Chapitre 39
« la partie triste est que
tu peux me traiter
comme tu veux
parce qu'à la fin
je serais toujours là
à t'attendre. »
TOBIAS.
AUJOURD'HUI, 5:57 PM
Brody : hey, j'ai acheté trop de chinois et j'ai fais le ménage chez moi, ça te dit de passer dans une demie heure??
Tobias regarda de nouveau le message avec un sourire.
Le fait que Brody prenne l'initiative de lui envoyer un message prouvait que leur relation avançait dans le bon sens et cela rendait Tobias heureux. Et puis, la perspective de passait la soirée aux côtés de Brody l'enchantait vraiment, il fallait juste qu'il trouve un moyen d'échapper à ses amis sans éveiller les soupçons.
-Je pense qu'il faudrait qu'on organise une soirée de Noël, annonça Arthur alors qu'il mordait dans sa pomme.
Tobias : je ne sais pas trop, tout dépend de si tu me laisses gagner à FIFA ou pas ;)
-Une soirée de Noël ? Ou est-ce que Noël est un prétexte pour organiser une soirée ? Répliqua Hercule.
Arthur leva les yeux au ciel en le poussant par l'épaule et Hercule gloussa.
La petite bande d'amis s'étaient retrouvés au Delaware and Raritan Canal State Park pour partager un moment ensemble en cette douce après-midi de novembre. La brise était absente et les nuages étaient assez dégagés pour laisser le soleil réchauffer la peau des étudiants, promeneurs et enfants qui passaient sur les sentiers en terre.
Loé avait trouvé une place près du canal alors les quatre amis s'étaient installés sur l'herbe. Arthur et Hercule flânaient, allongés sur le plaid, tandis que Loé et Tobias s'entraidaient sur leurs cours de droit. Enfin, Loé travaillait et Tobias était concentré sur son téléphone.
Brody : je te laisserais gagner à FIFA si tu me laisses le dernier nem :)
-C'est pas un prétexte pour organiser une soirée. Je veux vraiment faire une fête de Noël, genre où y aurait un dresscode : obligé de porter des pulls de Noël moches.
Hercule se tourna vers lui en rigolant.
-Sérieux, Art', qui voudrait venir à ce genre de soirée ?
-Moi, je viendrais, intervint Loé.
Tobias : je te laisse le dernier nem si tu as acheté de la limonade
-Mais c'est normal que tu viennes, t'habites avec lui, banane, répliqua Hercule en roulant des yeux.
-Je te signale que toi aussi, donc tu seras obligé d'y assister, sourit Arthur.
-T'as cru ! Je squatterais chez Toby, c'est mort.
-Dis qu'on est chiant aussi ! S'exclama Arthur. Et puis Toby viendra à notre soirée parce que lui c'est un bon ami, pas vrai Tobias ?
Brody : merde, j'ai oublié la limonade... tu imagines quand même que tu me fais sortir de mon canapé pour ça hein, tu es fier ? ;)
Tobias gloussa doucement.
-Hey, Toby ?
-Hein ? Il répondit nonchalamment, le regard toujours fixé sur son cellulaire.
-Tu viendrais à ma soirée de Noël ? Lui demanda Arthur. Il faut porter des pulls de Noël moches et je ferais du vin chaud et des petits bonhommes en pain d'épices.
Tobias fit mine de songer l'espace d'un instant.
-Hum... nan.
Hercule éclata de rire.
-Aha ! Tu vois que personne ne veut venir !
Arthur fit la moue et Tobias ria à cela.
-C'est juste parce qu'Art' est aussi dangereux que moi quand il s'agit de s'approcher du four et je n'aimerais pas mourir d'une intoxication alimentaire juste après Noël.
Même Loé se joignit aux rires, se moquant délibérément d'Arthur avec Hercule, tandis que Tobias estimait qu'il avait rempli son quota de discussion et pouvait maintenant retournait à sa conversation avec Brody.
Tobias : c'est toi qui l'a oublié, ce n'est pas ma faute!
-Et puis de toute façon, on est que début novembre, pourquoi tu penses déjà à organiser une fête maintenant ? Trancha Hercule.
