« Ne me réveille pas »

Et j'ai couru en évitant de trébucher dans les escaliers. Elle attendait déjà sous le porche quand j'ai ouvert la porte et j'ai passé mes bras autour d'elle. Elle rit à mon oreille et enfonça son visage dans le creux de mon cou en me tenant la taille. Elle était douce et chaude et son sweat-shirt Adidas sentait toujours le produit de lessive. Ma voix était étouffée par ses cheveux.

Tobin... Tu vas avoir tellement de problèmes, Tobin.

Elle me serra plus près.

J'ai déjà des problèmes, Lex. Je ne vois pas comment les choses pourraient empirer.

Ils pourraient facilement s'aggraver. J'étais tellement inquiète de ce qui pourrait lui arriver si sa mère voyait que son lit était vide. Je ne voulais pas qu'elle revienne à l'école avec des ecchymoses sur le corps.
J'ai secoué la tête.

Tobin, tu dois partir. Je ne veux pas qu'elle te fasse du mal.

Elle glissa ses mains dans mon dos, agrippant le tissu de mon tee-shirt trop grand.

Je ne peux pas y retourner, Lex. J'ai l'impression d'étouffer quand je suis là-bas.

Nous sommes restées là pendant quelques minutes, enroulées l'une autour de l'autre. Le froid dans l'air finit par m'atteindre, et Tobin suggéra que nous nous dirigions vers l'intérieur lorsque j'ai commencé à trembler. Nous avons monté rapidement les escaliers et nous sommes passées devant la porte de la chambre de la mère le plus silencieusement possible pour ne pas la réveiller. Tobin murmura :

Je me sens mal.

Ne le sois pas. J'ai fait des choses pires derrière son dos.

J'ai traversé une grande phase de rébellion. Mon père venait de partir et la relation entre ma mère et moi devenait de plus en plus tendue.
Ma mère faisait constamment des heures supplémentaires au restaurant local, puisqu'elle n'avait pas encore reçu la lettre qui lui permettrait d'entrer à l'école d'infirmières et qui changerait sa vie. Ça m'avait donné beaucoup d'opportunités pour mener des actes rebelles quand elle était hors de la maison.
Je ressentais un sentiment de satisfaction chaque fois que je faisais quelque chose que je savais qu'elle n'approuverait pas. Le sentiment était si euphorique que j'avais souvent ignoré mon sens de la raison pour le saisir.

J'avais fait beaucoup de choses stupides pendant cette période sombre, des choses pour lesquelles je n'étais pas forcément prête. J'ai bu ma première canette d'alcool dans notre arrière-cour. J'ai organisé une fête tellement sauvage que des gentilles s'y étaient présentés. Je suis allée assez loin avec une fille dont je ne me souvienais même pas du nom.

Je ne me suis pas réconciliée avec mon moi normal jusqu'à ce que des essais de football soient organisés. Il était clair pour moi que l'équipe n'accepterait pas une fille qui ne prenait pas au sérieux son rôle d'étudiante athlète. J'avais alors rapidement abandonné mon comportement rebelle et avais commencé à retrouver ma vraie personnalité. L’équipe avait vite compris que je n’étais pas une étudiant de première année insouciante qui avait agi pour attirer l’attention, et elles ont été ravies lorsque Jill m’a accordé une place dans l’équipe. J'ai réussi à terminer le semestre avec une très bonne moyenne et une réputation en or, ce qui m'a rendu beaucoup plus heureuse.

Une fois que nous sommes entrées dans ma chambre, Tobin s'est dirigée vers ma fenêtre ouverte et a commencé à étudier les étoiles qui décoraient le ciel sombre. La vue d'elle debout, stupéfaite, faisait dégager de la chaleur dans ma poitrine.

Tu veux qelque chose pour y dormir dedans ?

Ça lui a pris un moment pour se sortir de la transe dans laquelle elle se trouvait et me regarder.

Je peux tout simplement dormir dans ça, Lex.

J'ai fouillé dans le tiroir qui contienait mon pyjama et en sortis un short et un vieux tee-shirt.

Ou tu pourrais porter ça. Tu n'abîmeras pas tes vêtements repassés comme ça.

Elle les attrapa maladroitement quand je les lui ai jeté.

Merci. Je vais juste... hum... me changer dans les toilettes.

