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Saaaalut, tout le monde ! Comment ça va, today ? Moi ça va - pas comme mes cheveux (rires)

Aujourd'hui, les amis, ça va être une vidéo triste. Eh oui ! J'me suis réveillé ce matin et, genre, la première chose que je vois c'est un tweet qui parle de Gloomy Sunday. Alors vous le savez, je suis intéressé, donc j'appuie sur la notification. En gros, ça disait que, genre, y avait une nouveauté sur l'affaire. Et là je vois qu'il y a un lien et donc j'appuie dessus. Et là je vois quoi ? Le détective hyper connu, là - Héliodore... Non, Theodore Harris, s'cuzez moi (rires). Bref, le détective il a perdu sa fille ! Et, genre, ça s'est passé hier, t'vois. Enfin, c'était minuit, donc techniquement c'est aujourd'hui mais, bref, sa fille a été assassinée ! C'est pas un truc de ouf, ça ? Et il paraît la police veut plus qu'il bosse sur l'affaire et tout. Mais, genre. Sa fille, quoi.

Je sais pas vous, mais moi j'suis trop choqué.


- P O U R L' A M O U R du ciel, Nicholas !

Marre d'entendre que du silence à l'autre bout du fil, Theodore hurle presque.

- Si tu ne réponds pas, je te jure que je vais... !

Trois tonalités succinctes retentissent à son oreille - son temps pour enregistrer un message vocal s'est écoulé. Theodore émet un grognement de frustration, manquant de fracasser son téléphone au sol. Cela fait environ la trente-sixième fois que Hobbs, son ami et coéquipier, ignore ses appels. Theodore déteste bien des choses, mais être tenu à l'écart dans des situations le concernant de manière aussi directe le rend fou.

Il rappelle immédiatement.

- Ecoute, dit Theodore dans un soupir, se heurtant de nouveau à la boîte vocale de l'officier. Je veux juste savoir ce qu'il se passe. Je t'en prie. C'est ma fille. C'est ma petite fille dont il s'agit. Je t'en prie.

Les larmes refoulées piquent soudainement les yeux de Theodore, qui appuie sur le bouton raccrocher de son téléphone. Quatorze heures de silence et de questions sans réponses. Quatorze heures qu'on refuse de lui dire ce qui est arrivé à sa petite fille, ni où elle est et ce qui est fait de son corps.

Son corps, pense Theodore, nourrissant une énième vague de douleur. Son corps dépourvu d'âme et de vie. Impossible ! Il n'y croit pas. Il ne peut y croire. Pas tant qu'il ne l'aurait pas vu de ses yeux.

Julie. Parmi toutes les jeunes filles de la ville, il a fallu que cette histoire sordide fasse d'elle l'une de ses victimes. Est-ce une affaire personnelle ? Theodore ne peut s'empêcher de penser que le tueur s'en soit pris à Julie dans le but de l'attaquer, lui, indirectement. Theodore est conscient de ne pas être porté dans le cœur de la majorité des gens qui l'entourent ; mais du simple mépris à l'assassinat de sa fille ? La seule explication qui soit rationnelle à l'heure qu'il est, est que Theodore ait été considérablement proche de résoudre cette affaire...

Le pire, c'est qu'il n'est désormais pas près de faire le moindre progrès. L'énigme était déjà bien difficile sans que l'on empêche Theodore de mener son enquête ! Mais parce qu'il est le père de la dernière victime en liste, il ne vaudrait mieux pas qu'il continue à travailler sur ce maudit Gloomy Sunday. Sottises ! Pour Theodore, la mort de sa fille - aussi déchirante et lancinante soit-elle - est une raison de plus - et une très bonne - pour lui de davantage s'investir dans cette affaire. Car maintenant, il ne s'agit plus seulement de servir son devoir de détective et homme de loi.

Maintenant, Theodore possède un désir de vengeance à assouvir.

Quoi de mieux, pour cela, que de mettre le responsable de son malheur et de celui de bien d'autres derrière les barreaux ? Sasser Park. Theodore s'y est rendu dans le dos de Hobbs, malgré les protestations de ce dernier. Il respecte l'opinion de son ami - lui qui est si raisonnable - mais Theodore ne se voit pas rester les bras croisés dans une telle situation. Malheureusement, à peine a-t-il mis le pied sur la scène de crime que quelqu'un l'arrêta. Hobbs ne le connait manifestement que trop bien, et a donné l'ordre qu'on recale Theodore s'il était aperçu dans les alentours. Il n'a pu trouver Julie à temps, ni même la personne morte la même nuit.

