Chapitre 47


NDA : le chapitre 48 arrive dans deux petites minutes, juste le temps que je le relise! ENJOY!


« j'ai embrassé plus de bouteilles que de garçons et honnêtement, une gueule de bois fait moins mal qu'un cœur brisé. »

TOBIAS.

Tobias grimaça quand il entra dans le café le lendemain matin, remarquant à quel point il était bondé. Tous les clients devaient être des revenants de fêtes qui avaient besoin de se sortir la tête du trou ou de courageux bosseurs qui passaient prendre un café avec une gueule de bois.

Le châtain replaça ses lunettes de soleil sur le bout de son nez et se dirigea directement vers le local des employés en grommelant. Son patron avait réparti les journées de congés pendant les fêtes entre les quatre employés travaillant ici. Tobias avait eu de la chance, il avait eu son Noël de libre mais en échange, il devait travailler le trente-et-un décembre et le premier janvier avec Sana.

Alors le voilà, avec un mal de crâne affreux et un t-shirt sale. La joyeuse canadienne l'attendait déjà derrière le comptoir alors que Tobias revenait en nouant son tablier. Sana lâcha un gloussement.

-Salut, fêtard, pas trop mal à la tête ?

-Oh, tais-toi, marmonna Tobias.

Sana rigola un peu plus. Il se dirigea vers les machines à café parce qu'il n'était vraiment pas apte à faire l'accueil derrière la caisse. 

-Qu'est-ce que t'as fais hier ? Elle demanda alors que tous les clients étaient servis.

Tobias se laissa choir contre le plan de travail en attendant que sa géante tasse de café soit prête. S'il devait travailler toute l'après-midi, il avait au moins le droit à une tasse gratuite.

-J'étais chez Harold et compagnie, c'était chouette, il répondit vaguement. Et toi ?

Il ne voulait pas vraiment s'étendre sur les événement de la soirée passée parce que lui-même n'était pas sûr d'avoir envie de se les ressasser.

-Pas grand chose, j'étais juste avec mes soeurs. On a commandé libanais et regardé Love Actually.

Tobias sourit faiblement en lui lançant un regard.

-Cool, il souffla.

-Ouais. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vues. Mais elles repartent demain donc bon - ouais.

Sana haussa mollement les épaules.

-Et avec Nick alors ? Ça va mieux ?

Mais elle retrouva sa joie légendaire peu après.

Le châtain haussa à son tour les épaules et versa le contenu de la cafetière dans sa tasse. Il lui avait déjà raconté l'épisode de la voiture, de la dispute et de la bagarre. Sana savait vraiment tout de lui.

-Ouais, ça va, il répondit.

Non, pas du tout.

Sana fronça les sourcils et pencha légèrement la tête.

-Qu'est-ce qui se passe ?

Tobias soupira et fit tourner le contenu de sa tasse avec lassitude, regardant le liquide brun bouger sans grand but.

-Hé, je vois bien que ça va pas. Il s'est passé un truc avec Nick ?

La jeune canadienne soupira devant l'air absent et non-empreint-à-la-conversation de Tobias. Elle sembla comprendre toute seule.

-C'est Brody, c'est ça ?

Tobias ferma les yeux en soupirant, pressant une main sur son visage.

-J'ai complètement merdé, il murmura.

-Je suis sûre que non. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda Sana.

Le châtain jeta un regard à sa collègue et ouais, elle ne semblait pas juste curieuse, elle semblait présente pour lui, inquiète, compatissante.

Tobias voulait se cacher dans la cage thoracique de la jeune femme pour échapper à tous ses problèmes, il savait qu'elle le protégerait toujours.

-J'étais bourré hier et on venait de se disputer avec Nick parce que je voulais vraiment aller à la fête qu'organisait Harold, je voulais revoir Paul et compagnie pour leur montrer que je me suis relevé et que leur pari stupide, ils pouvaient se le foutre au cul. Je voulais aussi m'éclater avec mes potes, danser sur les tables et boire de la bière, tu vois ? Un truc d'étudiant que j'ai pas fais depuis une éternité ! Nick a tout de suite cru que je voulais juste revoir Brody, que je voulais baiser avec lui et gémir son prénom. J'ai beau lui répéter que je suis passé à autre chose, il comprend pas.

