Chapitre 40
« tu mérites tout l'univers, mais je ne suis qu'une étoile. »
BRODY.
C'était devenu un truc.
Tobias et Brody se voyaient régulièrement, pratiquement tous les jours, se cachant des autres pour être seuls. Ils se retrouvaient dans l'appartement de Brody, dans des cafés ou chez Tobias quand ses parents étaient absents.
La plupart du temps, ils traînaient juste ensemble, mangeaient et se parlaient, et parfois ils faisaient les magasins ou se retrouvaient au studio de danse de Princeton.
C'était devenu un truc, mais c'était leur truc.
En revanche, c'était strictement amical. Ils ne s'étaient plus approchés l'un de l'autre depuis le-presque-dérapage de la dernière fois. Ils étaient plus proches que des amis strictement platoniques, mais Brody sentait la gêne constante entre eux quand leurs mouvements étaient trop « déplacés ».
Il se souvenait du jour où ils étaient tous les deux allés au centre commercial car Tobias avait besoin de nouveaux chaussons de danse et Brody en avait profité pour s'acheter des jeans. Il se souvenait de Tobias dans sa grosse écharpe en laine, le bout du nez rouge et son corps complètement emmitouflé dans son grand Duffle Coat en laine.
-C'est dommage que les Bloch ne soit plus disponibles, je suis vraiment pas un grand fan des Gaynor, marmonna Tobias.
Brody gloussa doucement parce que, premièrement, il ne comprenait pas la différence entre ces deux marques et deuxièmement, Tobias avec le nez froncé était la chose la plus adorable de la Terre entière.
-Elles t'empêchent pas de danser, à ce que je sache, il répondit.
Tobias leva les yeux au ciel comme s'il était vraiment stupide. Il l'était peut-être.
-Les Bloch sont plus sèches et ont une meilleure tenue du pied, alors que les Gaynor sont plus adaptées pour les gens avec un fort coup de pied, qui se tient tout seul, tu vois ? En plus, elles sont pas très belles et je préfère largement les coussinets des Bloch, ils glissent moins et accrochent au parquet, tu comprends ? Les Bloch sont adaptés à mes pieds.
Brody fronça les sourcils avec un sourire.
-Oui, bien-sûr quelle question ! Le coup de pied, les coussinets, bien entendu !
Tobias lui donna un coup de coude dans les côtes et Brody rigola. Puis tout à coup, le châtain ouvrit de grands yeux en regardant au-dessus de l'épaule de Brody et s'immobilisa au milieu du chemin. Tobias attrapa la main de Brody et le tira vers une boutique un peu plus loin.
-Regarde, Brody ! Ils ont des justaucorps Repetto ! Il s'exclama.
Tobias s'arrêta devant une vitrine, la bouche grande ouverte et les yeux illuminés. Brody ne savait pas trop quoi dire ou quoi faire, encore trop surpris par la main chaude et douce dans la sienne. Il regarda leurs doigts enlacés et ouais, son coeur s'était probablement arrêté. Tobias le serrait fort et Brody se dit qu'il pourrait se liquéfier ou juste s'évanouir parce qu'il en voulait tellement plus et c'était tellement frustrant de ne pas pouvoir enrouler un bras autour de la taille de Tobias.
Le châtain sembla remarquer son silence et se tourna vers lui avec les sourcils froncés. Quand il remarqua leurs doigts emmêlés, il rougit violemment et retira sa main de celle de Brody.
-Oh, excuse-moi, il murmura.
Il cacha le bout de son nez dans son écharpe, les joues rouges et un faible sourire nerveux sur ses lèvres. Brody sourit aussi et il attrapa de nouveau la main de Tobias. Il se laissa faire.
-Nan. Nan, c'est bien, lui assura Brody.
Tobias rougit un peu plus mais serra ses doigts et Brody ne s'était jamais senti aussi heureux. Ils se promenèrent toute la journée ainsi, ne se lâchant pratiquement pas la main, et c'était juste normal et bien et facile et Brody, qui détestait faire les boutiques, s'était vraiment bien amusé.
