CHAPITRE 11
« La vie est faite pour des baisers profonds, des aventures bizarres, des bains de minuit et des discussions incohérentes. »
TOBIAS.
Tobias fut réveillé par la voix rauque d'Arthur ricochant contre les murs du couloir alors qu'il se laissait aller à une reprise de 9 to 5 sous la douche. L'étudiant en droit papillonna des paupières en grimaçant, plutôt habitué à la voix de sa mère chuchotant sous sa porte, et fronça les sourcils lorsqu'il remarqua qu'il n'était en réalité pas du tout dans sa chambre.
Réfléchir semblait un trop gros effort à demander à son cerveau qui ne coopérait pas du tout et Tobias fut pris d'un mal de crâne intense. Un pivert semblait littéralement creuser les parois de ses tempes et Tobias grogna en portant une main à sa tête.
Seulement, alors qu'il bougeait dans les draps, il sentit un bras se resserrer autour de sa taille et une respiration régulière s'écraser contre sa nuque. Tobias fut à deux doigts de hurler lorsqu'il se souvint que-
Brody.
Il était avec Brody.
Tobias fut pris d'un sentiment de soulagement alors qu'il sentait Brody se presser plus près de lui, encerclant sa taille d'un bras puissant. La douleur contre ses tempes sembla si futile l'espace d'un instant et il ferma les yeux en mordillant sa lèvre inférieure, souriant secrètement parce que c'était encore mieux. Se réveiller avec Brody surpassait tous les scénarios qui s'étaient créés dans sa tête au moment où il avait ouvert les yeux.
Et ça n'avait probablement aucun sens parce que la villa dans laquelle il était devait probablement être dans un bordel monstre après la soirée qui avait agité ses murs, Arthur chantait encore quelque part sous la douche et rien n'avait de sens dans la chambre de Brody. Il y avait des manuels de biologie partout par terre, des vêtements sur à peu près toutes les surfaces disponibles et un nombre incalculable de cendriers remplis et des bouteilles de bière vides.
Mais il y avait un corps chaud contre le sien, des traces de lumière qui filtraient à travers les stores et ondulaient sur sa peau nue, et il y avait surtout Brody, quelque part derrière lui.
Tobias jeta un coup d'oeil au-dessus de son épaule et aperçut le visage de Brody, encore enfoui dans le coussin qu'ils partageaient. Il se mordilla à nouveau le coin de la lèvre inférieure avant de se retourner dans ses bras. Brody grogna en fronçant les sourcils.
Il était adorable. Il était le plus beau garçon que Tobias n'ait jamais rencontré.
Brody ne pouvait qu'appartenir à tous les standards de beauté. Il était tout en longueur et en muscles fins, mais robustes. Ses allures négligées lui donnaient des airs de punk des années 70, avec ses cheveux sombres décoiffés, une veste en cuir usée, des bottes sales et de vieux bracelets qui pendaient à ses poignets. Mais la délicatesse de ses traits contrastait avec ses airs durs, et Tobias trouvait de la douceur dans les kilomètres de peau dorée dans laquelle Brody vivait. Ses longs doigts agiles tenaient Tobias comme personne ne l'avait jamais tenu et ses cils ridiculement longs brossaient ses pommettes comme les anges de la Chapelle Sixtine.
À ses côtés, Tobias était son complet opposé. Il était plus petit, mais ses épaules et ses hanches étaient plus larges. Sa peau pâle était constellée de grains de beauté, contrastant avec celle plus sombre de Brody. Mais ce qui les opposait le plus, c'était bien l'assurance qu'ils dégageaient.
Brody était beau parce qu'il avait ce charisme, cette prestance ou peut-être même cette énergie qui envahissait la pièce chaque fois qu'il allait quelque part. Il prenait tout l'air respirable jusqu'à ce que les gens le regardent et Tobias savait que c'était pour ce charme qui lui venait si facilement que Brody avait autant de conquêtes à son palmarès.
