Chapitre 56



« Fais attention car les papillons peuvent être des guêpes. Quand ton estomac s'agite et que ta main tremble et que tes joues rougissent, parfois ce n'est pas de l'amour. C'est de la douleur. »

TOBIAS.

La place était froide à côté de lui. Vraiment froide, comme si personne n'avait jamais dormi là. Pourtant les draps étaient encore froissés et sales de la nuit dernière.

Tobias regarda la place vacante en soupirant, sa main survolant la couette pliée et le coussin où reposait encore une empreinte. Puis son regard se tourna vers le plafond.

Les rideaux étaient tirés mais les striures de lumière qui passaient au travers réchauffaient légèrement la chambre. Tobias était nostalgique et avait froid.

Il avait rêvé de tracer des formes incohérentes sur les omoplates de Brody jusqu'à ce qu'il se réveille. Il aurait embrassé sa peau chaude et l'aurait fait rire avec des phrases niaises. Puis ils auraient peut-être partagés une assiette géante de crêpes au Nutella devant The Big Bang Theory et sûrement pris une douche où les mains baladeuses étaient de rigueur.

Mais il était bientôt onze heures trente et Tobias demeurait allongé sur le lit, sans aucun signe de vie de Brody. Cela faisait bientôt une heure qu'il l'attendait. Au début, il avait pensé que le basané était parti dire au revoir à la famille, prendre son chèque et partager ses coordonnées, mais maintenant, il commençait sérieusement à douter de ses intuitions.

Il était sûr que Brody n'était pas parti sans lui, mais il se disait que peut-être, il regrettait la nuit dernière. Pourtant, aucun signe n'avait témoigné cette hypothèse. Brody avait gémit son prénom plus de fois qu'il ne saurait le dire et s'était endormi dans ses bras sans un mot.

Mais après tout, Tobias pouvait le comprendre. Frank avait retourné toutes dignités et toutes réflexions lucides chez Brody. Pourtant, la sincérité était resté dans ses yeux tout le long et Tobias ne savait plus quoi penser.

Est-ce que Brody était juste quelques étages en-dessous entrain de régler des papiers ?

Ou est-ce que Brody s'était échappé de la chambre avant son réveil avec l'espoir que la nuit dernière serait effacée de la mémoire de Tobias pour se noyer dans ses démons ?

Tobias n'avait toujours pas la réponse après une heure à cogiter dans les draps, mais le bruit distinct de la clé magnétique se fit entendre et Tobias se redressa à une vitesse affolante avec l'espoir que ses questions seraient élucidées.

Brody pénétra lentement dans la chambre, son appareil autour du cou et sa veste en cuir sur le dos. Il tenait la clé magnétique dans une main et un sac Starbucks dans l'autre. Tobias sentit son coeur pulser plus fort dans sa poitrine parce que les joues de Brody étaient rouges avec le vent et le froid, mais son regard semblait aussi vide et perdu.

-Salut, murmura Brody.

Il posa ses affaires sur le commode et resta immobile près du meuble en ancrant lentement son regard dans celui de Tobias. Le châtain n'était pas sûr de quel réaction qu'il devait adopter.

-Hey, il répondit alors, tentant un léger sourire.

Brody ne lui rendit pas et retira son bonnet en secouant ses mèches noires.

-Tu es réveillé depuis longtemps ? Il demanda, sa voix rauque et son ton incertain.

-Ouais. Tu étais où ?

L'étudiant en sciences retira sa veste et ses chaussures et les balança dans la direction générale du canapé sans adresser un regard à Tobias.

-Régler des trucs. Je t'ai acheté un petit déjeuner.

Brody semblait si détaché, si loin. Tobias ne comprenait pas. Après la veille, il pensait qu'ils avaient créé une toute autre connexion, mais là, dans la spacieuse suite au prix exorbitant, Tobias avait la sensation que tout ça n'était qu'une illusion et qu'il n'y avait même jamais eu de connexion.

Son coeur se serra à la pensée que Brody regrettait réellement.

-Je vais prendre une douche. Tu as besoin de la salle de bains ? Demanda doucement Brody.

