CHAPITRE 5


« J'aime les gens qui me font oublier que je suis timide. »

TOBIAS.

La pluie tombait lourdement sur les épaules de Tobias alors qu'il rentrait à pieds chez lui. Il regrettait de ne pas être resté plus longtemps, Loé aurait peut-être pu le ramener dans sa confortable Range Rover.

À peine avait-il posé un pied dans sa chambre qu'il commença à se déshabiller, laissant un chemin de vêtements mouillés derrière lui jusqu'à la salle de bains. Tobias fit couler de l'eau brûlante dans sa grande baignoire en jetant un regard aux marques marbrées dans son cou qui ne s'étaient pas encore effacées. Il soupira et se glissa dans son bain, se distrayant avec de la lecture à la place de penser à un garçon qui s'en foutait très probablement de lui.

Lorsqu'il descendit dans le salon, plus tard dans la soirée, il trouva ses parents en train de préparer le dîner dans la cuisine, la télé chuchotant dans le coin de la pièce. Tobias mangea avec eux, un lourd silence planant au-dessus d'eux comme à chaque repas. Ils n'avaient pas grand chose à se raconter, ils ne parlaient pratiquement jamais. Tobias lança un regard à la chaise vide à côté de lui, la place qu'Alex, sa soeur, avait l'habitude d'occuper lorsqu'elle dînait avec eux. Ses parents ne semblaient pas le moins du monde dérangés par son absence et Tobias soupira, habitué à cette atmosphère pesante de famille brisée.

Tobias était de trois ans l'aîné d'Alex et bien qu'ils soient liés par le sang, ils ne se ressemblaient pas beaucoup. Alex était une tornade brune, une fille impulsive et colérique, plutôt renfermée et qui avait depuis longtemps laissé de côté sa famille. Tobias, au contraire, était un garçon doux et calme, avec des résultats exemplaires et toujours à l'heure pour le dîner. Mais ils avaient toujours été très proches. La timidité de Tobias et l'insociabilité d'Alex les avaient poussées à devenir le meilleur ami de l'autre.

Nicky et George, leurs parents, étaient des avocats de renommer nationale. Leur travail leur prenait tout leur temps et toute leur énergie, alors Tobias n'avait qu'Alex comme réel pilier familial et inversement. Leurs parents n'avaient jamais caché leur préférence pour Tobias et avait même été très explicite sur le fait qu'Alex était un accident. Tobias n'avait jamais vraiment compris pourquoi il était si privilégié dans le coeur de ses parents, mais chaque fois qu'il voyait sa soeur, il pouvait lire toute la douleur dans ses yeux, et il savait que leurs parents était la raison pour laquelle une part d'Alex était complètement brisée.

Tobias nourrissait la même haine envers Nicky et George qu'Alex, mais pour des raisons différentes. Il avait toujours été l'enfant adoré et exemplaire auprès de son entourage, il n'était rien d'autre qu'un trophée. Il était un bon étudiant et il savait qu'il avait un avenir prometteur, mais il savait aussi que c'était tout ce qui intéressait réellement ses parents. Le reste était superficiel, ils n'avaient d'yeux que pour son futur et pas pour l'individu qu'ils élevaient.

Tobias ne pouvait pas vraiment s'empêcher de les détester quand il savait qu'il n'était rien de plus qu'un pion dans la panoplie parfaite de famille exemplaire que Nicky et George essayaient de montrer au reste du monde. Personne ne savait quels secrets beaucoup plus sombres habitaient la maison des Carl, comme une fille sans repère et sans famille et un garçon qui ne connaissait rien d'autre que les études et le travail acharné.

Après le dîner, Tobias partit se réfugier dans sa chambre pour regarder la télé et manger du chocolat. Il se ramollit le cerveau devant des émissions stupides jusqu'à ce qu'il commence à s'assoupir, mais il se força tout de même à se lever pour préparer ses affaire pour le lendemain.

Son téléphone affichait vingt-trois heures vingt-huit lorsqu'un mouvement à l'extérieur attira l'attention de Tobias.

-Golden Boy ! souffla une voix.

Tobias sursauta et se cogna la hanche contre sa commode.

-Merde, jura-t-il.

-Golden Boy !

Il grimaça en s'approchant de sa large baie-vitrée. Il tira le rideau pour jeter un regard vers son jardin, mais il ne vit rien.

-Oh, Golden Boy, t'as prévu de me répondre ou quoi ? gloussa encore la même voix.

