Level 08 : Le putain de déjeuner maudit de son daron le gigolo

Durant les jours qui suivirent la dispute de Gabriel et Rosélia, Fiona, elle, vécut sa meilleure vie. Cette dernière eut le sentiment d'enfin retrouver celle qu'elle appelait "sa femme" qui, n'étant plus obnubilée par son petit-ami, avait de nouveau du temps à lui consacrer. Quant à celui-ci, d'ailleurs, il cessa de rôder dans les parages, répit que Fiona appréciait.

Mais ce qu'elle préféra, et de loin, furent les heures passées à bitcher dans le dos de Gabriel. Elles bitchèrent tellement que si le bitchage avait été un sport olympique, elles auraient obtenu la médaille d'or. "Fiona, championne olympique de bitchage" : voilà un titre qui lui plaisait bien.

Pendant ce temps, sur le jeu, la jeune fille enchaînait les donjons en compagnie de sa guilde. Même si elle avait joué avec d'autres membres, ses camarades privilégiés restaient pour le moment Taec, Buridg, Sneaky et Milamber, ses soirées se terminant souvent sur un long tête-à-tête Discord avec ce dernier.

Ils parlaient de tout et de rien, du jeu, principalement, mais aussi de séries télé, de mangas, ou d'autres de leurs centres d'intérêt qu'ils avaient en commun. Fiona avait bien tenté de glaner quelques informations sur la vie privée du jeune homme, cependant il parvenait chaque fois à esquiver ou éluder ces questions. De fait, elle ignorait toujours où il habitait, ou même son prénom. Et, bien qu'il ait également tenté de la faire parler, elle était parvenue jusqu'ici à tenir bon et à ne rien lui révéler.

– C'est donnant-donnant, lui avait-elle dit quand il avait râlé à ce sujet. Tu veux rien me dire, alors moi aussi je dirai que dallei, voilà ! Je t'ai dit que j'étais un Shiny !

– Tu craqueras avant moi, tu verras. Tu finiras bien par te trahir tôt ou tard !

– Alors là, tu rêves, mon pauvre ! Me sous-estime pas !

– Tu veux parier ?

Le point positif était que, entre les moments passés sur le jeu et les moments passés à bitcher sur le dos de Gabriel, Fiona avait eu l'esprit suffisamment occupé pour ne presque pas songer à Léo.

Hélas, les bonnes choses ne duraient pas et, après quelques jours passés dans une ambiance de guerre froide, Rosélia et Gabriel finirent par se rabibocher sur l'oreiller – détail que Fiona aurait préféré ignorer mais que sa meilleure amie crut bon de lui préciser.

A partir de là, tout bitchage à l'encontre du sacro-saint petit-ami fut de nouveau exclu et Rosélia lui fit promettre d'essayer de s'entendre avec son dulciné, ce à quoi Fiona consentit à contrecoeur, sans savoir, à ce moment-là, que cet engagement la placerait dans une situation intenable.

Toutefois, pour comprendre cette histoire, il était nécessaire de revenir au moment précis où le calvaire débuta, épisode que Fiona surnomma par la suite "le putain de déjeuner maudit de son daron le gigolo".

– T'as une sale tête, remarqua Rosélia après avoir croqué dans son sandwich poulet-crudités. Tu t'es couchée tard, hier soir ?

Comme chaque mardi, les deux meilleures amies se trouvaient près de la station de métro Grange Blanche, située à cinq minutes à pied de leur lycée, afin de déjeuner sur les marches de la statue à la gloire du service de santé, face à l'école de médecine Rockefeller.

Ce n'était pas le lieu le plus hypé ni le plus reluisant du coin. Le monument, tâché de gris et enseveli sous les crottes de pigeon, ne payait pas de mine. Situé sur une espèce de plate-forme triangulaire surélevée, les seules traces de verdure se limitaient à trois arbres aux feuilles couleur prune et à quelques buissons ici et là, bordant le muret se trouvant derrière elles. La place comprenait également quatre bancs sur lesquels les deux meilleures amies se posaient de temps en temps, même si leur lieu de prédilection restait les grosses marches encadrant la statue.

