Level 17 : P-O-T-A-B-L-E

A peine fut-elle rentrée chez elle que Fiona s'affala dans son lit telle une athlète après avoir couru un marathon. En toute honnêteté, c'était un peu ainsi qu'elle se sentait au vu de l'énergie qu'elle avait dépensé pendant la soirée chez Maël. Éreintée, elle aurait pu rester à contempler le plafond de sa chambre pendant de longues minutes si son attention n'avait pas été accaparée par une notification Discord :

🎮Milamber : Bonsoir Azriel, comment vas-tu aujourd'hui ? Je voulais te remercier pour mon acquisition de ce nouveau Pokémon Shiny...

La jeune fille gémit de douleur lorsque son smartphone lui atterrit sur la figure. Frottant la zone endolorie, elle se retourna sur le ventre et ralluma l'écran. Puis grimaça lorsqu'un Milamber tout fier colla dans ses messages privés le selfie qu'elle avait partagé la veille sur le Discord des Glitch, alors qu'elle était bourrée.

Ayant réalisé sa bêtise presque aussitôt, elle s'était empressée de le supprimer, mais n'avait, semblait-il, pas été assez rapide vu que le mage avait eu le temps de le récupérer. Il avait même pris soin d'y agrémenter quelques modifications de sa création de sorte à faire apparaître sa photo telle une carte Pokémon, y ajoutant son pseudo, sa classe et son niveau sur War of Wizards, sans oublier une petite description sarcastique : "Ce Pokémon prétendument rare a tendance à se montrer les nuits de pleine lune après une soirée alcoolisée."

Fiona enfouit la tête dans son oreiller afin d'étouffer un cri, matraquant son matelas de coups de pieds désespérés. Comment avait-elle pu être aussi bête ? Oubliant toute prudence et l'alcool aidant, elle avait partagé ce cliché sur le Discord comme s'il s'agissait de son groupe de discussions avec ses amies. Et comment Milamber s'était-il arrangé pour la télécharger aussi rapidement ?

A croire qu'il attendait que ça, le bougre ! Il était aux aguets, tapi dans l'ombre tel un jaguar prêt à bondir au premier signe de faiblesse de ma part !

🎮Milamber : Même si j'ai l'impression de m'être fait un peu rouler sur la marchandise, honnêtement. Je suis pas un pro de Pokémon, mais il me semble qu'un shiny, c'est super chaud à obtenir, non ? Alors que toi, je t'ai eue, en quoi ? 3 semaines ? Tu m'avais promis de la difficulté, jeune femme ! Je suis déçu !

Agacée par ses piques, Fiona fronça les sourcils et s'empressa de taper une réponse brillant par sa pertinence et sa force d'argumentation :

🎮Azriel : Nianiania !!!!!

🎮Milamber : Ah ça y est, je vois que t'as adopté le "nianiania" de Lalie, toi aussi !

🎮Azriel : 😭😭😭😭 Arrête de te foutre de moi 😭😭😭😭 J'ai trop honte, là !!!!

🎮Milamber : Allez, c'est bon, y'a pas de quoi avoir honte. T'as une tête potable, t'inquiète.

Une tête potable ? POTABLE ? J'avais donné mon maximum pour être canon, et il dit qu'il me trouve POTABLE ?

🎮Azriel : Potable ? Tu sais combien de temps j'ai passé à me maquiller pour aller à cette soirée ?! Et toi tu me dis que je suis POTABLE ?!!!!

Fiona sursauta en voyant qu'il lançait un appel sur Discord. Agacée, elle le déclina.

🎮Azriel : Alors là tu peux aller te faire voir, je discuterai pas en vocal avec un mec qui me trouve "POTABLE" !!!!!!!

🎮Milamber : Mais 😂 Allez fais pas ta vexée et viens en vocal ! J'ai la flemme d'écrire !

🎮Azriel : Oh tu aurais donc envie de discuter avec une meuf POTABLE comme moi ?

🎮Milamber : Tu comptes continuer d'écrire POTABLE en majuscules encore combien de fois ?

🎮Azriel : Autant de fois qu'il faudra pour que tu me dises que je suis une PUTAIN DE BELLE GOSSE et pas une MEUF POTABLE !

🎮Milamber : Je te le dirai si tu viens en vocal.

Le nez froncé, Fiona, méfiante, finit par enfiler ses écouteurs avant de cliquer sur le bouton permettant de rejoindre l'appel. Cependant, elle regretta immédiatement son geste quand elle fut accueillie par un Milamber hilare.

– Hahaha, marmonna-t-elle. C'est pas drôle du tout ! Si tu continues à te foutre de moi, je vais raccrocher, j'te préviens !

– Désolé, désolé ! pouffa-t-il en tâchant de se calmer. Mais tu m'as quand même bien fait rire, hier soir !

– Oui, bon, bah c'est bon, hein ! A ton tour de m'envoyer un selfie, maintenant !

– Pardon ? Tu rêves, ma pauvre ! C'est pas parce que tu t'es chié dessus que je vais m'abaisser à ton niveau. Assume ton statut de Ratatat et laisse-moi être un Artikodin, merci !

Fiona arqua un sourcil.

– Je croyais que tu t'y connaissais rien en Pokémon ?

– Je fréquente Lalie depuis suffisamment longtemps, maintenant, du coup je connais quand même les bases ! Cette meuf est obsédée par Pokémon !

