Chapitre 34


« il y a une différence entre laisser partir et prétendre que tu as oublié. »

TOBIAS.

Tobias fut réveillé par de douces caresses contre son dos et des lèvres contre son épaule. Elles étaient immobiles, mais pressées contre sa peau. Il sentait un index tracer des formes incohérentes contre ses omoplates, sa colonne vertébrale et la chute de ses reins, alors qu'il demeurait allongé sur le ventre.

C'était agréable, mais ce qui l'était moins, c'était l'horrible douleur qui persécutait son crâne.

Il fronça les sourcils et gémit de mécontentement, puis bougea sur le matelas de façon à trouver une position plus confortable.

Un corps chaud était pressé contre son flanc et des cheveux chatouillait son bras, mais il préférait ne pas y penser. Il préférait penser que Brody dormait encore.

Tobias se souvenait de tout ce qu'il s'était passé hier et il cru presque à un miracle avec tout l'alcool qu'il avait ingurgité. Mais il se souvenait de tout et il n'arrivait pas à savoir s'il devait en être ravis ou non.

Il se souvenait de Michael et de ses grandes mains, il se souvenait d'un coup de poing et d'un taxi, il se souvenait de cotons et de désinfectant, il se souvenait de mots doux et de Brody.

Il se souvenait de Brody.

Le châtain était conscient qu'il était allongé dans son lit, dans son appartement, et qu'il avait couché avec lui la veille.

C'est pourquoi il ne savait pas s'il voulait se souvenir de la nuit dernière, parce que maintenant, il n'avait aucune excuse pour s'énerver contre Brody ou pour partir en furie en prétendant que c'était une erreur et qu'il était bourré et que ça ne comptait pas.

Tobias ne pouvait juste pas faire ça parce que tout était clair dans son esprit et qu'il pouvait agir comme un adulte responsable et faire face à Brody. Le problème était que Tobias n'avait pas vraiment envie de se comporter comme tel.

Il savait que c'était la meilleure solution, mais il avait une migraine vraiment douloureuse et des cuisses endolories.

Pour le moment, il se contenta d'apprécier les doigts de Brody contre sa peau en silence, prétendant dormir et oubliant que le garçon contre lui était l'objet de la douleur dans sa poitrine.

Tobias ne savait pas s'il devait regretter la nuit dernière ou non. Malgré que les souvenirs soient clairs et frais dans son esprit, Tobias n'était pas apte à penser correctement sans ressentir une horrible douleur au niveau de ses tempes.

Brody se pressa un peu plus contre lui et emmêla leurs jambes. Tobias se laissa faire, trop faible et trop fatigué pour lutter.

De toute façon, il voulait être près de Brody. Il pouvait se battre autant qu'il le voulait contre lui-même, il savait qu'il était toujours désespérément amoureux de Brody, aussi malsain et auto-destructeur que ce soit.

Tobias soupira d'aise quand les doigts de Brody reprirent leurs douces caresses sur son dos. Ils allaient de ses épaules à la limite de ses fesses et c'était si agréable, si apaisant et délicat contre sa peau meurtrie et ses muscles douloureux.

-Ce n'était pas rien ce qu'il s'est passé hier, pas vrai ?

La voix de Brody vibrait contre sa peau. Elle était rauque et douce à la fois, empreinte d'une sorte d'inquiétude mêlée à de l'espoir.

Tobias ferma les yeux plus fort et soupira une nouvelle fois.

Il était vraiment content que son visage soit tourné vers le mur et non vers Brody, sinon il aurait surement comprit qu'il était réveillé. Parce que, pour le moment, sa seule option pour éviter une discussion avec Brody était de prétendre être endormi.

-Je sais que tu ne dors pas, Toby, murmura le basané.

De nouveau, Tobias soupira. Bien sûr que Brody avait compris qu'il ne dormait pas.

Ce n'était pas que Tobias ne voulait pas lui parler, il avait même un tas de choses à lui dire. Il était urgent qu'ils parlent, de tout ce qu'il s'était passé entre eux et surtout de la veille, mais avoir une discussion avec Brody rimait avec dispute et des portes qui claquent.

Tobias savait, il en était même certain, que s'ils parlaient, ils allaient s'engueuler, dire des choses qu'ils ne pensaient pas et se retrouver tous les deux avec des coeurs brisés.

Tobias voulait repousser ce dialogue au maximum. Pour le moment, il voulait juste dormir avec Brody et ne pensait à rien d'autre qu'à la façon dont leur corps se moulaient si parfaitement bien l'un contre l'autre.

-Toby, insista Brody. Dis-moi que ce n'était pas rien ce qu'il s'est passé hier.

