Chapitre 11 : Manipulation !
Kanata accéléra le pas pour suivre Haruka, la robe royale de cette dernière flottant légèrement derrière elle alors qu'elle avançait d'un pas vif et déterminé dans les longs couloirs du château. Le roi, perplexe par la réaction de sa femme, n'avait pas l'habitude de la voir si tendue et renfermée. Il finit par attraper doucement son bras, la forçant à s'arrêter.
— Haruka, attends...Pourquoi es-tu si en colère ? demanda-t-il, sa voix inquiète adoucissant sa question. Il plongea ses yeux dans ceux de la reine, essayant de comprendre ce qui se passait dans son esprit. Est-ce à propos du nouveau conseiller ?
La reine de fleurs se tourna lentement vers lui, son expression toujours tendue. Elle soupira profondément, comme si tout le poids du monde reposait sur ses épaules.
— K-Kanata...murmura-t-elle, sa voix douce mais emplie de fermeté. Je ne sens pas cet homme. Quelque chose ne va pas chez lui.
Elle jeta un regard rapide par-dessus son épaule, comme pour s'assurer que personne ne les suivait, que personne ne les écoutait. La lueur de méfiance dans ses yeux était évidente. Kanata, attentif à chaque geste de son épouse, fronça légèrement les sourcils, essayant de suivre son regard.
— Tu sais, je me fie souvent à mon instinct...reprit Haruka, sa voix à peine plus qu'un murmure. Et cet homme...Il y a quelque chose qui ne va pas, quelque chose de sombre, et je ne peux pas l'ignorer !
Elle fronça les sourcils, un mélange de frustration et d'appréhension marquant ses traits délicats.
— Je sais que je n'ai pas de preuves, et je comprends que nous devons donner une chance à ceux qui nous sont présentés. Mais...Je te demande d'être prudent, Kanata.
Alors qu'elle parlait, une douleur fulgurante traversa soudainement sa poitrine, juste à l'endroit où son cœur battait. Son visage se décomposa, et elle porta instinctivement sa main à sa poitrine, son souffle se coupant brusquement.
— A-Ah...gémit-elle faiblement, ses jambes semblant flancher un instant sous la douleur.
Kanata, voyant la souffrance dans ses yeux, réagit immédiatement. Il glissa un bras protecteur autour de ses épaules, soutenant son poids.
— HARUKA ! s'exclama-t-il, la panique montant dans sa voix. Qu'est-ce qui ne va pas ? Est-ce...E-Est-ce le bébé ? Son regard cherchait le sien, et son cœur s'emballa alors qu'il la voyait fermer les yeux sous l'effet de la douleur.
Elle secoua la tête, serrant les dents pour supporter la douleur.
— N-Non, ce n'est pas le bébé...murmura-t-elle.
Elle savait que cette sensation étrange était différente. Cela venait de l'intérieur, c'était quelque chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis des années, depuis qu'elle avait été Dark Flora. C'était comme si une ombre obscure cherchait à s'infiltrer à nouveau en elle.
Kanata la guida doucement jusqu'à un banc situé dans un recoin du couloir, l'aidant à s'asseoir.
— Respire, Haruka, respire mon amour...dit-il, sa voix pleine de douceur et de préoccupation. Il s'agenouilla devant elle, tenant ses mains tremblantes dans les siennes.
Les yeux d'Haruka s'ouvrirent lentement, leur éclat d'ordinaire lumineux terni par une inquiétude profonde.
— K-Kanata...murmura-t-elle, sa voix à peine audible. Cette douleur...Je ne l'ai pas ressentie depuis si longtemps...D-Depuis que...Depuis que j'étais...Dark Flora.
Kanata la fixa, ses yeux s'écarquillant de stupeur. Le nom de Dark Flora, cette époque si sombre de leur histoire, n'avait pas été évoqué depuis longtemps.
— N-Non...souffla-t-il, son cœur se serrant en entendant ces mots. Ça ne peut pas être...Tu es libérée de tout cela, Haruka. Nous t'avons libérée ! déclara-t-il sur le choque.
Elle hocha la tête, mais son expression resta préoccupée.
— Oui, je le pensais aussi... dit-elle doucement. Mais depuis que cet homme est arrivé...D-Depuis que je l'ai vu... Quelque chose a changé.
Le roi Kanata resta silencieux un moment, serrant les mains de sa femme avec une tendresse infinie, tentant de lui transmettre sa force.
— Alors, je veillerai sur lui, répondit-il enfin, ses yeux déterminés rencontrant ceux d'Haruka. Si tu ressens qu'il y a un danger, alors je te crois. Je ferai en sorte qu'il ne puisse pas te nuire, à toi, à notre enfant, ni à notre royaume !
La jeune femme chercha du réconfort dans ses mots, et elle se pencha en avant, posant son front contre celui de Kanata.
— Merci, mon amour...murmura-t-elle, les larmes menaçant de monter à ses yeux, mais elle se força à les retenir. Elle savait que la route devant eux serait pleine de défis, mais tant qu'ils étaient ensemble, elle avait foi en leur capacité à surmonter les épreuves, quelles qu'elles soient.
Kanata se releva doucement, offrant son bras à Haruka pour l'aider à se redresser.
— Allons-y, rentrons, ma douce fleur lui dit-il avec un sourire réconfortant. Tu as besoin de repos, et moi j'ai besoin de t'avoir près de moi !
