« Il y aura toujours la saison prochaine »
- Deux mois plus tard -
Kelley stationna la berline rouge de son père dans l'allée et passa sa tête par la fenêtre. Elle portait des Ray-Bans et ses tâches de rousseur ressortaient au soleil.
- Aller, Janice, on va être en retard !
Jai sauté sur la banquette arrière, empêchant soigneusement mon bras en bandoulière de frapper quoi que ce soit. Tobin a directement souri quand elle m'a vue, et s'est penchée pour embrasser ma joue.
J'ai pointé son attelle.
- T'as l'air assez sexy dans cette attelle.
Elle sourit bêtement et pointa à son tour mon bras attelé.
- Le couple le plus sexy de Diamond Bar High, tu te souviens ?
Kelley nous regarda à travers le rétroviseur central.
- Gardez vos flirts privé. Je ne veux pas que mon innocence soit corrompue.
Je me moquais d'elle et lui ai frappé gentiment l'épaule.
- De quelle innocence tu parles ? Tu m'as appelé la nuit dernière pour me dire que tu avais enfin eu une relation avec... je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'elle me coupa avec un « shh » alarmé.
- Ce sont des informations confidentielles, Morgan, dit-elle, me faisant rouler des yeux.
- Ce n'est un secret pour personne que vous vous intéressez l'une à l'autre mutuellement.
Kelley ne dit rien d'autre, et je savais que son silence pouvait être du à sa réticence à admettre qu'elle avait réellement des sentiments pour un autre être humain. Elle avait toujours eu peur de donner ce genre de pouvoir à quelqu'un, même si je doutais fort que la personne à qui elle s'intéressait actuellement puisse profiter de son dévouement et de son amour.
Kelley s'arrêta sur le parking réservé aux étudiants et se gara juste à côté de la voiture d'Ali. Nous sommes sorties hors du véhicule et nous nous dirigions vers la cour, où nous avons trouvé le reste de l'équipe traînant près de la bibliothèque.
Pinoe fut la première à nous remarquer.
- Hey, nos estropiées préférées !
Ali lui frappa l'arrière de la tête, la faisant grimacer et repenser à son choix de mots.
- Je veux dire, notre couple préféré ! Au fait, vous savez quand est-ce que vous allez être de retour sur le terrain ?
Tobin secoua négativement la tête.
- Je serai coincée dans cette attelle pendant encore un mois.
- Et je ne pourrai probablement pas jouer jusqu'à la fin de la saison, je souriai tristement à l'équipe pour m'excuser. Le médecin a dit que mon épaule ne serait pas complètement guérie avant l'été.
J'avais peut-être réussi à redorer le nom de Tobin en prouvant que son attaque contre Servando était justifiée, mais le footballeur avait tout de même trouvé le moyen de gâcher notre saison.
Les pompiers qui étaient arrivés sur le parking de l'école, durant cette nuit pluvieuse d'il y a deux mois, avaient immédiatement remarqué qu'il n'y avait pas de feu à éteindre. Et en nous voyant sortir de l'aile E, Tobin et moi, ils avaient conclu que quelque chose de très inquiétant s'était produit et avaient appelé une ambulance.
Les ambulanciers avaient immobilisés nos membres blessés et nous avaient envoyées à l'hôpital rapidement.
J'étais réticente à l'idée de lâcher la main de Tobin lorsque les infirmières avaient voulu nous séparer pour nous emmener dans des salles différentes, mais elle m'avait assurée qu'elle viendrait me chercher le plus tôt possible et j'ai compris qu'elle serait en sécurité, que je n'avais pas besoin de la protéger plus.
Ma mère était arrivée après la radiographie de mon épaule. Elle était toujours dans sa blouse ; elle m'a dit un peu plus tard qu'elle participait à une opération chirurgicale lorsque sa patrone l'avait informée de mon admission.
Partir au milieu d'une opération chirurgicale était impensable. Elle a donc dû attendre que la patiente soit recousue avant de me venir me voir.