Je me suis allongée sur mon lit pendant que Tobin se changeait et j'ai fixé mon plafond. Il était très difficile de penser à rien quand votre crush enlevait ses vêtements de l'autre côté d'une porte d'à peine quelques centimètres d'épaisseur.
Elle est vite revenue et s'est couchée à côté de moi.

Tout va bien ?

Ouais, ses yeux menaçaient de m'engloutir. J'ai juste beaucoup de questions.

Tobin sourit légèrement.

Moi aussi.

Et puis nous avons parlé, et parlé, et parlé. Je lui ai raconté ce qui s'était passé cette nuit-là et ma voix tremblotait lorsque j'ai expliqué comment Servando m'avait embrassé avant que je ne puisse l'arrêter. Je m'attendais à ce qu'elle soit dégoûtée, mais son expression resta aussi douce que jamais. Elle murmura que ça allait, elle me passa même le pouce sur la joue pour me réconforter. J'avais supposé qu'elle ne voudrait pas me toucher après ce que je venais de lui raconter.

Tobin était rentrée à la maison cette nuit-là et avait pleuré jusqu'à ce que le sommeil la conquiéra. La pensée qu'elle ait été si misérable à cause de moi m'a fait sentir comme une merde sans valeur. Elle a expliqué comment elle avait passé le week-end à s'isoler dans sa chambre et à se demander comment je pouvais avoir des sentiments pour un tel crétin. Mon milieu de terrain préféré passa une bonne minute à préciser à quel point il était idiot et présomptueux, ce qui me faisait rire si fort que mes côtes commencaient à faire mal.
C'était étrange comme il y a quelques instants j'étais remplie de culpabilité et que maintenant j'étais consumée par le bonheur.

Une fois, en classe de français, il a demandé à Mme Foudy où se trouvait le Canada. Elle a dû lui montrer une carte de l’Amérique du Nord.

La conversation est devenue sérieuse lorsque Tobin s'est rendu compte soudainement que toutes ses questions avaient été répondues grâce à une vidéo qu'elle avait reçue dimanche soir. J'ai automatiquement su qu'elle parlait de la même séquence que celle envoyée à Kelley, mais je l'ai laissé terminer avant de déclarer ça. Elle révéla que la vidéo lui avait été envoyée par un numéro anonyme et elle montrait Servando outrepassant les limites.
Mon langage corporel dut révéler que le souvenir de ce qui s'était déroulé sous ces gradins me mettait mal à l'aise, car elle n'a pas précisé ce que signifiait dépasser les limites.
Ses sourcils se froncèrent.

Je suis tellement désolée, Lex. J'aurais du t'écouter. Tu essayais de me dire ce qui s'était passé et j'étais tellement en colère...

J'ai secoué la tête.

Tu n'as pas à t'excuser pour quoi que ce soit, d'accord ? Tu n'avais aucun moyen de savoir ce qui se passait vraiment.

Tobin me regarda avec désespoir et m'informa que la vidéo avait disparue, quand le proviseur était de plus en plus irrité et avait laissé tomber son téléphone dans une tasse de café chaud lorsqu'elle avait essayé de la lui montrer après le combat. La dévastation côtoyait ses traits alors qu'elle expliquait à quel point elle se sentait impuissante, et j'ai eu la brève envie d'étrangler l'homme qui dirigeait Diamond Bar High avec mes mains.
Avant qu'elle ne puisse se décourager face à son incapacité à conserver le métrage qui avait le pouvoir de tout arranger, j'ai saisie sa main, qui se trouvait sur la couverture entre nous. Elle s'est tu rapidement, son expression devenant aussi hypnotisée que quand elle avait regardé les étoiles.

J'ai la vidéo.

Elle est restée figée par le sensation de ma main dans la sienne et sa voix était celle d'un rêveur.

Quoi... ?

Je souris légèrement, en partie parce qu’elle était une idiote et en partie parce que l’espoir commençait à gonfler en moi.

J'ai la vidéo, Tobs. Je l'ai, Kelley l'a, la personne au hasard qui a décidé de nous l'envoyer l'a.

Elle cligna rapidement des yeux quand ce que je dis lui remonte au cerveau.

Je pensais... je pensais qu'il ne l'avait envoyé qu'à moi.

J'ai remarqué qu'elle était incroyablement mignonne quand elle était déconcertée.

Quelqu'un ne veut pas que cet incident soit enterré. Il fait tout ce qu'il peut pour nous aider.