-Parce qu'il faut du monde ! Si je préviens les gens trop tard, ils auront déjà des plans avec leurs familles et tout donc bon, répondit Arthur. En plus, y a l'anniv' du vieux Loé le vingt-sept décembre, on pourrait faire un truc tout en un.
-Hé ! Je suis pas vieux ! Riposta Loé.
Brody : c'est toi qui la réclame cette limonade! et je veux mon dernier nem!
-Tu fêtes tes vingt-cinq ans, Loé, assume que tu deviens vieux, se moqua Hercule. Ça va faire un quart de siècle que tu vis, t'imagines ?
-T'as vingt-deux ans je te rappelle, on a pas tant d'années d'écart que ça, se défendit Loé.
-Oh ! Il fait son caca de vieux !
-Je vois déjà les poils blancs sur son menton et les rides sur son front. Je pense qu'on devrait lui acheter des couches, mieux vaut prévenir que ramasser sa merde à la main quand il chiera par terre.
Hercule et Arthur rirent en choeurs et Loé fit la moue.
Tobias : ouais bah moi j'aimerais bien gagner à FIFA au moins une fois dans ma vie
-Défends-moi un peu, ils sont méchants avec moi !
Tobias sentit Loé lui agiter le bras et il sursauta un verrouillant son téléphone.
-Euh - ouais... quoi ?
Il n'avait pas suivit grand chose de la conversation et son coeur battait un peu trop vite dans sa poitrine. La peur que Loé ait vu qu'il parlait à Brody le rongeait, mais le grand brun ne sembla pas le remarquer.
-Hercule et Arthur disent que je suis vieux, tu trouves que je suis vieux ? Lui demanda Loé en faisant une moue adorable.
Tobias sourit quand Loé battit des cils et poussa sa lèvre inférieure en avant.
-Nan, il répondit.
Le grand brun se tourna vers le bouclé et le musclé.
-Aha ! Je ne suis pas vieux ! Il s'exclama.
-Quoique... c'est vrai que je vois un petit début de calvitie, sourit Tobias.
Loé lui jeta un regard meurtrier tandis que les deux autres garçons éclatèrent de rire derrière et tapèrent dans la main de Tobias. Ce dernier gloussa aussi avant de sentir son portable vibrer sur sa cuisse.
Brody : ça s'annonce compliqué... t'es tellement nul que ça va être une épreuve de faire genre je suis encore pire...
Tobias leva les yeux au ciel, laissant ses trois amis se chamailler à côté de lui tandis qu'il tapait une réponse.
Tobias : et tu penses vraiment que j'ai envie de partager le diner avec toi après ça ?
Brody : oh non ! c'était pour rire, c'était pour rire, ô super Ronaldo/Messi/Griezmann/tout ce que tu veux !
Le châtain se mordit la lèvre, sa poitrine se réchauffant à l'idée que Brody soit triste de ne pas manger avec lui.
Brody : je dirais plus de choses méchantes, promis. Tu viens toujours diner, hein hein hein???? :))
-Faudra prévenir Nick, voir s'il est d'accord, annonça finalement Arthur.
Nick était leur colocataire. Hercule, Loé et Arthur vivait avec lui depuis bientôt un mois et Tobias n'avait toujours pas eu l'occasion de le rencontrer. Il est vrai que Nick étudiait la médecine et que ses horaires étaient vraiment à chier, mais les amis de Tobias n'avaient que dit du bien de lui alors le châtain espérait vraiment le croiser un jour.
Mais pour le moment, il voulait juste taquiner Brody.
Tobias : mmmh, je ne sais, tu n'as pas été très gentil
-Nick sera totalement d'accord, il adore faire la fête, répondit Hercule.
-Ouais mais de base, c'est son appartement et déjà on fout le bordel h37 alors on pourrait juste faire l'effort de lui demander une fois dans notre vie.
Brody : tu es entrain de dire que je suis un vilain garçon?
Un sourire fleurit sur ses lèvres de Tobias.
Tobias : peut-être...
Brody : et est-ce que tu aimes les vilains garçons?
Le châtain se mordit la lèvre quand il réalisa la tournure que prenait la conversation. Il étouffa un gloussement et pianota sur son écran.
Tobias : seulement quand je peux les punir
Brody : alors je suis un très vilain garçon!
Il sentit l'intérieur de ses cuisses chauffé et ses joues devenir rouges.