Elle secoua la tête, dépitée, puis essaya une autre approche en demandant d'une petite voix :

– Allez, s'il te plaît, je me sentirai mieux si je savais à quoi tu ressemblais aussi ! Là, c'est déséquilibré, je trouve, maintenant !

Seulement, sa tentative désespérée ne fit que déclencher une nouvelle crise de fou rire à son interlocuteur.

– Enfoiré ! s'énerva-t-elle. T'as un coeur de pierre ! T'façon moi j'dis c'est louche, si tu veux pas montrer ta photo c'est que toi aussi t'es un mec POTABLE, voire pire !

Ils avaient beau être à l'oral, Milamber comprit à la façon dont elle prononça le mot "POTABLE" qu'elle le visualisait encore en majuscules dans sa tête. Pourtant, loin de fonctionner, les provocations de la jeune fille de firent qu'augmenter son hilarité.

– Ouais, t'as raison, j'suis dégueulasse en vrai ! enchérit-il en se marrant. Tu prendrais peur si tu voyais ma gueule ! J'suis hyper complexé, même !

Il n'y a qu'un mec suffisamment sûr de son physique pour sortir un truc pareil ! J'en conclus qu'il doit être BG... Et il me trouve juste POTABLE ? Fait chier, fait chier, fait chier !

Fiona coupa temporairement son micro afin de crier une fois de plus dans son oreiller.

– Allez, c'est bon, t'énerve pas ! Je te trouve mignonne, voilà, t'es contente ?

Mignonne ? répéta-t-elle.

– Bon, okay, t'es jolie.

Jolie ?

Il marqua une hésitation et Fiona crut l'entendre pousser un petit soupir tandis qu'il admettait :

Très jolie.

– Très jo-

– Abuse pas, meuf, j'irai pas plus loin. Je suis casé, j'te rappelle !

Fiona fit la moue mais tressaillit lorsqu'il enchaîna :

– Et puis, qu'est-ce qu'il dirait ton crush à toi, hein ? Le mec avec qui t'a eu un date l'autre soir ? Date que tu devais me raconter en détail, cela dit en passant, mais j'attends toujours...

La jeune fille poussa un léger soupir en s'asseyant en tailleur sur son lit.

– Okay, t'as gagné. De toute façon, tu sais déjà à quoi je ressemble alors j'ai plus de raison de te cacher ma vie privée. Mais à une condition : ça doit aller dans les deux sens ! Je veux que tu te confies à moi toi aussi ! négocia-t-elle.

🎮🎮🎮

Gabriel coupa son micro et se laissa retomber contre le dossier de sa chaise, réfléchissant aux paroles de Fiona.

Merde. Je fais quoi, maintenant ?

Heureusement pour lui, il fut sauvé par le gong ou, plutôt, par le chiot, quand Loki réclama à sortir. Réactivant son micro, il trouva l'idée parfaite qui pourrait peut-être satisfaire la curiosité de son interlocutrice :

– Okay, très bien, voilà une info sur moi : j'ai un enfant.

Un court blanc s'ensuivit, le temps que Fiona encaisse la nouvelle, avant qu'il ne doive éloigner son casque de ses oreilles pour ne pas être assourdi par le cri qu'elle poussa :

– Pardon ? Mais, mais... Je croyais qu'on avait le même âge !

Amusé par sa réaction, il ne put résister à l'envie de la faire marcher :

– Je t'ai menti, en vrai je suis un daron de quarante piges. Tu m'en veux pas ? Ça changera rien à notre relation, j'espère ?

Il dut cliquer sur le bouton "mute" afin d'éviter qu'elle l'entende se marrer quand, confuse, elle se mit à balbutier :

– Je, euh... N-Non, je suppose que... euh...

Finalement, n'y tenant plus, il réactiva son micro dans lequel il explosa de rire.

– Pfff ! Non mais alors toi ! Tu marches pas, tu cours !

– Putain de merde ! T'es vraiment un enfoiré ! s'énerva-t-elle. J'y ai cru, moi ! T'es trop bête, ma parole !

Le choc laissa finalement place à l'amusement et elle se mit à pouffer à son tour.

– Franchement ! rigola-t-elle malgré elle. T'abuses ! T'as pas d'enfant, alors, hein ?

Gabriel massa ses mâchoires endolories à force de rigoler et, après avoir retrouvé son calme, répondit d'un air énigmatique :

– Non, par contre ça a failli, une fois...

– Hein ? s'exclama-t-elle. Comment ça ? Tu te fous encore de moi ?

Gabriel secoua la tête.

– Non, pour de vrai. J'ai déjà mis une meuf enceinte et elle, elle voulait le garder.

Bien qu'il s'agisse d'une histoire personnelle, il savait qu'elle ne risquait pas de faire le lien avec lui puisqu'il n'en avait jamais parlé à aucun de ses amis. La seule personne qui soit au courant n'était autre que Mathilde, or elle était morte à ses yeux, donc...

– Hein ? Sérieux ! Mais c'est horrible ! T'avais quel âge ?

– Dix-sept. C'est arrivé l'année dernière.

Un couinement de Loki attira son attention, aussi fut-il obligé de s'excuser :

– Désolé, on reprendra cette discussion plus tard car mon vrai et seul fils, à savoir mon chien, veut sortir. Je vais afk un moment, je reviens tout à l'heure.