Son regard resta fixé sur la porte de la pièce en question tandis que Tobias tentait toujours de comprendre ce qu'il se passait.

-Non. Non, vas-y.

-Tu devrais préparer ta valise aussi. J'aimerais partir avant treize heures.

Tobias remarqua seulement à ce moment-là que la valise de Brody reposait contre la commode, bouclée et prête.

-Je pensais que nous devions rouler cette nuit, murmura Tobias en regardant la valise comme s'il l'avait vue dans un endroit lointain.

-J'ai changé d'avis. J'aimerais être de retour à Princeton avant minuit. Prépare tes affaires.

Brody n'en dit pas plus et s'échappa dans la salle de bains. Rapidement, le bruit de la pression de l'eau se fit entendre et Tobias s'affala entre les draps, le coeur lourd de questions et la tête remplie d'images de lèvres pleines, de baisers fiévreux et de gémissements doux. 

Il ne savait plus où il en était.

Tobias n'avait pas le droit de lui en vouloir. Il savait qu'il devait laisser Brody ressentir ce qu'il voulait ressentir après leur moment si intime, mais Tobias ne pouvait s'empêcher de penser à l'importance que ça avait pour lui.

C'était sa première fois. Ce n'était pas rien.

Et voir Brody jouer à ce jeu de chaud-froid l'agaçait plus qu'il ne voulait l'admettre. Mais ça le blessait plus encore.

Tobias n'arrivait pas à penser à un seul moment où les choses s'étaient mal passées. Alors pourquoi est-ce que Brody se donnait à lui de la manière la plus intime qui soit pour ensuite lui parler comme un inconnu ? Toutes les certitudes de Tobias sur leur relation partirent en fumée.

Quelques minutes plus tard, le bruit de l'eau s'interrompit et Tobias regardait toujours la porte de la salle de bains avec l'espoir que Brody en ressorte avec un grand sourire en exposant fièrement ses suçons.

À la place, Brody pénétra dans la suite avec un t-shirt et un caleçon et s'immobilisa dans l'embrasure de la porte quand il réalisa que Tobias n'avait toujours pas bougé. Brody soupira lentement et se dirigea vers sa valise. Tobias le regarda faire comme si de rien n'était et sentit ses yeux s'humidifier avec les émotions.

-Pourquoi tu fais ça ? Il demanda doucement.

-De quoi ? Répondit Brody avec nonchalance.

Il enfila un jean noir et Tobias le détestait pour agir de cette manière.

-Pourquoi tu fais comme s'il ne s'était jamais rien passé, hein ? Pourquoi tu agis comme si tu regrettais ?

Brody demeura silencieux l'espace de quelques instants, ses yeux toujours rivés partout sauf sur Tobias.

-Tu n'as pas touché à ton petit-déjeuner.

Tobias cru à une blague, mais Brody n'ajouta rien d'autre et commença même à revêtir un pull. Le châtain se sentit si impuissant et la douleur dans sa poitrine ne s'atténua pas.

-Sérieusement ? C'est tout ce que tu trouves à me répondre ?

-Tu veux que je te dise quoi, Tobias ? Répliqua amèrement Brody en se tournant vers lui.

L'étudiant en droit rencontra ses yeux dorés et son coeur fit un looping dans sa poitrine à la vue de leur aspect humide et injectés de sang.

-Je ne sais pas, je te demande juste de me répondre, de me parler, il répondit. Dis-moi qu'hier n'était pas une erreur, que tu ne regrettes pas, que c'était bien, que j'ai été à la hauteur - je ne sais pas, tout ce que tu veux, mais pour l'amour de Dieu ne joue pas à ce jeu avec moi.

Brody l'étudia du regard pendant ce qui sembla des heures. Tobias se sentait si exposé et son coeur battait fort dans sa cage-thoracique alors qu'il attendait ses réponses.

-Hier n'était pas une erreur.

Et c'est tout ce que Brody dit avant de se tourner pour finir de s'habiller.