D'ailleurs, qui est-ce ? Hobbs a fini par céder et lui a avoué l'identité de la seconde victime. Christopher Wilkins. C'est la première fois que ce nom arrive aux oreilles de Theodore. Comment cet étranger peut-il être associé à Julie ? Le fait qu'il soit mort à intervalle réduite ne veut dire qu'une chose... Ce jeune homme - ce... Christopher - était ce qu'on appellerait le petit-ami de Julie. Combien de temps cela a-t-il duré ? Et pourquoi Theodore n'a jamais rien remarqué ? Son cœur se resserre.

À quel moment a-t-il commencé à ignorer tant de sa propre fille ?

Maintenant qu'il y pense, cela fait quelques temps que le comportement de Julie a changé. Elle souriait bien plus et était généralement de meilleure humeur, elle qui était si morose et distante auparavant. Sa froideur d'antan. Theodore en a rejeté la faute sur la crise d'adolescence, mais peut-être que Betty et lui sont-ils passés à côté de tout autre chose...

Et tout le monde acclame sa perspicacité.

Theodore soupire - certainement dans une tentative de soulager sa poitrine comprimée. Cela ne fait pas effet. Il trouve presque drôle le poids qui peut peser sur un cœur, lorsque celui-ci réalise qu'il ne connait pas ses proches aussi bien qu'il le devrait. Honte. Déception de soi-même. Hélas, c'est une épiphanie qui arrive bien trop tard. Theodore est père - était père. Ce mot a bien des définitions, induit bien des rôles. Et l'un d'entre eux est de ne pas laisser tomber sa propre enfant.

Un bruit sourd à l'étage fait sortir Theodore de ses pensées. Le noir de la nuit a largement eu le temps de s'installer, l'engloutissant en même temps que la pièce d'une marée obscure. Seule une lumière brille en provenance de la cuisine, et celle-ci ne suffit pas à éclairer le salon - ou les idées noires de Theodore. Intrigué, il décide de quitter le canapé dans lequel il a cogité des heures durant et monte les escaliers afin de découvrir la source du bruit. Seule Betty se trouve à l'étage. Que fait-elle ? Un sentiment désagréable dans l'estomac, Theodore presse le pas.

Toc toc. Theodore dépose une main sur la poignée de la porte de sa chambre, mais ne la tourne pas.

- Betty ?

Theodore patiente un instant dans l'attente d'une réponse. N'en recevant aucune, il toque de nouveau.

- Est-ce que tout va bien ?

Question sincère mais néanmoins stupide. Pas étonnant qu'elle ne veuille pas me parler... Theodore colle son front contre le bois froid de la porte, en silence. Quand il a annoncé la triste nouvelle à Betty, le choc l'a rendue catatonique. Elle s'est immédiatement enfermée dans leur chambre et a catégoriquement refusé de prononcer un mot. Inquiet, Theodore est régulièrement venu vérifier qu'elle tenait le coup. Mur de silence à part, il a cru l'entendre renifler à plusieurs reprises et a souhaité pouvoir la réconforter - et, par la même occasion, avoir du réconfort en retour.

Si seulement elle...

- Tu peux rentrer.

Theodore se redresse dans un sursaut. Ayant peur qu'elle change d'avis, il ne perd pas une seconde avant d'ouvrir la porte et de pénétrer dans la pièce.

Betty est assise, dos à lui, sur le lit double qu'elle seule occupe depuis un certain nombre de semaines. Elle ne prend pas la peine de se retourner ; Theodore fait quelques pas vers elle. Aux pieds de Betty se trouve un cadre qu'il reconnait immédiatement. C'est une photo récente - Julie a quinze ans sur celle-ci, son air un tantinet plus jeune ainsi que celui de ses parents n'arrangeant en rien leurs sourires faux. Aussi tenaces que ces derniers, le verre du cadre - qui serait parti en pièces s'il n'y avait pas le tapis pour atténuer le choc - s'acharne à garder intacte quelque chose qui, en réalité, part subtilement en poussière.

Theodore ramasse le cadre photo.

- Qu'est-ce qui nous est arrivé, Betty ?

Il s'assoit près de sa femme, laquelle secoue la tête en silence. Theodore, n'ayant pas de réponse non plus, se contente de reposer le cadre sur la table de chevet près du lit - sa place attitrée.

- Tu ne te sens pas coupable ?

Theodore marque une pause. La voix de Betty est faible et enrouée.

- Moi, si.

Si tu savais. Theodore dépose une main sur l'épaule de Betty.