– Oh, okay...

Le jeune homme remarqua la pointe de déception dans la voix de Fiona, et secoua la tête.

Quelque chose me dit que si tu savais qui je suis vraiment, tu serais pas aussi déçue...

– Mais tu te défileras pas, hein ! reprit-elle. Je veux tout savoir sur cette histoire à ton retour !

Un faible sourire se dessina sur les lèvres de Gabriel.

– Ouais, ouais, c'est promis. Et en échange, tu me parleras de ton crush. Deal ?

– Deal. Allez, bonne sortie, à toute à l'heure !



L'air frais de ce dimanche soir fit regretter au jeune homme de ne pas avoir enfilé quelque chose de plus chaud que son sweat-shirt à l'effigie de Saitama en train de dire "OK". Cela dit, il venait juste de le recevoir par la poste et, comme un gamin excité par son nouveau jouet, il avait été pris d'une furieuse envie de le porter.

Or, les sorties du chien étaient les seuls moments où il en avait l'occasion puisqu'il refusait de s'afficher avec un vêtement risquant de révéler son statut d'otaku au lycée.

Même si j'assume d'aimer les animés, j'ai une réputation à tenir.

– Wesh, Gab ! l'apostrophèrent des voix masculines. C'est ton clebs ?

Bien qu'il n'ait aucune envie de perdre du temps à parler à ses trois potes et éternels squatteurs de banc du bas de son immeuble, trop pressé qu'il était de retourner jouer, Loki, enthousiaste, tirait déjà vers eux. Après avoir échangé les checks et autres politesses d'usage, Khalid, un mec un peu bouboule et au crâne rasé, lui demanda :

– C'est un staff ? Tu lui mets pas de muselière ?

– Il est encore assez jeune pour y échapper.

– Il est beau, en tout cas. Tu vas lui faire faire des combats quand il sera plus vieux ?

Gabriel se retint de lever les yeux au ciel.

– Non, je fais pas ce genre de trucs. Et puis c'est à cause de ces conneries que cette race est mal vue, aujourd'hui !

Eden, un grand type musclé à la peau noire, lui tendit son joint en lui proposant :

– Tu veux une taffe ?

– Ça ira, merci, j'ai eu mon lot d'excès hier soir. Et je sais pas où ta bouche a traîné, donc je vais m'abstenir.

Ses interlocuteurs pouffèrent.

– Ouais, t'as raison, vaut mieux se méfier avec lui ! ricana Enzo, un petit blondin au corps tout sec.

– Toujours aussi cash, grimaça le concerné. Bah, au moins, traîner dans un bahut de bourges, ça t'a pas rendu faux-cul !

Gabriel leur demanda comment ça se passait pour eux au lycée de secteur, suite à quoi ils se vantèrent pendant plusieurs minutes de la manière dont ils avaient poussé leur dernière remplaçante à bout en foutant le bordel en cours.

– Le moment où elle a craqué, frère, c'est quand Eden a balancé sa chaise à travers la salle ! C'était trop drôle ! T'aurais dû voir sa tronche !

– Sérieux, vous êtes des animaux, des fois, soupira-t-il en secouant la tête. Pas étonnant que ma mère ait voulu me mettre en privé, avec des tarés comme vous !

– Oh, ça va, tu fais le malin mais t'étais pareil quand tu venais squatter notre bahut en scred, à l'époque où tu te tapais Mathilde...

Gabriel se gratta la joue.

– Ouais, je m'en souviens. Ça m'avait valu une grève du sexe pendant plusieurs semaines, cette connerie.

Ils ricanèrent.

– Math a jamais aimé qu'on foute le zbeul en cours, remarqua Khalid. Elle nous engueulait tout le temps, c'te vieille intello !

Gabriel haussa les épaules.

– Elle veut juste réussir dans la vie. C'est elle qui a raison, en vrai, c'est vous les teubés, dans l'histoire...

Même s'il n'avait aucune envie d'y repenser, ces mots le ramenèrent vers cette journée où il avait dû lui courir après à travers les couloirs tellement elle était contrariée.

– Sérieux, Math, c'était juste pour rire ! Pourquoi tu t'énerves ?

Elle avait répliqué sans même prendre la peine de se retourner :

– Je déteste quand tu joues les connards de service histoire d'impressionner la galerie !

– Mytho, t'étais toujours la première à te marrer au collège !

Ça avait eu le mérite de la faire s'arrêter. Poings sur les hanche, elle avait fait volte-face afin de le foudroyer du regard à travers ses lunettes rectangulaires :

– Au collège, peut-être, sauf que maintenant on est au lycée. Je veux pas foutre mon avenir en l'air ! Toi, tu t'en tapes, Gaby, c'est juste un jour parmi d'autres, et demain tu vas retourner dans ton bahut de pète-culs ! Tu râles non stop sur Audrey parce qu'elle t'y a inscrit contre ton gré, mais putain tu te rends pas compte de la chance que t'as !

Mathilde avait essuyé ses larmes de rage avant de poursuivre :

– Je donnerais n'importe quoi pour être à ta place ! Moi, je compte pas finir mes jours dans une cité HLM à me contenter d'un RSA comme mon cassos de père. Tu sais ce que j'ai dû faire, hier soir ? J'ai dû le foutre en PLS histoire d'éviter qu'il s'étouffe avec son vomi, ce con ! Voilà à quoi je passe mes soirées : à babysitter mon daron au lieu d'étudier !