Le châtain souffla dans le coussin puis papillonna des paupières. Il eu un temps d'adaptation à la lumière avant de pouvoir voir nettement le mur en face de lui et la porte qui menait à la salle de bains.

Puis il tourna son visage dans le coussin.

Brody était contre lui, semblant si petit et si doux caché derrière son épaule. Sa main reposait sur son dos et il le regardait avec ses grands yeux pleins d'espoir.

Tobias le trouva immédiatement beau, peut-être plus que toutes les fois précédentes, parce que Brody avait juste l'air si pur comme ça, nu dans ses draps blancs et nu émotionnellement.

Le châtain réprima un profond sentiment d'amour à son égard parce qu'il n'avait juste pas le droit d'être amoureux de lui.

Tobias approcha tout de même sa main du visage de Brody. Il la reposa contre sa joue, commençant à lentement caresser sa pommette avant de retracer ses lèvres avec son pouce.

Brody resta silencieux et le fixa simplement, semblant attendre quelque chose de Tobias. Quelque chose qu'il était dans l'incapacité de lui offrir.

-Ça ne représentait pas rien, chuchota Tobias.

Brody laissa un soupir lui échapper et Tobias ancra son regard dans le sien, son pouce toujours sur sa lèvre inférieure. Brody lui sourit faiblement et le châtain fut pris d'une folle envie de l'embrasser.

Mais il ne pouvait pas, il n'avait pas le droit.

Tobias se contenta donc d'approcher son visage de celui de Brody et de caresser lentement sa peau avec son nez et sa joue. La main du basané glissa dans ses cheveux.

Les deux garçons restèrent ainsi pendant quelques minutes, appréciant silencieusement la présence de l'autre.

Tobias savait que c'était une erreur, qu'il ne devrait pas être là, mais il était désespérément amoureux de Brody et il voulait juste être près de lui.

Ça semblait si juste et si correct que rien d'autre ne comptait.

Tobias en avait marre de penser à ce qui était bon ou ce qui était mauvais, il voulait juste profiter et faire ce qu'il voulait.

Pour le moment, il voulait dormir dans les bras de Brody et embrasser sa peau jusqu'à ce que ses lèvres soient bleues et gonflées.

Tobias pressa alors sa bouche contre la clavicule du basané, puis encore une fois, avant de loger sa tête dans son cou et d'embrasser sa peau tendre. Brody gémit doucement et ses doigts se mêlèrent un peu plus dans ses mèches châtains.

-Tu m'en veux ? Demanda Brody.

Tobias s'immobilisa, baissa la tête et humecta ses lèvres. Il n'était pas sûr du sens de la question de Brody.

Est-ce qu'il parlait du pari ? De Michael ? Ou peut-être du fait qu'ils aient couché ensemble alors qu'il aurait pu repousser Tobias ?

Le châtain n'en était pas sûr et dans tous les cas, il n'était pas sûr de connaître la réponse.

-Pour quoi ? Il murmura.

-Pour hier, lui répondit le métissé.

Tobias soupira un peu et se blottit un peu plus contre Brody, pressant son nez dans son cou et humant la douce odeur de lavande.

Mais Brody sentait aussi le sexe, la cigarette et Tobias et le châtain sourit doucement.

Il aimait son odeur sur la peau de Brody.

-Non, il murmura.

Les bras de Brody l'entouraient maintenant et ses lèvres étaient pressées contre son front. Tobias se permit de fermer les yeux avec l'espoir qu'il n'aurait pas à quitter cette position avant que l'éternité ne soit révolue.

La chambre était silencieuse de nouveau et Tobias était empreint à un tourment de questions mais il était aussi très calme. Il se demandait si c'était réellement juste d'être ici, si Brody n'était pas encore entrain de se foutre de sa gueule, si Michael pensait à lui, si ses parents lui avaient laissé des messages.

Sa migraine s'intensifia un peu plus et son téléphone se mit à sonner, brisant le calme de la chambre.

Tobias soupira et se détacha de Brody pour récupérer son téléphone à côté du matelas.

Arthur était affiché sur l'écran. Il décrocha.

-Allô ?

Sa voix parut plus rauque qu'il l'aurait voulu.

-Hey, mec, je suis désolé pour hier. J'étais - j'étais occupé et j'ai pas vu que tu m'avais appelé. Ça va ? S'exclama la voix enjouée de son ami.

Tobias grogna un peu en fronçant les sourcils, se rappelant soudainement avoir appelé Arthur la veille. Il s'assit sur le bord du matelas et soupira en se frottant le visage de sa main libre.

-Ouais. Ouais, super et toi ? Il répondit.

-Ça va. Il était bien ce Gala ? Lui demanda Arthur.

Le châtain fut pris d'une nouvelle vague de migraine à la mention du Gala.

Il massa ses tempes et soupira.

