Chapitre 51
« j'aime être seul, mais je préfèrerais être seul avec toi. »
BRODY.
Lorsque Brody se réveilla le lendemain matin, c'était parce qu'une main caressait son dos et parce que des lèvres se pressaient occasionnellement contre son épaule. Il sourit doucement au coussin - dans lequel son visage était enterré - en soupirant d'aise, laissant Tobias tracer des formes incohérentes contre sa peau. Il aimait ce genre de réveil, quand Tobias était doux et patient et quand il était juste là, à côté de lui, sa chaleur pressée contre son corps.
-Bonjour, il murmura, sa voix terriblement rauque et encore enrouée par le sommeil.
Il sentit Tobias sourire contre son épaule.
-Hey, ça va ?
Brody tourna son regard vers lui et admira la façon dont Tobias semblait si innocent et fragile dans ses draps blancs, si petit et vulnérable. Brody sourit et regarda les lèvres de Tobias se presser contre son biceps.
-Ouais, et toi ? T'as bien dormis ?
Tobias hocha la tête et son index retraçait maintenant sa colonne vertébrale avec douceur.
-Tu es réveillé depuis longtemps ? Demanda encore Brody.
Le châtain se contenta d'hausser une épaule en soupirant et Brody fronça les sourcils.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Nick a essayé de m'appeler hier et ce matin, murmura Tobias.
Brody demeura silencieux alors Tobias ancra son regard dans le sien, un peu hésitant, un peu timide. Il ne savait pas quoi dire parce qu'il n'avait pas vraiment pensé à Nick, à ce qu'ils étaient, à qui Tobias allait choisir. Il se sentit soudainement incertain et vulnérable. Brody papillonna des paupières.
-Et tu lui as dis quoi ?
Sa voix craqua légèrement mais il préféra ne pas y penser. La main de Tobias s'immobilisa dans son dos, reposant simplement contre son omoplate.
-Je n'ai pas répondu.
-Pourquoi ?
Tobias haussa une épaule et pressa ses lèvres contre l'épaule de Brody, laissant ensuite sa bouche trainer contre le haut de son biceps.
-J'en avais pas envie.
-Vous vous êtes disputés ? Demanda encore Brody.
-Non.
Brody fronça les sourcils parce que Nick était son copain et bien qu'il soit un peu confus de sa situation actuelle avec Tobias, Nick restait son petit-copain.
-J'ai envie de repousser notre rupture à plus tard.
Le basané sentit son coeur s'immobiliser dans sa poitrine pendant une fraction de seconde.
-Votre rupture ?
Tobias releva son regard vers lui et un large sourire courba ses lèvres, illuminant ses yeux chocolats et dévoilant ses fossettes. Brody se sentit tomber dans un gouffre de sentiments et de joie.
-Bien-sûr, sinon je ne serais pas ici. Pourquoi tu pensais que j'étais venu te voir sinon ?
Brody haussa une épaule.
-Je sais pas, parce que je te baise mieux ?
Le rire cristallin de Tobias retentit à travers la chambre et Brody ne pu retenir un sourire de fleurir sur ses lèvres alors qu'il regardait le châtain dissimuler son rire dans son épaule, les yeux brillants et les pommettes roses alors qu'il ancrait son regard dans celui du basané.
-Oui, ça c'est sûr, il murmura sous un gloussement.
Brody sourit un peu plus largement et poussa la hanche de Tobias pour se placer au-dessus de lui, pressant ses mains se chaque côté de son visage. Immédiatement, les bras du châtain se retrouvèrent autour de son cou et ses cuisses se pressèrent autour de ses hanches.
-Bien-sûr que je te baise mieux, je suis le meilleur.
Tobias leva les yeux au ciel en souriant.
-Oh, ça va, ne prend pas la grosse tête non plus.
-Tu as gémis mon prénom dans les bras d'un autre, j'ai tous les droits du monde de me vanter, bébé.
-Je n'aurais jamais dû te raconter ça, marmonna Tobias.
Et Brody l'embrassa gaiement, se sentant léger et libéré. C'était doux et lent et romantique et Brody n'avait vraiment pas envie de sortir du lit quand un beau châtain se pressait contre lui et lui mordillait la lèvre inférieure pour lécher sa langue. Brody n'avait jamais envie de sortir du lit quand Tobias était avec lui.
