enfonçait ses doigts dans les avants-bras de l'homme.
Et il était proche, il l'était vraiment. Mais ce fut la pensée de Brody et lui, enchevêtrés dans une passion dévorante et pressés l'un contre l'autre, qui fit exploser la chaleur dévorante dans son bas-ventre.
Il s'écroula sur ses avants-bras en gémissant, caressant son érection avec vigueur alors qu'il laissait les dernières gouttes de son plaisir évident se déverser sur les draps. Tobias laissa Gregg utiliser son corps pour atteindre son propre plaisir, trop fatigué pour contester ses coups de butoirs douloureux.
Puis Tobias s'écroula sur le lit, se retournant sur le dos et sentant sa cage-thoracique se soulever anarchiquement. Un poids creusa le matelas à côté de lui et il regarda Gregg retirer le préservatif en nouant un noeud au bout.
-C'est qui Brody ? Demanda Gregg alors qu'il revenait vers Tobias.
Tobias soupira en passant son biceps au-dessus de ses yeux pour se cacher de la luminosité de la pièce - ou peut-être pour se cacher de Gregg.
-J'ai gémis son prénom, c'est ça ?
Il entendit un faible rire à côté de lui puis des caresses contre son épaule.
-Ouais.
Tobias gémit de frustration parce que vraiment, il en avait marre. Chaque fois qu'il couchait avec quelqu'un d'autre que Brody, c'était quand même son prénom qu'il gémissait.
-Mais tu sais, c'est pas grave, reprit Gregg. Je peux être qui tu veux.
Le châtain découvrit ses yeux et fronça les sourcils en lui envoyant un regard oblique. Gregg souriait en se mordant la lèvre inférieure, papillonnant des paupières et cachant très mal ses intentions futures.
-Tu es bizarre, répondit Tobias.
Il ne connaissait pas cet homme. Ils s'étaient rencontrés il y a quelques heures dans un bar au coin de la rue, avaient bu deux bières et s'étaient touchés sous les tables avant d'envahir l'appartement de Gregg. Tobias savait juste qu'il était pakistanais et qu'il était pâtissier.
Gregg était joli garçon. Sa peau était mate et lisse, embrassée par le soleil d'orient. Ses cheveux étaient d'un noir profond et ses yeux brillaient sous les lumières artificielles, créant des reflets dorés autour de ses prunelles. Tobias ne voulait pas s'avouer à lui-même qu'il avait choisi Gregg seulement pour son physique qui lui rappelait étonnamment celui de quelqu'un d'autre.
-C'est qui Brody alors ?
Tobias soupira et ses yeux scrutèrent le plafond avec une habituelle douleur étreignant son coeur.
-Mon petit-ami, il chuchota.
Immédiatement, les sourcils de Gregg se froncèrent.
-Quoi ? Attends - tu es entrain de le tromper et tu gémis son prénom ? Ça n'a aucun sens.
Gregg semblait plus dérangé par le paradoxe que par l'idée d'adultère. Tobias se dit qu'il vivait dans un monde de merde.
Il ferma les yeux et passa une main dans ses cheveux.
-Il est mort. Il s'est suicidé il y a deux mois.
« Oh » fut tout ce que Gregg trouva à répondre. Un silence s'installa dans la chambre et Tobias pouvait deviner que Gregg était gêné car il avait cessé ses caresses et semblait très silencieux. Tobias ouvrit les yeux et lui envoya un regard par-dessous ses cils. Gregg le regardait déjà.
-Je - je suis hum - désolé ? Je ne sais pas quoi dire, je ne m'attendais pas à ça.
Gregg était étonnamment très compréhensif et ne semblait même pas blessé que Tobias ait gémit un autre prénom. D'un autre côté, cela aurait été injuste s'il s'était énervé, ils ne se connaissaient pas et Tobias ne lui avait rien promis. Il pouvait juste tiré son coup et penser à qui il voulait. Mais c'était incroyable la façon dont Gregg n'était que dominance et brutalité pendant le sexe, et un petit garçon timide après avoir jouit.
Tobias sourit doucement et l'embrassa sur la joue avant de sauter hors du lit pour s'habiller. Gregg le regarda depuis le lit en triturant ses couvertures.
-Ça te dit qu'on se revoit ? Je veux dire, on pourrait prendre un café ou juste - ouais, baiser si tu préfères. J'aimerais te revoir. On pourra parler de - tu sais - Brody et ces choses-là.
Le châtain boutonna sa chemise en souriant pour lui-même.
-Désolé, Gregg, je ne fais pas de dates. Et je ne parlerai pas de Brody avec toi.
-Oh - eh bien, c'est pas grave. On peut juste baiser ou - je sais pas.
Tobias jeta sa veste au-dessus de son épaule et envoya un sourire à l'homme allongé dans le grand lit.
-Au revoir, Gregg.
Il était presque deux heures du matin lorsque Tobias pénétra dans l'appartement d'Arthur et Blaise. Le couple avait emménagé dans un petit immeuble mitoyen près du Rariton quelques semaines auparavant et Tobias squattait la chambre d'ami parce que vraiment, retourner dans l'appartement de Brody était quelque chose de trop difficile pour le moment et il refusait catégoriquement de vivre avec sa mère ou son père.
Arthur était encore réveillé et semblait regarder Storage Wars. Il regarda Tobias traverser l'appartement et se servir un verre d'eau dans la cuisine.
-Alors, c'était une bonne soirée ?
Tobias haussa les épaules et regarda la poubelle en fer comme si c'était le plus bel objet de la pièce.
-Comment il s'appelle ? Demanda encore Arthur.
Il avait déjà baissé le volume de la télé et Tobias pouvait entendre la légère touche d'amertume dans sa voix, mais il n'y prêta pas attention.
