« et oui je continuerai de me blâmer parce que pourquoi est-ce que quelqu'un voudrait être avec une personne aussi détruite que moi ? »

BRODY.

Brody grogna en changeant encore de chaîne, mais il n'y avait rien de bien intéressant à la télé un dimanche soir à vingt trois heures. En plus de cela, sa bière était même tiède et pourtant, il faisait vraiment froid dans son appartement.

Il se leva pour régler le thermostat en buvant une gorgée de bière. Mais trois coups retentir contre sa porte et Brody leva les yeux au ciel.

Qui pouvait bien le déranger à cette heure-ci ? Surtout que personne ne savait où il habitait et aucun de ses voisins n'étaient ses amis.

-Quoi ? Il hurla à travers l'appartement.

L'intrus ne répondit pas mais tapa une nouvelle fois contre la porte.

Brody posa rageusement sa bière sur le plan de travail et grogna en s'approchant de la porte d'entrée qu'il ouvrit violemment.

-Qu'est-ce que vous-

Son coeur et sa respiration s'interrompirent simultanément.

Tobias se tenait là, le visage en sang et le souffle court.

Il ne fallut qu'un quart de seconde avant que le châtain ne se précipite dans ses bras, les larmes coulant déjà à flot sur ses joues rouges.

-Brody - Brody, il était si grand et si - j'ai pas réussi à le repousser quand il m'a touché et - et j'ai voulu le frapper mais - Brody...

Le basané ferma la porte d'entrée avant de lentement repousser Tobias qui semblait complètement délirer.

Il le remit sur ses pieds et le redressa de façon à rencontrer son regard, mais Tobias pleurait et tremblait et Brody sentit un bordel de sensations le gagner.

La joie d'avoir Tobias contre lui, la colère de voir son si beau visage détruit par les larmes, l'inquiétude de le voir pleurer et saigner.

-Toby, calme-toi, il murmura, le soutenant par la taille et par le bras.

Le châtain semblait sur le point de s'écrouler, peinant à respirer et à parler.

-Mais il était là et - et il m'a touché Brody, il m'a touché !

Brody fronça les sourcils sous l'inquiétude.

-Mais de qui tu parles ?

Tobias secoua la tête avant de la loger dans le cou du basané, pressant son corps tremblant contre celui de Brody.

-Je ne peux pas te le dire, il répondit, soufflant contre la peau du métissé.

L'étudiant en sciences ne savait pas trop quoi faire de lui-même. Il n'osait pas toucher Tobias par peur de sa réaction mais il semblait en détresse et Brody ne pouvait pas juste le laisser là.

Alors il l'entoura lentement de ses bras et le pressa contre lui. Tobias frotta son nez contre son cou, pleurant toujours mais semblant plus calme qu'il y a quelques instants.

-Je comprends pas, Tobias, qu'est-ce qu'il y a ?

De nouveau le châtain secoua la tête.

-Ça va te faire mal.

Ses doigts frottèrent doucement sa poitrine, juste au-dessus de son coeur.

-Ça va te faire mal ici, continua Tobias.

Brody était réellement confus et insista un peu plus.

-Qui t'a touché ? Est-ce que c'est quelqu'un que je connais ? Il demanda doucement.

Il avait tellement envie de l'embrasser et d'effacer chaque larme qui perlait sur ses joues, mais il ne pouvait profiter de Tobias dans cet état.

Ce dernier hocha la tête lentement, sa respiration tremblant toujours mais il ne pleurait presque plus.

-Dis-moi qui c'est, Tobias.

Le mentionné secoua la tête.

-Pourquoi tu ne veux pas me le dire ? Il murmura, berçant doucement Tobias quand celui-ci commença à accrocher ses doigts au t-shirt de Brody.

-Il est tellement méchant et grand - il me fera du mal - et à toi aussi.

Tobias se pressa un peu plus contre lui et tout s'éclaira dans l'esprit du basané, mais ça ne pouvait pas être vrai. Pourtant, le Gala avait bien eu lieu ce soir aux vues des vêtements du châtain et puis, il parlait d'un homme grand et fort qu'il connaissait.

