Level 29 : Réput chiante à up
Le contact avec l'eau glacée la fit désaouler sur-le-champ. Pendant un temps, son univers se réduisit à la sensation de froid, à la panique, au noir, au liquide qui envahissait son nez, sa bouche, ses poumons. Puis quelqu'un finit par lui saisir les bras et la remonter à la surface.
Fiona eut l'impression de recracher la moitié de la piscine avant de pouvoir respirer à nouveau. Alors, quand les battements de son coeur se calmèrent et que sa vue fut rétablie, quand, enfin, elle comprit qu'elle était toujours en vie, elle revint à la réalité pour trouver une paire de yeux pers la scrutant avec inquiétude.
– ... na ? Ça va, Fiona ?
Elle acquiesça difficilement et, voyant qu'elle tremblait, Gabriel ôta son blouson afin de le lui poser sur le dos. Après avoir tâté le sommet de son crâne, la jeune fille se mit à paniquer :
– Mince, j'ai fait tomber les cornes que tu m'as offertes !
Gabriel secoua la tête.
– On s'en fout de ça...
– Mais c'était ton cadeau ! continua-t-elle.
Lorsqu'il lui reposerait la question par la suite, Fiona répondrait encore et toujours qu'elle ignorait pourquoi c'était la première pensée qui lui était venue à l'esprit tant ça pouvait sembler stupide dans une telle situation. Avant d'arriver à la conclusion qu'à ce moment-là, son cerveau, lui aussi transi de froid, ne pensait pas correctement.
Hélas, son ouïe revint en même temps que le reste de ses sens, et les commentaires acerbes des personnes ayant assisté à la scène ne lui échappèrent pas :
– Fiona comme... Fiona le pâté ?
– Sérieux, c'est vraiment elle ?
– C'est vrai, j'avais entendu dire qu'elle était à Saint Jude, elle aussi...
A ce moment-là, elle n'aurait souhaité qu'une seule chose : disparaître, ou se téléporter loin, très loin d'ici, loin des regards moqueurs ou autres railleries.
Bordel, qu'est-ce que j'aimerais pouvoir lancer un sort de camouflage et me volatiliser comme sur le jeu !
Cependant, ce qui la préoccupait plus que tout, c'était l'idée que l'on aperçoive son visage sans maquillage. C'est pourquoi elle s'évertua à conserver la tête baissée, espérant que la pénombre ainsi que ses cheveux suffiraient à le dissimuler aux yeux de la foule.
– Désolé, j'ai gaffé.
Le murmure à peine audible de Gabriel l'extirpa de ses sombres pensées.
– C'est... C'est pas grave, souffla-t-elle. Mon fond de teint... Il a coulé, hein ? On voit mon acné ?
Gabriel fronça les sourcils à cette question.
Sérieusement, elle vient de manquer de se noyer et tout ce qui l'inquiète c'est qu'on puisse voir ses boutons ?
Bien qu'il trouva la situation grotesque, il ajusta de son mieux son blouson sur son crâne.
– Voilà, lui dit-il avec un sourire qui se voulait rassurant. Personne verra rien, t'en fais pas.
– Merci...
Soudain, les ricanements des trois hyènes attirèrent leur attention :
– Bon sang de merde, j'y crois pas ! railla Pauline, laquelle avait poussé le vice jusqu'à dégainer son smartphone histoire de les filmer. Que c'est mignon ! Fiona le pâté qui sort avec son bourreau !
Ce dernier se raidit à ces paroles, mais ce qui eut vraiment raison de lui fut l'expression meurtrie qu'il lut sur les traits de Fiona. Poings serrés, il se releva avant de se diriger d'un pas furieux vers Pauline ; là, il lui arracha son portable des mains et le jeta dans la piscine. Les deux autres s'empressèrent de ranger les leurs en voyant ça.
– Hé ! protesta-t-elle. Ça va pas ?
– Estime-toi heureuse d'être une fille car sinon c'est toi que j'aurais balancé à la flotte ! lui asséna-t-il entre ses dents.
Il dut se montrer assez intimidant car l'autre grande gueule décida enfin de la fermer. Toutefois, même si elle appréciait son geste, Fiona aurait préféré, à cet instant, qu'il ne s'en mêle pas et ignore leurs provocations.
Il va juste empirer les choses..., pensa-t-elle en se recroquevillant encore davantage. Bon sang, que quelqu'un me fasse disparaître !