Tobias : tu mérites une grosse punition
-Qui mérite une grosse punition ? L'interpella soudainement Loé.
Tobias verrouilla son téléphone à toute allure en sursautant avant de se tourner vers son ami, les joues cramoisies et le souffle court. Loé le regardait avec un sourire taquin.
-Euuuh... per - personne, bégaya Tobias, battant des paupières quand il réalisa qu'Hercule et Arthur étaient aussi de la discussion.
-Monsieur devient cachotier, sourit Loé.
Tobias ria nerveusement en secouant la tête, mais ses amis n'étaient visiblement pas prêts à lâcher l'affaire.
-C'est cochon tout ça quand même, annonça Arthur en bougeant ses sourcils avec malice.
-Une grosse punition, c'est ça ? Répéta Hercule avec un sourire.
L'étudiant en droit cacha son visage dans ses mains à l'insinuation que ses amis faisait.
Tobias avait toujours été très gêné quand il s'agissait de sexe et il pensait que Brody l'avait assez dévergondé pour être un minimum à l'aise avec le sujet maintenant, mais quand Arthur commença à développer l'idée de « grosse punition » en parlant de fessées et de saucisses alors qu'en même temps Hercule imitait des gémissements, il se sentit plus mal à l'aise que jamais.
-Stop, s'il vous plaît, il geignit et ses trois compères rirent en choeurs.
-Oooooh, on te taquine, rigole un peu, le secoua Loé. C'est vachement cool que tu aies trouvé quelqu'un !
Tobias secoua la tête, essayant vainement de lui faire comprendre qu'il ne voulait juste pas en parler.
Il avait penser de nombreuses fois à leur dire que son histoire avec Brody n'était pas définitivement pas finie et qu'en plus de ça, ils s'étaient revus plusieurs fois depuis leur « rupture », mais il ne savait pas comment Hercule, Arthur ou Loé allaient réagir. Surtout qu'ils ne cessaient de le critiquer et le rabaisser pour que Tobias se sente mieux mais cela avait l'effet inverse : il se sentait touché en plein coeur et énervé par leurs propos.
Les quatre garçons se levèrent quand il estimèrent que le ciel devenait trop noir et la brise trop fraiche pour rester plus longtemps. Tobias déclina l'offre de Loé de se faire déposer chez lui étant donné que sa direction était complètement opposée. Il essaya de ne pas éveiller les soupçons en prétextant devoir passer à l'épicerie.
-Bien-sûr, va rejoindre ton nouvel amoureux, traitre ! Avait répliqué Loé.
Tobias marchait maintenant le long du canal, son coeur battant un peu plus vite à chaque pas qui l'approchait de l'appartement de Brody. Il commença même presque à courir quand il aperçut le monument au mort dressé sur le rond point qui menait à son immeuble.
Quand il approcha la porte 237, son coeur battait la chamade et son sourire était éclatant.
-J'arrive ! S'exclama une voix à peine une seconde après que Tobias ait frappé.
Le châtain entendit des bruits de casseroles et des pas rapides dans l'appartement alors qu'il sautillait presque devant la porte, puis elle s'ouvrit finalement sur une chemise en flanelle rouge et des yeux dorés.
-Hey, souffla Brody, son sourire s'agrandissant encore plus.
-Hey, répondit Tobias, les joues rouges à cause de la gêne et son coeur battant presque hors de sa cage-thoracique.
Le basané l'invita à entrer et Tobias découvrit que l'appartement était en effet rangé - ou du moins plus que d'habitude. Une agréable odeur de lavande flottait dans l'air et un sac de nourritures chinoises à emporter reposait sur la table basse. Aussi, le sofa rouge resplendissait au centre de la pièce, les housses semblant avoir été nettoyées, ainsi que les étagères, qui avaient été vidées des objets encombrants qui précédemment moisissaient dessus, pour laisser apparaitre les nombreux ouvrages de sciences et des bibelots enfantins qui trainaient.
Tobias suivit Brody au salon et s'assit sur le canapé en regardant le basané s'échapper dans la cuisine.
-Ça change quand même, il annonça avec un sourire.