Brody sentit son coeur battre plus fort alors qu'il inspira franchement.

-C'est - c'était Michael ? C'est Michael qui t'a touché, Toby ?

Et là, Tobias fondit en larmes encore une fois, s'accrochant désespérément au vêtements du métissé.

-J'ai rien pu faire, Brody ! Je voulais pas, je savais pas et il - il voulait m'embrasser et j'ai-

-Shhh, Tobias, on va allait soigner ton nez et ta lèvre et on discutera après, ok ? Calme-toi, je suis là, ok ? Je te lâcherais pas.

Brody l'accompagna jusque dans la salle de bains. Tobias s'assit sur le cuvette des toilettes, reniflant doucement, tandis que le basané cherchait du désinfectant et des cotons dans sa pharmacie.

Michael représentait tous les démons de son passé et savoir qu'un être aussi pur et innocent que Tobias ait put tomber entre ses mains lui donnait l'envie de vomir, lui retournait le coeur et lui glaçait le sang.

Michael était un monstre et un joli garçon comme le châtain, un peu alcoolisé et trop innocent pour comprendre ses buts, était une proie facile pour un homme comme l'avocat.

Brody le détestait tellement et se détestait encore plus pour ne pas avoir été là.

Il se retourna lentement. Tobias regardait le carrelage de la salle de bains comme s'il l'avait vu dans un endroit lointain, puis ancra son regard chocolat dans celui de Brody quand ce dernier s'accroupit devant lui.

Le basané commença d'abord par essuyer le sang séché sur le menton, les joues et sous le nez de Tobias avec une serviette humide. Puis, il désinfecta la lèvre ouverte et gonflée du châtain en faisant attention à ne pas lui faire mal.

L'étudiant en droit le fixait silencieusement. Il ne pleurait plus mais tremblait et reniflait un peu.

Brody n'arrivait pas à croire qu'il était dans son appartement après tout ce qu'il s'était passé, il n'arrivait pas à croire que Tobias se soit tourné vers lui alors qu'il aurait pu aller voir n'importe qui d'autre qu'un connard briseur de coeurs.

-Ça va ? Demanda doucement Brody alors qu'il attrapait la crème.

Le châtain secoua lentement la tête mais n'en dit pas plus.

Le basané appliqua la pâte sur le côté de son nez, sur sa joue et sa mâchoire, préférant prévenir le probable bleu qui allait sans doute apparaître.

Brody connaissait tout ça, les blessures après coups de poings ou coups de pieds, surtout quand ils venaient de Michael. Il avait vécu de longs mois sous ses coups alors ces gestes étaient pratiquement un reflex, une habitude chez lui.

-Tu veux prendre une douche ?

-Je veux dormir, répondit Tobias.

Brody hocha silencieusement la tête et mena Tobias jusqu'à sa chambre.

Il le laissa se déshabiller tandis qu'il alla chercher d'autres draps parce que les siens étaient incroyablement sales. Il les changea rapidement et arrangea les coussins avant de prendre un plaid dans son placard.

-Brody, l'appela doucement Tobias.

-Oui ? Répondit aussitôt le mentionné.

Il se tourna vers le châtain, qui était maintenant seulement vêtu de son caleçon, ses chaussettes et son noeud papillon.

-J'arrive pas à défaire mon noeud papillon, il murmura.

Brody sourit faiblement et s'approcha lentement de lui. Il commença à défaire le vêtement, sous les yeux grands et brillants de Tobias.

-Tu portais ce noeud à notre premier rendez-vous, sourit doucement Brody, se remémorant le sourire de Tobias, leur course sur la plage et leurs baisers sur son porche. Je te trouvais très beau avec.

Le châtain demeura silencieux et se contenta de le regarder alors que Brody réussi finalement à lui retirer le noeud papillon. Il le regarda mélancoliquement.

-Tu étais si beau ce soir-là, souffla le basané.

Puis il releva son regard vers celui de Tobias.