Haruka hocha la tête, posant sa main sur son ventre, comme pour protéger son enfant du mal qui rôdait dans l'ombre. Ensemble, ils quittèrent le couloir, prêts à affronter ce qui pourrait venir, main dans la main, unis contre l'adversité.
🌸✨️🌸
Après un bon repos, Haruka se tenait dans une grande salle baignée de lumière, une carte détaillée du village devant elle, tandis que les servantes s’affairaient autour d’elle. Les fenêtres étaient ouvertes, laissant entrer l’air frais du printemps et les parfums des fleurs qui fleurissaient au dehors. La reine, avec une grâce naturelle, désignait des emplacements sur la carte, expliquant calmement ses idées pour la cérémonie des fleurs, qui avait été reportée jusqu’à la naissance de leur futur enfant. Sa main effleurait la carte avec délicatesse, montrant où les décorations florales seraient installées et où les célébrations auraient lieu.
Les servantes écoutaient attentivement, leurs carnets à la main, prenant note de chaque détail. Certaines s’échangeaient des sourires discrets en entendant l’enthousiasme contenu dans la voix de leur reine. Haruka semblait inspirée, sa voix douce mais déterminée, faisant preuve d’une clarté et d’un calme qui rassuraient toutes celles qui l'entouraient.
— Nous devrions disposer les arches de roses ici, dit Haruka, en désignant un point sur la carte. Et il faudrait que les enfants du village puissent participer à la procession. Leur joie apportera de l’éclat à l’événement, et cela créera un souvenir inoubliable pour chacun d'entre eux !
Ses yeux brillaient légèrement d’espoir, tandis qu’elle parlait. Elle ne pouvait pas attendre de voir cette journée se dérouler telle qu’elle l’avait imaginée, pour le bonheur de son peuple.
Les servantes hochèrent la tête, notant les instructions de leur reine bien-aimée. Elles échangeaient des mots d’accord, admirant la détermination d’Haruka à maintenir la tradition, même en pleine grossesse. Elles étaient toutes inspirées par l’amour qu’elle portait au royaume et à ses habitants.
Mais soudain, la porte de la salle s’ouvrit avec un léger grincement. Un silence momentané s’installa alors que toutes les têtes se tournèrent vers la porte. L’homme mystérieux aux yeux rouges entra, ses pas résonnant sur le sol de pierre. Les servantes échangèrent des regards curieux et légèrement inquiets, mais elles se retirèrent de côté par respect.
L’homme mystérieux s’avança avec une révérence parfaite et respectueuse en direction d’Haruka, un sourire énigmatique sur le visage.
— Votre Majesté, veuillez m’excuser pour cette intrusion, dit-il d’une voix polie et fluide. J’ai réalisé que je ne m’étais pas correctement présenté la première fois que nous nous sommes rencontrés, dit-il calmement, en souriant à la reine.
Haruka, les sourcils légèrement froncés, l’observa attentivement. Elle s’efforça de dissimuler sa méfiance derrière un masque de politesse royale, restant calme malgré la surprise de cette interruption. Elle fit un léger signe de la tête, l’invitant à continuer.
L’homme se redressa, puis posa une main sur sa poitrine, en signe de respect.
— Mon nom est Severin, humblement à votre service, Reine Haruka, dit-il, un sourire subtilement mystérieux accroché à ses lèvres.
Haruka, les bras toujours posés autour de son ventre arrondi, observa cet homme qu'elle considérait avec méfiance depuis leur première rencontre.
— Enchantée, Severin, répondit-elle, ses mots soigneusement choisis, sa voix aussi douce que distante. J'espère que vous trouvez votre place dans le royaume sans difficulté.
Severin sourit davantage, un éclat étrange dans ses yeux rouges.
— En effet, votre Majesté. Le château est un endroit fascinant, empli de richesse et de sagesse, tout comme ses habitants. Il la fixa un moment, comme s'il essayait de lire dans son esprit, ses yeux transperçant les défenses invisibles d'Haruka.
Haruka, sentant ce regard persistant, serra légèrement sa prise sur son ventre, instinctivement protectrice envers son enfant. Elle savait que cet homme représentait un danger, bien qu’elle ne puisse en expliquer la nature exacte. Le fait qu’il se soit introduit sans invitation à un moment aussi privé n’aidait pas à dissiper ses doutes.
Elle garda néanmoins son calme, adressant un regard furtif aux servantes qui semblaient visiblement mal à l'aise. Haruka sourit pour tenter de les rassurer, avant de reporter son attention sur Severin.
— Je suis en pleine préparation de la cérémonie des fleurs, comme vous pouvez le voir, dit-elle. Une célébration très importante pour notre peuple !
Severin fit une autre légère révérence.
— Bien sûr, votre Majesté. Et je suis sûr que, sous votre guidance, ce sera une célébration inoubliable, digne du royaume de l'Espoir.
Ses paroles semblaient douces, mais un soupçon de moquerie semblait s'insinuer, ou était-ce simplement une impression ? Haruka n’aurait su le dire. Elle garda son expression impassible, même si son cœur battait un peu plus vite.
— Merci, Severin, dit-elle finalement, avec un sourire feint. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je dois retourner à mes préparatifs, s'exclama-t-elle sérieusement, en soupirant légèrement.
Elle tourna légèrement la tête vers les servantes, un signe clair qu’elles devaient reprendre le travail et l'accompagner.