Pourtant, la seule chose à laquelle Tobias pouvait penser était que Brody s'était quand même intéressé à lui. Il était tout ce que Tobias n'était pas et ils étaient sûrement une association un peu étrange, mais Tobias trouvait qu'ils s'assemblaient comme si un jour quelqu'un avait prédit qu'ils se retrouveraient.
-C'est flippant, marmonna soudainement Brody, la tête encore à moitié enfouie dans le coussin.
Tobias retint un cri de surprise et il leva son regard vers Brody, mais le basané avait encore les yeux fermés.
-De quoi ? demanda Tobias.
Un doux sourire courba les lèvres de Brody.
-Ta façon de me regarder quand je dors, murmura-t-il.
Tobias dût se pincer les lèvres pour retenir son propre sourire, même si Brody avait les yeux fermés. Il sentit ses joues chauffer alors qu'il baissait les yeux vers là où sa main dessinait des étoiles sur le poitrail de Brody.
-Tu n'as plus vraiment l'air de dormir, se défendit Tobias.
Brody laissa un doux gloussement échapper ses lèvres avant d'ouvrir un oeil. Tobias aurait voulu pouvoir enregistrer ce son dans son esprit et le rejouer pour l'éternité.
-Oui, mais tu me regardais alors que j'essayais de dormir, alors ça revient au même.
-Profiter des belles choses de la nature ne devrait pas être un crime, marmonna Tobias.
Le rire de Brody emplit rapidement la pièce et bientôt, Tobias sentit une main pousser sa hanche et il se retrouva allongé dans les draps avec Brody penché au-dessus de lui.
-Tu es niais, sourit Brody.
-Je sais, chuchota Tobias.
Brody s'aida de ses genoux pour écarter les cuisses de Tobias jusqu'à ce qu'il puisse rendre leur étreinte encore plus étroite. L'étudiant en droit croisa ses bras derrière la nuque de Brody en essayant de faire comprendre à ses hormones que c'est pas parce que c'est le matin que vous faites ce que vous voulez, j'ai le droit de faire un câlin sans que vous vous dispersiez là où je pense.
Brody souriait encore alors qu'il se penchait en avant pour embrasser Tobias, pressant ses avant-bras de chaque côté de sa tête. Tobias haleta légèrement en fermant les yeux, se laissant emporter par la douceur des gestes de Brody. Il n'était vraiment pas habitué à se réveiller de cette manière et il savait qu'il ne s'y habituerait probablement jamais.
L'une des mains de Brody glissa jusqu'à sa hanche et il infiltra le bout de ses doigts dans l'élastique de son caleçon.
Et ok, si Brody faisait ce genre de truc, Tobias pouvait comprendre pourquoi ses hormones ne coopéraient pas forcément toujours.
-Brody, souffla-t-il en saisissant son poignet pour l'éloigner avant qu'il n'aille trop loin.
Mais le basané se contenta de sourire contre ses lèvres en attrapant ses mains. Il les pressa contre le matelas, juste au-dessus de la tête de Tobias, et l'étudiant en droit haleta alors que Brody relevait légèrement la tête pour croiser son regard, un sourire malicieux courbant ses lèvres.
-Brody, souffla à nouveau Tobias, cette fois-ci, un peu plus désespéré.
Mais Brody pressait déjà ses lèvres contre les siennes, glissant sa langue sur sa lèvre inférieure jusqu'à ce que Tobias abdique et ouvre la bouche. L'étudiant en droit émit un son à mi-chemin entre un gémissement et un grognement lorsqu'il sentit les hanches de Brody se presser contre les siennes.
Son corps était brûlant au-dessus du sien. Sa peau était encore souple et chaude, et Tobias ne voulait juste pas sortir du lit lorsque Brody l'embrassait comme ça, ses mains enfonçants ses poignets dans le matelas.
-Brody, je dois aller en cours, marmonna Tobias.