L'image de mon os brisé était suspendue au mur comme une mosaïque et ma mère a pris un moment pour l'étudier lorsqu'elle est entrée dans la pièce.
- Tu sais, la dernière fois que tu as été à l'hôpital, les médecins craignaient que tu tombes dans le coma. Une épaule cassée ne semble pas si mal.
J'avais ri à sa remarque.
- Toujours voir le bon côté des choses, maman.
Mme Heath était arrivée peu de temps après ma mère. Légalement, elle était toujours la tutrice de Tobin, et le personnel de l'hôpital devait suivre le protocole et l'appelait pour l'informer de ce qui était arrivé à sa fille.
Je n'ai été au courant de sa présence seulement parce que la porte de ma chambre était légèrement entrouverte et que je l'ai vue passer dans, ce que je supposais être, son pyjama. Mon estomac s'était tordu à sa vue, mais j'étais clouée au lit. Elle n'avait pas l'air fâchée ; elle avait l'air sincèrement inquiète. Ses yeux étaient rouges et gonflés, comme si elle avait pleuré, et ses pas étaient résolus.
Pendant un bref instant, je ne l'ai pas vu comme un monstre, mais comme une mère inquiète pour son enfant.
Les médecins nous ont dit que nous ne pourrions pas jouer au football avant un long moment, ce qui a dévastée l'équipe plus encore que ça ne nous a dévastées nous.
Elles avaient réussi à boucler la fin de ligue avec un record gagnant, mais les séries éliminatoires commenceraient la semaine prochaine, et une seule pensée se dégageait : l'équipe ne serait pas assez forte pour se rendre jusqu'en final de la Coupe des États-Unis avec Tobin et moi dans les gradins, et non sur le terrain.
Personne ne voulait le dire, parce que le dire rendrait la chose plus réelle, nous avons donc continué à prêcher que notre saison se terminerait bien, alors que le fait de savoir que notre équipe finirait par tomber sortait de nos têtes.
Ce n'était pas juste. Gagner le championnat d'État pour la deuxième année consécutive était notre objectif des mois bien avant le début de la saison, sauf que nous avions été bouleversées dans nos plans par un abruti sans aucun respect pour personne autre que lui-même.
Servando ne fréquentait plus le lycée de Diamond Bar, ni aucune autre école du district. Le comité de discipline avait accepté de tout cœur que l'expulsion était appropriée, en particulier après qu'il ait été reconnu coupable de nous avoir agressées Tobin et moi.
Mme Heath a soutenu qu'il devrait passer un peu de temps en prison à la suite de ses actions, mais même sa connaissance impeccable de la politique publique et sa réputation prestigieuse d'être l'une des meilleures avocates du pays n'a pas empêché le juge, un ami du père de Servando, de compatir avec l'accusé. Il a réussi à lui éviter l'incarcération, mais le juge avait cependant approuvé les deux ordonnances d'interdiction que Tobin et moi avons émises, empêchant ainsi réellement Servando de nous approcher de nouveau.
Ce fut sans doute le plus grand scandale qui ait jamais éclaté à Diamond Bar depuis longtemps. La mère de Tobin savait comment utiliser des moyens légaux pour garder secrets la plupart des détails de l'affaire, mais les locaux étaient en mesure de saisir la grande idée : Servando Carrasco avait fait quelque chose de très très mauvais.
L'humiliation publique et le scepticisme constant ont été trop difficiles à gérer pour lui et ses parents. Ils ont déménagé à San Diego il y a quelques semaines, et honnêtement, Tobin et moi étions heureuses de le savoir si loin. Nous avons considéré leur réinstallation comme un moyen de protéger leur fils des conséquences. Mais le Karma était une pute, et il le traquera.
Pinoe regarda par terre.
- Mec, c'est hum... c'est vraiment putain de dommage.
J'ai haussé les épaules, parce que je ne savais pas quoi faire d'autre.
- Ouais. Ça l'est.