Alors Brody laissa ses lèvres trainer contre sa mâchoire, puis contre son cou, mordillant et suçant sa peau jusqu'à ce qu'elle devienne violette. Tobias étouffa un gémissement et laissa ses doigts tirer les mèches du basané.
-Tu es sale, il murmura.
Le pectoral et le ventre de Tobias étaient constellés de traces blanchâtres séchées et de suçons et il sentait un peu la transpiration mais il sentait aussi le sexe, l'homme et Brody et sentir sa propre odeur sur Tobias était la meilleure sensation du monde.
-C'est de ta faute, répliqua Tobias.
Brody rigola parce qu'il s'en foutait pas mal de si Tobias était sale, il l'était tout autant. Mais être sale avec Tobias, c'était génial.
Brody l'embrassa un peu plus et il lui pinça les hanches et les fesses jusqu'à ce que Tobias se tortille sous lui et si Brody suça Tobias sous la couette jusqu'à ce que le corps de Tobias tremble contre le matelas, personne n'avait à le savoir.
Ils mangèrent des toasts au fromage et se câlinèrent devant un dessin-animé bidon qui passait à la télé. Puis peut-être que Tobias chevaucha Brody sur le canapé, mais encore une fois, personne n'avait à le savoir.
Parce qu'au final, c'était juste Brody et Tobias, des téléphones éteints et des éclats de rires, des bouches qui avaient du mal à se quitter et des caresses lourdes de sens. Les deux jeunes hommes se retrouvaient sans se souciait de demain, ne parlant ni du passé, ni du futur, vivant l'instant présent parce que c'est tout ce qu'ils souhaitaient. Et puis, ils n'avaient à se justifier à personne parce qu'ils ne faisaient rien de mal.
Pour la première fois depuis quelques mois, Brody se sentait vraiment heureux et il avait bien l'impression que c'était grâce à un beau châtain et à une paire de fossettes.
-Et vous êtes sûr que c'est la bonne décision ?
Brody releva son regard vers le docteur Strodd avant de soupirer.
-J'ai l'impression que ça l'est. Mais quand je prends du recul je me dis que - que peut-être que-
Il s'interrompit dans sa phrase en regardant les lampadaires à l'extérieur de la fenêtre. Il pinça ses lèvres et réprima un sanglot.
-C'est injuste de lui faire ça. J'ai envie d'être avec lui mais - mais c'est trop dur de se dire que je vais encore le faire souffrir.
Brody entendit le bon docteur soupirer et se replacer dans sa chaise, mais son regard resta fixé sur les lumières jaunâtres à l'extérieur, comme s'il pouvait trouver toutes ses réponses dans la lumière grésillante.
-Je pense que ce choix revient à Tobias.
Le regard de Brody se posa immédiatement sur la thérapeute.
-Quoi ? Comment ça ?
La femme se contenta de le regarder, comme pour lui faire comprendre tout seul ce qu'elle voulait dire. Brody ne prit pas longtemps avant de saisir.
-Vous voulez que je lui dise ? Ça va être encore pire !
Brody ne pouvait pas concevoir l'idée de dire à Tobias ses réels maux physiques parce que c'était trop gros, c'était trop tôt. Brody ne pouvait juste pas lui faire ça.
Le docteur Strodd soupira et replaça ses lunettes avec lenteur.
-Écoutez, Brooklyn. De tout ce que vous avez pu me dire, j'ai la forte impression que vous êtes très attaché à Tobias. Je pense que vous avez assez confiance en lui pour lui révéler la vérité et je pense même qu'il pourra vous aider. Et puis, vous lui devez cette vérité.
-Je lui dois ? Je ne lui dois rien du tout ! S'exclama Brody.
De nouveau, le bon docteur soupira et demeura silencieuse pendant plusieurs secondes, observant Brody comme si elle pouvait le lire de l'extérieur.
-Je ne connais pas Tobias, mais je connais votre histoire, elle commença lentement. Et je pense sincèrement que si Tobias est revenu autant de fois vers vous après tout ce que vous avez fait, c'est qu'il tient à vous bien plus que vous ne pouvez l'imaginer. Alors oui, Brooklyn, vous lui devez cette vérité. Il s'est battu pour être avec vous et vous pensez que la solution est d'encore plus s'enfoncer dans les mensonges ? Tobias ne souhaite qu'être avec vous et si c'est qu'il décide, alors c'est son choix et vous ne pouvez pas décider pour lui.