Situé à gauche du McDo et face aux rails du tramway, cet endroit n'avait même pas l'avantage d'être au calme. Pourtant, en dépit de ce manque de paillettes, toutes deux y étaient attachées, et pour cause : c'était là que leur amitié était née.

– Oui, répondit Fiona après avoir avalé sa bouchée, j'ai enchaîné les donjons avec ma guilde !

– Oh ! T'as l'air de bien la kiffer, celle-ci ! Ils sont sympas, alors ?

– Bah, franchement, ouais ! C'est le jour et la nuit par rapport aux Bad Company. Okay, ils sont moins forts, mais ils sont beaucoup plus chill ! Donc au final... ça me va bien comme ça.

Rosélia fut soudain distraite par la sonnerie de son téléphone. Pensant qu'elle allait le mettre en silencieux, Fiona poursuivit :

– Y'a que le mage qui sort un peu du lot, lui il est super fort, il tire clairement tout le monde vers le...

L'ignorant complètement, son amie amena le portable à son oreille afin de répondre un "Allô ?" si mielleux que Fiona n'eut aucun doute sur l'identité de celui se trouvant à l'autre bout du fil.

– ... et je peux aller me faire foutre, marmonna-t-elle pour elle-même.

De fait, Rosélia semblait avoir oublié son existence, obnubilée par sa conversation.

– J'ai essayé de t'appeler hier soir mais t'as jamais décroché ! lui reprocha-t-elle avec une moue boudeuse.

Fiona leva les yeux au ciel. Pourquoi minaudait-elle ainsi ? Ce n'était pas comme si Gabriel pouvait la voir ! Ah, ce qu'elle pouvait détester quand sa pote se comportait ainsi ! On entendait souvent dire que les amoureux éprouvent la sensation d'avoir des papillons dans le ventre à proximité de l'être aimé... Et bien, à voir Rosélia, Fiona était persuadée que lesdits papillons étaient remontés jusqu'à sa boîte crânienne afin de lui grignoter la cervelle.

J'espère vraiment que je ressemblais pas à ça quand je sortais avec Léo.

La conversation dura encore quelques minutes, cela dit Fiona abandonna l'idée d'essayer de suivre et continua de mâchouiller son sandwich en consultant les dernières actualités de WoW sur un site dédié aux jeux vidéo.

Le seul élément qui capta son attention, la faisant relever la tête de son smartphone, fut le "A tout de suite !" que lança sa meilleure amie avant de raccrocher.

– Comment ça, à tout de suite ? s'enquit-elle, d'un ton plus virulent qu'elle ne l'aurait voulu.

– Gabriel va nous rejoindre.

Rosélia avait dit ça d'un ton nonchalant, à croire que ce n'était rien d'inviter son petit-ami à leur repas du mardi sur les marches. Comment osait-elle ? C'était leur moment à elles, et rien qu'à elles, durant lequel aucune autre personne n'était conviée. Ce déjeuner près du McDo, c'était une tradition qui durait depuis leur premier jour de cours, en seconde, deux ans auparavant...

A cette époque-là, Fiona n'était pas encore la "princesse de Saint-Jude" ; n'ayant aucune connaissance parmi les élèves de son nouvel établissement et étant désemparée à l'idée de n'avoir personne avec qui manger, elle était venue sur les marches de cette statue, loin de l'agitation du réfectoire. Car à ses yeux, il n'y avait rien de pire que de se trouver seule au milieu d'une pièce pleine de monde.

Une fois arrivée sur place, elle fut surprise d'y trouver cette autre fille de sa classe, celle à la moue boudeuse et à la mine sévère que tout le monde avait déjà rangé dans la catégorie des pestes de service. Cependant, Fiona, qui était bien placée pour savoir qu'on ne devait pas juger une personne sur les apparences, décida d'aller à l'encontre de ses préjugés et de lui adresser la parole.

Elle apprit que Rosélia se trouvait là car était censée y retrouver d'autres filles de la classe. Or, il s'avéra plus tard que ces dernières s'étaient jouées d'elle et lui avaient donné rendez-vous ici afin de l'esquiver, par pure jalousie doublée de mesquinerie. Mais elle ne regretta pas d'avoir été bernée ; au final, cela lui avait évité de mauvaises fréquentations au profit d'une véritable amitié.