-Gregg, il marmonna.
-Oh, c'est une première ! S'exclama Arthur. Nous avons déjà eu deux Lukas, mais Gregg semble être un nouveau prénom à ton palmarès.
Tobias leva les yeux au ciel parce qu'il s'y attendait. C'était comme ça à chaque fois.
-Ferme ta gueule, Arthur.
Le grand bouclé soupira depuis le canapé et regarda Tobias se laisser tomber à côté de lui, puis augmenta le son de la télé de nouveau. La lumière diffuse du petit écran éclaira faiblement le salon et Tobias ne prêta pas vraiment d'attention à l'émission car Arthur tapait du pied à côté de lui et semblait contrarié.
C'était toujours comme ça. Depuis deux mois.
-Quoi ? Croassa finalement Tobias.
Arthur se tourna vers lui en arrêtant finalement de gigoter. Il le regarda avec la bouche entrouverte, comme s'il voulait dire quelque chose mais que les mots restaient coincés dans l'arrière de sa gorge.
-Dis-le. Je sais que tu veux le dire, insista Tobias.
Arthur secoua la tête et soupira en fermant brièvement les yeux.
-Tu devrais arrêter de coucher avec tous ces mecs, il marmonna.
Tobias pencha la tête en arrière et regarda le plafond un instant avant de soupirer.
-Je n'ai pas couché avec tant de mecs que ça.
-Oh, s'il te plaît, rétorqua Arthur. T'as couché avec la moitié de la ville en seulement deux mois.
Tobias le fusilla du regard.
-T'es entrain de me traiter de pute ? Il s'exclama en se redressant sur le canapé.
L'expression d'Arthur s'adoucit immédiatement et il pressa délicatement le genoux de Tobias.
-Bien-sûr que non, Toby, répondit Arthur. Je dis juste que - ouais, t'as baisé avec beaucoup de mecs depuis que Brody est parti et - tu devrais trouver quelqu'un.
Le châtain repoussa son commentaire d'un hochement d'épaule et détourna le regard vers la télé, même s'il ne comprenait pas grand chose à ce qu'il se passait dans l'émission. Il détestait quand Brody refaisait surface dans les discussions.
-Honnêtement, avec combien de mecs t'as couché en seulement deux mois ?
-Je ne sais pas, combien de mecs métissés aux yeux dorés est-ce qu'il y a Princeton ?
-Et tu prétends que tu es passé au-dessus de Brody ?
-Je n'ai jamais dis ça, se défendit Tobias. Et je n'aurai pas cette discussion avec toi, c'est ma putain de vie en j'en fais ce que je veux.
Tobias entendit Arthur soupirer à côté de lui, mais il s'en fichait. Il sentait son coeur battre contre les veines de son cou et des sanglots poussaient contre son coeur et toute cette discussion commençait à l'agacer parce que sérieusement, qui était Arthur pour le juger ?
-Tu sais que Nick est de retour en ville ?
Le châtain fronça le nez à la mention de son ex petit-copain.
-Ah ouais ? Tu l'as vu ?
-Non, il est débordé de travail maintenant qu'il est chef de service. Mais je suis sûr qu'il aurait le temps pour un café avec toi, tu sais, pour - genre - rigoler du passé.
Tobias voyait clair dans son jeu et il lui envoya un regard meurtrier.
-J'espère que tu rigoles, Arthur.
Arthur haussa les épaules en lui donnant un bref regard lourd de sous-entendus.
-Il est gentil, Tobias, et vous étiez bien ensemble. Je suis sûr qu'il ne serait pas contre l'idée de te voir.
Tobias mordit l'intérieur de sa joue pour ne pas insulter Arthur, mais il le fit mentalement.
-S'il te plaît, Toby, essaye au moins, il le supplia.
Tobias croisa les bras sur sa poitrine en regardant avec conviction la télé.
-Ça fait deux mois que tu essayes de me mettre avec tous tes amis, Arthur. Laisse-moi tranquille, s'il te plaît, je ne suis pas encore prêt à - putain, laisse-moi tranquille !
-Je m'inquiète pour toi, Toby, murmura Arthur en tendant une main vers lui.
Mais Tobias repoussa son geste avec brutalité et se leva du canapé en faisant déjà son chemin vers le couloir.
-Je vais bien, bordel ! Et j'ai pas besoin de ta putain d'aide ! Laisse-moi tranquille !
Tobias cru voir un éclair de douleur passer dans le regard d'Arthur mais la sienne était étouffante et la seule chose à laquelle il pouvait penser pour le moment, c'était retrouver sa chambre et pleurer jusqu'à que les sanglots l'épuisent.
Arthur héla son prénom et il cru entendre Blaise sortir de la chambre et murmurer un « qu'est-ce qu'il se passe ? », mais Tobias avait déjà claquer la porte de sa chambre avec rage.
Il s'adossa au mur à côté et se laissa glisser contre la surface jusqu'à s'asseoir sur le sol. Ses bras entourèrent ses chevilles et il enfonça sa tête entre ses genoux, sentant des larmes brûlantes dévaler ses joues et le trou béant dans sa poitrine s'agrandir un peu plus alors qu'il essayait en vain de le refermer depuis deux mois.
Ce qu'Arthur ne comprenait pas, c'était qu'il ne pouvait pas passer au-dessus de cette douleur comme ça, en un sourire et un rendez-vous. Son deuil était peut-être plus long, mais lui n'avait pas eu la chance de se marier avec Brody, d'adopter des enfants ou de planifier un futur avec lui.
Ce qu'Arthur ne comprenait pas, c'était que Tobias vivait avec la constante pensée que l'amour de sa vie était mort et qu'il ne serait probablement jamais vraiment heureux parce qu'il était tellement brisé.