Le basané laissa ses lèvres descendre vers la mâchoire de Tobias, l'embrassant sous son oreille.
-Mmmh, fredonna Brody contre son cou avant d'aspirer sa peau entre ses lèvres.
Bon, ok, Brody n'allait pas être d'une grande aide du tout.
-Brody, haleta à nouveau Tobias.
-Tu ne bougeras pas d'ici, souffla Brody contre sa peau humide après le passage de sa langue.
Tobias ferma les yeux en sentant son estomac commencer à se tordre de plaisir.
-S'il te plaît, Brody, je vais être vraiment en retard, insista Tobias en jetant un oeil au réveil digital sur la table de chevet qui affichait déjà plus de huit heures du matin.
Brody garda les poignets de Tobias enfoncés dans le matelas d'une main alors que l'autre dérivait vers la hanche de l'étudiant en droit. Il glissa ses doigts sous son t-short et Tobias frissonna lorsqu'il sentit une douce caresse contre le bas de son ventre, juste au-dessus de l'élastique de son caleçon.
-Tu préfères aller en cours que rester avec moi ?
La voix de Brody était rauque dans l'oreille de Tobias et il se tortilla désespérément sous lui lorsque la main de Brody glissa plus haut sur son torse jusqu'à attraper son téton entre son pouce et son index.
-Non, mais - merde - j'ai déjà raté toute la journée d'hier à - à cause de toi et - faut que j'aille en cours.
Les mains de Tobias tâtaient le vide, à la recherche de quelque chose à quoi s'accrocher alors que la langue de Brody glissait contre son cou.
-T'as pas besoin d'aller en cours, rétorqua Brody. T'es déjà un petit génie.
Tobias n'arrivait pas à comprendre comment Brody pouvait avoir l'air si détendu et détaché alors qu'il lui faisait toutes ces choses, explorant le corps de l'étudiant en droit comme personne ne l'avait fait avant. Tobias n'était qu'une masse gémissante sous ses doigts et il voulait juste sentir la langue de Brody parcourir sa mâchoire pour l'éternité.
-S'il te plaît, haleta Tobias, mais il ne savait plus vraiment pour quelle raison il suppliait Brody.
Était-ce pour le laisser sortir du lit ou - justement - de le garder au lit ?
Brody sourit doucement contre sa peau.
-Je vais te garder dans ce lit toute la journée, Golden Boy, chantonna-t-il avant d'embrasser la jonction entre l'épaule et le cou de Tobias.
-On sait tous les deux que, techniquement, je pourrais en sortir facilement, marmonna Tobias sous un souffle.
Tobias voulut se maudire d'avoir dit ça lorsque les mains, les lèvres et la langue de Brody le quittèrent soudainement. Il gémit bruyamment et ouvrit les yeux pour croiser ceux de Brody. Le basané était penché au-dessus de lui, une lueur de défi dansant dans ses iris ambrés.
-Tu es en train d'insinuer quoi, là ? demanda-t-il.
Tobias sentit ses joues chauffer parce qu'il avait peut-être était un peu trop confiant sur ce coup-là. Brody s'humecta les lèvres et l'étudiant en droit dût détourner le regard pour ne pas être tenté de juste lever la tête et l'embrasser. Ses yeux tombèrent sur les biceps contractés de Brody et ce n'était peut-être pas vraiment une meilleure vue.
-Hum - je suis en train d'insinuer que, si je le voulais, je pourrais partir, murmura-t-il en choisissant soigneusement ses mots.
-Alors pourquoi tu ne le fais pas ? rétorqua Brody.
Tobias ancra son regard dans le sien et Brody avait toujours ce sourire espiègle et joueur qui dansait sur ses lèvres. Tobias aurait pu être honnête et dire que c'était simplement parce qu'il aimait vraiment l'embrasser, mais il préféra jouer sur le terrain de Brody.
-Je n'oserais pas te faire mal, répondit-il.
Un gloussement échappa les lèvres de Brody.