Tobias baissa les yeux sur sa tasse. Il sentait déjà cette douleur familière fourmiller dans sa poitrine.

-J'étais complètement déchiré hier, j'en voulais énormément à Nick de toujours me rejeter la faute dessus et de croire que j'étais juste une vulgaire pute. J'avais bu avant d'arriver à la soirée et j'ai bu là-bas. Et tu sais quoi ? Je ne me suis jamais senti aussi bien que quand j'étais complètement torché. Je savais que j'étais juste un déchet et qu'il fallait vraiment que je me calme mais je pouvais pas, j'étais trop bien, j'oubliais la douleur et tous mes problèmes. Et Nick. Il m'avait balancé un truc comme quoi j'allais embrasser tout le monde à minuit parce que c'est tout ce que je savais faire.

Le châtain soupira un peu, se remémorant le moment où il avait aperçu Brody à l'extérieur.

-Mais quand j'ai vu Brody, j'ai su qui je voulais embrasser à minuit, qui je voulais embrasser pendant ces trois-cent soixante-cinq nouveaux jours, tu vois ? J'étais attiré comme un aimant par lui, genre vraiment comme un aimant. Je l'ai rejoins à l'extérieur, on a discuté et j'ai senti que j'étais à la bonne place.

Tobias se permit un faible sourire, un peu mélancolique, certes, mais un sourire. Un vrai.

-Je ne me suis jamais senti aussi bien qu'à ce moment-là. Le pire, c'est que j'étais complètement bourré - ce que je regrette un peu maintenant avec cette magnifique gueule de bois - et en présence du garçon qui est la raison de toute la merde dans ma vie, tu vois ?

Sana laissa à son tour un sourire fendre ses lèvres et Tobias su qu'elle était heureuse pour lui.

-Je lui ai dit des trucs, c'est un peu flou, mais je sais que je les ai pensé. Je sais que j'ai pensé tout ce que j'ai dis. Je suis certain de l'avoir embrassé à minuit. Enfin, il m'a embrassé. Et je me suis jamais senti aussi vivant qu'à ce moment-là. Je me suis senti complètement renaître et - ouais, c'était la sensation la plus magique qui puisse exister.

Tobias ferma les yeux un instant, s'imaginant les lèvres de Brody contre les siennes, et une chaleur se propagea dans sa poitrine à la place de la douleur.

-Mais maintenant, je suis complètement perdu. Y a Nick d'un côté, qui est vraiment gentil. Il est vachement possessif et jaloux mais il est gentil. Je le sais, je le connais. C'est lui que je devrais aimer parce qu'il est bon pour moi. Il a raison, je ne devrais pas être torturé par Brody et encore moins gémir son prénom pendant qu'on baise. Mais j'arrive pas à passer au-dessus de Brody. Vraiment pas. J'ai essayé tant de fois, je peux pas juste le faire comme ça. Il est tellement important pour moi, tu comprends ? J'ai besoin de faire une sorte de - deuil de lui.

Sana soupira d'abord longuement, puis s'appuya contre le comptoir derrière elle. Tobias releva son regard vers elle. La jeune canadienne semblait réfléchir, son visage étant complètement impassible.

-Je comprends pas pourquoi tu restes avec Nick. Il est pas bon pour toi, c'est juste toi qui essayes de te convaincre tout seul parce que tu ne veux pas admettre que tu as des sentiments forts pour Brody. Mais il ne faut pas que tu penses que Nick est le bon parce que tu en viens toi-même à te mettre la faute dessus pour toutes les merdes qui vous sont tombées dessus. C'est pas le cas. Les sentiments, ça se contrôle pas et il ne devrait pas te le reprocher. Je ne dis pas non plus que Brody est le bon parce que, bon sang, il a vraiment été con et j'estime qu'il ne te mérite pas, mais - s'il te rend aussi heureux, s'il te fait ressentir tout ça, c'est qu'il y a une raison, Toby.

