Chapitre 28
« il était une fois je tombais amoureux, mais maintenant je ne fais que tomber en morceaux. »
TOBIAS.
Tobias se réveilla parce qu'il avait trop chaud et une légère douleur en bas du dos. Il gémit doucement dans le coussin et retira la couette épaisse de ses épaules, la repoussant ensuite de ses jambes. La froideur de la pièce effleura sa eau nue. Tobias frissonna légèrement avant de s'étirer, tendant chacun de ses muscles encore endormis.
Il avait un peu mal au dos et aux reins, mais il souriait, se remémorant silencieusement chaque instant de la nuit précédente. Tobias tourna la tête en papillonnant des paupières, mais Brody n'était plus allongé à ses côtés et la place vacante était vide et froide.
Il ne fallut qu'une demie seconde pour que le châtain se redresse avec les sourcils froncés.
La chambre était plongée dans la pénombre, les rideaux laissant filtrer seulement une fine bande de lumière, mais elle paraissait encore plus sombre et vide sans Brody.
-Brody ? Il appela, se levant lentement.
Tous les muscles de son corps semblèrent prêt à se briser alors que Tobias se mettait sur ses pieds, grimaçant à la douleur. Il clopina jusqu'à son boxer en tendant l'oreille. L'appartement semblait vide ou alors extrêmement silencieux.
-Brody ? Il répéta, fronçant les sourcils alors qu'il enfilait le t-shirt du basané.
Tobias aimait porter ses vêtements. Ils étaient doux, larges et sentaient cette odeur si particulière qu'était celle de Brody.
Le châtain passa une main dans ses cheveux en sortant de la chambre, regardant rapidement autour de lui à la recherche d'un beau basané.
Brody se tenait sur le balcon, appuyé contre la rambarde, dans son jean noir. Il semblait être entrain de fumer et Tobias sourit doucement parce que ce garçon était le sien.
Il s'approcha lentement et entoura la taille de Brody, pressant ses lèvres contre son omoplate gauche. Brody regarda brièvement au-dessus de son épaule avant de tourner la tête de nouveau.
-Hey, souffla doucement Tobias. Ça va ?
Il pressa son menton contre l'épaule dénudée du métissé et regarda la fumée blanche s'échapper des lèvres de Brody. Celui-ci ne répondit d'ailleurs pas et continua de fixer l'immeuble en face, silencieux et immobile.
Tobias fronça les sourcils et se pencha légèrement de façon à voir son visage.
-Ça va ? Il redemanda.
Cette fois-ci, Brody baissa doucement la tête et amena une main tremblante à sa bouche pour tirer une bouffée de sa cigarette. Il regarda la rue en bas, cracha sa fumée, puis ancra son regard dans celui du châtain.
Tobias entrouvrit la bouche quand il vit les yeux rouges et injectés de sang de Brody.
-Tu devrais partir, murmura ce dernier, aspirant une nouvelle fois sur l'agent destructeur.
Tobias sourit nerveusement en s'éloignant doucement quand Brody se redressa pour écraser sa clope contre la rambarde et la laisser tomber en bas.
-Quoi ? Demanda Tobias, légèrement - très - confus.
Le basané soupira et rentra dans l'appartement.
-Tu devrais partir, il répéta, d'un ton beaucoup plus neutre et assez fort pour que cela pénètre dans le cerveau du châtain.
Mais celui-ci n'était toujours pas sûr de comprendre alors qu'il rentrait dans l'appartement derrière Brody.
-Comment ça ? Il demanda, sonnant peut-être un peu plus paniqué qu'il ne devrait l'être.
Il le suivit jusque dans la chambre, écoutant les respirations lourdes et rapides du métissé. Tobias ne savait pas si Brody était en colère, entrain de faire une crise ou peut-être - mais cela lui semblait impossible - sur le point de pleurer.
-Je te demande de partir, Tobias, ce n'est pas compliqué à comprendre, trancha Brody en attrapant un t-shirt qui traînait quand un coin de la pièce.
Tobias le regarda se vêtir, la bouche entrouverte et les sourcils froncés.
