-3-


Justin Hubert vous a identifié dans une publication il y a 22 minutes.

OMG vous avez entendu la nouvelle ? Les Shaw... Ce n'était pas un double meurtre, mais un DOUBLE SUICIDE ! Dire que c'est arrivé juste en face de chez-moi...

Suzy Cadwell et 167 autres personnes aiment. 201 commentaires.

J'aime. Commenter. Partager.

Suzy Cadwell Wow mec :o à ta place, j'aurais déjà déménagé.

Crystal J. Williams Ca ferait une super creepypasta XD

Nina Duke C'est triste... :/

Eddie Burton Perso, je n'y crois pas une seconde. C'est forcément un meurtre, arrêtez de nourrir cette histoire stupide qui circule sur le net.

                    Harvey Walsh Tu parles de Gloomy Sunday ?

                    Eddie Burton Oui

                    Harvey Walsh Je trouve aussi que c'est absurde, mais ça me fait quand même flipper...

                    Thomas M. Morrissette MDR VOUS ALLÉ MOURRIR

Brian E. McKenzie Perso j'aimerais bien être hanté par la Megan...

Bobby Roberson Qu'est-ce que je disais ! Gloomy Sunday !

                    Philip Koch N'importe quoi -_-

                    Bobby Roberson Ah oui? Et t'en fais quoi de ce qu'ils ont trouvé sur le corps de Connor ?

                    Bonnie Reyes Ils ont trouvé quoi Bobby Roberson?

                    Bobby Roberson Des paroles de la chanson.

                    Bonnie Reyes 0_0

                    Gerald K. Friedland Attends, comment tu sais ça ?

                    Bobby Roberson Tout le monde en parle !!

                    Amy H. Forsyth Elles disent quoi les paroles ?

                    Bobby Roberson Aucune idée, je les trouve nulle part. Mais comme l'a dit Justin Hubert, ils ont aussi découvert que c'était un suiide !

                    Bobby Roberson suicide*

                    Agnes Shaffer Ce n'est pas très réaliste toutes ces rumeurs sur le « Gloomy Sunday »... Je crois en la science. Rien d'autre.

                    Justin Hubert Et une autopsie, ce n'est pas scientifique peut-être ? 

                    Bobby Roberson Oui, Miss Scientifique. Tu doutes encore maintenant ?

Mary Avery Les dimanches sont les nouveaux vendredis 13...

                    Phoebe Crumrine lol

Robert Ervin Moi je dis on écoute Trump sur ce coup-ci. TOUS À VOS ARMES !!

                    Deborah Callis Euh, et tu comptes tirer sur qui/quoi ? ^^

                    Della L. McCoy Sur lui-même, j'espère.

                    Robert Ervin .l.

                    Phoebe Crumrine lol

Josephine Ortiz Petit rappel amical : le prochain dimanche c'est dans 5 jours :)


L E T E M P S S E M B L E F I G É tandis que Theodore longe les rues de son quartier. Le ciel au dessus de sa tête est noir. Pas de lune, pas d'étoiles ; la seule lumière qui guide ses pas provient des réverbères plantés ici et là. Dans l'immobilité absolue du décor, Theodore a l'impression de s'avancer sur la scène d'un théâtre vide et plongé dans l'obscurité, ou encore d'être la seule masse mobile et vivante dans une ville de papier. Un sentiment étrange qui lui a provoqué des frissons plus d'une fois. La nuit et ses tempêtes ne l'ont jamais effrayé, bien au contraire, il y trouve une certaine plénitude. Mais pas ce soir.

Pas après avoir émergé d'un tableau à faire fuir le diable.

