Chapitre 38
« j'espère que tu trouveras un moyen d'être toi-même un jour. »
BRODY.
-Donc, expliquez-moi - pourquoi êtes-vous ici ?
Le docteur Strodd le regarda par-dessus ses lunettes, un sourire amical courbant le coin de ses lèvres et son stylo rebondissant contre son cahier de notes sur ses genoux.
Brody l'observa un instant avant de soupirer, son regard se posant sur la moquette sous ses pieds.
-Je fais des crises.
La thérapeute étrécit ses yeux en hochant la tête.
-Quels types de crises ?
De nouveau, Brody soupira et haussa les épaules.
-Des crises respiratoires principalement, mais ça c'est lié à - bon, Samuel à dû vous le dire. Mais il pense aussi que je fais des crises de panique.
Le bon docteur nota quelque chose sur son carnet et Brody ne se sentait pas à l'aise ici. Tout était blanc et immaculé et c'était si impersonnel que la salle était presque étouffante, trop froide.
Il voulait partir d'ici.
-Quelles sont les différences entre vos crises respiratoires et vos crises de panique ?
-Mes crises respiratoires arrivent quand je fais trop de sport ou quand je fais des mouvements brusques. Ça m'arrive la nuit parfois aussi. Généralement, j'ai juste l'impression de ne plus pouvoir respirer du tout, je crache du sang et ma gorge me brûle.
Le docteur Strodd hocha la tête, son menton appuyé contre ses doigts repliés. Brody déglutit et baissa le regard vers ses doigts.
-Mes crises de panique sont moins régulières, mais elles sont pires. Je pense que c'est parce que je n'y suis pas habitué.
-Décrivez-moi les symptômes de ces crises.
-J'ai la tête qui tourne, je n'arrive presque plus à respirer et j'ai une horrible douleur dans la poitrine. C'est comme si tout autour de moi s'écroulait. Ce n'est pas franchement la douleur le pire, c'est le sentiment que je ne m'en sortirais jamais. C'est plus une douleur mentale qu'une douleur physique.
La thérapeute notait des choses dans son carnet de notes et Brody sentait ses mains trembler contre l'étoffe rugueuse de son pantalon.
-Quand qu'est-ce qu'elles se déclenchent en général ? Demanda le bon docteur.
Brody battit des paupières et détourna le regard.
-Quand les gens parlent de Tobias ou quand je pense à lui, il murmura, la voix un peu tremblante, empreinte d'émotions.
-Et qui est ce Tobias ?
Le basané ancra son regard dans celui du bon docteur.
-Honnêtement ?
Elle sourit.
-Nous sommes ici pour ça, Brooklyn.
-C'est la personne à qui je tiens le plus sur cette Terre.
-Pour quelles raisons déclenche-t-il ces crises alors ?
-Parce que je lui ai fais du mal. Beaucoup de mal. Et que je suis incapable de l'aimer comme il le faudrait.
De nouveau, la thérapeute griffonna des informations sur son carnet en hochant de temps à autre la tête et Brody commençait à comprendre pourquoi il était ici.
-Êtes-vous en couple avec ce Tobias ?
Brody secoua la tête tristement.
-Non. Nous l'avons plus ou moins été auparavant.
-Pourquoi vous êtes vous séparez ? Lui avez-vous fait du mal ?
Les questions de la thérapeute étaient innocentes et Brody savait qu'elle ne porterait aucun jugement. C'est pourquoi il soupira discrètement en regardant ses doigts.
-Il était un pari. Mes amis m'avaient défié de lui prendre sa virginité et de le faire tomber amoureux de moi en échange d'une somme d'argent. J'ai accepté.
Le docteur Strodd hocha la tête en pinçant ses lèvres.
-D'après ce que vous me décrivez, Tobias n'était pas censé devenir plus qu'une aventure. Qu'est-ce qui a changé depuis pour qu'aujourd'hui vous soyez dépendant de lui ?
Dépendant.
Brody n'avait pas mentionné ce sentiment mais le docteur l'avait compris. Elle mettait exactement le doigt sur le problème.
Brody était dépendant de Tobias.
-Eh bien - j'ai appris à le connaitre. Tobias est une personne réellement extraordinaire. Pas longtemps après qu'on ait commencé à se fréquenter, j'ai compris que je ne voulais pas juste qu'il soit un pari, je voulais qu'il soit quelque chose de plus, qu'il soit présent dans ma vie quotidienne et pour toujours.