Gabriel avait soupiré et l'avait attiré à lui.

– Désolé, Math. Je savais pas qu'il avait recommencé à boire...

Il l'avait laissée déverser son chagrin dans son t-shirt avant de lui embrasser le front.

– J'ai une idée. Tu vas rassembler des affaires et venir crécher chez moi. Je te filerai mes cours et je t'aiderai à rattraper ton retard. Ça te va ?

– Tu vas jouer au prof particulier, toi qui as zéro patience ? avait-elle ironisé en s'essuyant les yeux de sa manche.

– J'ai pas de patience pour les autres, avait-il admis avec un sourire attendri. Seulement, toi, tu sais bien que t'es l'exception.

Gabriel se pinça l'arête du nez, chassant ce souvenir qui datait d'une époque révolue. Avant que leur relation ne devienne pourrie jusqu'à la moelle.

Et pourtant, elle me manque, cette conne. Je l'admettrai jamais à voix haute, mais elle me manque.

Depuis leur séparation, son absence avait laissé un grand vide à l'intérieur de lui ; vide qu'il avait voulu combler par la compagnie de Rosélia, toutefois, peu importait à quel point il la serrait contre lui, cela ne le remplissait que partiellement. Il s'était imaginé pouvoir passer à autre chose en choisissant une fille à la personnalité opposée à celle de son ex... Grossière erreur.

Mathilde s'avérait complexe à oublier. Rien de bien surprenant : elle appartenait à cette catégorie de personnes lumineuses, rayonnantes, dont la seule présence apportait chaleur et réconfort à ceux qui les entouraient. Or, de toute sa vie, il n'en avait connues que deux : elle et...

– Tu savais qu'elle était à Sainte-Catherine, maintenant ? lui demanda Enzo, l'extirpant de ses pensées. Son père s'est remarié avec une friquée, askip.

– Sainte-Catherine ? répéta-t-il, incrédule. C'est pas le lycée de culs-bénis où ils portent un uniforme ?

– Ouais, Math est super bonne dedans, d'ailleurs. Tu veux voir ?

Gabriel n'eut pas le temps de refuser qu'on lui tendait déjà un smartphone affichant un selfie de la jeune fille. La peau couleur chocolat, des yeux noirs au regard pénétrant, des lèvres charnues aux contours bien dessinés...

Cependant, ce qui retint son attention fut de constater qu'elle avait coupé ses cheveux, lesquels s'arrêtaient au niveau des épaules, désormais. Elle qui, auparavant, les lissait en permanence avait de toute évidence décidé de laisser ses boucles vivre leur vie. Ce qui la rendait encore plus belle.

J'ai toujours aimé ses cheveux crépus, moi. Je sais pas pourquoi elle voulait les avoir raides. Et c'est maintenant qu'on est plus ensemble qu'elle les laisse au naturel ?

Il secoua la tête en rendant le téléphone à son propriétaire.

Quel foutage de gueule, c'te meuf !

– Elle a presque l'air d'une fille sage et studieuse, comme ça, plaisanta-t-il.

– Ouais, c'est l'image qu'elle essaye de se donner, apparemment.

– Vous allez voir que d'ici une quinzaine d'années elle deviendra PDG ou j'sais pas trop quoi, rigola Khalid. Si ça se trouve, ce sera notre patronne !

– Hum, ça me dérangerait pas d'avoir une boss aussi sexy, perso, fantasma Enzo.

Gabriel leva les yeux vers le ciel sans étoile, un sourire au coin des lèvres.

Ma foi, c'est tout le mal que je puisse lui souhaiter...

Il continua de discuter avec ses potes un moment, jusqu'à ce qu'une voiture banalisée ralentisse à leur niveau, faisant taire les conversations. Ses passagers, quatre hommes d'âge mûr accoudés aux fenêtres dont les vitres étaient baissées, leur jetèrent de longs regards appuyés en passant.

– Je vois que les collègues sont de sortie, marmonna Gabriel une fois qu'ils se furent éloignés.

– Ouais, la BAC, fidèle au poste, confirma Khalid. Je sais pas ce qu'ils cherchent, mais ils cherchent.

– Pour emmerder les gosses qui font un foot, ils sont là, par contre quand c'est le zbeul on les voit jamais. Chelou, hein ? fit remarquer Eden.

Gabriel rabattit sa capuche sur sa tête.

– Je vais me casser, du coup. Pas envie de subir un contrôle à cause du chien. Bonne soirée, les mecs.

Par prudence, il décida d'aller dans la direction opposée à celle du véhicule. Il se demandait honnêtement si ces flics bossaient vraiment car, malgré leur présence quotidienne, les trafics de drogue perduraient au coin de la rue. Puis il haussa les épaules en se disant qu'au fond, ça lui était bien égal du moment qu'on lui fichait la paix.

Tandis qu'il marchait, contraint de rappeler Loki à l'ordre toutes les cinq secondes dès qu'il tirait sur sa laisse, ses pensées se tournèrent vers Fiona. Depuis la veille, et malgré l'évidente confirmation qu'il avait obtenue, il avait encore du mal à réaliser qu'il s'agissait d'Azriel.