Le coeur de Tobias chuta d'au moins trente étages parce que oui, c'est que ce qu'il voulait entendre, mais la façon dont Brody l'avait dit avait réduit toutes onces d'espoirs que la nuit dernière n'était pas qu'une vague passade en cendres.

-C'est quoi le problème alors ? Il persista.

-Il n'y a pas de problème.

-Bien-sûr que si. Je te connais, Brooklyn.

Brody soupira en bouclant sa ceinture.

-Je te dis qu'il n'y en a pas.

-Tu agis bizarrement depuis ce matin. Et tu as pleuré.

-Je n'ai pas pleuré.

Tobias sentit le désespoir s'infiltrer en lui parce qu'il avait juste l'impression de foncer droit dans le mur avec cette conversation.

-C'est quoi le putain de problème, Brody ? Il s'exclama, trop impatient pour continuer d'écouter les mensonges du basané.

Brody soupira de nouveau et passa une main sur son visage. Puis il demeura silencieux pendant un ou deux moments et Tobias avait le sentiment que tout le monde pouvait entendre son coeur pulser contre sa poitrine avec la colère, la tristesse, l'amour et le désespoir.

-Tu l'as dis, murmura finalement Brody. Tu l'as dis.

Tobias fronça les sourcils.

-Qu'est-ce que j'ai dis ?

Brody jeta un bref coup d'oeil en sa direction au-dessus de son épaule avant de baisser la tête de nouveau.

-Tu sais très bien de quoi de parle, il continua, sa voix presque inaudible.

Aussi, il déglutit, mais Tobias demeura dans la confusion la plus totale.

-Non, Brody, je ne vois pas de quoi tu parles.

L'étudiant en sciences s'enterra dans un mutisme pendant quelques minutes et tout ce que Tobias pouvait entendre, c'était la respiration irrégulière du basané et son propre coeur battre dans ses tempes.

-Tu as dis que tu m'aimais, chuchota Brody. Tu l'as dis, je l'ai entendu.

Cette fois-ci, le coeur de Tobias se figea dans sa poitrine et ses yeux devinrent un peu plus larges.

-Pourquoi tu as dis ça ? Demanda Brody en se tournant enfin vers lui.

-Parce que je le pense, Brody.

Brody secoua la tête.

-Tu ne le penses pas. Tu ne sais pas ce que c'est que d'aimer.

Tobias sentit un étrange pincement au coeur.

-Et pourquoi ça ? Je sais que je t'aime.

-Arrête de le dire ! S'exclama Brody. Arrête, putain !

Ses yeux s'ancrèrent dans ceux du châtain et Tobias put y voir des flammes de colère et un voile de tristesse.

Aussi, il se figea sur le lit à l'entente de sa voix et son coeur commença à battre plus vite alors que les émotions s'emparaient de lui.

-Brody, je-

-Non ! Non, tu ne le penses pas et tu ne comprends même pas ce que ça veut dire que d'aimer quelqu'un. Surtout quelqu'un comme moi.

Tobias papillonna des paupières, refoulant les sanglots qui serraient sa gorge. 

Il comprit soudainement ce qui avait dérapé la veille. Brody ne lui avait pas répondu après sa dévotion. Il avait juste sourit, l'avait embrassé puis il avait prétendu vouloir dormir. Tobias ne s'en était pas soucié. Son baiser était pour lui une façon plus simple de répondre et ils avaient eu une longue journée alors la fatigue de Brody lui avait semblé justifié. 

Mais là, il réalisa que Brody avait menti. Il avait juste repoussé sa déclaration et Tobias se sentit stupide de ne pas avoir comprit plus tôt. 

-Je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il y a de si mal à ça ?

Brody soupira et passa une main sur son visage, tentant vainement de se calmer. Mais Tobias savait qu'il était toujours en colère, cela se voyait à la façon dont ses mains tremblaient et comment sa mâchoire était si serrée.

Tobias déglutit et voulut s'enterrer dans le matelas.

-Parce que tu ne peux pas m'aimer. Les gens qui s'aiment se font du mal et se détruisent. Je ne veux pas souffrir. Je ne veux pas que tu souffres.

Et la voix de Brody tremblait un peu. Tobias sentit une douleur dans sa poitrine.