– Alors quoi... Vous êtes vraiment ensemble ? s'enquit Amélie d'une petite voix. Toi et Fiona le pâté ?
Celle-ci se mordit les doigts d'avoir osé couiner quand Gabriel braqua des yeux emplis de colère vers elle.
– Tu l'as bien regardée ? Cette fille ressemble à un pâté, selon toi ?
Pour la première fois depuis qu'elle était sortie de l'eau, Fiona osa relever la tête tandis que celui-ci continuait :
– Elle est devenue bien plus jolie que vous trois réunies, alors vous feriez mieux de fermer vos bouches de pouffiasses !
Il se pinça l'arête du nez en ajoutant :
– Sérieusement, je me demande comment j'ai fait pour supporter des clochardes de votre catégorie !
Fiona vira écarlate en entendant ça. A cet instant, le point qui lui comprimait la poitrine depuis plusieurs minutes sembla s'envoler.
Si on m'avait dit qu'un jour, Gabriel Martin lui-même prendrait ma défense...
C'est à ce moment précis que Mathilde fit son entrée, tentant de calmer le jeu en amenant des serviettes au jeune homme. Non sans lancer une dernière oeillade assassine au trio, il s'en saisit et retourna auprès de Fiona où il entreprit de la sécher.
– T'es pas obligé de te donner autant de mal, haleta-t-elle, mal à l'aise.
– C'est à cause de moi que tu t'es retrouvée dans cette situation, répondit-il placidement en lui frottant le crâne.
– Je peux m'essuyer toute seule, hein. Ce petit bain m'a désaoulée, t'en fais pas.
– Tais-toi, ordonna-t-il d'un ton dur.
Il poussa un soupir puis vint apposer son front contre le sien avant de chuchoter d'une voix adoucie :
– Je m'étais promis de plus les laisser te blesser. J'ai échoué. Pardonne-moi.
Elle écarquilla des yeux étonnés, seulement elle n'eut pas le temps de répliquer que Mathilde vint s'agenouiller auprès d'eux :
– Je suis désolée, Fiona..., grimaça-t-elle. Si tu veux prendre une douche, je te prête ma salle de bains sans problème...
La jeune fille hésita. Ses pupilles oscillèrent entre elle et Gabriel, lequel haussa les épaules l'air de dire "Comme tu le sens !". Elle songea ensuite que c'était l'occasion rêvée de s'isoler loin de cette foule haineuse qui lui donnait la nausée et acquiesça.
Lorsqu'elle cessa enfin de dégouliner, Mathilde l'entraîna en direction de la maison, non sans proférer à l'attention des invités qui les dévisageaient :
– C'est bon, le spectacle est fini, alors cassez-vous, maintenant !
Puis, plus bas, à l'adresse de Fiona :
– J'te jure, quelle bande de vautours...
Tandis qu'elles s'éloignaient, Gabriel vit à sa démarche claudiquante que Fiona avait perdu une chaussure.
Voilà qu'elle se prend pour Cendrillon, maintenant, songea-t-il.
Ses yeux glissèrent sur la piscine et il grimaça en apercevant l'escarpin au fond de l'eau.
Putain, c'est pas vrai... Ma chance habituelle !
👠👠👠
Sentir l'eau chaude sur sa peau lui fit un bien fou. Après l'avoir escortée jusqu'à sa chambre à l'étage, Mathilde avait rapporté son sac abandonné près des marches de la piscine et mis à sa disposition une serviette, un peignoir ainsi que son propre maquillage – même si cela s'avéra inutile car Fiona, prévenante, avait apporté le sien. L'hôtesse de la soirée n'avait cessé de se confondre en excuses pour l'attitude des trois autres folles, ce à quoi Fiona avait répondu qu'elle n'était pas non plus toute blanche dans l'histoire.
– J'aurais pas dû envenimer les choses...
– Je trouve au contraire que t'as été plutôt cool, encore. Moi, j'aurais fait tellement pire !
Fiona avait halluciné en voyant la taille de sa chambre, laquelle semblait sortie tout droit d'un film américain, avec l'immense lit à baldaquin, la coiffeuse, le dressing, ainsi que l'espace canapé situé dans un coin de la pièce. Une impression de chaleur et de sensualité s'en dégageait, en partie dûe à la tapisserie bordeau, mais également aux nombreux cadres et peintures qui venaient décorer les murs.