Severin s’inclina une dernière fois, avant de se retirer gracieusement de la pièce, ses pas lents résonnant jusqu'à ce que la porte se referme derrière lui. Haruka sentit son souffle se relâcher une fois qu'il fut hors de vue. Elle se retourna vers les servantes, les yeux plus déterminés que jamais.
— Continuons, dit-elle calmement, même si au fond d'elle, l'appréhension restait présente. Elle savait que la menace planait, et qu’elle devait être plus vigilante que jamais.
Soudain, l'homme s’arrêta brusquement, sa silhouette mince se tenant droite dans l’encadrement de la porte. Il tourna lentement la tête, un sourire qui ne touchait pas ses yeux se dessinant sur ses lèvres fines.
— Votre Majesté, dit-il avec une nonchalance insupportable, avant que je parte, je me posais une question...Pourquoi ne pas inviter vos parents au royaume ? Sa voix, teintée d’une fausse douceur, résonna dans la salle silencieuse, chaque mot comme une pique perçant le calme ambiant.
Il s’avança légèrement, ses yeux rouges flamboyant d’une lumière inquiétante, avant de continuer.
— D’ailleurs, sont-ils au courant que vous êtes mariée à un prince d'un royaume...Et enceinte ? Un sourire énigmatique apparut sur ses lèvres tandis qu’il fixait Haruka avec une intensité qui fit naître un frisson glacial dans l’échine de la reine.
Puis, il ajouta, presque dans un murmure, comme s’il s’agissait d’une confidence partagée entre amis :
— Et votre petite sœur Momoka ? Sait-elle qu’elle sera bientôt tante, et que sa grande sœur est la reine d’un royaume magique ?
Ses mots se glissèrent dans l'air, cruels et pernicieux, tandis que les servantes laissèrent échapper un hoquet de surprise, leurs yeux s'écarquillant de stupeur. Elles échangèrent des regards inquiets, incertaines de ce qui allait suivre.
Haruka, quant à elle, resta figée sur place, son regard s'élargissant sous le choc des mots de Severin. Une onde de douleur traversa son cœur, frappant avec une brutalité inattendue. Ses parents...Les souvenirs d’eux lui revinrent d'un coup, comme une vague immense et cruelle. Elle se revit enfant, ses yeux pétillant d’espoir, leur parlant sans cesse de ses rêves de devenir une princesse. Mais les sourires de ses parents s’étaient éteints avec le temps, et le jour où ils étaient morts dans cet accident de voiture, toute lumière avait quitté leur foyer.
Elle serra instinctivement son ventre arrondi, cherchant un réconfort immédiat dans la vie qui grandissait en elle. Ses lèvres tremblèrent légèrement alors que les images de sa petite sœur, Momoka, s’imposèrent à elle. La douleur de sa perte, son petit visage souriant et innocent, la maltraitance qu’elle avait subie dans sa famille d’accueil, et cette maladie rare qui avait fini par l’emporter. Haruka avait tout fait pour la protéger, mais le destin avait été cruel et impitoyable. Depuis ce jour, un vide irréparable s’était installé en elle.
Severin avait osé raviver ces blessures profondes, ces souvenirs que Haruka essayait tant bien que mal de garder enfouis. Elle sentit ses yeux s'embuer, les larmes coulant silencieusement sur ses joues, trahissant la tempête émotionnelle qui faisait rage en elle. Sa respiration s’accéléra, chaque souffle difficile à reprendre alors que la douleur l’enveloppait.
Une colère noire, brûlante et incontrôlable commença à monter en elle. Elle n'était plus simplement la reine Haruka, la protectrice douce et aimante du Royaume de l'Espoir, mais la femme blessée et meurtrie qui se souvenait de chaque moment de souffrance et de perte. Une flamme dévastatrice naquit dans son regard. Elle serra les poings, sentant une énergie incontrôlable émaner de son corps.
Les servantes, témoins impuissantes de la scène, reculèrent légèrement, craignant l'explosion imminente de leur reine. Elles n'avaient jamais vu Haruka dans cet état, et la transformation en elle était palpable, presque terrifiante.
Elle fit un pas vers Severin, le regard fixe et glacé, les yeux brillant d'une détermination vengeresse. Elle savait qu'il jouait avec elle, qu'il essayait de la manipuler en utilisant les souvenirs de son passé, des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier. Mais il était allé trop loin.
Elle s'avança, prête à en finir, prête à se débarrasser de cet être immonde qui osait fouiller dans les parties les plus sombres de sa vie. Ses mains tremblaient de rage, alors qu'elle sentait presque le pouvoir enfoui en elle demander à être libéré.
Mais au dernier instant, elle se figea. Haruka sentit le poids du bébé qu'elle portait, la vie innocente qui dépendait d'elle. Elle ferma les yeux, prenant une profonde inspiration pour tenter de se calmer. Elle ne pouvait pas se laisser emporter par la colère, pas maintenant, pas quand elle portait une nouvelle vie. Le royaume et cet enfant avaient besoin d'elle en tant que reine, pas en tant que vengeresse.
Elle ouvrit les yeux, toujours tremblante, mais cette fois, une détermination glaciale s'installa dans son regard.
— Vous avez dépassé les limites, Severin, murmura-t-elle, sa voix tremblante de colère contenue. Vous ne savez rien de moi, et vous osez raviver des blessures qui ne vous concernent pas. Mais vous ne me briserez pas ! Ses mots, même s’ils étaient doux, étaient comme des lames acérées.
