Level 07 : Pokémon Shiny
Impatiente de retourner jouer, Fiona avalait son repas comme si elle était encore en plein concours de nourriture.
Il fallait dire que sa précédente session de jeu s'était déroulée comme sur des roulettes. Habituée aux Bad Company, avec qui l'ambiance était des plus tendues lorsqu'ils faisaient des donjons puisque le moindre faux pas risquait de vous attirer les foudres de vos compagnons, Fiona avait appréhendé cette soirée avec sa nouvelle guilde. Mais son anxiété s'était dissipée assez vite en constatant que Milamber ne lui avait pas menti au sujet des Glitch : ceux-ci étaient bien plus décontractés, capables de rire et de plaisanter tout en jouant.
Elle avait été quelque peu perturbée de les voir s'amuser et déconner de la sorte, tout en parvenant à demeurer concentrés quand cela s'avérait nécessaire. Bref, ils avaient eu le temps de faire deux donjons avant l'heure du dîner et, même si le second n'avait pas été très glorieux, personne ne s'était départi de sa bonne humeur.
Ceci expliquait donc pourquoi la jeune fille, qui avait hâte de retrouver ses nouveaux compagnons, avalait son repas d'une vitesse à en faire pâlir le super-héros Flash. Si elle s'était trouvée chez sa mère, cela lui aurait sans doute valu des regards consternés de la part de cette dernière, voire même des commentaires désobligeants sur son manque de grâce ou d'élégance. Sauf que cette semaine-là, elle était chez son père, or s'il y avait bien un endroit où Fiona avait le droit de se comporter comme la pire des ogresses, c'était dans sa maison à lui. Donc autant dire qu'elle en profitait au maximum.
Non, en réalité, tous les membres attablés ce soir-là au milieu du salon étaient plus qu'habitués à un tel spectacle. De toute manière, ce n'était pas son petit frère Adrian qui risquait d'y redire quoique ce soit, étant tout aussi crade qu'elle en la matière. Le seul individu autorisé à émettre un commentaire sur le sujet aurait été Christophe, le fiancé de leur père, mais même lui s'était depuis longtemps résigné à l'idée que la progéniture de son partenaire appartenait, et appartiendrait toujours, à la catégorie des porcelets.
Cependant, Christophe étant habitué aux dîners civilisés, et, aussi surprenant que cela puisse paraître, préférant largement le bruit des conversations à celui des mastications, il finit par s'éclaircir la voix avant de poser une question qu'il jugea innocente :
– Au fait, Fiona, comment va ce cher Léo ?
A cet instant, prise de court, Fiona, entraînée dans sa frénésie d'ingurgitation, rata la nourriture et se mordit la joue, ce qui lui arracha un cri de douleur rapidement suivie par une séance d'étouffement due au fait que la nourriture était venue se loger au travers de son gosier.
S'ensuivit une longue période de toussotements, d'avalage de miche de pain, de gorgée d'eau, de gémissements de douleur de s'être mordue la joue, de tapotage de thorax, avant de revenir à une séance de crachat de poumons. C'est ainsi que, voyant la jeune fille devenir écarlate dans ce qui ressemblait à une véritable lutte pour sa survie, Christophe finit par arquer un sourcil avant de demander :
– Hum, j'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ?
Fiona, toujours occupée à se débattre avec sa nourriture, échoua à articuler quoique ce soit d'intelligible. Face à ce spectacle affligeant de sa soeur en galère, Adrian, prit de pitié, finit par proposer son aide :
– Tu veux que je leur annonce la bonne nouvelle à ta place ?
Fiona fronça les sourcils et commença, entre deux quintes de toux, à faire "non" de l'index, toutefois c'était déjà trop tard. Le simple ajout de l'adjectif "bonne" devant le mot "nouvelle" suffit à mettre la puce à l'oreille aux deux autres :
– Bonne nouvelle ? répéta Christophe. Ne me dis pas que... Non... ?
– Fiona, c'est vrai ? intervint leur père. C'est ce que je crois ?
De peur d'être déçu, Bastien Faure n'osa pas formuler sa pensée à voix haute, aussi se mit-il à fixer sa fille en silence, comme essayant de lui transmettre ce qu'il espérait entendre par télépathie.
Ce moment sembla finalement apporter le calme dont elle avait besoin. Elle soutint le regard de son père quelques instants et, sans avoir à formuler un seul mot, se contenta d'hocher gravement la tête.
Alors, Adrian, de peur que cela ne soit pas assez explicite pour tout le monde, ou peut-être avec l'envie de formuler cette révélation libératrice que chacun ici avait attendu depuis longtemps, ne put s'empêcher de s'exclamer :
– Et oui, ça y est, elle l'a fait ! Elle a enfin largué ce putain de loseur !
C'est alors que, à l'unisson, Christophe et Bastien se levèrent de leurs chaises en s'écriant :
– Alleluia !
– Sérieusement, j'en pouvais plus de ce type ! enchérit Christophe. Il me donnait des frissons de répulsion !