Elle a pris un moment pour digérer cette information et exhala, amusée et soulagée.

J'ai failli être sous le choc quand il a laissé mon téléphone dans cette tasse. C'était comme s'il me coupait la vie.

Je me suis rappelée de comment il avait menacé de virer ma mère.

Il est tellement con.

Il l'est vraiment, elle posa son coude sur l'oreiller sous elle et utilisa sa main pour soutenir sa tête. Tu veux savoir quelque chose d'intéressant ?

J'ai acquiescé.

Vas-y.

Sa femme s'est arrêtée alors que j'étais dans son bureau pour lui apporter son déjeuner. C'était dans cette boîte à lunch en métal Captain America, comme ce que les enfants utilisaient dans les années soixante. Il a commencé à en tirer des en-cas et à les déposer sur son bureau. Il y avait une tasse de yaourt, une barre de céréales, des biscuits qui avaient l'air faits maison. La scène entière était en fait assez mignonne jusqu'à ce qu'il la gâche. Elle lui avait préparé un sandwich à la dinde et il a eu l'audace de lui dire qu'elle avait mis beaucoup trop de mayonnaise dessus. Puis il l'a regardé et l'a jeté à la poubelle près de son bureau.

Une vague de sympathie m'envahit alors que j'imaginais à quel point sa femme a dû se sentir horrible. Il était évident que le directeur aimait traiter les gens comme de la merde, mais j’avais supposé qu’il traitait ses proches différemment.

C'était difficile à regarder. Ses yeux se sont posés plusieurs fois sur moi et je pouvais dire qu'elle était gênée, mais elle n'avait pas le courage de le discipliner. Elle s'est juste excusée et lui a demandé ce qu'il voulait pour le dîner.

La pensée d'elle se tenant là, compliante, me faisait mal à la poitrine. Elle était probablement habituée à avoir son esprit abattu maintenant. Je me demandais si les choses étaient différentes quand ils étaient jeunes mariés, s'il lui apportait des fleurs, lui préparait le dîner et la traitait comme si elle était la reine du monde. Peut-être qu'elle voyait toujours ce bon gars quand elle le regardait, et c'était ce qui l'avait incitée à lui préparer un déjeuner tous les jours. Elle continuait à lui transmettre son affection en espérant qu'il commencera à lui en donner en retour.
Elle me rappellait un personnage dans une tragédie ; ses intentions étaient pures, mais le désastre était inévitable.

J'espère que je ne finirai jamais comme elle.

Tobin hésita tellement que j'ai commencé à penser qu'elle n'allait pas répondre.

Je peux te promettre que tu ne finiras pas comme ça.

Elle regarda nos mains enlacées alors que les mots lui tombaient des lèvres. Une chaleur se répandit dans ma poitrine quand j'ai compris qu'elle était trop nerveuse pour me regarder. La délicatesse de sa voix fit en sorte que les papillons remplissaient mon estomac et que la chaleur engloutissait mes joues. C'était une phrase simple, mais ses paroles étaient si lumineuses et si vastes que le bonheur commençait à me submerger.

C'était incroyable de voir combien de mots pouvaient vous affecter quand ils étaient dits par la bonne personne.

—————

Nous avons encore passé quelques minutes à parler d'OST avant de décider de passer à autre chose. La fin de notre stratagème l'a fait rire si fort qu’elle a failli rouler sur le bord du lit et tomber. Elle a dû haleter pour reprendre son souffle.
J'ai éteint les lumières lorsque le réveil sur le bureau à côté de mon lit indiquait dix heures quarante-sept du soir, mais je ne parvenais pas à me calmer suffisamment pour m'endormir.
Des pensées persistantes continuaient de me traverser l'esprit, réclamant toute mon attention.

Tobin Heath est dans mon lit.
Est-ce qu'elle pense à moi ?
Sait-elle que je ne porte pas de soutien-gorge ?
Est-ce qu'elle porte un soutien-gorge ?
Pourquoi je pense à ses sous-vêtements ?

Elle avait le dos face à moi et je voyais que son tee-shirt lui remontait sur le dos, laissant apparaître u sa peau bronzée. J'ai légèrement souri et ai tendu la main, tirant délicatement le bas de son haut.