Néanmoins, ce qui l'étonna le plus fut d'apprendre que Mathilde disposait de sa salle de bains privée, directement juxtaposée à la pièce. Laquelle s'avéra elle aussi plutôt luxueuse, comprenant du marbre au sol et une douche à l'italienne. Après lui en avoir expliqué le fonctionnement, Mathilde avait fini par la laisser seule et emporter ses vêtements afin de les mettre au sèche-linge.
Depuis que Rosélia était avec Gabriel, Fiona et elle n'avaient eu de cesse de dire du mal de l'ex du jeune homme ou de la dépeindre comme la pire des garces. A présent, elle regrettait leur comportement de vipères en voyant que celle-ci s'avérait, au final, plutôt sympathique.
Tandis qu'elle se maquillait, des flashs des minutes ayant précédé sa chute lui revinrent en mémoire, et Fiona grimaça en repensant à son attitude gênante, virant écarlate en se souvenant la manière dont elle avait reniflé le cou de Gabriel sans aucune honte.
Bordel, il a dû me prendre pour une folle ! Je vais plus jamais réussir à le regarder en face après ça !
Elle secoua la tête en voyant l'air accusateur que lui renvoyait son reflet.
Note pour plus tard : arrêter de boire de l'alcool en présence de Gabriel Martin histoire d'éviter de se ridiculiser.
Comme si le fait de penser à lui suffisait à l'invoquer, elle sursauta quand elle tomba sur lui en sortant de la salle de bain. Torse-nu, un genou appuyé sur le canapé de la chambre, il braquait un sèche-cheveux en direction de son polo apposé contre le dossier.
Heureusement que je suis pas sortie à poil ! songea-t-elle en réajustant son peignoir sur sa poitrine.
Il arrêta l'appareil lorsqu'elle arriva à sa hauteur et, alors qu'il pivotait vers elle, Fiona détourna aussitôt le regard afin d'éviter que ses yeux ne s'attardent trop sur ce torse ma foi fort agréable à contempler.
– Hey, la salua-t-il d'une voix douce. Tu vas bien ? La douche t'a réchauffée ?
Elle acquiesça sans lever les yeux vers lui.
– Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé, reprit-il. Et aussi d'avoir gaffé et révélé qui t'étais... Je sais que tu voulais pas que ça se sache.
Cette fois, Fiona ne put s'empêcher de planter ses pupilles dans les siennes tandis qu'elle répondait :
– Je t'ai déjà dit que c'était pas grave...
Suite à quoi, écarlate, elle se mit à fixer ses pieds. Gabriel fronça les sourcils, puis eut un rictus moqueur en comprenant l'origine de son trouble.
– Hum, t'as ce genre de réaction chaque fois que tu vois un homme torse-nu ?
– Non, seulement quand il est bien foutu.
Rha, mais tais-toi, donc, Fio ! Ça va pas de dire des trucs pareils ?
Le rictus de son interlocuteur s'élargit.
– C'est un compliment ?
– Prends-le comme tu veux, marmonna-t-elle, gênée.
Il pencha la tête sur le côté.
– Tu comptes éviter de me regarder tant que je me serais pas rhabillé ? s'enquit-il.
– Si je te regarde, je risque de te mater, ce qui serait un peu indécent vu que t'es le meilleur pote de mon copain.
Gabriel pouffa.
– Brave petite ! la congratula-t-il. Je ferai part de ton dévouement à Maël. Bon, dans ce cas, rends-toi utile, tiens-moi ça !
Il lui lança son polo, qu'elle rattrapa de justesse, puis le tendit devant elle de sorte à masquer le torse du jeune homme. Fiona n'apercevait ainsi plus que son visage, et surtout l'expression amusée avec laquelle il la dévisageait tandis qu'il reprenait son séchage.
– Je voulais aussi m'excuser..., marmonna-t-elle après s'être éclairci la gorge. Pour euh, mon attitude... avant de tomber à la flotte. Je suis un peu incontrôlable, quand j'ai bu...
L'air amusé de Gabriel se mua en franche hilarité à ces paroles, et il ne put résister à l'envie de la taquiner :
– Tu parles de quelle partie, exactement ?
– A peu près tout, marmonna-t-elle sans oser le regarder en face.
– Ah ouais ? arqua-t-il un sourcil sceptique. Y'en a pas une en particulier qui te gêne plus que les autres ?