– Il était creepy, on est d'accord ? acquiesça Adrian.
Bastien, lui, voyant sa fille rester irrémédiablement silencieuse, préféra ne rien dire. Aucun mot n'avait besoin d'être prononcé. Fiona avait toujours su ce qu'il pensait de son ex petit-ami. Son père lui avait déjà expliqué en long, en large et en travers pourquoi il pensait qu'elle devait se méfier de lui. Pourquoi il avait toujours été persuadé qu'un type de son âge n'avait rien à faire avec une adolescente encore au lycée.
Non, Bastien n'avait pas besoin d'expliciter tout cela à voix haute. Il l'avait vue changer au fil de cette relation, il l'avait vue ne devenir plus que l'ombre d'elle-même, à tel point qu'il avait craint de ne la voir, un jour, se muer en une coquille vide. Mais aujourd'hui, Fiona avait fini par se réveiller, par entendre raison.
Il voyait dans son regard qu'elle ne s'en était pas sortie indemne, qu'une certaine souffrance résidait encore quelque part en elle, aussi jugea-t-il inutile de se lancer dans un sermon moralisateur teinté de "Je te l'avais dit". Non, à la place, il décida de célébrer la bonne nouvelle. C'est pourquoi il se tourna vers leur enceinte connectée et demanda :
– Ok Google, lance "Strong enough" de Cher !
– Oh non, non, non ! gémit sa fille dès que la musique démarra. Pas Cher, papa, pitié !
Cela dit, Bastien Faure, qui s'était saisi de la cuillère en bois posée sur la table pour s'en servir comme d'un micro, l'ignora complètement et entama le premier couplet. Christophe ne tarda pas à se joindre à lui, muni pour sa part du manche de la casserole déclipsé, sous le regard dépité de Fiona qui se cacha les yeux.
– Vous êtes trop gênants, sérieux ! geignit-elle.
Loin de les arrêter, ses complaintes semblèrent au contraire accroître davantage leur ardeur à chanter le plus faux et le plus fort possible. Mais le pire moment arriva quand la musique s'emballa pour entrer dans sa phase rythmée, où la jeune fille eut carrément droit à une chorégraphie improvisée à laquelle Adrian se joignit.
– Allez, ma Nana, viens avec nous ! l'encouragea son père.
Un rictus aux lèvres, elle se fit prier encore deux ou trois fois avant de finir par céder et de venir se dandiner avec eux sur la chanson de Cher. Puis, quand celle-ci fut terminée, Adrian eut la bonne idée de vouloir enchaîner sur un karaoké de Libérée, délivrée auquel tous participèrent à cœur joie.
Alors que la petite famille s'époumonait à massacrer la chanson de la Reine des neiges, Fiona sentit son téléphone vibrer dans la poche de son jogging.
🎮Milamber : Hey ! Bien mangé ? Tu reviens jouer bientôt ?
La jeune fille eut du mal à réprimer un sourire à ce message. Se tournant vers son père, elle prit son air le plus angélique possible avant de demander :
– Bon, j'ai adoré cette séance de karaoké avec vous, mais je peux sortir de table, maintenant ? J'aimerais retourner jouer !
– Hé non ! Tu dois aider à débarrasser ! s'offusqua Adrian.
Sa soeur l'ignora complètement, se contentant de faire les yeux doux à son père :
– S'il te plaît papa, ma nouvelle guilde m'attend ! Ils sont super sympas !
Voyant qu'il hésitait encore, son regard oscillant entre elle et son frère, elle joignit ses mains devant elle avant d'ajouter d'un ton mielleux :
– Pour ta fille chérie qui essaye de se remettre de sa récente rupture !
Bastien Faure amena la paume à son front en soupirant :
– Bon, okay, d'accord. Mais c'est bien parce que la situation est exceptionnelle !
– Quoi ? Mais c'est dégueulasse ! s'énerva Adrian. C'est du favoritisme !
– Adri, sois sympa avec ta soeur !
– Merci, papa ! chantonna Fiona.
Après lui avoir fait un bisou sur la joue et lancé un discret "Cheh" à l'attention de son petit frère, elle s'éclipsa rapidement pour retourner dans sa chambre.
🎮🎮🎮
– Oh mais c'est pas vrai ! Où est-ce qu'elles sont encore passées ces putains de clefs à la con ?
Complètement indifférent aux râleries de sa mère qui s'agitait dans l'appartement, Gabriel surveillait la cuisson du riz en tâchant d'ignorer les gargouillements de son estomac.
– Elles sont pas sur l'étagère... Ni sur le meuble télé... Ni dans mon sac ! Bon sang de merde ! J'avais vraiment pas besoin de ça ce soir !
Le corps humain était quand même étrange. Comment pouvait-il avoir faim à ce point après tout ce qu'il avait ingurgité ce midi ? C'était un véritable mystère.
Que c'est long...
Gabriel n'avait jamais vraiment compris comment des personnes telles que Fiona pouvaient être autant obsédées par la nourriture. Lui, il s'en fichait pas mal. Il voyait plus le fait de devoir manger, dormir, et faire toutes ces choses de la vie telle une perte de temps monumentale pendant lesquelles il aurait préféré s'adonner à d'autres activités bien plus intéressantes.
