Chapitre 7 - Partie 1.
— Nous sommes arrivés, déclare Evander.
Comme pour appuyer son propos, la calèche s'arrête et, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre. Le soleil s'infiltre dans la cabine et m'aveugle un instant. Nami est la première à sortir, sans même m'accorder un regard. Les minutes qui ont suivi cette révélation forcée ont été horribles, car elle ne m'a pas décroché le moindre mot et encore moins un regard. Son corps entier s'est éloigné de moi et je n'ai rien pu faire d'autre que d'attendre.
Essayer de lui parler ou de la raisonner alors qu'elle est dans cet état-là serait plus néfaste que bénéfique. Aussi, j'ai tellement mal partout et me sens si épuisée que je n'ai plus ni l'envie, ni l'énergie de me débattre. Cette situation entière est irréelle, douloureuse. Je ne sais d'ailleurs même pas où nous sommes ni ce que nous faisons là.
La seule chose sur laquelle je compte, c'est la parole de cet inconnu, qui nous a assuré tout au long du voyage, que nous étions en sécurité.
Je descends à mon tour, mes jambes refusant de peu de me porter et remarque, que je suis vêtue d'un pantalon et d'une chemise ample, ainsi que d'un long manteau sombre. Tous ces vêtements sont luxueux, confortables, faits de matériaux que jamais de ma vie, je n'aurais cru porter un jour.
Comment ai-je fait pour ne pas remarquer cette tenue, avant ?!
— Vos vêtements étaient calcinés, dit Evander après être descendu gracieusement, à son tour. Vous deviez être un minimum présentable, je vous ai donc prêté quelques habits. Ne vous inquiétez pas, Princesse, c'est votre amie qui vous a changée, personne ne vous a vue dans une mauvaise posture.
Voilà qui est rassurant, tiens !
— Ne m'appelez pas comme ça.
Ensuite, je fais volte-face pour suivre Evander, puis me fige en voyant que devant nous, se dresse un château.
Un château !
Il est immense, majestueux. Fait de vieilles pierres, rien ni personne ne peut voir ce qu'il se passe en ses murs, qui ont l'air si solides. Des hommes sont perchés sur les remparts de la structure nous voient approcher et s'écrient :
— Ouvrez les portes ! Lord Evander est de retour !
Les lourdes portes s'ouvrent alors devant nous et de l'autre côté, une cour immense. Celle-ci pourrait même contenir l'intégralité de ma ferme, tant elle est vaste. Au bout de la cour, une volée d'escaliers menant à une autre porte. Cette fois, je devine qu'il s'agit de celle permettant d'entrer dans le coeur du château.
— Où sommes-nous ? demandé-je à Evander.
Autour de nous, les employés nous épient, murmurent sur notre passage.
— Chez vous, voyons. Enfin, presque.
Je m'arrête de marcher un instant, totalement perdue. Lui ne ralentit pas l'allure et Nami se contente de le suivre, aux côtés de Elion. L'un et l'autre doivent clairement m'en vouloir, puisqu'ils ne se soucient pas que je prenne le même chemin ou pas. Au contraire, ils ont l'air tout aussi amorphes que moi. Ils se contentent de marcher, puisqu'ils n'ont pas d'autres choix.
Le seul point positif, c'est qu'il n'y a pas l'ombre d'un soldat de la Garde Royale, ici. Aussi, je ne reconnais pas le paysage, je n'ai ainsi aucune espèce d'idée d'où nous pouvons bien nous trouver. La seule chose que je sais, c'est que le soleil ne va pas tarder à se coucher, puisqu'il est déjà en train de décliner à l'horizon. Ce qui veut dire que nous avons voyagé longtemps.
Nous passons les portes et arrivons dans un hall. Il est presque aussi imposant que la cour à l'extérieur. Mais contrairement à l'apparence austère des pierres, ici tout est d'un blanc immaculé. Le sol brille et parait si lisse sous nos pieds que je m'en veux ne serait-ce que de le fouler.
Face à nous, quelques mètres plus loin, un nouvel escalier et à la gauche et la droite de celui-ci, des volées de portes. Il y a au moins quatre pièces en tout, rien que dans la partie inférieure de cette aile du château. Ensuite, il y aura toutes celles se trouvant à l'étage supérieur, ainsi que ceux qui suivront...
— Suivez-moi, dit Evander. La Grande Duchesse vous attend depuis si longtemps.
— Je n'irai nulle part tant que vous n'aurez pas répondu à mes questions.
Là seulement, il s'arrête et c'est bien la première fois que je lui vois un air fatigué sur le visage.