Quelques jours plus tard, Tobias était entrain de partager une pizza avec Loé devant un film quelconque quand son téléphone vibra sur la table basse. Il fronça les sourcils, le numéro étant inconnu. Il avala sa bouchée et décrocha, assez perplexe.
-Allô ? Il répondit.
Un raclement de gorge lui parvint.
-Hum, bonjour, vous êtes Tobias Carl ?
Les sourcils de Tobias se froncèrent encore plus alors qu'il essuyait ses mains grasses contre son jean.
-Ouais, pourquoi ?
Loé avait les pieds croisaient sur la table basse et fit un mouvement du menton en mimant des lèvres « c'est qui ? ». Tobias haussa les épaules.
-Je suis Simon Heck. Hum - je suis le secrétaire de Michael Hapstall.
Le souffle de Tobias se bloqua un instant quelque part dans l'arrière de sa gorge.
-Euh, ok. Je peux vous aider avec quelque chose ? Il demanda assez nerveusement en se levant du canapé.
Il montra deux doigts à Loé lui indiquant qu'il reviendrait dans deux minutes avant de sortir dans le couloir de l'immeuble. Il s'appuya contre le mur en entendant Simon soupirer à travers l'appareil.
-Je voulais savoir si vous étiez libre demain après-midi pour prendre un café. J'aimerai vous parler de - de ouais, de certaines choses.
Tobias croisa son bras libre sur sa poitrine et regarda distraitement la moquette.
-C'est à propos de Brooklyn ?
Chaque fois qu'il prononçait son prénom, l'image de son corps étendu dans la salle de bains refaisait surface et Tobias dû secouer la tête pour ne pas tomber dans les abysses de sa dépression.
-Hum - en quelque sorte. C'est à propos de sa relation passé avec mon patron.
Tobias mordit l'intérieure de sa joue. Il n'avait pas pensé à Michael depuis un moment et toute cette histoire de rencontre lui semblait un peu bizarre.
-Je sais que c'est un peu - disons, perturbant que je vous appelle à ce propos mais - hum - je suis de votre côté. Je suis du côté de Brooklyn. Je - je connais bien sa situation. S'il vous plaît, rencontrez-moi demain.
Le lendemain, Tobias passait le pas d'un café quelconque situé dans le centre-ville de Princeton. Il commençait à faire assez chaud, le printemps montrant timidement ses bourgeons, et la peau de Tobias était un peu moite. Il secoua ses cheveux et aperçut un jeune homme au fond de la salle lui faire des gestes de la main. Il devait être Simon.
-Je suppose que vous êtes Simon, sourit timidement Tobias alors que le garçon se levait en lui tendant une main.
-Oui, c'est moi, enchanté Tobias.
Ils se serrèrent la main autour de sourires maladroits avant de prendre place sur les fauteuils confortables. Simon avait déjà une tasse fumante de mocha entre ses mains et Tobias commanda un café latte.
Simon était un grand jeune homme, tout en minceur et en articulations anguleuses. Ses clavicules étaient saillantes à travers son t-shirt blanc et il portait l'un de ces chinos très à la mode avec des derbys. Ses cheveux blonds étaient arrangé nonchalamment sur sa tête et des mèches bouclaient librement autour de ses oreilles. Tobias se dit qu'il se serait peut-être retourné sur lui s'ils s'étaient croisés dans un bar.
Les mains de Tobias étaient moites contre l'étoffe rugueuse de son jean et aucun des deux garçons n'avaient dit un mot depuis au moins trois minutes. Toute cette situation était trop bizarre.
Finalement, Simon se racla la gorge.
-Bon - hum - je t'ai convié ici pour - je peux te tutoyer, n'est-ce pas ?
Sa voix était hésitante. Tobias hocha la tête en ancrant son regard dans le sien. Simon fronça le nez et sourit un peu.
-Je sais pas trop comment aborder le sujet. Je suis désolé, je dois avoir l'air d'un putain de psychopathe.
Il soupira et enroula ses doigts fins autour de sa tasse en gigotant sur sa chaise.
-Comme tu le sais sûrement, Brooklyn et Michael ont un passé assez - houleux. Je pensais que j'étais le seul à subir ce qu'il avait vécu, mais Brooklyn m'a fait comprendre que ce n'est pas le cas et qu'on est loin d'être les seuls.
Simon marqua une brève pause et Tobias hocha la tête pour l'inciter à continuer, à la fois hésitant à se plonger dans cette histoire et en même temps complètement dévouer à l'écouter, s'accrochant au prénom de Brody comme à un bateau qui s'éloignait du rivage.
-Il est venu voir Michael à son bureau quelques temps avant son décès. Toutes mes condoléances par ailleurs.
Il lui offrit un sourire compatissant et Tobias cacha son expression dans sa tasse de café parce qu'il n'avait même pas envie d'arpenter cette voie. C'était toujours trop douloureux et il n'aimait pas quand certaines personnes lui donnaient leur pitié alors qu'ils n'avaient jamais connu Brody comme Tobias l'avait connu.
-Donc - comme je disais, il est venu. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit, Michael avait juste l'air très énervé quand il est sorti. Brooklyn est passé me voir après. C'est un type vraiment cool, j'aurai aimé en apprendre plus sur lui.
Simon pinça ses lèvres et regarda distraitement autour de lui avant de planter son regard dans celui de Tobias.
-Il m'a - il m'a confié une clé USB avec une vidéo de lui dessus. Et une enveloppe à ton nom.
Le jeune homme tira les objets de sa poche et les poussa vers Tobias. Le châtain ramassa la lettre en fronçant les sourcils, son prénom n'étant pas inscrit par l'écriture de Brody.
-Qu'est-ce que c'est ? Il demanda.
