Chapitre 10 : Une douceur ?
Haruka était assise sur le majestueux siège de la salle du trône, ses doigts délicats caressant doucement son ventre arrondi. Son visage était calme, une certaine douceur et une sérénité qu'elle n'avait jamais eues auparavant se dégageaient de ses traits. Elle portait une robe somptueuse, conçue avec élégance pour s'adapter à son état de grossesse, son éclat naturel illuminant la pièce. À ses côtés, Kanata, le roi, se tenait droit, sa main reposant tendrement sur celle de sa femme. Son regard était rempli de tendresse et de fierté, un mélange de bonheur et de protection envers Haruka et leur futur enfant.
Depuis l'accident de Dark Flora, Haruka avait changé. Elle était devenue plus calme, plus introspective, une ombre de ce qu'elle avait été auparavant, mais pas d'une manière négative. Cette nouvelle facette d'elle-même était pleine de profondeur et de sagesse, forgée par les épreuves qu'elle avait traversées. Malgré ses moments de silence, elle savait que ses amies étaient toujours à ses côtés, et leur présence l'aidait à garder espoir et à ne jamais sombrer dans les ténèbres. Leur soutien était constant, inébranlable, et elles l'avaient aidée à retrouver une part de la joie qui semblait s'être effacée après cet événement tragique.
Le regard de Haruka se perdit un instant dans la vaste salle, se rappelant ces derniers mois. Son réveil avait été un moment d'une intensité incroyable, après des mois passés dans un profond coma. La reine Sofia, toujours pleine de bienveillance, s'était précipitée pour l'accueillir, les larmes aux yeux, regrettant profondément tout ce que la jeune femme avait traversé. Haruka avait senti ce profond sentiment de compassion de la part de la reine, une véritable figure maternelle pour elle, et cela lui avait apporté un grand réconfort dans sa convalescence.
Puis il y avait eu le procès du roi Arthur. Haruka se souvenait distinctement de chaque instant. Le roi avait été mis au cachot pour avoir violé les lois du Royaume de l'Espoir, ses actes cruels envers elle et, pire encore, les pressions et la violence psychologique qu'il avait infligées à Kanata. Haruka avait été partagée durant tout le procès. Une part d'elle savait que le roi Arthur avait été manipulé par Dyspear, que ses actions avaient été en partie l'œuvre des ténèbres qui avaient corrompu son esprit. Mais une autre part d'elle, une part profondément protectrice, se souvenait de tout ce que Kanata avait enduré. Des souvenirs de Kanata, fatigué, parfois brisé par le poids des attentes et des manipulations, lui revenaient, la remplissant de tristesse mais aussi de détermination.
Elle se souvint de ce moment particulier durant le procès, où Kanata s'était levé pour témoigner des sévices psychologiques infligés par son père. Haruka avait ressenti une vague d'émotion. Un mélange de chagrin et de fierté. Fierté, parce que Kanata, malgré tout, était resté noble et droit. Et chagrin, parce qu'elle savait que ces blessures mettraient du temps à guérir, si tant est qu'elles guérissent un jour. Voir Arthur recevoir sa sentence avait laissé Haruka avec un sentiment partagé. D'une part, elle ressentait la culpabilité de savoir qu'une part de lui n'avait pas été pleinement responsable, mais d'autre part, elle était soulagée de savoir que la justice était rendue, que le prince qu'elle aimait tant serait désormais à l'abri de cette influence toxique.
Haruka sentit le bébé bouger légèrement sous sa main, ce qui la ramena au moment présent. Elle sourit doucement et tourna son regard vers Kanata, qui la regardait avec amour.
- Notre futur sera différent, murmura-t-elle, ses yeux pétillant d'émotion.
Le roi de l'espoir serra doucement sa main, hochant la tête.
- Oui, et il sera magnifique, répondit-il, sa voix pleine de conviction. Ils partageaient ce lien indéfectible, forgé dans la douleur, l'amour et la résilience, et c'était ce qui les poussait à avancer, à bâtir ensemble un avenir meilleur.
Ensuite, il se redressa lentement sur le trône, son regard sérieux tourné vers sa femme, Haruka. Un air de réflexion passa sur son visage avant qu'il déclare, sa voix douce mais résolue :
- Haruka, j'aurais besoin d'un nouveau conseiller royal pour certaines affaires liées au royaume.