— Ce n'est pas à moi de le faire, Princesse. C'est la Grande Duchesse, qui détient les informations que vous désirez.
Il reprend ensuite sa marche, comme si de rien n'était, et passe à côté des escaliers pour s'approcher d'une des grandes et lourdes portes à l'opposé de là où nous sommes entrés. Deux personnes sont installées devant celles-ci et nous ouvrent en nous voyant arriver.
De l'autre côté, une sorte de réplique du hall. Tout est si blanc, si majestueux... La première chose qui attrape mon regard est ce trône. Il se dresse au-dessus de quelques petites marches, surplombant le reste de la pièce. Pleine de monde, cet endroit à lui seul pourrait contenir tous les habitants de mon village. Fois deux, d'ailleurs !
Pourtant, tout est vide. Il n'y a que les murs, le trône, les chandeliers et quelques bougies, disposées çà et là. Il n'y a pas âme qui vive, hormis nous...
Et cette femme, se tenant près des larges fenêtres, en retrait, derrière l'imposant fauteuil. Elle est dos à nous, et parait plus intéressée par ce qu'il se passe dehors que par ce qu'il se passe autour d'elle. Ses mains sont nouées devant elle, son dos est droit comme la justice, allant de pair avec ses cheveux bruns foncés, attachés en un chignon compliqué, emmêlé à des tresses. La robe qu'elle porte à l'air aussi magnifique que désagréable à supporter. D'un rouge profond, d'ici elle a l'air presque noire tant elle est sombre.
— Votre Altesse ? commence Evander, afin de lui annoncer notre présence.
Cela suffit à la tirer de ses pensées et elle tourne la tête. D'abord, son regard se fixe sur Evander, avant de passer sur Nami, Elion... terminant sa course sur moi. Là, son corps pivote tout entier dans notre direction et son visage, qui a été un masque de froideur durant un court instant, se détend instantanément. Elle empoigne alors les pans de sa robe, dont le tissu doit être lourd et les soulève légèrement, afin de pouvoir descendre les quelques marches sans se prendre les pieds dans son vêtement et risquer de tomber.
C'est ensuite elle qui comble les quelques mètres nous séparant et elle me prend totalement par surprise en tendant ses bras vers moi, avant de m'attirer en une étreinte puissante. J'en ai même le souffle coupé, et ne peux que rester figée.
— Te voilà enfin, ma chère enfant.
Ses mots, murmurés à mon oreille, me font l'effet d'une véritable déflagration.
Elle reste comme ça pendant quelques secondes encore, avant de se décider à me lâcher. Ses yeux sont humides, un peu rougis, je le devine à cause de l'émotion. Pourtant, je ne comprends pas plus la situation.
— Tu as fait du bon travail, Evander. Merci d'avoir ramené Alora.
Il s'incline tout en fermant les yeux, en signe de profond respect.
Comment se fait-il que je sache ça, au juste ?
Je n'ai jamais eu à faire la révérence de ma vie !
— Merci, Majesté.
— Excusez-moi, dis-je en espérant ne pas avoir l'air irrespectueuse. Mais, qui êtes-vous ?
Evander est pris d'une quinte de toux, mais contre toute attente, la Grande Duchesse ne prend pas mal ma question, car elle va même jusqu'à sourire.
De petites rides apparaissent au coin de ses yeux et de sa bouche, montrant qu'elle est bien plus âgée que nous.
Enfin, au moins autant que Nami, Elion et moi, car Evander nous a avoué avoir plusieurs centaines d'années au compteur !
— Tu dois effectivement avoir beaucoup de questions. Je suis navrée que nous nous rencontrions dans de telles circonstances. Je t'expliquerai tout, bien sûr.
Son regard tombe sur mes amis et elle poursuit :
— Oh, je suis désolée, je manque à tous mes devoirs ! Vous êtes bien évidemment ici chez vous. Mes domestiques vont préparer des chambres, des vêtements, ainsi que de quoi vous laver et vous restaurer.
Ils n'ont pas l'air très à l'aise et je ne le suis pas plus qu'eux, d'ailleurs. Les portes s'ouvrent à nouveau, comme si elle avait été entendue de l'extérieur et une femme aux allures strictes, fait son entrée. Elle est suivie de près par deux autres personnes, qui elles ont l'air d'être plus jeunes que nous et impressionnées d'être en notre présence.
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Hello !
Le mystère s'épaissit, non ?! 👀 Que font-ils là et qui est réellement cette femme ?
À très vite pour la suite !
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