Mais il se souvenait, encore aujourd'hui, de la rougeur sur les joues de Tobias, de sa gêne et de son malaise quand il avait lâché sa main. Brody n'aimait pas ça, il voulait que tout ça redevienne normal, quotidien. Il voulait qu'ils retrouvent leur relation précédente.
Les seuls moments où ils étaient réellement proches physiquement étaient la nuit. Là, ils étaient généralement une pile de membres emmêlés dans les couvertures et ils leur arrivaient d'embrasser le cou de l'autre, mais c'était toujours dans le noir et dans le silence. Ils ne se parlaient pas et n'en parlaient pas. Brody aimait ça, il aimait cette proximité, mais parfois il se disait qu'il préférerait l'appliquer le jour aussi, sans gêne et sans honte.
Mais il se disait aussi qu'il était déjà assez chanceux d'avoir retrouvé Tobias alors il ne voulait pas le presser plus que ça. Brody ne voulait pas le forcer ou le brusquer parce que ce qu'ils avaient là était déjà largement assez pour rendre ses journées meilleures, sa vie entière meilleure.
Brody était en ville, faisant quelques courses, ayant prévu d'inviter Tobias à passer la soirée chez lui. Ils ne s'étaient pas vus depuis quatre jours car Tobias avait eu d'important oraux à préparer avec Loé et Brody mourrait d'envie de le revoir et de savoir comment son examen s'était passé. Il avait l'impression que des lustres étaient passés depuis qu'il avait vu Tobias pour la dernière fois.
Il s'empressa de sortir son portable de sa poche, composant rapidement le numéro de Tobias. Brody n'attendit que trois sonneries avant d'entendre la voix du châtain.
-Allô ? Brody ?
Mais sa voix était basse et trop rauque et nasale et Brody s'inquiéta immédiatement.
-Hey, Toby, ça va ? Il demanda rapidement, les sourcils froncés alors qu'il se dirigeait vers sa voiture.
Il entendit un reniflement et son coeur se mit à battre plus vite.
-Je suis malade, répondit Tobias.
-Oh non, qu'est-ce qu'il se passe ?
-La grippe. Je suis rentré sous la pluie hier.
Brody s'assit sur le siège conducteur en balançant ses achats sur la banquette arrière.
-Pourquoi tu n'étais pas en voiture ?
-Mes parents l'ont prises pour aller à New York, ils ont une affaire à régler.
Le basané se trouva vraiment horrible d'aimer la voix râpeuse et rauque de Tobias.
-Tu es tout seul ? Il s'exclama.
-Ouais, ils ne reviennent pas avant le week-end prochain. Du coup je suis entrain d'agoniser tout seul dans mon lit.
Brody entendit un faible rire, mais il avait l'air douloureux et presque forcé. Il s'empressa de démarrer sa voiture.
-J'arrive dans dix minutes, ça te va ?
-Oh non, te force pas, je dois être super contagieux en plus.
-Venir te voir ne me dérangera jamais, Tobias, le réprimanda Brody.
-Je ne voudrais pas que tu tombes malade, répliqua le châtain.
Brody leva les yeux au ciel.
-Je m'en fous de tomber malade. J'aime pas te savoir seul dans ton lit alors que tu ne vas pas bien. Je vais te chercher des médicaments et j'arrive, ok ?
-Mais-
-C'est même pas négociable en fait. Je viens et c'est tout.
Tobias soupira et Brody devina un sourire sur ses lèvres.
-Ok ?
-Ok, murmura Tobias.
Brody sourit.
-Arrête de me draguer.
Il entendit Tobias glousser puis il raccrocha et se dirigea vers la pharmacie. Il alla aussi acheter une soupe de poulet et une dizaine de minutes plus tard, il était devant la porte des Carl. Brody sonna d'abord mais personne ne vint au bout de quelques minutes. Il fronça les sourcils et toqua.