La reine des fleurs le regarda attentivement, son expression douce s'assombrissant légèrement de préoccupation. Elle prit une inspiration et ajusta sa posture sur le siège royal, sa main toujours posée tendrement sur son ventre arrondi.
- As-tu déjà des idées pour cette position, mon amour ? demanda-t-elle, cherchant son regard.
Le roi resta pensif un moment, son regard se perdant dans le vide, puis il répondit, un léger sourire aux lèvres :
- En réalité, je devrais me rendre à une réunion pour discuter de cette question aujourd'hui même, affirma-t-il doucement, en souriant chaleureusement à sa femme.
Haruka hocha la tête silencieusement, respectant le devoir et les responsabilités qui incombaient à son mari. Il se pencha ensuite vers elle, son expression devenant plus douce. Il prit la main d'Haruka avec précaution, comme s'il s'agissait d'une chose précieuse, avant d'y déposer un baiser délicat.
- À mon retour, je te promets que je serai là, pleinement présent, ma douce fleur ! murmura-t-il, son regard croisant celui d'Haruka, empreint de tendresse et d'engagement. Elle lui répondit par un sourire, ses yeux s'illuminant un instant de cet amour qu'ils partageaient.
Kanata fit un signe aux gardes, qui se tenaient en alerte près de la porte. Les portes de la salle du trône s'ouvrirent en silence, et Kanata quitta la pièce, ses pas résonnant dans le vaste hall. Elle le suivit des yeux, le regardant disparaître derrière les lourdes portes. Son sourire, bien que doux, s'assombrit légèrement une fois qu'il eut quitté la salle. Un soupir triste échappa à ses lèvres. Elle se retrouvait seule à nouveau, et cette solitude, même entourée des plus majestueuses décorations royales, pesait parfois lourdement sur son cœur.
Haruka repensa à leur mariage. Le souvenir lui revint vivement, comme une douce mélodie qui caressait son esprit. Après le procès du roi Arthur, un an après la condamnation, leur mariage avait eu lieu. C'était un jour absolument parfait, sans aucune ombre, un jour où le royaume tout entier avait été empli de joie, d'espoir et de rêves, des émotions qui semblaient s'être éteintes depuis bien longtemps. Elle pouvait encore entendre les acclamations, voir les sourires sur les visages des habitants qui les regardaient avec espoir. Elle revoyait le visage de ses amies, Minami, Kirara, Towa, toutes pleurant de joie, vêtues de robes somptueuses, soutenant Haruka avec un amour inconditionnel. Kanata, quant à lui, avait rayonné de bonheur ce jour-là, son sourire était le plus pur qu'elle ait jamais vu. C'était leur jour, le début d'une vie pleine de promesses et d'aventures partagées. Après deux ans de mariage, elle était tombé enceinte ! Un changement radical pour son couplé, son amour, ses amies et surtout pour le royaume de l'espoir.
Elle sourit, perdue dans ces souvenirs bienheureux, jusqu'à ce qu'une voix familière la ramène au présent. Elle se retourna pour voir Miss Shamour s'approcher, sa grâce et son élégance toujours aussi impressionnantes. Elle était vêtue de sa tenue distinguée, celle qu'elle portait lorsqu'elle donnait des cours sur les manières et les compétences royales. Haruka ne put s'empêcher de sourire davantage à la vue de son ancienne professeur, celle qui lui avait appris tant de choses à l'époque où elle n'était encore qu'une adolescente cherchant à devenir une vraie princesse.
Miss Shamour s'inclina avec respect avant de déclarer :
- Majesté, il est temps de vous préparer pour le discours de la cérémonie des fleurs au village. Sa voix était douce, mais il y avait un ton d'urgence et de responsabilité.
Haruka hocha la tête, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle se redressa légèrement sur le siège, posant sa main délicatement sur sa couronne pour l'ajuster. Le poids de la couronne, pourtant léger, lui rappelait les responsabilités qui lui incombaient maintenant.
- Très bien, Miss Shamour. Je suis prête, dit Haruka, sa voix teintée de calme et de détermination.
Elle se leva du trône avec grâce, se tenant droite, projetant la dignité et la force d'une vraie reine, malgré les épreuves du passé. Ses yeux se tournèrent vers la grande porte de la salle du trône, et elle sentit son cœur battre un peu plus vite. Aujourd'hui, elle serait là, parmi son peuple, pour célébrer la beauté et l'espoir, une mission qui lui tenait à cœur plus que tout. Le sourire d'Haruka s'élargit légèrement à cette pensée, et elle fit signe à Miss Shamour qu'elles pouvaient y aller.
