Chapitre 37

Les membres de la Confrérie débouchèrent sur les thermes privés de la capitale après une longue semaine pour le moins harassante. Heureusement, les dieux étaient avec eux, car un pareil endroit était des plus adaptés pour se débarrasser de la crasse du voyage et se rendre présentable. De plus, on avait pris soin de laisser la place déserte afin de sauvegarder leur discrétion.

— Enfin un bain, soupira Kavlon.

Morgal s'écarta du groupe, préférant se rafraichir sans que les autres Égorgeurs ne perçoivent tous les tatouages qui sillonnaient son corps.

Il gravit quelques marches et s'approcha d'une fenêtre ogivée qui se détachait sur le mur de faïence blanc. Il se pencha à la balustrade et contempla pour la première fois la capitale de Narraca. Rien à voir avec Balondiel. Ici, la pureté des façades éblouissait les yeux. Les toits s'arrondissaient dans d'élégantes courbes de verre alors que les étendards du roi claquaient fièrement au vent. Bien que le cadre inspire l'apaisement et la fascination, l'elfe ne se sentait pas vraiment à son aise. Mais trêve de réflexion ; l'heure était aux bains. Il retira ses vêtements et se trouva un bassin reculé pour se laver en toute tranquillité. Les tatouages ne se contentaient plus de son visage et de son tronc mais s'étendaient désormais sur ses jambes.

— « Quelle plaie ! »

En fait, il craignait particulièrement l'abrogation de sa conscience. Que se passerait-il s'il devenait une coquille vide, dotée uniquement d'une enveloppe charnelle ? Locea pourrait profiter de lui comme bon lui semblait.

Il finit sa toilette et sortit des vêtements propres de son sac en prenant soin d'enrubanner sa tête dans un nouveau foulard.

— Alors Chérubin ? Tu as quelque chose à cacher ? nargua Jenny alors qu'il reboutonnait sa chemise.

— Mmh... Toutes les marques de Locea, peut-être ? Et on m'a vivement conseillé de dissimuler mon appartenance raciale.

— Tu fais bien...

— Quand serions-nous présentés au roi ?

— Le plus tôt possible... Nous allons enfin savoir ce que les Hauts-Maîtres attendent de nous.

— J'ai un peu peur du sort que me réserve Locea.

— Ce n'est pas d'elle que tu devrais avoir peur, en ces lieux.

— Ah oui ?

— Les elfes ne sont pas particulièrement craints ici, si tu vois ce que je veux dire.

— Non, je ne vois pas.

La guerrière soupira et continua à se gratter le crâne. L'elfe ignorait toujours ce qui la reliait à cet endroit mais apparemment, il influençait grandement son moral.

— Jenny, tu avais raison. Ma tête est mise à prix ici.

— D'où la nécessité de te cacher.

— Mais le roi... Il me reconnaitra.

— Si tu es sous la protection d'Hervan ou Locea, tu ne risques rien.

— J'espère que tu dis vrai...

Un profond malaise commençait à se répandre dans l'esprit du jeune homme. Ce n'était en rien dû à la chaleur accablante de la journée mais plutôt à l'atmosphère ambiante.

— T'en fais pas, soupira Jenny, ce lieu est infâme. Tu vas vite te rendre compte que toute la richesse qui se déploie sous nos yeux n'est que superficialité.

Morgal effectua un tour sur lui-même pour observer l'architecture et le mobilier des thermes. Pour lui, ce n'était qu'un bâtiment comme un autre mais en s'attardant sur les détails, on ne pouvait rejeter la splendeur orientale qui se manifestait.

Il haussa les épaules et acheva de s'enrubanner la tête.

— Dis-moi, Jenny...

— Quoi ?

— Si je suis le seul de la Confrérie à me voiler, j'attirerai l'attention, non ?

— Beaucoup utilise ce moyen pour garder un minimum de fraicheur, à la capitale. Ne t'en fais pas, personne ne remarquera.

— Si tu le dis.

— Ceci dit...

— Quoi ?

Morgal fronça les sourcils en penchant la tête vers son amie ; elle lui cachait quelque chose. C'était évident qu'elle ne tenait à évoquer son passé à Atalantë mais il avait la désagréable impression qu'elle faisait exprès d'éviter certains sujets pouvant le concerner. Nager dans un flou permanent commençait sérieusement à l'agacer ! C'est pourquoi, il ne se retint pas.