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Notre premier match éliminatoire a eu lieu contre Santiago, l'une des équipes les plus dominantes du comté de Los Angeles. Je savais que cette équipe détenait des joueuses talentueuses parce que j'avais joué dans la même équipe que certains de leurs membres durant l'été.
Je les regardais depuis les tribunes, avec la main de Tobin dans la mienne, prendre la tête de la première mi-temps. Mon emprise se resserrait de plus en plus à mesure que nos coéquipiers tentaient sans succès d'égaliser le score avant le coup de sifflet final.
Perdre faisait partie de tous les sport, mais cela ne le rendait pas plus facile à accepter. Je dirais que les meilleures équipes étaient celles qui luttaient le plus avec l'acceptation de la défaite, comme s'étaient celles qui reviennaient avec une rage au ventre, avec quelque chose à prouver lors des revanches.
Tobin et moi descendions aussi vite que possible avec nos blessures invalidantes et faisions de notre mieux pour réconforter nos coéquipières, en particulier les plus jeunes. Les aînées m'enlaçaient avec efforts pour combattre ma déception, mais leurs gestes bien intentionnés ne faisaient que me contrariée plus.
Ce n'était pas comme ça qu'elles voulaient que leur dernière saison au lycée se termine. Elles voulaient un titre, et même si je savais que ce n'était pas de ma faute si j'avais dû passer ces quatre-vingt-dix dernières minutes dans les gradins, je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir responsable de leur incapacité à le remporter.
Pinoe m'a rattrapée sur le parking, après que Tobin m'ait dit au revoir et qu'elle soit partie avec Mme Foudy. L'attaquante était toujours dans son maillot de sport. Elle pouvait voir la consternation, la frustration et la culpabilité dans mes yeux. Elle s'est appuyée sur le capot de ma voiture et a tapoté le métal à côté d'elle, me poussant à venir m'asseoir à ses côtés.
- Tu veux savoir quelque chose, Babyhorse ?
Je n'étais pas d'humeur pour ses blagues, alors j'ai répondu d'une voix monotone :
- Quoi, Pinoe ?
Mon ton peu enthousiaste ne la dissuada pas.
- Tu te souviens quand mon équipe a battu la tienne quand je vivais encore à Anaheim ? Au premier tour des séries éliminatoires régionales ?
- Ce n'est pas la même chose. Nous avions quoi... dix ans ? Nous pouvions à peine courir avec le ballon sans trébucher.
- C'est exactement la même chose. On s'attendait à ce que vous remportiez la Coupe Régional, mais Kelley est tombée d'un arbre et s'est cassée la jambe deux jours avant le match. Ça ne te semble pas familier ?
J'ai levé les yeux au ciel, peu disposée à admettre qu'il existait bien un lien entre ce qui s'était passé quand nous étions jeunes et ce qui se passait maintenant.
- Légèrement.
Elle n'a pas pu s'empêcher de sourire, sachant qu'elle était en train de fendre mon caractère.
- Vous étiez absolument dévastés quand vous avez perdu le match.
- Les filles de dix ans pleurent pour tout. Nous étions passées à autre chose quelques semaines après.
- Ouais, mais que s'est-il passé quand la saison suivante est arrivée? Quand vous avez encore joué contre nous durant la Coupe ?
- Pourquoi est-ce important, Pinoe?
- Parce que vous nous avez annihilés pendant cette revanche. Abby a marqué deux buts en première période et tu as marqué aussi dans la seconde période. Nous n'avions même pas réussi à en mettre un au fond du filet.
- Je suis surprise que tu te souviennes de tout ça.
- Tu t'en souviens aussi. Je sais que tu t'en souviens.
Je ne dis rien. Je m'en souvenais, oui. Je m'en souvenais parce que ça signifiait beaucoup pour moi de battre l'équipe qui nous avait vaincues l'année précédente. C'était la saison où j'avais appris la valeur de ne jamais abandonner, de toujours rebondir après une défaite encore plus forte.