Simon semblait nerveux, son genoux gigotait sous la table.
-Je ne sais pas ce qu'il y a dans l'enveloppe, je sais juste que Brooklyn m'a dit que ce qu'il y a l'intérieur est le résultat de son combat pour la justice. Je ne sais pas ce que ça veut dire.
Tobias se mordit la lèvre inférieure en déchirant l'enveloppe, révélant un chèque. Il était à son nom et déversé par Michael Hapstall. Mais le plus surprenant était bien la somme.
-Cinquante mille dollars ? Il s'exclama.
Il ouvrit de grands yeux dans la direction de Simon.
-Pourquoi ? Pourquoi est-ce que Michael ferait ça ?
C'était vraiment beaucoup d'argents et Tobias ne comprenait pas vraiment la raison de ce déversement d'argents.
Simon haussa les épaules.
-Je ne sais pas. Ça a sûrement un rapport avec la vidéo.
-Qu'est qu'il y a sur cette vidéo ?
La situation était un peu floue, mais Tobias avait toujours une confiance aveugle en Brody et si ce chèque lui était destiné, il devait y avoir une bonne raison.
Simon pinça de nouveau ses lèvres avant de soupirer.
-C'est un enregistrement de lui. Ce sont ses aveux. Il témoigne contre Michael.
Le coeur de Tobias s'immobilisa un bref instant.
-Je pense qu'il me l'a confié pour que j'ouvre un procès contre Michael.
Simon se gratta le sourcil puis déglutit et enfouit son visage entre ses mains.
-Je me sens terriblement nul. J'aurai dû te donner cette lettre et cet enregistrement bien avant mais je n'avais pas le courage de m'enfoncer dans une histoire pareille. Mais il y a une semaine, un de mes collègues est sorti en pleurant de son entrevu avec Michael.
Le secrétaire joua nerveusement avec la poignée de sa tasse avec de grands yeux, comme s'il revoyait la scène.
-Il avait l'air si détruit. Je me revoyais en lui et j'ai su ce qui c'était passé. Il venait d'être embauché et il n'a sûrement rien dit parce qu'il risquait de perdre son job - personne ne courait la nouvelle recrue face au légendaire grand patron. Il m'a aussi fait comprendre que je dois agir. Brooklyn est celui qui a vécu le plus dur. Je veux avoir son courage et me battre pour toutes ces personnes qui ont vécu le traumatisme d'être entre les mains de Michael.
Simon ancra son regard dans celui de Tobias, semblant déterminé.
-Je veux me battre pour Brooklyn.
Une foule de sanglots se pressa quelque part dans l'arrière de la gorge de Tobias mais il réussit à sourire à travers ses cils humides. Il contourna la table et se jeta dans les bras de Simon parce qu'il était si courageux et que vraiment, la justice pour Brody était tout ce que Tobias avait toujours voulu.
Tobias soupira et inspira six fois avant de pousser la porte de son passé. L'appartement sentait le renfermé et l'endroit semblait vide et impersonnel. Tobias marcha lentement vers le salon, regardant les murs où toutes les photos prises par Brody avaient disparu pour laisser place à un papier peint d'un vert douteux.
Il ne restait presque plus rien. Les étagères étaient vides et la cuisine aussi, comme si jamais personne n'avait habité ici. Tobias savait que les parents de Brody avaient vidé son appartement peu après son enterrement et l'avaient prévenu qu'ils avaient laissé deux boites avec des effets personnels qui revenaient à Tobias.
Se retrouver dans cet environnement était étrange. Tobias pouvait sentir son estomac se tordre alors qu'il progressait vers la porte de la chambre. Sa vision était un peu floue avec toute l'eau qui s'accumulait aux coins de ses yeux parce que tellement de chose était arrivée ici et maintenant, tout semblait s'être effacé.
Il se rappelait de sa première fois avec Brody, là, sur le vieux matelas qui reposait encore à même le sol. Il se rappelait de leur dispute à cause du pari. Il se souvenait de leur réconciliation après six semaines loin de l'autre, de la fois où Brody lui avait demandé d'emménager avec lui, celle où ils avaient parlé d'avoir des enfants sur la terrasse et la fois où Brody avait accroché des guirlandes au plafond et lui avait dit « je t'aimerai pour toujours » sous les couettes.
Mais ce n'était pas que des grands moments qui avaient eu lieu ici, c'étaient aussi des choses futiles du quotidien qui retournaient le ventre de Tobias quand il y repensait. C'était la façon dont la peau de Brody était chaude le matin, quand il était encore emmitouflé dans les couvertures. Ou les fois où Brody lui préparait à manger dans la cuisine et Tobias l'appelait depuis le canapé pour faire des câlins. C'étaient aussi les soirées qu'ils passaient assis sur la terrasse en partageant des anecdotes sur leur journée. C'étaient les sourires doux de Brody et la façon dont ses doigts se retrouvaient toujours quelque part sur la peau de Tobias. C'était aussi la façon dont Brody rigolait et cachait son nez sous les couettes quand Tobias le chatouillait.
C'étaient toutes ces choses qui n'avaient pas d'importance pour les autres mais qui étaient la racine même de sa relation avec Brody et Tobias ne put refouler ses sanglots alors qu'il s'asseyait sur le vieux matelas désormais déshabillé de ses draps et couettes. La chambre était vide et Tobias avait la sensation que tout ce qu'il avait vécu avec Brody n'était qu'un vague souvenir.
Il alluma la télé et brancha la clé USB au lecteur DVD en reniflant légèrement, ses mains tremblants un peu avec l'appréhension. Tobias sentit quelque chose en lui brûler quand le visage de Brody apparut à l'écran. La vidéo semblait avoir était filmée avec son téléphone, sûrement en équilibre contre quelque chose, et Brody était assis au comptoir de la cuisine, seul.
