J'ouvre les yeux avec un mal de crâne incroyable et me tourne de manière à m'allonger telle une étoile de mer dans mon lit, mais quelque chose me bloque. Je me redresse légèrement et distingue Kylie complètement nue et endormie, qui en plus, ronfle comme un camion. Oh non, pitié. Je me replace correctement sur le dos et soulève lentement la couette, les yeux à moitiés endormis pour découvrir l'horreur, je suis complètement à poil et en plus Kylie est à côté de moi. Je pose ma main sur son épaule et la secoue doucement pour essayer de la réveiller. Sérieusement, son ronflement est à la limite du supportable et j'ai trop mal à la tête pour subir ça une minute de plus. Elle se tourne vers moi en se réveillant et voyant mon air paniqué, elle murmure d'une voix endormie.

-          Du calme beau gosse, on n'a pas couché ensemble. Enfin, pas vraiment.

-          Pas vraiment ?

-          Disons que tu as fait une entrée aussi rapide que ta sortie. On allait coucher ensemble mais d'une, tu as rapidement débandé et de deux, tu m'as appelée Nohayla puis tu t'es mis à pleurer comme un enfant pendant plus d'une demi-heure. C'était insupportable, j'ai préféré dormir.

Elle prend appui sur ses coudes sans même se sentir un peu gênée d'être les seins à l'air et je la regarde sans vraiment savoir quoi dire. Sa remarque est plutôt blessante, et je me sens complètement stupide. Parce qu'en plus d'être seul comme un rat, je suis devenu impuissant ? Génial, ma vie sexuelle est un calvaire et je suis sûr que Nohayla m'a lancé une sorte de malédiction qui vient jusqu'à mon lit pour me pourrir la vie.

-          Mh, super.

-          T'inquiète, mais je doute qu'on retente l'expérience un jour.

Je plisse les yeux en la regardant d'un air faussement mauvais avant de doucement soupirer, prenant mon téléphone que j'allume avant de voir un message de Selena.

« Étant-donné que tu t'éclates à ramener des meufs chez toi en étant complètement soul alors que ton fils dort, nous sommes partis passer la nuit à l'hôtel. Je le ramène à quatorze heures »

-          Merde.

-          Tout va bien ?

-          Ma femme était là hier, quand on est rentrés ?

-          Ouais, mais attends, vous êtes toujours mariés ?

-          Plus vraiment.

Elle se lève en prenant bien le temps de ramasser sa petite culotte et s'habille puis attache ses cheveux en un chignon bien serré.

-          Bon sang, tes histoires bien trop compliquées pour moi.

-          Elles le sont pour moi aussi, je t'assure.

Je m'étends en fermant les yeux quelques secondes puis sors hors du lit, me cachant comme je peux alors qu'elle me regarde faire sans même essayer de se retenir de rire.

-          Je t'ai déjà vu nu, tu sais ?

-          Ouais mais j'étais soul, et impuissant.

Elle rit de plus belle en levant les yeux au ciel et s'approche de moi lorsque j'enfile le plus rapidement possible des vêtements. Bon sang, j'ai besoin d'une douche.

-          Ne t'en fais pas, ça restera entre nous. Et puis, je te charrie mais j'espère de tout mon cœur que tu la retrouveras et si ce n'est pas elle, ce sera une autre. L'amour t'attends quelque part, Sebastian.

Je lui souris doucement, mais ses paroles me brisent le cœur. Nohayla me manque énormément et je n'en peux plus d'attendre qu'elle revienne.

-          Bon, tu veux qu'on aille manger quelque part ? Elle me fixe en souriant.

-          Pourquoi pas oui, mais pas au bar d'hier s'il te plaît.

-          Il y a peu de chance, puisque c'est un bar.

-          Je suis idiot, pardon.

Kylie rit encore, et je pense que se foutre de ma gueule est devenu sa nouvelle passion. Elle me prend par le bras et sors de la chambre pour enfiler ses chaussures alors que je fais de même et l'accompagne jusqu'à ma voiture. Quand je la regarde de loin, je me rends compte à quel point je suis mal garé et sincèrement, j'ai presque eu de la chance de ne pas être entré dans un arbre ou quelque chose dans le genre.