Et Tobias reconnut celle de Brody. Ça ne pouvait être que lui, il était le seul à lui donner ce stupide surnom, mais Tobias n'arrivait pas vraiment à croire que Brody était venu jusque chez lui. Il ouvrit sa baie-vitrée et sortit sur son balcon, les pierres fraîches effleurants ses pieds nus.

Brody se tenait là, dans son jardin, un grand sourire courbant ses lèvres. Tobias écarquilla les yeux en jetant un regard derrière lui avant d'ancrer son regard dans celui de Brody.

-Qu'est-ce que tu fais là ? s'étrangla-t-il. Mes parents vont te voir !

Le basané rit doucement et Tobias ne pouvait s'empêcher de penser à Roméo et Juliette. Il mentirait s'il disait ne pas vouloir être la Juliette de Brody.

-Je voulais m'excuser pour cette après-midi, avoua Brody.

Tobias dut se mordre la lèvre pour retenir un sourire parce que c'était si adorable. Mais Brody ne pouvait vraiment pas rester ici, Nicky et George feraient un scandale s'ils le voyaient.

-Oui, oui, d'accord, j'accepte tes excuses, tu peux partir maintenant ?

Mais Brody ne semblait pas décidé à s'en aller.

-Je peux monter ? demanda-t-il, ignorant complètement la demande de Tobias.

-Quoi ? Non !

Brody sourit un peu plus et s'approcha de la gouttière.

-Tant pis, je le fais quand même.

Dieu, ce qu'il est insupportable.

Et irrésistible, souffla une petite voix à l'arrière de son cerveau mais Tobias ne l'écouta pas.

Brody commença à escalader et Tobias était complètement paniqué à l'idée que ses parents l'entendent ou même le voient. Il s'empressa de rentrer dans sa chambre et ferma sa porte à clé. Il en profita pour ranger quelques trucs qui traînaient par terre, avant de retourner sur le balcon. Brody sauta au-dessus des barrières avec un sourire victorieux, un peu essoufflé mais si beau sous les pâles rayons de la lune. Il portait toujours son incontournable veste en cuir et ses converses et-

Tobias secoua la tête.

Non, tu es censé être énervé, arrête.

Tobias lui lança un regard assassin en croisant les bras sur sa poitrine.

-Pourquoi t'es ici ? demanda Tobias. Je pensais t'avoir bien fait comprendre que je ne voulais pas te voir.

Brody se contenta de glousser doucement.

-Tu as dis que tu me pardonnais il y a deux secondes, Golden Boy, rit-il.

Son regard balaya son corps de haut en bas et Tobias rougit légèrement.

-T'es plutôt sexy quand t'es énervé, ajouta Brody en humectant ses lèvres.

Tobias voulait s'arracher les cheveux pour aimer son compliment.

Il leva les yeux au ciel en tournant les talons pour rentrer dans sa chambre

-T'es vraiment énervant, soupira-t-il en s'asseyant sur son lit, baissant le volume de la télé.

Brody ferma la baie-vitrée et retira ses chaussures et sa veste.

-Hé, j'ai rien fait ! s'exclama Brody avec un sourire amusé. Je peux m'asseoir ?

Il désigna la place vide à côté de Tobias sur son grand lit.

-Non.

Brody gloussa et vint tout de même s'asseoir à ses côtés. Tobias se décala jusqu'à être au bord de son matelas pour être sûr qu'il n'ait aucun contact avec Brody.

-Je t'ai forcé à rien à la soirée, c'est toi qui t'es énervé tout seul, continua Brody.

-Mais il ne s'agit pas de ça, Brody, c'est ton comportement qui m'énerve, rétorqua Tobias.

-C'est toi qui en redemandais dans les vestiaires, pas moi.

Tobias était de nature réservé, mais Brody faisait ressortir le pire en lui. Il se tourna vers lui en le fusillant du regard.

-Non, Brody, non ! C'est pas ça ! Je ne veux juste pas être ta pute ! Je me suis laissé aller, ok, c'est ma faute, mais profiter des gens comme ça, c'est moche ! Tu couches à droite à gauche alors que t'as un copain, putain ! Je vais pas te laisser me - me - toucher, puis juste devenir un étranger à tes yeux après que t'aies tiré ton coup. Tu réalises à quel point tu fais du mal à cette fille de la dernière soirée que tu ne rappelleras jamais ?