Depuis, même si leur cercle de copines s'était agrandi, les deux jeunes filles avaient conservé ce rituel de déjeuner ensemble sur ces marches, en tête-à-tête. Aussi, vous comprenez le désarroi qui s'empara de Fiona lorsque Rosélia voulut y convier son petit-ami.

– Ça te dérange pas, au moins ?

Et maintenant, elle osait lui demander si ça la dérangeait ! Que croyait-elle ? Qu'elle allait sauter de joie ? De toute manière, à quoi cela servait-il de lui demander son opinion après l'avoir invité ? Si elle osait prononcer ses réticences à voix haute, elle passerait pour la casse-pieds de service. C'est pourquoi Fiona fit appel à toute sa diplomatie afin de répondre avec un grand sourire que non, ça ne la dérangeait absolument pas.

Cela dit, il existe une différence entre la théorie et la pratique que la jeune fille eut du mal à appliquer lorsque le principal intéressé arriva. Vêtu de son sempiternel blouson de moto en cuir noir et blanc – alors que, précisons-le, il n'en possédait aucune – ainsi que de ses lunettes de soleil aviator, Gabriel se pointa une dizaine de minutes plus tard, un sac de McDo à la main.

Vu que Rosélia lui tournait le dos, il intima à Fiona le silence en positionnant son index sur ses lèvres. Il s'avança ensuite à grandes enjambées jusqu'à sa petite-amie puis déposa furtivement un baiser sur sa joue, lui arrachant un cri de surprise.

– T'es fou ! s'exclama-t-elle en amenant la main à son visage. Tu m'as fait peur !

– C'était le but.

Et ces deux-là de s'embrasser langoureusement pendant plusieurs minutes. Fiona en fut presque écoeurée... Non, en vérité, il en fallait plus que ça pour lui couper l'appétit, et elle termina son sandwich en envoyant un message sur le channel flood du discord général de sa guilde.

🎮Azriel : Oskour je suis coincée à tenir la chandelle avec ma pote et son mec ! SOMEONE HELP ME ! 😭

A son grand dam, personne ne lui répondit. Fiona fut donc condamnée à jouer le rôle de plante verte tandis que les deux autres, lancés dans une grande conversation, semblaient avoir complètement occulté son existence.

– J'ai un truc à te montrer, affirma fièrement Gabriel.

Il fouilla la poche intérieure de sa veste et en sortit un papier qu'il avait soigneusement emballé dans une pochette plastique.

– Ça alors ! glapit Rosélia de joie en voyant ça. Tu l'as eu ! Félicitations !

– Et oui, du premier coup, comme je l'avais prédit ! frima le jeune homme. C'est juste le papier provisoire, faut attendre le vrai permis, maintenant... Mais en tous cas, la citrouille, c'est fini ! Ton p'tit cul ferme de princesse aura droit à son carrosse personnel, désormais. Bon, en vrai, ce sera juste la vieille 206 de ma mère, mais ça fera l'affaire, je pense.

– C'est clair ! On s'en fiche de ça ! rigola-t-elle.

Et c'était reparti pour un nouveau baiser langoureux. Exaspérée, Fiona jugea bon de faire semblant d'avoir des amis à qui parler et continua, même si personne ne lui répondait, d'envoyer des messages dans le vent en guise d'exutoire :

🎮Azriel : Sérieux elle m'exaspère quand elle est avec lui 😑

Son mec, c'est comme les aliens de Space Invaders qui repopent en chaîne et qui te lâchent jamais 😣👾👾 Ils me rendent chèèèèèèvre !!!!💢

Elle fut finalement tirée de son monologue lorsqu'elle reçut une frite en pleine figure.

– Hé, fausse blonde ! l'apostropha Gabriel. Tu m'as même pas dit bonjour, malpolie !

Cette dernière lui jeta un regard noir.

– Tu tiens vraiment à ce qu'on se fasse la bise ? ironisa-t-elle.

– C'est ce que font les gens bien élevés, haussa-t-il les épaules. Mais bon, les gens bien élevés tiennent aussi leurs engagements, ce qui est pas ton cas.

Fiona tressaillit ; il faisait sûrement référence à sa promesse de rencard avec Maël... Celui-ci l'avait invitée plusieurs fois au cours des derniers jours, cependant elle avait refusé systématiquement, trop obnubilée qu'elle était à l'idée de faire des donjons en compagnie des Glitch.