Il laissa ses affaires choir à côté du sofa et admira Brody, penché en avant pour attraper quelque chose dans le placard du bas. Parfois, il oubliait combien le basané pouvait être beau, combien les courbes parfaites de son corps étaient misent en valeurs par son skinny noir.
Du moins, ses fesses étaient vraiment belles.
-Ouais, je trouve aussi, mais c'est super bizarre, répondit Brody.
-Pourquoi ?
-Ça sent le propre.
Les deux garçons laissèrent un rire leur échapper puis Brody revint avec des couverts et une bouteille de limonade. Tobias sourit à l'intention et envoya un remerciement silencieux avec son regard. Brody sourit encore plus.
-Eh bien, mangeons ! Lança Brody.
Et c'était juste facile.
La dernière fois que Tobias avait vu Brody, il avait stressé pendant une éternité. Il avait eu peur que ce soit trop différent, trop gênant de se retrouver avec lui, mais aussi que ce soit trop tentant ou justement trop énervant de ne pas pouvoir agir autour de lui comment il avait eu l'habitude de le faire.
Tobias avait été certain qu'ils passeraient la soirée soit dans un silence de mort terriblement gênant, soit au lit à faire d'autres choses qu'arranger les choses entre eux et au contraire les empirer.
Mais depuis ce soir-là, les discussions étaient faciles et c'était comme s'ils se redécouvraient mutuellement. Leur habitude de s'envoyer des tas de SMS par jour était revenue et ils s'entendaient si bien que parfois Tobias oubliait qu'ils avaient eu un passé tumultueux ensemble. Justement, c'est comme si ce passé n'existait plus désormais.
Ils n'étaient pas gênés avec l'autre et riaient bien, s'échangeaient des anecdotes et des instants de leur journée. Tobias aimait ça, cette complicité et cette simplicité avec Brody.
Ce n'était pas seulement une question d'oubli de la douleur logée dans sa poitrine et l'idée qu'il ait été un vulgaire pari, mais l'oubli de tout. Tobias oubliait tout quand il était avec Brody et cette sensation, il ne l'avait pas ressenti depuis un moment.
Il avait passé ces deux derniers mois à repasser toute sa vie, en long, en large et en travers, et à s'apitoyer sur son sort de pauvre garçon au coeur brisé. Il avait passé les deux derniers mois enfermé dans sa chambre et ses pensées, à pleurer un garçon qui aujourd'hui le faisait sourire.
Et c'est ça qui était si bien avec Brody, c'est qu'il était le virus et l'antidote de sa douleur. Tobias le détestait et l'aimait en même temps et tout ce mélange explosif créait leur relation actuelle : une amitié ambiguë, un peu trop fusionnelle et personnelle pour être innocente, mais encore trop nouvelle et trop timide pour oser parler de plus.
Aujourd'hui, Tobias parlait et riait et il n'avait pas passé un aussi bon moment depuis longtemps. Il mangeait des nouilles, racontait des blagues et buvait de la limonade sans même réfléchir à tout le reste. C'était juste Brody et lui et c'était suffisant.
-Bon, allez, à toi ! S'exclama Brody.
Il essuya ses mains grasses à cause des rouleaux de printemps et Tobias fit la moue.
-Oh non...
Brody le regarda avec un sourire malicieux. Tobias avala sa bouchée en regardant le plafond.
-Bon, eh bien, quand j'avais dans les alentours de sept ans, on travaillait sur le système solaire à l'école. La prof nous avait parlé des années bissextiles, mais je n'avais pas du tout compris ce que c'était ! Du coup, quand, en contrôle, elle nous a demandé d'expliquer ce que c'était, j'ai dis que la Terre aimait le soleil et la lune et que c'est pour ça qu'on parlait d'année bissextile, genre la Terre est bissexuelle.
Le basané se mit déjà à rire doucement, Tobias posa son regard sur lui avec un sourire.
-Mais vu que le soleil, c'est mieux, eh bien la Terre faisait l'amour avec elle pendant trois ans et pendant un an, elle le faisait avec la lune.
Brody dû cacher sa bouche avec le revers de sa main pour ne pas tout cracher sur Tobias. Celui-ci gloussait aussi, les yeux brillants de voir Brody d'aussi bonne humeur.
-Voilà, maintenant tu sais tout sur moi et mon amour pour l'astronomie.