Tobias pinça ses lèvres parce que voir le visage de Brody était toujours douloureux.
-Hum - salut, je m'appelle Brooklyn Andersen, j'ai vingt-quatre ans et j'habite à Princeton.
Sa voix était basse et rauque. Tobias le vit se gratter le menton, semblant chercher ses mots.
-Je suis - comment dire - je connais Michael Hapstall. Je le connais même très bien. Je l'ai fréquenté pendant quatre mois. Enfin un an pour être précis mais j'estime que les huit derniers mois où j'étais avec lui ne peuvent pas être qualifier de relation.
Il se racla la gorge et Tobias ne voulait pas regarder cette vidéo, il ne voulait pas entendre la souffrance de Brody. Mais quelque part dans sa poitrine, son coeur s'accrochait à l'image de Brody et à son courage d'enfin se battre contre ses démons.
-C'était bien - au début. J'ai rencontré Michael quand je cherchais un appartement. Il était sympa et notre relation a vraiment commencé rapidement. Mais un soir, quatre mois après qu'on ait commencé à se fréquenter, il est rentré complètement bourré et il a voulu - eh bien, il a voulu coucher avec moi mais je ne voulais pas. Il m'a fait mal, il m'a traité de salope et j'ai essayé de le repousser mais il m'a frappé.
Brody triturait ses doigts nerveusement et Tobias cru distinguer des larmes sur ses joues mais la qualité de la vidéo ne permettait pas la certitude.
-Ça a continué. Parfois il était gentil, il m'offrait des cadeaux et me disait qu'il m'aimait et que j'étais le seul à ses yeux.
Le basané releva la tête vers le plafond et un sourire amer courbait légèrement ses lèvres.
-J'étais tellement naïf. Je le croyais. Je pensais qu'il m'aimait véritablement et qu'il me le montrait en me baisant comme une chienne. J'étais con.
La voix de Brody craqua sur les derniers mots et il essuya ses joues avec les manches larges de son pull en coton. Tobias pinça ses lèvres en remarquant que c'était son pull, le sien, et il sentit une douleur sourde étreindre son coeur parce qu'il aimait l'image de Brody flânant dans ses vêtements tout en sachant que plus jamais il ne se réveillerait dans l'odeur de Brody.
-Puis - puis il a commencé à me - à me partager. Il amenait des amis à l'appartement et j'attendais qu'ils viennent à tour de rôle dans la chambre pendant que je patientais dans le lit. Généralement, je me droguais aux somnifères et j'attendais. J'attendais juste que ça se finisse. Mais ça n'a jamais finit.
Il renfila et la douleur transperçait sa voix. La vue de Tobias se brouilla avec les larmes.
-Ils étaient bourraient, ils me crachaient dessus, ils me frappaient et m'insultaient. Parfois, ils étaient deux. J'étais juste un jouet à leurs yeux. Je me suis senti lamentable quand j'ai compris que je n'étais rien de plus que ça pour Michael. C'est un horrible monstre. Mais j'étais jeune et j'étais amoureux et je ne savais pas ce que tout cela voulait dire.
Les cils de Brody étaient collés par l'humidité et Tobias voulait traverser l'écran pour embrasser ses joues et caresser son dos jusqu'à ce que ses sanglots cessent. Inconsciemment, Tobias resserra ses bras autour de lui-même.
-Je n'ai jamais rien dis avant parce que je suis devenu une horrible personne après avoir fréquenté Michael. Je suis devenu l'un de ces bad-boy pourri de rom-com. J'étais déglingué et tordu et j'avais honte de moi. Je me suis réfugié dans l'alcool et le sexe parce que c'est ce que Michael m'a appris. Vous savez, je n'ai jamais parlé de tout ça à mes parents. J'avais trop honte, je me sentais nul et humilié, comme si j'étais une erreur.
Lentement, Brody soupira et Tobias se rendit compte de toute la douleur que Brody avait emmagasiné au cours de toutes ces années.
-Vous savez, maintenant j'ai un copain.
Les cils de Brody papillonnèrent lentement alors qu'il ancra son regard dans la caméra, un faible sourire courbant ses lèvres à travers le brouillard de ses lèvres.
-Il s'appelle Tobias Carl et il me rend meilleur. Il est fabuleux, il m'a apprit à m'aimer moi-même, pour ce que je suis.
Brody pinça ses lèvres puis gloussa doucement.
-Je l'aime. Je l'aime tellement et c'est grâce à lui que je fais ça. C'est grâce à lui que j'ai enfin le courage de raconter mon histoire pour aider toutes ces autres personnes qui ont vécu sous les mains de Michael.
Tobias sourit aussi et pleura en même temps tandis qu'il regardait Brody essuyer ses joues et relever la tête vers la caméra.
-Je m'appelle Brooklyn Andersen, j'ai vingt-quatre ans et je porte plainte contre Michael Hapstall. Je lève ma voix pour pour ceux qui se taisent. Je lève ma voix pour réduire au silence les démons de mon passé.
Puis la vidéo s'arrêta.
Deux ans plus tard.
La sentence de Michael s'était élevée à quarante ans d'emprisonnement ferme dans le Pénitencier de l'État de Virginie-Occidentale. Tobias était plus ou moins heureux de ce verdict. Il estimait qu'il méritait la mort, mais il savait que ce n'était pas juste.
Une trentaine d'autres jeunes garçons s'étaient manifestés au cours du procès et cela avait halluciné tout le monde, notamment Tobias. Chaque jour il découvrait des nouvelles facettes de Michael et ça l'effrayait de savoir que le nombre de personnes qui s'étaient retrouvés entre les mains de l'avocat surpassé toutes ses pensées les plus folles.