-Ouais. C'était ennuyant, mais ça va, il mentit.

-C'est qui ? Murmura Brody dans son dos.

Tobias regarda au-dessus de son épaule. Brody était étendu dans les draps blanc, un plis soucieux barrant son front.

-T'es avec quelqu'un ? Demanda Arthur.

Et Tobias était juste dans une merde monstrueuse.

Il soupira, regardant Brody silencieusement, puis il se tourna de nouveau dos à lui.

-Je dois te laisser, on se reparle plus tard, ok ? Lui répondit Tobias, évitant soigneusement les deux questions qui lui avait été posé.

-Euh, ouais, ok. T'es sûr que ça va ? S'inquiéta son ami.

L'étudiant en droit y songea un instant et la réponse apparut clairement dans son esprit.

Bien-sûr que non ça n'allait pas.

-Ouais. Ouais, t'inquiète pas. Je te rappelle plus tard, il répondit vaguement, puis il raccrocha sans attendre sa réponse.

Tobias passa de nouveau une main sur son visage en soupirant.

L'appel d'Arthur lui avait rappelé des choses qui commençaient à s'assembler à d'autres événements de la veille et Tobias réalisa qu'il ne pouvait pas rester ici.

Il ne pouvait rester auprès de Brody parce que Brody ne l'aimait pas.

Le châtain se leva rapidement et attrapa son caleçon sur le sol. Il s'habilla dos à Brody, pas sûr de vouloir affronter son regard mais certain qu'il deviendrait faible si le basané commençait à le retenir.

Ses vêtements étaient froissés et sentait la sauce cocktail et le savon liquide et aussi un peu le désinfectant et ce mélange d'odeurs donna la nausée à Tobias.

-Tu pars ? Demanda doucement Brody.

Tobias boutonna le dernier bouton de sa chemise et fourra son noeud papillon dans sa poche en soupirant.

-Oui.

-Pourquoi ?

Brody semblait inquiet ou peut-être triste, Tobias ne savait pas et ne voulait pas savoir.

-Parce que - je ne devais pas être ici.

Tobias jeta un coup d'oeil au-dessus de son épaule, rencontrant le regard doré de Brody une dernière fois avant de fuir la chambre.

Il essaya d'atteindre la porte d'entrée avant que Brody ne le rattrape mais ce fut un échec lamentable quand son poignet se retrouva prisonnier d'une main insistante. Il se tourna vers le basané, qui s'était couvert de sa couette et le regardait avec de grands yeux brillants de larmes.

-Tu ne peux pas partir comme ça.

Le châtain soupira et se détacha de l'emprise de Brody.

-Écoute, Brody, je suis un peu - perdu, il murmura en ancrant son regard dans le sien. Je suis désolé pour hier soir et je suis désolé de te laisser comme ça, mais - il faut que tu comprennes que je ne peux pas tout te pardonner comme ça.

Tobias ferma les yeux un instant, le sang battant dans ses tempes si douloureusement.

-Je sais pas ce que je veux et je sais pas si j'ai envie de te pardonner ou si j'arriverais à te refaire confiance un jour. J'ai besoin de temps et d'espace. Hier était une erreur, je suis désolé si tu as cru que ça voulait dire qu'on se remettait ensemble, ce n'est pas ce que je voulais dire. J'étais bourré, j'allais pas bien et tu étais là. C'était une mauvaise équation.

Quand il releva son regard vers Brody, ce dernier pleurait silencieusement, le visage inexpressif, et Tobias dû pincer ses lèvres pour retenir ses larmes.

-Je suis vraiment désolé, il souffla, sa voix tremblant avec les émotions. Je suis pas prêt encore et - et - je crois que tu as besoin de temps aussi. Réfléchis à ce que tu veux et à ce que tu ressens, et en attendant...

Tobias marqua une pause, baissant le regard vers le sol pour laisser une larme dévaler sa joue.

-Je te rappellerais, ok ? Murmura Tobias en relevant son regard vers le sien.

Brody hocha lentement la tête la lèvre inférieure tremblante.

Tobias voulait vraiment l'embrasser, mais il savait que ce n'était pas la bonne chose à faire.

Il se contenta de lui sourire faiblement avec un signe de la main, puis il s'échappa dans le couloir, les sanglots sortant enfin de sa cage thoracique.

Tobias était si tiraillé que la douleur en devenait insupportable. Il était tiraillé entre l'amour et la haine qu'il éprouvait pour Brody.

Il savait qu'il n'y avait qu'un pas entre ces deux sentiments, mais pour le moment, il avait l'impression d'être à des milliers de kilomètres. Il était perdu quelque part entre la douleur et le bonheur, quelque part où Brody était un connard qui lui faisait si bien l'amour.

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