Lorsque nous arrêtons de courir, il fait nuit. La forêt est dense, mais nous avons fait comme mon père l'a indiqué et avons suivi le Lac du Serpent. Durant notre course, nous n'avons pas une seule fois, entendu les cris des soldats, ni même le bruit de leur pas nous poursuivant. Pourtant, nous n'avons pas osé nous arrêter, de peur que cela arrive. Maintenant, nous sommes à bout de force. Nos vêtements sont trempés par la sueur et mes cheveux collent contre mon corps, d'une manière très désagréable.

— Les Montagnes sont encore loin ? demande Nami, tout aussi essoufflée que son frère et moi.

— Je ne sais pas trop, mon père m'a simplement dit de suivre le Lac, sur plusieurs heures de marche.

Je distingue sa moue boudeuse. Elle qui n'a jamais aimé marcher, voilà qu'elle doit faire un marathon, aujourd'hui !

— Nous devrions nous arrêter, non ? Au moins histoire de faire une pause ?

J'opine, jugeant que nous sommes suffisamment loin, maintenant. Nami fait alors signe à Elion de s'arrêter de marcher et il en a l'air également reconnaissant. Nous sommes tous épuisés et méritons bien un petit moment pour souffler.

Je prends au creux de ma main un peu d'eau du lac et nettoie les traces d'acier qui ont, depuis le temps, séché sur ma peau. Je mouille ensuite ma nuque, mes bras et mon visage, ce qui me fait un bien fou. Du coin de l'oeil, je vois mes amis m'imiter et nous allons ensuite nous installer contre des arbres, à l'abri des regards.

— Donc, commence Nami. Tu es une Sang d'Argent.

— Mmh... Depuis quand es-tu au courant ?

— Qui, moi ? Comment est-ce que tu...

— Tu as été surprise, mais tu n'as pas relevé les conséquences de mon action. Tu n'as pas posé plus de questions et surtout, tu ne m'a pas regardée avec des yeux de merlan frit, contrairement à Elion.

Je marque une pause, avant de poursuivre :

— Je pense donc que tu savais déjà. La question est... depuis quand ?

Soudain, je vois dans la pénombre, Elion tapoter le bras de sa soeur, c'est ainsi que je comprends que, le pauvre n'a rien pu suivre de la conversation, puisque nous ne signons pas et qu'il ne peut pas lire sur nos lèvres.

Je tends alors ma main et me concentre. Là, une petite flamme apparait sur ma paume. D'abord légère, elle devient de plus en plus grande, jusqu'à fait la taille de l'endroit où elle est posée.

Les yeux de Elion s'écarquillent et Nami se redresse, prise par surprise. Mais encore une fois, elle n'a pas l'air si étonnée. Ses yeux trouvent alors les miens et elle pousse un soupir, avant de signer :

« Je t'ai vue faire de la magie, il y a quelques années. »

— Quelques années ?

Elion s'exclame les mêmes mots à l'aide de ses mains, alors que je prononce les miens à voix haute.

« Je venais te voir à la ferme et je t'ai vue faire tomber ton balai par terre... Sauf qu'au lieu de le ramasser, tu as tendu la main et il a juste... volé jusqu'à toi. »

C'est un petit tour de passe-passe que je fais depuis bien longtemps, mais je n'aurais jamais pensé qu'elle aurait pu me voir en pleine action ! Je baisse ma main et la flamme reste en lévitation, ce qui abasourdit encore une fois Elion.

« Pourquoi n'as-tu rien dit ? » demandé-je alors.

« Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise ou... je ne sais pas, peut-être que j'avais mal vu ? Et puis, comment j'étais censée t'annoncer ça, au juste ? Si tu ne m'as pas dit la vérité avant, c'était sans doute pour une raison, je me trompe ? »

Mon coeur se serre. Loin de moi l'idée qu'elle pense que je manque de confiance en elle. Parce que ce n'est pas le cas, du tout.

« Si je n'ai pas voulu te le dire, c'était pour te protéger. Seuls mes parents sont au courant et c'est déjà bien assez. Il n'arrive que de mauvaises choses aux personnes gardant les Sang d'Argent cachés, et tu le sais. »

« Bien sûr que je suis au courant. Mais j'ai toujours espéré qu'un jour, tu me mettes tout de même dans la confidence. »

Là, Elion nous regarde tour à tour, avant de dire :

« Moi, je trouve ça cool. Tu as vu comment tu as fait fondre cette épée ! Comment t'as fait ça ? »

Il sort ensuite l'arme de son propre sac et la pose entre nous. La moitié de lame scintille faiblement à la lumière de mon feu.

« Je n'en ai pas la moindre idée, à vrai dire. Je sais que je peux déplacer des choses par la pensée, faire apparaitre le feu et l'avoir sur moi sans qu'il ne me brûle... Je peux faire bouillir du liquide aussi. Mais je ne sais pas encore quelles sont mes réelles aptitudes ou jusqu'où va l'étendue de mes pouvoirs. »

Mes amis restent ébahis, ce qui me fait pouffer de rire.

« Nous ferions mieux de dormir un peu et de repartir au lever du soleil. Une fois dans les Montagnes Abandonnées, nous pourrons penser à un meilleur plan », poursuivis-je.

« D'accord, alors faisons des roulements. Je prends le premier quart. », annonce Nami.

« Tu es sûre ? »

« Certaine. Repose-toi, je vous réveillerai si j'entends quoi que ce soit. »

Je m'autorise alors à fermer les yeux, malgré l'appréhension qui me tiraille le ventre. Et malgré tout, je ne tarde pas à trouver le sommeil, qui m'emporte rapidement.

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Hello !

Beaucoup de parties en langage des signes, dans ce chapitre ! J'espère que c'était assez compréhensible pour vous, niveau mise en page 😊

À très vite pour la suite !

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