-Ou peut-être que tu n'en es pas capable.
Tobias haussa un sourcil, osant enfin défier Brody du regard.
-Ne me tente pas.
Le sourire de Brody devint encore plus large, encore plus malicieux, alors qu'il se penchait si près de Tobias que leurs lèvres s'effleuraient.
-Montre-moi ce que t'as dans le ventre, Golden Boy, souffla-t-il.
Tobias sourit un peu plus et bientôt, ses mains étaient sur les hanches étroites de Brody. Le basané n'eut même pas le temps de réaliser ce qu'il se passait que Tobias le retournait sur le matelas et le plaquait aisément contre les draps. Brody lâcha un couinement de surprise et voulut se débattre, mais Tobias fut plus rapide - plus fort - et attrapa ses poignets pour les presser au-dessus de sa tête. Il grimpa sur le corps de Brody, encadrant ses hanches de ses cuisses épaisses, et saisit sa mâchoire pour l'obliger à le regarder.
-De simples insinuations, n'est-ce pas ? chuchota Tobias avec un sourire victorieux.
Il n'avait pas l'habitude d'avoir le dessus sur les choses avec Brody et il ne s'était pas attendu à ce qu'il se sente aussi - confiant. Les joues du basané étaient écarlates et il haletait sous son corps, à la merci de Tobias.
-Je retire ce que j'ai dit, souffla-t-il.
Ses yeux étaient baissés sur l'endroit où leurs peaux se rencontraient. Brody était maniable sous les doigts de Tobias, alors l'étudiant en droit se permit d'avancer son bassin jusqu'à ce qu'il sente l'érection de Brody se presser contre l'intérieur de sa cuisse.
Le basané leva de grands yeux vers lui.
-Toby, haleta-t-il. Tu ne peux pas faire ça.
Mais Tobias était - merde, il n'avait jamais provoqué ça chez quelqu'un. Il n'avait jamais eu l'occasion de voir quelqu'un se perdre sous son toucher comme Brody le faisait et c'était - enivrant.
Et c'était vraiment comme une drogue : Tobias voyait le visage de Brody se tordre de plaisir et il en voulait toujours plus.
Il bougea de nouveau les hanches, se penchant en avant pour presser ses lèvres contre la peau nue de Brody, juste sous sa clavicule, là où son coeur battait la chamade. Les mains de Brody voulurent se dégager de l'emprise de celles de Tobias, mais l'étudiant en droit les serra plus fort et Brody couina.
-Laisse-moi te toucher, haleta le basané.
-J'ai pas le temps, souffla Tobias avant de sucer une marque marbrée contre sa clavicule.
Il entendit la respiration de Brody s'interrompre un bref instant.
-Tobias, gémit Brody dans un mélange de frustration et de plaisir. Toby, laisse-moi.
-Faut que j'aille en cours, répondit Tobias.
Il se redressa pour embrasser le bout du nez de Brody avant de sauter hors du lit. Tobias croisa le regard totalement surpris de Brody et il cacha un sourire en se pinçant les lèvres alors qu'il se mettait à la recherche de ses vêtements.
-T'es vraiment un connard, grommela Brody derrière lui.
Tobias lui offrit un sourire lorsqu'il se tourna vers lui. Brody s'était redressé sur ses coudes, encore allongé sur le dos, et Tobias avait vraiment envie de le rejoindre dans son lit et l'embrasser pendant des heures parce que Brody semblait irrésistible avec ses lèvres gonflées, ses cheveux décoiffés et son torse où ondulaient les premiers rayons du soleil.
-Je suis désolé, souffla Tobias en poursuivant sa quête de vêtements.
Il trouva son jean roulé en boule près de l'armoire et sa chemise à côté. Il étaient tous froissés et Tobias soupira en se disant qu'il allait vraiment être en retard s'il devait passer chez lui récupérer des vêtements propres.