Le travail de Theodore le mêle très souvent à des histoires de meurtre - un péché vieux comme le monde, hélas encore très répandu. Donc, des fous, Theodore en a connu tout au long de sa carrière. Il se souvient encore de cette enquête affreuse - la première qui l'a profondément choqué - impliquant une femme dérangée et ses tendances infanticides. Sale affaire. Heureusement, rares sont ceux qui vont aux extrêmes de l'atrocité. Mais il y en a. Ils existent. Des personnes comme cette femme existent, des psychopathes qui commettent les pires outrages sans une once de remords. Le lien entre eux et tous leurs vestiges ? Un esprit brisé et une réalité en miettes. Certes, la scène à laquelle Theodore a assisté ce matin même fait preuve d'une rare violence ; mais elle dévoile le même esprit brisé, la même réalité imparfaite.

Theodore va mettre la main sur ce p'tit malin se prenant pour Hannibal Lecter.

Après une nuit de sommeil, cependant. Même son insomnie et lui ont besoin de repos s'ils veulent renouveler leur énergie. Theodore ronchonne un peu en consultant du coin de l'œil sa montre. Il n'est pas moins de trois heures du matin. Il a pourtant prévu de rentrer plus tôt ce soir, mais les rapports qu'il a dû rédiger au sujet de l'affaire Shaw l'ont tenu occupé de nombreuses heures dans son bureau. Peut-être qu'il n'était pas la peine de le quitter - Theodore devra sans doute y retourner très rapidement - mais le confort de son lit a fini par lui manquer après toutes ces nuits passées à pioncer sur son lieu de travail.

Le verrou ne cliquète que légèrement lorsque Theodore tourne la clé. Faisant très attention à ne pas faire de bruit, il referme la porte derrière lui et s'avance discrètement dans le couloir. Ah, comme son oreiller lui a manqué... Hum. Theodore s'immobilise à la première marche de l'escalier et la frustration déferle en lui à la manière d'un tsunami. Ce qu'il a légèrement oublié, c'est sa dispute avec Betty - sa femme - et que comme depuis plusieurs jours - plusieurs semaines ? - il devra roupiller sur le canapé du salon et non pas sur son matelas moelleux.

Envisageant une seconde de monter quand même, Theodore finit bien vite par laisser tomber. Tout ceci est stupide - pourquoi ils se faisaient la gueule, déjà ? - mais il se sent si fatigué qu'il pourrait s'écrouler de sommeil n'importe où. Le canapé ne peut pas être si mal, comparé aux escaliers.

Theodore se met à l'aise puis se laisse tomber sur son meuble préféré. Fermer les yeux - accueillir le noir, le vide dans son crâne - lui fait instantanément un bien fou. Qu'il est bon de capituler face à sa fatigue, d'enfin pouvoir se laisser porter par les vagues du sommeil pour naufrager sur l'île d'inexistantes pensées...

Bip bip bip.

Theodore grogne en s'agitant. Bip ? Ce bruit ne peut provenir du calme paisible de son île et certainement pas de son esprit, qui lui n'aspire qu'au silence. Le son retentit de nouveau et Theodore ouvre brusquement les paupières. Dans un sursaut, il émerge de son sommeil miraculeusement dépourvu de rêves indésirables mais ô combien court.

Ramassant son téléphone hurlant - cet objet du diable - qui était tombé par terre, Theodore s'aperçoit qu'il est déjà huit heures. Ainsi les heures aiment se faire passer pour des minutes... Il soupire, comme il le fait si souvent, puis décroche au moment exact où il s'aperçoit de la présence de Betty - ainsi que de son regard inquisiteur, las.

- Allô ? dit la voix de Hobbs tandis que Betty s'éloigne vers la cuisine.

- Hum... oui ? grommèle Theodore.

- Ah, je t'ai réveillé, c'est ça ? Désolé. Je suis passé à l'agence mais tu n'y étais pas.

- Je suis rentré chez-moi cette nuit. Du nouveau ?

Silence - comme si Hobbs tenait à maintenir le suspense. Heureusement pour le Theodore déjà de mauvais poil, ça ne dure pas longtemps.

- Ce n'était pas un meurtre.

- Quoi?! Comment ça, pas un meurtre?

- La cause de la mort, Harris. Ce n'était pas son cœur arraché. Megan Shaw était morte avant.