Le visage toujours tourné en direction de la tapisserie pourpre sur sa droite, Fiona fit mine de ne pas comprendre :
– Je vois absolument pas de quoi tu parles !
Face à tant de mauvaise foi, Gabriel releva le sèche-cheveux par-dessus le polo et lui projeta de l'air chaud sur le visage.
– Mytho ! pouffa-t-il.
Surprise, elle lâcha le vêtement afin de se protéger de ses mains en poussant un petit cri de protestation :
– Hé !
Et vira écarlate en tombant de nouveau nez à nez sur son torse nu lorsqu'elle laissa retomber ses bras le long de son corps. Gabriel ne remarqua pas son embarras puisqu'il se baissa pour ramasser le polo, qu'il lui mit sous le nez. Là, il pointa une trace de rouge à lèvres et de mascara située sur le haut de la manche.
– Et ça, c'est arrivé comment, alors ? Tu m'expliques ?
La rougeur de Fiona s'accentua en voyant le résultat de son attitude d'alcoolique.
– Mince, c'est moi qui l'ai tâché comme ça ?
– Quand tu t'es mis à me renifler comme une chienne en chaleur, ouais, lâcha-t-il d'un air narquois.
Cela lui valut une frappe sur l'épaule.
– Abuse pas ! Je trouvais juste que tu sentais bon, c'est tout !
– Je sens toujours bon ! La vraie question c'est : pourquoi t'as besoin d'être bourrée pour t'en rendre compte ?
Elle croisa les bras sur sa poitrine.
– Parce que d'habitude, je peux pas te sentir ? ironisa-t-elle.
Gabriel arqua les sourcils à ce jeu de mot, avant de se mettre à pouffer.
– Pff, n'importe quoi ! se marra-t-il malgré lui. C'est tellement nul !
Elle haussa les sourcils sans parvenir à empêcher ses lèvres de s'étirer.
– En vrai, je suis désolée pour ça, souffla-t-elle en se grattant la joue. C'est un peu la honte, quand même...
– C'est bon, t'inquiète ! haussa-t-il les épaules. T'es pas la première meuf déchirée qui me fait des dingueries du genre, va. J'en ai vu d'autres...
Il tâta son vêtement et, après avoir constaté que toute trace d'humidité avait disparu, l'enfila.
– Tu dépasseras jamais une de mes exs qui, en rentrant de soirée, voulait absolument ken et arrêtait pas de se frotter à moi... C'était malaisant, j'ai dû mettre des traversins entre nous pour qu'elle arrête ! Je touche pas aux filles bourrées, wesh !
Il secoua la tête puis ajouta :
– Je l'ai larguée peu de temps après, ça m'avait trop saoulé. Enfin bref. A côté, ce que tu m'as fait ce soir, c'est rien, t'inquiète !
Mouais, je sais pas trop si j'apprécie la comparaison, songea-t-elle en tordant ses lèvres d'un air sceptique.
– Quand même, tu penses que la tâche va partir ? s'enquit-elle histoire de changer de sujet. Il a dû coûter cher, ce polo...
– J'en sais rien, admit-il. Je verrais. Mais t'inquiète, je l'avais eu en promo...
– Et... c'est en me repêchant que tu t'es mouillé, je suppose ?
– Ouais. Mais ça va, en vrai, c'aurait pu être pire.
Fiona se mordit la lèvre inférieure avant de bredouiller un "merci". Gabriel haussa les épaules.
– J'allais pas te laisser te noyer, enfin, pas la peine de me remercier ! s'agaça-t-il. Surtout que c'est à cause de moi que tu t'es retrouvée dans cette situation, de base...
– Exagère pas... T'es pas responsable de l'attitude de ces tarées.
J'aurais quand même pu intervenir plus tôt histoire d'éviter que ça dégénère, mais j'ai attendu comme le gros enfoiré que je suis. Juste parce que ça m'amusait.
Gabriel aurait eu envie d'ajouter cela, néanmoins il s'abstint : Fiona ne semblait pas lui en vouloir, alors inutile de tendre le bâton pour se faire battre.
Hum, à la réflexion, ce serait peut-être pas si déplaisant que ça, songea-t-il avec un rictus tandis que d'autres pensées impures venaient pervertir son esprit.
– Pourquoi tu souris bêtement comme ça ? s'enquit-elle en mettant les poings sur ses hanches.
