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9 juillet 2017, 23 h 32

OPÉRATEUR : Neuf un un, bonjour. Quelle est votre urgence ?

APPELANT : Allô ? S'il vous... s'il vous plaît (inaudible)

OPÉRATEUR : Je ne vous entends pas bien, monsieur. Où êtes-vous ?

APPELANT : Je... Je suis au parc [toux] au Sasser Park. S'il vous plaît... ma copine... elle est...

OPÉRATEUR : Êtes-vous blessé ?

APPELANT : Oui, mais je vais bien. Ma copine... [sanglot] je crois qu'elle (inaudible).

OPÉRATEUR : Pouvez-vous me décrire exactement ce qu'il s'est passé ?

APPELANT : Il est après moi. [Respiration saccadée] Je crois que je l'ai semé mais je sais qu'il... !

OPÉRATEUR : Commencez par le début.

APPELANT : Je, euh. Ok. [Respiration lourde] J'étais au parc avec ma copine. Et [crépitement] on discutait dans ma voiture et la radio a commencé à déconner.

OPÉRATEUR : La radio ?

APPELANT : Oui, hum, elle s'est allumée toute seule et s'est mise à faire des bruits atroces.

OPÉRATEUR : D'accord. Ensuite ?

APPELANT : J'ai essayé de l'arrêter, et... Il y a eu (inaudible) et il l'a attrapée et l'a sortie de la voiture et-et-et il s'est penché sur elle et [respiration saccadée] j'ai paniqué, j'ai...

OPÉRATEUR : Qu'avez-vous fait ?

APPELANT : J'ai pris (inaudible) je gardais dans la boîte à gants et je suis me suis approché de lui... J'ai essayé de le frapper, je... [pause]

OPÉRATEUR : Monsieur ? Vous êtes toujours à l'appareil ?

APPELANT : Hum, oui. Oui, je suis toujours là.

OPÉRATEUR : Bien. Continuez.

APPELANT : Je l'ai frappé. Très fort. J'ai cru qu'il (inaudible). Je voulais seulement la sauver ! Je vous le jure !

OPÉRATEUR : Avez-vous reconnu cet homme ?

APPELANT : Non ! Il [sanglot] Il...

OPÉRATEUR : Doucement, monsieur. Respirez. Vous dites qu'il est à votre poursuite ?

APPELANT : Euh, je ne sais pas. Je ne fais que courir. J'approche de la sortie du parc.

OPÉRATEUR : Quel est votre nom, monsieur ?

APPELANT : [toux] Christopher. Christopher Wilkins. Faites vite, je vous en prie !

OPÉRATEUR : Très bien, monsieur Wilkins. Nous avons déjà envoyé...

APPELANT : NON !

OPÉRATEUR : Monsieur ?

APPELANT : [Bruit creux] LAISSEZ-MOI, ALLEZ-VOUS-EN !

OPÉRATEUR : Monsieur...

APPELANT : [hurlement]

FIN DE L'APPEL.

Q U E  F A I R E ? Malgré les cours intensifs de Julie au sujet de la technologie, Theodore éprouve encore quelques difficultés. Heureusement, il a toujours eu des facultés d'apprentissage assez développées, ce qui lui permet de se rappeler les directives de sa fille plutôt vite.

Gloomy Sunday. Ayant effectué sa recherche internet avec succès, une multitude de liens se dressent sous les yeux de Theodore. Il est immédiatement obnubilé par le nombre d'articles répétant tous, à peu de choses près, les mêmes informations infondées. Certains ne se gênent même pas et ajoutent, dans une exagération rocambolesque, des faits inexistants et des déclarations policières jamais prononcées.

C'est malin. Je vois que les médias s'amusent beaucoup ; en attendant, aucun d'eux n'est fichu de me donner un coup de pouce !

La radio crépite en réponse aux ronchonnements intérieurs de Theodore, lequel se contente de la débrancher - définitivement, décide-t-il - pour continuer sa navigation sur cette toile si chère à la jeunesse.

Theodore doit bien avoir passé des heures à fouiller différents sites internet - temps perdu, finalement. Les spéculations entourant le phénomène Gloomy Sunday n'apportent aucun détail pouvant aider Theodore à concrètement expliquer le comportement de son tueur en série. Il y a bien une ribambelle de théories - toutes tirées par les cheveux, celles-là - et de supposés témoignages de personnes clamant avoir entendu la "maudite musique". La seule chose qui intrigue réellement Theodore est le fait que la chaîne de suicide continue de s'allonger sans cesse à l'étranger.