- Vous avez remporté le championnat régional cette année. Après que vous nous ayez battues, vous avez défoncées toutes les autres équipes du comté de LA.
Je ne dis toujours rien. Je n'avais pas à le faire ; je savais ce qu'elle essayait de dire, et je savais qu'elle avait raison. Elle savait que je savais qu'elle avait raison.
- Regarde, Babyhorse. Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu cette saison, mais ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose. Je veux dire, tu prévoyais de finalement sortir avec Toby ?
Un sourire se fraya un chemin sur mon visage.
- Non, tu ne l'as pas fait. Mais la merde a frappé la toile lorsque Ash a posté cette photo et quelques bons résultats en ont résulté, non ?
- Ouais, je répondis en hochant lentement la tête, c'est vrai.
- Les gens paniquent toujours lorsque des merdes arrivent, mais tu sais quoi ? Quand tout est fini, nous sommes plus fortes et meilleures parce que nous avons traversé ça, parce que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.
Pendant un long moment, aucune de nous ne dit rien. Je n'avais jamais pensé à Megan comme étant une personne perspicace, mais les mots sortis de sa bouche, les messages qu'elle tentait de transmettre, étaient tous très profonds.
- C'était juste une longue saison pour moi, Pinoe. J'imagine que j'aurais aimé que ça se termine mieux. Pas seulement pour moi, mais pour tout le monde.
Elle me regarda, de l'amusement dans ses petits yeux marrons.
- Ne te laisses pas abattre, Babyhorse. Il y aura toujours la saison prochaine pour se rattraper.
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- Un an plus tard -
Pour gagner un match de football, il fallait deux choses : être préparée et jouer.
- Tobin ! Le ballon, le ballon, le ballon !
J'ai contourné l'une des défenseuses de Northwood et j'ai continué de courir sur le terrain, en faisant de mon mieux pour rester au milieu. Le but était de plus en plus proche, mais mes adversaires se rapprochaient de moi.
Pinoe se démarquait des maillots adversaires à ma gauche, tandis que Tobin avançait également vers le but le ballon de foot au pied à ma droite. Mes jambes étaient en feu, mais cela me faisait seulement courir plus vite.
Le tableau de bord indiquait 1-1 et il ne restait plus beaucoup de temps. Si nous devions attaquer, c'était maintenant.
- Tobin ! Tobin, le ballon !
Elle me regarda un bref instant et envoya le ballon vers ma direction. Je me suis arrêtée pour l'intercepter et la footballeuse de Northwood a immédiatement fait la même chose en face de moi, prête à m'empêcher tous tirs dans la cage. Je me préparais à me battre pour la possession, mais le ballon ne nous est jamais parvenu.
Il flottait au-dessus de nos têtes, vers le poteau gauche, où se trouvait Pinoe. Elle a sauté au bon moment pour le toucher.
Les tribunes sont tombées complètement dans le silence lorsque il a été envoyé vers le but, au-dessus des mains du gardien, à quelques centimètres de la barre de la lucarne. J'ai soupiré avec la foule alors que je le regardais rebondir sur la barre transversale et atterrir aux pieds d'une joueuse.
Le coup de sifflet marquait la fin du temps réglementaire. Mes coéquipières et moi nous dirigions vers la touche, où Coach Ellis était, pour nous ressaisir avant le début des tirs au but.
Le destin de l'équipe reposait à présent entre les mains de Mallory, Christen, Morgan, Tobin et Pinoe. En tant que capitaine, j'avais du mal à accepter le fait que je devais rester assise et regarder les autres nous amener à la victoire, mais les tirs au but n'avaient jamais été mon point fort, et en prendre un n'aurait pas ce qu'il y avait eu de mieux pour l'équipe.
Celles qui ne tiraient pas formaient une chaîne à l'écart sur le terrain, les bras entrecroisés les uns sous et sur les autres.