-Je comprends pas. Qu'est-ce que j'ai fais ?
Le métissé soupira longuement et passa une main sur son visage avant de se tourner vers Tobias.
-Quelle partie de « tu devrais partir » tu ne comprends pas ? C'est vraiment pas compliqué pourtant, moi qui pensais que t'étais un génie, s'énerva un peu Brody.
Tobias sentit des larmes aux coins de ses yeux et son coeur battre dans ses tempes alors qu'une évidence le frappait comme un sac de briques.
-Tu voulais juste me baiser, c'est ça ? Tu m'as sorti ton beau discours de « je veux que ta première fois soit bien » ou je ne sais quoi juste pour au final me baiser et me jeter comme une salope ? Demanda le châtain, sur un ton beaucoup plus calme qu'il ne l'était vraiment.
De nouveau, Brody soupira et fit un geste brusque vers Tobias.
-Ça n'a rien à voir, Tobias, il dit, les sourcils froncés et le visage fermé par la colère alors qu'il dépassait le châtain pour rentrer dans le salon. Je te demande juste de partir, bordel.
Tobias le regarda mettre ses chaussures.
-Mais explique-moi alors ! Je comprends pas ! Qu'est-ce que j'ai fais ?
-Tu n'as rien fais, ok ? S'écria Brody, hurlant maintenant ses paroles dans le petit appartement. Tu n'as rien fais, c'est moi et seulement moi. Je ne te demande pas de comprendre mais juste de te barrer, ok ? C'est tout.
Brody inspira un peu et le châtain cru voir ses yeux briller de quelque chose qu'il ne comprenait pas.
Il le regarda mettre sa veste et fourrer son téléphone dans sa poche, se sentant impuissant. Des larmes coulaient sur ses joues sans qu'il ne sache vraiment pourquoi.
-Alors c'est tout ? C'est fini ? Tu me baises et tu te casses ? Il murmura, sa voix se brisant à chaque parole alors que la vérité lui faisait face et écorchée son coeur.
Brody se tourna vers lui et ses yeux brillaient aussi de larmes. Bien-sûr que c'était des larmes, mais Tobias ne comprenait pas pourquoi.
-S'il te plaît, Toby, ne rends pas ça plus compliqué que ça ne l'est déjà.
Et il s'apprêta à partir mais le châtain n'était pas prêt à le laisser faire aussi facilement en le laissant derrière, lui et son coeur brisé.
-Mais qu'est-ce qui est compliqué putain ? Il s'exclama.
-Moi, Tobias ! Hurla Brody en retour, se retournant devant la porte.
Ses yeux baignaient de larmes et de douleur et Tobias ne l'avait jamais vu aussi détruit et ouvert.
-C'est moi qui suis compliqué, putain ! Tu ne peux pas savoir à quel point je le suis, Tobias, et c'est pour ça que je te demande de partir. Tu savais que je te briserais le coeur, parce que c'est tout ce que je sais faire, mais t'es quand même resté alors c'est de ta putain de faute si aujourd'hui tu pleures. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Je t'ai déjà dis que je n'étais pas parfait et même si tu n'y croix pas, toi tu l'es et toi tu mérites quelqu'un de bien. Tu mérites un mec, une meuf ou ce que tu veux d'autre qui saura prendre soin de toi et qui te couvrira de cadeaux et de bonheur. Moi je suis un connard et je sais que te faire souffrir, alors putain, Tobias, barres-toi !
Tobias sentit une flèche percuter son coeur parce que Brody pleurait et tout était confus autour de lui. Il ne comprenait pas pourquoi Brody était aussi en colère ou même triste, mais il savait une chose. Une chose demeurait certaine dans le flou qu'était la situation.
-Mais c'est toi que je veux, Brody. C'est toi que j'-
-N'ose même pas finir cette phrase ! S'écria Brody, le regardant avec des yeux noirs. T'as pas le droit. T'as pas le droit de le dire, de le penser ou même de le ressentir. T'as pas le droit de me faire ça.