— Chérubin !

Il se pris une violente claque qu'il aurait sans doute pu éviter s'il n'était pas aussi concentré.

— Tu as tenté de lire dans mes pensées !

— Tu me caches des choses, aussi !

— Rhaaa, maudit elfe, j'ignorais que le mage t'avais déjà appris ces procédés valiques.

— Je ne contrôle pas encore très bien, en fait...

— Promets-moi de ne pas recommencer.

— Promis.

Elle soupira :

— Je ne sais pas ce que vaut la promesse d'un gnome de ta trempe. Vous êtes tous des trompeurs invétérés.

Tant de sollicitude ne surprit pas Morgal qui se contenta de sourire malgré le mystère qui planait toujours autour de lui. Peut-être devait-il tenter de manipuler l'esprit même de Jenny ? Peu de chance qu'il y parvienne : même s'il était un prince elfe doté d'une nature de Réceptacle, la vampire demeurait encore bien supérieure à lui en matière d'arcanes magiques. Elle repousserait son intrusion mentale sans peine et le punirait sévèrement.

— Bien, déclara-t-elle la main toujours fourrée dans son épaisse chevelure de jais, je ne veux pas presser tes jolies petites fesses, Chérubin, mais les Hauts-Maîtres nous attendent pour rencontrer le roi.

— Parle-moi autrement.

— Bien sûr, princesse.

Malgré les années, le jeune homme continuait à prendre ombrage de l'attitude la femme, avec une telle fidélité réactionnelle qu'elle ne pouvait s'empêcher de le taquiner davantage. Inutile de préciser que cela mettait Morgal hors de lui ; il était un prince, que diable ! Et elle ? Une ancienne mendiante sans éducation ni valeurs.

C'est dans ce marasme, qu'il rejoignit le reste des Égorgeurs, épaulé par sa fidèle amie aussi effrontée qu'irritante.

Des domestiques servaient déjà des rafraichissements au groupe avant qu'il ne se rende à la salle du trône. Chacun avait revêtu une tenue plus présentable sans non plu s'assimiler à l'accoutrement oriental propre à Atalantë.

Vinrent à leurs devants cinq hommes, vêtus à l'identique. Morgal en déduisit immédiatement leur statut clérical. Bien sûr, il ne s'agissait pas là de culte voué au Créateur ; une grande partie des astres priaient des divinités et des démons inventés afin de créer un semblant de spiritualité dans une société plutôt tournée vers la superficialité. Personne n'y croyait mais il en était resté un accord tacite selon lequel il fallait rendre un culte à toute cette fumisterie pour sauver les apparences.

Morgal se retint un ricanement de mépris. Ces prêtres étaient pathétiques dans leurs longues vestes de brocard d'or. Leurs coiffes triangulaires où se mêlaient rubans et parures renvoyaient une image totalement excentrique que leurs longs bâtons d'apparat venaient accentuer. Cependant, ce qui dérouta le plus le jeune homme, fut probablement l'allure du grand-prêtre, et plus particulièrement de sa corpulence peu commune. Large comme un gorille, le cou aussi large que l'encolure d'un bœuf, il s'avançait avec arrogance, sa lourde bedaine en avant. Comment pouvait-il tenir sur ses jambes grasses et flasques ? C'était une question qui se posa à l'esprit du prince Fëalocen. Une bonne répartition des masses, peut-être ?

En tout cas, rien ne s'accordait avec sa profession religieuse : ses traits grossiers transpiraient la vulgarité et la bassesse d'esprit. Aucun doute qu'il ne figurerait pas dans un livre philosophique. Ou alors, peut-être pour illustrer un triste exemple...

— Maître Hervan ! s'exclama-t-il d'une voix tonitruante qui singeait le respect, c'est toujours un honneur de vous recevoir dans notre chère capitale.

Le chef de la confrérie se retint un soupirement inconvenant ; il n'aurait sans doute pas souhaité être accueilli par cet individu.

— Polcamitraï, salua-t-il avec une légère révérence, j'espère que les dieux vous exaucent et apportent sur Narraca paix et prospérité.

— À propos de paix et de prospérité, reprit son interlocuteur, c'est notre bon roi qui est hors de lui.

