Il faisait tout noir. Je n'aimais pas quand il faisait tout noir, parce que je ne pouvais pas voir. Or, pas voir, après la nuit que je venais de passer, ce n'était jamais bon signe.

Voire, c'était même synonyme d'un grand danger imminent.

J'ouvris les yeux. Il faisait tout de suite moins noir. C'était plus rassurant.

J'étais je ne sais où. Dans une espèce de chapelle, avec des grandes arches gothiques et une tribune devant moi, avec un gros livre poussiéreux posé dessus. Derrière, il y avait une longue pierre plate toute noire qui ressemblait un peu à un lit mais pas du tout confort.

Je me redressai. J'étais sur un banc d'église, noir aussi. En fait, tout ce qui était dans cette église était noir.

Mon regard parcourut les vitraux sombres avec des toutes petites touches de rouges. Je ne savais pas qui était le émo qui avait conçu cette église, mais il avait de sérieux problèmes mentaux.

J'étais seule. Il était débile le mec qui m'avait kidnappé ? J'allais me barrer d'ici fissa, rentrer chez moi et pleurer dans mon lit.

Quelle idée de me laisser seule aussi.

Lentement, je me levai. Mes muscles me tiraient. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais mal. Sans doute un des effets de la téléportation vampiresque.

Je tournai sur moi même et aperçut la sortie. Pas très difficile à repérer, il y avait un panneau "exit" vert qui clignotait juste au dessus de la porte.

Je ricanai. Ils étaient vraiment débiles ces vampires.

Je me dirigeai vers la sortie. Une fois arrivée, je poussai la porte. Nuit noire. Je ne savais pas où on était dans la ville, mais il n'y avait aucun lampadaire en vue.

Bon, c'était pas grave. J'allais bien trouver un bus.

Je consultai ma montre. Vingt deux heures. C'était un horaire tout à fait correct pour les bus.

Je fis un pas en dehors de l'église quand une voix retentit derrière moi.

- On va quelque part ?

Je me crispai. Je reconnaîtrais cette voix n'importe où. Le roi des vampires. Park Seong-Hwa.

Maintenant que je savais que les vampires existaient vraiment, son histoire de roi des vampires était beaucoup moins rigolote.

Je me tournai lentement. Il n'était pas très loin, adossé à un banc, ses yeux fixés sur ses ongles, le sang ayant bien séché sous son nez.

- Oui. Je vais chez moi.

Un lent sourire se dessina sur son visage, mais il ne leva toujours pas les yeux sur moi.

- Ah bon, tu vas chez toi ?

Il me terrifiait. J'arrivais à peine à bouger. Mon cœur battait à cent à l'heure. S'il se jetait sur moi, je n'aurais même pas la force de crier.

- Oui, soufflai-je.

Ses yeux se levèrent. J'eus un mouvement de recul.

Rouge sang. Ses pupilles étaient rouge sang. Ils avaient les yeux écarquillés. Il l'avait l'air dérangé. Je n'aimais pas ça.

- Mais Suji, tu viens à peine d'arriver.

J'envoyai un regard rapide derrière moi. Il fallait que je me casse. Peu importe où j'arrivais.

Son regard suivit le mien.

- N'y pense même pas.

Je fis un pas en arrière. Si j'y pensais. J'y pensais très fort même. Et ce n'était pas lui qui allait me retenir. J'espérais en tout cas.

Bon, si, c'était lui qui allait me retenir. Mais peut être que j'allais courir assez vite.

Je fis un autre pas en arrière. Et je rencontrai un truc dans mon dos.

Je fronçai des sourcils. C'était pas là avant.

Je levai la tête. Zut. C'était le mec. Le mec beau.

Il sourit doucement.

- Reste.

On aurait dit qu'il me proposait de rester. Mais moi je voulais vraiment très peu rester.

- Non ?

Il eut un petit rire dédaigneux.

Lui, je l'aimais pas.

Je me poussai de son torse pour avoir un petit peu d'espace vital. Dans cette situation, c'était littéralement un espace vital.

- Bon, Seong-Hwa tu peux rentrer maintenant, t'as joué ton rôle, fit le mec, en levant la tête vers son camarade vampire.

