Le nouveau Reinaume

Voici à présent un prologue d'un roman qui ne sortira peut être jamais. Je n'ai pas grand chose à vous dire de plus pour l'instant... On se retrouve à la fin ! ;)

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La nuit tombait lentement, mais le ciel se couvrait déjà d'épais nuages gris. Cela n'augurait rien de bon, pour le jeune soldat s'enfonçant toujours plus dans une forêt peu amène.

- Courage, murmura t-il à sa monture torturée de fatigue. Il faut qu'on y arrive avant la nuit ; et tu pourras enfin te reposer.

C'était un beau cheval crème, élégant, qui aurait pu l'être bien plus dans un meilleur état ; tout comme son cavalier. Lui aussi, portait en lui un charme passé, dissimulé par un rude présent et un costume déconcertant. Il portait un uniforme blanc taché à maintes reprises, avec d'étranges motifs rouges que l'on peinait à distinguer dans l'obscurité du soir.
Soudain, il aperçut une tour rouge vif, parfaitement reconnaissable malgré la brume et la distance, et un sourire éclaira son visage cerné.

- Plus vite, ma belle ! Nous y sommes presque !

Elle sembla avoir compris le message, car elle accéléra immédiatement ; et bientôt, ils se retrouvèrent dans un élégant parc entourant un immense palais. Ce jardin détonnait complètement du reste du paysage : alors que la route était dépavée et abîmée, alors que le château semblait désert et inhabité depuis des dizaines d'années, le jardin, lui, était tout simplement somptueux. Les arbres étaient droits, jeunes, d'un vert éclatant, les haies taillées au millimètres près et des centaines de roses rouges venaient le magnifier.
Le soldat s'arrêta devant la porte de bois massif, et laissa sa monture prendre un repos bien mérité à l'écurie.
Il jaugea longuement la porte du regard, comme s'il hésitait. Après ce long et éprouvant parcours, il arrivait enfin à destination ; alors de quoi avait-il peur ?
Il leva les yeux vers le palais. Regarda tout. Ses tours torsadées, ses fenêtres de cristal, ses murs de marbre et de pierre rouges et blancs. Il inspira un grand coup, comme s'il ressentait toute la puissance de l'imposante infrastructure pour se donner du courage, et toqua.
Une voix intimidante s'éleva de l'autre côté de la porte :

- Qui va là ?
- Soldat Wilfrid de Montesquieu, répondit le soldat. J'apporte des informations on ne peut plus importantes, et désire voir la royauté de toute urgence.

La porte s'ouvrit dans un grincement ridicule sur un très grand et costaud majordome, flanqué d'un costume similaire au sien si ce n'est que celui-ci était propre. Il fit tinter une cloche, et referma la porte derrière le soldat, dans le silence le plus total. Ni l'un ni l'autre ne ressentait l'envie ou le besoin de parler ; cela n'avait aucun intérêt.
Deux serviteurs apparurent quelques minutes plus tard, tout deux jeunes et chétifs, prêts à défaillir à tout moment, et vêtus de ce même uniforme blanc aux étranges motifs rouges. D'un geste de menton, ils firent comprendre au majordome qu'ils prenaient le soldat en charge et se placèrent chacun d'un côté afin de l'encadrer.
Ainsi placés, ils dévalaient toujours dans cet assourdissant silence réglementaire des dédales de couloirs et de salles désertes, y croisant parfois quelques serviteurs s'affairant par ci par là. Le seul bruit que l'on pouvait entendre à un kilomètre à la ronde, était le cliquetis régulier de leurs chaussures sur le sol, faisant parfois grincer le parquet usé ou trembler les meubles fragiles. Plus ils avançaient, et plus les serviteurs semblaient pâlir et paniquer, tout en faisant mine de rien.
Enfin, au bout d'une dizaine de minutes, ils arrivèrent devant une porte blanche, ornée des mêmes motifs rouges que sur leurs uniformes et d'une plaque rouge et or indiquant "salle du trône". Les serviteurs étaient plus blancs que la porte et semblaient pouvoir s'évanouir d'une minute à l'autre, mais un d'eux avança tout de même une main tremblante et toqua tout doucement. Presque instantanément, la porte s'ouvrit, et le visage des trois visiteurs se crispa.

La salle était sombre, peu lumineuse. L'éclairage y était faible. Le plancher était d'un bois sombre et vieilli, et les murs blancs recouverts d'une épaisse couche de poussière, leur donnant un aspect jaunâtre.
Cette pièce, comme l'entièreté du bâtiment, portait en elle le souvenir d'une ancienne majesté affaiblie par le temps.
Un grand tapis rouge recouvrait la quasi totalité de la pièce, et deux grands trônes en occupaient le fond. C'était bien la seule chose de tout ce qu'ils avaient vu de ce palais qui avait su garder toute sa splendeur.
Les serviteurs entrèrent en premier, suivis de près par le soldat. Chacun de leurs pas faisait trembler le lustre de cristal, dont la moitié des bougies étaient déjà éteintes. Immédiatement, ils se jetèrent à plat ventre sur le tapis, intimidés par le couple royal assis sur leurs trônes ; mais ils étaient dirigés vers un trône en particulier.
Le roi était souriant, petit, et flanqué d'habits bien trop grands pour lui, ce qui lui donnait l'air royalement ridicule. La reine, elle, avait le visage dissimulé dans l'obscurité, mais était grande et semblait même gigantesque face à son mari. Elle portait une immense robe rouge bordeau, avec une collerette et des manches de dentelle blanches ; et logiquement, c'était vers elle que les visiteurs étaient dirigés.