— J'en suis navré.

— Je préfère vous prévenir tout de suite, après tout, nous sommes amis. Nilcalar a rencontré quelques mauvaises surprises dont vous êtes la cause.

Hervan ne parut nullement importuné par la nouvelle et se contenta d'hausser les épaules avec indifférence. Un châtiment royal n'avait pas l'air de l'apeurer. Après tout, sa Confrérie était extrêmement puissante.

Docilement, les Égorgeurs emboitèrent le pas aux prêtres afin de sortir des bains privés.

Pour se rendre au palais du roi, des passages couverts reliaient les différents grands complexes de la ville. Bien sûr, seuls les courtisans et certains membres de l'armée avaient la permission de les emprunter. Ces larges couloirs joliment décorés de bas-reliefs se transformaient parfois en ponts pour enjamber certains quartiers paisibles. Une verdure luxuriante habitait chaque jardin et accompagnait un grand nombre de pièces d'eau.

C'est ainsi que la Confrérie se rapprocha de la demeure royale. Cette dernière s'élevait dans des dômes qui parfois se succédaient les uns sur les autres. Les lignes se joignaient aux courbes dans une belle réussite architecturale. Des parvis ornés de colonnades où parfois apparaissaient de hautes statues de marbre accueillaient une foule nombreuse de sujets qui entrait et sortait par d'immenses portes.

Les courtisans se poussèrent avec un respect mêlé de crainte devant les vampires. Si Hervan portait le poids des années sur son visage ridé et son dos vouté, il n'en gardait pas moins une prestance indéniable. De plus, Duncan le secondait avec une allure irréprochable. Venait ensuite Jenny, la tête toujours haute. Son allure contrastait souvent avec celle de Locea, bien plus mince, féminine et tentatrice. Tous les regards ne pouvaient rater la splendide Entité du Passé, vestige de l'ancien monde, qui s'avançait avec une telle aisance en direction de la salle du trône.

Une fois le vestibule et la cour principale passés, les nouveaux arrivants s'arrêtèrent devant une entrée dotée d'un arc en plein cintre d'où pendaient de lourds rideaux opaques.

— Je vais prévenir le roi, prévint Polcamitraï.

Le grand-prêtre disparut derrière l'épais voilage.

Pendant tout ce temps, Morgal avait pris soin de se fondre parmi ses congénères vampires afin de ne pas réveiller les soupçons. Mais comme il l'avait fait remarquer à son amie, son foulard sur la tête attirait des regards curieux. Que des hommes dans la foule de courtisans aient la tête couverte, oui, mais pas autant que lui. Ce n'était pas très agréable d'être scruté de la sorte. Jenny l'entendra !

Enfin, deux gardes tirèrent les rideaux d'un geste martial et Hervan traversa l'entrée, suivi de ses hommes.

Contrairement à l'idée que s'était faite l'elfe, le roi n'attendait pas de l'autre côté ; il fallait encore traverser un jardin ravissant aux couleurs chatoyantes. Le chant des oiseaux se mêlaient aux cris aigus des singes. Des effluves parfumés parvenaient aux narines, sans doute extraites de fruits tropicaux. C'est dans ce cadre aussi étonnant que grisant que Morgal découvrit pour la première fois le roi de Narraca.

Avec ses sujets les plus proches, il s'était installé sur une terrasse de son parc, à l'ombre de palmiers. Des esclaves humains éventaient les quelques hommes présents de longues plumes d'autruche.

Nilcalar trônait au milieu de cette joyeuse assemblée, vautrée dans des poufs colorés et sûrement très confortables ; des boissons et des digestifs leur étaient servis sur des plateaux d'argent dans un luxe un peu trop tape à l'œil pour être raffiné.

— Hervan ! s'exclama-t-il familièrement, cela faisait une éternité ! Quelle chaleur, tu ne crois pas ?

Le Haut-Maître inclina la tête avec un sourire de façade :

— Il m'en faut plus pour m'effrayer.

— C'est vrai ! À ton âge ! Tu as pris encore un coup de vieux sans vouloir te vexer !

Le vampire ne rétorqua pas, insensible à la pique royale.