-Toby ? Il appela.
Brody sentit son téléphone vibrer dans sa poche.
Tobias : c'est ouvert, je suis dans ma chambre.
Le basané poussa alors la porte et fut surpris par l'extrême calme qui régnait dans la maison. Brody posa son sac sur l'îlot central en enlevant sa veste et ses chaussures, regardant le vide autour de lui. C'était presque comme si personne n'habitait ici. Puis un toussotement retentit à l'étage et Brody monta rapidement les escaliers.
La chambre était complètement plongée dans la pénombre, avec les volets fermés et les lumières éteintes. Aussi, des mouchoirs jonchés le sol et la chaleur régnant dans la pièce était presque étouffante. Le seul bruit brisant le silence étaient les respirations de Tobias, complètement emmitouflé dans une pile de couvertures.
-Hey, souffla Brody, s'avançant lentement dans la chambre.
Brody perçut un mouvement sous les couettes et il vit Tobias jeter un bref regard au-dessus de son épaule.
-Hey, il répondit, et sa voix était complètement cassée, presque détruite.
Les épaules de Brody s'affaissèrent un peu alors qu'il arrivait au niveau du lit.
-Ça va ? Il demanda doucement.
Il crut distinguer un faible secouement de tête. Brody s'assit sur le bord du lit et Tobias toussa un peu.
-Je t'ai amené des médicaments et une soupe de poulet. C'est quand la dernière fois que tu as mangé ?
Tobias soupira puis se tourna dans son lit pour faire face à Brody. Sa peau semblait humide et rouge, ses cheveux étaient gras et collants et ses yeux étaient vitreux et brillants. Il semblait réellement malade.
-Je sais pas, peut-être hier ou avant-hier, il murmura.
Brody fit la moue.
-Il faut que tu manges si tu veux guérir, faut que ton corps ait des forces.
Le châtain haussa les épaules, luttant pour ne pas laisser ses paupières tomber.
-J'ai pas faim. J'ai l'impression que je vais vomir chaque fois que je vois de la nourriture.
-Je te promets que tu te sentiras mieux si tu manges quelque chose. Laisse-moi te chauffer la soupe au poulet.
-Comme tu veux, souffla Tobias. Maman.
Brody sourit faiblement et Tobias aussi. Puis le basané sortit de la chambre, se dirigeant vers la cuisine. Il fit rapidement chauffer la soupe au micro-ondes et prit une bouteille d'eau fraiche ainsi qu'un cachet avant de rejoindre Tobias dans sa chambre. Celui-ci semblait s'être endormit de nouveau.
-Hey, Toby ? Il l'appela.
Le mentionné gémit faiblement sous les couvertures. Brody posa la bouteille et le bol sur sa table de nuit.
-Allez, assis-toi, tu vas manger.
Tobias soupira puis s'aida de ses bras tremblants pour s'appuyer contre le mur derrière lui. Brody le regarda avec un faible sourire, à la fois inquiet et heureux d'être près de lui.
Tobias battait constamment des paupières, comme si le sommeil menaçait de tomber sur lui à tout moment, et puis il avait l'air si jeune et si enfantin avec ses joues rouges et sa couette remontait jusqu'au nez. Brody était attendri.
-Tu peux manger tout seul ou il faut que je te le donne à la cuillère ?
Le châtain leva les yeux au ciel et se pencha pour prendre le bol de soupe seul tandis que Brody gloussait doucement. Puis il s'assit à côté de lui dans le lit. Tobias alluma la télé et se cala un peu mieux contre les coussins avant de regarder la soupe avec dégout, le nez retroussé et les yeux étrécit.
-Est-ce que je suis-
-Oui, tu es obligé de manger. Allez.
Le générique de The Big Bang Theory - comme d'habitude - retentit dans la chambre au moment où Tobias se décida à porter une cuillerée à sa bouche. Brody le regarda avec attention mais Tobias ne sembla pas repousser par le gout ou l'aliment même donc il se dit que ça devrait aller et qu'il n'allait sans doute pas vomir.