Tandis qu'elles quittaient la salle, Haruka sentit l'air frais du couloir, le soleil qui se faufilait par les hautes fenêtres, illuminant les murs de pierre. Aujourd'hui, elle allait être l'incarnation de l'espoir, pour son royaume, pour son peuple, et pour l'avenir de son enfant. Et même s'il y avait encore des moments de tristesse et de doute, elle savait qu'elle ne marcherait jamais seule sur ce chemin, entourée par ses amis, ses sujets et surtout son mari, Kanata, l'amour de sa vie.
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Haruka et Miss Shamour marchaient lentement à travers les longs couloirs du château. Leurs pas résonnaient doucement contre le sol de marbre poli, les grandes fenêtres de chaque côté laissaient entrer la lumière du matin, baignant l'endroit d'une douce lueur dorée. Miss Shamour expliquait les plans de la cérémonie des fleurs, ses mains gesticulant pour insister sur certains points importants. Haruka l'écoutait avec attention, sa main délicate reposant sur son ventre arrondi, sentant les légers mouvements de son enfant à venir.
- Majesté, n'oubliez pas que lors de votre discours, il serait judicieux de parler de l'importance de l'espoir renouvelé, commença Miss Shamour, ses yeux fixés sur Haruka, cherchant à la préparer mentalement pour l'événement.
La reine des fleurs hocha la tête en silence, un sourire discret mais sincère sur les lèvres. Tout semblait calme, le château baignait dans une atmosphère paisible et Haruka se sentait bien entourée et prête à remplir ses devoirs.
Mais soudain, tout changea en une fraction de seconde. Haruka fut violemment bousculée, et elle chancela en arrière, perdant presque l'équilibre. Miss Shamour se précipita vers elle, la soutenant avant qu'elle ne tombe, et la reine se redressa lentement, les yeux écarquillés de surprise. Elle se tourna vers l'homme qui l'avait heurtée, son regard s'arrêtant sur lui.
Il était grand, vêtu d'une longue cape sombre, presque dissimulant son visage sous une large capuche. Quelque chose dans son allure était dérangeant, inquiétant même. Son pas était lourd, ses mouvements calculés, mais il continua son chemin sans un regard pour Haruka, ni même un mot d'excuse. L'air autour d'eux semblait se refroidir légèrement, comme si une brume invisible avait fait son apparition. Elle le suivit du regard, son cœur battant un peu plus vite. L'homme disparut dans un couloir adjacent, s'éloignant sans prêter attention à la reine qu'il venait de bousculer.
Miss Shamour, inquiète, aida Haruka à se stabiliser.
- Haruka, vous ne devriez pas vous laisser stresser, ce n'est pas bon pour le bébé, dit-elle d'une voix douce mais ferme, ses yeux montrant une profonde inquiétude.
Haruka soupira légèrement, un peu ébranlée par l'incident, mais sa force intérieure prit le dessus. Elle se redressa avec dignité, lissant sa robe et prenant une profonde respiration.
- Il aurait quand même pu faire plus attention, murmura-t-elle, un éclat de mécontentement traversant son regard avant de s'atténuer. Elle secoua la tête, ne voulant pas laisser cet événement perturber sa journée.
La vie de reine impliquait tant de responsabilités et de défis, elle ne pouvait pas se permettre de se laisser distraire par un inconnu, même si quelque chose en elle lui disait que cet homme était différent, mystérieux et potentiellement dangereux.
Haruka tourna son attention vers Miss Shamour, lui offrant un sourire rassurant pour atténuer l'inquiétude de son ancienne tutrice.
- Ne t'inquiète pas, Miss Shamour, je vais bien. Continuons ! Mais une part d'elle ne pouvait pas ignorer l'incident, quelque chose la dérangeait, une ombre qu'elle ne pouvait pas définir.
Miss Shamour, bien que visiblement inquiète, hocha la tête avec un sourire forcé. Elles reprirent leur marche, et Haruka se tourna vers les gardes qui se trouvaient non loin de là.
- Préparez le carrosse, nous partons bientôt pour le village, ordonna-t-elle, sa voix retrouvant son calme autoritaire, cette autorité douce qui caractérisait la jeune reine.