Fiona préféra ne rien laisser paraître de son trouble et fit mine d'être absorbée par son téléphone, ne relevant même pas la tête lorsqu'elle mentit effrontément :

– Je vois pas de quoi tu parles.

– Ah ouais ? Pfff !

Il ponctua sa phrase en lui balançant encore plusieurs frites dans les cheveux, que Fiona ôta en lançant rageusement :

– Lia, tu peux dire à ton mec d'arrêter de me jeter de la bouffe au visage ?

– Lia, rétorqua l'intéressé, tu peux dire à ta copine de tenir ses promesses ?

– Lia, tu peux lui dire d'aller se faire f-

– Stop ! cria la principale intéressée. Ça suffit !

Se levant d'un coup, elle les fusilla du regard, mains sur les hanches, puis les gronda d'un ton digne d'une institutrice :

– Vous êtes sérieux dans votre connerie, là ? Vous m'avez tous les deux promis de faire des efforts pour vous entendre ! Alors, je sais pas c'est quoi l'embrouille, là, mais vous avez intérêt à régler ça rapidement !

Pendant qu'elle disait cela, elle ramassa son sac et tourna les talons.

– Attends ! protesta Fiona. Tu vas où ?

– J'me casse ! Je vais faire un tour ! Et quand je reviendrai, vous avez intérêt à être devenus les meilleurs amis du monde. Ou du moins à faire semblant de l'être. Pigé ?

Alors qu'elle commençait à s'éloigner, Fiona, désespérée, descendit les marches afin de la suivre. Hélas, le tapotement de ses talons la trahit et Rosélia lui ordonna sans prendre la peine de se retourner :

– Essaye même pas de me suivre, Nana ! Vous m'avez trop saoulée !

Cette dernière s'immobilisa, la regardant s'en aller, impuissante. Si Fiona était désemparée à l'idée d'avoir mis son amie en colère, Gabriel lui, avait l'air de s'en ficher complètement. Étendu de tout son long sur les marches de la statue, il la dévisageait d'un air moqueur en croquant dans son hamburger.

– Ta copine vient de se barrer et toi tu t'en branles ? s'énerva-t-elle.

– Bah, ça lui passera, fit-il avec nonchalance. Tu la connais, elle s'excite toujours sans raison, mais elle finit par revenir.

Cette remarque la fit bouillir intérieurement. Non, il ne méritait vraiment pas Rosélia. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien trouver à un goujat comme lui ? Pourquoi mettait-elle leur amitié en péril au profit de ce connard qui n'en avait rien à faire d'elle ?

– Tu vas rester debout jusqu'à ce qu'elle revienne ? ironisa-t-il. T'es quoi, son amie ou son caniche ? Je dois te surnommer Hachikō, désormais ?

– La ferme !

Fiona retourna s'asseoir au niveau de son sac, conservant un bon mètre de distance entre eux deux. Cet espèce de crétin fini ne pouvait comprendre ce qu'elle ressentait. Pour lui, Rosélia n'était qu'un passe-temps, une fille de passage, qu'il finirait tôt ou tard par remplacer, venant ajouter son nom à une longue liste d'ex-copines dont il n'aurait plus rien à faire.

Pour elle, c'avait été sa première véritable amie, la seule qui l'avait acceptée et comprise telle qu'elle était or, après avoir enduré des années de solitude au collège, elle ne pouvait se permettre de la perdre.

Gabriel dévisagea Fiona en silence tout en mâchouillant son burger. Les genoux ramenés vers la poitrine, elle avait enfoui la tête entre ses bras et ne bronchait pas depuis plusieurs minutes.

Pourquoi se mettait-elle dans des états pareils ? Craignait-elle donc à ce point que Rosélia l'abandonne ? Depuis le temps, ne savait-elle pas que plus on s'accrochait aux gens, plus ils s'éloignaient ?

– Hé, petit pâté.

Devant son manque de réaction, il réétudia son approche :

– Fiona ?

Toujours aucune réponse. Il réitéra son appel, l'agrémentant cette fois-ci d'un léger coup de pied dans sa hanche.