Et à une vitesse folle.

Theodore referme son ordinateur portable. Samedi. 22 h 46. L'angoisse se fraie un chemin dans son sang en ébullition. Quand Hobbs déboule en catastrophe dans son bureau, Theodore est frappé par le stress qui découle de ses gestes pressés et son anxiété décuple.

— On n'a plus de temps.

Hobbs dépose bruyamment un tas de dossiers sur le bureau. Theodore soupir.

— J'ai remarqué.

S'ensuit une session de réflexion intensive, agrémentée de coups d'œil nerveux et systématiques en direction de l'horloge. Pourquoi ces trois couples et pas d'autres? Si cela n'est nullement aléatoire, quels sont les critères de la sélection ? L'âge ? La classe sociale ? L'orientation sexuelle ? Un lien invisible les enchaînant tous au coupable ? Le fait qu'aucun des couples n'ait d'enfants est-il une condition, aussi ?

23 h 30. Hobbs se masse les tempes.

— Peut-être que ça n'a rien à voir avec l'identité des victimes ou leur sexe, mais avec le couple en lui-même.

Theodore marque une pause et lève lentement les yeux vers Hobbs. Les scènes de crime n'ont livré aucune piste concluante quant au lien qu'auraient les victimes entre elles, ou avec une personne commune. Jusqu'ici, il a été question de tracer une ligne entre le meurtre et le suicide, et de déterminer ce qui est possible ou ne l'est pas quand on en revient à la scène de crime. Pas de réel suspect, malgré la surveillance exercée sur certaines personnes entourant les victimes. Theodore s'est intéressé au profil ainsi qu'au passé de chacune d'entre elles lors de la récolte du témoignage des proches. Quelques questions – souvent les mêmes – au sujet de leur relation amoureuse ont été posées, mais les réponses furent des plus banales.

Ou le sont-elles ?

— Que savons-nous exactement à leur propos ?

Hobbs se penche sur le bureau, marque une pause.

— Tout d'abord, les Shaw semblaient entretenir une relation assez superficielle.

Theodore hoche la tête. Il se rappelle parfaitement le récit de Serena Shaw, la mère de l'une des premières victimes, Connor Shaw.

Très bien, madame. Pouvez-vous me parler de votre fils ?

Serena Shaw gardait une expression contrariée.

Que voulez-vous savoir ?

Décrivez-le-moi au quotidien. Entreteniez-vous de bonnes relations ?

Eh bien...

Theodore remua dans son siège. Il assistait à ce témoignage, ignorant que ce serait le premier d'une longue liste. La maison des parents de Connor Shaw était d'apparence étonnamment humble. Theodore était assis dans un fauteuil, observant la scène tel un inquisiteur silencieux. L'échange tenant place devant lui était susceptible d'apporter des informations intéressantes, surtout si Hobbs trouvait les bonnes questions.

Serena semblait chercher ses mots.

Il a toujours été un garçon très... ambitieux.

Que voulez-vous dire par là ?

L'argent, répondit Serena avec un soupir. Sa seule préoccupation depuis quelques temps.

Hobbs griffonne sur son carnet.

Est-ce que c'en est venu à entacher votre relation avec lui ?

Pas vraiment. Enfin...

Oui ? l'encouragea Hobbs.

Theodore remarqua alors que la questionnée tortillait inconsciemment ses mains posées sur ses genoux.

Mon mari et moi étions en désaccord avec sa manière de penser. Connor était vraiment prêt à tout pour s'enrichir.

Même quand il s'agissait de Megan ?

Hobbs semblait avoir tapé dans le mille.

— Surtout quand il s'agissait de Megan.

Pouvez-vous m'en dire plus ?

Serena baissa la tête.

Nous avons eu une dispute avec Connor. Quand il a annoncé qu'il allait épouser cette fille dont nous avions seulement entendu le nom, et que lui-même connaissait à peine.

Et vous pensez que ce qui l'a poussé à le faire, c'est...

L'argent! s'exclama Serena avec une pointe de frustration. Cette fille était riche et avait un joli minois. C'est à peu près tout ce qui motivait mon pauvre fils.

Hobbs jette un coup d'œil rapide à Theodore avant de poursuivre.

Êtes-vous en train de dire que le couple de votre fils était factice ?