Tobias n'avait plus eu de contact avec ses parents depuis qu'ils avaient décidé de soutenir Michael dans tout ce bordel judiciaire. Nicky et George avaient en effet témoigné en faveur de Michael et cela avait absolument dégouté Tobias.
En revanche, il voyait toujours Jonny et Lucian car ils étaient le dernier semblant de famille qu'il avait depuis qu'Alex, sa soeur, ne donnait plus de nouvelles et était partie loin des États-Unis. Tobias ne lui en voulait pas, elle avait le droit de se reconstruire loin du berceau de son enfance.
Loé avait rencontré une fille, Judith, un petit morceau de femme du Texas qui savait comment se faire entendre et qui écoutait du country. Elle était brune avec de magnifiques yeux noisettes et elle avait attiré Loé dans ses filets avec son charme indéniable et son humour cru. Ils avaient acheté une grande maison dans les hauteurs du New Jersey avec l'espoir de fondé une famille. Loé avait encore un an à l'université avant de recevoir son diplôme en droit, mais une entreprise d'avocats l'avait déjà repéré et il avait déjà un nombre incalculable de projets avec Judith.
Hercule vivait toujours à Princeton et était heureux de sa vie de célibataire. Il travaillait dans une chaine de magasins de jardinages et prévoyait de partir pour un tour du monde avec son frère jumeau Jodi dans quelques mois.
Arthur, de son côté, vivait heureux avec Blaise toujours à ses côtés. Ils ne parlaient pas encore d'enfants pour le moment, se contentant de leur vie à deux dans leur appartement. Mais ils étaient toujours adorablement niais et Arthur avait confié à Tobias qu'il prévoyait de le demander en mariage. Tobias était terriblement excité à cette idée.
Tobias, lui, était le seul à avoir fait un énorme pas en avant. Ce pas portait le nom de Princeton et c'était un enfant de trois ans que Tobias avait adopté quelques mois auparavant, plus ou moins sur un coup de tête à vrai dire.
C'était un matin où Tobias faisait la marche de la honte sur les trottoirs de la ville. Il rentrait de l'appartement d'un gars qu'il avait rencontré la veille avec qui il avait couché en gémissant le prénom de Brody. Ce n'était rien d'extravagant, c'était même plutôt habituel, mais son téléphone avait vibré dans sa poche et Tobias s'était senti incroyablement coupable en voyant le prénom de Maureen inscrit sur l'écran.
Il n'était que sept heures du matin et la première chose qu'il entendit à travers le combiné fut les sanglots de Maureen. Tobias ne lui avait pas parlé depuis l'enterrement et l'entendre parler de son défunt fils avait tordu le ventre de Tobias. Elle l'avait appelé pour lui annoncer la nouvelle de la sentence de Michael et il s'était sentit incroyablement mal parce que lui revenait d'une soirée torride avec un New-Yorkais qu'il ne connaissait pas et n'avait même pas suivit les nouvelles concernant l'enquête.
Mais ce qui l'avait vraiment frappé, ce fut les dernières paroles de Maureen avant qu'elle ne raccroche.
« Tu es un bon garçon, Tobias. Tu es la première personne qui a rendu mon fils vraiment heureux et je t'en serais éternellement reconnaissante. »
La semaine suivante, Tobias avait prit un vol pour le Népal en utilisant les sous déversés par Michael et avait adopté un enfant. Parce que c'était ce qui serait arrivé si Brody était encore en vie et Tobias ne pouvait plus continuer à noyer son chagrin dans des lits différents tous les soirs alors qu'il pouvait aller de l'avant et construire la vie qu'il méritait.
Princeton était un garçon bruyant et curieux, qui n'aimait pas les inconnus mais qui vouait déjà une grande passion pour la musique et les animaux. Il avait de belles bouclettes chocolats et de grands yeux bleus.
Tobias avait tout pour être heureux. Il était à la lisière de sa réelle vie d'adulte, il avait une bande d'amis qui le soutenaient dans toutes ses démarches et un fils qui ne réclamait que son attention. Vraiment, il avait tout pour être heureux.
Pourtant, Tobias sentait encore ce vide dans sa poitrine, cette sensation que sa vie n'était pas complète et d'une manière ou d'une autre, Tobias savait que tant qu'il resterait dans la ville qui avait connu la naissance de son amour dévastateur, il n'avancerait jamais.
Il pleuvait. Il pleuvait fort et Tobias sentait ses larmes se mêler à la pluie torrentielle alors qu'il posait l'enveloppe sur la terre humide du cimetière, reposant contre la pierre tombal où des fleurs fanées et des fleurs fraichement coupées s'empilaient. Des jonquilles poussaient sur les côtés de l'emplacement où Brody avait était enterré. Tobias les avait planté quelques mois auparavant avec l'espoir que ces fleurs pousseraient dans les racines de l'homme de sa vie.
Princeton tira sur sa manche.
-Dis papa, on reviendra, pas vrai ?
Tobias pressa doucement la main de son fils et lui sourit doucement.
-Bien-sûr, Prince, quand tu veux.
Le petit garçon appuya sa tête contre la cuisse de son père et soupira lentement.
-J'aurai aimé le rencontrer, il murmura.
Tobias pinça ses lèvres et hocha la tête en caressant lentement les boucles humides de Princeton.
-Je sais. J'aurai aimé aussi. Il était exceptionnel. Il aurait été un père incroyable.
Princeton renifla et se détacha de la main de son père pour s'approcher de la pierre tombale. Il posa une main sur le prénom de Brooklyn gravé dans la pierre et s'accroupit.
-Je t'aime, papa. Je reviendrai bientôt.