Crois-moi, vaut mieux pas que tu saches.
– Rien, mentit-il, je suis juste content que la technique du sèche-cheveux ait suffi. J'avais vraiment pas envie de quémander des fringues à Math !
– Ça s'est si mal terminé que ça, entre vous ? Parce que... Elle t'a trompé, pas vrai ?
Elle eut envie de se gifler d'avoir osé lui demander ça. Elle s'attendait à ce qu'il élude la question ou qu'il l'envoie bouler avec l'une de ses répliques cinglantes dont il avait le secret, pourtant, à sa grande surprise, Gabriel planta ses pupilles dans les siennes et répondit d'un ton très sérieux :
– C'était pas l'acte de trahison, le pire. C'est surtout la personne qui l'a commis.
Il marqua une pause, se frottant la nuque.
– Comme tu sais, avant qu'on sorte ensemble, Mathilde était, genre, ma meilleure amie, soupira-t-il. Plus que ça, même, si c'est possible. Elle me connaissait mieux que n'importe qui. Donc je m'attendais pas à ce qu'elle me fasse un truc pareil. Ça m'a vraiment blessé, venant d'elle...
Fiona haussa les sourcils, se faisant la réflexion que c'était peut-être bien la première fois qu'elle l'entendait admettre avoir été affecté par cette histoire. Gabriel évitait son regard, à présent.
– Désolé, marmonna-t-il en jouant nerveusement avec sa chaîne. Je sais pas pourquoi je te raconte ça, en vrai, tu t'en fous sûrement.
– Je m'en fous pas, objecta-t-elle du tac au tac.
Il tourna à nouveau la tête vers elle et eut un faible sourire.
– Merci. T'es gentille.
Elle plissa les paupières.
– Venant de toi, je sais pas si c'est un compliment ou un reproche.
– Prends-le comme tu veux, répondit-il d'un air malicieux.
Elle ne put s'empêcher de sentir ses lèvres s'étirer à leur tour en comprenant qu'il faisait échos aux paroles qu'elle avait prononcées un peu plus tôt.
– Ravi de te voir sourire à nouveau, reprit-il. J'avais peur que cette mésaventure ait définitivement sapé ta bonne humeur...
Fiona balaya sa remarque d'un revers de main.
– Il en faut plus pour m'atteindre.
Puis, faisant mine de contracter son biceps :
– Je suis une femme forte, moi, monsieur !
– Ça, j'avais remarqué, admit-il, amusé. Bon, j'ai un autre truc qui devrait te réjouir...
Tout en disant ça, il se pencha afin de ramasser quelque chose derrière le canapé, et Fiona bondit de joie en apercevant ses escarpins.
– Mes bébés ! s'exclama-t-elle.
Elle s'empressa de lui reprendre les chaussures des mains avant de les couvrir de baisers, sautant sur place comme une gamine. Cette vision arracha un sourire idiot à Gabriel, lequel secoua la tête en songeant qu'il en fallait bien peu pour la contenter.
Heureux sont les simples d'esprit...
– T'as été repêcher celui qui manquait ? s'étonna-t-elle.
– C'était le moins que je puisse faire, Cendrillon ! Même si tu t'es trompée de princesse, tu sais, c'est pas elle qui se transforme en ogresse !
– Tss, je t'emmerde !
Gabriel la dévisagea d'un air narquois.
– Un merci aurait suffi.
Puis, pointant du doigt vers le canapé :
– Et j'ai repêché ça, aussi...
Fiona lâcha derechef ses escarpins et attrapa les cornes de diable.
– Oh, elles sont pas perdues ! Tant mieux !
Il secoua la tête d'un air moqueur.
– Pff, c'est pas un trésor d'une valeur inestimable non plus, tu sais ! Au pire, si t'y tenais à ce point, je t'en aurais rachetées, hein !
Fiona lui adressa une grimace en guise de réponse et fronça les sourcils lorsque ses yeux se posèrent sur le canapé où se trouvaient des vêtements pliés.
– C'est quoi, ça ? s'enquit-elle.
Gabriel s'installa sur l'accoudoir tandis qu'il expliquait :
– Des fringues que Mathilde a mis de côté pour toi. Elle a dit que les tiennes seront pas sèches avant une bonne demi-heure... Mais bon, si tu veux rentrer tout de suite, je te ramène et je repasserai les chercher dans la semaine.