C'est pourquoi il était plutôt du genre à sauter des repas ou à ne manger que quand il crevait réellement la dalle. Comme c'était le cas actuellement. Son ventre criait famine depuis un moment, sauf que, trop occupé à jouer, il avait préféré l'ignorer. Jusqu'à ce que tout le monde parte manger et que, n'ayant rien d'autre à faire, il finisse par les imiter.
– Mais c'est pas possible !
Le cri désespéré de sa mère l'extirpa de ses pensées. Non sans soupirer, il daigna tout de même lui accorder de l'attention en se tournant à demi vers elle :
– Qu'est-ce que t'as encore perdu ? soupira-t-il d'un ton las.
– Mes clefs de voiture ! Je sais pas où je les ai foutues ! Ça arrive chaque fois que je suis à la bourre, comme un fait exprès !
Gabriel arqua un sourcil.
– En même temps, t'es toujours à la bourre, j'te ferai dire !
Audrey lui adressa un doigt d'honneur.
– Epargne-moi tes leçons de morale, petit con, et aide-moi plutôt à les chercher !
Gabriel la dévisagea quelques instants avant de se détourner d'elle en haussant les épaules.
– J'peux pas. J'suis trop occupé à cuisiner, vu que ma mère est même pas fichue de me nourrir décemment.
Cette dernière mit les poings sur ses hanches.
– Ta mère a pas le temps de cuisiner parce qu'elle doit aller prendre sa garde ! Or, si je retrouve pas mes clefs et que je me fais virer je pourrais plus payer ce loyer ! Et tu seras obligé de bosser au lieu d'aller en fac de médecine ! C'est ce que tu veux ?
Gabriel leva les yeux au ciel et demanda sans bouger de la cuisine :
– T'as vérifié tes poches ?
– Évidemment que j'ai vérifié ! s'agaça-t-elle.
Pourtant, en même temps qu'elle disait ça, elle se mit à fouiller dans son manteau. Alors, ses pupilles s'arrondirent quand ses doigts frôlèrent la texture froide d'une... paire de clefs. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Gabriel en entendant le son qu'elles firent lorsqu'elle les extirpa.
J'en étais sûr ! Elles sont toujours dans ses putains de poches.
– Oui, bon ça va, hein ! Pas la peine de faire le malin ! siffla-t-elle derechef.
– J'ai même rien dit ! s'offusqua-t-il en se tournant vers elle.
– Peut-être, mais tu l'as pensé fort !
Elle contourna le bar pour venir lui dire au revoir et Gabriel se pencha machinalement afin de lui permettre d'embrasser sa tempe.
– Bon, j'y vais. A demain ! Te couche pas trop tard et tâche d'aller en cours, cette fois !
Son fils haussa les épaules.
– Je peux rien promettre.
Audrey poussa un soupir d'exaspération mais décida qu'elle n'avait absolument pas le temps de se lancer dans une telle discussion. Seulement, alors qu'elle avançait vers le couloir, elle s'immobilisa pour demander :
– Au fait, t'as pas invité ta copine ce soir ? Comment elle s'appelle déjà ? Rachelle ? Rose ? Léa ?
– Rosélia, répondit-il en touillant le riz. Pourquoi je l'aurais invitée ?
– Ben, je sais pas. J'aurais pensé que tu profiterais de mon absence pour être tranquille avec elle...
Les yeux fixés sur la casserole, il rétorqua d'un ton laconique :
– On a une nouvelle recrue à tester avec ma guilde.
Sa mère ne répondit rien, se contentant de le toiser dans un silence qui finit par le mettre mal à l'aise.
– Quoi ?
– Rien, mais je trouve ça bizarre que tu préfères passer la soirée à jouer plutôt qu'à faire des cochoncetés. Ça te ressemble pas. C'était différent quand tu sortais avec Mat-
– J'irai pas plus loin dans cette conversation, à ta place, la coupa-t-il avant qu'elle ne continue.
Audrey poussa un long soupir.
– Alors quoi, on a même plus le droit de prononcer son prénom maintenant ? Je dois prétendre qu'elle a jamais existé ?
Gabriel se tourna vers elle et demanda avec un sourire narquois :
– De qui tu parles, déjà ?
Sa mère leva les yeux au ciel mais préféra ne rien répondre, dépitée.
– Il faudra bien que tu la recontactes un jour. Vous allez pas rester fâchés éternellement, Gabriel, cette situation est ridicule ! Vous vous connaissez depuis touj-
Il fit mine de regarder sa montre :
– Il est déjà neuf heures et demi, tata. J'ai pas envie d'avoir à renoncer à mes futures études de médecine, alors ça te dirait d'aller bosser ?
Audrey se rembrunit, néanmoins elle jugea préférable de ne pas insister.
– Très bien. Comme tu veux.
Sans rien ajouter de plus, elle tourna les talons et disparut derrière le mur du couloir.