- Comment?

- Le lustre. Elle s'est pendue. Ce n'était pas un meurtre, mais bel et bien un suicide.

C'est une blague?

- Je viens de recevoir le rapport d'autopsie, ajoute Hobbs. Les résultats ne mentent pas.

Il y a une erreur. Il doit forcément y avoir une erreur.

Hobbs se racle la gorge.

- Je sais que tu viens à peine de rentrer mais tu pourrais revenir au bureau, s'il te plait ? Je n'aime pas discuter de ces choses au téléphone.

Theodore relève les yeux vers Betty, qui fait mine de l'ignorer alors qu'elle devine parfaitement ce dont il s'agit.

- J'arrive.

Theodore reste un instant immobile, à tenter de se donner assez de courage pour affronter une autre journée. Il n'y arrive pas. Cependant, il trouve assez de force pour se lever du canapé et trottiner jusqu'à la cuisine. Betty est assise à la table, vidant une trop grosse tasse de café, les yeux perdus dans sa tablette. Ne voulant pas déranger sa lecture de ce qui semble être un article, Theodore attend qu'elle relève les yeux le temps de boire une gorgée de café.

- Bonjour, lui dit-il.

Betty marque une pause, le toisant.

- Bonjour, répond-t-elle presque à contre cœur.

Theodore patiente un instant. Silence.

- Julie est déjà partie ? demande-il en se chaussant.

- Mhmm.

Julie, leur fille, passe ses journées au lycée tandis que Theodore passe les siennes au bureau et Betty à la maison. À quand remonte la dernière fois qu'ils se sont retrouvé tous les trois dans la même pièce, en même temps ?

Theodore soupire. Il aurait voulu la voir un instant.

- Et toi, ça va ?

Il se relève, attend une réponse. Betty hoche le menton deux fois avant de se replonger dans sa tablette.

- Je dois y aller, dit-il, sachant pertinemment qu'elle n'écoutait pas et que de toute façon, elle s'y attendait.

Tandis qu'il referme la porte derrière lui, Theodore lance un « au revoir » à mi-voix. Ses pieds arrivent, ne sachant trop comment, à le porter jusqu'à la station de police se trouvant à une vingtaine de minutes de marche. Hobbs l'y attendait, visiblement agité. Pour sa part, Theodore a les muscles flasques et a l'aspect encore plus morne que d'habitude - il en est sûr. Quand Hobbs le rejoint, Theodore a du mal à le saluer.

- Oh, mon pauvre homme... Que puis-je faire pour me faire pardonner le fait de t'avoir extirpé de ton lit ?

Canapé, voulut préciser Theodore.

- Un café. J'ai besoin d'un café. Non, de deux en réalité.

Hobbs lui tapote l'épaule en hochant la tête.

- Va dans mon bureau, lui dit-il. J'arrive.

Theodore s'exécute. Comme toutes les fois où il a pénétré dans cette pièce, il fut émerveillé par l'ordre et la propreté qui contraste drôlement avec la porcherie qu'est le bureau de Theodore. Il s'assied, tâchant de respirer profondément. Hobbs ne tarde pas à revenir avec, Dieu soit loué, plusieurs gobelets de café à la main. Theodore en prend un, et avale la moitié de la boisson brûlante en une gorgée.

- Alors. Prêt à discuter de l'affaire ?

- Est-on jamais prêt à ça ?

Hobbs a un sourire compatissant, puis fait glisser le dossier sur son bureau en direction de Theodore. Ce dernier, par dépit, sort les documents accompagnés de clichés pris durant l'autopsie. Theodore grimace, des flashs de la scène de crime lui revenant.

- L'heure de la mort a été fixée à 2h du matin pour Megan, explique Hobbs. Son mari est mort une vingtaine de minutes plus tard.

- On pourrait donc supposer que Connor Shaw est le responsable.

- Si la cause de la mort de Megan n'était pas la pendaison, et qu'une substance qui puisse laisser croire que Connor l'a droguée avant de la pendre ait été détectée dans son sang.