Severin, toujours avec ce sourire faux et narquois, recula doucement, mais Haruka savait qu'il avait compris le message. Elle le regarda sortir de la salle, puis s’autorisa à respirer profondément, ses mains posées sur son ventre pour calmer l’enfant qu’elle portait, et qui semblait ressentir la tempête intérieure de sa mère.
Les servantes, silencieuses, se précipitèrent auprès d’elle, leur inquiétude évidente.
— Votre Majesté...E-Est-ce que vous allez bien ? demanda l’une d’elles, la voix tremblante.
Haruka hocha doucement la tête, forçant un léger sourire pour les rassurer.
— O-Oui...Continuons les préparatifs. Rien ni personne ne gâchera cette cérémonie !
Mais dans son regard, la promesse d'une future confrontation avec Severin était déjà gravée.
🔥✨️🔥
Le soleil de l'après-midi filtrait à travers les larges fenêtres de la salle de thé du château, baignant la pièce d'une douce lueur dorée. Haruka était assise à une table élégamment dressée, entourée de ses amies les plus proches. Le parfum délicat du thé flottait dans l’air, accompagné des rires et des discussions animées de ses compagnes.
Kirara, avec toute son énergie habituelle, gesticulait vigoureusement, sa tasse de thé sur le point de se renverser à chaque mouvement brusque.
— Je vous jure, les filles, ce cuisinier royal est un vrai escroc ! cria-t-elle, le visage légèrement rougi par l’exaspération. Comment est-ce possible qu'il m'ait encore donné une portion plus petite que celle de tout le monde ? C’est de la discrimination ! Je le sais ! Elle fit une moue dramatique, ses cheveux dorés rebondissant autour de son visage expressif.
Towa, assise juste à côté, leva les yeux au ciel tout en prenant une gorgée de son thé. Elle déposa la tasse avec un mouvement élégant avant de murmurer calmement :
— Kirara, s’il te plaît, ce genre d’attitude n’est vraiment pas digne d'une jeune femme. Un peu de retenue ne te ferait pas de mal !
Malgré la réprimande douce, Towa la regardait avec un sourire amusé, une lueur de malice dans ses yeux. Elle aimait taquiner Kirara, surtout lorsqu'elle se laissait emporter par de petits tracas du quotidien.
Minami, quant à elle, observait la scène avec un calme souverain. Elle savourait son thé, la fumée montant doucement vers son visage, ses yeux s’attardant sur chacune de ses amies avec tendresse. La discussion de Kirara et Towa était une routine qui la réconfortait, une preuve que malgré tout ce qu'elles avaient traversé ensemble, elles étaient toujours là, partageant des moments simples. Minami fit une pause, sa tasse à mi-chemin vers ses lèvres, avant de jeter un coup d'œil furtif vers Haruka.
Haruka, malgré le brouhaha des discussions animées, semblait absente. Son attention était entièrement concentrée sur son ventre arrondi, sa main posée dessus dans un geste protecteur et inconscient. Elle traçait des cercles sur sa robe en soie, son regard doux et lointain. Minami l’observa un moment, une inquiétude subtile se formant en elle. Elle savait que quelque chose s'était passé ce matin. Haruka avait gardé le silence, et bien qu’elle sourît et se mêlât à la conversation, il y avait une mélancolie cachée dans ses yeux. Une ombre fugitive, peut-être un reste de l’incident qu'elle refusait de partager.
Minami se pencha légèrement vers Haruka, ses cheveux bleus brillant sous la lumière du soleil.
— Haruka, est-ce que tout va bien ? demanda-t-elle doucement, un sourire chaleureux mais préoccupé aux lèvres. Tu sembles pensive ?
Haruka cligna des yeux, comme si elle sortait d’un rêve. Elle tourna la tête vers Minami et lui sourit, un sourire qui voulait rassurer.
— Oui, je vais bien, Minami. C’est juste...Elle s'interrompit un instant, ses doigts se resserrant légèrement sur son ventre. Je pense beaucoup à l’avenir en ce moment. Avec le bébé qui arrive bientôt, il y a tant de choses auxquelles penser. Elle laissa échapper un léger rire, un peu forcé. Et puis, je crois que j’ai juste besoin de repos, affirma-t-elle avec un sourire amusé.
Kirara, qui avait cessé de se plaindre un instant, entendit la dernière remarque et fronça les sourcils, avant de se lever brusquement, presque renversant sa chaise.
— HaruHaru, tu devrais absolument te reposer ! Ce n’est pas bon de te surmener ! Et certainement pas avec ce bébé !?
Elle se précipita pour se rapprocher d’Haruka, ses traits marqués par une sincère inquiétude, tandis qu’elle posait une main légère sur son épaule.
Towa observa la scène, un sourire discret sur le visage.
— Pour une fois, Kirara a raison, dit-elle avec un petit rire. Haruka, nous sommes toutes là pour toi. Nous pouvons nous occuper de tout ce qui est nécessaire. La cérémonie des fleurs, l'organisation des festivités, peu importe. Tu devrais vraiment penser à toi.
Haruka sentit son cœur se réchauffer face aux inquiétudes de ses amies. Elle posa sa main sur celle de Kirara et hocha la tête.
— Merci, vraiment. Vous êtes toujours là pour moi, et ça me touche plus que vous ne pouvez l'imaginer !
Elle savait que malgré les événements troublants de la journée, ces moments d’amitié et de soutien étaient inestimables, la source de sa force.