Le regard de Tobias resta profondément ancré sur le liquide brun qui refroidissait dans sa tasse, réfléchissant silencieusement aux mots de Sana. Il la détestait pour avoir raison. Elle avait toujours raison.

-Je ne te dis pas de lui sauter dessus, hein, elle continua. Je dis juste que tu pourrais envoyer un message à Brody et lui dire clairement que s'il veut quelque chose de sérieux avec toi, s'il est prêt à enfin s'engager dans une vraie relation, alors ouais, tu veux bien lui redonner une chance. Peut-être que si vous parlez, peut-être que si vous faites tous les deux des efforts et vous mettez d'accord sur certains points, alors ouais, ça pourrait marcher.

Sana avait un sourire radieux qui illuminait tout le café et Tobias essaya vainement de repousser tous les questionnements qui bombardait son esprit mais bon sang, il ne pouvait pas juste brandir son téléphone et dévouer tout son amour à Brody. Il ne pouvait juste pas.

-Et Nick ? Il demanda doucement. Et les autres ? Qu'est-ce qu'ils en penseront si je leur dis que je me suis remis avec le garçon qui m'a fait tant souffrir ? Et ma soeur ? Je peux pas faire ça. Je ne sais même si Brody veut réellement quelque chose de sérieux. Et s'il me répondait que non, je ne l'intéresse pas ? Je fais quoi moi après, hein ?

La jeune canadienne leva les yeux au ciel alors que Tobias posa la tasse sur le comptoir, les mains tremblantes et les yeux grands ouverts.

-Arrête de toujours penser à ce qui est mal, Toby. Pense à toi un peu, pense à ce que tu veux toi et si les autres ne l'acceptent pas, c'est qu'ils sont cons et ils ne te méritent pas. Et puis, tu n'as rien à perdre en lui envoyant un message. Au moins, tout sera clair et vous pourrez enfin faire le deuil de votre relation ou alors recommencer quelque chose sur des bases plus solides.

Tobias restait sceptique parce qu'il devait penser aux autres. Il ne pouvait pas faire autrement.

Sana soupira bruyamment et le châtain ancra son regard dans le sien.

-Est-ce que tu veux être avec lui ?

-Je - oui, je crois, oui - je sais pas, sûrement, bafouilla Tobias.

Oui, bien-sûr qu'il le voulait. Il voulait Brody tout entier et pour l'éternité et ça lui faisait mal de l'admettre.

Sana sourit discrètement et attrapa le téléphone de Tobias, posé sur le comptoir, puis elle lui tendit avec un regard entendu.

-Alors envoie-lui un message et arrête de te casser la tête. Tu n'arriveras à rien si tu ne prends pas des décisions.

Tobias saisit son cellulaire, légèrement réticent à l'idée de faire le premier pas envers Brody. Il regarda l'écran de son portable comme s'il l'avait vu dans un endroit lointain, l'esprit embrouillé.

-Je - j'ai besoin de - il faut que - laisse-moi une minute, j'arrive, bégaya Tobias.

Le châtain fourra son téléphone dans sa poche et attrapa sa veste avant de s'échapper du coffee-shop. Il prit les escaliers réservés aux employés pour descendre dans la ruelle, à côté du centre commercial, où tous les déchets et poubelles étaient empilés.

Tobias s'en éloigna un peu en enfilant sa veste, puis s'appuya contre un mur et se laissa glisser contre jusqu'à être assit sur les dalles salies par le temps et la pollution.

Ses yeux étaient humides et ses mains tremblaient alors qu'il attrapait son téléphone et ses écouteurs, les branchant rapidement jusqu'à ce que la voix de Bob Dylan envahisse ses oreilles et batte contre ses tympans. Et maintenant, Tobias pleurait, ramenant ses genoux contre sa poitrine alors qu'il écoutait en boucle la chanson.

Parfois, Tobias en avait réellement marre.