– A demain, bon courage ! lui lança-t-il.
Mais seul le claquement de la porte lui répondit.
Le riz étant enfin cuit, Gabriel entreprit de l'égoutter dans une passoire. Il s'ouvrit une boîte de thon à la tomate qu'il mélangea avec puis emmena son assiette devant son ordinateur. Et, alors que, se remémorant les paroles de sa mère, ses pensées commençaient à glisser sur un terrain qu'il aurait préféré éviter, il reçut un message sur Discord :
🎮Azriel : Voilà je suis reeeee ! Mon frère me déteste mais ça valait la peine si c'était pour revenir jouer avec vous !
Un léger sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme en lisant le message enthousiaste de la druidesse.
🎮Milamber : Quelle fougue ! Mais je crois qu'on est que deux hélas ! Les autres sont pas encore revenus.
🎮Azriel : Ah mince !
🎮Milamber : Comment ça, ah mince ? T'aimes pas discuter avec moi ?
🎮Azriel : Mais si bien sûr voyons ! Juste on peut pas faire grand-chose à deux quoi !
🎮Milamber : Y'a des tas de trucs cools qu'on peut faire à deux, au contraire. 😏
🎮Azriel : Non mais dans le jeu enfin 😖 A quoi tu penses ?!
🎮Milamber : Moi aussi je parlais du jeu, à quoi tu pensais toi ? Perverse !
🎮Azriel : ALERTE AU CHAROOOOOOOOO
Gabriel ne put s'empêcher de pouffer. Voyant qu'elle essayait de l'appeler, il répondit tout en coupant son micro.
🎮Milamber : Je suis en train de dîner alors je vais t'épargner le bruit de mes mastications, mais tu peux me parler toi.
– Tu manges devant ton PC ? Tout seul ?
Comme la première fois qu'il avait entendu sa voix, Gabriel fut saisi quelques instants tant les intonations d'Azriel lui étaient familières. Néanmoins, il avait beau y réfléchir, il ne réussissait pas à mettre le doigt sur la personne qu'elle lui rappelait.
🎮Milamber : Ma mère est de garde ce soir. Et je suis pas tout seul puisque je suis avec toi. 🙂
– C'est vrai, acquiesça-t-elle. Bon, du coup, les officiers étaient contents de mes performances ou je vais encore me faire kick comme une malpropre ?
Avec un sourire en coin, Gabriel ne put résister à l'envie de la taquiner.
🎮Milamber : Oh, ça y est, c'est déjà fait, on t'a kick. Tu le verras si tu te connectes !
– Quoi ? s'exclama-t-elle. Non !
Gabriel eut du mal à se retenir de rire en l'entendant matraquer son clavier afin de vérifier ses dires.
– T'es méchant ! Ça va pas de me faire des frayeurs comme ça ? J'ai un petit coeur sensible !
🎮Milamber : T'es vraiment trop crédule, ma parole.
– Ben c'aurait été possible ! Après tout, le dernier donjon qu'on a fait a failli pas passer à cause de moi ! Je suis morte comme une merde !
En effet : il s'en était fallu de peu pour qu'ils ne parviennent pas à terminer leur dernier donjon dans le temps imparti. Azriel était morte bêtement sur une mécanique esquivable et, comme personne d'autre ne pouvait la ressusciter, le reste du groupe avait péri petit à petit par manque de soins.
🎮Milamber : Ça va, c'est passé quand même grâce à moi. Heureusement que j'étais là pour sauver la game. Et ton recrutement, du coup, par la même occasion. Tu m'es redevable, moi j'dis !
Gabriel avait fait de son mieux pour survivre le plus longtemps possible et était parvenu à achever le boss d'une ultime boule de feu juste avant que son personnage ne décède à son tour. Mais heureusement pour eux, le jeu avait considéré cette victoire plus que médiocre comme un succès.
– J'avoue, t'as grave géré sur ce coup-là ! Sans toi, le donjon serait jamais passé je pense. T'es vraiment doué !
🎮Milamber : Hmm, je t'en prie, continue. J'aime bien la flatterie.
– Pff ! T'y habitues pas trop quand même !
Le jeune homme, qui avait fini de manger, ramena son assiette à la cuisine pour la ranger dans le lave-vaisselle puis, une fois revenu devant l'écran, mit son casque et réactiva son micro.
– Non, en vrai, tout le monde t'a bien aimé. On a passé un bon moment.
– Wow, tu m'as fait peur ! sursauta-t-elle. Je m'attendais pas à t'entendre comme ça !
Gabriel fronça les sourcils, un peu vexé.
– Quoi, j'ai une voix qui fait peur ?
– Non, non, au contraire, elle est plutôt agréable à écouter !
Il écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à ce compliment.
– Ah ouais ? s'enquit-il avec un sourire en coin. Agréable comment ?
Alors, son interlocutrice fut soudain prise d'une quinte de toux interminable. Après plusieurs secondes à l'écouter cracher ses poumons, Gabriel s'enquit :
– Ça va ? Tu vas t'en remettre ?
