Bonus
Bonjour à tous !
Comme la publication d'Aniketos est momentanément interrompue par des vacances chargées et une rentrée difficile, je vous propose un texte qui met en scène Aniketos pour patienter en le découvrant dans d'autres aventures...
Dans le monde d'Harry Potter !
Pour le concours Epic Inked Battle (InkedBattle), j'ai écrit avec comme consigne de mettre en scène mon personnage (Aniketos donc) qui découvre le quai 9 3/4 ou l'existence avérée de la magie.
Voici le résultat, j'espère que ça vous plaira !
=>Attention, il s'agit bien d'un bonus/extra, ceci n'est en aucun cas un spoiler ou une scène impactant réellement l'histoire!
Bonne lecture et puissent les dieux veiller sur vos pas,
Dream
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Son visage déformé par la douleur s'affaissa et sa tête retomba contre son collier en cuir.
Vidé de force et de volonté. Vidé d'espoir et de sentiments. Ne persistait que sa souffrance, pire supplice qu'il n'ait jamais traversé.
Chaque coup traversait sa chair, transperçait ses os et permettait à la pièce métallique de s'insinuer au plus profond de lui. Avec une lenteur abominable, elle avançait inexorablement jusqu'à s'enfoncer dans le bois.
Dans un effort surhumain, Aniketos se servit de ses épaules pour se redresser légèrement. Le mouvement soulagea ses jambes défaillantes et lui permit de respirer. L'air s'infiltra dans sa bouche ouverte, brûla sa gorge sèche et le fit toussoter. Vicieux mais crucial pour vivre.
Car malgré sa volonté de se laisser mourir pour enfin rejoindre les enfers, son instinct de survie le contraignait à se battre. À inspirer. À relever son corps pour mettre fin à l'asphyxie qui l'étouffait lorsque tout son poids pesait sur son diaphragme.
Remarquant sa traction, Marcus Crassus hurla :
— Brisez-lui les jambes !
Aussitôt, deux légionnaires s'emparèrent d'une barre de fer et s'approchèrent de sa croix. Ils frappèrent ensemble, de toutes leurs forces, sur les jambes d'Aniketos.
Ses os se brisèrent dans un craquement épouvantable. Un cri rauque s'étouffa à la bordure de ses lèvres craquelées ; pantelant, il fut incapable d'émettre ne serait-ce qu'un gémissement. Ce furent seules que des perles s'échappèrent de ses yeux gorgés de sang. Les larmes silencieuses dévalèrent ses joues pour s'écraser sur la terre qui bordait la Via Appia.
Dernières traces de son passage ici-bas.
Ses jambes inertes ne le portaient plus et ses bras agités de spasmes ne parvenaient pas à le soulever. Alors, l'air lui manqua pour de bon. Respirer. Il s'étranglait dans son propre sang. Respirer. Il suffoquait. Respirer. Il étouffait. Respirer !
Ses yeux bleus imprégnés d'un rouge sombre se voilaient, son cœur ne pulsait que faiblement dans sa poitrine et tout ce qui lui parvenait était l'horrible déchirement de sa peau clouée à la croix de bois. Une ultime pensée pour Aelia traversa son esprit embrumé par le manque d'oxygène : puissent les dieux veiller sur tes pas, mon amour.
Puis un dernier soubresaut agita son corps et il se sentit enfin partir.
***
Une goutte d'eau quitta les yeux révulsés du guerrier crucifié, roula le long d'une de ses joues terreuses inclinées vers le bas, et de là, glissa directement jusqu’au sol. Elle fut accueillie par un carrelage glacial, contrastant avec la chaleur étouffante qui pesait sur la Via Appia.
Aniketos ouvrit brusquement les yeux.
Il inspira avec avidité une goulée d'air.
Son corps se décolla lentement de sa croix de bois. Ni ses mains, ni ses pieds ne le retenaient cloué. La mort avait chassé ses blessures.
Avant de basculer vers l'avant, Aniketos sentit ses sens reprendre vie, en même temps que son cœur qui se remettait à battre. Une odeur d'encens s'infiltra dans ses narines, le goût du sang réveilla ses papilles et un froid terrible l'envahit, comme s'il avait absorbé la température d'une statue de marbre laissée aux mains de l'hiver durant des millénaires.
Et le pire furent les cris hystériques qui assaillirent ses oreilles. Des phrases criées à tout va dans une cacophonie étouffante : « Jésus revient, Jésus revient parmi les siens ! », « Mon père, regardez, derrière vous ! La Sainte croix s'anime ! ». Et ces mots revenaient sans cesse, sans trouver d'écho dans ses connaissances du latin et du grec.
Il commença enfin à chuter vers le sol. Et la dernière chose qu'il capta fut l'image d'un vieil homme qui convulsait contre le sol en plasmodiant :
— In nomine Patris et Filii, et Spiritus Sancti, amen.
Cette invocation, enfin prononcée en latin, l'accompagna dans son plongeon et orienta ses pensées vers les dieux. Avec effroi, il réalisa que jamais les Romains ne lui offriraient de sépulture et qu'il était condamné à errer sans but dans L'Érèbe durant cent ans.
Puis ce fut le moment de la collision.
Les carrelages se rapprochaient. Mais au lieu de s'y écraser douloureusement, Aniketos passa au travers.
Il traversa le sol, comme absorbé par son essence même. Il franchit une dernière couche de pierres avant de tomber à plat ventre contre des barres de bois disposées sur des cailloux. Il en eut le souffle coupé et ne put se redresser.