Non seulement c'était une gameuse, mais en plus elle jouait sur le même jeu que lui. Elle cachait plutôt bien cet aspect de sa personnalité, en temps normal.

Je dois reconnaître que là, tu m'épates, petit pâté.

Ses souvenirs le ramenèrent quelques heures en arrière, pendant la fin de la soirée, lorsque Fiona et Maël étaient tombés endormis dans les bras l'un de l'autre...


🎮🎮🎮


La tête de Fiona reposait sur l'épaule de son pote, lequel était déjà au pays des rêves depuis un moment. Rosélia et Gabriel rirent en les voyant ainsi tous les deux, et ne se privèrent pas pour prendre quelques photos compromettantes afin de leur ressortir le lendemain.

– Ils sont mignons, quand même, lui dit Rosélia en l'enlaçant. Tu peux être fier de ton oeuvre, Cupidon.

Gabriel sourit malgré lui d'un air attendri.

– Ouais, ils vont plutôt bien ensemble.

– On fait quoi ? On les laisse là et tu m'accompagnes dans la chambre de Maël ?

En même temps qu'elle disait ça, elle déposa plusieurs baisers au creux de son cou après avoir commencé à caresser son torse sous son polo.

– On s'était mis d'accord en début de soirée pour dire que toi et Fiona dormiez en haut alors que lui et moi on irait sur le canapé du salon, objecta-t-il. Et j'ai promis à mon pote que je ferai jamais de trucs salaces sur son lit.

Loin de se laisser démonter, Rosélia l'embrassa en arguant :

– Maël dort profondément à l'heure qu'il est, il en saura rien...

Cependant, son haleine empestait l'alcool et Gabriel voyait bien à ses gestes maladroits qu'elle n'était pas tout-à-fait sobre. C'est pourquoi il la repoussa gentiment :

– Je t'ai déjà dit que je touchais pas aux meufs bourrées. On le fera quand tu seras en pleine possession de tes moyens.

Rosélia fit la moue.

– Hum, c'est peut-être l'occasion d'y arriver pour de bon, justement, argumenta-t-elle. Vu que l'alcool me détend...

Gabriel fronça les sourcils.

– Rassure-moi, t'as pas fait exprès de boire plus que de raison en pensant qu'on coucherait ensemble ce soir ? demanda-t-il sèchement. Ce serait super glauque, et super vexant, aussi !

– On s'en fout ! Allez, viens, on essaye !

Elle se remit à le coller mais, devant son manque évident de réaction, décida de passer à la vitesse supérieure en glissant les mains dans son pantalon. Il se saisit de ses poignets et la repoussa en y mettant davantage de conviction, cette fois-ci.

– Sérieux, Rosélia, arrête ça ! lâcha-t-il entre ses dents.

La jeune fille le connaissait assez pour savoir que la mention de son prénom en entier signifiait qu'il était contrarié.

– Pourquoi t'es fâché ? marmonna-t-elle. N'importe quel mec aurait sauté sur l'occasion, à ta place...

– De toute ma vie, j'ai jamais eu besoin qu'une meuf soit défoncée pour vouloir le faire avec moi. C'est pas ce soir que ça va commencer. Et puis, franchement, au risque de te décevoir, saches que tu m'excites pas des masses dans cet état !

Là, Rosélia fut réellement refroidie. Froissée, elle alla s'asseoir sur le fauteuil, se prenant la tête entre les mains, les coudes appuyés sur ses genoux.

– Pas besoin d'une douche froide avec ta langue acérée, hein ! marmonna-t-elle, la mine renfrognée.

Gabriel eut un sourire en coin. Il s'assit sur l'accoudoir à côté d'elle et caressa sa longue chevelure brune.

– Hum, tu te plains pas trop de ma langue, d'habitude, pourtant ! la taquina-t-il d'une voix douce histoire de calmer sa colère.

Elle pouffa malgré elle.

Impossible de rester fâchée quand il me regarde avec ces yeux-là.

– C'est vrai, j'aime bien ta langue..., admit-elle. Je retire ce que j'ai dit.

Elle poussa un soupir en s'affalant contre le dossier.

– Je voudrais juste qu'on réussisse à avoir un rapport pour de vrai... J'ai peur que tu sois frustré, à force...

Pour de vrai ? répéta-t-il, amusé. Parce que ce qu'on fait d'habitude, c'est pour de faux ?

– T'as bien compris ce que je voulais dire, fais pas genre !

Gabriel soupira.

– Je t'ai déjà dit que je m'en foutais, Lia...

Il haussa les épaules.

– On attendra que tu sois prête. Stop de te mettre la pression toute seule, si tu veux mon avis c'est à cause de ça que tu te bloques !

Il lui tapota le nez avec un sourire réconfortant.

– Allez, arrête de bouder. Va plutôt bouger ta pote à l'étage.

Non sans ronchonner, elle se leva en traînant les pieds, puis tenta de secouer Fiona afin de la réveiller, mais rien n'y fit ; elle obtint juste un coup de pied en retour.

– Cette fille est une brute !

– C'est bon, je m'en occupe, soupira Gabriel.

Il se pencha au-dessus d'elle et lui secoua doucement l'épaule.

– Fiona ? Je vais te porter jusqu'à ton lit, okay ? Alors essaye de t'accrocher...