La poitrine de Tobias se soulevait lourdement. Il était presque étonné de lui-même de pourvoir tenir tête à quelqu'un, surtout quand ce quelqu'un était Brody.

Le basané le regarda longuement avant qu'un sourire ne courbe ses lèvres. Tobias pouvait lire l'amusement dans ses yeux et il pouvait clairement voir que Brody se retenait de rire.

-Tu trouves ça drôle en plus ? tempêta-t-il. Sérieux, Brody, casse-toi si tu es venu ici juste pour te foutre de ma gueule.

Tobias pointa sa baie-vitrée avec conviction, mais Brody saisit sa main et serra doucement ses doigts. Tobias retint sa respiration.

-Hé, désolé, Golden Boy, souffla Brody. Je ne voulais pas me moquer de toi, mais je trouve ça un peu nul de ta part de me juger comme ça alors que tu ne me connais pas. Je n'ai jamais voulu profiter de toi. Je t'apprécie, c'est tout, et j'avais vraiment envie de passer du bon temps avec toi vendredi soir, ok ? J'avais pas juste envie de baiser, je voulais être avec toi.

Brody soupira et passa une main dans ses mèches sombres.

-Mais bon, aux dernières nouvelles, t'es pas gay, marmonna-t-il.

Tobias papillonna des paupières.

-Pourquoi t'es ici alors ? murmura-t-il.

Brody ancra son regard dans le sien et un doux sourire vint courber ses lèvres. Il pressa les doigts de Tobias.

-J'sais pas, je te trouve différent, c'est tout, répondit-il. Tu te caches derrière tes airs de garçons timides et innocents parce que les gens te jugent pour ton nom de famille. Mais je ne suis pas con, Golden Boy, je sais observer les gens, et j'ai juste envie de te montrer que tu peux être beaucoup plus que ce que tu prétends être.

Ses yeux débordaient de sincérité et de tendresse. Tobias ne savait pas vraiment quoi répondre.

C'était la première fois que quelqu'un disait de telles choses à son sujet. Tobias voulait juste s'offrir complètement au garçon allongé dans son lit et peut-être qu'il était vraiment faible, mais son coeur cognait dans sa poitrine et il n'entendait que ça.

Ses doigts se resserrèrent autour de ceux de Brody et inconsciemment, il se pencha plus près de lui.

-Tu me laisserais te montrer qui tu es vraiment, Golden Boy ? chuchota Brody.

Tobias mordilla le coin de sa lèvre en hochant lentement la tête. Brody sourit.

C'était aussi la première fois qu'il faisait autant confiance à un inconnu et cette relation bien plus qu'amicale qu'ils avaient créée en quelques jours était assez étrange.

Mais Tobias ignora tous les panneaux d'alerte qui se dressaient dans sa tête et laissa la main de Brody saisir sa hanche. Le basané l'allongea dans son grand lit avant de grimper sur lui, ses cuisses épaisses encadrants ses hanches étroites. Tobias ne savait plus vraiment comme respirer. Il serrait la main de Brody si fort qu'il pourrait briser ses os, mais le basané ne semblait pas s'en soucier.

Lentement, Brody commença à déposer des baisers contre sa mâchoire et Tobias ferma les yeux, laissant un doux plaisir l'envahir.

-J'aime quand tu portes des débardeurs comme ça, murmura Brody.

C'était son pyjama à vrai dire. C'était un débardeur et un jogging ample, mais Brody chuchota aussi qu'il le trouvait beau avant d'embrasser sa clavicule alors Tobias ne s'en soucia pas.

-T'es tellement bien foutu, le complimenta encore Brody. C'est parce que tu fais du sport ?

La langue de Brody lécha sa pomme d'Adam et Tobias gémit avant d'hocher faiblement la tête.

-De la boxe ? Du football ? Ou peut-être du tennis, tu as de beaux biceps.

-De la danse, couina le châtain. Et parfois, je vais à la salle.

Brody sortit la tête de son cou pour rencontrer le regard de Tobias. Un grand sourire courbait ses lèvres.

-Tu danses ? demanda Brody.

-Ne te moque pas s'il te plaît, chuchota Tobias.

Brody fronça les sourcils.

-Pourquoi je me moquerais ? Je trouve ça super cool. Tu fais quoi comme style de danse ?

Tobias haussa les épaules.

-De tout, mais du classique principalement. C'est ce que je préfère.