-Elle était pas mal celle-là, ria Brody.
Tobias prit une bouchée de nouilles en hochant la tête.
-Je sais, ma prof a fait lire mon devoir à tous les profs parce qu'elle trouvait ça génial.
-Ah ouais, quand même, sourit Brody.
Le châtain haussa les épaules avec un sourire et fit un geste du menton vers Brody.
-À toi.
-Mmmmmh, fredonna Brody. Je n'ai plus vraiment d'histoires terriblement gênantes.
-Je suis sûr que si, répliqua Tobias avec les sourcils haussés.
Brody le défia du regard.
-Qu'est-ce que tu insinues ?
-Que tu es une personne tellement à l'aise et sans gêne tout le temps qu'il y a bien quelque chose qui a dû se passer.
Le basané fit mine d'être outré et Tobias lui envoya un clin d'oeil.
-Allez, balance les saletés !
Brody soupira, un fin sourire sur les lèvres, en levant les yeux au ciel.
-Ouais, ok, j'ai encore une bonne histoire.
Tobias tapa dans ses mains puis pressa son menton dans sa paume, attentif à chaque parole.
-J'avais un voyage scolaire quand j'avais genre quatorze ou quinze ans, on partait pour une semaine à Washington et j'étais super excité parce que la classe au-dessus nous accompagnait. Y avait un mec qui s'appelait Russ dans cette classe et j'avais en quelque sorte un crush sur lui. Du coup, quand la prof a dispatché les élèves dans les chambres, je l'ai supplié de me mettre avec Russ. Elle a dit oui et je peux même pas te dire à quel point j'étais heureux à cette époque.
Le châtain buvait ses paroles avec plaisir, loin de toute jalousie parce qu'il appréciait tant quand Brody s'ouvrait à lui et paraissait si détendu.
-J'ai appris à le connaitre mieux encore pendant les quatre premiers jours, on est devenu inséparables. La cinquième nuit, on était assis sur mon lit et on jouait à action ou vérité. Je lui ai demandé s'il était amoureux de quelqu'un et là, y a eut un gros silence. Puis il m'a dit que oui et que c'est un beau garçon dans la classe en-dessous. Logiquement, je me suis dis qu'il parlait de moi parce que l'atmosphère, elle était complètement différente. Russ a commencé à dire combien il était drôle et intéressant et beau et qu'il aimerait tellement que les gens l'acceptent et qu'il puisse sortir ouvertement avec lui.
Tobias souriait déjà, imaginant un jeune Brody avec des coeurs dans les yeux, attendant son premier baiser.
-J'était certain qu'il parlait de moi, tu vois ? Puis là, il m'a dit « du coup, il est célibataire Paul ? » et quand je te dis que j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux, je ne blague même pas.
Et c'était si innocent, si mignon et si maladroit que Tobias ne put qu'être à la fois touché et amusé. Il avait toujours connu le Brody sûr de lui, qui pouvait avoir tout ce qu'il voulait d'un battement cils, mais le jeune Brody, innocent et inexpérimenté, était si adorable.
-Oh, pauvre toi, il sourit.
Brody ria doucement en haussant les épaules.
-On peut pas tout avoir dans la vie tu sais, il répondit avant d'enfourner le dernier nem dans sa bouche.
Tobias hocha la tête.
Ils finirent leur repas en parlant des fêtes de fin d'année qui approchaient à grand pas. Tobias apprit que Brody avait pour projet de les passer à Reynoldsburg, sa ville natale dans l'Ohio, avec sa famille, mais qu'il reviendrait pour le nouvel an. Cela enchanta Tobias parce qu'il serait vraiment content si Brody venait à la fête d'Arthur, bien qu'il ait encore à avouer à ses amis qu'il avait recommencé à fréquenter Brody.
Finalement, Tobias et Brody se levèrent pour faire la vaisselle. Le châtain était entrain de jeter les cartons dans la poubelle tandis que Brody s'activait derrière l'évier. Tobias s'appuya contre le plan de travail lorsqu'il eu finit et regarda le basané laver les couverts, se mordillant la lèvre.
-Dis, Brody, tu as reparlé aux autres depuis - 'fin, depuis - tu sais ? Demanda innocemment Tobias.