– Oui, oui ! Je... Je me suis étouffée avec ma propre salive !
Gabriel ne put s'empêcher de se mettre à rire à cette déclaration.
– C'est possible, un truc pareil ? pouffa-t-il.
– Ben, visiblement, impossible n'est pas Azriel ! rigola-t-elle à son tour. Sinon, tu disais que les officiers m'ont bien aimée ?
Le jeune homme ne fut pas complètement dupe à cette tentative malhabile de dévier le sujet, cela dit il eut la délicatesse de jouer le jeu :
– Ouais, tu t'en sors bien et t'es cool. C'est tout ce qu'on demande, nous.
– C'est vrai que vous êtes plutôt chill, tu m'avais pas menti. Ça me change des Bad Company.
– A ce point ?
Azriel entreprit alors de lui décrire l'ambiance tendue dans laquelle les raids et les donjons se déroulaient avec son ancienne guilde, à base de blagues racistes et misogynes à tout va, sans parler des insultes qui fusaient au moindre prétexte.
– En fait, j'en étais venue à avoir limite la boule au ventre de jouer. Ça devenait plus une corvée qu'autre chose ! Je crois que je continuais juste parce que je fréquentais le GM dans la vraie vie, et que j'avais peur qu'il me quitte si j'arrêtais ou si je partais.
– Ça m'a l'air d'être un mec charmant, en tous cas. Une vraie perle ! Je comprends tout-à-fait ce que tu lui trouvais !
– Ça va, je m'en rends compte maintenant ! rétorqua-t-elle. Le pire, c'est que tout mon entourage a essayé de m'avertir, même des gens que je peux pas blairer IRL ! Sauf que j'ai été trop têtue pour les écouter. Il faut dire qu'il avait le don de me faire me sentir spéciale et unique. Maintenant, quand j'y repense, j'ai des frissons de répulsion.
Elle marqua une pause puis tapa son bureau du poing en lançant entre ses dents :
– Dire que j'ai laissé ce connard me pénétrer ! Ça me fout la gerbe ! Dommage que mon vagin n'ait pas de dents, il lui aurait coupé l'aubergine au passage, à cet enfoiré !
Gabriel ne put réprimer le fou rire qui lui monta à la gorge en entendant ces mots.
– Hé ! s'indigna son interlocutrice. C'est pas drôle !
– Désolé ! s'excusa-t-il. Je sais ! Mais mets-toi à ma place deux minutes, je m'attendais vraiment pas à ce que tu me sortes un truc pareil !
Il y eut un petit blanc avant qu'elle ne s'excuse d'une voix presque inaudible :
– Désolée, j'ai encore été trop loin...
– C'est bon, t'inquiète ! Je suis pas choqué pour si peu, hein.
– C'est juste que... J'ai personne à qui me confier là-dessus dans la vraie vie. Si j'en parle à qui que ce soit, ils vont tous se foutre de moi ou me dire : "je te l'avais dit". Et pour être honnête... j'ai honte et je regrette d'avoir couché avec lui.
Gabriel avala sa salive. Ayant entendu de légers trémolos dans sa voix, il tenta de prendre le ton le plus doux possible tandis qu'il demandait :
– Ça s'est mal passé ?
– Non mais dis donc ! s'offusqua-t-elle. T'es bien indiscret !
– Hé ! C'est toi qui as lancé le sujet ! Moi, je m'en branle. Si tu veux pas en parler, on arrête.
Elle se racla la gorge avant de dire d'un ton qu'il jugea comme faussement enjoué :
– Arrêtons, alors, et parlons d'un sujet bien plus important ! A savoir : comment ça se fait que y'ait pas ta photo sur le trombinoscope de la guilde ?
Gabriel haussa les sourcils.
– Hum, t'as été vérifier, alors ? demanda-t-il d'un air taquin en tapotant ses lèvres.
– Ben, forcément, j'ai vu un trombi j'ai cliqué dessus ! Je voulais voir vos têtes !
Ne pouvant pas résister à l'idée de la torturer encore un peu, il ne lâcha pas le morceau :
– ... et t'as été déçue de pas y trouver la mienne ?
Azriel fut prise d'une nouvelle quinte de toux à cette question, et Gabriel secoua la tête d'un air amusé.
Non mais alors toi, ne joue jamais au poker, tu perdrais sur le champ.
Malgré tout, il avait du mal à ne pas se sentir attendri face à son honnêteté un peu naïve.
– Je suis un homme casé, je te rappelle, lança-t-il d'un ton faussement solennel. Un peu de tenue, jeune femme !
– Oh, eh, ça va ! Te fais pas de films ! Je suis juste curieuse !
– C'est ce qu'elles disent toutes !
– Ça va les chevilles ? Descends de ton poney, dis donc !
Ils se mirent à rire tous les deux un peu bêtement puis, une fois calmé, Gabriel reprit avec plus de sérieux :
– Non, en vrai, je préfère garder mon anonymat sur le net. On sait jamais sur qui on peut tomber... Enfin bon, si tu veux poster ta photo, tu peux le faire, hein !