-Tu dois être vachement sexy dans un justaucorps, Golden Boy, gloussa Brody en lui faisant un clin d'oeil.

Tobias rougit furieusement et détourna le regard en mordant sa lèvre pour ne pas sourire.

-Tu me montreras comment tu danses un jour ?

Les yeux dorés de Brody trouvèrent les siens une nouvelle fois.

-Tu veux ? J'ai tout appris tout seul, je ne suis pas très bon.

-Je suis sûr que si, rétorqua Brody.

Et il était si beau, la lumière de sa lampe de chevet brossant la mâchoire de Brody et brillant à travers ses mèches sombres. Ses lèvres étaient épaisses et rougies avec tous les baisers qu'il avait déposés sur la peau de Tobias et des étoiles semblaient danser dans ses yeux.

Tobias en pouvait que hocher la tête avec un sourire maladroit, il ne pouvait rien lui refuser lorsque Brody était si diablement beau au-dessus de lui.

Ils se regardèrent pendant quelques instants, les secondes s'étendants à l'infini, le silence régnant dans la petite chambre. Brody se pencha un peu plus près de lui, envahissant complètement son espace, et Tobias sentit sa respiration s'accélérer lorsque les lèvres de Brody effleurèrent les siennes.

-Est-ce que je peux t'embrasser ? chuchota Brody.

Tobias serra les doigts de Brody encore plus fort.

Depuis le jour où Brody lui avait demandé s'il voulait l'embrasser, contre le mur, dans la grande villa, Tobias n'avait attendu que ça - que Brody l'embrasse.

-Oui, gémit-il presque.

Tobias eut le temps de voir un sourire sur les lèvres de Brody avant qu'il ne les presse contre les siennes.

Une explosion de papillons transperça le ventre de Tobias - parce qu'il n'y avait vraiment que ça pour décrire le tourbillon dans son estomac. Il soupira au contact de la bouche pulpeuse sur la sienne. C'était doux et tendre, mais chaud et brûlant à la fois, c'était quelque chose de nouveau et d'inexploré. Les lèvres de Brody étaient un gercées, au contraire des filles que Tobias avait embrassées, mais il n'y avait pas la sensation collante de gloss ni le goût désagréable du rouge à lèvres. Tobias trouva seulement le goût de tabac et chewing-gum à la menthe sur les lèvres de Brody et il mentirait s'il prétendait ne pas aimer ça.

Ce n'était qu'une bouche contre une autre, comme si Brody se contentait de tester le terrain. Lentement, ils se séparèrent, mais Brody garda tout de même une faible distance entre eux. Tobias ouvrit les yeux pour tomber dans l'immensité dorée qu'était les yeux de Brody et il pouvait sentir son coeur tambouriner dans sa poitrine. Il voulait encore sentir les lèvres de Brody contre les siennes et toutes les sensations qui accompagnaient ses baisers.

-Demande-moi encore, souffla alors Tobias.

Brody sourit.

-Je peux t'embrasser ?

Mais Tobias l'embrassait déjà, plus fort cette fois-ci. Il fronça les sourcils, comme s'il mettait toute sa concentration dans leur baiser, et l'étreinte de leurs mains se fit plus étroite encore alors que tout semblait s'intensifier. Brody entrouvrit les lèvres et Tobias l'imita. L'électricité traversa son corps lorsqu'il rencontra la langue de Brody et le monde s'effaça autour de lui. Le basané mordilla sa lèvre inférieure et Tobias haleta sous lui.

Sa main agrippa l'étoffe du t-shirt de Brody et le tira plus près de lui, emprisonnant la chaleur de leurs corps dans une étreinte passionnée. Tobias se dit que c'était le meilleur baiser qu'il avait échangé parce que les lèvres de Brody étaient épaisses et charnues et il pouvaient sentir les poils courts sur son menton frotter sa peau. Si cela pouvait gêner certaines personnes, Tobias adorait ça. Il y avait quelque chose d'agréable dans la barbe courte de Brody que Tobias appréciait, mais il ne savait pas vraiment comment le décrire.

Mais il n'y pensa pas et se laissa emporter par les sensations qui torturaient son bas-ventre. Embrasser Brody, c'était vraiment autre chose, et la façon qu'il avait de presser sa langue contre la sienne était juste divine.

Lorsque Brody recula, Tobias réalisa à quel point ses joues étaient chaudes. Il devait probablement être aussi rouge qu'une tomate à ce stade-là.