- Ce n'est pas ta faute, Betty. Ni de la mienne. La seule personne qui a quelque chose à se reprocher, c'est le monstre derrière tout ça.

- Ah oui ? dit Betty d'une voix soudainement défiante. Tu es vraiment convaincu par ce que tu dis là, ou tu accuses seulement autrui car tu es incapable de supporter le poids de ta propre culpabilité ?

Betty lève des yeux féroces vers lui ; Theodore a un mouvement de recul.

- Et s'il n'y avait personne à pointer du doigt, Theodore ? S'il n'y avait personne d'autre que toi ?

Ces mots ont l'effet d'un coup de poing massif dans le ventre. Les lèvres de Theodore tremblent.

- Moi...

Elle a raison. S'il avait fait plus d'efforts, s'il avait été plus présent, alors peut-être que... Peut-être que...

Les yeux de Betty se remplissent de larmes et elle détourne le regard. Theodore part à la recherche des bons mots - mots qui seraient factices, il le sait. Tous deux, et quoiqu'il y ait entre eux, croulent sous les non-dits - mais ironiquement, il n'y a rien à dire. Alors Theodore fait la seconde meilleure chose à laquelle il pense : de ses bras, il entoure les épaules de Betty.

À sa grande surprise, celle-ci l'enlace en retour.

Plusieurs minutes s'écoulent, durant lesquelles ils restent dans les bras l'un de l'autre - Cœur contre cœur, âme contre âme - et ceci éveille une douceur en Theodore, réminiscence de leurs moments intimes d'il y a vingt ans. Betty l'enlace ; elle le serre d'un geste si tendre, effaçant presque le chaos qui règne en dehors de leur petite bulle, que Theodore est choqué par ce qui suit. Betty s'éloigne, le sonde un instant de son regard avant de baisser les yeux vers sa main gauche.

D'un mouvement lent et torturant, elle glisse la bague hors de son doigt.

- Betty ? Qu'est-ce que...

- On ne peut plus continuer comme ça, Theodore.

Betty place la bague dans la paume de Theodore et referme gentiment ses doigts.

- Non, chuchote-t-il. S'il te plait. Ne fais pas ça.

Theodore regarde l'objet dans sa main avec une incrédulité absolue.

- Ne pas faire quoi ? demande Betty. Nous empêcher de nous faire plus de mal ?

Theodore secoue la tête.

- Ce n'était qu'une mauvaise passe. On peut s'en sortir.

- Vraiment. Theodore, ça fait un moment que...

Elle est interrompue par une sonnerie inattendue.

Theodore jette un regard en biais à son téléphone portable. Hobbs.

Betty soupire.

- Vas-y. C'est sûrement important.

- Je rappellerai plus tard.

- Non, dit-elle en posant délicatement sa tête contre un oreiller. Si c'est à propos de Julie, tu voudras savoir.

Theodore ne trouve rien à dire tandis qu'elle finit de s'enterrer sous une pile de draps. Putain de merde. Il s'empresse de glisser la bague de Betty dans la poche de son pantalon. Décrochant le téléphone, il s'éclipse dans le couloir et referme soigneusement la porte de la chambre derrière lui.

- Ca y est, tu te décides enfin à me parler ?

Le ton de Theodore est plus sec qu'il ne l'a prévu ; Hobbs et lui sont tous deux surpris.

- J'étais dans l'incapacité de...

Theodore soupire.

- Je sais.

Hobbs semble attendre une suite, mais finit par prendre les devants en posant la question la plus dérisoire qui soit.

- Est-ce que ça va ?

- Je pense que tu as déjà une idée, mais quelle qu'elle soit, c'est encore pire que ça.

- Il y a quelque chose dont tu souhaites me parler ?

- Plus tard. Pourquoi tu m'appelles ?

Le bruit subtil d'une porte se refermant surgit en arrière-plan. Theodore l'entend mieux, maintenant.

- C'est au sujet de Julie.

Ah ?

- Il nous faut des informations complémentaires.

Déception.

- Tu veux mon témoignage ? marmonne Theodore.

- Et celui de Betty.

- Heh. Bonne chance pour la faire parler.

Hobbs ne relève pas.

- Nous sommes déjà en train de prendre contact avec la famille et l'entourage de Christopher Wilkins.

- Ah oui ? Formidable.

Hobbs marque une pause.

- Theodore. Je sais que c'est difficile, mais il faut que tu m'aides. On voudrait parler aux amis de Julie - surtout ceux qu'elle partageait avec Christopher. Est-ce que tu aurais une liste de noms à donner ?