Le thé continua, Kirara retrouvant rapidement son enthousiasme exubérant, racontant avec dramatisme une autre mésaventure avec le personnel du château, ce qui fit rire tout le monde. Haruka, même si elle se joignait aux rires, ne pouvait empêcher son esprit de retourner à ce matin. À Severin, à ses yeux rouges perçants, et à ses mots qui avaient ouvert des plaies encore douloureuses.
Mais pour le moment, elle décida de se concentrer sur l'instant présent. Sur ses amies, sur leur rire et leur chaleur. Elle savait que le combat contre ses propres démons pouvait attendre un peu plus longtemps. Pour l’instant, elle devait prendre soin d'elle, de son bébé, et savourer ces moments précieux de paix.
Minami, toujours attentive, s'était penchée légèrement en avant, posant une question d'un ton curieux et réfléchi.
— D'ailleurs, avez-vous vu le nouveau conseiller royal ? demanda-t-elle, ses yeux scrutant les visages de ses amies, essayant de capter leurs impressions.
Haruka leva les yeux de sa tasse, semblant réfléchir un instant, avant que Towa prenne la parole en hochant la tête.
— Oni-sama a vraiment des goûts très...Étranges, dit-elle, ses sourcils légèrement froncés, sa voix teintée d'une certaine réserve.
Il y avait quelque chose chez cet homme qui ne lui inspirait pas confiance, et elle ne faisait pas grand-chose pour le cacher.
Kirara, assise juste à côté, hocha la tête avec enthousiasme avant de s'exclamer avec son habituel manque de filtre :
— Oui, vous avez vu son regard ? Un vrai homme ! Elle cligna des yeux, un sourire rêveur sur le visage, avant de recevoir une légère claque de la part de Towa.
Kirara ! Aie un peu plus de manières ! cria Towa, indignée, son expression mi-amusée, mi-agacée.
Kirara porta une main à sa joue, surprise, avant de bouder tout en croisant les bras, visiblement vexée.
Haruka, qui observait la scène, ne put s'empêcher de sourire et de laisser échapper un léger rire. Ses amies étaient toujours capables de la faire sourire, peu importe les circonstances. Ces moments de légèreté étaient devenus précieux pour elle, surtout avec le poids des responsabilités qui pesait de plus en plus sur ses épaules.
Mais ce rire fut de courte durée. Son regard s’échappa soudain vers la limite du jardin, où elle aperçut une silhouette qui la fit se raidir. Derrière un arbre, à l’ombre des feuillages, se trouvait Severin. Il la fixait, un sourire malicieux étirant ses lèvres. Ses yeux rouges perçants étaient dirigés droit sur elle, un éclat menaçant dans son regard.
Haruka sentit une vague de malaise l'envahir. Son cœur sembla se tordre dans sa poitrine, une douleur aiguë qui irradiait jusque dans son bras. Elle fronça les sourcils, et sans même qu'elle ne s'en rende compte, sa main lâcha la tasse de thé qu'elle tenait. Celle-ci chuta en un éclat de porcelaine sur le sol, se brisant en plusieurs morceaux.
— HARUKA ! cria Minami en se levant de sa chaise, le visage marqué par l’inquiétude. Towa et Kirara se tournèrent immédiatement vers elle, les yeux écarquillés, une panique palpable dans leur regard.
Haruka se redressa brusquement, ses mains pressées contre sa poitrine alors qu’elle peinait à respirer. La douleur était intolérable, semblable à une main invisible qui serrait son cœur. Son regard restait fixé sur Severin, qui semblait presque savourer ce moment, son sourire s’élargissant, se nourrissant de la souffrance qu'il semblait provoquer.
— Haruka ! Qu'est-ce qui se passe ? s’écria Towa, sa voix teintée d'une peur qu’elle ne parvenait plus à masquer. Elle se précipita à côté de la reine, posant une main sur son épaule.
Mais Haruka ne pouvait plus parler. La douleur, combinée à cette peur sourde, lui coupait le souffle. Tout semblait tourner autour d’elle, ses jambes se dérobaient peu à peu sous son poids. Elle entendait les voix de ses amies, inquiètes, paniquées, mais elles semblaient de plus en plus lointaines, comme étouffées sous une mer de brouillard.
Enfin, Haruka perdit complètement l'équilibre, ses genoux frappant le sol. Ses yeux se fermèrent lentement alors que son corps s'affaissait. La dernière chose qu’elle aperçut fut Severin, toujours caché derrière l'arbre, ses yeux rouges brillant d’une intensité malsaine.
Puis, ce fut le noir total.
Minami, Towa, et Kirara se précipitèrent autour d’elle, leurs visages déformés par l’inquiétude. Minami, plus calme d’habitude, ne put retenir un cri de panique en voyant leur amie inconsciente, sa respiration haletante. Towa, les mains tremblantes, posa sa tête sur la poitrine d'Haruka, cherchant à vérifier si le bébé allait bien. Quant à Kirara, elle regardait autour d’elle, comme cherchant une aide qu'elle ne savait où trouver.
— Haruka...RESTE avec nous ! murmura Minami, sa voix presque brisée, alors qu’elle tenait la main de son amie, la serrant doucement.
Le jardin, qui avait été si paisible quelques instants plus tôt, était maintenant plongé dans la confusion et la peur. Les serviteurs, alertés par le bruit, accoururent pour voir leur reine allongée sur le sol, entourée de ses amies.