Les gardes s'inclinèrent profondément avant de s'éloigner pour s'occuper des préparatifs. Haruka posa à nouveau sa main sur son ventre arrondi, sentant les légers mouvements du bébé sous sa paume. Elle essaya de chasser l'inquiétude de son esprit, mais une petite voix restait présente au fond de sa tête, lui rappelant la présence troublante de cet homme mystérieux. Qu'importait, aujourd'hui, elle avait une cérémonie à présider, des villageois à inspirer, et des responsabilités à remplir. Elle releva la tête, déterminée, et continua sa marche aux côtés de Miss Shamour, s'assurant de garder son esprit clair et focalisé sur ce qui comptait vraiment : l'espoir de son royaume et l'avenir de sa famille.
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Le carrosse royal avançait lentement sur le chemin pavé qui menait au village, bercé par le rythme régulier des sabots des chevaux qui frappaient le sol. À l'intérieur, le décor était somptueux, avec des coussins richement décorés et des tentures pourpres qui couvraient les fenêtres, laissant entrer de petites bandes de lumière douce. Haruka était assise confortablement sur un des sièges, une main posée sur son ventre arrondi. Elle observait ses amies, un sourire tranquille sur les lèvres, tandis que l'atmosphère à l'intérieur du carrosse semblait remplie de vie et d'énergie.
Minami, assise en face de Haruka, se tenait avec grâce, un sourire doux en coin. À ses côtés, Kirara était visiblement en plein débat, son visage plissé d'agacement.
- Non, mais je vous assure ! Le cuisinier royal est vraiment un rabat-joie ! Comment peut-on nous servir quelque chose d'aussi simple alors que nous préparons une grande cérémonie ?!
À côté de Kirara, Towa roula doucement des yeux, un sourire moqueur aux lèvres.
- Ton comportement est indigne d'une jeune femme, Kirara. Tu es une modèle, une icône pour tant de gens. Il serait temps d'agir comme tel, répliqua-t-elle, ses yeux pétillant de malice.
Minami pouffa de rire derrière sa main, appréciant la légère confrontation entre ses deux amies. Le carrosse semblait soudainement être rempli de l'ambiance chaleureuse qui caractérisait leurs moments ensemble. Kirara, visiblement agacée, fronça les sourcils et tourna son regard vers Haruka, l'implorant du regard.
- HaruHaru, dis quelque chose ! Aide-moi, toi ! s'exclama-t-elle.
Haruka regarda Kirara un instant, un sourire amusé flottant sur ses lèvres. Elle secoua doucement la tête avant de murmurer avec une pointe de malice,
- Je préfère m'occuper de mon bébé, pour l'instant Kirara !
Elle caressa tendrement son ventre arrondi, un air apaisé sur le visage. Kirara écarquilla les yeux, laissant échapper un hoquet de surprise.
- QUOI !? DEPUIS QUAND EST-CE QUE LA REINE HARUHARU, SE PERMET DE SE MOQUER DE MOI Quoi ?! s'exclama-t-elle, faussement indignée.
Minami ne put s'empêcher de laisser échapper un éclat de rire, couvrant sa bouche de ses doigts délicats pour essayer de se contrôler, mais échouant. Towa, qui observait la scène avec un sourire complice, ajouta en riant légèrement,
- Eh bien, belle-sœur, on dirait que depuis que tu as une couronne sur la tête, tu fais la loi !
Kirara, visiblement exaspérée, laissa éclater son mécontentement, son visage rouge de frustration.
- C'est ça, moquez-vous de moi toutes les trois ! Vous allez voir, je ne me laisserai pas faire ! Elle croisa les bras, faisant semblant de bouder tandis que Towa et Minami éclataient de rire, leurs éclats de voix remplissant l'espace confiné du carrosse d'une énergie bienveillante.
Mais Minami reprit son sérieux assez rapidement, levant une main douce en signe d'apaisement.
- D'accord, d'accord, mais calmons-nous, Kirara. Rappelle-toi, il ne faut surtout pas faire stresser Haruka, surtout dans son état actuel.
À cette remarque, le visage de Kirara se détendit instantanément. Elle se tourna vers Haruka, les sourcils légèrement froncés, une expression de préoccupation sur le visage.