Une fois arrivés devant un petit restaurant italien, je gare la voiture et en sors puis cherche une table en terrasse. Kylie s'installe à une petite table pour deux personnes et je m'assied en face d'elle en me disant que je devrais peut-être tirer sa chaise comme un homme est censé le faire, mais je n'ai pas le cœur à faire ça. Derrière moi, des gens mangent des pâtes au fromage et bien que j'adore ça en temps normal, l'odeur me prend au nez et retourne mon estomac dans tous les sens. Putain de gueule de bois.

-          Qu'est-ce que tu veux manger ?

Je glisse mes lunettes de soleil sur mon nez, la lumière m'agresse beaucoup trop pour que je puisse lire tranquillement la carte.

-          Je n'en sais rien, quelque chose de léger, peut-être une salade. Et toi ?

-          J'ai envie de pâtes au fromage.

Je ne peux retenir un petit geste nauséeux et elle me regarde en arquant les sourcils.

-          Tu n'aimes pas ça ?

-          Si, j'adore, quand je n'ai pas l'estomac en vrac.

-          Je peux prendre autre chose si tu penses que ça va te rendre malade.

-          Non non, c'est bon, merci.

Nous commandons tous les deux nos plats et Kylie prend en plus un verre de vin. Comment peut-elle encore digérer l'alcool après tout ce que nous avons bu hier ? Cette fille est un mystère pour moi. J'opte pour un simple verre d'eau et plisse les yeux lorsque le soleil frappe sur mon visage. J'aurai dû rester à la maison pour me reposer, on est dimanche et la boîte est fermée de toute façon, j'aurai pu bosser un peu en direct de mon canapé. Ou bien dormir. 

-          Ça va, Sebastian ? On dirait que tu n'as pas envie d'être là.

-          Ce n'est pas ça, je suis juste un peu fatigué.

-          Et sinon, ta vie en général ?

-          Euh, le bordel.

Nous rions tous les deux et elle hausse les épaules alors qu'on nous apporte nos verres et elle boit une grande gorgée de vin.

-          Sérieusement, tu as la vie que tout le monde rêverait d'avoir.

-          Professionnellement oui, certainement.

-          Arrête de te plaindre s'il te plaît, tu sais très bien que tout va s'arranger.

-          Si tu le dis.

Je n'ai pas envie de m'aventurer sur ce terrain, Kylie ne connaît absolument rien de moi. Je ne suis personne pour la juger, mais vu son attitude et les réactions qu'elle peut avoir, je suis sûr que c'est le genre de personne qui ne sait pas ce que c'est qu'une relation sérieuse, ni devoir vivre seule avec son enfant pendant des mois. La vérité est que je devrais me remettre de cette histoire avec Nohayla, mais j'ai tout donné dans notre relation, elle était mon dernier espoir et je ne suis pas prêt à tourner la page. Personne ne peut comprendre à quel point j'ai mal. Ni Kylie, ni qui que ce soit.

-          Tu te sens prêt pour Londres ?

-          Est-ce qu'on est toujours obligés de parler de moi ?

-          Étant-donné que tu ne me poses aucune question, alors oui. C'est ça ou un silence pesant.

-          Excuse-moi, il est vrai que je n'ai jamais pris la peine de m'intéresser à ta vie. Alors, depuis combien de temps vis-tu ici ?

-          Depuis que j'ai cinq ans, c'est à dire dix-sept ans (à ce moment, je remarque que j'ignorai totalement son âge). Mon père travaillait dans un petit magasin du coin il y a encore quelques années et nous voulions déménager, mais finalement... Me voilà, toujours ici. À vrai dire, personne ne veut venir vivre ici, mais personne ne quitte réellement cette ville.

-          C'est vrai qu'il n'y a rien de bien intéressant, ici.

-          À part la société. C'est la seule chose qui peut pousser des gens à rester dans ce trou.

-          Et c'est ton cas ?