Je tenais Kelley particulièrement proche de moi. C'était peut-être la dernière nuit que nous passions ensemble en tant que coéquipiers ; elle se allait se rendre à Stanford à l'automne et je pensais partir vers Berkeley. La fille qui était devenue ma meilleure amie parce qu'elle m'avait accidentellement tiré un ballon dans la tête lors de ma première séance d'entraînement en club allait se lancer dans sa propre aventure alors que j'allais m'aventurer ailleurs.
Elle m'a vu la regarder tristement.
- Je jure devant Dieu, tu ferais mieux de ne pas commencer à pleurer. Nous n'avons même pas encore gagné.
J'ai laissé sortir un rire tremblant et me suis reconcentrée sur le match. J'ai croisé les yeux de Tobin, et la sensation qui se formait dans ma poitrine est devenue plus lourde que d'habitude. La fille que j'aimais allait partir en Caroline du Nord en septembre pour intégrer la célèbre UNC.
Elle m'a fait un clin d'œil très bizarre, comme si elle avait quelque chose dans les yeux, et un peu de cette lourdeur s'en est allée.
Quelle idiote.
Mallory a commencé en première. La deuxième année avait beaucoup de pression sur les épaules, mais après un rapide coup d'œil et une profonde inspiration, elle a envoyé la balle dans le filet sans aucun problème.
La joueuse de Northwood qui passait après elle a réussi à faufiler le ballon devant Ash, nous empêchant de gagner un point d'avance.
Christen fit un pas en avant et Kelley s'est toute tendue
- Allez, Chris. Tu vas le faire, tu vas le faire.
Christen a regardé la gardienne de but alors qu'elle s'approchait du ballon et le lançait vers le coin inférieur gauche. La gardienne a plongé à droite, complètement à côté de la plaque, et la membre de notre quatuor a sourié avec soulagement lorsqu'elle a vu qu'elle avait réussi.
L'adversaire qui la suivait a marqué également, mais la façon dont ses coéquipières semblaient retenir leur souffle avant qu'elle ne tape dans le ballon ne faisait que me rendre plus confiante que nous allions réussir.
Lorsque les enjeux étaient élevés, un manque de confiance en soi pouvait être fatal et nos adversaires semblaient ne pas être sûres d'elles-mêmes.
Morgan s'approcha de la surface de réparation. Avec une expression de pierre, elle frappa la balle à gauche du gardien. La foule éclata de joie elle récidiva son plongeon vers la droite et que le ballon lui passait sous le nez.
Ils encouragaient encore plus fort quand une attaquante de Northwood a tenté d'envoyer la balle dans l'angle à quatre-vingt-dix degrés. Seule Ash a alors deviné correctement et a sauté dans le coin gauche en envoyant la balle loin de la cage.
Ali était tellement heureuse qu'elle s'est détachée de la chaîne que nous avions fabriquée, sautant en l'air et levant les poings, fière de l'arrêt de sa copine.
C'était tout. Nous allions gagner. C'était pour nous.
C'était au tour de Tobin ensuite. Elle ne s'était même pas donner assez de temps pour être nerveuse ; elle a regardé la balle, a avancé et l'a envoyé violemment dans le filet. Les tribunes laissèrent échapper un rugissement et Tobin est revenue au milieu de la pelouse avec son sourire à un million de dollars.
Kelley s'est sentie obligée de sortir quelque chose de stupide :
- Tu vas la récompenser pour ça plus tard ce soir ou pas ?
J'ai écrasé son pied, gardant mes yeux sur le terrain alors qu'elle grognait de douleur.
- Je te déteste vraiment parfois. Tu as de la chance que j'ai une certaine décence, sinon je t'aurais demandé la même chose pour Christen, lui répondis-je la faisant rougir en silence.
Northwood a raté son quatrième tire, ce qui signifiait que le tir de Pinoe avait le potentiel de faire de nous des vainqueures. Si elle réussissait, alors nous aurions réussi nos cinq tirs, un exploit que Northwood n'était plus en mesure de faire.