-Tu vas me laisser tout seul alors que je suis tout excité et dur juste pour toi ? demanda Brody.
Et pourquoi est-ce que Brody était ce genre de personne ? Tobias ne devrait pas être excité par ces quelques mots. Il avait terriblement besoin d'une douche froide.
-Je suis désolé, répéta-t-il parce qu'il était faible à côté de Brody.
Tobias récupéra ses chaussures - l'une derrière la porte de la salle de bains et l'autre sous le bureau - et déglutit difficilement lorsqu'il revint vers le lit parce que Brody le regardait toujours, le caleçon tendu et les clavicules constellées de marques marbrées. Tobias voulait encore se roulait dans les draps avec lui, mais il se contenta de s'asseoir au bord du lit pour enfiler ses chaussures.
Il sentit immédiatement le matelas ployer derrière lui.
-Tu m'abandonnes, chuchota Brody en se pressant contre Tobias.
Ses lèvres glissèrent contre sa nuque avant qu'il ne pose son menton sur l'épaule de Tobias. L'étudiant en droit essayait de ne pas devenir dingue avec juste la sensation de l'érection de Brody appuyant contre la chute de ses reins.
-Tu devrais aller en cours, rétorqua Tobias.
Brody gloussa.
-Ne change pas de sujet.
-Pourquoi tu ne vas pas en cours ? insista Tobias.
Il ancra son regard dans celui du basané, mais Brody haussa les épaules en détournant le regard, lâchant un soupir.
-J'ai pas envie, répondit-il simplement.
-Tu sais que tes parents payent une fortune pour tes études.
-Je touche une bourse.
Tobias fronça les sourcils.
-Comment est-ce que tu peux toucher une bourse alors que tu-
-Arrête de froncer les sourcils, l'interrompit Brody.
Il souriait doucement.
-Ça ne te vas pas, ajouta-t-il.
Tobias fut légèrement surpris lorsque Brody tendit la main vers lui, passant son pouce juste au milieu de ses sourcils comme s'il voulait effacer les plis soucieux qui y étaient. Presque machinalement, le visage de Tobias se détendit sous le toucher de Brody. Sa douceur contrastait avec ses airs durs et sa respiration s'interrompit un bref instant à l'arrière de sa gorge.
Le monde autour de lui tomba dans l'oubli alors que Brody gloussait doucement en appuyant sa joue contre l'épaule de Tobias et soudainement, il avait l'air si jeune. Parfois, il oubliait que Brody n'avait que vingt-quatre. Le basané avait vécu tellement de choses, avant rencontré tellement de personnes qu'il paraissait déjà avoir vécu trois vies entières, et Tobias avait toujours l'impression qu'il n'était qu'à la lisière de sa réelle vie lorsqu'il entendait toutes les aventures de Brody.
-Je préfère quand tu souris, murmura Brody. Tu es beau quand tu souris.
Et Tobias ne devrait pas sentir son coeur s'étreindre ou son estomac se retourner, et sa première pensée ne devrait pas être oh mon dieu, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi c'est le bordel dans mon corps là ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que je vais mourir sur place si Brody ne m'embrasse pas dans la seconde qui suit ?
Non, ça ne devrait pas être tout ça. Seulement, ça l'était et Tobias devrait vraiment écouter la petite voix à l'arrière de sa tête qui dressait des panneaux d'alerte et lui hurlait qu'il ne fallait pas tomber trop vite.
Mais trop tard, Tobias le savait. Il était déjà en train de tomber.
Il sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale et un sourire maladroit grandit sur ses lèvres.
-Tu es niais, fut la seule chose qu'il arriva à chuchoter.
Brody laissa sa tête partir en arrière alors qu'un rire franc échappait sa poitrine. Ce n'était pas très valorisant et loin d'être harmonieux, mais aux oreilles de Tobias, ça sonnait comme une mélodie envoutante. Il l'enregistra dans un coin précieux de son esprit.