Si personne n'avait lancé ce stupide pari, il serait probablement encore chez lui, avec des bons résultats et des parents à moitié présents. Il ne serait peut-être pas heureux, juste à peu près satisfait de sa vie, mais au moins, il ne se retrouverait pas à pleurer pour un garçon qui lui avait brisé le coeur sans personne pour lui dire que tout aller bien se passer. Parce que rien ne se passait bien.

Le truc, c'était que Tobias savait qu'il était amoureux de Brody. Il le savait. Il avait tenté de le nier, il avait même utilisé Nick pour cela, mais c'était beaucoup trop évident pour qu'il puisse essayer de repousser ses sentiments.

Nick était vraiment un bon garçon, mais il n'était juste pas Brody, il n'était pas spécial aux yeux de Tobias.

Tobias avait voué une haine sans précédent à l'égard de Brody, c'était sûr, mais il lui avait aussi voué un amour profond, un amour inconditionnel et sans limites.

Parfois, Tobias se demandait comment il était possible d'aimer autant une personne. Parce qu'au final, Brody l'avait traîné à travers des merdes incroyables et c'est à cause de lui qu'il était aujourd'hui dans cette situation, mais il l'aimait toujours et quand il s'endormait le soir, il s'imaginait dans ses bras.

Et il ne devrait pas. Il ne devrait pas s'endormir aux côtés de Nick en visualisant le sourire d'un autre garçon. C'était encore une preuve que Tobias n'était définitivement pas passé à autre chose.

Et puis, il avait jouit avec le prénom de Brody parce qu'il s'était imaginé avec lui. Il avait imaginé ses doigts enfoncés dans ses hanches, son souffle contre sa peau, ses mots contre son oreille, son coeur contre le sien. Il n'y avait pas eu un seul instant où Tobias avait pensé à Nick contre lui. Nick n'allumait pas en lui le même feu que Brody.

C'était plus fort que Tobias.

Son amour pour le basané était quelque chose au-delà de lui, au-delà de tout. Il lui avait tout offert et pourtant, il avait le sentiment qu'il pouvait encore lui donner de sa personne.

Tobias voulait juste se battre pour sentir les doigts de Brody entre les siens et ses bras autour de lui lorsqu'il s'endormirait. Mais est-ce qu'il devrait retourner avec lui ?

Quand cette question surgissait dans son esprit, Tobias s'imaginait souvent ce qu'il se serait passé si cette idée de pari n'avait jamais existé, s'il n'avait jamais croisé le chemin de Brody, s'il n'était jamais tombé amoureux de lui. Il s'imaginait sa vie, cinq mois plus tôt, et Tobias se disait que ouais, il aurait une vie paisible, mais il n'aurait jamais vécu ces quelques mois auprès de Brody.

Il serait resté dans le déni et l'ignorance de sa véritable orientation sexuelle.

Il n'aurait jamais ressenti ce sentiment si puissant qu'est l'amour.

Il n'aurait jamais autant sourit, jamais autant apprécié sa vie.

Il n'aurait juste jamais rencontré Brody, qui avait beau lui avoir rendu la vie dure mais qui lui avait aussi permis d'être heureux. Parce qu'au final, les moments de bonheur avaient été bien plus nombreux que ceux de douleurs.

Alors non, Tobias ne voulait pas revenir cinq mois en arrière. Pour rien au monde il ne reviendrait cinq mois en arrière.

Ce fut peut-être cette pensée qui le décida à saisir son téléphone, ou peut-être l'urgence de revoir Brody, mais il le fit et une trentaine de secondes plus tard, Tobias souriait sous ses larmes en regardant le ciel parce qu'il sentait enfin qu'il y avait un peu d'espoir.

Tobias : dans une heure au café du centre commercial. faut qu'on parle. stp.

Le châtain essuya ses joues avec son tablier en se redressant, renfilant légèrement, jusqu'à ce qu'il sente une vibration contre sa paume à peine quelques secondes après qu'il ait envoyé son message.

Brody : non, viens à la serre aux papillons le plus vite possible!!!!!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top