- Oh...Oui, tu as raison, Minami, comme toujours ! Je ne voudrais jamais faire du mal à HaruHaru ou au bébé ! Son regard se fit plus doux et elle se pencha légèrement vers Haruka. Désolée, HaruHaru. Parfois, je m'emporte un peu trop.
Haruka hocha la tête, son regard chaleureux. Elle tendit sa main vers Kirara, posant doucement sa paume sur la sienne.
- Ne t'inquiète pas, Kirara. C'est aussi grâce à toi, à votre énergie et à vos rires, que je me sens toujours aussi forte. Le bébé ressent cette chaleur, et je suis sûre qu'il apprécie cela tout autant que moi ! dit-elle paisiblement, en rigolant à son tour.
Kirara sourit enfin, un sourire sincère, avant de serrer doucement la main de Haruka.
- Merci, HaruHaru. C'est vrai que l'amour et la joie sont les meilleures choses à donner !
La conversation changea alors de ton, revenant à des sujets plus légers, tandis que le carrosse continuait de se diriger vers le village. Le lien qui unissait les quatre jeunes femmes était toujours aussi solide, renforcé par les épreuves qu'elles avaient traversées ensemble. Haruka, assise dans ce carrosse entourée de ses amies, se sentait profondément reconnaissante d'avoir ces moments de complicité, malgré toutes les responsabilités qui pesaient sur elle en tant que reine. Elle savait que, quoi qu'il arrive, elle pourrait toujours compter sur ses amies pour la soutenir, et cela la rassurait profondément, tout en lui rappelant la vraie valeur de l'espoir et de l'amitié.
Assise confortablement dans le carrosse, Haruka sentait la fatigue peser sur elle, ses paupières devenant lourdes. Le carrosse se balançait doucement sur la route pavée, et elle laissait son regard vagabonder par la fenêtre, observant les paysages qui défilaient, son esprit se perdant un instant dans la sérénité du moment.
Cependant, un mouvement attira son attention. Elle plissa les yeux, intriguée, pour distinguer une silhouette inhabituelle parmi les ombres des arbres. Curieuse, Haruka se pencha légèrement vers la fenêtre, afin de mieux distinguer la forme, et ce qu'elle vit la figea sur place.
C'était l'homme mystérieux qu'elle avait croisé plus tôt dans les couloirs du château, celui qui l'avait bousculée sans un mot ni une excuse. Ses vêtements sombres se détachaient clairement du paysage, et son allure inquiétante ne faisait que renforcer l'impression d'une menace sourde. Il se trouvait au bord de la route, immobile, les yeux fixés sur elle.
Une sensation glaciale parcourut la colonne vertébrale d'Haruka alors que son regard croisa celui de l'inconnu. Ses yeux étaient rouges, d'une intensité qui semblait percer la distance et pénétrer directement dans son âme. Une panique instinctive monta en elle ; son cœur sembla soudain pris dans un étau. Elle fronça les sourcils, sentant la douleur apparaître, là où son cœur battait habituellement avec vigueur.
Avant qu'elle puisse esquisser un geste ou appeler à l'aide, une vive douleur se propagea à travers sa poitrine. C'était comme si quelque chose serrait son cœur, une force invisible, puissante et malveillante. La douleur était si soudaine et aiguë qu'elle lui coupa le souffle. Elle ouvrit la bouche, cherchant désespérément à respirer, mais la sensation ne faisait que s'intensifier.
- AÏE !?
Un cri s'étrangla dans sa gorge, à moitié étouffé, mais assez fort pour attirer l'attention de ses compagnes dans le carrosse.
Minami, qui jusque-là souriait aux plaisanteries de Kirara et Towa, tourna brusquement la tête vers Haruka, ses yeux s'élargissant de surprise.
- HARUKA ! s'écria-t-elle, se penchant vers elle, la panique dans sa voix.
Kirara, qui s'apprêtait à répliquer à Towa, s'arrêta net, son visage se transformant immédiatement d'agacé à inquiet.
- HaruHaru ? Qu'est-ce qui se passe ?! Elle se rapprocha, tendant une main tremblante vers elle.
Haruka plaqua une main contre sa poitrine, les yeux écarquillés de douleur et de choc. Son visage avait pâli, des perles de sueur apparaissant sur son front. Elle essaya de prendre une profonde inspiration, mais la douleur l'empêchait de se concentrer. Son regard se porta à nouveau vers la fenêtre, espérant que la silhouette de l'homme ait disparu. Mais il était toujours là, immobile, et ses yeux rouges semblaient la suivre, brûlant d'une étrange lueur.