Theodore hoche la tête en lisant le rapport d'autopsie.

- Qu'en est-il des traces de lutte ? pense Theodore tout haut.

- Connor battait sa femme ? tente Hobbs, sans conviction.

- Ce qui aurait poussé Megan à en finir et, Connor découvrant le corps de sa femme, aurait été tellement accablé de remords qu'il se serait tué à son tour.

- C'est une hypothèse.

Mais cela était loin d'expliquer l'atroce blessure qui fendait la poitrine de Megan Shaw, et le fait que son cœur ait été retrouvé dans la bouche de son mari. Theodore secoue la tête en continuant à inspecter le rapport.

Le téléphone de Hobbs émet un son désagréable.

- Et merde...

Les yeux de Hobbs parcouraient rapidement son écran.

- L'information a fuité, Harris. Les médias sont au courant.

- Laisse-moi deviner. Gloomy Sunday ?

- Précisément.

Theodore, affligé, se tape le front en poussant un énorme soupir. Quand est-ce que ces idiots de journalistes arrêteront de raconter des sottises ?

Et ces gens qui gobent ces absurdités !

Theodore tape frénétiquement du pied, agacé. Gloomy Sunday, mon cul. Il est évident qu'un tueur profite de la panique générale pour mener ses petites affaires. Ce n'est pas cette légende urbaine qui assassine ces pauvres gens, c'est bien la main d'une créature tout à fait humaine qui s'en charge. Un tueur qui profite de l'idiotie et la naïveté du monde pour se cacher.

Il est temps que le monde se réveille.

- Qu'est-ce que c'est ?

Theodore sort un cliché perdu jusque là parmi les autres papiers.

- C'est-ce que je voulais te montrer, déclare Hobbs.

L'image montre un bout de papier entièrement imprégné de sang, duquel l'encre noir de lettres cursives impeccables tente de se faire remarquer. Theodore a un peu de mal, mais finit par réussir à distinguer les mots.

L'amour n'est pas un jeu

Il est tout aussi facile de briser un verre qu'une personne

- Des spécialistes ont étudié l'écriture, affirme Hobbs. Elle n'appartient ni à Megan, ni à Connor Shaw.

- Et où a-t-il été trouvé ?

Hobbs grimace.

- Dans le corps de Megan. Là où son cœur aurait dû être.

Theodore fronce les sourcils.

- Et tu crois toujours qu'il n'y a aucune personne extérieure impliquée dans tout ça ?

- Aucune piste ne laisse à penser cela ! s'exclame Hobbs. Pas de trace d'effraction, pas d'empreintes autres que celles du couple et de leur femme de ménage qui, elle, a un alibi en béton. Les deux morts sont des suicides - Megan par pendaison, Connor par balle dans la tête. Ce qui est étrange est la mise en scène ainsi que les blessures de Megan. Mais la seule trace qui semble provenir d'une personne étrangère est le message que tu vois là. Même la peau trouvée sous les ongles de Megan appartient à son mari !

Le ventre de Theodore se noue douloureusement. Il en a connu, des affaires complexes ; mais aussi difficiles qu'elles aient pu être, elles étaient au final toutes rythmées par la même thématique, et les cerveaux derrière elles n'étaient pas si différents l'un de l'autre. Un meurtre peut être exécuté de mille et une façons, mais le mobile qui a pu pousser à un tel acte n'est pas si unique. Cette affaire... est juste étrange. Theodore est persuadé que tout ceci n'est qu'un coup monté, qu'il arrivera éventuellement à y mettre fin.

Il ignore, cependant, que l'angoisse qu'il ressentira jusqu'au samedi soir sera très bientôt justifiée.

Surtout, n'hésitez pas à pointer les erreurs ou les incohérences si vous en trouvez!

N'oubliez pas de voter, de laisser un commentaire et, pourquoi pas, de partager avec vos amis si vous aimez ce que vous lisez.

Merci!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top