Absolument. Je ne peux pas parler de ce que ressentait vraiment Megan, et j'ignore quels étaient les projets de mon fils pour leur avenir. Mais ayant un mariage heureux, je sais reconnaître l'amour. Et ce qu'ils avaient là était tout sauf ça.

Theodore hoche la tête.

— Relation superficielle, répète-t-il. Même chose pour les Holley ?

Hobbs prend le temps de réfléchir avant de répondre.

— Je ne pense pas. Rappelle-toi ce que nous a dit Jones, lorsqu'on l'a questionné.

Une retranscription de l'interrogatoire sous les yeux, les images de la conversation se déroulent petit à petit en un souvenir limpide dans la mémoire de Theodore.

Je sais pas.

Ces trois mots étaient sortis de la bouche de Warren Jones pour, approximativement, la vingt-sixième fois depuis le début de la conversation. Hobbs soupira, exaspéré.

Je vais devoir vous demander de faire un peu plus d'efforts que cela, monsieur Jones.

Celui-ci serra la mâchoire, mais ne dit rien.

Depuis quand fréquentiez-vous Norma Holley ? répéta Hobbs.

Quelques mois. Quatre, je dirais ?

Et comment vous êtes-vous rencontré ?

Internet. On a pas mal discuté par messages avant de commencer à se voir.

Ce qui concorde avec les traces informatiques prélevées de chacun de leur téléphone, pensa Theodore.

Quand lui avez-vous parlé de vive voix pour la dernière fois ?

C'était au téléphone. Pendant la matinée du dimanche, je ne sais plus quelle heure.

Sa voix vous a-t-elle parue étrange ?

Euh, non.

Que faisiez-vous chez-elle, le dimanche 18 juin à 13h 09?

Hum... On s'était donné rendez-vous à midi dans un restaurant du centre-ville. Je suis arrivé le premier, j'ai donc pris une table en l'attendant. J'ai bien dû attendre quarante-cinq minutes avant de décider d'aller chez-elle pour m'assurer qu'elle allait bien. Bien sûr, je l'ai appelée plusieurs fois mais elle avait jamais répondu. Et je savais qu'elle serait seule à cette heure-là, alors je comprenais pas pourquoi elle donnait pas de nouvelles. Jusqu'à ce que... Vous savez.

Hobbs décida de ne pas enchaîner tout de suite avec la prochaine question, et comme Theodore, il observait les expressions qui passaient par le visage de l'interrogé. Warren Jones finit par s'exclamer.

Ah ! Et j'ai oublié de préciser que j'ai commandé à boire, pendant que j'attendais Norma. Vous voulez voir l'addition? J'ai dû la balancer quelque part mais je peux la retrouver. J'ai rien fait et aucun de vous peut m'accuser.

Calmez-vous. Personne ne vous accuse de quoique ce soit.

"On ne vous accusera bientôt plus", rectifia mentalement Theodore.

Étiez-vous au courant qu'elle était mariée ?

L'interrogé marqua une pause durant laquelle il dévisagea l'officier en face de lui.

Écoutez. Si j'ai accepté de coopérer, ce n'est pas pour que me jugiez.

Je ne suis pas là pour vous juger, monsieur, répliqua Hobbs d'un ton égal. Mon boulot est de poser des questions. Alors je répète : étiez-vous au courant que Norma Holley était mariée ?

Warren Jones soupira, se laissant aller contre le dossier de sa chaise.

Oui.

Avez-vous déjà rencontré son mari ? Lui avez-vous parlé ou contacté d'une quelconque manière ?

Bien sûr que non. Et je pense que vous comprenez pourquoi j'avais de très bonnes raisons de l'éviter.

Theodore ne put s'empêcher de se demander quelle aurait été la réaction de Carl Holley s'il avait découvert que sa femme le trompait avec ce jeunot.

Avez-vous une idée de ce qui a pu pousser madame Holley à l'infidélité ?

Elle en avait rien à faire de son mari ? dit l'interrogé en mimant des guillemets à l'aide de ses doigts. Elle en avait marre ? Elle s'ennuyait? J'en sais rien. J'ai pas posé de questions, voyez-vous.

Hobbs sembla le sonder pendant une poignée de secondes.

Vous a-t-elle déjà parlé d'éventuelles violences à son égard ? Des coups, des injures...

Euh, non. Enfin, elle a rien dit.

Et vous n'avez remarqué aucune trace sur son corps, par exemple ? Aucun signe dans sa manière de s'adresser à vous ?