Soudain, un bruit épouvantable assaillit ses oreilles. Une bête gigantesque, d'un rouge resplendissant, roulait à toute vitesse en crachant des nuages de fumée.
Le monstre s'approchait à une allure hallucinante, en filant sur les longues barres rouillées qui bordaient les planches de bois.
Droit sur lui.
Dans un sursaut de terreur, il tenta de se relever pour fuir. Mais avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, plusieurs voix retentirent ensemble.
— Locomotor Barda !
Aussitôt, des filets rouges le soulevèrent du sol. Il se sentit violemment projeté vers le ciel. Son cœur se retourna et il eut la nausée. Mais, pire que tout encore, l'incompréhension lui coupait la respiration. Où donc se trouvait-il pour se sentir aussi vivant et être entouré d'autant de phénomènes étranges, voire divins ?
Jamais Aniketos n'avait cru en les rites de sorcellerie. Jamais, non plus, il n'avait espéré admirer les pouvoirs des dieux de ses propres yeux et encore moins en être victime.
Et pourtant...
Et pourtant, il voyait cette créatrice de fumée surréelle avancer plus vite que des chevaux de course lancés au galop.
Et pourtant, il volait tel un oiseau, mû par une force inexplicable.
Ses pieds touchèrent finalement la terre ferme, et à peine s'y posèrent-ils qu'un vent violent lui fouetta le visage au passage de la machine infernale. Elle ralentit à côté de lui dans un crissement suraigu.
Il vacilla, tituba quelques instants, puis parvint à retrouver l'équilibre.
Aniketos se trouva nez à nez avec un attroupement d'enfants. Leurs tenues surprenantes captèrent immédiatement son attention et reléguèrenr ses interrogations sur la magie au second plan. Le Grec dévisagea avec curiosité leurs accoutrements. Jamais il n'avait vu des tissus semblables ! Leurs tuniques s'arrêtaient dès le bas de leur ventre et une seconde pièce d'une autre matière épousait le contour de leurs jambes. Intrigué, il releva la tête pour apercevoir des chariots remplis de livres – des livres en telle quantité ! – et de cages.
Son regard remonta jusqu'à des visages enfantins effrayés et, plus loin, des adultes qui les entouraient.
Il éprouva un élan de reconnaissance envers toutes ces personnes. Malgré leur allure des plus étranges et leur crainte évidente, ils lui avaient sauvé la vie.
Aniketos se demandait pourquoi des êtres dotés de pouvoirs divins paraissaient aussi craintifs, lorsqu'un homme s'avança lui. Une baguette en bois à la main, il s'arrêta bien trop près d'Aniketos.
Sa présence oppressante se mêla à la certitude qu'il n'était pas dans le chaos sombre et ténébreux de L'Érèbe. Les couleurs bien trop vives ne correspondaient pas à l'image qu'il s'en faisait.
L'homme fit un pas de plus. Le guerrier se sentit aussitôt en danger. Ses réflexes acquis durant sa formation militaires reprirent le dessus et il balaya les alentours du regard à la recherche d'une arme.
Le Spartiate repéra un petit roux, un peu avancé par rapport aux autres enfants, qui tenait un bout de bois entre ses doigts frêles. Aniketos se déplaça à pas prudents, jusqu'à être à portée de sa cible.
Soudain, le curieux attrapa la mâchoire du gladiateur entre ses doigts osseux. Il lui releva la tête et l'inspecta à la manière d'un laniste qui examinait les esclaves avant de les acheter. Aniketos sentit la rage l'envahir au souvenir encore amer de Lentulus Batiatus qui lui faisait subir le même examen.
La haine bouillonnait dans ses veines.
Sans réfléchir, le gladiateur arracha la baguette du rouquin et la planta dans le cou du malheureux. Ce dernier sentit sa peau se déchirer et l'air lui manquer, sa femme hurla de douleur à sa place. Il gargouilla dans son sang avant de s'effondrer.
Mort.
Aniketos regarda autour de lui en retroussant les lèvres et exhiba sa baguette pleine de sang.
— Expelliarmus*, hurla l'épouse du défunt.
Le Grec sentit le bout de bois s'agiter dans sa main et il serra de toutes ses forces pour le retenir. Il ne pouvait pas lui échapper. Non ! C'était impossible !
Il résista de son mieux en implorant Arès de le soutenir lors de l'affrontement, mais le dieu ne répondit pas à ses prières. Le guerrier ne put qu'assister, impuissant, au départ de son arme qui le quitta pour rouler sur le sol.
La femme avait vaincu Arès. Puissant dieu de la guerre.
Le cœur d'Aniketos rata un battement.
Il se tenait vraisemblablement face à une déesse.
Comment expliquer ce phénomène autrement ?
Oui, elle ne pouvait être qu'une divinité.
Mais, alors qu'il le réalisait, il comprit qu'elle allait le tuer. Un mortel ne déclenchait pas la colère d'une déesse impunément. Si le crucifiement n'était pas venu à bout de lui, il mourrait de sa main à elle.
Aelia...
Le sort le frappa de plein fouet, s'enroula autour de lui et le serra dans son étreinte mortelle.
... n'aie crainte !
Et, au son d'un "Avada Kedavra" époumoné avec rage, le guerrier invincible s'effondra.
Notre amour est plus puissant que la mort.
Vaincu, mais le corps agité d'un imperceptible souffle de vie.
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