– Tu ferais ça ? s'étonna-t-elle. Retourner chez elle histoire de récupérer mes affaires ?
– C'est ma façon de me faire pardonner.
Il fronça les sourcils et ajouta, un peu vexé :
– Je suis pas toujours un sale con, hein.
Elle eut un sourire en coin.
– Ouais, ça t'arrive d'être sympa... Seulement quand un gnome des forêts du Nord unijambiste danse à la pleine lune au milieu de douzes statuettes enroulées dans du jambon, quoi !
Il haussa un sourcil.
– Je rêve ou tu viens de citer Naheulbeuk ?
Fiona lui renvoya son expression perplexe.
– Je rêve ou t'as saisi la ref ?
Il jugea préférable de ne pas poursuivre la conversation, haussant les épaules en guise de réponse.
– Plus sérieusement..., souffla-t-elle en se grattant l'arrière de la nuque. Merci.
Les traits de Gabriel s'adoucirent.
– De rien. Je te devais bien ça. Du coup, tu veux rentrer ou pas ?
La réponse de Fiona fut sans appel :
– Non. Hors de question de fuir maintenant qu'ils savent qui je suis. Je veux leur montrer que j'ai plus peur d'eux. Je veux qu'ils voient comment j'ai changé, je veux qu'ils m'admirent, je veux que... Quand je descendrai ces escaliers, je veux qu'ils soient tous verts de jalousie !
Il se mit à jouer avec sa chaîne, satisfait de cette réaction.
– Je me doutais que tu dirais ça. Du coup, j'ai demandé à Math si je pouvais choisir moi-même les vêtements parmi sa garde-robe. Je crois que ça va te plaire.
En tous cas, moi, ça me déplairait pas de te voir avec, compléta-t-il en pensées.
Cependant, les joues de celle-ci s'empourprèrent lorsqu'elle inspecta le vêtement.
– Je peux pas porter ça ! s'exclama-t-elle. C'est beaucoup trop affriolant !
Gabriel se gratta la joue.
– Bah, t'as pas dit que tu voulais les rendre verts de jalousie ?
– Oui, enfin, quand même..., bredouilla-t-elle, mal à l'aise. Ils vont se moquer de moi ! Je les entends déjà sortir des trucs du style : "Non mais chouf ce pâté qui essaye d'être sexy ! Pour qui elle se prend ? Elle se croit belle, peut-être ? Qu'elle descende de son poney ! Et puis elle a pas tant perdu de poids que ça, hein, y'a qu'à voir ses cuisses et son c-"
– Fiona, l'interrompit-il. Regarde-moi.
Elle s'exécuta à contrecoeur.
– Je laisserai personne se moquer de toi, là en bas. Je te le promets. Le premier qui l'ouvre, je le démonte.
Les joues de Fiona s'empourprèrent face à cette déclaration si solennelle, cela dit Gabriel, dont les pupilles s'étaient posées sur la porte de la chambre, ne le remarqua pas.
– En vérité, ça m'étonnerait qu'ils osent. Ils pensent toujours qu'on est ensemble. Et tout le monde sait que je laisse personne dire du mal de mes copines.
Fiona fronça les sourcils.
– Sérieux, ils croient encore qu'on est en couple ? Ils ont pas compris la vérité en apprenant qui j'étais ?
Il haussa les épaules.
– Ils se sont juste dit que tu t'étais fait passer pour quelqu'un d'autre parce que t'assumais pas de te trouver ici ce soir, et encore moins d'être avec moi. A cause de...
Il se racla la gorge.
– Enfin, tu sais quoi.
Elle se frotta nerveusement le bras, la mine assombrie.
– Ouais, souffla-t-elle, je sais.
Un ange passa avant que Fiona ne reprenne la parole :
– Pourquoi tu leur as pas dit qu'on était juste amis ? s'étonna-t-elle.
Gabriel arqua un sourcil.
– Parce que c'est ce qu'on est, maintenant ? ironisa-t-il d'un ton acide. Pourtant il me semble bien t'avoir entendue affirmer le contraire en début de soirée...
Elle se mordit la lèvre inférieure, gênée, cependant il reprit avant qu'elle ne puisse répliquer :
– Hum, désolé, ça sonnait moins venimeux dans ma tête. Mais... Pour être honnête, tu m'as un peu vexé quand t'as dit ça, tout à l'heure.
Elle eut un sourire en coin.