-Tu étais si beau ce soir aussi, avec ton beau costume et ton noeud papillon.

Brody laissa le ruban tomber sur la pile de vêtements puis soupira tristement, regardant les habits froissés et souillés par les mains sales de Michael.

-Embrasse-moi.

Le basané se tourna vers Tobias. Celui-ci n'avait toujours pas changé d'expression et Brody cru avoir mal entendu.

-Quoi ?

-Embrasse-moi, répéta Tobias, faisant cette fois-ci un pas vers Brody pour souligner ses dires.

Le basané sourit nerveusement en baissant la tête.

-Tobias - tu es bourré et confus. Je ne voudrais pas profiter de la situation.

-Embrasse-moi, Brody, se contenta de répéter le châtain.

Brody le regarda, regarda ses profonds yeux chocolats à la recherche d'une faiblesse ou de désir, mais son visage, son expression était si impassible que c'en était frustrant.

-S'il te plaît, murmura aussi Tobias, avec une voix plus douce.

-Tu es conscient de ce que tu fais, pas vrai ? Demanda Brody, voulant être sûr que Tobias ne penserait pas qu'il avait profité de lui.

Parce que Brody mourrait d'envie de l'embrasser. Il mourrait d'envie de le toucher, l'embrasser, le câliner et lui dire tous les mots d'amour qu'il avait été incapable de prononcer jusqu'ici.

Le châtain hocha lentement la tête alors Brody pinça ses lèvres et se rapprocha de Tobias, glissant une main sur la peau tendre et tiède de sa taille. Instinctivement, l'étudiant en droit releva la tête et Brody le regarda une dernière fois, comme pour vérifier qu'il était sûr, puis pressa ses lèvres contre les siennes.

C'était un baiser chaste mais toutes les sensations débordèrent dans le corps du basané.

Il s'était convaincu que Tobias ne reviendrait jamais, il avait trop joué avec lui pour espérer le revoir un jour, mais là, ce soir et maintenant, Tobias était contre lui, vulnérable et envieux, et Brody était confronté à mille sensations et émotions.

Il était faible pour le châtain.

Tobias gémit doucement quand Brody approfondit légèrement le baiser, le rendant moins innocent qu'il y a quelques secondes. Il lécha la lèvre charnue et pleine de Tobias, prenant soin de ne pas appuyer sur sa plaie.

Puis la langue du châtain envahit sa bouche et plus rien ne comptait plus que la façon dont Tobias s'accrocha à ses vêtements, gémissant doucement quand Brody le pressa plus encore contre lui.

Aussi, le basané posa une main sur sa joue chaude et pencha juste assez la tête pour qu'il puisse embrasser et lécher toutes les parcelles des lèvres de Tobias.

Il aimait ses lèvres.

Brody avait embrassé un paquet de lèvres, mais celles de Tobias étaient ses préférées. Elles étaient charnues et douces et avait toujours ce goût mentholé qu'il affectionnait particulièrement sur la langue de Tobias.

Brody avait peut-être développé une sorte d'obsession malsaine sur ses lèvres, mais il ne les voyait pas seulement comme un objet de passion, de désir et de débauche.

Bien-sûr, il lui arrivait de les imaginer étirées autour de son membre, mais parfois, il regardait juste Tobias parler et il se disait qu'elles étaient les plus belles lèvres du monde. Son sourire était si beau, celui avec ses fossettes, et c'était en grande partie grâce à ses grosses et grandes lèvres.

Brody aimait chaque partie du corps de Tobias, chaque creux et vague de sa peau, chaque cicatrice, chaque défaut, chaque parcelle.

Les deux garçons se séparèrent quand le souffle leur manquèrent et Brody pressa son front contre celui de Tobias, le regardant fermer les yeux alors qu'il caressait silencieusement sa pommette de son pouce.

Les doigts du châtain étaient emmêlés dans l'étoffe de son t-shirt et le tenaient fermement, comme s'il avait peur que Brody parte.

Brody ne voulait pas partir.

-Merci, murmura finalement Tobias.