-Brody, tu sais que je ne te ferais jamais de mal et-

Il s'arrêta car maintenant, Brody secouait la tête et des larmes perlaient sur ses joues alors qu'il pinçait ses lèvres et commençaient à marcher à travers la chambre.

-Tu ne comprends pas, il murmura.

-Qu'est-ce que je ne comprends pas ?

-Tout ! S'exclama Brody. Tu ne comprends pas ce que c'est que d'aimer, tu ne comprends pas pourquoi c'est nocif pour nous deux, tu ne comprends pas pourquoi tu ne dois pas m'aimer et ça m'énerve tellement ! Putain, ça m'énerve tellement !

Brody fit un grand geste avec les bras et shoota dans un vêtement sur le sol alors que les veines de son cou saillaient avec la colère. Instinctivement, Tobias recula jusqu'à la tête de lit quand il rencontra le regard enflammé de Brody.

-Tout était si simple et bien et il fallut que tu gâches tout en me disait que tu m'aimes, Tobias ! Tu as tout gâché et tu ne comprends même pas pourquoi !

Tobias s'extirpa des couettes quand Brody éclata en sanglots, regardant le plafond avec des yeux humides.

-Alors explique-moi, Brody. Explique-moi ce que je ne comprends pas.

Brody se contenta de secouer la tête en fermant les yeux. Il déglutit bruyamment.

-Je ne peux pas, il murmura.

-Et tu crois que je peux comprendre si tu ne m'explique pas ?

-C'est plus compliqué que ça.

-Alors explique-moi, putain ! S'exclama Tobias. Explique-moi parce que là, je suis juste perdu et je ne vois pas pourquoi je ne peux pas te dire que je-

-Ne le dis pas ! Arrête de le dire, de le penser, de le vouloir, de - putain, Tobias !

Tobias se figea. Brody était bien plus en colère qu'il ne le pensait.

-Tu n'es pas amoureux de moi, ok ? Nous deux, on est rien. Nous deux, c'est juste pour rigoler. On s'apprécie, on aime se parler et se câliner et baiser mais c'est tout ! C'est tout ! On est pas un couple, je suis pas l'homme de ta vie, on va pas se marier, tu comprends ça ? Si tu veux quelque chose de sérieux, de stable et de - de - de durable - tu devrais rappeler Nick. J'adopterais pas des putains de gosses avec toi, je ne te demanderais pas en mariage et si tout ce que tu attends, c'est que je te fasse une dévotion d'amour et que je te jure fidélité pour toujours, bah barre-toi !

Le châtain papillonna des paupières avec la sensation que son monde entier était entrain de se fracasser autour de lui.

-Je suis pas comme ça, je t'offrirais peut-être des fleurs et du chocolat à la St Valentin mais je prendrais pas un appartement avec toi et on aura pas un putain de chien ou un chat ensemble parce qu'on n'est pas un couple, ok ? C'est juste toi et moi, sans sentiments, sans amour, juste de la baise et des restos pas chers, mais si ça c'est pas assez pour toi - je suis désolé, tu t'es trompé de personne.

Les derniers mots de Brody sortirent en un lent murmure et il prit une ou deux secondes de plus avant d'ancrer son regard dans celui de Tobias. Ce dernier avait l'impression que plus rien n'avait de sens autour de lui.

-Je comprends pas, il murmura. T'es entrain de rompre avec moi parce que je t'aime ? Est-ce que tu te rends compte d'à quel point c'est tordu, Brody ? Je pensais qu'après tout ce qu'on avait traversé ces derniers mois, on avait enfin compris ce qu'on représentait l'un pour l'autre, que t'avais finis par comprendre que jouer au con n'était pas la solution pour me garder. Je pensais que tu me voulais.

-Eh bien tu penses mal, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

Tobias détourna le regard en pressant une main contre sa bouche, les larmes l'étouffant.

-Tu es si tordu, il murmura.

-Je ne suis pas tordu.

