Chapitre 20

— Macar ! Quelle joie de te retrouver !

Son ainé lui envoya un bref regard avant de répondre :

— Cesse d'afficher cette fausse cordialité, Morgal. Je sais que tu n'es pas l'homme le plus honnête de Calca et que tu portes un masque en permanence.

Le plus jeune ricana avant de se laisser choir dans son fauteuil préféré :

— Tout de suite les accusations ! J'en suis affligé !

— Je vois ça.

— Et quel bon vent t'emmène aux Falaises Venteuses ?

Macar fronça ses épais sourcils sans se dérider. Son uniforme militaire traduisait toujours une ferme volonté et une rigueur de vie austère.

— Je viens faire le tour de tes troupes. Nous partons pour la presqu'Île d'Olmor dans six mois.

Un gnome du service arriva avec un plateau au bras. Morgal se servit sans adresser un regard à son frère :

— Je vois... C'est à cause des gisements de gemmes blanches ?

— Comment es-tu au courant ? demanda l'autre avec un mépris non dissimulé.

— J'ai... des yeux et des oreilles un peu partout, mon cher.

— C'est donc ça, tu vis reclus pour améliorer ton réseau d'information ?

Le vampire vida sa coupe de sang avant de s'intéresser à la question.

— Mmh ? Malheureusement, je n'ai pas une communication suffisamment appréciable concernant des terres autres que Calca.

Macar poussa un long soupir et finit par s'assoir à son tour sur une banquette. Il détestait échanger avec le taré de la famille.

— Morgal, tes hommes seraient-ils prêts ?

— Prêts pour envahir la presqu'île ?

— Non, pour affronter les armées de la Reine Vierge.

— Ma foi... Il me faudrait quelques dragonniers.

— Tu demanderas à père.

Le cadet secoua la tête :

— Les hommes qui sont entrainés aux Falaises Venteuses sont le rebu de toutes vos armées, je le sais bien. Vous m'avez refourgué tous les bras-cassés ; il me faut du temps pour les former.

— Mes agents m'ont rapporté que ton armée grossissait et prenait un virage intéressant.

— Ils n'ont encore aucune expérience du combat...

Un frêle silence s'installa, laissant place aux mugissements lointains des vagues.

— Morgal, plus sérieusement... J'ai eu vent de la manière avec laquelle tu les formais.

— Ah oui ?

— Ce ne sont pas des méthodes acceptables !

— Je les bouscule un peu, c'est vrai.

— Tes séances d'endurance sont de véritables tortures.

— C'est très bien ! ça les endurcit. Je suis forcé de mettre la barre haute pour avoir une armée reconnue. Et crois-moi, mes hommes acceptent ce genre de formation.

— Donc les transformer en machines à tuer, ça te parait une bonne chose ?

— Exactement ! Et ils veulent l'être. J'ai instauré une hiérarchie particulière où les faibles n'ont plus leur place.

— Tes soldats doivent te détester. Tu es un véritable tyran.

— Peut-être. Mais ils ont bien trop de crainte et de respect envers moi pour se mutiner. Ils mourront pour moi, même si ma volonté les oblige à mener une guerre irrationnelle.

Macar se frotta la nuque :

— Tu es plus fou à chaque fois que je te croise, Morgal.

Ce dernier lui cligna de l'œil :

— Je prends ça pour un compliment. On s'emmerde avec les gens normaux.

— Quoiqu'il en soit, ce ne serait pas de refus que tes guerriers entrent dans le conflit. Luinil d'Arminassë nous donne du fil à retordre.

— Et pourquoi ne pas l'assassiner en douce ?

— Si c'est pour voir un nouveau souverain dont on ne connait rien...

— Et que sait-on de la Reine Vierge ? Mis à part les louanges des ménestrels sur son indétournable fessier, je ne comprends pas pourquoi elle continue d'être à la bouche de tous les politiciens.

— Nous n'écoutons pas les mêmes trouvères...

— Luinil a ses propres ambitions et intérêts. Moins nous aurons affaire avec elle mieux ce sera.

— La plupart du temps, c'est elle qui nous attaque.

Morgal soupira et laissa sa tête basculer derrière le dossier :

— Mais donnez-moi des dragons que j'incendie Arminassë.

— Morgal... Cesse d'être stupide. Les mages de Fanyarë sont bien plus puissants qu'en Narraca. La Reine Vierge possède à elle-seule un-tiers des armées de la Dimension. Une attaque de dragons se solderait par un échec cuisant.

— Si tu le dis...

— Elle a un champion.

— Un champion ?

Voilà qui attisa la curiosité du prince. Immédiatement son envie d'en découdre se manifesta.

— Nos dernières batailles furent destructrices pour nous à cause de cet inconnu. Ce n'est même pas un astre.

— Hein ? Alors quelle race ?

— Nous l'ignorons, son aura est indéchiffrable.

— Encore plus intéressant...

Macar s'étonna du sourire qui glissait sur les lèvres de son frère.

— Tu...

— Macar ! Je suis sûr que nous pouvons nous arranger ! Si j'envoie mon armée dans six mois et que je liquide cet homme, père me devra des dragons.

— Bien... Je verrai ça avec le roi.

— Tu vois quand tu veux !

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