– Pour être honnête... C'était un peu le but, quand j'ai dit ça, tout à l'heure.
Fiona marqua une pause, se raclant la gorge avant de reprendre d'un ton sérieux :
– J'ai bien vu... Que tu faisais des efforts, ces temps-ci, Gabriel. Seulement... Je t'avoue que jusqu'à maintenant, je me méfiais encore de toi. Enfin bon... Je suppose que t'as mérité ce titre, après tes actes de ce soir.
"Vous êtes désormais 'amical' auprès de la faction 'Fiona Faure'."
Gabriel ne put s'empêcher de pouffer en s'imaginant ainsi le message d'information jaune qui apparaissait dans la barre de tchat de WoW lorsque l'on montait une réputation sur le jeu.
Hum, réput plutôt chiante à up, mais je suis content de l'avoir fait.
– Pourquoi tu te marres ? le questionna Fiona, mécontente.
Il eut un rictus.
– Parce que grâce à ton peignoir, j'ai une vue imprenable sur ton décolleté depuis tout à l'heure, mentit-il.
Elle se couvrit aussitôt la poitrine à l'aide de la robe.
– Abruti ! s'énerva-t-elle. T'étais pas obligé de regarder !
– Contrairement à toi, j'ai aucun scrupule à mater les seins de la meuf de mon pote si celle-ci me les sert sur un plateau, haussa-t-il les épaules. Bon, allez, va t'habiller !
La jeune fille lui fit un doigt d'honneur puis courut s'enfermer dans la salle de bain. Lorsqu'elle observa son reflet après avoir enfilé la tenue en question, elle se sentit virer écarlate. Il s'agissait d'une robe moulante, s'arrêtant en haut de ses cuisses et laissant une épaule dénudée. De couleur blanche et dorée, mais traversée par de la dentelle beige presque transparente au niveau du ventre et du dos.
Fiona eut l'impression que ses fesses et ses seins étaient énormes par rapport à d'habitude, habillée ainsi. Sans parler du fait que, étant plus grande que Mathilde, le vêtement lui allait beaucoup trop court à son goût.
Je sais même pas si on peut appeler ça une robe tellement elle me va petit !
Trois coups frappés à la porte la ramenèrent à la réalité.
– Tu t'en sors ? interrogea Gabriel de l'autre côté.
– Je vais jamais oser la mettre. Elle me fait un cul énorme ! On voit que ça !
– C'est l'intérêt, en même temps...
C'est le genre de robe qu'on porte dans l'unique but que quelqu'un nous l'enlève avant la fin de la soirée, d'habitude, ajouta-t-il en pensées.
– Non, crois-moi... Elle va peut-être bien à Mathilde, mais sur moi c'est horrible !
– Laisse-moi voir. Si c'est affreux, je te le dirais. Tu me connais, je suis pas du genre à mâcher mes mots.
Convaincue par ce dernier argument, Fiona ouvrit timidement la porte. Elle ne put soutenir le regard de Gabriel et détourna la tête tandis qu'il la dévisageait. Le jeune homme eut du mal à retenir son sourire devant son embarras, et ne sut dire ce qui, de la robe ou de ses joues légèrement rosées de gêne, lui plut le plus dans ce tableau. Amusé par la situation, il fit durer le suspens exprès, prenant le temps de la détailler de haut en bas puis déclara d'un ton neutre :
– Elle te va très bien, cette robe. Mieux qu'à Mathilde, même, si tu veux mon avis.
Fiona laissa échapper un rire sceptique.
– Permets-moi d'en douter. Mathilde est la fille la plus sexy que je connaisse.
Gabriel haussa les sourcils.
Moi qui croyais que tu jouais les ingénues... Mais en fait, t'as réellement aucune idée de l'effet que ton corps produit sur les mecs.
Il s'abstint néanmoins de lui faire part de cette pensée. C'était, à son sens, précisément son ignorance qui la rendait attirante.
– Elle était jalouse de toi, quand on est arrivés, si tu veux tout savoir ! rigola-t-il.
Fiona eut une moue dubitative.
– Seulement parce que j'étais à ton bras. Sinon, elle aurait jamais été jalouse d'un pâté comme moi.
Agacé par son air abattu, il lui pinça le nez.
– Stop l'attitude défaitiste, la réprimanda-t-il. L'auto-apitoiement, ça te va absolument pas au teint. T'es nulle, comme ça !