Tobias posa sa main à côté de celle de Princeton et dit silencieusement au revoir à l'amour de sa vie. Son coeur battait fort dans sa poitrine et il pinça ses lèvres parce qu'il ne pouvait pas pleurait encore. C'était horrible, il ne voulait pas partir et souhaitait juste s'enterrer aux côtés de Brody pour ne plus jamais ressentir la douleur invivable qui avait élue domicile dans sa poitrine.
Mais il se devait de continuer à vivre. Il l'avait promis à Brody. Il le devait pour Princeton.
-Allez viens, Prince, il ne faut pas qu'on rate l'avion.
Le petit garçon fit un signe de la main à son défunt père puis attrapa la main de Tobias et le suivit jusqu'au taxi qui attendait à l'entrée d'une cimetière.
Et avec un dernier coup d'oeil au-dessus de son épaule, Tobias partit pour l'aéroport avec l'espoir qu'il pourrait se reconstruire de l'autre côté du pays. L'enveloppe posait contre la pierre tombale se noyait dans la pluie et la terre boueuse et Tobias mordit sa lèvre pour étouffer ses sanglots alors qu'il montait à l'arrière du taxi, se promettant que ce garçon enterré sous la terre resterait à jamais dans son coeur.
Et lorsque le taxi commença à avancer à travers le brouillard de la pluie, le monde sembla s'effacer autour de Tobias et il réalisa que tout ça, toute cette histoire n'avait peut-être pas bien terminé, mais quelque part dans le coeur de Tobias, elle était ce qui avait forgé l'homme qu'il était.
Puis il regarda Princeton calmement assit à ses côtés et Tobias sourit parce que cette histoire était aussi les racines de cet enfant et si Brody en faisait parti, alors ce petit garçon de trois ans allait devenir un homme extraordinaire.
« Cher Brooklyn,
Je t'écris cette lettre avec l'espoir que quelque part, là-haut, où que tu sois, tu puisses lire mes mots.
Je suis arrivé à un stade de ma vie où je réalise qu'il faut que je fasse mon deuil de toi. Je n'arrive pas à avancer, je n'y arrive plus. Tu représentais trop pour moi, tu étais mon univers.
Et c'est ça le problème, tu l'es encore.
Tu es tout ce que j'avais, tout ce que je chérissais et aimais plus que moi-même, plus que le monde qui m'entourait.
Mais je veux que tu saches que je ne t'en veux pas. Je ne t'en voudrais jamais pour ce que tu as fais. Tu avais besoin de te libérer de cette douleur et ce malêtre et je le comprends. Je ne pense pas que tu es faible et tu ne devrais pas le penser non plus.
Tu es la personne la plus forte que je connaisse et ce que tu as traversé tout au long de ta vie en témoigne plus que tu ne le penses. Tu n'as jamais eu peur de l'avenir, même à un stade où tout autre personne aurait baissé les bras.
Toi, tu as levé la tête et tu as prouvé à tout le monde que tu étais plus fort que ça. Je t'admire tellement pour cette bravoure.
Tu as toujours été la personne que je rêvais d'être. Quelqu'un de confiant, beau, intelligent, avec un tas d'amis, des rêves à portés de main et une famille aimante.
À mes yeux, tu es parfait, Brody. Tu es l'idéal même, l'homme rêvé.
Tes défauts n'en sont pas vraiment parce que je les chéris tous. J'aime tes cicatrices, tes yeux noisettes, tes cheveux en bordel, ta possessivité, ta jalousie et par-dessus tout, je t'aime toi.
J'ai voulu croire à un avenir avec toi, un avenir où on partirait pour l'au-delà main dans la main. Je sais que je suis niais, tu me l'as assez répété pour que j'en sois conscient, mais j'aime les belles paroles et tu m'as prouvé que ce n'est pas les clichés qui rendent une histoire d'amour belle, mais les personnes qui l'entretiennent.
J'ai toujours cru que notre histoire n'était pas parfaite, que tu n'étais pas fait pour moi. Mais si quelqu'un me demandait si je voulais la réécrire, je t'assurerai que je dirais non parce que ce que nous avons eu, notre infinité, est tout ce qui compte réellement pour moi.
Il est vrai que nous avons tous les deux beaucoup soufferts dans cette relation, nous sommes passés par des passades vraiment moches et je t'ai haïs pendant longtemps. Mais je me dis que c'est normal, c'est même bien. Je ne voulais pas d'une relation ennuyante.
La notre était loin de l'être. Elle a été bourrée de rebondissements, de surprises et de désillusions mais aussi de nouveautés, des réveils à deux, de mains enlacées, de promesses silencieuses et surtout d'amour.
Brody, tu m'as offert les mois les plus extraordinaires de ma vie. Je n'ai jamais autant pleuré mais je n'ai jamais été aussi heureux. Je suis tombé amoureux de toi et je pense que parmi toutes les erreurs que j'ai pu commettre, elle reste ma préférée.
Je croyais et je crois encore au Prince Charmant, celui qui délivre la Princesse (ou en l'occurence, le Prince) de sa tour, qui l'inonde de cadeaux et de bonheur, qui lui offre une vie parfaite avec trois enfants, une belle maison et un soleil brillant chaque matin.
Tu es mon Prince Charmant, Brooklyn. Tu m'as délivré de ma vie ennuyeuse et monotone pour m'offrir des milliers d'horizons de possibilités qui me laissaient penser que mes rêves pouvaient se réaliser, que je pouvais croire en moi.
Tu es celui qui m'as appris à croire en moi, Brody. Tu es la première personne qui croyait en moi, qui me connaissait et savait quelles étaient mes réelles intentions.
L'un de mes objectifs était d'ailleurs d'être ton Prince Charmant. Je voulais que tu me vois comme celui qui avait abrégé tes souffrances et qui avait réussi à te libérer d'un passé qui te hantait.