Joignant le geste à la parole, il mit les bras de la jeune fille autour de son cou, laquelle eut l'air de l'entendre malgré tout vu qu'elle resserra son étreinte.

Putain, elle est lourde ! Pâté un jour, pâté toujours...

Il se dirigea vers les escaliers, sous le regard assassin de Rosélia qui commenta, bras croisés sur la poitrine :

– Je te cache pas être un peu jalouse, là, tout de suite.

– Quand je suis méchant avec elle, t'es pas contente ; quand je suis gentil avec elle, t'es pas contente. En attendant que tu prennes une décision, j'emmène la Belle aux bois dormant dans son pieu !

Lorsqu'il s'assit sur le lit, Fiona ne voulut pas le lâcher et resta agrippée à lui en murmurant le nom de Maël dans son sommeil.

– Mais à part ça t'étais cent pour cent loveproof, hein ? chuchota-t-il, le sourire aux lèvres.

Il ôta ses bras de son cou d'une main, glissant l'autre derrière sa nuque afin de la déposer en douceur sur le lit. Là, il prit le temps de la contempler un moment, essayant d'associer ce visage à l'elfe en compagnie de laquelle il jouait depuis deux semaines.

Fiona n'était pas très jolie à voir en dormant ; ses cheveux s'étaient emmêlés partout sur son visage, son mascara avait coulé, son rouge à lèvres avait bavé, son fond de teint s'était évaporé, laissant apparaître son acné, sans parler de sa bouche grande ouverte ou du filet de bave qui en coulait.

L'ancien moi t'aurait prise en photo histoire de s'en resservir contre toi, à l'occasion...

Pourtant, il n'en fit rien ; à l'inverse, il remit ses mèches en place histoire de dégager son nez et sa bouche.

S'il était honnête, il devait reconnaître que cette révélation ne le surprenait pas vraiment ; ça n'avait même pas été une révélation à proprement parler, étant donné qu'il avait des doutes depuis un moment. Néanmoins, son esprit cartésien avait eu du mal à vouloir y croire, tant les statistiques et les probabilités d'une telle coïncidence jouaient contre eux. Et pourtant...

Fiona laissa soudain échapper un pet sonore et, malheureusement, fort odorant, ce qui l'extirpa de ses pensées. Grimaçant, il agita la main devant lui afin de chasser la puanteur qui envahissait ses narines.

Bordel, c'est pas du niveau de ceux de Loki, mais on est pas loin, là ! songea-t-il en riant malgré lui. Dire que l'espace d'un instant, j'ai failli oublier que t'étais une ogresse...

Lorsqu'il descendit au salon, il trouva Rosélia allongée sur le canapé en train de faire semblant de dormir, espérant qu'il la porte à son tour. Mais Gabriel ne fut pas dupe.

– Je sais que tu fais semblant, dit-il en la secouant comme un prunier jusqu'à ce qu'elle dévoile sa supercherie.

– Oh, ça va ! T'aurais pu jouer le jeu et me porter à mon lit, moi aussi ! bougonna-t-elle, mécontente. Y'a pas de raison que seule Fiona soit traitée en princesse, ici !

– Fiona était complètement morte. Toi, y'a même pas cinq minutes tu m'agressais sexuellement. Votre état d'ébriété n'est pas comparable.

– Je t'agressais sexuellement ! Ben voyons ! s'offusqua-t-elle en se levant, poings sur les hanches. Toujours dans l'hyperbole, hein !

Gabriel sourit.

– Là, tu vois ? Tu tiens encore debout. Alors, sers-toi de tes jambes !

– T'as pas de coeur ! gémit-elle.

– Je me suis déjà ruiné le dos à cause de l'autre pâté, je vais pas recommencer.

– Espèce de chochotte ! Ils te servent à quoi, tes muscles, à part à être sexy, hein ?

Gabriel lui donna une pichenette sur le front.

– Tu m'auras pas par la flatterie non plus. Allez, file !


🎮🎮🎮


– Je sais pas qui essaye de te joindre depuis toute à l'heure, mais ton téléphone a pas arrêté de sonner !

La voix de sa mère, vautrée devant la télévision, le ramena à la réalité lorsqu'il revint de la sortie de Loki. A peine eut-elle prononcé ces paroles que le portable se mit à vibrer de nouveau, arrachant un soupir d'exaspération au jeune homme.

– C'est Lia, dit-il placidement en déclinant l'appel.

– Ta copine ? s'enquit-elle en s'asseyant en tailleur sur le canapé, avachie contre le dossier pour le regarder. Et tu réponds pas ? Ta-ta-ta... Ça sent pas bon, ça. Toi, tu commences à te lasser...

– N'importe quoi ! protesta-t-il. Je viens à peine de rentrer de la sortie, laisse-moi arriver ! Je la rappellerai plus tard !

Il se releva après avoir donné à boire au chiot. Audrey secoua la tête d'un air désapprobateur.

– Tu me l'as même pas présentée, argua-t-elle.

– La faute à qui ? J'ai arrêté de te présenter mes copines à partir du moment où tu t'es mise à râler parce que, d'après toi, j'en changeais tout le temps !