L'interrogé secoua la tête en signe de négation. Hobbs se tourna en direction de Theodore, semblant échanger un regard appuyé avec lui malgré la glace qui séparait son ami de la salle d'interrogatoire dans laquelle il se trouvait.

Diriez-vous que Norma Holley éprouvait de réels sentiments envers vous ?

C'est quoi cette question ?

Répondez.

Je sais pas.

Le regard dur provenant du visage éreinté de Hobbs incita immédiatement le jeune homme à se reprendre.

Enfin, j'veux dire... Elle tenait à moi, je pense. Comme moi je tenais à elle.

Et vous, aviez-vous de réels sentiments pour Norma Holley ?

Il fallut une bonne minute à Warren Jones pour répondre.

Non.

Theodore remet les feuilles dans le dossier.

— Au moins, il a été honnête.

Même au sujet de son alibi, vérifié depuis. C'en est presque décevant.

— Donc ce qui différencie ce couple est l'adultère.

Intéressant. Qu'en est-il de Thomas Morrissette et Aaron Bock ? Theodore repense à la scène de crime et toute bribe d'information récoltée à leur sujet et la particularité de ceux-ci lui saute très vite aux yeux.

— Oh. Bonjour.

Bobby Roberson se décale pour laisser passage à Hobbs et Theodore. L'appartement du jeune homme est minuscule, ce qui accentue l'effet de désordre ambiant. L'odeur de renfermé n'aide pas, elle non plus.

— Désolé pour tout ce bordel. Hum, pardon. Je veux dire désordre.

Bobby Roberson s'empresse de ramasser quelques emballages de nouilles instantanées traînant au sol - enfin, si la lenteur d'une tortue peut-être considérée comme empressement - mais laisse vite tomber. Il finit par apporter deux chaises pour Hobbs et Theodore, et s'installe sur son canapé délabré.

— Que puis-je faire pour vous ? dit-il.

Hobbs et Theodore échangent un regard.

— Nous avons quelques questions à vous poser.

— Au sujet de Thomas, j'imagine ?

— Depuis quand le connaissiez-vous ?

— Depuis le lycée. On était de super potes à cette époque-là.

— À cette époque-là ?

— Oui. Vous savez, c'est rare de garder ses relations après la fin du lycée, surtout si chacun part de son côté.

Hobbs montre la pièce en un mouvement de main.

— Mais vous viviez en collocation.

— En effet. Nous avons coupé les ponts pendant deux ans. Enfin, ce n'était pas intentionnel. Juste des choses qui arrivent avec le temps. Mais je l'avais encore dans mes contacts, et un jour je lui ai envoyé un message sur Facebook. C'est comme ça que j'ai découvert qu'il était encore en ville et qu'il avait du mal financièrement, comme moi. Donc je lui ai proposé de vivre avec moi en collocation.

— Quelle a été votre relation avec lui, à partir de ce moment ?

— On s'entendait bien. C'est tout. On a essayé de retrouver notre amitié d'avant, mais ça n'a pas marché. On a tous les deux beaucoup changé, je suppose.

La voix du jeune homme était traînante, comme s'il était à moitié endormi ou dans une lassitude innommable. Mais Theodore penche plus pour la fatigue, jugeant par les cernes profonds et bleuis creusés en dessous de ses paupières tombantes.

— Savez-vous quelque chose de sa relation avec Aaron Brock ?

— Pas vraiment. Thomas m'en a brièvement parlé lorsqu'il m'a avoué être bisexuel. Mais son nom est à peu près tout ce que je sais de lui.

— Sortait-il avec une ou plusieurs personnes autres qu'Aaron Brock ?

— En même temps ? demanda Roberson. Pas à ma connaissance. Comme je vous l'ai dit, on ne partageait pas grand-chose. Mais je sais qu'il sortait beaucoup. Quasiment chaque nuit. Je sais pas où il allait exactement, mais en rentrant du boulot le matin je le trouvais souvent ici avec la gueule de bois.

Le jeune homme leva les yeux vers un coin spécifique de la pièce avant de poursuivre.

— Si ça peut vous aider, Thomas était du genre à aimer s'amuser.

— Qu'êtes-vous en train de suggérer ?

— Ses relations. Il ne les commençait pas pour les faire durer. C'est une habitude du lycée qu'il a manifestement gardé.

— Et vous pensez qu'Aaron Brock en faisait partie ?