Et bizarrement, il l'écouta. Je comprenais pas. Il était pas censé être le roi des vampires ? Pourquoi il obéissait alors que c'était lui qui était censé donner des ordres ?

Il m'envoya un dernier regard rouge avant de dramatiquement faire tourner sa cape et partir. J'avalai ma salive.

L'autre avait beau avoir failli me tuer, je crois que je préférais lui plutôt que l'autre mec. Si jamais Seong-Hwa me faisait trop peur, je pouvais m'imaginer la chaussure de Sunwoo qui s'écrasait sur son visage.

Pour le mec, je n'avais rien, à part le reflet de moi effrayée dans ses pupilles noir d'encre.

Je me tournai. Il souriait. Pourquoi ça souriait tout le temps les vampires ?

- Je crois que je ne me suis pas présenté. Je suis Jake Sim, Prince des Vampires, héritier de Dracula.

J'haussai un sourcil. Il était sérieux ?

Il parut comprendre ce qu'il se passait dans ma tête parce qu'il sourit un peu plus d'un sourire en coin qui m'inquiétait beaucoup. Il fallait que je me casse.

Il s'avança doucement vers moi et posa sa main sur le bas de mon dos. Je frissonnai.

Et puis il me poussa pour que l'on marche ensemble, m'éloignant de la sortie. Je sentais sa main à travers mon tee shirt et j'aimais pas ça. En plus, il me tenait fermement. Je pouvais dire au revoir à ma petite fuite.

On rentra à nouveau dans l'église. Il y faisait aussi froid que dehors.

- Ici, on est dans le lieu de réunion de vampire depuis des millénaires, m'expliqua-t-il en me montrant la salle où je m'étais réveillée, En temps de crise ou de guerre, on se rejoint ici. Le roi se met derrière le pupitre et dirige l'assemblée. On est bien organisé, tu sais.

Je m'en fous. Je m'en fous complétement.

On avança encore un peu vers une porte cachée derrière l'estrade.

- Tu sais, les vampires on aime bien vivre en communauté. Certains, que je pense que tu as dû croisé, sont récalcitrant, mais la plupart vivent ici, ensemble.

Il poussa la porte.

Et je n'en revins pas. Devant moi se trouvait une énorme place avec des énormes arches et un plafond super grand. Et dedans, il y avait des centaines de vampires qui fourmillaient. On aurait dit un centre commercial de vampire.

- Ici c'est là où on peut trouver des lieux communs.

Il me poussa encore et on avança devant des échoppes et des petits cafés où les vampires buvaient des liquides rouges qui ressemblaient étrangement à du sang.

Mais ils étaient fous ces mecs.

- Et puis après si tu suis les petites allées, tu peux arriver au lieu de vie de chacun, me fit-il en me pointant des espèces de ruelles bordées de portes.

Mais c'était quoi leur problème exactement ?

Il m'en fit emprunter une plus calme que les autres, et beaucoup plus grande aussi. Il n'y avait qu'une seule porte au fond, avec une façade de château autour, comme si un gosse avait fait le devant d'un château en carton et qu'il l'avait collé au mur.

Ils avaient un sérieux problème ces vampires quand même.

- Ici, c'est chez moi, m'annonça Sim.

Je levai mes yeux vers lui. Il était tout à fait sérieux. Qu'est ce que j'allais faire de son adresse exactement ? Il voulait que je fasse du cat-sitting ?

- Cool.

Il me poussa vers sa maison. Ah non hein. Je vais pas chez lui. C'est mort.

Je tentai de résister. Cela ne marcha pas très bien, vu qu'il avait une force de vampire. A la place je me tournai pour courir dans l'autre sens. Sa main se passa autour de ma taille et il me plaqua contre son torse.

Non.

Je tentai tout de même de courir. Échec. Il leva son bras et mes pieds ne touchèrent même plus le sol. J'essayai de taper sur son bras, de le mordre, juste de faire en sorte qu'il me lâche mais ça n'eut aucun effet.

Je ne voulais pas aller chez lui. Pourtant, alors qu'il me trainait vers sa porte, je ne pus rien faire d'autre que me débattre.

Je détestais vraiment les vampires.