– Hmm. Je sais pas. Si vous êtes sages, peut-être !
– Je suis toujours sage. Et je t'ai sauvé la mise tout-à-l'heure en donjon ! Moi j'dis, ça mérite bien une photo en échange !
Azriel éclata d'un rire délicieusement cristallin qui se révéla contagieux.
– T'es doué ! reconnut-elle. Mais non, faudra encore attendre un peu ! Une photo de moi, ça se mérite, très cher ! Je suis un Pokémon rare ! Un shiny, même !
– Me provoque pas trop ! J'aime bien les défis, tu sais. Plus c'est compliqué à obtenir, et plus j'en ai envie. J'ai jamais été du genre à aimer la facilité.
– Oh, je vois ! Monsieur est comme ça ! plaisanta-t-elle. Dans ce cas, je vais te faire ramer, tu verras !
Un sourire se dessina sur les lèvres de Gabriel mais, alors qu'il s'apprêtait à répondre, une vibration de son téléphone attira son attention. Le jeune homme hallucina en voyant le nombre de messages et d'appels manqués de Rosélia.
✉️Rosélia 19:02
Hey mon chéri, ça va ? 💗Moi ça va, je suis bien rentrée de mon aprem shopping ! J'ai acheté plein de nouvelles fringues j'ai hâte de te montrer ça ! 🙌
✉️Rosélia 19:53
Pas de réponse, tu vas bien ? 😕 Tu t'en sors avec ta physique ? Je file à mon cours d'équitation, on s'appelle quand je rentre ?
✉️Rosélia 21:40
Voilà je suis rentrée ! Je me douche et on s'appelle ?
✉️Rosélia 22:10
Allô, Gabriel, t'es vivant ??? Pourquoi tu me réponds pas ? 😫 Tu me fais la gueule ou quoi ??? 😑
✉️Rosélia 22:35
Appelle-moi quand tu verras ce message.😒
Gabriel fixa l'écran de son smartphone pendant de longues secondes, dépité.
Putain... quelle casse-couilles !
🎮🎮🎮
Allongée sur son lit, les jambes en l'air contre le mur, Rosélia vérifia une sempiternelle fois l'écran de son téléphone. Toujours aucun message de Gabriel.
Depuis qu'elle était revenue de son après-midi shopping, elle n'avait eu de cesse de vérifier ses notifications pour voir s'il lui avait répondu. Que ce soit en se préparant avant d'aller à l'équitation, pendant qu'elle pansait sa monture, ou encore dès lors que le cours s'était terminé, sans parler du trajet retour en voiture...
Sauf que voilà : Gabriel l'avait complètement snobée. Elle avait bien tenté de l'appeler, mais le téléphone du jeune homme sonnait dans le vide jusqu'à tomber sur sa messagerie. C'est pourquoi, mécontente, elle avait fait le choix d'attendre qu'il daigne enfin se manifester, luttant intérieurement contre son envie brûlante de le contacter à nouveau.
Oh, elle avait bien entendu essayer de s'occuper histoire de se distraire mais, quoiqu'elle fasse, son angoisse finissait immanquablement par la rattraper.
Là-dessus, Fiona se révélait une meilleure amie particulièrement inutile : Rosélia savait pertinemment qu'il ne servait à rien de l'appeler ce soir, puisqu'elle devait jouer en compagnie de sa nouvelle guilde.
Pourtant, elle aurait bien aimé pouvoir discuter avec elle de ses inquiétudes concernant Gabriel. Non content de refuser de la voir ce soir, voilà que ce dernier l'ignorait carrément ! Elle trouvait son attitude des plus étranges. Bon, d'accord : son petit-ami n'était pas, en temps normal, du genre à être accro à son smartphone, ni à répondre dans la minute...
D'une manière générale, Gabriel s'avérait assez réticent en ce qui concernait les réseaux sociaux. Il n'avait ni Instagram, ni TikTok... La seule messagerie instantanée qu'il avait consenti à installer – et encore, elle avait dû insister – était Snapchat, et il passait un peu de temps sur Twitter, aussi. Mais cela s'arrêtait là.
Rosélia, de son côté, était l'exact opposé : elle adorait prendre des selfies qu'elle publiait plusieurs fois par jour. Avec un petit-ami aussi beau que Gabriel, la jeune fille aurait, d'habitude, passé son temps à frimer en publiant des centaines de photos d'eux, histoire de narguer les frustrés et les jaloux.
Pourtant celui-ci s'y opposait sans cesse, arguant qu'il refusait de livrer ses données personnelles à ceux qu'il appelait les "Big Brothers GAFA." Le peu de clichés qu'elle était parvenue à poster avait nécessité des heures et des heures de négociations.
– C'est à se demander si ce mec est bien de la même génération que moi ! pesta-t-elle à voix haute. Avoir une si belle gueule et refuser de l'afficher sur les réseaux sociaux, c'est un crime contre Narcisse lui-même !