-Si, tu l'es ! Tu es putain de tordu et c'est toi qui n'arrives même pas à comprendre ce que tout ça représente pour moi ! Je me suis battu pour cette relation, Brody, j'ai souffert pendant des mois pour enfin me retrouver à tes côtés et tu me quittes parce que je t'ai que je t'aimais ?

-Je ne te quitte pas. On a jamais rien commencé, je ne t'ai rien promis.

Tobias avait juste l'impression de revenir au tout début de cette histoire, quand Brody était un connard et que lui était juste naïf. Tobias vint à se dire qu'il l'était peut-être toujours.

-Je veux bien que ce soit compliqué pour toi d'aimer des gens après ce que t'ont fait Michael et les autres, ok, mais je ne suis pas Michael, bordel ! Je ne te violerais pas, je te laisserais pas détruit, ravagé et ruiné ou-

-C'est que tu penses ? Demanda lentement Brody, le coupant. 

Le châtain ancra son regard dans le sien et malgré les larmes sur les joues rouges du basané, aucune émotion ne transparaissait sur son visage.

-Quoi ?

-Que je suis détruis, ravagé et ruiné ? C'est ce que tu penses ?

Tobias ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit parce qu'il ne savait même plus ce qu'il pensait réellement.

-Tu penses que j'ai besoin d'aide, c'est ça ? Tu pensais que tu pouvais me réparer ? 

Brody lâcha un rire nerveux et Tobias était immobile à côté du lit, désespéré, triste et en colère à la fois.

-Tu sais quoi, Toby ? Je n'ai pas besoin d'être réparer parce que je ne suis pas détruis, ok ? Alors tes putains de paroles de mec cool et altruiste, tu te les gardes. Je suis pas une putain d'expérience ou un défi, et je suis pas ruiné ou ravagé ou ce que tu veux d'autre, bordel ! Arrête de croire des choses qui n'ont aucun sens, c'est juste toi qui est putain de naïf. 

Brody attrapa sa veste et sa valise avec rage. Tobias le regarda se diriger vers la porte.

-Je t'attends dans la voiture, on part dans vingt minutes.

Il sortit de la chambre sans un mot de plus, la mâchoire serrée et les mains crispées, et laissa Tobias seul dans la grande suite.

Le silence s'empara des murs, rapidement brisé par les larmes de Tobias.




Le chemin du retour fut long et inconfortable. Brody ne s'était pas arrêté, il avait roulé toute la journée avec le son de la radio à fond et Tobias s'était juste installé sur la banquette arrière. Il avait essayé de dormir, mais ce fut un échec lamentable avec tout ce qui tournait dans son esprit.

Il avait alors écouté un peu de musique sur son téléphone, mais les chansons de The Paper Kites ou The Cab n'avaient en rien arrangé ses problèmes de trouble du sommeil. Tobias avait alors lu, mais un mal de crâne était survenu et rien ne semblait vouloir y remédier. Quand il regarda sa montre pour voir combien de temps il avait réussi à éviter Brody, il réalisa qu'il n'était que quinze heures dix-sept.

Tobias avait soupiré, jeté un regard au-dessus du siège conducteur puis avait fermé les yeux avec l'espoir que Brody croit qu'il s'était endormi. Il ne l'était pas.

Brody conduisait simplement, le visage impassible, les limitations de vitesse dépassées, les jointures blanches à force de serrer le volant. Il baissa le volume de la radio quand Tobias prétendit s'endormir mais le châtain ne pouvait pas se dire qu'il avait fait ça pour lui. Brody était sûrement juste agacé par les musiques niaises d'Ed Sheeran et de Taylor Swift qui passaient en boucle.

Lorsqu'ils arrivèrent finalement, dans les alentours de vingt-trois heures, devant l'appartement de Loé, Brody ne dit rien et garda son regard fixé sur l'horizon alors que Tobias s'extirpait de la voiture et récupérait sa valise. Tobias ne voulait pas lui parler, la douleur était encore trop forte pour qu'il ose affronter son regard.

Il se contenta donc de rejoindre l'immeuble sans un merci, bravant le vent et écoutant le ronflement du moteur de la veille Ford s'évanouir dans la nuit. Parce qu'au final, tout s'évanouissait autour de lui.

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