Towa, comprenant que quelque chose de grave se passait, s'accrocha à la fenêtre, cherchant ce que Haruka semblait fixer. Mais l'homme n'était déjà plus visible, disparu aussi subitement qu'il était apparu.
- Il n'y a rien dehors... Minami, fais quelque chose !
Minami prit une profonde inspiration, essayant de rester calme malgré la panique qui montait en elle. Elle posa ses deux mains sur les épaules d'Haruka, essayant de capter son regard.
- Haruka, regarde-moi, respire doucement, reste avec nous. Nous sommes là, tu n'es pas seule.
Haruka cligna des yeux, ses lèvres tremblant, tandis que son regard flou se portait vers Minami. Elle serra les dents, essayant de calmer sa respiration, inspirant lentement malgré la douleur qui déchirait sa poitrine. Minami, Kirara et Towa la soutenaient, chacune de leurs présences comme une ancre pour elle.
Après de longues secondes qui paraissaient une éternité, la douleur sembla enfin diminuer, laissant place à une profonde fatigue. Haruka se laissa tomber en arrière, son dos rencontrant le coussin du siège avec un soupir épuisé. Elle ferma les yeux, sa main toujours posée sur son ventre arrondi, essayant de se reconnecter avec la vie qui grandissait en elle, de puiser de la force dans cet espoir.
Kirara se mordit la lèvre, visiblement inquiète.
- On devrait s'arrêter. Il faut que quelqu'un vérifie ce qui se passe !
Minami hocha la tête, son regard rempli de détermination. Elle ouvrit la fenêtre et cria des instructions au conducteur du carrosse, lui ordonnant de s'arrêter immédiatement. Pendant ce temps, Towa prit doucement la main d'Haruka, la serrant dans la sienne pour la réconforter.
- Ne t'en fais pas, Haruka. Nous allons trouver ce qui se passe, et nous te protégerons, toi et le bébé, murmura Towa, sa voix douce et rassurante.
La reine des fleurs ouvrit lentement les yeux, offrant un faible sourire à ses amies, bien que son esprit soit encore hanté par l'image de cet homme aux yeux rouges.
- Merci, murmura-t-elle d'une voix faible mais sincère. Avec vous à mes côtés, je sais que je peux surmonter ça !
Le carrosse s'arrêta enfin, et les gardes accoururent pour aider la reine. Minami, Kirara et Towa échangèrent un regard inquiet mais déterminé. Peu importe la menace, elles étaient prêtes à affronter tout ce qui se présenterait sur leur chemin pour protéger Haruka et le royaume.
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Haruka était allongée sur les coussins moelleux du carrosse, le visage pâle et couvert de sueur froide. Minami, agenouillée à ses côtés, posa délicatement une serviette humide sur le front de son amie, ses mains tremblantes d'inquiétude. Le contact de la serviette fraîche contre sa peau apporta un semblant de soulagement à Haruka, dont les paupières étaient à moitié closes.
Minami soupira profondément, se penchant un peu plus près, ses yeux emplis d'une compassion sincère.
- Haruka, tu devrais peut-être rentrer au château, suggéra-t-elle, sa voix douce mais ferme. Le stress n'est vraiment pas bon pour toi et pour le bébé. Il serait plus sage de laisser la cérémonie attendre !
Kirara, qui jusque-là était restée silencieuse, hocha la tête vigoureusement, son expression pleine d'inquiétude.
- Minami a raison. La cérémonie peut attendre. Ce qui compte le plus maintenant, c'est que tu te sentes mieux, HaruHaru, murmura-t-elle, sa voix teintée d'une sincère préoccupation. Elle glissa son regard vers Haruka, essayant de capter son approbation.
Towa, toujours calme et posée, se redressa dans le carrosse, tournant la tête vers le cocher. Son ton n'admettait aucune discussion.
- Faites demi-tour immédiatement. Retournez au château, ordonna-t-elle, avant de se tourner vers les gardes, qui se tenaient autour du carrosse, prêts à toute éventualité. Annulez tous les plans pour aujourd'hui. Informez les organisateurs que la cérémonie des fleurs est reportée !
Haruka se redressa légèrement, ouvrant les yeux pour regarder ses amies. Elle savait qu'elles avaient raison, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable.