A ce moment-là, trois coups furent frappés à la porte puis sa soeur Eva passa sa tête dans l'entrebâillement :
– Tout va bien, là-dedans ? T'es pas encore en train de te parler à toi-même, rassure-moi ?
Rosélia s'asseya en tailleur et éclata d'un rire trop forcé pour être crédible lorsqu'elle nia :
– Quoi ? Bien sûr que non ! Je suis au tel avec Fiona !
Son aînée haussa un sourcil dubitatif.
– Mais oui, c'est ça... Qu'est-ce qu'il y a, t'as encore des problèmes avec ton copain ? s'enquit-elle. Comment il s'appelle déjà... Daniel ? Maxime ? T'en as eu tellement que je perds le fil !
Rosélia leva les yeux au ciel et ne daigna même pas répliquer ; Eva savait pertinemment que son copain s'appelait Gabriel, mais elle faisait exprès histoire de l'énerver. Voyant qu'elle était contrariée, sa soeur se permit d'entrer et vint s'asseoir à côté d'elle sur le lit. La cadette fit mine de bouder trente secondes puis, n'y tenant plus, céda et s'épancha sur ses malheurs. Eva fit une drôle de tête en voyant tous les messages qu'elle avait envoyé à son copain.
– What the... T'as craqué ou quoi ? Faut pas faire ça ! Il va flipper ! Franchement, si une de mes copines me harcelait comme ça, je prendrais peur. Tu vas passer pour une grosse sangsue, là !
Le visage de Rosélia se ferma à ces propos, expression que son aînée ne connaissait que trop bien ; cette dernière détestait le conflit mais, lorsqu'une situation ne lui plaisait pas ou n'allait pas dans son sens, sa spécialité était de se braquer, tirant une tête de cent pieds de long sans plus prononcer un mot.
– Ecoute, frangine. Le problème, quand on sort avec une personne attractive, c'est que l'on passe notre temps à flipper qu'elle aille voir ailleurs. En plus, toi, t'es déjà une stressée de la vie, alors avec un mec pareil... Tu vas te faire des cheveux blancs avant l'heure, crois-moi. Du coup, t'as deux solutions : soit tu décides de lui faire confiance, soit tu le quittes.
– Comme si c'était si simple !
Eva lui asséna une pichenette sur le front.
– Oh, bordel... Les ados, toujours à dramatiser ! T'as dix-sept ans. Vous êtes pas mariés, vous avez pas de gosses... Donc oui, c'est simple. Tu te prends vraiment trop la tête, tu sais. T'es jeune, tu devrais arrêter de te mettre dans tous tes états. Profite de te taper ce beau gosse le temps que ça dure. Et puis, quand vous en aurez marre, vous vous séparerez et vous passerez à autre chose.
– Facile à dire pour toi ! T'as jamais de relation sérieuse.
– Et toi, faut que t'arrêtes de vivre dans ton monde d'ours à la guimauve. A chaque petit-ami, c'est pareil : tu veux tout superviser pour que ton idylle soit aussi idéale qu'un film à l'eau de rose. Mais la vie, c'est pas ça. Une relation n'est jamais parfaite ; on peut pas changer les gens, ni les contrôler. On doit les accepter tels qu'ils sont.
Rosélia fit la moue.
– J'y suis pour rien si je suis désespérément romantique..., soupira-t-elle.
A ce moment-là, son smartphone se mit à vibrer et son coeur accéléra en voyant que c'était Gabriel.
– C'est lui ! s'exclama-t-elle. Vite, Eva, dégage !
Joignant le geste à la parole, Rosélia entreprit de virer sa soeur en la poussant de son lit puis, comme celle-ci se faisait lourde et molle exprès pour l'énerver, elle alla jusqu'à lui donner des coups de pied. L'aînée traîna encore volontairement et, lorsqu'elle fut sortie, passa une ultime fois sa tête dans l'entrebâillement pour lui lancer :
– Surtout pense à Scharzwy dans Terminator 2 : "Reste cool, sac à merde" !
– Casse-toi bordel avec tes références plus vieilles que moi !
Quand enfin elle eut fermé la porte, Rosélia décrocha et lança d'une traite :
– Gabriel ? Tu vas bien ? J'étais trop inquiète ! Pourquoi t'as pas répondu à mes messages ?
C'est d'un ton assez froid qu'il répliqua :
– Oui, je vais bien. J'avais pas le téléphone à portée de main, c'est tout. Et puis je me suis assoupi.
Assoupi ? C'est ça son excuse ?
– Je croyais que tu me faisais la gueule, reprocha-t-elle d'un air boudeur. C'est pas dans tes habitudes de me laisser sans nouvelles pendant plusieurs heures !
Gabriel poussa un long soupir.
– Tu sais bien que je suis pas un accro du smartphone, asséna-t-il d'un ton sec. Ça m'arrive de le laisser de côté. Tu veux vraiment qu'on se prenne la tête pour ça ?
La jeune fille se rappela alors le conseil de sa sœur.
Reste cool, Rosélia. Reste cool.