Morgal se pinça les lèvres sous son foulard : ce roi lui paraissait un brin trop léger. Sa tenue luxueuse mais débraillée et son air désinvolte l'agaçait déjà. Objectivement, Nilcalar était bel homme, doté d'une peau caramel, à l'instar de la plupart des astres de Narraca. Ses longs cheveux brins étaient coiffés dans une longue queue de cheval alors qu'un bouc de plusieurs jours affinait son visage aux traits bien marqués. Ses yeux perçants volaient d'une tête à l'autre comme pour deviner les pensées de chacun. Un turban réhaussé de pierreries lui servait de couronne alors que sa chemise s'ouvrait sur un torse musclé.

— Mais je vois que ma chère Locea est là ! continua-t-il en s'adossant dans son fauteuil d'osier garni de coussins, toujours aussi ravissante !

— « Il parle toujours pour ne riendire ? » grommela Morgaldans sa barbe.

Malgré le cadre, l'ambiance lui semblait encore plus pesante avec cette cour d'astres oisifs qui se contentaient d'échanger des phrases inutiles et pompeuses.

Ces courtisans regardaient d'ailleurs la scène avec une nonchalance proche de celle de moutons devant une route passante.

Cependant, deux d'entre eux, de chaque côté du roi, attira l'attention de l'elfe : particulièrement peu vêtus, leurs visages disparaissaient sous un fin rideau de perles et de tissus d'une qualité indéniable. Leurs yeux mornes avaient quelque chose d'effrayant. Peut-être le crayon noir qui les cernait dans un maquillage trop prononcé pour rester convenable ? À moitié avachis sur leurs coussins, ils se contentaient de garder le silence. Si les bijoux les recouvraient, il ne faisait aucun doute qu'ils ne jouissaient pas des mêmes droits que les autres astres présents.

Cependant, les cimeterres qui pendaient à leurs ceintures enlevaient toute connotation de soumission.

— Mais que je suis un hôte ingrat ! ajouta le roi d'une voix forte, je suis certain que vous attendez de vous restaurer et vous reposer ! Je vous convie à la soirée, ce sera un honneur de vous partager nos festivités.

Morgal trépignait, pressé de déguerpir. Hervan et Locea restèrent aux côtés du roi alors que Duncan mena ses hommes hors du jardin. Un majordome les conduisit jusqu'à leurs appartements dans une aile privée du palais.

— Dis-donc, Chérubin, sourit Jenny, j'espère que tu ne comptes pas te plaindre de ta suite.

Le concerné devait bien admettre que sa nouvelle chambre n'avait rien à envier à celle qu'il occupait à Elmaril, chez son père. Malheureusement, il devrait partager avec sa charmante maîtresse.

Profitant de la tranquillité de la pièce, il retira son voile :

— Cette chaleur va me rendre fou !

Sans craindre de se montrer impolie, la vampire s'affala sur le large lit dans un long soupir de contentement.

— Jenny ?

— Quoi encore ?

— Je n'ai croisé aucune femme dans la capitale, où sont-elles ?

— Tu risques pas d'en croiser au palais.

— Pourquoi donc ?

— Tu vois le grand-prêtre Polcamitraï ? Il a réussi à institutionnaliser l'interdiction des femmes en ce lieu. À part quelques exceptions comme les invités diplomatiques, seuls les hommes peuvent évoluer dans la sphère étatique. Implicitement, le clergé d'Atalantë a jeté un bannissement social sur les femmes. Au fil des ans, elles ont été reléguées à des travaux peu reconnus, côtoyant la misère.

Morgal écarquilla les yeux, sidéré devant ce discours :

— Il n'y a que chez les astres que ce genre d'accident est possible !

— Commence pas à me sortir ton racisme à deux ronds.

— Excuse-moi si dans mon pays, les femmes ont plus tendance à être sacrées que esclavagisées !

Jenny laisse échapper un gloussement de mépris :

— Tu veux parler du roi Elaglar qui violait sa reine pour avoir des fils ?

Cette fois-ci, Morgal vit rouge ; il avait déjà entendu ces mots dans la bouche du défunt Tolos, sa première victime et il ne supportait pas que la vampire puisse ainsi salir ses parents.

Sans hésiter, il la releva brusquement par la chemise et lui aplatit son poing tellement fort sur le visage que ses phalanges craquèrent.

