The Disappearance of Eleanor Rigby
Il était parti.
Ou plutôt, elle était partie la première, provoquant donc son départ quelques semaines plus tard. Les rumeurs s'étaient répandues comme une traînée de poudre, et les lycéens s'étaient tous jetés dessus tels des charognards, sans merci et sans demander leur reste.
Personne dans l'histoire ne s'était demandé une seule seconde si les ragots qu'il propageait étaient vrais. Personne n'en avait quoi que ce soit à foutre, c'était évident.
Alors tout avait été dit. Qu'elle était partie sur le continent de manière clandestine, qu'elle était internée dans un hôpital psychiatrique, ou même qu'elle s'était tuée en sautant d'une falaise.
Ça les amusait grandement. Ils étaient incapables de mobiliser leurs talents créatifs tout le reste de l'année, mais pour ça, aucune difficulté.
Il en avait ri, au début, attendant qu'elle revienne et fasse taire toutes ces idioties d'un seul regard comme elle en avait le secret.
Il en avait ri, mais elle n'était pas revenue.
Alors les rumeurs avaient commencé à l'irriter, au point où il avait failli frapper un grand brun de sa classe. Il ne connaissait pas son nom. Il ne lui avait jamais paru antipathique jusqu'alors. Mais la violente pulsion qui lui était soudainement venue lui avait fait serrer le poing, juste assez pour se rendre compte qu'il y'avait un problème. Il était parti aussi vite qu'il l'avait pu, et n'était pas revenu. Son appartement était vide, maintenant.
Il attendait la concierge pour faire l'état des lieux, mais elle ne venait pas.
Et il en avait assez d'attendre que les gens se montrent.
Faire l'état des lieux tout seul, remettre les clés et l'enveloppe dans la boîte aux lettres en espérant que la concierge ferait le transfert, partir.
Il avait choisi plus grand, plus au centre, plus cher. Pourtant, les finances n'allaient pas mieux qu'avant. Pas moins bien non plus cela dit, et il souhaitait respirer, plus que tout.
Débarrassé de ses plans d'un soir qui s'attachaient à lui et qui ne voulaient plus le lâcher, débarrassé des rumeurs sombrement connes qui suintaient de chaque recoin de cette école, et débarrassé de contraintes scolaires qui l'ennuyaient à mourir.
Il était censé s'instruire, rattraper son retard, mais pourquoi, au final ? Se sentir encore plus con et paumé qu'avant ?
Oui, plutôt vide de sens comme situation.
Il préférait la chercher, elle.
Un petit mystère de la vie de tous les jours, et plus précisément son petit mystère. Il avait vu Dylan. Lui ne la cherchait pas, il constatait chaque jour un peu plus sa disparition.
Il avait beaucoup perdu, en sommeil et en volonté, apparemment.
Thomas aurait pu lui proposer de l'accompagner dans ses recherches. Il avait voulu le faire, mais les mots n'étaient pas venus.
La potentielle satisfaction de procéder seul l'avait emporté sur l'amitié initiale qui liait les deux garçons. Pourtant ils avaient encore des points communs. Ils partageaient leur vie avec la solitude, bien que pour Dylan ce ne soit pas exactement officiel, mais plutôt une forte anticipation causée par ses réflexions trop poussées.
Ils avaient commencé à repousser le sujet aussitôt qu'il avait fait son apparition, préférant parler de tout et de rien, évitant ce qui avait de l'importance et se focalisant sur les riens qui n'en avaient pas.
Alors Thomas s'était tu et avait mentalement pris la décision de ne rien parler de ses projets à son ami.
En y repensant plus tard, il l'avait presque regretté, en réalisant à quel point il allait être complexe de la retrouver. Il l'avait fréquentée, il savait que si elle souhaitait rester cachée, la trouver allait être un véritable défi.
Et puis au final il avait relativisé. Qu'avait-il d'autre à faire de sa vie ? Aucun tournage ni promo au programme avant de longs mois, et rien à faire de ses journées... autant consacrer beaucoup de temps et d'énergie à jouer à cache-cache.
Et étant donné le niveau des compétiteurs, ça ne pouvait s'avérer que passionnant.
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