- N-Non... Tout annuler ? murmura-t-elle faiblement, sa voix presque étouffée par la douleur et la fatigue. Elle détestait être un fardeau, surtout pour le peuple qui attendait cette cérémonie avec tant d'espoir.
Mais alors qu'elle essayait de protester, une sensation familière s'empara de sa poitrine, une douleur profonde et angoissante qui irradiait du centre de son être. Haruka laissa échapper un gémissement involontaire, sa main se posant instinctivement sur sa poitrine, là où elle sentait cette sensation oppressante. Ce sentiment, elle le reconnaissait. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas ressenti, pas depuis cette époque sombre où elle était devenue Dark Flora, une période qu'elle s'efforçait désespérément d'oublier.
Son esprit revint à ce moment terrible, le souvenir de la lutte intérieure qui avait failli la détruire. L'image de Dyspear, la sorcière manipulatrice, et la douleur de s'être elle-même frappée avec sa propre magie pour se libérer de cette emprise sombre. Haruka serra les dents, sentant ses yeux se remplir de larmes qu'elle refusait de laisser couler. Elle ferma les yeux un instant, respirant profondément malgré la douleur, essayant de repousser ces pensées noires et de retrouver son calme.
Minami, voyant la détresse de son amie, posa une main rassurante sur l'épaule de Haruka.
- Respire, Haruka. Nous sommes là. Nous ne te laisserons jamais traverser ça seule, dit-elle doucement, sa voix à peine un murmure, pleine de sollicitude. Concentre-toi sur le présent, sur toi et ton bébé !
Kirara se pencha en avant, prenant la main d'Haruka dans la sienne.
- Tu es forte, HaruHaru, plus forte que n'importe qui. Mais tu n'as pas besoin de tout porter toute seule, dit-elle d'une voix tremblante. Nous sommes tes amies, et nous serons toujours là pour toi !
La reine des fleurs rouvrit les yeux, les larmes menaçant de couler. Elle fit de son mieux pour offrir un sourire rassurant à ses amies, malgré la fatigue évidente qui pesait sur elle.
- Merci... À toutes les trois, murmura-t-elle, serrant légèrement la main de Kirara. Vous avez raison. Il vaut mieux rentrer...P-Pour le bien du bébé.
Towa hocha la tête avec détermination, se tournant à nouveau vers le cocher pour vérifier que les ordres avaient été suivis. Le carrosse faisait maintenant demi-tour, et les gardes se déployaient autour d'eux pour garantir un retour en toute sécurité.
Alors que le carrosse prenait la route vers le château, Haruka regarda à nouveau par la fenêtre, la silhouette inquiétante ayant disparu de sa vue. Elle ferma les yeux, essayant de se concentrer sur les battements rassurants de son cœur et sur la chaleur de la vie qui grandissait en elle. Cette vie, son enfant, représentait tout l'espoir et la lumière qu'elle avait retrouvés après l'obscurité. C'était pour lui qu'elle se battrait, c'était pour cet enfant qu'elle affronterait encore une fois les ombres, si nécessaire.
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Haruka avançait dans les couloirs du château, suivie de près par ses gardes royaux, qui s'inclinaient respectueusement à chaque fois qu'elle passait devant eux. La robe de la reine flottait doucement derrière elle, épousant chaque mouvement, et sa main était posée instinctivement sur son ventre arrondi, comme pour le protéger de tout ce qui pourrait arriver. Malgré son calme apparent, Haruka se sentait troublée. Ce sentiment ne la quittait pas depuis qu'elle avait ressenti la douleur soudaine dans sa poitrine et aperçu cet homme inquiétant aux yeux rouges.
Elle devait en parler à son mari, même s'il était actuellement en pleine réunion. Elle savait qu'elle devait aborder le sujet immédiatement, tant cela la préoccupait. En arrivant devant les portes de la salle de réunion, Haruka marqua une pause. Elle soupira, tentant de rassembler ses pensées avant d'ordonner au garde de lui ouvrir la porte. Elle regarda les deux battants s'ouvrir lentement devant elle, révélant l'intérieur de la grande salle.
Son souffle se coupa brusquement. Devant elle, son mari, le roi Kanata, se tenait près de la table, discutant avec le même homme qu'elle avait aperçu plus tôt. Celui-ci, vêtu d'une longue cape sombre, affichait un sourire mystérieux, tandis que ses yeux rouges semblaient briller d'une lumière énigmatique. Et pire encore, Kanata riait, une expression de détente sur son visage, comme s'il se trouvait en compagnie d'un vieil ami.