La voix de la thérapeute était douce et compatissante et Brody savait qu'elle avait raison. Il le savait. Mais c'était si dur de l'admettre parce que Tobias ne méritait pas ça.
-Et toutes vos histoires de « il faut vous éloignez de Tobias, c'est ce qui est mieux pour lui » ?
-Eh bien, d'après ce que vous m'aviez décrit, Tobias était heureux avec Nick. Je suppose que ce n'est pas ou plus le cas étant donné qu'il s'est tourné vers vous. Alors je pense que dans cette situation, la vérité s'impose.
Brody secoua la tête en s'enfonçant dans son siège, détournant le regard vers la rue qui baignait dans la pénombre.
-Je ne peux pas, il murmura.
-Bien-sûr que vous le pouvez, Brooklyn ! Qu'est-ce qu'il y a de si mauvais à lui dire la vérité ?
-Ça va lui faire mal. Il a déjà perdu assez de personne pour subir ça encore une fois. Et puis, il ne peut pas braver tempêtes et marrés pour revenir à moi et découvrir qu'au final, ça n'a servi à rien.
Le basané se surprit à pleurer silencieusement quand il réalisa l'importance de la situation, tout ce que Tobias avait fait pour lui alors que ce n'était pas vraiment nécessaire. Brody sentit une douleur dans sa poitrine se propageait lentement vers son ventre alors qu'il réalisait que cela faisait de lui le pire monstre qui puisse exister.
-Brooklyn, l'appela doucement la thérapeute et Brody ancra son regard dans le sien. À votre avis, qu'est-ce qui sera le plus douloureux pour lui : lui dire vos maux physique et profiter de ce qu'il vous reste à ses côtés ou continuer de lui mentir et qu'il se réveille un matin alors que vous ne vous réveillerez plus jamais ?
La réponse parut claire dans l'esprit de Brody, mais ce n'était pas encore assez pour le convaincre de le dire à Tobias.
-Pour moi, ce qui sera le moins douloureux, c'est de le quitter et partir d'ici.
Et le docteur Strodd sourit, d'un sourire rempli de compassion et de tristesse.
-Vous n'y arriverez pas. Tobias est devenu votre ancrage. Vous avez besoin de lui. Et lui non plus ne vous laissera pas le quitter.
Brody ouvrit la bouche, prêt à répliquer, mais la thérapeute leva une main pour l'arrêter dans son élan.
-Vous avez passé ces dernières années à vous enfermer dans ce mutisme, Brooklyn. Le traumatisme que Michael a laissé derrière son passage était assez douloureux pour que vous soyez complètement bloqué lorsqu'il s'agissait de relation amicale ou amoureuse. Mais Tobias est arrivé, Brooklyn, et il a fait de vous une meilleure personne. Alors pourquoi le repousser alors que vous êtes si près d'oublier tout vos démons et vos douleurs, hein ? Et puis, de ce que vous m'avez partagé à propos de la famille de Tobias, je pense que lui aussi commence enfin à s'ouvrir plus, à s'extirper de cette douleur dans laquelle il s'était enfermé sans s'en rendre compte.
Brody demeura silencieux, laissant des larmes silencieuses perler sur ses joues parce que bien-sûr qu'elle avait raison.
-Vous avez besoin l'un de l'autre. Et je pense qu'il est essentiel pour vous d'avoir quelqu'un à vos côtés pour ces prochains mois parce que vous pouvez mentir autant que vous voulez, je sais que vous avez peur de ce qui va arriver. Je le sais. Et quand vous le direz à Tobias, il le comprendra aussi.
-Je n'ai pas peur.
-Bien-sûr que si, Brooklyn, mais la peur est humaine et après tout ce que vous avez vécu, vous avez le droit d'avoir peur. Vous devez la vérité à Tobias, mais vous vous devez aussi le bonheur.
-Il souffrira trop, rétorqua le basané en grimaçant.
-Il souffrira dans les deux cas, c'est trop tard.
-Il souffrira plus en restant à mes côtés !
-Il souffrira plus si vous l'abandonnez sans lui donner de raisons.
-Je peux lui donner des tas de raisons de m'abandonner.
-Mais ce serait injuste.
Et de nouveau, la thérapeute laissa son sourire compatissant courber ses lèvres.
-Arrêtez de vous replonger dans le passé et pensez à ce que Tobias voudrait vraiment. Il est tout autant impliqué dans cette histoire et cette vérité est autant la sienne que la vôtre.
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