Pinoe s'est avancée lentement, n'étant clairement pas pressée. Elle a passé ses doigts dans ses cheveux roses et à pris un moment pour regarder autour d'elle, vers les tribunes, vers les lumières qui dominaient le terrain, dans la direction de sa petite-amie Sue Bird, et vers moi-même. Elle a levé deux doigts en l'air.
Être préparée et jouer.
L'arbitre siffla à l'instant où Megan commença sa course vers le ballon. La gardienne plongea à gauche et la balle traversa là où elle ne se tenait qu'une demie seconde plus tôt.
Je ne me souvenais pas de ce qui s'était passé dans les secondes qui ont suivi la frappe au fond des filets.
Tout ce dont je me souvenais, c'était d'avoir atteint Tobin, de l'avoir serrer dans mes bras, de m'être fait soulevée en l'air, de l'avoir embrassée passionnément en répétant sans cesse que nous l'avions fait, que nous avions gagné le championnat une seconde fois. De retour sur le sol, elle avait passés ses bras autour de moi et appuyées ses lèvres sur les miennes, nous envoyant dans un endroit plus calme pendant quelques secondes d'or. Quand nous nous sommes séparées, elle a chuchoté :
- Et maintenant ?
J'ai passé mon pouce sur sa joue et j'ai haussé les épaules, un sourire aux lèvres.
- Nous célébrons.
Nos coéquipières nous ont entourées dans un cercle, une joie complète et totale qui en émanant. Ali était dans les bras d'Ashlyn, Kelley rigolait avec Christen, et Rose et Mallory dansaient sur une chanson à propos de chevaux. Pinoe était placée sur les épaules de Becky et tenait une plaque sur laquelle figuraient les mots CHAMPIONNES DES ÉTATS-UNIS CAF. Toute l'équipe a crié alors qu'elle brandissait notre récompense pour avoir travaillé si dur malgré les malheurs qui étaient arrivés la année précédente.
Tobin et moi courrions aux tribunes où ma mère était assise à côté de Mme Foudy. J'ai regardé l'enseignante embrasser Tobin les larmes aux yeux et j'ai été bouleversée quand j'ai vu à quel point cette paire ressemblait à une mère et sa fille. La façon dont Tobin se serrait contre la femme me donnait la nette impression que je pourrais pleurer ; il était clair qu'elle avait totalement confiance en cette femme et l'aimait de la même manière qu'on aimait sa mère.
Mme Heath avait commencé à écrire à Tobin après la nuit pluvieuse de l'année dernière, lorsqu'elle a rendu visite à sa fille aux urgences. Elle a raconté comment elle cherchait de l'aide et qu'elle espérait pouvoir un jour pouvoir réparer ses erreurs.
Tobin ne put jamais se résoudre à répondre, mais les lettres continuèrent quand même d'arriver chez Foudy. Tobin les jeta après les avoir lues, car les garder dans sa chambre n'aurait pas été bon pour son mental. Elle souhaitait pouvoir entretenir une relation avec sa mère, mais elle ne savait pas si elle pourrait un jour revoir la femme sans se rappeler sa main contre sa joue. Je lui ai dit qu'elle pourrait répondre quand elle serait prête, et que si elle n'était jamais prête, ce n'était pas grave. Dieu savait que j'aurais du mal à interagir avec quelqu'un qui m'ait fait autant souffrir aussi.
Ma mère s'est levée et m'a serrée dans ses bras.
- Je suis tellement fière de toi, Alexandra. Plus que tu ne le sauras jamais. Je vais devoir te faire un gâteau ou quelque chose comme ça quand nous rentrerons à la maison.
Ma mère était une cuisinière hors pair, mais quand il s'agissait de pâtisserie, la gourmandise finissait toujours par ne pas avoir un goût... très comestible.
- Non, ça va aller, vraiment, maman. Tu n'as rien à faire. J'allais passer du temps avec Tobin pendant un petit bout de temps ce soir de toute façon, je dis cela en regardant Mme Foudy pour avoir son approbation, si vous êtes d'accord.