-Ça va ? Demanda doucement Brody.
Tobias se contenta d'hausser faiblement les épaules avant de prendre une nouvelle cuillère de la soupe en regardant sa série.
Brody n'était pas du tout concentré sur Leonard et Penny se disputant parce que « demander en mariage pendant le sexe, c'est vraiment nul ! ». Non, il était concentré sur le garçon à côté de lui qui semblait juste exténué. Il ne semblait pas seulement malade, il semblait aussi fatigué mentalement. Tobias soupirait et ses yeux ne semblait même pas réellement concentré sur la série non plus. Il semblait ailleurs.
Brody voulait croire que c'était juste cette stupide grippe qui faisait cet effet, mais il connaissait Tobias mieux que cela et il savait que ce n'était pas juste la maladie qui le rendait comme ça, il y avait quelque chose d'autre. En revanche, il préféra ne pas demander maintenant.
-J'ai finis la soupe, je peux dormir maintenant ? Demanda Tobias en tendant le bol à Brody.
Celui-ci sourit faiblement et le posa sur la table de chevet avant de saisir la bouteille d'eau.
-Nan, bois un peu. Et prend ça aussi, lui répondit Brody en attrapant le cachet.
Tobias leva les yeux au ciel.
-Mais y avait plein d'eau dans ta soupe, c'est bon là, laisse-moi dormir, se plaignit Tobias avec une moue adorable.
-Oh, ça va, je t'en demande pas beaucoup, sourit Brody en lui tendant la bouteille et le médicament.
Le châtain attrapa la bouteille.
-Ok, il répondit avant de mettre la pilule sur sa langue. Maman.
Brody sourit encore plus et fit bien attention à ce que Tobias finisse la bouteille entière. Cela fait, le châtain la jeta dans la direction générale de la poubelle puis commença à s'enfoncer dans ses couvertures.
-C'est bon ? On peut faire des câlins ou tu veux encore jouer à la maman ?
Le basané sentit son coeur battre un peu plus vite quand Tobias souleva sa couverture pou l'inviter à s'y glisser. Ils ne parlaient jamais de leur proximité pendant le nuit, alors le fait que Tobias lui demande explicitement en plein jour était tellement inattendu et tellement - c'était parfait. Brody n'attendait que ça depuis plus d'un mois.
Une sourire probablement gigantesque grandit sur ses lèvres et il s'allongea aux côtés de Tobias.
-Tu veux des câlins ? Il lui demanda doucement.
-Je veux des câlins, murmura Tobias avec un sourire timide.
Brody sourit et ouvrit ses bras, laissant le châtain se blottir contre lui. Et ouais, sa peau était moite et brûlante et ses cheveux étaient vraiment gras.
-Tu es vraiment brûlant, il murmura.
-J'ai froid, répondit doucement Tobias.
Et il se blottit un peu plus contre le basané et Brody réalisa qu'il n'en avait rien à foutre du nombre de jours où Tobias n'avait pas pris de douche, de sa chaleur corporel presque étouffante ou de ses faibles tremblements parce qu'ils étaient l'un contre l'autre et c'était tout ce qui importait. Tobias s'accrochait à son t-shirt et pressait son nez dans son cou et Brody ne voulait plus le lâcher.
Quelques instants plus tard, Tobias finit par s'endormir, la respiration lourde et le corps plus chaud encore. Brody regretta de ne pas s'être un peu déshabillé parce qu'il sentait des gouttes de transpiration dans son dos, mais il ne voulait vraiment pas réveillé Tobias.
Pour être honnête, il n'y avait que Tobias qui comptait, il s'en foutait pas mal du reste à partir du moment où il était à ses côtés. Alors quelques gouttes de transpiration n'allaient pas l'empêcher de partager un moment avec le châtain.
Vers dix-huit heures, il finit par s'endormir aussi, la main dans les cheveux de Tobias et ses lèvres contre son front.