Il souffla, regarda autour de lui puis finit par s'approcher de la porte. Il l'ouvrit mais demeura un instant immobile. Brody tourna juste assez la tête pour que Tobias voit ses yeux.
-T'as pas le droit, Tobias. Tu te fais du mal pour rien et je suis pas assez bien pour toi.
Brody se tourna maintenant complètement, regardant brièvement Tobias.
-Parce que moi je ne t'aime pas.
Et il claqua la porte, sortant de l'appartement et de la vie de Tobias.
Celui-ci sentit ses genoux trembler et son coeur palpiter dans sa poitrine alors qu'il réalisait peu à peu que Brody venait clairement de l'abandonner, surement pour toujours.
Tobias resta là, fixant la porte, pendant des secondes, peut-être des minutes ou peut-être même des heures, il ne savait pas. Il avait perdu la notion du temps et de l'espace au moment où la porte avait claqué. Ce son se répétait indéfiniment dans son esprit, comme un rappel constant que Brody ne l'aimait pas, l'avait baisé et s'était barré.
Tobias ne savait même pas quoi penser parce qu'au fond, il avait toujours su que Brody était loin d'être un Prince charmant.
Il avait voulu y croire. Il y avait cru, à eux, à leur histoire.
Leur relation était unique parce qu'elle n'était rien et tout à la fois. Ils n'avaient jamais ressenti le besoin de se définir, de faire une annonce aux autres ou même de penser au lendemain. Tobias n'était pourtant pas comme ça, mais Brody l'avait changé de cette manière.
C'était juste comme ça. C'était arrivé et puis c'est tout.
Ils n'avaient jamais parlé du futur ou du présent parce qu'ils avaient toujours étaient bien dans cette relation faite de rien et de tout.
Mais aujourd'hui, Tobias n'était rien et Brody avait tout son coeur.
Le châtain avait conscience de la rapidité avec laquelle il était tombé amoureux du basané, mais encore une fois, c'était juste comme ça.
Il avait cru en Brody, en sa volonté de changer pour lui et pour eux. Tobias y avait cru, réellement et avec force, et c'est maintenant, là, au milieu de l'appartement de Brody où régnait le silence et où chaque morceau de son coeur était brisé sur le sol, qu'il réalisa tout le sens de la phrase « l'amour rend aveugle ».
Tobias était tellement tombé amoureux de Brody, avait tellement cru en lui et en leur relation, qu'il ne s'était même pas rendu compte d'à quel point Brody ne l'aimait pas.
Le basané l'avait pourtant prévenu, mais Tobias n'avait pas voulu l'entendre. Il était trop amoureux, trop épris de lui pour songer à l'abandonner. Et c'était justement ça le problème : il était tombé trop vite.
Aujourd'hui, il était seul, il n'était rien et se sentait vide.
Il marcha machinalement vers la chambre, attrapa ses affaires et se barra loin. Vraiment loin. Sa voiture roulait vite et loin sur la route, mais Tobias s'en foutait pas mal.
Tobias sentait ce creux dans sa poitrine, cette douleur insupportable qui étreignait son coeur et l'empêchait de respirer. Les larmes perlaient sur ses joues mais il était en colère. Tobias était tellement en colère contre lui-même pour avoir été aussi bête.
Il était tellement en colère contre lui-même pour être tombé amoureux d'un connard.
Mais après tout, c'était censé arriver, non ? Personne n'avait le droit à une histoire aussi parfaite que celle qu'ils partageaient s'il n'y avait pas des maux douloureux et des trahisons derrière.
Tobias le savait, il l'avait toujours su, mais il s'était laissé embarqué dans cette histoire quand même parce que jamais, putain jamais il n'avait songé à la possibilité que Brody le quitterait, l'abandonnerait, le détruirait sans lui donner une quelconque raison de le haïr pour son acte.
Parce que malgré le flou de la situation, malgré la pluie qui sonnait contre son pare-brise et la douleur dans sa poitrine, Tobias continuait de l'aimer et il savait qu'il était débile.
Il savait qu'il était débile de penser que Brody reviendrait.
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