Elle le repoussa, se frottant les narines avec une mine renfrognée.
– Je suis toujours nulle, si on t'écoute, marmonna-t-elle, agacée. Abruti !
– Et moi je suis toujours un abruti, si on t'écoute, répéta-t-il sur le même ton.
Elle ne put réprimer un sourire suite à cet échange, que Gabriel lui retourna.
– Il est arrivé quoi à tes cheveux ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Fiona attrapa distraitement ses mèches filasses qui s'arrêtaient au niveau de ses épaules.
– Oh, ça... J'ai enlevé mes extensions. Les trois folles me les ont bousillées, de toute façon. Je suis bonne pour en racheter de nouvelles.
Elle porte même de faux cheveux, s'étonna-t-il en son for intérieur. Bordel, elle se donne vraiment du mal. Ça doit être relou, d'avoir tous ces attirails au quotidien, en vrai. Bien content de pas être une meuf, moi !
– J'ai jamais réussi à les faire pousser, se justifia-t-elle, mal à l'aise. Ils sont super fins et se cassent dès qu'ils sont trop longs. C'est si horrible que ça ?
Gabriel haussa les épaules.
– Ça va, en vrai. Ça me choque pas.
Même si je reste sur mon idée que tu serais mieux en brune.
– Tiens, pendant que j'y pense...
Il ôta les cornes de démon qu'elle avait posées sur sa tête et les troqua à la place par son auréole d'ange.
– Ça va mieux avec ta nouvelle robe...
Fiona sentit ses joues s'empourprer pendant qu'il plaçait le bandeau sur son crâne, mais Gabriel eut la délicatesse de faire semblant de ne rien remarquer. Ils restèrent un moment à se fixer l'un l'autre, si bien qu'un silence gênant s'installa entre eux, que la jeune fille finit par rompre en se raclant la gorge.
– Hum, et maintenant, du coup ? s'enquit-elle dans un souffle.
– Maintenant, je vais t'expliquer ce qu'on va faire pour rendre tous ces connards "verts de jalousie", comme tu l'as si bien dit...
Elle ne masqua pas son étonnement.
– On ? répéta-t-elle. Tu comptes m'aider ?
– Évidemment ! T'es censée être ma copine, tu te rappelles ? Tu t'imagines que je laisserais des gens maltraiter Lia sans rien faire ?
La jeune fille se gratta le cou.
– Non, je suppose que non, reconnut-elle. Du coup... Qu'est-ce que t'as en tête, au juste ?
Gabriel, dont le visage s'était fendu d'un rictus narquois, croisa les bras sur son torse tandis qu'il répondait :
– A mon avis, ça va pas te plaire...
FIONA vs Les Exs Démoniaques :
Gabriel rejoint le combat !
Ed Sheeran — Cross Me (feat. Chance The Rapper & PnB Rock)
https://youtu.be/aKo4x2gjJPw
Quit messin' with my baby for sure
Together or solo
It doesn't matter where we are, oh no, no
So if you hear about my lady, just know
That she ain't the one to play with, oh no
And I'll be standing so close
Hello ! Vous allez bien ?
De mon côté les vacances touchent à leur fin, j'ai corrigé ce chapitre in extremis je vous avoue, j'ai pas eu beaucoup de temps pour le relire donc n'hésitez pas à signaler si vous voyez des coquilles.
J'espère qu'il vous a plu en tous cas ! Encore un petit chapitre de rapprochement... sobre, cette fois 🤭
Qu'avez-vous pensé du sauvetage de Fiona par Gabriel qui la sort de la piscine ?
De la réaction des invités qui ont appris sa véritable identité, et plus particulièrement des trois exs ?
De Gabriel qui défend Fiona ?
De leur petit échange dans la chambre de Mathilde ?
De Fiona qui reconnaît officiellement Gabriel comme son "ami" ?
De la robe que Mathilde a prêté à Fiona, et de la réaction de Gabriel en la voyant dedans ?
Et enfin... à votre avis, qu'est-ce que prévoit Gabriel pour rendre les autres jaloux ?
Des pronostics pour la suite ?
Je prends le train dimanche pour rentrer chez moi, donc je répondrai sûrement à vos commentaires à ce moment-là ! La dernière fois ils m'ont bien distraite pendant le trajet alors j'espère que ce sera pareil huhuhu ! En attendant de vous lire, je vous fais des bisous et vous dis à vendredi prochain ! 😘
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