Mais il se réveilla seulement une heure plus tard avec la sensation de doigts caressant sa peau. Il papillonna des paupières et fut d'abord frappé par la chaleur contre lui.
Puis il vit Tobias allongé contre lui, sa tête reposant sur son pectoral et sa main dessinant des formes incohérentes sur son ventre. Il frémit légèrement à la sensation.
-Hey, il murmura.
-Salut, répondit Tobias.
-Tu es réveillé depuis longtemps ?
Le châtain haussa les épaules et son index s'aventura vers la peau exposée de Brody, juste entre la couture de son t-shirt et la ceinture de son jean. Brody sentit son ventre vibrer sous son toucher.
-Tu as bien dormis ?
Tobias hocha la tête.
-Oui.
-Tu devrais prendre une douche, lui dit Brody en passant une main sur son dos brûlant.
-Tu es entrain de dire que je pue ? Répondit Tobias mais Brody entendit le léger sourire dans sa voix.
-Non, je suis entrain de dire que ça te ferait du bien de prendre une douche. Ou un bain, si tu préfères.
-Je suis bien là.
-Tu te sentiras mieux après, je te promets.
Tobias soupira et son doigt passa sur le nombril de Brody. Celui-ci était tiraillé entre l'envie de rester près de Tobias et ses caresses et celle qu'il aille mieux.
La santé de Tobias l'emporta.
-Allez, bébé, je te le prépare si tu veux.
-Ok. Mais un bain alors.
Brody sourit et embrassa le haut du crâne de Tobias avant de s'extirper des couvertures. Il entra dans la grande salle de bain et prépara un bain bien chaud avec un tas de mousses, remplissant la pièce de vapeur blanche. Mais il arriva quand même à distinguer Tobias entrant dans la salle d'eau.
Quand il réalisa que le châtain se tenait tout nu au centre de la pièce, il détourna immédiatement le regard, les joues chaudes. Et il détestait ça. Il détestait l'idée que ce corps ne lui appartienne plus et qu'il n'ait plus le droit de le regarder sans se sentir rougir de gêne.
-Tu peux y aller, c'est prêt, il bafouilla.
Tobias enjamba le bord de la baignoire tandis que Brody essuyait ses mains humides dans la serviette-éponge en essayant de ne pas détourner le regard du lavabo.
-Tu vas partir ? Demanda doucement Tobias quand Brody commença à se retirer de la salle de bains.
La basané lui jeta un regard au-dessus de son épaule.
-Tu veux que je parte ?
-Non, tu peux rester ici avec moi ? Je ne veux pas être seul.
-Tu veux que je reste avec toi - dans la salle de bains ?
Tobias hocha la tête.
-Ça va, ce n'est pas comme si tu ne m'avais jamais vu nu.
Brody sourit nerveusement et détourna le regard. Il détestait être dans cette position de timidité.
-Non, mais-
-Assis-toi sur la cuvette et arrête de râler.
Le basané fit la moue et s'assit sur le dossier des toilettes.
-Je ne râle même pas, il marmonna.
Tobias sourit faiblement et se recroquevilla dans le bain, ramenant ses genoux contre son pectoral. Brody le regarda, attendri par l'innocence qui émanait de Tobias. Il avait l'air si juvénile et pur dans la mousse blanche, les joues rouges et les yeux brillants, et Brody n'avait jamais était aussi attaché à Tobias qu'à ce moment-là.
-Quand qu'est-ce que tes parents rentrent ?
Le châtain haussa une épaule en détournant le regard, posant son menton sur ses genoux.
-Je ne sais pas, il répondit vaguement. La semaine prochaine peut-être. Je ne sais vraiment pas.
Brody hocha lentement la tête et il sentit comme un changement d'atmosphère alors que le sujet des parents de Tobias était abordé. Il sentait que quelque chose clochait avec eux.
-Pourquoi ils sont partis ?