-          Complètement, oui. J'ai toujours rêvé de travailler dans le cosmétique, donc c'est comme un rêve pour moi.

Ces mots me touchent. Jamais je n'aurai pensé que quiconque puisse rester ici, pour moi, pour l'une des choses qui me rend le plus fier. Même ma femme n'a pas été foutue de le faire.

Kylie termine de manger et moi, je ne suis même pas capable d'avaler la moitié de mon assiette, j'ai réellement envie de vomir. Il fait de plus en plus chaud, et d'habitude j'adore ça mais aujourd'hui, c'est vraiment pesant.

Lorsque le serveur nous apporte l'addition, Kylie me regarde avec insistance et je comprends qu'il faut que je paye, ce qui est parfaitement normal au fond, mais je n'y ai pas pensé.

-          Je te ramène chez toi ?

-          Bon dieu oui, je ne veux pas devoir subir le regard assassin de ta femme une deuxième fois.

Je ris à ses paroles en roulant vers son appartement, haussant doucement les épaules.

-          Ne t'en fais pas, elle a préféré passer la nuit à l'hôtel.

-          Ce ne serait pas plus simple pour toi, si elle faisait ça constamment ?

Kylie est un peu trop indiscrète et curieuse. Bien-sûr, j'avais déjà pensé à cette éventualité, car nous n'allons pas continuer de vivre ensemble en étant divorcés, mais elle n'a pas l'air de vouloir s'en aller et je ne sais pas trop comment lui demander de le faire.

-          Certainement, oui. Mais c'est compliqué, tu sais. Elle vague entre la maison et l'hôtel, je pense qu'elle-même ne sais pas trop où aller. Et puis, j 'ai traversé tellement d'épreuves avec elle.

-          Tout ce que je sais, moi, c'est que tu ne récupéreras pas ta copine si tu vis encore avec ta femme. Ça coule de source, Sebastian.

Et elle a raison. Merde, cette fille est plus intelligente que ce qu'on pourrait penser, je n'avais même pas réfléchi à ça.

-          On verra.

-          Tourne à droite, s'il te plaît.

Je m'exécute et me gare devant sa maison alors qu'elle me sourit et sors de la voiture, pleine d'énergie.

-          Merci, à demain.

Je la regarde rentrer chez elle sans pouvoir m'empêcher de finement sourire. Kylie est pétillante, pleine de vie et même si essayer de coucher avec elle était une erreur, passer un peu de temps avec à ses côtés m'a fait du bien. Elle a raison, sur tous les points. Je ne sais pas capable de tourner la page par rapport à Nohayla car je pense encore beaucoup trop à elle, et il faut que Selena sorte de ma vie – ou de ma maison, du moins – si je veux pouvoir reprendre une relation saine ou même tout simplement pouvoir m'occuper un peu de moi. Je vais tout faire pour que Nohayla revienne, et les choses s'annoncent compliquées, surtout par rapport à ce qui s'est passé hier soir. Je vois encore son visage, et j'imagine à quel point elle a dû avoir mal. Si elle m'aime toujours, comme moi je l'aime, j'ai dû lui briser le cœur à nouveau et je ne suis qu'un pauvre imbécile.

« Je suis désolé pour hier soir, j'aurai voulu qu'on discute. » Je fixe mon téléphone durant de longues minutes en espérant une réponse, mais rien n'arrive.

--

Premier chapitre du deuxième tome de Give Me Love. Je suis tellement heureuse de pouvoir partager à nouveau tout cela avec vous, et j'espère de tout cœur qu'il vous aura plu, comme toujours.

Au fait, au moment où je vous écris, nous avons dépassé les 1K de vues sur le premier tome, et vous n'avez pas idée à quel point j'en suis folle! Bon ok, ce n'est pas grand chose contrairement à d'autres histoires mais waw, ça me fait un immense plaisir et me motive encore plus pour la suite de mon écriture. Alors merci, du plus profond de mon cœur.

N'hésitez pas à laisser vos avis, vous savez combien ils comptent pour moi. ♥