— Oui. Simplement qu'il était plus récurrent que ses autres coups d'un soir.

Le silence s'installe tandis que Hobbs prend des notes sur son calepin.

— C'est l'œuvre du Gloomy Sunday, n'est-ce pas ?

Theodore, surpris, glisse un coup d'œil discret en direction de Hobbs.

— Dire que j'en étais fasciné... Je ne veux plus en entendre parler.

Bobby Roberson ferme ses yeux bouffis.

— Plus jamais.

Theodore ferme les yeux. Les rouages de son cerveau font presque autant de bruit que ses pensées en ébullition. Motivations matérialistes, mensonge et tromperie, désir sexuel. Theodore tâtonne, mais ses paupières commencent peu à peu à s'ouvrir sur le motif qui se dessine devant ses yeux - le même motif qu'il croyait défiguré.

— Si on résume... murmure-t-il. Aucun des trois n'était un couple heureux.

— Pas à mes yeux, en tout cas.

— Et si c'était le mobile ?

Hobbs fronce les sourcils.

— Il me semble tout à fait possible que notre tueur soit obsédé par l'idée du couple parfait, dit Theodore. Un traumatisme, peut-être. Je ne suis pas psychologue ni psychiatre, mais ça pourrait puiser dans une enfance baignant dans les violences conjugales, ou dans une relation que lui-même aurait eu et qui se serait terriblement mal terminée.

Hobbs, prenant appui sur le bureau, fixe le vide avec une expression d'intense réflexion. Le silence est rapidement rompu. Son téléphone, comme à de nombreuses occasions, émet une sonnerie stridente pour signaler un appel entrant. Cette dernière les fait tout deux sursauter. D'ordinaire, Theodore aurait fait un commentaire mordant en suppliant Hobbs de la changer et celui-ci lui aurait répondu avec un rire. Mais cette fois-ci, tout ce que Theodore a le réflexe de faire est de consulter l'horloge.

Douze minutes après minuit.

Hobbs décroche, les doigts légèrement tremblants.

— Allô ?

Une voix à l'autre bout de la ligne se met immédiatement à débiter des mots à la vitesse de la lumière. Theodore n'arrive pas à les distinguer.

— On connaît l'état des victimes ?

Quelques secondes s'écoulent. Hobbs se relève subitement.

— Il est vivant?!

Theodore fit un mouvement en avant.

— ... Oh.

Fausse alerte. Tout porte à croire qu'ils auront encore deux corps sur les bras.

— Sasser Park, dit Hobbs à l'intention de Theodore.

Ce dernier se lève immédiatement et enfile une veste, prêt à décamper sur le champ.

— Harris? demanda Hobbs à son interlocuteur. Oui, je suis dans son bureau. Pourquoi?

À peine le vêtement arrivé sur ses épaules, Theodore s'immobilise. Hobbs est soudain raide comme un piquet et, troublé, il le regarde avec des yeux immenses.

— Euh... D'accord. Très bien. J'arrive.

"J'arrive"? se demande Theodore. Et lui ? Il n'est pas de la partie ?

Hobbs raccroche rapidement et, sans regarder Theodore, lance :

— Écoute, je, hum... Je dois y aller.

— Je ne viens pas ?

— Non, il ne vaudrait mieux pas.

Theodore ne comprend plus rien.

— Tu veux bien me dire ce qu'il se passe, là ?

Hobbs fait la sourde oreille et est sur le point de s'en aller. Cette fois, c'est l'inquiétude qui tord les entrailles de Theodore.

— Nicholas, dis-moi.

La fermeté de Theodore arrête Hobbs, la main sur la poignée de la porte. Il attend, le temps que son ami se tourne et lui refasse face.

— Ils ont trouvé deux corps à Sasser Park, dit Hobbs tout bas.

— Sérieusement ? Je n'aurais jamais deviné !

Theodore perd patience ; Hobbs ne rigole pas. Il croise à la place le regard de Theodore, un sérieux glaçant dans les yeux.

— Julie est morte.

Hoi!

Comme promis, voilà le chapitre ^^ Pour le prochain, je ne peux pas garantir qu'il sera en ligne samedi. Tout dépend de combien j'avance dans mes trucs pour la fac... Mais je ferai de mon mieux. Quoiqu'il en soit, il reste trois chapitre avant la fin de l'histoire.

Et c'est sur ce joli cliffhanger que je vous laisse :) 

Parce que c'est comme ça que je suis cruelle :D

Boi!

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