– Oh mais... Bordel ! s'énerva celle-ci en se redressant. Quand vas-tu finir par me foutre la paix, Gabriel Martin ?

Et pour cause : depuis le collège, ce type la poursuivait tel un oiseau de malheur. Ne vous méprenez pas sur lui : à l'époque, il ne faisait pas partie de ces emmerdeurs qui venaient la railler ou l'insulter tous les jours...

Non, Gabriel n'avait jamais fait partie de ceux qui hurlaient avec la meute. Il incarnait la meute. Le loup alpha. Le genre à balancer une moquerie, à faire une remarque sur tel ou tel aspect de votre comportement, ou encore à vous trouver un surnom débile, avant que ceci ne soit repris, répété, amplifié par tous leurs congénères.

Gabriel, lui, ne réitérait jamais ses méchancetés : il lançait le mouvement et les autres suivaient. Bêtement. A tel point que lorsqu'il s'en était lassé, c'était lui-même qui y mettait fin, déclarant qu'après cent fois, la blague n'était plus aussi drôle ; et alors, comme par magie, la moquerie cessait. Très vite remplacée par une nouvelle de son invention.

A l'époque, ses victimes préférées étaient celles qui sortaient du moule, socialement inconfortables, un peu bizarres sur les bords, au physique de préférence ingrat et peu d'amis qui risqueraient de les défendre. Or, en ce temps-là, Fiona ne correspondait que trop bien au profil.

C'est pourquoi elle avait supplié ses parents de la mettre dans un lycée privé, le plus loin possible de son établissement de rattachement. Elle avait fait un régime, appris à se maquiller, à prendre soin d'elle, et était entrée en seconde métamorphosée, bien déterminée à repartir sur de nouvelles bases.

Elle avait d'ailleurs réussi son coup pendant un temps. Aucun de ses camarades du collège ne semblait l'avoir suivie à Saint Jude et elle était devenue populaire... Cela dit, cette tranquillité n'avait duré que deux trimestres, jusqu'à ce que cet espèce d'envahisseur du passé revienne à l'assaut.

Vous imaginez le désarroi qui s'empara d'elle lorsqu'elle apprit qu'un nouveau "beau gosse" avait été transféré en classe de seconde, et qu'il répondait au nom de... Gabriel Martin.

Pendant un temps, elle crut que ce dernier allait de nouveau faire de sa vie un enfer, en révélant à tous ce à quoi elle ressemblait auparavant ou d'autres secrets peu reluisants, ou se remettant à l'appeler par des surnoms débiles de son invention.

Pourtant, à sa grande surprise, il n'en fit rien : à l'inverse, il se tint aussi éloigné d'elle que possible pendant les deux premières années, limitant leurs contacts au maximum. C'était comme s'ils ne se connaissaient pas, et c'était d'ailleurs ce que tout le monde croyait au lycée. Cela aurait dû soulager Fiona mais, paradoxalement, sans qu'elle ne sache s'expliquer pourquoi, elle en fut contrariée.

Au final, sa manière de faire comme si de rien n'était avait été plus vexante encore, donnant à la jeune fille l'impression de n'être qu'un pauvre insecte qu'il avait balayé d'un revers de main et oublié du jour au lendemain. Cette ignorance pure et dure était telle une gifle en pleine face lui rappelant à quel point elle n'avait jamais eu d'importance à ses yeux.

Or, lorsque vous investissiez autant d'énergie et de passion à haïr quelqu'un, voir que la personne en face ne vous considérait même pas suffisamment pour s'intéresser à vous était la pire des sensations.

Fiona avait essayé de le faire réagir, se mettant à raconter des saloperies sur lui dans son dos en espérant que ses amies la rejoindraient, ou qu'il finirait par montrer son vrai visage, seulement il était resté impassible et insensible à ses tentatives d'attaque.

L'ancien Gabriel aurait probablement sauté sur la première occasion pour répliquer, mais lui, tel un pitbull ignore le caniche qui lui aboie dessus, était resté complètement indifférent.

D'une manière générale, le jeune homme avait changé par rapport à celui qu'il était au collège : tout en restant populaire et plutôt intimidant, il n'avait plus l'air de chercher à s'en prendre aux plus faibles et menait sa vie à peu près normalement, ne rendant les coups que lorsqu'on le cherchait, et quand il considérait l'adversaire à son niveau.