Jenny se retrouva par terre, le nez en sang, sidérée par la réaction de son ami :

— Parce que toi tu ne viens pas de frapper une femme, là ?

— Tu n'est pas une femme mais une grosse chienne.

Il ne fallut attendre plus longtemps pour que les deux se retrouvent au sol à se battre sauvagement. Parti sur sa lancée, le jeune homme mêla ses doigts à la chevelure de son opposante et commença à lui frapper la tête contre les dalles de pierre froides. Malgré sa colère, Jenny ne manqua pas de le déstabiliser par un choc au plexus. Le souffle court, il n'esquiva pas le coup de pied dans la mâchoire.

Encore une fois, il se retrouva défait par sa supérieure, ce qui lui rongea davantage les nerfs.

— Excuse-toi, ordonna la vampire à genoux sur son dos.

Il tenta de se relever mais elle le tenait fermement en respect, l'avant-bras plaqué contre sa nuque.

— N'attends pas ça de moi !

— Ah oui ? Et comme ça ?

Sans le lâcher, elle plaqua un de ses genoux contre son entrejambe en appuyant.

— Alors ?

— C'est bas de ta part !

— Qu'est-ce que j'entends ?

— Excuse-moi Jenny, la prochaine fois je tairai ce que je pense de toi. Ça te va ?

Elle se dégagea pour le laisser respirer et ajouta :

— Pas vraiment mais je m'en contenterai.

— « Pas dit que je l'épargne, finalement... »

Encore fallait-il qu'il parvienne un jour à la vaincre. Mais c'était vrai que la femme lui sortait les yeux de la tête. Entre elle et Locea, il n'y en avait pas une pour racheter l'autre.

C'était probablement dans ce genre d'instants que la douce Lalith lui manquait.

— J'ai compris qu'il fallait pas critiquer les familles royales avec toi, gloussa Jenny, parfois je me demande vraiment à quelle maison prestigieuse tu appartenais avant d'avoir été vampirisé.

— Cela tombe bien, tu ne le sauras jamais ! cracha-t-il en se relevant.

— Quel manque de politesse affligeant !

Il s'épousseta rapidement et partit en quête de douceurs alimentaires dans la chambre.

— Au fait, Jenny. Qu'est-ce qui a provoqué le départ des femmes à la cour ?

— La reine.

— Il y avait une reine à Atalantë ?!

— Tous les royaumes astraux étaient gouvernés par deux souverains de sexe différent. Si ce n'est plus le cas aujourd'hui c'est que dans les trois cas, un des deux a été évincé.

— Je l'ignorais.

— À Lombal, la reine Wendu a assassiné son époux afin de jouir de la charge royale seule. À Arminassë, on dit que la Reine Vierge aurait chassé Carnil pour les mêmes raisons. Haha, moi je pense que c'est parce qu'elle voulait garder son surnom et ça a frustré le roi qui est parti.

— Et à Atalantë ?

La mine de la vampire s'obscurcit :

— Elle fut exécutée par le clergé avec l'accord de Nilcalar, il y a quelques siècles. Elle fut pendue.

— Pourquoi ?

— Longue histoire...

Morgal hocha la tête, comprenant qu'elle ne voulait pas s'étendre sur le sujet, probablement parce qu'elle avait un lien avec cette affaire.

— La diplomatie entre les trois royaumes astraux doit être haute en couleur ! conclut-il.

— C'est le moins que l'on puisse dire. La reine Luinil d'Arminassë veut envahir tout Fanyarë et Narraca alors que celle de Lombal cherche davantage à s'étendre sur les mers. Seul Nilcalar cherche la paix. Faut dire que les armées de la Reine Vierge balaieraient les siennes en une après-midi !

— Je le sais, cette dernière s'en prend à Calca.

— Oui elle a la hargne, cette terrible pucelle. Mais je ne serais pas étonné que ça mette notre roi en sueur.

— Il n'est pas sensé nous attendre, d'ailleurs ?

— Si, allons-y.

Il emboita le pas à son amie après que cette dernière ait retiré les vestiges de leur querelle. Après tout, c'était chose courante entre eux.

Alors qu'il descendait un vaste escalier de marbre, toujours bâché dans ses tissus, Morgal se demanda en quoi consistait les festivités dans un palais astral. Il ne serait pas déçu de la soirée, c'était le moins que l'on puisse dire.

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