Tobias soupira lentement et Brody entendit le tremblement dans son souffle. Aussi, une perle brillante dévala la joue de Tobias et le basané hésita entre de l'eau du bain, de la transpiration et une larme, mais les battements de son coeur s'accélèrent tout de même.
-Pour voir s'ils peuvent sauver leur mariage, murmura Tobias. Ou peut-être pour le détruire.
C'était des larmes qui dévalaient les joues de Tobias. Bien-sûr que c'était des larmes.
-Ils vont divorcer ? Demanda Brody, à la fois curieux et inquiet.
-Je ne sais pas.
Le basané fronça les sourcils et inspira mais Tobias fut plus rapide.
-J'ai surpris ma mère entrain d'embrasser son assistant.
Cette fois-ci, le coeur de Brody s'immobilisa alors qu'il rencontra le regard brouillé de Tobias.
-Je ne crois pas que ce soit quelque chose de récent. Je crois même que mon père était au courant.
Les yeux du jeune châtain tombèrent de nouveau sur l'eau mousseuse. Brody demeura silencieux.
Il était un peu confus, un peu perturbé, et il ne savait réellement pas quoi dire. Ils avaient rarement parlé de leurs parents respectifs, tout ce qu'il savait était que les parents de Tobias étaient plus ou moins homophobes et qu'ils travaillaient dans un cabinet d'avocats. C'est pourquoi il ne savait pas quoi dire, parce que le sujet lui était inconnu.
-Tu sais, j'ai jamais vraiment aimé mes parents, chuchota Tobias. Ils ne s'intéressent qu'à ma future carrière. J'ai jamais vraiment eu une réelle relation fusionnelle avec eux, ils ne sont jamais venus à mes représentations en primaire. La seule fois où ils sont venus pour un truc à peu près important, c'était pour ma remise de diplôme au lycée, sinon, j'ai toujours été tout seul.
Tobias soupira et ses doigts remuèrent dans l'eau.
-Je sais qu'avec Alex c'est pire parce que genre mes parents la détestent vraiment et ne lui parlent même pas, mais je les hais quand même. Ils n'ont jamais été là. Ils détestent ma soeur parce qu'elle a toujours été très artistique. Elle aime la bonne musique, lire et peindre, ce qui est loin du métier d'avocat.
Le châtain tourna son regard humide vers Brody.
-Du coup, je leur ai caché que je voulais faire de la danse. Je ne voulais pas finir comme Alex parce qu'aujourd'hui, elle est vraiment seule. Je l'admire parce qu'au moins elle a de la force et du caractère. Moi, j'ai rien. Je suis rien. Je suis faible.
-Tu n'es pas faible, Toby, ne dis pas ça, intervint finalement le basané.
Tobias laissa un rire amer lui échapper.
-Bien-sûr que si, Brooklyn. Regarde, je suis incapable de prendre soin de moi-même et je suis affecté par le divorce de parents qui ne sont même pas réellement mes parents. Et tu sais pourquoi ? Parce que j'avais toujours eu l'espoir qu'un jour on serait une famille normale. C'est débile, hein ? Alex y a renoncé depuis longtemps mais moi j'ai toujours tout fait pour que ça marche. Et regarde où j'en suis...
Brody soupira doucement, à la fois triste et attendri par l'histoire de Tobias. Il l'avait en quelque sorte toujours su, il avait remarqué que le châtain n'avait jamais été réellement proche de ses parents, mais il n'avait jamais imaginé une histoire aussi compliquée derrière.
-Parfois, ma mère m'appelle mon sucre d'orge ou mon lapin, tu sais pourquoi ? Parce que quand j'avais sept ans, j'étais jaloux de mes amis avec leur mamans qui leur apportaient un goûter à l'école et qui leur faisaient des câlins quand ils gagnaient le prix du petit scientifique. Du coup, j'ai demandé à ma mère de le faire, je lui ai demandé de m'accompagner à mes sorties scolaires, de venir me chercher après l'école pour aller au parc et de me donner des surnoms mignons. Tu sais ce qu'elle a répondu ? Désolé, Tobias, j'ai trop de travail, mais je peux t'appeler mon coeur si tu veux. Si je veux. Si je veux. Comme si elle en avait rien à foutre. De moi, de tout. Elle n'avait même pas le courage de me dire clairement qu'elle en avait rien à foutre de moi et qu'elle s'intéressait juste à moi pour prospérer sa putain d'entreprise de merde.