Et dans l’ombre de l’arbre, Severin s’éclipsa silencieusement, un sourire satisfait encore visible sur son visage, alors qu’il disparaissait hors de vue, laissant derrière lui une scène de chaos et d’inquiétude.
Towa se redressa d'un bond, ses yeux brillant de détermination et de peur mêlées. Elle balaya la cour du regard avant de se tourner vers les servantes qui étaient accourues, figées par la confusion et la panique. Sa voix résonna avec une clarté autoritaire qui laissait percevoir l'urgence de la situation.
— Allez prévenir mon frère, et faites-le vite ! cria-t-elle, son ton ne laissant aucune place à la discussion. Les servantes s'inclinèrent brièvement avant de s’élancer sans hésiter, courant à travers le jardin et les couloirs du château pour exécuter l'ordre de leur princesse.
Pendant ce temps, Cure Mermaid, alias Minami, et Cure Twinkle, alias Kirara, avaient déjà pris la situation en main. Minami souleva Haruka avec précaution, en la prenant sous les épaules, tandis que Kirara l'aidait à soutenir son corps par les jambes. Toutes deux affichaient une concentration totale, leurs visages tendus par l'effort et l’inquiétude. La reine semblait si fragile, inconsciente et affaiblie, qu'elles n’osaient pas se précipiter de peur de lui faire mal. Pourtant, elles se dirigeaient avec toute la rapidité possible vers l'intérieur du château, la portant en sécurité loin du jardin.
Towa suivit juste derrière, ses pas précipités résonnant sur le sol pavé alors que l’air semblait s’être alourdi autour d’eux. Elle jetait sans cesse des regards inquiets vers Haruka, essayant de deviner si sa respiration s’était stabilisée, si elle allait s’en sortir. Mais ses pensées étaient un tourbillon chaotique de peur et de colère. Qu’est-ce qui avait pu provoquer cette attaque ? Était-ce lié à Severin ? Tout en elle criait que quelque chose n’allait pas avec cet homme, et elle ne pouvait pas se débarrasser de l’intuition qu’il était directement impliqué.
Alors qu’ils s'approchaient des grandes portes du château, Towa tourna instinctivement la tête pour jeter un dernier regard derrière elle, vers l'endroit où Severin avait été caché. Elle ne vit personne, mais un frisson glacé parcourut son dos, érigant chaque poil de sa nuque. C'était comme si l’ombre de cet homme malveillant l’observait encore, même sans être là physiquement. La sensation de ce regard invisible lui donnait la chair de poule.
Elle serra les poings, son expression se durcissant. Elle n’avait pas le temps de laisser la peur l’envahir. Haruka avait besoin d’elles, maintenant plus que jamais. Elle reporta toute son attention sur ses amies, les suivant à l'intérieur du château.
Cure Twinkle, malgré ses plaintes et ses bavardages constants, restait silencieuse, concentrée sur la tâche de transporter Haruka. Elle serrait les dents, sa nervosité visible, et pourtant, elle ne laissait aucune trace de faiblesse entraver son rôle. Cure Mermaid, elle, avait ce calme digne des situations de crise. Sa voix douce murmurait des encouragements, même si elle savait qu'Haruka ne pouvait pas l’entendre.
— On va s'en sortir, Haruka...murmura Cure Mermaid, tout en continuant à marcher vers l'aile privée où elles pourraient la déposer en sécurité.
Elles atteignirent enfin les escaliers menant à l’intérieur du château, où des gardes se précipitèrent pour ouvrir les portes. Towa accéléra son pas pour les précéder, indiquant la direction et demandant que personne ne s’approche d’eux sans permission. La situation était trop délicate pour laisser qui que ce soit interférer.
Finalement, après avoir traversé plusieurs corridors et monté les escaliers en un temps record, elles arrivèrent dans une grande chambre, celle destinée à la reine. Les deux Princesses Precure déposèrent Haruka sur le lit avec précaution, Kirara s'assurant que sa tête était bien posée sur l'oreiller tandis que Minami ajustait doucement sa position, vérifiant si elle respirait plus aisément.
Towa ferma les yeux un instant pour calmer son esprit, puis elle ouvrit la porte pour appeler une guérisseuse. Elle savait qu’elle devait rester forte, pour Haruka, pour le bébé, et pour son frère Kanata qui devait maintenant être informé.
Le silence dans la pièce était seulement troublé par la respiration un peu saccadée de la reine Haruka, un silence lourd de sens, où l'inquiétude semblait presque palpable dans l’air. Towa resta près du lit, observant son amie d’un regard empli d’inquiétude. Elle attendait, et espérait des réponses, tandis que quelque part dans le château, le sinistre sourire de Severin restait gravé dans sa mémoire.
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Haruka se réveilla brusquement dans un lieu étrange et lugubre, entourée d'un paysage noir et violet, où tout semblait flou, presque irréel. Elle regarda autour d'elle, les battements de son cœur résonnant dans ses oreilles. Ses yeux se plissèrent pour essayer de voir à travers l'obscurité. Les seules choses qu'elle pouvait discerner clairement étaient les ombres ondoyantes des arbres morts, des lianes s'entortillant comme des serpents, et un brouillard épais flottant autour d'elle.