L'estomac de Theodore se retourne.

- Je... Non.

- Pas grave. On trouvera.

Pas grave. Pas grave ?

- J'aimerais fixer un rendez-vous pour venir discuter avec toi et Betty, dit Hobbs d'une voix calme. Demain, c'est faisable ?

- Ca dépend, réplique Theodore. Est-ce que j'aurai le droit de poser des questions, moi aussi ?

Theodore ne le voit pas, mais il peut imaginer Hobbs à la perfection - yeux fermement clos, lèvres pincées et doigts tenant l'arête du nez.

- Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis ? lui demande son ami, exaspéré.

- J'ai bien peur que si. Tu veux que je t'aide, hum ? Eh bien j'ai besoin que tu m'aides, avant. Comment tu veux que je te donne les informations dont tu as réellement besoin si je n'ai aucune idée de ce qui se passe ?

- Je te l'ai déjà dit, je n'ai le droit de rien divulguer...

Theodore soupire bruyamment, la frustration l'étouffant presque.

- D'accord. J'ai compris. Mais j'ai travaillé aussi longtemps que toi sur cette affaire, et tu me demandes de tout bonnement arrêter ? Tu te rends compte que c'est en train de me rendre complètement fou, hein ?

Le regard de Theodore tombe sur le miroir au dessus du lavabo, là où son reflet lui renvoie l'image d'un homme aux cheveux en bataille et aux yeux exorbités. Fou, c'est le mot.

- Je sais que tu cherches à me protéger ou une autre connerie du genre, poursuit Theodore. Et je ne te demande pas l'accès au corps de... De Julie. Juste de quoi pouvoir avancer.

L'hésitation de Hobbs au bout du fil se traduit en quelques secondes de silence supplémentaires. Finalement, un soupir se fait entendre et Theodore sait qu'il a gagné.

- Très bien, dit Hobbs d'un ton résigné. Vérifie ton fax ; je t'enverrai un document sous peu.

Theodore, soulagé, hoche la tête même s'il ne peut être vu.

- Bordel de merde, peste Hobbs dans un chuchotement. Si on entend parler de ça, je suis dans de beaux draps.

- Je te couvrirai, lui assure Theodore.

- T'as plutôt intérêt, mon ami.

Bizarrement, Theodore trouve la force d'esquisser un sourire.

Le néon au-dessus de sa tête clignote un instant, et Theodore se retrouve à prier pour qu'il n'y ait plus de courant - tout pour empêcher cette lumière blanchâtre de révéler le teint cadavérique qu'il arbore. Les signes de fatigue et de vieillesse - cernes profonds, rides déployées - ne sont que détails futiles, sauf lorsqu'ils décrédibilisent Theodore face à ses associés et supérieurs : il est encore plus dur de les convaincre qu'il n'est pas malade et qu'il est tout à fait capable de continuer à prendre en charge l'affaire Gloomy Sunday.

Theodore s'asperge le visage d'eau glacée puis quitte la salle de bain. Dans le couloir, il hésite. Ses yeux tombent sur la porte de la chambre, et son regard reste désespérément accroché sur la figure allongée de sa femme à travers l'entrebâillement. Sa femme. Betty n'est pas sérieuse, l'est-elle ? C'est le chagrin qui l'a faite parler. Elle ne peut pas possiblement choisir de tout arrêter, comme ça, du jour au lendemain !

Si ?

Le temps a passé et les a abîmés tous les deux. Mais peut-être n'est-il pas trop tard pour réparer les pots cassés. Theodore fait un pas vers la chambre. Il aura besoin de grands lots de mots doux et de séduisantes promesses, soigneusement appliqués sur les blessures dues à l'usure. Surtout pas de mensonges ; il faut que les pansements soient vrais et résistants. Avec un peu de bol, cela peut se...

Un bruit caractéristique provient du salon.

... faire.

Theodore tourne les talons et dévale les escaliers le séparant du rez-de-chaussée. Appuyant sur l'interrupteur de la pièce pour la première fois aujourd'hui, il perçoit le papier sortir de la gueule du fax. Theodore s'empresse de s'en emparer. Il se laisse tomber dans son canapé pour inspecter la pièce que lui a envoyé Hobbs.

Sombre est dimanche

Avec des ombres je ne fais que le passer

Mon cœur et moi

Avons décidé de tout arrêter

La bile emplit la bouche de Theodore. Ces mots ont été trouvés aux côtés de sa fille. Et ces mêmes mots expriment de façon très limpide le désir d'en finir. Se pourrait-il que... Ah, si seulement il pouvait être renseigné sur l'état des corps ! Mais Theodore sait pertinemment que Dockson refuserait de le renseigner.