Elle prit une grande inspiration :
– Non, non, c'est bon... Ça a été, ta physique, du coup ?
– Ça a été, répondit-il d'une voix adoucie. Et toi, ton shopping ? Tu veux me montrer tes trouvailles en visio ?
Rosélia ne se fit pas prier, trop heureuse de pouvoir admirer son beau visage. Gabriel posa son smartphone sur son écran d'ordinateur ; accoudé sur le bureau, il appuya sa joue contre son poing et dévisagea sa petite-amie avec un sourire en coin tandis qu'elle lui racontait son après-midi, tout en lui faisant un défilé afin de lui montrer tous ses nouveaux vêtements.
Celle-ci alternait entre les moments face à la caméra et les moments où elle se changeait, ce qui laissait le temps au jeune homme de jeter des coups d'oeil au tchat du discord. Les officiers avaient fini par revenir et, alors qu'ils discutaient en vocal, Taec lui demanda en message privé s'il comptait revenir sur le jeu pour reprendre les donjons en compagnie de la nouvelle recrue.
Ne voulant pas déclencher une troisième guerre mondiale avec Rosélia, Gabriel commença à taper une réponse négative, proposant de reporter ça à une autre fois et disant qu'il allait se déconnecter mais, avant qu'il n'appuie sur "Entrée", il entendit la voix de sa petite-amie râler dans le combiné :
– Ouhou, tu m'écoutes ? Tu fais quoi au juste ?
Le jeune homme tourna la tête en direction du smartphone où sa petite-amie le dévisageait avec les sourcils froncés.
– T'es quand même pas en train de faire autre chose alors que t'es en visio avec moi, là ?
– Ça va, relax, je suis multitâche.
– Ah ouais, et qu'est-ce que je viens de dire ?
– Que Jade et toi aviez craqué sur la même robe mais qu'elle était deg parce qu'elle t'allait mieux à toi qu'à elle. Tu vois, je t'écoute.
Cela laissa Rosélia interloquée quelques secondes mais, loin de la calmer, elle reprit de plus belle, poings sur les hanches :
– Pas la peine de faire ton malin ! s'énerva-t-elle. Je veux pas que tu fasses autre chose quand tu parles avec moi ! Toute ton attention doit être centrée sur moi, un point c'est tout !
Gabriel écarquilla les yeux.
– Oula, tu vas changer de ton direct ! Tu m'as pris pour ton iench ? T'as cru que j'étais ta pote Fiona qui se plie à tes quatre volontés ? Son altesse Rosélia, "je veux et j'exige" ! T'es insupportable quand tu joues les pourries gâtées, tu sais ?
– Pourries gâtées ? s'étrangla-t-elle. Et toi t'es vraiment un connard quand tu t'y mets !
– Okay, alors maintenant tu m'insultes carrément ? Eh bah tu sais quoi ? Je vais raccrocher, en fait. Médite bien sur la scène que tu viens de me faire et on en reparle quand tu seras calmée. Allez, salut !
– Quoi ? T'es ser-
Gabriel ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et mit fin à l'appel. Puis, voyant qu'elle tentait de le rappeler, il éteignit son smartphone.
Ça lui fera les pieds. Elle est ouf ou quoi ?
N'ayant désormais rien de mieux à faire, il effaça ce qu'il avait commencé à écrire dans la barre de tchat et accepta la proposition de Taec.
🎮Milamber : Allez c'est parti ! Continuons de tester notre nouvelle recrue ! 🙂
🎵Jay-Z — 99 Problems
https://youtu.be/PwzSb92YWK0
"I got ninety-nine problems but a bitch ain't one"
Glitch#1 Insert Coin To Play
Fin du premier arc "La Belle & la geek"
Hello 👋 Vous allez bien ? Moi ça va, aujourd'hui (enfin, le 12 du coup) je suis plus vieille d'un an. Ça me fait 32 ans du coup ! 😲 Du coup, comme chaque année, je m'apprête à revoir Le Château Ambulant.
Bref ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! C'était le dernier du premier arc narratif de ce tome 1 !
Qu'avez-vous pensé de la petite scène en famille du côté de Fiona et Adrian ?
C'était la première fois que l'on voyait enfin le père de Fiona, Bastien, ainsi que son fiancé Christophe. Vos impressions ?
De la petite interaction entre Fiona et Gabriel ? Ça rigole beaucoup entre eux en tous cas, je ne sais pas si vous avez remarqué🤭
Et enfin, des doutes de Rosélia et de la dispute qui en découle ? Gabriel n'est pas tout blanc dans l'histoire, quand même, mais Rosélia abuse un peu aussi ! Bref, j'ai essayé de faire en sorte qu'ils soient tous les deux en tort, cette fois-ci.
Enfin voilà, le chapitre était déjà long, donc je vais pas m'étaler trop longtemps dans cette NDA. J'espère que cette première partie de tome vous a plu en tous cas, et que ça vous donne envie de lire la suite !
On se retrouve la semaine prochaine pour la suite !
Des bisous ! 😘
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