Elle essaya de bouger ses mains, mais un poids la retint. En baissant les yeux, elle découvrit avec effroi que ses poignets étaient entravés par des lianes épaisses, leur texture rugueuse se serrant douloureusement contre sa peau. Son regard se posa ensuite sur elle-même, et un souffle glacé de panique la parcourut. Elle était vêtue de l'armure de Dark Flora, une tenue sombre et sinistre qui contrastait brutalement avec son apparence de d'habitude. La robe noire, ses épaulettes imposantes, et ces motifs rouges menaçants...Elle ne pouvait pas croire qu'elle était à nouveau sous cette forme.
Les lianes semblaient vivantes, bougeant et se resserrant de temps à autre, comme si elles répondaient à un commandement invisible. Haruka sentit la panique monter en elle, et elle ouvrit la bouche pour crier, appelant à l'aide avec désespoir, sa voix résonnant dans ce cauchemar ténébreux. Mais sa voix semblait se perdre dans l'air épais, absorbée par les ténèbres environnantes.
— N-on...Non, pas encore...murmura-t-elle, sa voix tremblante.
Puis, en baissant les yeux, une nouvelle vision la glaça. Elle vit son ventre arrondi sous son armure de Dark Flora. Même dans ce rêve, même dans cette illusion cruelle, elle était enceinte. Une main tremblante se posa sur son ventre. Elle le serra doucement, comme pour se rassurer que l'enfant était encore là, qu'il n'était pas atteint par cette obscurité dévorante. Mais la terreur restait palpable, sa gorge se nouait en voyant cette contradiction terrible, la vie naissante emprisonnée dans cette forme sombre et maléfique.
C'est alors qu'un rire résonna à travers le brouillard. Un rire sinistre, résonnant, vibrant avec une malveillance pure. Haruka releva la tête, ses yeux écarquillés cherchant la source de ce rire. Elle sentit son cœur se serrer, une douleur aiguë se propageant de sa poitrine. Elle serra les dents, haletante, tandis que la douleur la paralysait de plus en plus, alourdissant son corps, comme si quelque chose ou quelqu'un s'était emparé de son cœur.
Puis, une silhouette apparut devant elle, émergeant lentement du brouillard. Ses yeux rouges étaient comme deux braises brillantes, transperçant l'obscurité. Severin. Le visage de l'homme était figé dans une expression de mépris amusé, un sourire narquois s'étirant sur ses lèvres alors qu'il observait Haruka.
— Que se passe-t-il, reine des fleurs et du royaume de l'Espoir ? demanda-t-il avec une fausse courtoisie, son ton teinté d'une malice évidente.
Il s'approcha d'elle, chaque pas résonnant d'un écho sinistre, et Haruka pouvait sentir le sol trembler légèrement à chacune de ses approches, comme si le monde lui-même rejetait la présence de cet être.
Haruka écarquilla les yeux, reculant instinctivement bien que ses mains restent enchaînées. Son souffle était court, ses yeux s'emplirent de larmes, non seulement de douleur mais aussi de colère.
—Pourquoi faites-vous cela ? Laissez-moi partir ! cria-t-elle, sa voix brisée par l'émotion.
Severin se contenta de la regarder, sa tête penchée légèrement sur le côté, son sourire s'élargissant encore.
— Tu pensais vraiment que tu pouvais échapper à ton passé ? Dark Flora est une part de toi, et elle le sera toujours.
Il leva une main, les doigts pâles se mouvant comme s'il commandait les lianes. Immédiatement, celles-ci se resserrèrent autour des poignets de Haruka, la faisant grimacer de douleur.
— Et ton précieux enfant...continua-t-il, regardant le ventre de Haruka avec une expression calculatrice, Pense-tu pouvoir le protéger de cette obscurité qui est en toi ? Ses mots étaient comme des poignards, visant les parties les plus vulnérables de l'âme de Haruka.
Elle secoua la tête, refusant de l'écouter. Elle ferma les yeux, essayant de se concentrer sur autre chose, quelque chose de lumineux, sur son amour pour Kanata, sur l'espoir que cet enfant représentait, mais la douleur continuait de marteler dans sa poitrine. Les paroles de Severin semblaient faire écho à ses pires peurs, chaque mot une résonance des doutes qu’elle avait parfois au plus profond d'elle-même.
— Non...V-vous mentez...balbutia-t-elle, les larmes roulant le long de ses joues. Ses mains étaient crispées sur les lianes, essayant de se libérer, mais plus elle luttait, plus elles se serraient, la faisant crier de douleur.
Severin éclata de rire à nouveau, un son glacial qui semblait faire vibrer l'air tout autour d'eux.
— Oh, pauvre Haruka... Crois-tu vraiment pouvoir fuir ton passé ? Même ton propre cœur sait la vérité !
Il pointa du doigt sa poitrine, là où la douleur s'intensifiait, et Haruka sentit son cœur s'emballer, comme s'il voulait s'échapper de sa poitrine. La sensation était insupportable, écrasante.
— Tu es et seras toujours Dark Flora.
Haruka hurla, sa voix se mêlant aux rires de Severin, résonnant dans les ténèbres de ce cauchemar infernal. Elle luttait de toutes ses forces, appelant à l'aide, espérant que quelqu'un l'entende, que quelqu'un vienne la sortir de cet endroit...
Le rire sinistre de Severin se dissipa dans les airs comme un écho moqueur, laissant Haruka haletante, ses poignets toujours entravés par les lianes vivantes qui la retenaient prisonnière. Le poids de ses paroles, ce rire, la douleur à sa poitrine, tout semblait se liguer contre elle, menaçant de la briser. Elle lutta pour respirer, ses mains crispées, essayant de retrouver le contrôle sur elle-même, mais Severin s'approcha davantage, ses yeux rouges brillant d'une intensité inquiétante.