Il n'empêche que, depuis le début de toute cette histoire, l'idée du suicide lui colle aux baskets. Theodore n'y a pas cru une seconde - cela semblait bien trop gros pour être plausible. Mais en même temps, quel est le but de ces subterfuges ? Theodore a toujours du mal à croire que l'assassin tente de faire passer ces morts atroces pour des suicides - il friserait le ridicule, lui qui est si méticuleux et intelligent. Peut-être cherche-t-il à calquer ses tendances suicidaires sur ses victimes.

Ou peut-être ces paroles sont destinées à faire passer un tout autre message.

Theodore ferme un instant les yeux. Julie n'a jamais montré de symptômes de maladie mentale - ou du moins, elle n'a jamais consulté de spécialiste pour le savoir. Comment être certain qu'elle ne souffrait pas de dépression ? Vu comme il a été absent - et cette pensée lui provoque un violent picotement au cœur - Theodore ne serait pas surpris d'avoir manqué tous les signes avant-coureurs. Ou alors... Ce Christopher Wilkins que fréquentait Julie. Est-il coupable ? Est-il celui à avoir soufflé l'idée d'une tragédie à la Roméo et Juliette à sa petite fille ?

Le train de pensée de Theodore déraille. Est-ce ce qui est en train de se passer là ? Un lavage de cerveau commandité par l'aveuglement de l'amour, et menant vers un suicide collectif dans des pratiques fricotant dangereusement avec le meurtre ?

Absurde.

Les paupières de Theodore se rouvrent sur des paroles floues - aussi floues que ses pensées. Les lettres imprimées sur le papier mettent un certain temps à retrouver leur netteté. Et, quand les mots regagnent enfin leur sens, Theodore s'aperçoit qu'ils ont quelque chose de familier.

Cela n'a guère à voir avec l'hideux dimanche et les ombres qui l'animent, ni le cœur qui a choisi de ne plus vivre. La familiarité de ces mots réside dans les lettres rondes etla grâce du tracé. Pour en avoir la certitude absolue, Theodore court dans la chambre de Julie - ce territoire à la fois béni et maudit - et ouvre un de ses cahiers de cours. Il n'y là aucun doute : les paroles sont bel et bien nées de la plume de Julie.

Mais... Cela n'a aucun sens. Les parfaites calligraphies dessinées sur les autres scènes de crimes ne collaient pas. Pourquoi le feraient-elles maintenant ? Et puis, Julie a-t-elle vraiment rédigé ces quelques lignes de pure mélancolie ?

Theodore abandonne le cahier et son bout de papier. Il est maintenant obnubilé par ses alentours - une pièce anodine qui pourtant évoque la sérénité, et la tragédie, d'un champ de fleurs aux couleurs du deuil. Il plonge sa main dans sa poche, et caresse le petit objet rond et creux qui s'y trouve. À défaut d'étoiles dans le ciel brumeux, trois bougies en forme de cœur reposent sur une coiffeuse ornée d'un miroir ; trois bougies qui, toutes éteintes, ne sont que montagnes de cire et de cendre. Trois cœurs crevés, bousillés.

Brûlés.

Surprise!

ET BONNE ANNÉE TOUT LE MONDE.

Comme il est de notoriété maintenant que je suis tout le temps en retard, on va pas faire de commentaire sur le fait que ce chapitre ait mis plus d'un mois à arriver u_u

MAIS! L'une de mes résolutions cette année est D'ÉCRIRE PLUS BOWDEL! Et surtout arrêter de procrastiner.

C'est fichu d'avance mais chuuuuuut.

Non, si je suis à la ramasse niveau temps c'est parce qu'en plus d'écrire et de lire, j'essaie de garder un bulletin de notes décent et aussi parce que j'essaie d'améliorer mes skills en art digital. Spoiler: c'est pas gagné.

Pour tout.

BREF.

Je m'en vais de ce pas commencer la rédaction du prochain chapitre -- Même si je suis censée être en train de réviser, huhu u_u

Merci à toi, qui passe par là. Et merci à tous ceux qui suivent encore cette histoire, malgré les temps d'attente interminables :') J'aimerais avoir un meilleur moyen d'exprimer ma gratitude, mais tout ce que je peux offrir est un immense merci.

Hésite pas à faire un petit coucou! Et tiens, dis-moi ce que t'as eu pour Noël XD

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