Il régnait un silence de mort, même s'il semblait de rigueur. Le roi le brisa alors, guilleret, en lançant :

- Alors, Monsieur, quelles nouvelles de l'extérieur nous appor...

Il s'arrêta net lorsque la reine leva une main vers lui pour le faire taire. Il avait perdu son sourire. Elle agita alors sa main, signe qu'il devait partir, comme s'il dérangeait.

- Mais...?

Il n'osait dire plus. Ainsi rejeté, il ressemblait plus à un enfant déguisé, ridicule avec son sceptre et ses vêtements trop grands pour lui, qui se ferait rejeter par ses parents prétextant des discussions de "grandes personnes". On en oublierait presque qu'il s'agissait du roi.
La reine réitéra son geste, et il n'osa plus la contredire. Il vira au rouge pivoine, assorti aux couleurs de son royaume, et s'éclipsa de la salle du trône.
Alors un des serviteurs saisit un candélabre et vint le disposer près d'elle afin que l'on puisse la voir.

La reine était laide à faire peur : ses cheveux étaient gras et filasses, d'un brun terne teinté de gris remontés dans un chignon compliqué ; ses yeux étaient tirés, ce qui formait des rides en ses coins ; sa bouche était grande mais ses lèvres minces, pincées, rouge sang ; son nez était proéminent, sa peau flasque et graisseuse, ses oreilles tombantes, son cou large et ses sourcils épais. Son apparence était tout simplement terrifiante.
On aurait dit que pour une fois, sa beauté extérieure était le parfait reflet de sa beauté intérieure.
Elle se pencha vers eux, et dit de sa grosse voix :

- Relevez vous.

Le deuxième serviteur et le soldat se relevèrent d'un coup, et ce dernier commença :

- Ma reine, je vous apporte de mauvaises nouvelles. Très mauvaises...
- Cela fait plusieurs mois que je vous attends, soldat de Montesquieu. Plusieurs mois. ET VOUS M'APPORTEZ DE MAUVAISES NOUVELLES ???

Elle jeta le candélabre dans un geste rageur, et un des serviteurs se pressa de l'éteindre avant qu'il ne mette le feu au tapis. La reine s'était levée de son trône, et avança à grand pas jusqu'au soldat.

- Expliquez moi tout. Je veux tout savoir sur ce que cette... misérable, a causé.
- Je vais tout vous dire, ma reine, implora t-il d'une voix tremblante. Mais tout d'abord, je vous jure que je vous suis fidèle, et que je le resterais.

Il releva un regard implorant mais sincère vers elle, et prononça la devise du royaume, une phrase qui n'avait pas été prononcée depuis bien longtemps :

- Le royaume de Cœur est mon royaume de cœur. Ma reine, vous n'êtes pas que la reine de Cœur, vous êtes ma reine de cœur.

Alors un miracle se produisit : la reine se calma. Cette phrase lui avait fait du bien. C'est la première fois qu'ils virent ça ; les serviteurs et le soldat, dans leurs uniformes blancs recouverts de cœurs, regardèrent la Reine de Cœur s'installer dans son trône en forme de cœur et replacer sa couronne ornée de cœurs sans détruire l'entièreté du mobilier.
Alors le soldat reprit confiance, et continua :

- Jamais je ne vous trahirais pour la Reine des coeurs brisés.
- Qui est-ce ?
- C'est ainsi qu'elle se fait appeler. Et ainsi qu'elle a appelé son royaume... Pour "renaître des cendres du Royaume de Cœur".
- L'insolente ! Elle ose ! J'aurais dû la faire exécuter, cette saleté ! Ah, la petite sotte... Comment s'appelle t-elle, déjà ?
- Alice, Votre Majesté. C'est un véritable carnage... Elle a créé tout un royaume, avec les évadés du vôtre, et elle compte vous assiéger !

Ce fut le mot de trop. La Reine de Cœur se leva d'un bond. Elle était aussi rouge que son tapis en forme de cœur. Elle pointa un des serviteurs, et vociféra :

- VOUS ! Convoquez mon lapin blanc IMMÉDIATEMENT ! puis, se tournant vers le soldat, elle ordonna : Soldat de Montesquieu ! Vous serez chargé de mobiliser tout le royaume afin d'en faire l'armée la plus puissante de tout les temps : l'armée de Cœur ! Cette imbécile de fausse reine n'en reviendra pas !
- Ce sera fait, ma reine, assura t-il en s'inclinant. Quels sont les mots d'ordre ?

La Reine de Cœur planta ses yeux dans les siens. Si un regard pouvait tuer, le soldat aurait déjà brûlé. Alors, plus fort et plus puissant que jamais, elle répondit :

- Qu'on lui coupe la tête !

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Bon eh bien nous y sommes, c'est la fin de ce prologue X)
Comme vous avez dû vous en apercevoir c'est une fanfiction de l'univers d'Alice au pays des merveilles, quelques années après l'histoire originelle.
Plus encore que pour les autres glaçages de lettres, j'aurais besoin de votre avis ! Qu'en avez vous pensé ?
Sincèrement, faudrait-il que je continue ? Cette histoire a t-elle du potentiel, ou dois-je m'arrêter là ?
Merci d'avance pour vos avis, cela m'aiderait beaucoup :)

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