Je voulais sombrer dans l'inconscience avec sa main dans la mienne. Je voulais enrouler mes bras autour de son torse et la tirer contre moi, me recroquevillant autour d'elle. Je voulais murmurer à son oreille que j'étais amoureuse d'elle.

Je suis sortie du lit avant que mon imagination ne puisse trop dériver et me suis dirigée vers la salle de bain pour m'éclabousser de l'eau froide sur le visage. Le liquide m'a permi de penser plus clairement, mais il n'éliminait pas Tobin de mes pensées. Je me regardais dans le miroir et j'ai serré mes lèvres, pensant à quel point l'idée qui se formait dans mon esprit était folle.

Quand j'ai fermé les yeux, des souvenirs me sont revenus à l'esprit comme si une lumière stroboscopique les illuminait.
J'ai vu Tobin se pencher sur moi, les yeux écarquillés, alors qu'elle pressait sa flanelle contre mon front saignant. Je nous voyais assises à une table à l'intérieur de Cold Stone, en train de rire et de nous mettre des cuillerées de crème glacée dans la bouche. Je la voyais me prendre la main et murmurer que je n'avais pas besoin de changer. Je l'ai vu esquiver des défenseures alors qu'elle montait sur le terrain avec une balle aux pieds. Je l'ai vu penchée sur un cahier de calcul avec ses lunettes, griffonnant rapidement des équations sur un morceau de papier quadrillé. Je nous voyais nous enlacer dans les vestiaires avant le match de championnat CIF. Je nous voyais danser lentement sur une chanson des années soixante dans mon salon. Je me suis vu gribouiller son nom dans mon cahier au lieu de prendre des notes pendant les cours de français. Je l'ai vu, levant les yeux vers les étoiles, expliquant les origines de différentes constellations. Je la voyais se battre pour garder sa voix ferme alors qu'elle me demandait de sortir avec elle.

J'ai toujours eu peur de ruiner la relation privilégiée que nous avions déjà. Mais je n'avais plus peur.

Au lieu de cela, j'ai fermé la porte aussi silencieusement que possible et je suis retournée au lit, où Tobin s'est replacée sur le dos. Les contours de son visage étaient recouverts d'ombres, mais le clair de lune infiltrant la pièce me permettait de discerner tous ses traits. Sa mâchoire était détendue et ses cils étaient si longs qu'ils lui frôlaient les pommettes. Elle était si belle que ça faisait mal. Je suis assise sur le bord du lit et me suis penchée, mes lèvres effleurant son oreille quand j'ai murmuré :

Tobin. Tobin, réveille-toi.

Elle remua, ses yeux s'ouvrirent, puis se sont élargis de surprise quand elle a vu à quel point j'étais proche d'elle.

Lex ? Quelque chose ne va pas ?

J'ai secoué la tête et le reste du monde est tombé dans le silence.

Non. Tout est parfait.

J'ai saisi sa nuque et me suis avancée vers elle. Était-il possible pour quelqu'un d'avoir l'air confus et complètement conscient en même temps ? C'est comme si elle savait ce qui allait se passer mais avait tellement de mal à croire qu'elle se persuadait qu'elle devait avoir tort.

Et puis on s'embrassait.

Pendant quelques instants, le fait que d'embrasser Tobin Heath m'a submergée et je ne pouvais rien ressentir. C'était comme si mon esprit hurlait quelque chose d'incompréhensible et que le bruit m'empêchait de me concentrer sur mes sens. Cependant, mes endorphines se calmèrent rapidement et la chaleur commença à voyager de mes lèvres électrisées à ma poitrine palpitante. Ses mouvements étaient prudents et timides, sa bouche effleurant à peine la mienne. Ses lèvres étaient douces, si douces qu'elles paraissaient comme un lit de plumes. J'ai glissé mes doigts dans ses cheveux et ai joué avec, ce qui la poussa à faire un bruit très attrayant et à m'embrasser un peu plus fort. La dopamine et l'ocytocine inondèrent mon système si rapidement que j'ai été prise de vertige.
Tout ce que je pouvais penser, c'était : Tobin, Tobin, Tobin.

Nous nous embrassions jusqu'à ce que nous ayons besoin de stocker de l'air, puis nous nous réembrassions jusqu'à ce que nos lèvres soient trop fatiguées pour bouger et que notre cerveau soit rempli de petits nuages.
Quand nous nous sommes séparées et que nous ne pouvions plus garder les yeux ouverts, j'ai passé mes bras autour de son torse et posé ma tête sur sa poitrine. Je pouvais entendre ses battements de cœur palpiter des millions de fois à la minute.