Tobias grimaça et resserra son emprise autour de ses jambes.
-Tu sais, le boulot de parent c'est compliqué, Tobias. Y a des parents qui y arrivent très bien et d'autres qui s'égarent en cours de chemin. Tes parents n'ont juste pas eu la bonne technique et maintenant, ils sont complètement paumé, souffla Brody.
-Mais ils n'ont même pas essayer, Brody ! Ils ont même pas fait le putain d'effort de s'intéresser à moi. Genre à moi et pas à mes notes. Ils m'enfermaient dans ma chambre quand j'avais des notes en dessous de quinze sur vingt, Brody. Quinze, bordel ! Tu imagines ce que c'est comme pression sur les épaules d'un gosse de sept ans ?
Les yeux de Tobias débordaient de larmes et Brody sentait son coeur battre plus vite alors qu'il réalisait combien Tobias avait toujours était un peu cassé.
Le basané l'avait toujours admiré. Tobias souriait constamment, il était toujours poli et bien habillé et excellait dans toutes les matières, mais savoir que derrière ce masque se cachait toute cette horreur, que quand il rentrait, il était seul, Brody réalisa combien il était chanceux à côté.
-Pourquoi tu ne partirais pas ? Tu sais qu'il y a toujours de la place chez moi.
Tobias secoua la tête en fermant les yeux.
-Ils vont se battre pour me récupérer. Faut que je fasse beau sur leur CV.
-Casse-toi, Toby. T'as vingt-et-un ans, t'es grand, t'es intelligent, t'es mature, casse-toi d'ici bordel.
Le châtain demeura silencieux, ses yeux maintenant ancrés dans ceux de Brody. Il soupira un peu mais ne répondit pas. Le basané vint s'asseoir sur le tapis de bain, juste en face de Tobias.
-Tu n'es pas obligé de faire ce qu'ils veulent, Tobias. Fais ce que toi tu as envie de faire. Danse, si t'en as envie, fais ce que tu veux parce que c'est ta vie et tes choix et c'est loin d'être les leurs, ok ? Tu sais que je serais toujours derrière toi.
Des larmes silencieuses dévalèrent les joues de Tobias alors qu'un sourire triste fleurit sur ses lèvres.
-Tu crois en moi ? Il murmura.
-Bien-sûr que je crois en toi, répondit Brody sans hésiter. Je croirais toujours en toi, Toby.
Et de nouveau, Tobias eut l'air si jeune, si juvénile alors qu'il souriait un peu, la tête reposant sur ses genoux repliés. Il leva sa main humide et caressa doucement la joue de Brody.
-Merci.
Et Brody sentit son cœur déborder de quelque chose qu'il ne comprenait pas et c'était terrifiant, mais il s'en foutait pas mal parce que Tobias le regardait en souriant et c'était tout qui importait réellement.
🌈🌈🌈
heyyy!!
ce chapitre est genre l'un de mes préférés, je l'aime vraiment beaucoup, et j'espère aussi qu'il vous aura plu!
je voulais vous dire que nous entrons bientôt dans la troisième partie de l'histoire, le chapitre prochain marquera la fin de la deuxième partie, et j'ai hâte de vous faire découvrir une nouvelle facette de l'intrigue. un nouveau personnage va débarquer, il s'appelle Nicholas (allias Nick) Gumble et aura un rôle assez important le long du reste de l'histoire.
aussi, n'oubliez pas de voter et commenter! ça me fait toujours très plaisir et sachez que juste lire cette histoire compte beaucoup pour moi!
love & cuddles, N. 💕
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