Mais Tobias n'avait pas envie de rire. Ses doigts glissèrent contre la nuque de Brody et il le rapprocha de lui jusqu'à ce que leurs nez s'effleurent.
-Embrasse-moi, haleta-t-il.
Mais Brody n'eut même pas le temps de répondre. Tobias écrasa ses lèvres contre les siennes et plus rien autour d'eux ne comptait plus que ça.
Le basané laissa un gémissement mourir dans le baiser et ses doigts s'accrochèrent aux épaules puissantes de Tobias. Ils roulèrent sur les draps jusqu'à ce que Tobias se retrouve à nouveau entre les cuisses de Brody, ses doigts logés dans le creux de ses genoux. Brody avait les chevilles croisés dans son dos, étendu dans les draps comme s'il s'offrait complètement à Tobias.
-Ne pars pas, soufflait-il alors que Tobias embrassait son cou. Reste avec moi.
Tobias sentait l'érection délaissée de Brody appuyer contre sa hanche et il avait vraiment envie de le toucher, de lui faire perdre la tête dans la douceur des draps encore réchauffés par les rayons du soleil. Il voulait laisser place aux frissons de l'instant présent, laisser le monde s'effacer autour d'eux.
Mais il était aussi bientôt neuf heures et Tobias devait absolument passer chez lui pour se doucher, se changer et enlever le vernis à ongles qu'il avait au bout des doigts avant que ses parents ne le voient.
Il pressa le talon de sa main contre le caleçon de Brody et le basané grogna contre les lèvres de Tobias.
-Je m'occuperais de ça une prochaine fois, je le promets, murmura Tobias avant de se redresser.
Il sauta hors du lit en attrapant son téléphone, le fourrant dans la poche arrière de son pantalon.
-Je suis vraiment désolé, j'te jure que je me rattraperai et-
Mais avant qu'il ne puisse finir ses excuses, il sentit des doigts entourer son poignet et il se tourna en croisant le regard de Brody. Il souriait doucement.
-C'est pas grave, arrête, souffla-t-il.
Il tendit le bras vers le bureau, récupérant un feutre noir qui traînait là, avant de tirer le poignet de Tobias plus près de lui.
-Appelle-moi, sourit Brody en gribouillant son numéro au creux de la paume de Tobias. Si jamais t'as vraiment envie de te rattraper.
Il balança le feutre dans la direction générale du bureau avant de desserrer son emprise sur le poignet de Tobias pour lier leurs doigts. Brody était si doux que Tobias sentit son estomac s'agiter dans tous les sens et il n'était plus vraiment sûr que toutes ses pensées étaient cohérentes.
Brody se pencha vers lui pour lier leurs lèvres une dernière fois, pressant son bras libre autour de la taille de Tobias. L'étudiant en droit dût monter légèrement sur la pointe des pieds pour accepter son baiser, fermant les yeux instinctivement, et ses bras se croisèrent derrière la nuque de Brody.
Mais le basané écourta le baiser trop rapidement au goût du châtain. Il souriait alors qu'il se séparait de lui, passant son pouce sur sa lèvre inférieure, juste l'endroit que Tobias avait mordillé quelques secondes auparavant.
-Allez, va-t'en maintenant, souffla Brody avant d'embrasser le bout de son nez. Va impressionner tes professeurs et montrer à tout le monde que c'est toi le plus intelligent.
Il lui donna une petite claque sur les fesses. Tobias couina, mais il souriait, et il laissa Brody le pousser hors de sa chambre avec un dernier baiser.
********
Tobias se mordillait l'ongle alors qu'il regardait le tout nouveau contact de Brody qu'il avait créé. Il était plus de vingt-et-une heures et Tobias se disait qu'il avait au moins attendu toute la journée et qu'il ne paraîtrait pas comme un psychopathe, mais de l'autre côté, ça faisait justement seulement une journée alors peut-être que Brody le prendrait pour un psychopathe qui ne pouvait pas se passer de lui plus de vingt-quatre heures.