Cela dit, à ce moment précis, Gabriel ne sembla pas comprendre les réelles implications de la question de Fiona, ou du moins fit mine de ne pas les comprendre, car il répondit, sans ciller, quelque chose de très terre à terre :

– Quand t'auras tenu ta promesse.

Elle leva les yeux au ciel en entendant ça et se détourna de lui avec mépris.

– Tu me déçois, petit pâté. Je savais que tu cumulais pas mal de défauts, mais je pensais que t'étais quelqu'un de fiable.

– Ouais, c'est ça ! ricana-t-elle.

Puis, daignant enfin le regarder dans les yeux :

– Voilà ma question, Gabriel : une promesse faîte à un serpent possède-t-elle une quelconque valeur morale ?

Il eut un rictus moqueur.

– Si c'est ta façon de te venger pour ce qui s'est passé quand on était au collège, c'est indigne de toi : car là, c'est pas de moi dont il s'agit, mais de Maël. C'est un mec bien et tu le traites comme de la merde.

Sans parler du fait que c'était lui-même qui l'avait encouragé à inviter Fiona à sortir. Son pote avait hésité, persuadé de se prendre un refus ; or Gabriel, sûr de lui à cause du pacte qu'il avait fait avec cette fausse blonde de malheur, l'y avait poussé, jouant au devin qui "pressentait" qu'elle accepterait. Autant dire que sa crédibilité en avait pris un coup lorsqu'elle avait répondu par la négative. Et ce à plusieurs reprises.

Ses paroles ne suffirent visiblement pas à faire culpabiliser la jeune fille, qui continuait de le fixer dans les yeux sans montrer une once de remords. Le sous-estimait-elle ? Avait-elle oublié ce dont il était capable ? S'était-il donc ramolli tant que ça, au point qu'il ne parvenait même plus à intimider un petit pâté comme elle ? A moins qu'elle ne se soit endurcie au fil des années ?

Bon, très bien, ma belle. Si c'est ce que tu veux, je vais activer mon mode "sale race".

Il attrapa son smartphone puis, après quelques secondes de pianotage, le tendit à Fiona.

– Tiens, regarde.

Le coeur de la jeune fille rata un battement en voyant ce qu'il lui montrait.

– Qu'est-ce que..., haleta-t-elle, effarée. Tu... D'où tu sors ça ? 


🎵Christina Aguilera — Shut Up

https://youtu.be/SjrJSaZmEnA

"This world ain't big enough for you and your ego"



Hey ! Comment allez-vous ? Moi je suis éclatax au max, je l'admets, j'attends les vacances avec impatience ! 😩 J-1 ! Mais je suis contente, j'avais pris du retard dans mon Writober mais j'ai tout rattrapé 💪

Bref, nous voilà officiellement entrés dans le deuxième arc narratif de ce tome 1 : "Nique les probas", qui s'étend jusqu'au chapitre 16 ! 🥳

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Petite ellipse temporelle où l'on apprend que tout en bitchant dans son dos avec Rosélia, Fiona a passé beaucoup de temps à jouer et à discuter avec Gabriel, en oubliant même temporairement son ex... et sa promesse de rencard avec Maël par la même occasion ! 🤭

Qu'avez-vous pensé de la manière dont l'amitié entre Fiona et Rosélia est née ? Et de la petite tradition qui en a découlé par la suite ? Tradition à laquelle Lia déroge en invitant Gabriel, elle est quand même un peu gonflée... mais nous, ça nous arrange, soyons honnêtes ! Je sais pas vous, mais j'adore les voir se chamailler. 😏

Enfin, que pensez-vous du fait que Fiona ne tienne pas son engagement d'accepter un rencard avec Maël ? Et de Gabriel qui souhaite lui mettre la pression ? 

Si vous avez lu la V1, peut-être que vous vous rappelez quel moyen il utilisait pour lui mettre son coup de pression... Sachez que j'ai changé cela, car c'était quand même violent, lol. Donc voilà, à votre avis, qu'a fait ce cher Gaby qui puisse effarer Fiona de la sorte à la fin ? 

En attendant de lire vos réactions, je vous souhaite un bon week-end et vous dis à vendredi prochain pour la suite ! 😘


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