– J'ai bien été obligée de mettre le hola, sinon c'était un vrai défilé ici ! Je me perdais au milieu de toutes tes conquêtes, et quand je confondais leurs noms elles se vexaient. Mais bon, ça t'a pas empêché de me faire rencontrer celles pour lesquelles tu éprouvais un minimum de sentiments. J'appelle ça "l'échelle d'Audrey".

Gabriel referma la porte du frigo après y avoir rangé la bouteille d'eau.

– Ah ouais ? demanda-t-il distraitement. Et ça fait combien ça, sur mon palmarès ?

Sa mère croisa les bras sur sa poitrine et dit d'un ton sans appel :

– Deux. Ça fait deux, seulement. Et cette Rosélia n'en fait pas partie... Un zéro pointé sur l'échelle d'Audrey !

Elle se tapota le nez avant d'enchaîner :

– Donc, je réitère mon propos : ça sent pas bon pour elle.

Cette déclaration eut le mérite de le faire réfléchir tandis qu'il s'asseyait sur l'accoudoir à côté d'elle.

– T'es certaine que tu l'as jamais vue ? s'enquit-il. Mais si ! Je l'avais amenée, la dernière fois, quand t'as fêté ta prime !

– C'était Mathilde, objecta Audrey.

Gabriel déglutit.

– Sérieux ? T'es sûre que c'était elle ?

Sa mère fronça les sourcils.

– Mon ange, Mathilde squattait ici dès l'école primaire, donc je la reconnais quand je la vois ! Même si, je te l'accorde, elle a changé depuis, elle ne ressemble plus du tout à une fillette, au vu de son opulente poitrine et de son magnifique postér-

– C'est bon, j'ai pigé, l'interrompit-il, n'ayant aucunement envie d'entendre sa mère faire davantage allusion aux formes généreuses de son ex.

Audrey secoua la tête.

– Tu comptes te réconcilier avec elle, un jour, au fait ? Elle me manque. C'était la plus marrante de tes copines ! Moi qui espérais que vous me donneriez d'adorables petits-enfants...

Gabriel croisa les bras sur son torse, la mine renfrognée.

Ils ont quoi tous, ce soir, à me parler d'elle ?

– Bah, tu peux faire une croix dessus. Et puis, j'veux pas de gosses, de toute façon ! C'est chiant, ça pue, ça crie, c'est con, et c'est ingrat !

– Ouais, je comprends. Pourquoi tu crois que j'en voulais pas non plus, de base ? Jusqu'à ce que je me retrouve coincée avec toi ! Signé, scellé, délivré, pour citer Stevie Wonder !

Elle secoua la tête.

– Comme quoi, porter un DIU et mettre un préservatif n'est pas toujours suffisant si on veut éviter d'avoir un mioche dans les pattes !

Le jeune homme eut un sourire en coin.

– De quoi tu te plains ? T'as eu un enfant-cigogne comme dans les dessins animés !

Il pointa son pouce vers son visage :

– En plus, j'étais déjà propre, je savais parler, marcher, résoudre des équations et faire le café, aussi... Bref, la perfection, quoi. On devrait me cloner pour la science !

Audrey éclata de rire puis passa une main dans les cheveux de son fils.

– J'avoue ! Vu comme ça, c'est plutôt cool, quand on y pense. Tous les avantages sans l'épisiotomie ni les vergetures !

Gabriel ouvrit la bouche pour répliquer, seulement son téléphone se mit à sonner de nouveau, le coupant dans son élan.

– Encore ta copine ? Elle a l'air un peu reloue ! remarqua sa mère en voyant ça. Je comprends que tu veuilles la larguer...

– Mais j'ai jamais dit que je voulais la larguer ! protesta-t-il.

– Alors pourquoi tu réponds pas ?

– Ça va, je vais le faire ! Lâche-moi !

Joignant le geste à la parole, Gabriel lança un "Allô ?" énervé dans le combiné en claquant la porte de sa chambre. Audrey poussa un long soupir et se confia au chiot qui la fixait attentivement :

– Je m'inquiète pour ton maître, tu sais, Loki. Avec son coeur de pierre, je me demande s'il connaîtra l'amour un jour. Bon, d'un côté, il est jeune et il a une belle gueule... Il a sûrement raison d'en profiter. Enfin, quand même, j'espère qu'il finira pas sa vie seul comme moi. Tu comprends ce que je veux dire ?

L'animal la dévisagea en penchant sa tête sur le côté. Elle sourit et se baissa à son niveau afin de lui caresser le crâne.

– Non, évidemment que non : t'es qu'un chiot, après tout !



Rosélia comprit au "allô ?" agacé de Gabriel qu'il n'était pas dans de très bonnes dispositions pour discuter. Pourtant, elle ne put s'empêcher de demander d'un ton de reproche :

– Pourquoi tu répondais pas ?

– Je sortais Loki, j'avais pas pris mon portable.

Encore ce maudit chien, songea-t-elle. J'en ai déjà marre de lui.

– T'es énervé ou quoi ? s'enquit-elle.

– C'est rien, t'inquiète. Juste ma daronne qui me saoule.

Il marqua une pause avant de reprendre d'un ton adouci :

– T'es bien rentrée sinon ? Tes parents t'ont pas grillée ?

– Ils ont appelé chez Fiona samedi soir, mais son frère a été sympa, il nous a couvertes. Je sais pas ce qu'il va demander à Nana en compensation, cela dit, rien n'est jamais gratuit avec Adrian... Et toi, ça a été ?