Tu es une bonne personne, Brody. Malgré tout ce que tu as fais et tout ce que tu prétends être, tu es une bonne personne et je ne cesserais jamais de croire en toi.
Et je veux que tu saches que je suis fier de toi. Je suis fier de ton parcours à Princeton, de tes projets professionnels et de tes réussites.
Mais je suis aussi fier parce que tu as su te battre contre un monstre plus grand que toi. Tu as peut-être abandonné le combat en choisissant une issue différente, mais je ne suis pas moins fier de toi parce que je sais que c'était au-delà de toi, au-delà de nous.
À ce jour, je sais que tu m'aimes. Tu ne me l'as pas dis souvent, mais je le sais. Je le sais parce que tu ne me l'aurais jamais dis si ce n'était pas le cas, et tu l'aurais encore moins écrit, laissant une trace indélébile de ton amour.
Je le sais parce que tu as eu confiance en Michael et qu'il t'a brisé. Pourtant, tu as eu le courage d'affronter tes démons pour t'ouvrir à moi, pour te donner à moi.
Je me souviens encore du jour où tu m'as hurlé que j'étais l'homme de ta vie. J'ai su, à ce moment précis, que j'étais aussi ton Prince Charmant. Pas celui qui te délivre avec un baiser mais celui qui combat tes dragons.
Je sais que j'étais débile de prier pour un miracle, que tu guérisses soudainement, mais je n'arrivais pas à me convaincre de te laisser partir. Je ne voulais pas, je refusais que tu meurs alors tu avais un avenir si prometteur qui t'attendait à bras ouverts. Pas quand tellement de gens allaient souffrir et souffrent encore de ta perte.
Pas quand j'étais là, à ta merci, tout à toi, complètement épris de ta personne, de ton âme et de ton être, entièrement dédié à t'aimer.
Parce que putain, Brody, je t'aime. Je t'aime tellement que c'en est douloureux. Je veux encore t'appartenir, je veux m'abandonner à toi, mais c'est impossible et tout ce qu'il me reste, c'est le souvenir de tes mains contre ma peau.
C'est encore plus douloureux de t'aimer quand je sais que tu es aussi l'homme de ma vie. Je sais que rien ni personne ne pourra jamais te remplacer. Je sais que je ne pourrais jamais aimer quelqu'un comme je t'ai aimé toi et comme je t'aime encore.
Tu as été mon premier amour, ma première fois. Tu as été celui qui m'a appris à être moi-même, à vivre, à aimer et à être libre de mes choix.
Tu as été un tournant dans ma vie, un détour incroyable, et pour cela, je ne t'oublierais jamais. Ça et toutes les autres choses que tu m'as apporté.
J'ai adopté l'enfant que tu voulais, et je l'ai appelé Princeton. Je voulais qu'il porte le nom du lieu qui a vu naître notre amour, je voulais qu'il soit le fruit de notre amour.
Il l'est et il le sait. Il vient souvent au cimetière avec moi et quand nous parlons de toi, il t'appelle papa parce que je sais que dans une autre vie, c'est ce que tu aurais été pour lui.
Je l'ai appelé Princeton parce qu'il est tout ce qu'il me reste de toi. Je pars pour Sacramento demain et c'est pourquoi je t'écris cette lettre, car je pars.
Princeton gardait les derniers vestiges de notre amour et j'ai besoin de m'en éloigner pour me créer un nouvel avenir, mais notre fils, lui, gardera toujours les poussières de notre passion, de notre idylle, de notre infinité. Il est l'enfant de notre amour et même si tu n'es pas là pour le voir, pour l'embrasser et l'éduquer, je sais que quelque part dans cet univers, tu es avec lui.
Tu le vois, tu le chéris, tu l'aimes et je le sais.
Mais je dois te dire au revoir. Nous devons te dire au revoir. Nous partons loin de Princeton dans l'espoir de trouver une autre histoire à écrire.
Il y a tant de choses que j'aimerai encore te dire mais t'écrire tous ces mots ne me rend que plus triste car je sais que la raison pour laquelle je te dédie ces souvenirs est que je ne pourrais plus jamais en créer à tes côtés.
Peu importe où tu vas et quand on se retrouvera, je ne t'oublierais jamais. Je t'aime trop pour ça.
Certaines personnes diront que je suis malchanceux, d'autres me donneront leur pitié, mais moi je sais que je suis l'homme le plus chanceux de cette planète. Certes, je n'ai pas eu mon happy ending, mais c'est tout comme car je sais que tu es parti alors que j'étais le seul homme dans ton coeur. Et ça, ça vaut tout l'or du monde.
Tu es parti loin, tu es parti pour un long voyage et je te souhaite toutes les meilleures choses.
Et un jour, Brody, un jour on se retrouvera, je le sais. J'en suis même certain. Je te le promets.
Mais en attendant, je te dis au revoir. Je te laisse, je revis, je me reconstruis. Ce n'est pas pour autant que je t'oublierais. Cela m'est impossible, mais j'espère qu'avec ces mots, je pourrais enfin tourner la page.
Je t'aime, ne l'oublie jamais.
Prends soin de toi, où que tu sois. Je regarderais le ciel à la recherche des étoiles dans tes yeux.
-Toby. »
NDA : VOILAAAAA GOLDEN BOY EST ACHEVÉ ET J'AI ENVIE DE PLEURER!!!!
je vous ferez une partie remerciements parce que j'ai pleins de choses à vous dire et je pense que ça ferait une note trop longue donc bref...
DITES-MOI CE QUE VOUS AVEZ PENSER DE CET ÉPILOGUE, ÇA ME FERAIT TRÈS PLAISIR!!! ET LÂCHEZ UN VOTE, CEST GRATUIT!!!
love & cuddles, N. ❤️
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