Il la regarda longuement, une lueur malicieuse dans le regard, puis, lentement, il pencha la tête, un sourire narquois étirant ses lèvres.
— Pourquoi ne te transformes-tu plus en Cure Flora, Haruka ? demanda-t-il, sa voix à peine plus qu'un murmure, empli de sarcasme et de curiosité cruelle. Depuis cet accident tragique, tu n'oses plus te transformer en la légendaire Princesse Precure ? La célèbre guerrière, celle qui était prête à tout pour défendre les rêves et l'espoir des autres ?
Il se mit à faire les cent pas autour d'elle, l'observant, la jaugeant, comme s'il analysait une créature brisée. Haruka le suivait du regard, chaque mot lui transperçant l'âme comme un coup de poignard. Severin s'arrêta devant elle, se penchant légèrement, ses yeux brûlant de cette lueur rouge qui semblait sonder les recoins les plus sombres de son esprit.
— Que se passe-t-il, Majesté ? continua-t-il, son sourire s'élargissant. Es-tu...Traumatisée par ta propre tradition ? Par ce que tu étais autrefois, cette lumière que tu portais en toi ? Par ce que cela t'a coûté ?
Haruka sentit son cœur s’emballer à nouveau, la douleur se renforçant, menaçant de l'étouffer. Chaque mot de Severin semblait faire résonner ses craintes, ces peurs inavouées qui avaient hanté ses nuits depuis cet accident tragique. Depuis cette fois où elle avait succombé aux ténèbres et s'était transformée en Dark Flora, la guerrière corrompue par le mal, utilisant sa propre magie contre elle-même pour se libérer.
Les larmes brûlaient ses yeux, son regard se durcissant alors qu’elle tentait de masquer la terreur qui grandissait en elle. Mais Severin voyait clair, ses yeux rouges lisant chaque expression, chaque souffle difficile.
— Tu te souviens, n'est-ce pas ? reprit-il, s'approchant d'elle au point où elle pouvait sentir son souffle sur son visage. Cette sensation de perdre tout contrôle, de voir ta lumière se transformer en obscurité, et cette peur...Cette peur que même tes amies ne puissent plus te reconnaître !
Elle détourna le regard, fermant les yeux avec force, essayant de repousser ces souvenirs. Mais les images revenaient, brutales. Elle se revoyait, dévorée par le désespoir, sombrant dans les ténèbres, devenant ce qu’elle avait juré de combattre. Elle se souvenait des cris de ses amies, de leurs tentatives pour la sauver, de la douleur de se battre contre celles qu'elle aimait le plus.
— Réponds-moi, reine des fleurs et du royaume de l'Espoir, insista Severin, son ton devenant plus incisif, presque tranchant. Pourquoi as-tu abandonné cette forme ? Es-tu vraiment si faible ? La légendaire Cure Flora...Effrayée par son propre pouvoir !
Haruka ouvrit les yeux, son regard se durcissant sous les larmes qui continuaient de couler. Elle lutta pour se redresser, même si les lianes la retenaient toujours, les serrant plus fort à chaque mouvement.
— J-je ne suis pas faible, murmura-t-elle, sa voix à peine audible, tremblante mais empreinte d'une détermination qui n'avait pas totalement disparu.
Severin haussa un sourcil, amusé, avant de croiser les bras, attendant, clairement pas convaincu.
— Vraiment ? Alors pourquoi ne montres-tu pas à quel point tu es forte ? Pourquoi ne redeviens-tu pas Cure Flora ici et maintenant, pour me prouver à quel point je me trompe sur toi ?
Les mots étaient un défi, une provocation, mais Haruka sentit son cœur se serrer encore plus. Elle savait qu’il jouait avec ses craintes, qu’il cherchait à la déstabiliser. Elle savait qu'il voulait la pousser à agir imprudemment, à prendre des risques qui mettraient non seulement sa vie en danger, mais aussi celle de son enfant.
Elle baissa les yeux, fixant son ventre arrondi. La vie qui grandissait en elle était la promesse d’un avenir, d’un nouvel espoir. Elle ne pouvait pas se permettre de céder aux provocations de Severin, pas pour elle, mais pour cet enfant qui n’avait rien demandé, et qui dépendait entièrement d’elle.
— V-Vous...N-ne comprenez rien, finit-elle par dire, levant les yeux vers lui, son regard brûlant d’une lueur nouvelle, déterminée malgré la douleur et la peur. Ma force n’est pas celle que vous croyez. Ce n’est pas juste la transformation, ou le pouvoir que j’avais en tant que Cure Flora. Ma véritable force réside dans l’amour que je porte à ceux qui m'entourent, dans l'espoir que je refuse de laisser mourir.
Severin la regarda, un instant surpris, avant de retrouver son sourire malicieux.
— Nous verrons bien, votre Altesse...murmura-t-il, ses yeux rouges brillants toujours, les lianes se resserrant encore plus autour d'Haruka, la faisant crier de douleur.
Mais même dans cette souffrance, Haruka se raccrochait à ce qu'elle savait être vrai : elle n'était pas seule, et elle n'était pas faible. Pas tant qu'elle continuerait à se battre pour ce qu'elle aimait, tant qu'elle continuerait à espérer, même dans les moments les plus sombres.
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