– Pour reprendre les mots de ma mère : elle s'en fout d'où je passe les nuits, du moment que je finis ni au cimetière, ni à l'hosto, ni chez les flics, ou que je mets aucune meuf enceinte.

Rosélia ne put retenir un rire en entendant ça.

– Elle a l'air marrante. Tu me la présenteras, un jour ?

Gabriel ne répondit pas.

– Allô, t'es là ?

– Oui, oui, je suis là. J'en sais rien, on verra, elle a pas beaucoup de disponibilités avec son taf en ce moment...

Voyant que le sujet avait l'air de le mettre mal à l'aise, elle décida de ne pas insister. Après tout, ses propres parents, particulièrement strictes, ne connaissaient même pas l'existence de son petit-ami ; elle n'était donc pas en position de le blâmer.

– J'ai un scoop, au fait, lui dit-elle. Figure-toi que Fiona et Maël se sont embrassés hier soir. Je sais pas quand exactement... Mais elle vient de me le confirmer !

– C'est pas un scoop, j'étais au courant. J'ai mes propres sources, figure-toi.

– Maël te l'a dit ? Il t'a dit aussi s'ils allaient sortir ensemble ? Ce serait trop bien ! On pourrait se refaire des trucs tous les quatre, comme hier ! C'était vachement chouette !

– Je sais pas s'ils vont sortir ensemble, on en a pas parlé, lui et moi. On est pas des meufs à se raconter en détail nos histoires de coeur, hein !

Ils discutèrent encore une bonne quinzaine de minutes de tout et de rien, puis, au bout d'un moment, Gabriel finit par l'interrompre :

– Bon, je vais raccrocher, Rosélia. Je suis un peu crevé, j'aimerais être en forme demain.

La jeune fille ne cacha pas sa déception mais lui souhaita bonne nuit. Allongée sur son lit, tout cela la laissa pensive.

Il y avait quelques temps encore, il ne serait jamais sorti sans son téléphone ; il répondait assez vite à ses messages ; il la rappelait systématiquement s'il voyait qu'elle avait tenté de le joindre ; et leurs appels téléphoniques pouvaient durer des heures sans qu'aucun d'eux n'ait envie de raccrocher ou qu'ils n'arrivent à court de sujets de conversation.

A présent, Rosélia avait l'impression de le déranger chaque fois qu'elle le contactait. Lorsqu'ils parlaient, il semblait sans cesse distrait ou ailleurs, répondant à demi-mots.

A quel moment les choses avaient-elles commencé à déraper ? Qu'avait-elle fait de travers pour qu'il change d'attitude ainsi ? Avait-il commencé à se lasser d'elle ? Fiona avait-elle raison lorsqu'elle affirmait que son nom finirait par rejoindre celui d'une longue liste d'ex-copines dont il n'avait plus rien à faire ?

Je dois absolument l'empêcher de m'échapper davantage, se promit-elle. Tu te débarrasseras pas de moi aussi facilement, Gabriel Martin ! 




🎵 The Supremes – Where Did Our Love Go

https://youtu.be/dfl3EYFjHJU


Hello ! Et ouiiiii, petite surprise en ce début de semaine : un chapitre bonus pour fêter les 100k vues sur Glitch ! 🥳 C'est ma façon à moi de vous remercier d'avoir atteint ce palier 🥰 Bon, techniquement, le roman a atteint les 100k vues depuis une semaine déjà, mais j'avais vraiment trop de taf la semaine dernière pour corriger un chapitre supplémentaire... Surtout qu'encore une fois, il est assez long ! Donc voilà, avec un peu de retard : merci à vous tous.tes ! 

Vous allez bien sinon ? Vous avez passé un bon week-end ? Ici plus qu'une semaine et je suis en vacances, j'ai hâte, j'avoue ! 

Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu, malgré son côté un peu "décousu" et les A/R entre le présent et les flashbacks. J'admets ne pas en être hyper satisfaite à cause de ça, mais bon, parfois, il faut savoir laisser de côté son perfectionnisme, sinon on n'avance pas ! 

Qu'avez-vous pensé de l'échange de Gabriel et Fiona, une fois de retour sur le jeu ? Gaby a fait un compliment à Fiona et a admis qu'il la trouvait mignonne 😏 Chose qui n'arrivait pas dans la V1 ! Bon, elle ne sait pas que c'est lui, mais quand même ! 

Ensuite, qu'avez-vous pensé de son petit échange avec ses amis du quartier, et de son flashback vis-à-vis de Mathilde ? Contrairement à ce qu'il affirme à tout le monde, il n'est pas aussi insensible qu'il le prétend et leur rupture l'a plus affecté qu'il n'ose l'admettre (*surprised pikachu face*)... Votre avis à ce sujet ? Pensez-vous qu'elle va ressurgir tôt ou tard ? Et comment réagira Gaby si ça arrive ? 

Quant à son échange avec sa mère ? Etes-vous d'accord avec Audrey ? Il faut dire que ses prédictions se confirment un peu pendant l'appel avec Rosélia... 😬 Rosélia qui commence à avoir des doutes et à se poser des questions, d'ailleurs ! 

Des pronostics pour la suite ? 

En attendant de vous lire, je vous fais des bisous et vous dis à vendredi pour la suite ! 😘

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