-Qu'est-ce qui vous a empêché de le laisser entrer dans votre vie de cette manière ?
Brody déglutit et il sentit ses yeux s'humidifier avec toutes les émotions qui se bousculaient dans sa tête et son corps.
-Disons que je l'ai laissé entrer dans ma vie. Je l'ai dans la peau. Mais il n'a pas pu y rester, d'abord à cause du pari et après à cause de - Michael.
-Michael ? Elle s'intéressa.
-Mon pire cauchemar.
-Avez-vous un lien de parenté avec lui ?
Le basané secoua lentement la tête.
-Il est mon ex petit copain.
-Je suppose qu'il vous a fait du mal, n'est-ce pas ?
Brody ancra son regard dans celui de la thérapeute, puis soupira, et quelques minutes plus tard, le bon docteur connaissait l'histoire de Brody et Michael de A à Z.
Le basané sentit comme une vague de soulagement l'envahir. Il n'avait jamais parlé de Michael à quelqu'un d'autre que Tobias et Paul, mais en parler à quelqu'un de professionnel, quelqu'un d'extérieur et d'objectif le soulageait parce que ouais, il pouvait le faire.
-Michael a provoqué une sorte de traumatisme en vous. Vous pensez être incapable d'aimer Tobias correctement à cause de lui, c'est ça ?
Le basané haussa les épaules.
-Il m'a laissé des séquelles invisibles, c'est vrai. Parfois, j'ai l'impression de lui ressembler, c'est pour ça que j'ai peur. Je ne veux pas devenir Michael.
Le docteur Strodd offrit un sourire compatissant à Brody.
-Mais vous n'êtes pas Michael. Ce traumatisme vous a laissé des traces, mais cela ne veut pas dire que vous êtes ce qu'il a été et ce qu'il est encore.
-Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? J'ai traité Tobias comme - de la même façon dont Michael m'a traité.
-Bien-sûr que non. Vous ne l'avez pas violé, vous ne l'avez pas battu, vous ne l'avez pas rabaissé ou heurté physiquement.
Brody la regarda, sceptique, et elle soupira doucement.
-Prenez l'exemple de la première fois de Tobias. De ce que vous m'avez raconté, vous avez été doux et bon pour lui. Michael n'a jamais été comme ça dans les dernières périodes de votre relation. Vous comprenez ?
-Pour être honnête, non. Qu'est-ce qui explique que j'ai quand même été un connard avec Tobias et toutes les autres personnes que j'ai pu fréquenter avant ?
-Ce n'est pas quelque à quoi je peux répondre, Brooklyn. Je pense que vos problèmes de santé et votre passé avec Michael jouent une part dans cette histoire, mais je ne vous connais pas encore assez pour donner raison à vos actes. En revanche, du peu que je sais à votre propos, je peux affirme que Tobias explique beaucoup de vos comportements contradictoires. Il vous a changé.
Et ça avait l'air si réel et si juste, mais Brody ne pouvait pas le croire. Il était toujours le même connard.
-J'ai mal agis avec lui.
-Parce que vous avez peur de ce que vous éprouvez pour lui, Brooklyn.
Brody retint son souffle devant l'évidence même que le bon docteur lui offrait.
-Vous avez traité Tobias d'une toute autre façon que les personnes que vous avez eu l'occasion de fréquenter auparavant. Vous avez eu la volonté d'être son petit-copain et d'en faire un membre de votre vie. Mais vous restez sur vos gardes. Je ne pense pas que vous avez peur d'être Michael, je pense que vous avez peur de replonger dans cette relation malsaine que vous partagiez avec lui. Vous avez peur de vous attacher parce que vous ne voulez pas qu'on vous abandonne de nouveau.
De nouveau, Brody battit des paupières, le joues baignant de larmes et la bouche entrouverte parce que wow, c'était exactement ça.
Le docteur Strodd lui sourit.
-Restez coincé dans les démons de votre passé ne vous aidera jamais à avancer dans votre vie, Brooklyn. Tobias n'est pas Michael, et vous ne l'êtes pas non plus. Je comprends que vous soyez traumatisé, mais il faut vous relever. Il faut vous battre contre ces démons et pour Tobias. Michael est un monstre du passé qui arrêtera de vous hanter quand vous aurez réussi à sortir la tête de l'eau.
La thérapeute se pencha au-dessus de la table et pressa sa main sur celle de Brody affectueusement.
-Vous êtes capable d'aimer, Brooklyn. Vous êtes humain et vous le pouvez. Moi, je crois en vous.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top