Brody s'immobilisa un instant, puis jeta un regard au-dessus de son épaule. Tobias ne dit rien de plus.
-Euh, non, pas vraiment, il répondit vaguement.
-Même pas à Paul ?
Tobias voulait savoir. Bien que Brody soit la cause de cette situation délicate, Tobias ne souhaitait pas être la raison pour laquelle il ne parlait plus à ses meilleurs amis.
Brody secoua la tête en attrapant un torchon pour essuyer la vaisselle.
-Pourquoi ? Demanda alors Tobias, penchant un peu la tête.
-J'avais besoin d'espace, je suppose.
Il haussa les épaules, mais le châtain n'était pas convaincu.
-D'espace ? Pendant deux mois ?
-Je sais pas, Toby ! J'avais juste besoin d'être seul, ok ? S'énerva un peu Brody.
Tobias ne voulait pas lâcher l'affaire.
D'après les propos d'Hercule, Brody manquait aux autres, à la villa. Le châtain aimait passer du temps avec Brody, vraiment beaucoup, mais il voulait que le basané soit là pour ses autres amis aussi. Il les connaissait depuis longtemps et Brody méritait de s'amuser. Rester enfermé dans cette solitude et cet appartement était loin d'être sain.
-Tu sais, ils te manquent, je suis sûr qu'ils seraient vraiment heureux de te revoir.
Le châtain sut qu'il commençait à dépasser les bornes quand Brody soupira en passant ses mains sur son visage, faisant claquer violemment le verre, qu'il était précédemment entrain d'essuyer, sur le comptoir.
-J'ai pas envie de retourner là-bas, merde ! Tu comprends ça ou pas ? N'essayes pas de me forcer ou de me persuader d'y aller parce que je ne veux pas, c'est tout, ok ? S'écria Brody, se tournant vers Tobias avec les yeux voilés par la colère et la mâchoire contractée.
Tobias eu un mouvement de recul, buttant contre le comptoir derrière lui. Il n'avait pas peur de Brody, il n'aurait jamais peur de lui, mais le choc de le voir aussi énervé pour si peu le surpris un peu.
-Pa - pardon. Je voulais juste - ouais, je sais pas, je veux pas que tu - que tu passes tout ton temps avec moi parce que - je sais pas, je veux juste que tu - laisse tomber...
Le châtain était un peu confus et il sentait ses yeux d'humidifier mais il ne savait même pas pourquoi. La cuisine fut silencieuse pendant de longues secondes et Tobias fixait le sol parce qu'il ne voulait pas voir Brody. Il n'entendait que sa faible respiration.
Éventuellement, Brody soupira et Tobias l'entendit faire un pas vers lui. Il releva alors son regard vers le sien et il rencontra ses yeux dorés, un peu timides, un peu brillants.
-Ça me rappelait trop de choses, il chuchota doucement, comme si c'était un secret.
Brody se tenait maintenant proche de Tobias, un pas et le châtain était dans ses bras. Tobias sentait l'air lourd auteur d'eux se dissiper pour laisser place à quelques choses de plus intense mais de plus calme.
-Comment ça ? Demanda Tobias, ses yeux ouverts largement avec l'appréhension.
Le basané soupira.
-Toi. Être là-bas, c'était comme un constant rappel de ce que je t'avais fais et de toi. Tu me manquais, Tobias. Je regardais ma chambre et je te voyais rire sur mon lit. Je regardais la cuisine et je te revoyais sur l'îlot central entrain de manger des raisins. Je regardais le canapé et je te voyais jouer à FIFA. Tu comprends ? J'avais encore trop mal pour que je puisse être là-bas sans souffrir de ton absence.
Maintenant, l'humidité dans les yeux de Tobias dévalait ses joues en des larmes silencieuses. Le châtain sentait une douleur dans sa poitrine. Il avait ressenti la même chose pendant ces deux mois. Partout où il allait, il revoyait Brody, mais savoir que cela avait été si dur pour Brody qu'il avait dû partir et se muter dans un silence brisa quelque chose en Tobias. Il détestait l'idée de savoir Brody souffrant à cause de lui.
Tobias savait que c'était Brody qui l'avait quitté, que c'était lui et son stupide pari qui avaient fait d'eux des âmes vagabondes, mais Tobias était trop faible pour lui et dans ce cas là, il se sentait coupable.