Elle nous a regardé toutes les deux avec suspicion avant de sourire et de hocher la tête en direction du parking.
- Je suppose que vous deux méritez de vous amuser un peu. Ramène-la à la maison pour onze heures, d'accord ?
Je souriai et attrapai la main de Tobin, prête à partir.
- Compris.
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Diamond Bar était constituée de beaucoup de collines. Ce n'était pas difficile d'en trouver une où je pourrais garer ma voiture. Tobin et moi retirions les couvertures de mon coffre et les posons par-dessus le capot avant de monter sur le véhicule, de nous poser le dos et la tête contre le pare-brise afin que nous puissions regarder les étoiles plutôt que la ville lumineuse en dessous de nous.
- Combien de temps penses-tu que ça va te prendre pour faire partie de l'équipe nationale ?
Elle m'embrassa le haut du crâne et me rapprocha de sa poitrine.
- Je voudrais vraiment faire partie de la liste d'ici mes vingt ans.
- Pendant que tu seras encore à l'UNC ? elle hocha la tête.
- Je sais que ce ne sera pas facile, mais je veux faire les deux. Jouer professionnellement et aller à l'université. Je ne veux pas abandonner l'UNC et renoncer à obtenir mon diplôme si je reçois un appel. Je sens que je le regretterais pour le reste de ma vie.
- Tu pourrais toujours retourner à l'école après avoir raccroché tes crampons. Tu sais, une fois que tu auras parcouru le monde et remporté tous les prix possibles.
Elle me sourit.
- Je serais vieille d'ici là. Je doute que je voudrais faire quoi que ce soit du genre.
J'embrassai légèrement sa clavicule, puis la peau légèrement en dessous, juste parce qu'elle était proche de moi et que j'avais le privilège de pouvoir le faire.
- Nous serons vieilles ensemble.
Tobin se frotta le nez contre mes cheveux.
- Ça fait partie du plan.
J'ai fermé les yeux et me suis détendue, respirant l'odeur de son déodorant.
- Qu'est-ce qu'il y a d'autre dans ce plan ?
Sa voix était assez douce pour m'endormir.
- Je suppose que c'est plus un rêve qu'un plan. Je rêve de la vie que je veux avoir avec toi. De te demander de m'épouser après la fin de mes études. J'espère que tu diras oui, comme ça je n'aurais pas à être gênée. Nous voyagerons beaucoup, puisque nous jouerons toutes les deux pour l'équipe nationale, mais au moins, nous serons ensemble. Nous aurons un mariage sur la plage au printemps, et tu ressembleras à une déesse, et je pleurerais probablement durant toute la cérémonie. Nous retournerons en Californie après notre retraite, et nous adopterons des enfants et les regarderons grandir et traverser des crises de mi-vie lorsqu'ils déménageront, dit-elle me faisant rire.
- Et après ça ?
- Nous allons rejoindre une ligue pour les femmes dans la quarantaine. Rejoindre un club de lecture. Gâtez nos petits-enfants. Toutes ces choses que les gens font quand ils commencent à vieillir.
J'ai levé les yeux vers les étoiles et j'ai réfléchis à la façon dont Tobin et moi-même ne n'étions que deux Chocapics dans la grande boîte à céréales de la vie et, d'une certaine manière, grâce à une force universelle ambiante, nous avons réussi à nous retrouver.
- Je t'aime. Tu le sais, pas vrai ?
- Je t'aime aussi.
J'ai sorti mon téléphone de ma poche et j'ai ouvert instagram. J'ai vu qu'Ashlyn avait posté une photo de Tobin et moi après le match. Mes bras étaient enroulés autour de son torse et ses lèvres étaient pressées contre les miennes.
Je me suis fait une note mentale pour demander à la gardienne de m'envoyer la photo plus tard.
J'ai regardé la légende et souri, les souvenirs inondant mon esprit et tirant sur mon cœur.
#goals
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The end !
C'était bien ?
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