Le basané sourit légèrement.

-Y a pas de quoi, il répondit.

Le châtain se détacha de lui avec un faible sourire, puis détourna son regard du sien pour se cacher sous ses couettes.

Brody éteignit les lumières et vérifia que Tobias était bien installé avant de fermer la porte doucement.

Il alla se coucher sur son canapé, se couvrant se son plaid et soupirant d'aise quand il trouva une position confortable.

Mais, comme ces dernières semaines, Brody ne dormit pas.

Les derniers événements couraient et fuyaient dans son cerveau, l'empêchant de trouver le calme et réussir à rejoindre l'autre côté.

Les premières nuits, il avait regardé la télé, puis il avait commencé à aller se promener à des heures hallucinantes, mais il avait aussi trié ses photos, lu des livres, écouté de nouvelles musiques, regardé des vidéos sur YouTube, tout ça en buvant beaucoup.

C'était le premier jour où il était presque complètement sobre depuis qu'ils s'étaient quittés.

Il avait tout fait pour essayer de ne pas penser à Tobias, il avait vraiment essayé, mais tout le ramenait constamment à lui. Et de toute façon, Tobias était greffé sous sa peau et il lui était impossible de l'extraire.

Ce soir était différent.

Ce n'était pas tant Tobias qui occupait son esprit, mais Michael.

Cet homme représentait tous ses tourments, tous ses démons, tous ses problèmes. Michael représentait ses pires cauchemars, ses terreurs nocturnes, ses plaies encore ouvertes, ses cicatrices mal refermées, ses échappées mentale.

Depuis ses dix-huit ans, Michael représentait le mal dans sa vie.

Il s'était longtemps battu pour l'oublier et maintenant qu'il avait enfin réussi, Michael re-frappait encore plus fort : il touchait à Tobias.

Que Michael le touche, Brody s'en foutait pas mal, il était maintenant presque immunisé contre lui, mais qu'il touche à Tobias, au garçon le plus innocent et le plus pur qui puisse exister rendait Brody malade.

Personne ne méritait de tomber entre les griffes d'un homme aussi monstrueux, mais Brody s'en voulait de ne pas avoir su protéger Tobias, surtout qu'il était maintenant blessé et probablement traumatisé et c'était seulement par sa faute.

Tous les malheurs de Tobias étaient à cause de lui et Brody s'en voulait tellement.

Parfois, il se disait qu'il aurait préféré ne jamais rencontrer Tobias.

Brody aurait probablement continué sa vie, fait la fête et heurté l'amour propre d'autres personnes, et Tobias ne serait pas détruit. Il serait toujours le joli garçon qu'il était quand Brody l'avait vu pour la première fois, dans ses pantalons bleus et sa chemise blanche.

Ils seraient tous les deux dans leur zone de confort et ne souffrirait pas de ce vide constant, de cette douleur insupportable dans leur poitrine, de cette constante migraine à force de trop réfléchir.

Brody se haïssait pour être rentré dans sa vie et il regrettait tellement tout ce qu'il avait pu faire et dire, mais le mal était fait et aujourd'hui il devait en payer les conséquences : retrouver Tobias sonné et abusé et confus et bourré sur le pallier de sa porte parce qu'il avait été incapable d'être à sa hauteur.

Le basané remarqua seulement qu'il pleurait quand une larme tomba contre sa clavicule.

🌈🌈🌈

heyyy!!
j'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à voter et commenter :)

je posterais la suite demain ou plus tard ce soir parce qu'elle suit directement ce chapitre et je pense que ça va beaucoup vous plaire 😏

bref, je suis en vacances!!!! et j'ai pas beaucoup de choses de prévu cette semaine donc j'aimerais vraiment finir cette fiction. j'en suis déjà au chapitre 60 et je pense qu'il en reste une quinzaine on un truc comme ça donc bon, ça pourrait se faire!

merci beaucoup pour vos commentaires, vos messages et vos votes! sachez que je suis toujours là pour des discussions nocturnes et des échanges de memes ;)

bisous & amour sans limite, N. 💕