-Oui, mais maintenant je suis là, Brooklyn, et je ne partirais pas, il murmura, ses lèvres tremblants légèrement avec les larmes.
Un sourire triste se dessina sur le visage de Brody et Tobias l'interpréta comme un sourire oui-tu-es-là-mais-pas-comme-avant. Leurs yeux se rencontrèrent et la main du basané se leva presque instantanément pour essuyer la joue de Tobias.
Et c'est là. C'est là que l'atmosphère changea complètement.
Tout devint soudainement plus chaud autour du châtain. Tout devint plus électrique et plus sensuel alors que son regard tomba sur les lèvres charnues de Brody. Celui-ci s'approcha, peut-être sans s'en rendre compte, peut-être dans le même état de désir que Tobias.
L'étudiant en droit sentit le pouce de Brody descendre vers ses lèvres et il y déposa une douce caresse. Le basané fixait d'ailleurs sa bouche et ses gestes étaient doux et délicats.
Puis, leur regards se connectèrent de nouveau et Tobias sentit une montée de désir dans ses veines. Les yeux dorés de Brody le fixaient, des flammes dansant dans ses prunelles noires, et Tobias sentit ses genoux trembler dans l'appréhension.
Il voulait sentir les lèvres de Brody contre les siennes de nouveau, il voulait une nuée de papillons dans son ventre et sentir son coeur battre la chamade dans sa poitrine.
Son coeur battait déjà très fort, il l'entendait contre ses tempes, mais pas assez pour qu'il explose d'amour. Tobias voulait que Brody soit plus proche.
Avec cette pensée, presque machinalement, sa main vint s'accrocher à l'étoffe douce de la chemise en flanelle de Brody et il le tira un peu vers lui, ses doigts complètement emmêlés dans le tissu. Leur bassins se rencontrèrent et Brody se mordit la lèvre. Tobias dû étouffer un gémissement parce que Dieu, sentir le corps du basané contre le sien de nouveau lui retournait complètement le cerveau.
La seconde suivante, les mains du basané attrapaient l'arrière de ses cuisses et Tobias se retrouva assis sur le plan de travail, les cuisses écartées pour que Brody puisse se presser contre lui.
Le regard de Brody remonta doucement, fixant d'abord ses hanches où ses doigts étaient enfoncés, puis le cou de Tobias, ses lèvres et enfin ses yeux. Leur regards se connectèrent de nouveau et Tobias pouvait sentir chaque respiration de Brody contre son visage. Elles étaient aussi lourdes que les siennes, rapides et chaudes, l'appréhension parcourant leurs veines à toute vitesse.
Tobias ouvrit un peu la bouche quand la main de Brody tomba sur sa cuisse, leurs yeux toujours ancrés l'un dans l'autre. Il sentit les doigts du basané s'enfoncer un peu dans sa chaire mais tout était si sensuelle, si agréable et terriblement excitant. C'était calme, mais le brasier dans le bas-ventre de Tobias ne cessait de croître.
Les deux garçons ne s'étaient pas embrassés depuis la dernière fois qu'ils avaient couchés ensemble et Tobias pouvait sentir l'importance du moment, comme si tout se renouvelait, comme si tout devenait réel de nouveau. Le châtain mourrait d'envie de l'embrasser, le toucher, se perdre dans ses bras et oublier le passé.
Et il y cru.
Il pensa réellement que c'était le moment qu'il attendait depuis une éternité quand il vit Brody se pencher lentement vers lui, sa bouche juste assez entrouverte pour que Tobias puisse voir à quel point ses lèvres étaient molles, humides et envieuses. Tobias se pencha peut-être en avant aussi, ses doigts toujours perdus dans l'étoffe douce de la chemise de Brody.
Tobias y cru si fort que, quand une sonnerie retentit à travers l'appartement, il sursauta. Il avait tellement était plongé dans les sensations, les souvenirs et les émotions qu'il en avait oublié le monde réel.
La sonnerie venait de son téléphone, logé dans sa poche. Brody et lui s'éloignèrent presque instinctivement l'un de l'autre.
-Euh - ouais - ouais, je vais - je vais répondre, bafouilla Tobias quand il lu le prénom de Loé sur l'écran.