La fille de mes rêves posa un doux baiser sur mon front et tira les couvertures sur nous. Tobin murmura :

Ne me réveille pas, Lex.

L'épuisement me tira de la surface comme un requin, et j'étais d'accord avec ça. J'avais l'impression que beaucoup de nuits comme celle-ci viendrait. J'ai fermé les yeux et souri, me sentant plus légère que jamais.

Tu n'es même pas encore endormie, Tobs.

—————

Tobin décida de partir avant que je ne retourne à l'école le lendemain matin. Elle choisit d'utiliser la fenêtre comme sortie puisque ma mère préparait le petit-déjeuner en bas. L'odeur de bacon avait dérivé dans les escaliers et entre les fentes qui bordaient ma porte. Le rebord de la fenêtre semblait lui couper le corps en deux.

Peut-être que je devrais revenir encore ce soir ? Je pourrais ramasser des films, des collations...

J'ai secoué la tête et me suis penchée en avant pour embrasser sa joue.

Si ta mère ne te tue pas avant que tu en aies la chance.

Elle rit, mais j'ai cru apercevoir la peur traverser ses yeux. C'était déjà parti avant que je n'ai pu en être sûre.

Je suppose que je vais devoir attendre de revenir à l'école pour te voir.

Sa suspension se terminait demain.

Tu n'attendras pas longtemps.

Elle haussa les épaules.

Le temps est subjectif.

Au lieu de filer dans mon cerveau avec facilité, cette déclaration particulière a été prise dans une toile. Je n'avais jamais pensé au temps comme étant subjectif. En fait, j’ai toujours pensé que le temps était très objectif, son dépassement étant mesurable et indiscutable.
Avant que je ne puisse dire cela, Tobin se releva et appuya ses lèvres sur les miennes.
Toutes mes pensées se désintégrèrent instantanément et ont été remplacées par le même sentiment chaud et lourd qui m'a consumé la nuit dernière. J'ai souri et glissé mes doigts dans ses cheveux, savourant chaque aspect de ce moment. J'étais tellement perdue avec elle que, lorsqu'elle s'est dégagée, je me suis sentie perdue dans le monde qui m'entourait. Tobin était assez proche pour que je puisse entendre les bas mots sortant de sa bouche.

Je n'aurais jamais pensé que tu pouvais tomber pour moi, Lex.

Tomber pour toi ? elle hocha la tête et son expression démoralisée me faisait mal au cœur. Pourquoi penses-tu que tu ne le mérites pas, Tobin ?

Elle baissa les yeux.

Je ne pourrais jamais te mériter, Alex. Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un dans le monde qui mérite de ton temps.

J'ai ouvert la bouche pour protester contre cette revendication, mais la voix de ma mère m'est parvenu avant de pouvoir émettre un son.

Alexandra ! Viens ici avant que ton petit-déjeuner ne soit froid !

Tobin me fit un triste sourire.

C'est mon signal de départ.

Malheureusement.

J'ai embrassé son front, ce qui a fait que son sourire doux s'est transformé en un véritable grand et beau sourire.

Reste en sécurité, d'accord ?

Ne t'inquiète pas, Lex. J'ai pris des cours de karaté quand j'étais en troisième année. Je saurais me débrouiller si quelqu'un voulait essayer de m'embêter.

Des images d'elle avec une expression rageuse et des mains ensanglantées sont apparues dans mon esprit et je les ai repoussées rapidement. Cette facette de Tobin était si différente de celle qui était devant moi, celle qui m'a tenu pendant que je dormais et qui m'a embrassé du plus doux des lèvres. Je l'ai regardé se laisser tomber sur le sol et, avant qu'elle ne puisse quitter ma pelouse, j'ai crié :

Tobin ?

Elle se retourna, inquiète.

Oui, Lex ?

Nous devons encore reporter ce rendez-vous.