Kanata tourna la tête lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, et son sourire s'élargit lorsqu'il vit Haruka. Il fit un geste vers elle pour qu'elle avance, sa voix pleine de chaleur.
- Haruka, ma chérie, je voudrais te présenter notre nouveau conseiller royal !
Haruka resta immobile un instant, ses yeux écarquillés d'incrédulité. Puis, elle fronça les sourcils, ses bras se croisant par réflexe. Une tension pesait dans l'air, et elle se força à garder son sang-froid. L'homme aux yeux rouges se redressa en voyant la reine entrer, et un sourire malicieux étira ses lèvres alors qu'il s'avançait vers elle. Avec une lenteur calculée, il s'agenouilla devant Haruka pour exécuter la révérence royale, un geste qui, dans ce contexte, lui semblait empli de sarcasme.
- Majesté, déclara l'homme, sa voix suave résonnant dans la grande salle. Je suis honoré de faire enfin votre connaissance !
Haruka resta silencieuse, son regard glacé rivé sur l'homme, observant chacun de ses mouvements. L'aura qu'il dégageait était sombre, et chaque fibre de son être la mettait en alerte. Elle comprit alors, en le voyant ainsi s'agenouiller devant elle, que ce n'était que le début d'une nouvelle épreuve. Après deux années de paix, un nouveau danger venait frapper à leur porte. Elle détourna le regard, reportant son attention sur Kanata, qui s'approchait d'elle avec un sourire insouciant.
- La cérémonie a été légèrement modifiée, murmura Haruka, un regard noir lancé à son mari. Pour ma santé et celle de notre enfant, dit-elle finalement, en soupirant.
L'homme mystérieux se releva lentement, l'air soudainement décontenancé. Ses yeux rouges se plissèrent légèrement tandis qu'il demandait d'une voix feinte d'incrédulité,
- Oh, votre Altesse...V-Vous êtes enceinte ?
Kanata, souriant toujours, posa une main sur l'épaule d'Haruka, cherchant à calmer toute inquiétude.
- Oui, c'est vrai, confirma-t-il, ignorant la tension palpable autour de lui. Nous attendons un heureux événement !
Mais Haruka ne quittait pas l'homme du regard. Elle voyait à travers son sourire, à travers ses manières charmantes, quelque chose de beaucoup plus sombre, une manipulation évidente. Sans hésiter, elle répliqua avec une pointe d'ironie acérée dans la voix,
- Pourquoi ? Vous pensiez que j'étais grosse ?!
L'homme la fixa, le sourire figé un instant, avant qu'une expression confuse passe sur son visage. Il n'était pas préparé à cette réponse, et pendant une fraction de seconde, il perdit son masque. Haruka soutint son regard, ses yeux brillants de défi, comme pour le forcer à montrer son vrai visage.
Kanata, sentant la tension monter, tenta de détendre l'atmosphère.
- Haruka, il n'y a pas besoin d'être si directe, dit-il doucement, cherchant à tempérer la situation.
Mais la jeune femme ne lui prêta pas attention, ses yeux rivés sur l'homme devant elle, cherchant à comprendre ce qu'il était venu faire ici, et quelles étaient ses intentions.
Le silence qui s'ensuivit fut lourd, brisé seulement par la respiration lente de chacun des occupants de la salle. Haruka savait qu'elle devait rester forte, non seulement pour elle, mais aussi pour son enfant à venir, et pour le royaume. Elle se tourna vers son mari, le regard empli de reproches, avant de murmurer d'une voix suffisamment forte pour que tous l'entendent,
- J'espère que tu sais ce que tu fais, Kanata !
L'homme mystérieux se redressa complètement, un sourire crispé accroché à ses lèvres, et il s'inclina légèrement, se reculant pour laisser Haruka passer. Leurs regards se croisèrent une dernière fois, et Haruka sentit quelque chose, un avertissement silencieux, une menace non formulée.
En sortant de la salle, elle savait qu'une nouvelle bataille se profilait à l'horizon, bien plus subtile et perfide que celles qu'elle avait affrontées auparavant. Elle devait rester sur ses gardes, car la paix tant chérie par son peuple était à nouveau en danger.
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