Il tourna en rond dans sa salle de bains en se brossant les dents, regardant l'icône message en débattant avec lui-même.
Si t'as vraiment envie de lui envoyer un message, envoie-lui un putain de message !
Mais tu viens à peine de le voir ce matin, est-ce que ça ne peut pas attendre quelques jours ? Il va te trouver collant.
Et alors ? S'il te trouve collant parce que t'as envie de lui parler, jette-le, il en vaut pas la peine.
Jeter Brody ? T'es malade ou quoi ?
C'est toi t'es malade à monter un club de débat tout seul dans ta tête.
-Merde, jura Tobias.
Même son esprit ne semblait pas vraiment vouloir coopérer, alors Tobias finit par faire ce qu'il avait vraiment envie de faire.
Il attrapa son téléphone et tapa un rapide message qui, il l'espérait, ne paraissait pas trop collant.
AUJOURD'HUI, 21h14.
Tobias : Hey Brody!! C'est Tobias. Je voulais juste t'envoyer un message pour te remercier pour hier, j'ai vraiment passé une bonne soirée. N'hésite pas à remercier les autres pour moi aussi. J'espère qu'on aura la chance de se recroiser! Bisous, Tobias Carl.
Tobias n'attendit qu'une ou deux minutes avant de recevoir une réponse. Il était allongé en travers de son lit, sortant de sa relecture du Dahlia Noir, pour attraper son téléphone.
Brody : sérieux Golden Boy c'est quoi ce message??? t'as pris 40ans en 24h????
Brody : et jtai branlé la bite mec jpense pas que t'aies besoin de signer Tobias Carl
Tobias ne s'était jamais senti aussi stupide de toute sa vie.
Tobias : je suis désolé, je savais juste pas comment t'aborder. je suis idiot, on dirait ma mère
Brody : hé t'excuse pas j'men fous, mais un hey brody m'aurait suffi
Brody : ou une photo de toi à poil
Tobias leva les yeux au ciel en rougissant et se retourna sur le ventre pour taper un autre message.
Tobias : tu sais déjà à quoi je ressemble à poil
Brody : mmmh pas encore assez jtrouve
L'étudiant en droit rougit encore plus.
Avant qu'il ne puisse répondre, il reçut un selfie de Brody. Il était allongé dans son lit, la lèvre intérieure poussée vers l'avant et les sourcils foncés alors qu'il pointait la place vacante à côté de lui.
Brody : reviens ici
Tobias savait qu'il souriait stupidement devant son portable, appréciant plus que de raison les épaules dénudées de Brody et les suçons superposés qui tatouaient ses clavicules.
Il se retourna sur le dos et ouvrit son appareil photo, prenant un selfie de lui qui montrait également la place vacante dans son grand lit.
Tobias : toi reviens ici
Cette fois-ci, Brody prit un peu plus de temps à répondre. C'était un autre selfie de lui, cette fois-ci, il souriait à l'appareil.
Brody : t'es trop beau
C'était si simple, mais Tobias sentit son estomac se retourner et son coeur faire un looping dans sa poitrine, comme s'il voulait y laisser un hématome.
Il passa le reste de la soirée - et une grosse partie de la nuit, pour être honnête - à échanger des selfies avec Brody. Ils avaient regardé The Big Bang Theory simultanément et parlaient d'un milliard de choses inintéressantes pour le reste du monde. Tobias avait regardé le visage de Brody s'adoucir avec la fatigue au fur et à mesure que les heures passaient.
L'étudiant en droit fut tout de même le premier à mettre un terme à leurs échanges nocturnes. Il était plus de trois heures du matin lorsqu'il se força à éteindre son téléphone pour aller dormir. Tobias savait qu'il aurait pu rester debout pendant encore des heures, mais ça faisait plusieurs nuits d'affilées qu'il ne dormait pas beaucoup et Brody n'allait pas l'empêcher de bien dormir une troisième fois.
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