Il sauta du plan de travail, bousculant Brody sans le regarder, et s'échappa dans le couloir de l'immeuble pour répondre.
Son coeur battait la chamade alors qu'il réalisa à quel point ce qu'il avait été sur le point de faire était stupide. Ils n'avaient pas encore parlé, ou du moins pas assez pour que tout soit dans l'ordre. Tobias avait besoin d'être sûr et d'avoir assez confiance en Brody pour reprendre quelque chose.
La nuit après le Gala avait été une erreur, il était bourré et confus et Tobias savait que c'était sa faute, mais Brody avait besoin de comprendre que les plaies étaient encore trop fraiches pour qu'il puisse espérer quelque chose de plus.
Tobias passa une main sur son visage en soupirant puis finit par répondre.
-Hey, Loé, quoi de neuf ? Il s'exclama, un sourire forcé se dessinant sur son visage.
-Euh, bah, rien depuis cette après-midi. Je me demandais juste si...
Et Loé partit dans une longue discussion sur ses difficultés en Histoire du Droit. Il n'avait pas compris le dernier cours et Tobias se retrouva dans le couloir silencieux, la tête bourrée d'informations et de souvenirs, à expliquer à Loé les bases.
Il resta une demie heure au téléphone puis trouva une excuse bidon pour raccrocher.
Tobias se sentait mal. Son estomac était noué et des tas d'idées se précipitaient dans son esprit déjà trop encombré. Il n'arrivait juste pas à savoir si reprendre les choses avec Brody était une bonne idée.
Il avait toujours cette peur logée dans son ventre que Brody soit encore entrain de se foutre de sa gueule, mais de l'autre côté, cette possibilité semblait si irréelle. Ou alors Brody était vraiment bon acteur.
Tobias était confus et perdu et tout ce dont il était certain, c'est qu'il était terriblement amoureux de Brooklyn.
Leur relation était si compliquée et si catastrophique qu'un peu de calme ne leur ferait pas de mal. Tobias savait qu'il fallait qu'ils prennent leur temps, qu'ils apprennent à se redécouvrir et à se faire confiance à nouveau. C'était un travail long et dur, bourré de tentations et d'obstacles, mais Tobias voulait qu'ils reprennent leur relation dans les meilleures conditions.
Il savait qu'ils ne seraient jamais amis, il savait qu'un jour ou l'autre ils finiraient par se retrouver, Tobias ne savait juste pas quand ni comment.
Finalement, l'étudiant en droit rentra dans l'appartement de nouveau. Toutes les lumières étaient éteintes et les stores fermés alors Tobias supposa que Brody était parti se coucher. Il le retrouva étendu dans ses draps, allongé sur son flanc, et il paraissait juste si jeune et si détendu, ses cils projetant des ombrent sur ses pommettes tranchantes.
Tobias se coucha près de lui, pressant son torse contre son dos et passant un bras autour de la taille de Brody.
Il déposa aussi un baiser entre les omoplates du basané, écoutant le doux soupir de Brody. Tobias savait qu'il ne dormait pas.
-Laisse-moi du temps, ok ? Il murmura, regardant l'arrière de la tête de Brody avec attention.
Celui-ci resta silencieux pendant quelques secondes, puis ses doigts vinrent s'infiltrer entre ceux de Tobias.
-Ok, il répondit doucement.
Et les deux garçons s'endormirent, l'un contre l'autre, sans se soucier de tout ce qui allait les attendre parce qu'ils étaient ensemble.
Et rien ne comptait plus que cela.
🌈🌈🌈
HIII!!!
j'espère que vous allez bien!
j'espère aussi que ce chapitre vous a plu :)) n'hésitez à voter et commenter, ça me ferait hyper plaisir!
je tiens à préciser que les deux histoires (celle sur les années bissextiles et celle sur Brody qui croyait que Russ était amoureux de lui) sont vraies, elles me sont vraiment arrivées et je trouvais ça assez drôle mais c'est peut-être juste moi haha :)
je voulais aussi vous dire que cette fiction comportera entre 73 et 76 chapitres, un épilogue et un bonus. j'en suis au chapitre 64 donc je pense que j'aurais bouclé Golden Boy avant la fin du mois :))
bref, des bisous & des chatouilles, N. 💕
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