Brody recoiffa ses mèches châtains et Tobias sentit une douce chaleur envahir sa poitrine. Il adorait quand Brody avait ses petits gestes stupides, mais qui étaient si importants aux yeux de Tobias.

Finalement, le basané se laissa tomber à ses côtés avec un doux soupir. Leur mains étaient toujours lâchement enlacées entre eux et Tobias lança un sourire au plafond.

-Tu sais que Tom n'est pas mon copain, hein ? murmura Brody en lui lançant un regard.

Tobias se retourna sur son flanc, se pressant contre la chaleur du corps de Brody. Il était étonné de combien il était soudainement à l'aise avec lui, mais tout semblait plus facile quand il n'y avait qu'eux deux, pressés dans le même espace, contre le reste du monde.

-Alors vous êtes quoi ?

Brody haussa les épaules en commençant à caresser le bras nu de Tobias.

-Il a déjà un copain, en fait, dans son université. Mais ça ne va pas très bien entre eux, alors moi je lui remonte le moral.

Tobias hocha lentement la tête en se pinçant les lèvres. Il devrait être jaloux qu'ils parlent d'une autre personne avec qui Brody couchait, mais Tobias se sentait trop bien dans ses bras pour y penser.

-Tu devrais arrêter, c'est nul de briser des couples, murmura Tobias en posant sa tête sur la poitrine de Brody. Je suis sûr que tu vaux mieux qu'un simple amant.

Il sentit un sourire dans ses cheveux avant que Brody n'embrasse l'arrière de son crâne.

-Tu es beaucoup trop précieux pour ce monde, Golden Boy.

Tobias rougit timidement et serra la main de Brody plus fort.

-Je ne le suis pas, souffla-t-il.

-Je t'assure que tu l'es.

Tobias noya ses dents dans sa lèvre inférieure et se pressa un peu plus dans l'espace de Brody.

-Okay, chuchota-t-il.

-Pourquoi on est comme ça ? rit Brody en glissant sa main dans les cheveux à la base de la nuque de Tobias.

Tobias releva son regard vers le sien.

-Pourquoi on est comment ?

-Pourquoi on ressemble à un vieux couple alors qu'on ne se connaît pas ? gloussa Brody en emmêlant ses doigts dans ses mèches.

Tobias sourit en haussant les épaules. Il essaya de ne pas devenir dingue à la simple idée que Brody les avait comparés à un couple.

-La magie du romantisme, je suppose, murmura-t-il.

-Je ne suis pas romantique, rétorqua le basané.

-Venir au balcon de quelqu'un pour lui demander pardon, je trouve ça assez romantique, marmonna Tobias avec un petit sourire.

Brody leva les yeux au ciel.

-Ok, d'accord, mais je le suis un tout petit peu alors. Ne prends pas trop la confiance.

Brody sourit encore et embrassa Tobias.

Et ils continuèrent ainsi pendant une bonne partie de la soirée, s'échangeants des baisers paresseux, emmêlés dans les draps chauds et souples du lit de Tobias. Quand ils ne s'embrassaient pas, ils se moquaient des trucs qui passaient à la télé, mais leurs doigts étaient toujours entremêlés quelque part entre eux.

Brody finit par s'endormir aux alentours de trois heures du matin, en travers du lit, sa tête reposant encore sur les cuisses de Tobias. Le châtain éteignit la télé et dégagea lentement sa tête pour s'allonger à ses côtés, les couvrant de sa couette. Brody était encore en jean, mais ce n'était pas vraiment important.

Il le regarda dormir pendant quelques minutes, souriant stupidement en caressant les mèches sombres de Brody. Il avait l'impression d'être dans un monde parallèle ou peut-être dans une autre dimension, mais ce n'était pas quelque chose de réel. Ça ne pouvait pas l'être.

Tobias ne savait pas comment tout ça était arrivé, comment Brody pouvait s'intéresser à un garçon comme lui. Il ne savait pas trop dans quoi il s'embarquait parce qu'au final, il ne connaissait pas grand chose du garçon allongé dans son lit. Mais il voulait aussi profiter de ce qu'ils avaient, de ce cocon de chaleur et de tendresse, et briser les limites qu'il s'était toujours imposé. Tobias donnait aveuglément sa confiance à Brody et c'était un peu effrayant, mais quelque chose semblait le pousser à juste lâcher prise.

Tobias était jeune et en bonne santé et il voulait juste vivre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top