—————

OST (Opération Sauvons Talex)
Phase 2 - Exposé

Maintenant que nous avions la preuve de la transgression de Servando, nous devions déterminer quoi en faire.
Kelley voualit publier la vidéo sur Instagram afin que toute l’école puisse voir à quel point il était cinglé et exiger qu’il soit puni de manière adéquate. Bien que je trouvais cette idée ingénieuse, j'étais incapable de négliger l’un de ses aspects les plus imparfaits : il aurait fallu que nous publiions un extrait de mon agression et il aurait été extrêmement difficile de limiter sa propagation. Internet immortaliserait l'incident.
Kelley a été compréhensive et s'excusa quand je lui ai expliqué cela et nous recommencions à réfléchir.

Peut-être que nous devrions montrer la vidéo à Mme Foudy.

Kelley et moi nous sommes tournées pour regarder Christen, qui était assise à la table derrière nous. Nous avions toutes les trois trigonométrie et, bien que l'enseignant nous ait demandé de travailler sur un projet de groupe prévu pour la semaine prochaine, nous avions décidé d'utiliser ce temps pour discuter de la prochaine phase d'OST.

Je veux dire, elle a dit qu'elle était prête à aider Tobin. Et je ne pense pas qu'on ait une meilleure idée.

Collaborer avec un enseignant ne semblait pas très attrayant et l'expression douteuse de Kelley révélait qu'elle aussi pensait la même chose. Foudy était peut-être l’une des rares enseignantes de Diamond Bar High à se préoccuper du bien-être de ses élèves, mais elle restait une adulte. Elle ne voudra probablement pas faire équipe avec des adolescentes et s’engager dans une opération susceptible de la faire virer.

Allez les filles. Ça vaut le coup.

Kelley secoua la tête.

Je ne pense pas que nous devrions impliquer Foudy dans tout ça. Nous conspirons contre le gars qui signe ses chèques de paie.

Christen se frotta la tempe, exaspérée par notre résistance.

Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre que la parfaite stratégie apparaisse dans l'une de nos têtes. Si nous ne trouvons pas le moyen de mettre fin à la suspension sportive de Tobin, nous allons perdre notre match contre Huntington la semaine prochaine. Nous devons jouer avec confiance et ça n'arrivera pas si notre meilleure milieu de terrain sera dans les tribunes. Je ne suis pas impatiente de montrer quoi que ce soit à Foudy non plus, mais nous sommes un peu désespérées à ce stade là.

Bien que nous considérions Citrus comme notre plus grand rival, notre histoire avec Huntington était riche en intensité.
Au cours de ma première année, elles nous ont massacrés lors de la quatrième ronde des séries éliminatoires de la CIF, ce qui nous a empêché de nous qualifier pour le match de championnat. Les rôles ont été inversés l’année dernière, alors que nous les avions vaincus en demi-finale et que nous jouions contre Citrus pour la coupe du championnat.
Cette équipe était composée de filles qui jouaient au football depuis... toute leur vie en fait, et qui avaient soif de remporter un titre de champion.

Le match de la semaine prochaine sera rude, car les deux équipes avaient le sentiment d'avoir quelque chose à prouver. Je savais que Christen avait raison. Tobin apportait à l'équipe une magie inestimable.

Sans elle sur le terrain, nos chances de remporter une victoire contre Huntington sont minces.

Les deux m'ont regardée. Elles savaient que la décision me revenait, puisque j'étais celle qui allait souffrir si la vidéo finit entre de mauvaises mains. J'ai soupiré.

Bien. Nous irons voir Foudy après la septième heure.

Christen se pencha en arrière et sourit, satisfaite de mon verdict. La figure glaciale de Kelley montrait qu'elle n'était pas contente, mais elle n'a pas essayé de me dissuader.
Nous avons essayé de commencer notre travail, mais aucune d’entre nous n'était en mesure de comprendre les chiffres que nous avions devant nous. Les équations consistaient de lettres en italique et de symboles qui ressemblaient à des caractères d'un alphabet étranger. Kelley poussa son manuel vers l'autre bureau.

L'une de vous deux a-t-elle eu des nouvelles de Toby ?

Christen dit non et je n'ai rien dit. J'ai essayé d'être désinvolte, parce que le corps chaud de Tobin sous le mien me faisait sourire et rougir involontairement. Les yeux de mes amies se sont élargis quand elles ont réalisé que j'ai été en contact avec le quatrième membre de notre quatuor.

D'accord, d'accord, elle est peut-être passé chez moi hier soir.

Les questions ont déboulé de leur langue comme des pistolets. Au moment où j'ai fini de raconter les événements de la nuit dernière, leur bouche restèrent bées.

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